L'approche culturelle du surréalisme, Mélusine n° 16
par Henri Béhar, le 28 mars 1996
PASSAGE EN REVUES« L’APPROCHE CULTURELLE DU SURRÉALISME », MÉLUSINE, N° 16, « CULTURES, CONTRE-CULTURES », 1996, PP. 9-15.
Prolongements :
Arts et sociétés n° 13-1 | Primitivismes | Sophie Leclercq Les choses, André Breton, Expositions, Paul Éluard, Surréalisme, 3
Les surréalistes ont réinventé l’idole des origines. Ils ont rêvé leur primitif à l’écart de la science et de la réalité en retrouvant curieusement les voies de l’histoire. Dès les années 1920, ils furent parmi les tout premiers à se révolter contre le servage des peuples non-occidentaux en appelant, non pas au nom des bons sentiments à tempérer les modalités de leur servage mais à condamner radicalement les conditions mêmes du colonialisme. L’histoire de l’art retient surtout la passion d’André Breton pour les masques esquimaux, indiens, des mers du sud ou les poupées des Indiens Hopis de l’Arizona dont il gardait de beaux spécimens. C’est qu’il admirait leur valeur expressive et poétique, celle-là même qu’il recherchait partout comme autant de signes de vie dans un monde moderne dont il dénonçait inlassablement le désenchantement. Car le fond du problème était moins l’autre que soi-même pris dans les rêts d’un Occident dont les poètes annonçaient inlassablement l’aliénation et la décrépitude. Anti-modernes mais au cœur même de la modernité, les surréalistes ont ouvert la voie à des réflexions dont l’histoire de l’art prend acte aujourd’hui. Aby Warburg, Jean Laude et quelques autres ont dit l’apport indispensable de l’anthropologie et de l’ethnologie et combien le statut de l’artiste et de l’œuvre était vacillant et forcément les critères d’unicité, d’originalité, de supériorité. A l’heure où le nouveau Musée du quai Branly fait figure de boîte de Pandore en invitant au comparatisme avec d’autres pays et d’autres formes de présentation des collections, les remarquables études de Nélia Dias, Sophie Leclerq et Maureen Murphy rouvrent le dossier d’une identité instable. Plus largement, c’est du malaise de la civilisation dont il est question, malaise Michel Leiris avait relevé la coexistence avec une culture où tout semblait être dit parce que l’on était parvenu à un certain développement technique mais où pareil développement n’avait été rendu possible qu’en étouffant certaines aspirations à l’infini.
Laurence Bertrand Dorléac Séminaire du 23 novembre 2006
(In)actualité du surréalisme (1940-2020) Une réévaluation du surréalisme depuis 1940 : un travail d’envergure et inédit couvrant sept décennies – vaste période peu étudiée et au cours de laquelle le mouvement a été souvent déconsidéré, parfois récusé –, interrogeant les discours, les récits et les débats dont les engagements poétiques, politiques et artistiques du mouvement ont été l’objet, au-delà de l’entre-deux-guerres glorieux du surréalisme dit « historique », dans le contexte des profondes mutations sociales et culturelles du monde de la seconde moitié du XXe siècle.
Le surréalisme a longtemps été amputé d’une partie de son histoire. Les littéraires, les historiens de l’art ont négligé les vingt-cinq années allant de la Libération à l’autodissolution du mouvement, en octobre 1969, et n’ont guère regardé au-delà. On peut s’en étonner tant les années jetées au rebut témoignent d’une ardente vigilance poétique, politique et artistique. Le surréalisme se confronte alors aux flux et reflux d’une Histoire excédant les frontières nationales pour devenir mondiale (décolonisation, tiers-mondisme, antistalinisme, révolution cubaine, anti-impérialisme américain, consumérisme, idéologie des Trente Glorieuses, révoltes populaires). Couvrant sept décennies, ce livre restitue l’âpreté des débats et le courage des engagements auquel le surréalisme a été mêlé ; il examine les interpellations dont il a été la cible, les récits dont il a été l’objet : par les existentialistes, les surréalistes dissidents, les communistes, les lettristes, les situationnistes, les telqueliens… jusqu’aux diatribes d’un Jean Clair pamphlétaire qui en imagine rétrospectivement la barbarie, en un temps – les années 2000 – où des expositions à Londres, New York ou Paris, célèbrent un mouvement patrimonialisé et où les universités nord-américaines parlent de « surréalisme total » dans un monde globalisé.
« Cet ouvrage collectif dirigé par Olivier Penot-Lacassagne réunit une trentaine de contributions sur le surréalisme d’après 1940. Organisé chronologiquement autour des “déclarations” et des “tracts” publiés par le groupe surréaliste entre 1947 et 1969, le livre déborde ce cadre usuel pour couvrir sept décennies et présenter les débats intellectuels, académiques ou patrimoniaux auxquels le surréalisme a été mêlé. […] Une somme importante [qui invite] à revisiter l’histoire littéraire et le principe d’insoumission en littérature. » Sébastien Dubois, Poezibao « Cette étude collective propose une approche d’envergure marquant la diffraction du surréalisme depuis la Seconde Guerre mondiale. […] Au-delà de tout particularisme géographique, il [en] ressort une pratique à l’intersection des luttes décolonniales, antiracistes, féministes ou encore queer. (In)actuel(s), le(s) spectre(s) du surréalisme continue(nt) ainsi d’hanter la praxis révolutionnaire. » Corentin Bouquet, Fabula
(In)actualité du surréalisme (1940-2020), Les presses du réel
Une réévaluation du surréalisme depuis 1940 : un travail d’envergure et inédit couvrant sept décennies – vaste période peu étudiée et au cours de laquelle le mouvement a été souvent déconsidéré, parfois récusé –, interrogeant les discours, les récits et les débats dont les engagements poétiques, politiques et artistiques du mouvement ont été l’objet, au-delà de l’entre-deux-guerres glorieux du surréalisme dit « historique », dans le contexte des profondes mutations sociales et culturelles du monde de la seconde moitié du XXe siècle.
Le surréalisme a longtemps été amputé d’une partie de son histoire. Les littéraires, les historiens de l’art ont négligé les vingt-cinq années allant de la Libération à l’auto dissolution du mouvement, en octobre 1969, et n’ont guère regardé au-delà. On peut s’en étonner tant les années jetées au rebut témoignent d’une ardente vigilance poétique, politique et artistique. Le surréalisme se confronte alors aux flux et reflux d’une Histoire excédant les frontières nationales pour devenir mondiale (décolonisation, tiers-mondisme, anti stalinisme, révolution cubaine, anti-impérialisme américain, consumérisme, idéologie des Trente Glorieuses, révoltes populaires). Couvrant sept décennies, ce livre restitue l’âpreté des débats et le courage des engagements auquel le surréalisme a été mêlé ; il examine les interpellations dont il a été la cible, les récits dont il a été l’objet : par les existentialistes, les surréalistes dissidents, les communistes, les lettristes, les situationnistes, les telqueliens… jusqu’aux diatribes d’un Jean Clair pamphlétaire qui en imagine rétrospectivement la barbarie, en un temps – les années 2000 – où des expositions à Londres, New York ou Paris, célèbrent un mouvement patrimonialisé et où les universités nord-américaines parlent de « surréalisme total » dans un monde globalisé.
« Cet ouvrage collectif dirigé par Olivier Penot-Lacassagne réunit une trentaine de contributions sur le surréalisme d’après 1940. Organisé chronologiquement autour des “déclarations” et des “tracts” publiés par le groupe surréaliste entre 1947 et 1969, le livre déborde ce cadre usuel pour couvrir sept décennies et présenter les débats intellectuels, académiques ou patrimoniaux auxquels le surréalisme a été mêlé. […] Une somme importante [qui invite] à revisiter l’histoire littéraire et le principe d’insoumission en littérature. » Sébastien Dubois, Poezibao « Cette étude collective propose une approche d’envergure marquant la diffraction du surréalisme depuis la Seconde Guerre mondiale. […] Au-delà de tout particularisme géographique, il [en] ressort une pratique à l’intersection des luttes décolonniales, antiracistes, féministes ou encore queer. (In)actuel(s), le(s) spectre(s) du surréalisme continue(nt) ainsi d’hanter la praxis révolutionnaire. » Corentin Bouquet, Fabula
Olivier Penot-Lacassagne est maître de conférences HDR à l’université Sorbonne Nouvelle. Il a dirigé et publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels : Antonin Artaud, l’incandescent perpétuel, éd. CNRS, 2022