Archives par mot-clé : Surréalisme

« Une correspondance d’Outre-Manche, Lettres d’André Breton, Paul Éluard et Georges Hugnet à Herbert Read », dans : Mélusine XXVIII, Le surréalisme en héritage, 2008, pp. 267-274.

Ayant accès à une correspondance totalement inédite, j’ai recherché l’échange épistolaire et je l’ai produite comme « Document » dans le volume XXVIII de Mélusine publiant les actes du colloque de Cerisy (voir sur cette page la fiche 207). Il n’y est pas question d’héritage, mais bien de collaboration entre groupes. On y verra surtout le rôle joué par Herbert Read dans leurs échanges. Mon introduction fournit les circonstances de cette rencontre historique.

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Voir : atelier André Breton :

https://www.andrebreton.fr/fr/work/56600101000462

« Lautréamont et eux », dans Mélusine XXVIII, Le surréalisme en héritage, 2008, pp. 211-234.

Prenant la relève, deux de mes thésards, Emmanuel Rubio et Olivier Penot-Lacassagne ont souhaité rassembler les chercheurs travaillant sur le surréalisme après 1945. Ils se sont adressés à Édith Heurgon, responsable du centre culturel international de Cerisy-La-Salle, qui, sur ma recommandation, les a très favorablement accueillis. Comme on le verra ci-dessous, les participants venaient parfois de fort loin, et tenaient à toutes les générations. Pour ma part, j’ai tenté d’examiner les rapports du groupe Tel Quel avec leurs prédécesseurs, dans leur manière de lire les œuvres du passé. Mon titre faisait indirectement référence à un article notable d’Aragon dans Les Lettres françaises.

Voir : https://cerisy-colloques.fr/surrealisme-pub2008/

“Le surréalisme, pourtant, a sa statue, ses dieux et sa mythologie, ses croix-de-feu et sa légende, ses recettes et ses dogmes, son patois, et rien n’est plus facile, pour les collectionneurs, que de le mesurer à un centimètre près : les statues sont les plus dociles des cadavres.” (Dotremont)
– “dans l’occultisme ou l’alchimie, Breton n’a proposé que du bavardage insignifiant de sous-“souffleur” ou de sous-“non-initié” ; dans l’économie politique, il n’a produit que du sous-trotskysme invertébré.” (Isou)
– “Breton, aujourd’hui c’est la faillite. Il y a trop longtemps que votre entreprise est déficitaire. Ce ne sont décidément pas vos associés qui vous sortiront de là. Ils ne savent même pas se tenir à table.” (Internationale Lettriste)
– “Eux-mêmes, les Inconscients du Grand Truc, se survivent dans l’anodin, dans la belle humeur des amusements banalisés vers 1930.” (Guy Debord)
– “Quel emmerdement que leur salon littéraire !” (Topor)
– “Pour le surréalisme, Lautréamont reste un prétexte à inflation verbale, une référence d’autant plus insistante qu’elle est moins interrogée, une ombre, une expression, un mythe, sous le couvert duquel se perpétue un confusionnisme lyrique, moral et psychologique.” (Philippe Sollers)
– “Et que dire des petites queues de la comète surréaliste : brocante d’images, rêves désespérément interchangeables, clichés libertaires, calembours pénibles, sublimités d’éros riquiqui ?” (Christian Prigent

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Cet article forme un chapitre du volume : Lumières sur Maldoror, Paris, Classiques Garnier, 2023, pp. 115-128. https://classiques-garnier.com/lumieres-sur-maldoror.html

« Au Palais des Miroirs », préface à : Le Surréalisme dans la presse de gauche, Paris-Méditerranée, 2002, pp. 7-33.

Voici la présentation de l’ouvrage constitué par l’équipe du Centre de recherches sur le surréalisme pendant plusieurs années. Je l’ai intitulée « Au Palais des Miroirs » (avec capitales) en raison des ouvrages précédemment parus, qui font des journaux les miroirs de la société, mais aussi en pensant à l’historique salon du premier étage du passage Jouffroy, à Paris, que parcouraient les surréalistes.

Lire l’ouvrage : https://melusine-surrealisme.fr/henribehar/wp/wp-content/uploads/2014/07/surrealisme-ds-presse-de-gauche.pdf

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Recensions :

voir sur cette page : https://melusine-surrealisme.fr/site/surr_press.pdf

et ailleurs: https://journals.openedition.org/marges/1360

Lire cet ouvrage précurseur, publié à l’initiative de notre équipe : https: E. Benassaya, La Presse face au surréalisme, CNRS éditions ://excerpts.numilog.com/books/9782222028635.pdf

ainsi que : Yves Bridel, Miroirs du surréalisme ; L’Age d’Homme, 1988, 200 p.

https://books.google.fr/books/about/Miroirs_Du_Surr%C3%A9alisme.html?id=d9nfBlGJIXoC&redir_esc=y

« L’approche culturelle du surréalisme », Mélusine, n° 16, « Cultures, contre-cultures », 1996, pp. 9-15.

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Prolongements :

Arts et sociétés n° 13-1 | Primitivismes | Sophie Leclercq

Les choses  André BretonExpositionsPaul ÉluardSurréalisme  3

Les surréalistes ont réinventé l’idole des origines. Ils ont rêvé leur primitif à l’écart de la science et de la réalité en retrouvant curieusement les voies de l’histoire. Dès les années 1920, ils furent parmi les tout premiers à se révolter contre le servage des peuples non-occidentaux en appelant, non pas au nom des bons sentiments à tempérer les modalités de leur servage mais à condamner radicalement les conditions mêmes du colonialisme.
L’histoire de l’art retient surtout la passion d’André Breton pour les masques esquimaux, indiens, des mers du sud ou les poupées des Indiens Hopis de l’Arizona dont il gardait de beaux spécimens. C’est qu’il admirait leur valeur expressive et poétique, celle-là même qu’il recherchait partout comme autant de signes de vie dans un monde moderne dont il dénonçait inlassablement le désenchantement.
Car le fond du problème était moins l’autre que soi-même pris dans les rêts d’un Occident dont les poètes annonçaient inlassablement l’aliénation et la décrépitude. Anti-modernes mais au cœur même de la modernité, les surréalistes ont ouvert la voie à des réflexions dont l’histoire de l’art prend acte aujourd’hui.
Aby Warburg, Jean Laude et quelques autres ont dit l’apport indispensable de l’anthropologie et de l’ethnologie et combien le statut de l’artiste et de l’œuvre était vacillant et forcément les critères d’unicité, d’originalité, de supériorité. A l’heure où le nouveau Musée du quai Branly fait figure de boîte de Pandore en invitant au comparatisme avec d’autres pays et d’autres formes de présentation des collections, les remarquables études de Nélia Dias, Sophie Leclerq et Maureen Murphy rouvrent le dossier d’une identité instable.
Plus largement, c’est du malaise de la civilisation dont il est question, malaise Michel Leiris avait relevé la coexistence avec une culture où tout semblait être dit parce que l’on était parvenu à un certain développement technique mais où pareil développement n’avait été rendu possible qu’en étouffant certaines aspirations à l’infini.

Laurence Bertrand Dorléac
Séminaire du 23 novembre 2006

(In)actualité du surréalisme (1940-2020)

Une réévaluation du surréalisme depuis 1940 : un travail d’envergure et inédit couvrant sept décennies – vaste période peu étudiée et au cours de laquelle le mouvement a été souvent déconsidéré, parfois récusé –, interrogeant les discours, les récits et les débats dont les engagements poétiques, politiques et artistiques du mouvement ont été l’objet, au-delà de l’entre-deux-guerres glorieux du surréalisme dit « historique », dans le contexte des profondes mutations sociales et culturelles du monde de la seconde moitié du XXe siècle.

Le surréalisme a longtemps été amputé d’une partie de son histoire. Les littéraires, les historiens de l’art ont négligé les vingt-cinq années allant de la Libération à l’autodissolution du mouvement, en octobre 1969, et n’ont guère regardé au-delà. On peut s’en étonner tant les années jetées au rebut témoignent d’une ardente vigilance poétique, politique et artistique. Le surréalisme se confronte alors aux flux et reflux d’une Histoire excédant les frontières nationales pour devenir mondiale (décolonisation, tiers-mondisme, antistalinisme, révolution cubaine, anti-impérialisme américain, consumérisme, idéologie des Trente Glorieuses, révoltes populaires).
Couvrant sept décennies, ce livre restitue l’âpreté des débats et le courage des engagements auquel le surréalisme a été mêlé ; il examine les interpellations dont il a été la cible, les récits dont il a été l’objet : par les existentialistes, les surréalistes dissidents, les communistes, les lettristes, les situationnistes, les telqueliens… jusqu’aux diatribes d’un Jean Clair pamphlétaire qui en imagine rétrospectivement la barbarie, en un temps – les années 2000 – où des expositions à Londres, New York ou Paris, célèbrent un mouvement patrimonialisé et où les universités nord-américaines parlent de « surréalisme total » dans un monde globalisé.

« Cet ouvrage collectif dirigé par Olivier Penot-Lacassagne réunit une trentaine de contributions sur le surréalisme d’après 1940. Organisé chronologiquement autour des “déclarations” et des “tracts” publiés par le groupe surréaliste entre 1947 et 1969, le livre déborde ce cadre usuel pour couvrir sept décennies et présenter les débats intellectuels, académiques ou patrimoniaux auxquels le surréalisme a été mêlé. […] Une somme importante [qui invite] à revisiter l’histoire littéraire et le principe d’insoumission en littérature. »
Sébastien Dubois, Poezibao
« Cette étude collective propose une approche d’envergure marquant la diffraction du surréalisme depuis la Seconde Guerre mondiale. […] Au-delà de tout particularisme géographique, il [en] ressort une pratique à l’intersection des luttes décolonniales, antiracistes, féministes ou encore queer. (In)actuel(s), le(s) spectre(s) du surréalisme continue(nt) ainsi d’hanter la praxis révolutionnaire. »
Corentin Bouquet, Fabula

Une réévaluation du surréalisme depuis 1940 : un travail d’envergure et inédit couvrant sept décennies – vaste période peu étudiée et au cours de laquelle le mouvement a été souvent déconsidéré, parfois récusé –, interrogeant les discours, les récits et les débats dont les engagements poétiques, politiques et artistiques du mouvement ont été l’objet, au-delà de l’entre-deux-guerres glorieux du surréalisme dit « historique », dans le contexte des profondes mutations sociales et culturelles du monde de la seconde moitié du XXe siècle.

Le surréalisme a longtemps été amputé d’une partie de son histoire. Les littéraires, les historiens de l’art ont négligé les vingt-cinq années allant de la Libération à l’auto dissolution du mouvement, en octobre 1969, et n’ont guère regardé au-delà. On peut s’en étonner tant les années jetées au rebut témoignent d’une ardente vigilance poétique, politique et artistique. Le surréalisme se confronte alors aux flux et reflux d’une Histoire excédant les frontières nationales pour devenir mondiale (décolonisation, tiers-mondisme, anti stalinisme, révolution cubaine, anti-impérialisme américain, consumérisme, idéologie des Trente Glorieuses, révoltes populaires).
Couvrant sept décennies, ce livre restitue l’âpreté des débats et le courage des engagements auquel le surréalisme a été mêlé ; il examine les interpellations dont il a été la cible, les récits dont il a été l’objet : par les existentialistes, les surréalistes dissidents, les communistes, les lettristes, les situationnistes, les telqueliens… jusqu’aux diatribes d’un Jean Clair pamphlétaire qui en imagine rétrospectivement la barbarie, en un temps – les années 2000 – où des expositions à Londres, New York ou Paris, célèbrent un mouvement patrimonialisé et où les universités nord-américaines parlent de « surréalisme total » dans un monde globalisé.

« Cet ouvrage collectif dirigé par Olivier Penot-Lacassagne réunit une trentaine de contributions sur le surréalisme d’après 1940. Organisé chronologiquement autour des “déclarations” et des “tracts” publiés par le groupe surréaliste entre 1947 et 1969, le livre déborde ce cadre usuel pour couvrir sept décennies et présenter les débats intellectuels, académiques ou patrimoniaux auxquels le surréalisme a été mêlé. […] Une somme importante [qui invite] à revisiter l’histoire littéraire et le principe d’insoumission en littérature. »
Sébastien Dubois, Poezibao
« Cette étude collective propose une approche d’envergure marquant la diffraction du surréalisme depuis la Seconde Guerre mondiale. […] Au-delà de tout particularisme géographique, il [en] ressort une pratique à l’intersection des luttes décolonniales, antiracistes, féministes ou encore queer. (In)actuel(s), le(s) spectre(s) du surréalisme continue(nt) ainsi d’hanter la praxis révolutionnaire. »
Corentin Bouquet, Fabula

Olivier Penot-Lacassagne est maître de conférences HDR à l’université Sorbonne Nouvelle. Il a dirigé et publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels : Antonin Artaud, l’incandescent perpétuel, éd. CNRS, 2022

« Le Mexique revisité », Mélusine n° XIX, 1999, pp. 9-21.

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Lire : les œuvres poétiques d’Octavio Paz…

Échos, Prolongements :

Lire: Jeu de paume, 2012 : https://archive-magazine.jeudepaume.org/2012/10/olivia-speer-le-voyage-initiatique-des-surrealistes-au-mexique/index.html

Exposition au Grand Palais (Paris, 2017 :

https://www.grandpalais.fr/fr/article/le-mexique-miroir-magnetique-du-surrealisme

Dans les années 1940, Mexico devient une destination privilégiée pour les artistes européens cherchant à fuir les persécutions politiques qui frappent alors l’Europe.

La plupart d’entre eux vont y rester durant la Seconde Guerre mondiale : Wolfgang Paalen, Alice Rahon, Eva Sulzer, Kati et José Horna, Juan Larrea, Benjamin Péret, Remedios Varo, Leonora Carrington, Luis Buñuel… Le berceau des civilisations préhispaniques devient une patrie mythique pour les surréalistes qui se sont rendus là dans l’espoir d’une révélation. Pourtant, les Mexicains ne constitueront pas un véritable groupe surréaliste.

L’attrait exotique du Mexique et les perspectives artistiques qu’offre le pays n’échappent pas à Antonin Artaud et André Breton lors de leur séjour à Mexico quelques années auparavant. Ils y trouvent un lieu propice à la poursuite de l’œuvre surréaliste. En 1940, l’Exposition internationale du surréalisme est organisée à la galerie d’Art mexicain : des œuvres des surréalistes européens côtoient des pièces préhispaniques et des œuvres d’artistes mexicains de l’époque, composant, selon certains spécialistes, un ensemble trop hétérogène pour être cohérent. Ce mélange de valeurs esthétiques constitue cependant une source d’inspiration pour les artistes, qui n’hésitent pas à hybrider les concepts originaux et à y incorporer des éléments d’art précolombien et de cultures d’autres latitudes. Hybridation qui les fait converger vers le langage surréaliste, mais réinterprété selon leur propre culture mexicaine. 

Le surréalisme déplacé (2020) : https://journals.openedition.org/hommesmigrations/11081?lang=es

Résumé : Les ruptures de la Seconde Guerre mondiale et les bouleversements politiques de la deuxième moitié du XXe siècle ont conduit des artistes européens, par des voies et pour des motifs différents, à s’exiler au Mexique. De Benjamin Péret à Leonora Carrington, en passant par Luis Buñuel ou César Moro, ils ont pour point commun des liens personnels et esthétiques avec le mouvement surréaliste. L’étude de leurs créations et de leurs correspondances permet de dégager la constellation d’artistes d’un « surréalisme déplacé » qui renouvelle ses formes et ses sujets à travers la déchirure de l’exil.

Voir Las Pozas, le jardin d’Edward James : https://www.vanityfair.fr/savoir-vivre/lifestyle/story/las-pozas-le-jardin-surrealiste-perdu-dans-la-jungle-mexicaine/11604

Je m’abstiens de citer tous les textes relatifs à Frida Kahlo, ainsi que les expositions et les films auxquels elle a donné lieu…

« Le surréalisme à l’université », Mélusine, n° I. pp. 283-301 (en collaboration avec Christine Pouget).

Il n’y a plus, désormais, qu’une seule thèse pour toutes les disciplines universitaires. Mais il peut être intéressant de voir ce qui se passait avant 1984,date officielle de la suppression de la thèse d’État. C’st ce que l’on peut voir dans la documentation fournie par le premier volume de Mélusine, notamment par comparaison avec la situation aux USA. Aujourd’hui, tout cela est accessible sur le fichier national des thèses : theses.fr, explorer les 1198 thèses pour “Surréalisme”

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ou lire la version textuelle :

V

DOCUMENTATION
LE SURRÉALISME A L’UNIVERSITÉ
HENRI BEHAR — CHRISTINE POUGET
INVENTAIRE DES THÈSES SUR LE SURRÉALISME
SOUTENUES OU EN PREPARATION (1970-1978)

Nous commençons ici la publication des sujets de thèses enregistrés dans les établissements d’enseignement supérieur français du premier janvier 1970 au premier octobre 1978, ainsi qu’aux Etats-Unis d’Amérique. Cet inventaire sera poursuivi et mis à jour dans nos prochains cahiers.

Ces documents ont été établis grâce à l’active collaboration des responsables du Fichier Central des Thèses (Université Paris X, Nanterre) et, pour la section américaine, de Renée-Riese Hubert, que nous remercions vivement.

La première section fournit l’ensemble des travaux de recherche (Doctorat d’Etat, d’Université, de 3′ cycle) présentés en France avec l’indication du directeur de recherche, le lieu et la date de la soutenance. Les trois doctorats d’État (Marguerite Bonnet, Marie-Claire Dumas, Raymond Jean) sont connus et ont donné lieu à publication ; il n’en va pas de même pour les Doctorats d’Université ou de Troisième cycle, dont nous nous efforçons de donner une analyse dans Recherches sur le Surréalisme (Amsterdam).

Pour la seconde section, qui concerne les Doctorats d’État en préparation, on ne s’est pas contenté de relever et d’ordonner les indications fournies par le Répertoire raisonné des Doctorats d’Etat Lettres et Sciences Humaines (Paris, 1977) car celui-ci, s’appuyant sur la législation en vigueur, ne mentionne que les sujets déposés ou renouvelés depuis moins de cinq ans (ils figurent ici avec leur numéro d’ordre dans le Répertoire). Or il nous est apparu, dans plusieurs cas, que ces sujets n’étaient nullement abandonnés par les candidats, malgré leur négligence. D’autre part, leur libellé fournit une indication intéressante sur les tendances de la recherche avant 1972 et depuis que ce répertoire a paru, car nous l’avons complété autant qu’il se pouvait (en reportant, bien entendu, sur la première liste les travaux achevés). Enfin, leur insertion permet d’harmoniser l’ensemble de la documentation dont nous faisons état.

Compte tenu du grand nombre de thèses d’Université et de 3e cycle en préparation, il a fallu leur consacrer une section spéciale. Il va de soi que les doctorats de 3′ cycle — nouveau régime — entrepris l’an dernier n’y figurent pas, puisque le candidat doit avoir obtenu son D.E.A. avant de pouvoir enregistrer son sujet.

Il apparaît que certains sujets ont été abandonnés depuis 1970, que d’autres ont été transformés en thèse d’État, que d’autres, enfin, figurent plusieurs fois au fichier sous un titre légèrement différent. Des travaux ont été soutenus sans que le fichier central en ait été averti. Nous avons essayé d’y remédier, dans la mesure de nos connaissances.

Enfin, la section IV n’appelle pas de remarque particulière si ce n’est que, dans l’avenir, elle devra s’étendre à tous les pays qui voudront bien nous communiquer leurs inventaires.

L’établissement de ces listes ne va pas sans quelques difficultés, accrues par le fait qu’on ne connaît qu’un libellé succinct (et souvent provisoire) des travaux entrepris.

Pour les auteurs qui ont seulement traversé le surréalisme, n’ont été retenus que les sujets envisageant nettement leur passage dans le mouvement. Ainsi ont été écartés les sujets sur « Aragon journaliste de l’Humanité aux Lettres Françaises » ou sur le « militant communiste ». Mais la sélection est rarement aussi simple : en l’absence de données précises, on a préféré accroître la liste plutôt que de commettre une élimination abusive.

Certains auteurs dant les noms sont mentionnés, soit directement, soit « en marge » auraient hurlé de se trouver ainsi classés. Qu’on n’y voie aucune tentative d’annexion : Delteil, Reverdy, Schehadé, Césaire gardent toute leur indépendance. Mais les documents dont nous nous sommes servis n’étant pas d’accès public, il nous a paru utile d’en faire état, ne serait-ce qu’à titre d’information et pour, éventuellement, susciter la réflexion. Rappelons que dans l’état actuel de notre travail le seul critère d’appartenance au surréalisme est un critère externe. Reste qu’il est intéressant, voire même éloquent dans une perspective d’étude de la réception critique, de savoir combien de travaux sont consacrés à Breton, et, dans le même temps, à Bataille ou Roussel, qui n’ont jamais été surréalistes ; combien examinent Artaud ou Char dans une saisie globale intégrant leur passage dans le surréalisme — du moins dans l’énoncé du sujet.

Le classement auquel nous avons procédé à l’intérieur de chaque liste est fonction du nombre d’entrées. On a le plus souvent adopté une bipartition Auteurs-Matières (lesquelles ne reprennent pas les indications relatives à l’étude particulière de chaque auteur). Dans un cas, on a réservé une section pour les travaux concernant plusieurs auteurs, ceci indiquant une orientation comparatiste de la recherche. Mais tout autre classement a sa logique et son intérêt, comme le montre la liste des thèses américaines, établie chronologiquement.

Outre l’information du lecteur, ceci doit servir de matériau premier pour une image du surréalisme dans l’institution universitaire. On se bornera à quelques remarques, suggérées par les tableaux suivants :

Travaux soutenus En préparation

D.E. D.U.-3° U.S.A.’ D.E. D.U.-3° U.S.A.

ARAGON 0 0 1 4 7 1

ARTAUD 0 6 3 4 33 2

BATAILLE 0 7 0 1 16 0

BRETON 1 5 4 9 20 3

CREVEL 0 0 1 2 5 0

DESNOS 1 0 1 1 7 1

CRACQ 0 6 1 3 17 1

SOUPAULT 0 0 0 0 0 0

TZARA 0 0 0 0 2 0

Aux yeux des chercheurs, Artaud et Bataille ont sensiblement la même importance que Breton, mais l’Aragon surréaliste jouit de peu de faveur, Tzara est bien délaissé ; quant à Soupault, il est tout simplement ignoré, de même que Jacques Baron, Joyce Mansour, Malcolm de Chazal, Jean-Pierre Duprey, Kurt Seligmann, pour ne citer que quelques noms. D’autre part, on constate une certaine désaffection envers le Doctorat d’Etat, tandis que le doctorat de 3e cycle paraît un titre fort recherché, dans la mesure peut-être où il implique une investigation circonscrite à des aspects précis d’une oeuvre.

Le tableau des thèmes et des matières reflétant un certain état de la critique contemporaine nous fournit également des renseignements intéressants :

Travaux soutenus En préparation Total D.E. D.U.-3èC. U.S.A. D.E. D.U.-3èC. U.S.A.

Poésie 1 3 7 12 22 1 46

Poétique 3 2 2 13 1 21

Langage poét. 1 2 7 11 1 20

Théâtre 4 1 4 4 10

Roman 1 1 5 3 7

Esthétique 3 2 3 3 10

Révolte 1 2 5 7 13

Révolution 1 0 2 3 11

Libération 1 0 2 4 6

Rebelle 1 1 3 6

Liberté 1 1 4 6

Parapsychologie 0 2 4 6

Alchimie 0 2 4 6

Occultisme 2 4 6

Esotérisme 2 4 6

Sacré 3 2 4

Amour 1 0 4

Sexualité 2 0 3

Erotisme 0 2 3

Femme 0 0

Etudes locales 0

Politique 0

Mythe

Merveilleux

Fantastique

Surréel

Etrangeté

Corps

Œil

Regard

Suicide

Folie

Mort

Nature-eau

Minéralité

Forêt

Perception-Sons

Couleurs-Obscur

Lumineux

Villes

Presse

Rêve-Rêverie

Orient

Ecriture autom.

Hasard objectif

Psychanalyse

A titre indicatif, signalons que le nombre d’occurrences ne correspond pas au nombre de thèses. Nous avons en effet jugé utile lorsque l’intitulé d’une thèse donnait plusieurs indications de les compter dans chacune des rubriques. Ainsi « Mythe et réalité chez Julien Gracq » a été indexé dans deux rubriques différentes. D’autre part, il était bien entendu impossible de classer tous les thèmes, aussi en avons-nous choisi certains qui nous semblaient significatifs.

Ces remarques faites, la simple lecture de ce tableau des motifs est révélatrice. On ne s’étonnera pas de voir que la poétique vienne en tête des préoccupations, que le discours surréaliste sur la folie, la liberté, les mythes personnels soit examiné sous plusieurs angles, de même que son traitement du langage ou sa mise en relief de l’amour, du merveilleux, etc. Le thème de la femme à lui seul se trouve cité 13 fois dans le libellé des thèses, ce qui marque la fréquence la plus élevée. Cet intérêt s’explique par l’acualité des préoccupations féminines et féministes comme par la découverte d’un champ de recherche orginal. Cette impression de lecteur est confirmée par le fait qu’aucun doctorat d’Etat ou de 3° cycle n’est soutenu sur ce sujet en France mais que par contre 10 doctorats sont entrepris dans ce domaine. Cependant deux sont achevés aux Etats-Unis, ce qui indique un intérêt pour les questions féminines certainement plus ancien.

La fréquence des thèses sur le thème de la révolte n’est guère étonnante. Il suffit de penser aux titres des revues du groupe pour comprendre le sens et la valeur de cette notion aux yeux des surréalistes.

Cependant l’absence de travaux concernant l’écriture automatique ou le marxisme par exemple est surprenante. Certes le libellé des sujets ne permet pas d’appréhender la totalité des contenus. Il est bien certain qu’une thèse sur la parapsychologie évoquera le problème de l’écriture automatique, tout comme une thèse sur la politique abordera la position des surréalistes au sujet du marxisme. Mais il est symptomatique que ces thèmes pourtant d’un intérêt capital ne fassent pas l’objet d’études spécifiques. Cette lacune viendrait-elle de la nécessité d’une formation très spécialisée pour traiter de pareils sujets ? L’interdisciplinarité est un principe reconnu dans l’université, mais non un fait.

D’autre part, les méthodes d’examen ne peuvent guère s’inférer à partir d’un intitulé nécessairement bref. Si l’étude de « l’homme et l’oeuvre » tend à disparaître, émergent en revanche quelques analyses qui s’affichent structurales, psychanalytiques ou marxistes. Les études de thèmes, les recherches historico-littéraires ne semblent pas abandonnées.

Songeant qu’une décennie s’est écoulée depuis la promulgation de la loi d’orientation en matière d’enseignement supérieur, on peut chercher à savoir si l’autonomie de principe dont jouit chaque université détermine une orientation spécifique des recherches relatives à notre sujet qui y sont menées. Au vrai, les choix semblent refléter davantage la personnalité des candidats et des maîtres auxquels ils s’adressent que les options intellectuelles de leurs universités. On ne voit guère se profiler de recherches collectives et peu d’approches interdisciplinaires. Ce qui, en un sens, nous conforte dans les options exposées en tête de ce recueil, et laisse le champ libre à toutes sortes d’études de sociologie, d’esthétique générale…

Le nombre des thèses inscrites, l’amplitude des recherches entreprises, marquent un processus d’intégration culturelle significatif, ne pouvant que servir le surréalisme en répandant ses aspirations, ses dégoûts, les valeurs morales 1 dont il était porteur. Cependant le fait que six doctorats d’Etat relatifs à Breton n’aient pas conduit à soutenance (ou à un renouvellement) dans les délais — pour trois officiellement enregistrés — témoigne d’une lassitude, d’un découragement devant le « tout est déjà dit », heureusement combattu par la fréquence et la vigueur des doctorats de 3° cycle.

Ce bref bilan établi jusqu’en octobre 1978 sera sans nul doute démenti par les nouveaux sujets déposés depuis lors. En tout état de cause, cette recherche demeure cependant la première étape d’une étude approfondie de l’image du surréalisme au sein de l’université. [Voir les tableaux nominatifs sur le PDF]

« Du passé faisons table rase », Les Cahiers du Musée national d’art moderne, Dossier André Breton, surréalisme et politique, 20016, p. 24-26.

https://editions.centrepompidou.fr/fr/revues/dossier-andre-breton-les-cahiers-du-musee-national-dart-moderne/990.html

DOSSIER ANDRÉ BRETON | LES CAHIERS DU MUSÉE NATIONAL D’ART MODERNE
9782844267610

RÉSUMÉ

Le Surréalisme lie de manière indissociable – sans pourtant jamais vouloir les confondre – la révolution poétique et la révolution politique. En 1927, les surréalistes adhèrent en bloc au parti communiste français. En 1933, ils en sont tous exclus, à l’exception d’Aragon. Entre ces deux dates, une succession de malentendus, de déceptions et de volte-face. Le surréalisme était-il donc incompatible avec l’engagement politique ? Théoricien du surréalisme, André Breton n’a eu de cesse de chercher à définir la spécificité de l’art en le confrontant notamment à l’engagement et à l’action politique.

DESCRIPTIF

Ce nouvel hors-série des Cahiers du MNAM, présenté sous la forme d’un almanach, accompagne la séquence des expositions-dossiers consacrée aux politiques de l’art et interroge, à l’occasion du 50e anniversaire de sa mort, le rapport d’André Breton à la politique.

De nombreux documents, textes, images, articles ou tracts viennent illustrer les sept essais de spécialistes du sujet.

SOMMAIRE :
Bernard Blistène et Nicolas Liucci-Goutnikov : Préface
Jean-Michel Bouhours, Jean-Michel Goutier et Camille Morando : Avant-propos
Jacqueline Chénieux-Gendron : Du droit et du politique : l’alerte du poète
Henri Béhar : Du passé faisons table rase
Camille Morando : Au feu ! Contre l’Exposition coloniale internationale
Jean-Michel Bouhours : Pose devant Guernica
Gérard Roche : Breton et Trotski – de la « beauté convulsive » à l’art révolutionnaire indépendant
Jean-Michel Goutier : Salves libertaires. Surréalisme et Anarchie
Jérôme Duwa : Le Manifeste des 121 ou la loi de l’insoumission

CARACTÉRISTIQUES :
Reliure : Broché
Langue : Français
EAN 9782844267610
Nombre de pages 112
Date de parution 5/10/2016
Dimensions 19 x 26 cm

Sous la direction de Jean-Michel Bouhours, Jean-Michel Goutier et Camille Morando

[Ma contribution : PDF à télécharger]

« Hermétisme, pataphysique, surréalisme », Procedings of the Xth congress of the International Comparative Literature Association (New York, 1982) vol. II, Comparative poetics, Garland Publishing Inc. New York, 1985, pp. 495-504.

https://www.ailc-icla.org/fr/

Cette intervention s’inspire évidemment de mes travaux sur Alfred Jarry, notamment : Les Cultures de Jarry (1988)

[Télécharger cet article en PDF intégré au volume Les Cultures de Jarry]

http://melusine-surrealisme.fr/henribehar/wp/wp-content/uploads/2014/08/Cultures-de-Jarry.pdf

Mais aussi de me lectures concernant le surréalisme. Voir :

Le Surréalisme par les textes

  • Auteurs : Béhar (Henri), Carassou (Michel)
  • Résumé : Cet ouvrage étudie les débats qui ont opposé les tenants et les détracteurs du surréalisme, ainsi que la réflexion et le travail de création de ses divers protagonistes. Il permet de mieux comprendre les enjeux de ce qui demeure la plus grande révolution littéraire et intellectuelle du xxe siècle.
  • Nombre de pages : 313
  • Parution : 08/01/2014
  • Collection : Dictionnaires et synthèses, n° 4