MÉLUSINE

Prolem sine matre creatam, ou la fille née sans mère à l'ère de la reproduction industrielle

PASSAGE EN REVUES

« PROLEM SINE MATRE CREATAM OU LA FILLE NÉE SANS MÈRE À L’ÈRE DE LA REPRODUCTION INDUSTRIELLE », REVUE DE PHILOLOGIE, UNIVERSITÉ DE BELGRADE, N° XXXIX, 2012, 2, P. 9-16.

Programme du colloque : Conférence: Table ronde: “Hybridation des genres dans l’avant-garde europénne” : Nadrealizam

Hybridation des genres dans l’avant-garde européenne

Participants: Henri Béhar, Jelena Novaković, Annie Urbanik, Françoise Py, Bojan Jović, Predrag Todorović, Dina Mantcheva

Colloque à l'institut français de Serbie (Belgrade)
Projet de coopération bilatérale: CNRS (Paris) – Institut de littérature et des arts (Belgrade)

Institut français en Serbie, Zmaj Jovina 11, Belgrade le 19 octobre 2012. (10.00-13.30 h)

Programme

Henri Béhar, Université Paris III : « Prolem sine matre creatam ou La Fille née sans mère à l’ère de la reproduction industrielle »

Jelena Novaković, Université de Belgrade, Faculté de Philologie : «Hybridation des genres dans le surréalisme : Sans mesure de Marko Ristić »

Annie Urbanik – Rizk, Lycée Auguste Blanqui, Saint-Ouen : « Écriture et photographie dans la Nadja de Breton : aux limites de l’indicible ou de la traversée des apparences ? »

Franęoise Py, Université Paris VIII : « Hybridation des genres dans le surréalisme, de la transgression à l’effacement »

Bojan Jović, Institut de littérature et des arts, Belgrade : « La “chaplinade” comme un prototype du genre hybride de l’avant-garde »

Predrag Todorović, Institut de littérature et des arts, Belgrade : « Le dadaïsme serbe dans le contexte de l’avant-garde européenne »

Dina Mantcheva, Université « Saint-Clément d’Ohride », Sofia : « La forme hybride du drame symboliste à l’origine du théâtre de l’avant-garde ».

Les participants: Henri Béhar, Jelena Novaković, Annie Urbanik, Franęoise Py, Bojan Joviić, Predrag Todorović, Dina Mantcheva.

F. Picabia. La Fille née sans mère. Centre G. Pompidou

Francis Picabia : La Fille née sans mère (Centre Pompidou)

Voilà la fille née sans mère – Centre Pompidou

F. Picabia. Musée d’Orsay

Musée d’Orsay, Alfred Stieglitz, “Fille née sans mère”, dessin de Francis Picabia.

Table ronde de Belgrade, le 19 octobre 2012.

Titre : « Prolem sine matre creatam ou La Fille née sans mère à l’ère de la reproduction industrielle » par Henri Béhar.

Résumé

Il y a bon nombre d’années, suffisamment pour avoir le recul nécessaire au chercheur, nous avons créé une banque de données d’histoire littéraire (BDHL) qui avait cette originalité de formaliser la notion de genre par un tri croisé s’exerçant à plusieurs niveaux. S’il est intéressant de montrer comment les genres ont évolué au cours des siècles., il l’est encore plus, pour ce qui concerne notre programme de coopération, d’analyser les transformations et variations de genres dans le mouvement surréaliste (en langue française). On montre ici comment le refus des genres pour les uns, l’indétermination générique pour les autres, résulte effectivement d’un croisement, d’une hybridation des catégories plus traditionnelles, pour aboutir à de nouvelles variétés.

Résumé long

J’utilise ici les données fournies par la Banque de données d’histoire littéraire (BDHL) créée, à mon initiative, en 1985. On y propose un système des genres articulé sur trois niveaux plus un (le genre indiqué sur l’ouvrage).

Le premier niveau du système des genres distingue : vers, prose, mixte, autre, indéfini.

Le deuxième niveau distingue entre : fiction, idées, discours intime, théâtre, poésie, indéfini.

Au niveau 3, on entre dans le détail des catégories précédentes.

Le titre de cet article se réfère à la plaquette de Francis Picabia, La fille née sans mère,qui fait appel à une formule latine placée par Montesquieu en tête de son Esprit des lois, pour marquer qu’il n’avait pas eu de modèle. Le recueil compte 18 dessins mécaniques et 51 poèmes.

Prenons l’exemple d’une double page du recueil, juxtaposant poème et dessin. Nos analyses peuvent s’étendre à tout le corpus dada-surréaliste. Le problème est que ce sont la plupart du temps des raretés bibliophiliques, de sorte que la critique se sert des œuvres complètes de Picabia, Tzara, Ribemont-Dessaignes, qui suppriment les illustrations, ce qui déplace la nature des observations.

Si de telles œuvres d’avant-garde peuvent entrer dans cette classification, c’est qu’elles répondent à des traits génériques identifiables (prose, vers, fiction, lyrique, dramatique…) en dépit du refus des genres par le mouvement qui les porte. Si dépérissement des genres il y a, il convient de retenir l’avènement de genres nouveaux, repérables, je l’ai dit, au-delà des tris croisés, par le sous titre ou le paratexte. Ainsi Grains et issues queTzara qualifie de« rêve expérimental », ouvrage alternant poèmes et notes critiques jusqu’à les faire se rejoindre, pour la plus grande confusion du lecteur.

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Prolongement : Poèmes et dessins de la fille née sans mère : 19 Mai – 24 Juil 2021

ART | EXPO COLLECTIVE

L’exposition «Poèmes et dessins de la fille née sans mère» se veut résolument surréaliste. Les douze artistes réunis se prennent au jeu d’un cadavre exquis, avec pour point de départ l’œuvre du dadaïste Francis Picabia: à ses créations picturales et poétiques d’hier répondent aujourd’hui un ensemble de dessins et d’aquarelles, de peintures et de sculptures, de collages et d’installations. La Topographie de l’art accueille ainsi une exposition collective en forme de conversation artistique entre les débuts des XXe et du XXIe siècles.

«Poèmes et dessins de la fille née sans mère» : une conversation entamée par Francis Picabia

Le titre de l’exposition «La Fille née sans mère» reprend ceux de plusieurs peintures ainsi que celui d’un recueil de dessins et de poèmes créés en 1918 par Francis Picabia. Les peintures ont été réalisées en 1916 au moment où Picabia découvrait aux États-Unis l’omniprésence de la mécanisation industrielle. Elles représentent les rouages d’une machine à vapeur. Le titre, qui fait aussi référence à la naissance d’Eve issue du corps d’Adam, est une métaphore ironique d’une création sans conception. L’œuvre de Francis Picabia combine ainsi observation de la société moderne et considérations sur la production artistique.

Poèmes et dessins de la fille née sans mère : un dialogue séculaire

Dans l’exposition de la Topologie de l’art «Poèmes et dessins de la fille née sans mère», douze artistes rebondissent à leur manière sur les créations de Francis Picabia, en particulier sur les différentes versions de cette fille née sans mère. Dans son œuvre Paroles (2020), Horst Haack rend hommage au « frère du père de Dada » en reprenant une phrase écrite en 1915 par Picabia dans un article du New York Tribune : « La machine est devenue plus qu’un simple instrument de la vie humaine. Elle est réellement une part de la vie humaine. Je me suis approprié la mécanique du monde moderne et je l’ai introduite dans mon atelier ».

Chloé Julien, quant à elle, interroge la procréation dans sa série de collages « Jeune fille sans mère » (2013), dont les œuvres entremêlent des corps féminins morcelés jusqu’à devenir méconnaissables. Son collage Machine à vie (2018) est un agglutinement de bouches, de mains et de seins de femmes. Les œuvres de Saadi Souami, Clarisse Hanh, Glenda Leon et des autres artistes exposés à la Topographie de l’art, répondent encore différemment aux problématiques soulevées par Francis Picabia. Un dialogue très riche en découle, un siècle après.