MÉLUSINE

« Départs », préface à Michel Carassou : Jacques Vaché et le groupe de Nantes

PASSAGE EN REVUES

« Départs », préface à : Michel Carassou : Jacques Vaché et le groupe de Nantes, Ed. J.-M. Place, 1986, pp. 7-16, « Bibliothèque Mélusine ».

Invité à une fête de mariage d’une cousine-à-la-mode-de-Bretagne dans un salon de l’Hôtel Lutetia à Paris, je rencontrai Jean Sarment (1897-1976), le comédien, auteur dramatique dont j’avais lu Le pêcheur d’ombres. Je savais qu’il était né à Nantes et qu’il avait été condisciple de Jacques Vaché. Aussi étais-je fort curieux de savoir ce qu’il en pensait, et surtout ce qu’il en savait. La conversation fut très sympathique, entrecoupée de longs silences. Oui, il avait bien connu Vaché, mais ce n’était pas le plus important du groupe. D’ailleurs, il avait peu écrit, et Breton en avait fait un mythe. Il ne s’était pas suicidé, mort par overdose.
À cette époque, Jean Sarment n’avait pas écrit son autobiographie romanesque intitulée Cavalcadour (1977), où il traite de ses amitiés scolaires, nettement mises en valeur ! Et lorsque Michel Carassou me demanda de préfacer son ouvrage consacré au groupe de Nantes, je le fis volontiers, tout en proposant qu’il constitue le premier volume de la « Bibliothèque Mélusine » que j’avais l’intention de publier chez deux éditeurs associés pour la circonstance, L’Age d’Homme et J.-M. Place, que j’amenai à rencontrer. Malheureusement pour moi, ils ne purent s’entendre, le premier traitant l’autre de « faiseur », si bien que le volume fut le seul à constituer cette « Bibliothèque Mélusine » chez Place, tandis qu’une collection du même nom – et de la même exigence – évolua chez l’éditeur de Lausanne-Paris.

Michel Carassou, Jacques Vaché et le groupe de Nantes, Préface par Henri Béhar, éd. J.-M. Place, Paris, 1986, 200 p.

L’objectif de Michel Carassou est de faire la lumière sur le groupe du lycée de Nantes d’où allait émerger la personnalité de Jacques Vaché et, à travers Breton, naître le surréalisme. À Nantes, Eugène Hublet, Pierre Bissérié, Jean Sarment et Jacques Vaché partagent les mêmes cours, la même liberté (ils sont tous les quatre externes) et le même amour pour la littérature et les arts. En 1913 le groupe fait paraître l’unique numéro de la revue manuscrite En route mauvaise troupe, puis quatre numéros du Canard Sauvage. Ces publications montrent l’influence des Symbolistes sur la jeunesse d’alors et donnent une intéressante définition de l’anarchie : « être anarchiste, c’est avoir pris conscience de sa propre valeur, c’est s’être élevé au-dessus de la foule bête et lâche et se sentir capable de vivre sans les lois mercantiles établies par elles. » Cet ouvrage reprend, avec une analyse de Michel Carassou, les principales publications du groupe de Nantes. C’est avec curiosité que nous découvrons En route mauvaise troupe, le Canard sauvage, Ce que les Sârs ont dit.

Télécharger la préface

Cf.: Jean Sarment et le groupe de Nantes
Cette préface est reproduite dans HB : Histoire des faits littéraires, Paris, Classiques Garnier, 2022, pp. 15-26.