Lautréamont et eux, Mélusine 28, le surréalisme en héritage
par Henri Béhar, le 29 mars 2008
PASSAGE EN REVUES« LAUTRÉAMONT ET EUX », DANS MÉLUSINE XXVIII, LE SURRÉALISME EN HÉRITAGE, 2008, PP. 211-234.
Prenant la relève, deux de mes thésards, Emmanuel Rubio et Olivier Penot-Lacassagne ont souhaité rassembler les chercheurs travaillant sur le surréalisme après 1945. Ils se sont adressés à Édith Heurgon, responsable du centre culturel international de Cerisy-La-Salle, qui, sur ma recommandation, les a très favorablement accueillis. Comme on le verra ci-dessous, les participants venaient parfois de fort loin, et tenaient à toutes les générations. Pour ma part, j’ai tenté d’examiner les rapports du groupe Tel Quel avec leurs prédécesseurs, dans leur manière de lire les œuvres du passé. Mon titre faisait indirectement référence à un article notable d’Aragon dans Les Lettres françaises.
Voir publication 2008 de Cerisy
“Le surréalisme, pourtant, a sa statue, ses dieux et sa mythologie, ses croix-de-feu et sa légende, ses recettes et ses dogmes, son patois, et rien n’est plus facile, pour les collectionneurs, que de le mesurer à un centimètre près : les statues sont les plus dociles des cadavres.” (Dotremont) – “dans l’occultisme ou l’alchimie, Breton n’a proposé que du bavardage insignifiant de sous-“souffleur” ou de sous-“non-initié” ; dans l’économie politique, il n’a produit que du sous-trotskysme invertébré.” (Isou) – “Breton, aujourd’hui c’est la faillite. Il y a trop longtemps que votre entreprise est déficitaire. Ce ne sont décidément pas vos associés qui vous sortiront de là. Ils ne savent même pas se tenir à table.” (Internationale Lettriste) – “Eux-mêmes, les Inconscients du Grand Truc, se survivent dans l’anodin, dans la belle humeur des amusements banalisés vers 1930.” (Guy Debord) – “Quel emmerdement que leur salon littéraire !” (Topor) – “Pour le surréalisme, Lautréamont reste un prétexte à inflation verbale, une référence d’autant plus insistante qu’elle est moins interrogée, une ombre, une expression, un mythe, sous le couvert duquel se perpétue un confusionnisme lyrique, moral et psychologique.” (Philippe Sollers) – “Et que dire des petites queues de la comète surréaliste : brocante d’images, rêves désespérément interchangeables, clichés libertaires, calembours pénibles, sublimités d’éros riquiqui ?” (Christian Prigent)
Cet article forme un chapitre du volume : Lumières sur Maldoror, Paris, Classiques Garnier, 2023, pp. 115-128