Paulhan-Breton, le poète et l’éminence grise, ou l’étrangeté d’une amitié, L’Herne, n° 72
par Henri Béhar, le 10 mai 1998
PASSAGE EN REVUES« Paulhan-Breton, le poète et l’éminence grise, ou l’étrangeté d’une amitié », L’Herne, n° 72, André Breton, 1998, pp. 343-352.
Michel Murat ayant formé le projet de constituer un numéro de la revue L’Herne consacré à André Breton, il me demanda de traiter de sa relation pour le moins compliquée avec Jean Paulhan. À l’époque, la correspondance des deux auteurs n’avait pas encore été publiée, mais j’avais lue intégralement leurs échanges à l’état manuscrit, grâce à la bienveillance de Jacqueline Paulhan et d’Elisa Breton. C’est une variation sur les différents sens du mot « étrangeté ».
Cahier de L'Herne n° 72 : André Breton
Sous la direction de Michel Murat avec le concours de Marie-Claire Dumas.
De Breton lui-même, on découvrira un bel ensemble de proses automatiques et de poèmes inédits, allant des années vingt aux années cinquante. Comme pendant à la poésie, quelques articles du lendemain de la guerre, non repris jusqu'ici en volume, témoignent de la vigueur parfois désespérée des interventions de Breton dans la vie publique, et de la justesse de ses vues. Le cahier iconographique, composé de photographies provenant des archives de l'auteur et en grande partie inédites, offre une belle suite de Breton, de sa jeunesse à la fin de sa vie. L'apport critique et documentaire est de premier ordre, principalement sur trois points. Le premier concerne la période du retour de Breton en France après la guerre, période marquée par l'exposition à la galerie Maeght, en 1947, autour de laquelle des tendances dissidentes se sont affrontées. L'autre sujet presque inentamé, concerne le rapport de Breton avec « la pensée traditionnelle » et les relations qu'il avait noué dans les milieux ésotériques. Le troisième point est une convergence non-préméditée des études critiques ou des témoignages met en lumière un grand poète que l'auteur de Manifestes avait laissé dans l'ombre. Une chronologie détaillée et une importante bibliographie, qui accordent beaucoup de place à des textes anciens, font de ce volume un ouvrage de référence.
Résumé Davantage qu'au surréalisme, ce Cahier est consacré à la personnalité de Breton, à sa pensée et à son style, ainsi qu'à l'image que se formèrent de lui d'autres écrivains, ses contemporains et ses pairs. Avec entre autres de nombreux poèmes inédits, des études consacrées au retour de Breton après la guerre, à ses rapports avec les milieux ésotériques.
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Prolongements "Étonnante correspondance que celle qu’échangèrent, pendant plus de quarante ans, André Breton et Jean Paulhan : on y découvre la profonde complicité intellectuelle qui lia le chef de file du surréalisme au directeur de La NRF et les premiers feux de l’aventure surréaliste, à laquelle Paulhan a pleinement pris part à ses débuts, puis les rapports, faits de désirs et de tensions, entre l’avant-garde et l’institution. Ces lettres dévoilent enfin l’intimité d’une relation qui cherche, jusqu’au bout, la formule d’une amitié tant désirée par Breton, entre idéal révolutionnaire et besoin de reconnaissance. On assiste ainsi à la poursuite de cette amitié ' distante ', traversée par nombre de grandes figures des lettres et des arts. C’est toute une histoire de la modernité qui s’écrit, et qui donne à mieux lire la pensée des deux auteurs, chacune éclairée d’un nouveau jour. Et si leur amitié n’est jamais parvenue à s’épanouir, du moins ces deux esprits se sont-ils rencontrés dans une même quête ardente des mystères de la pensée — mystères de l’inconscient pour l’un, de l’expression pour l’autre." C. B.