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« L’âge ingrat », Mélusine n° 8, 1986, pp. 9-15 (avec P. Mourier).

Argument :

Nous continuons, dans le présent recueil, à nous servir des deux clés pour le surréalisme que sont les notions conjointes d’âge d’or et d’âge d’homme. Cependant la serrure s’est déplacée entre temps. L’accent se porte cette fois, non plus sur la dimension mythique et utopique du surréalisme, dans sa double dynamique régrédiente et projective, mais sur la dimension éthique et politique.

Le titre « L’Âge ingrat » donné à cette introduction au volume de Mélusine intervenant après le recueil sous-titré « L’Age d’Or l’Age d’Homme » n’apparaît que dans la table des matières. C’est dire combien les responsables de cette livraison hésitaient à qualifier l’une des périodes constitutives du mouvement comme de chacun de ses membres ! Précisons que le roman du même titre de José Cabanis (Gallimard, 1990) n’était pas encore annoncé.

Commentant notre introduction, le surréaliste José Pierre(1927-1999) émit alors toutes les réserves que nous-mêmes portions envers ce titre, qui avait cependant le mérite de cerner les points critiques du Mouvement surréaliste.

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André Breton chronologie numérique (5)

1925-1930

1925

Pour ce qui concerne le débat politique des années 1925-1925 à l’intérieur du groupe surréaliste, voir [Archives] [Archives 1925-1926] boîte cartonnée rouge (André Breton) (andrebreton.fr)

https://www.andrebreton.fr/fr/series/48

Cette série regroupe des documents parus ultérieurement dans les tomes I, II et III des 5 volumes Archives du surréalisme sous l’égide d’Actual, chez Gallimard de 1988 à 1995.

Tome I — « Bureau de recherches surréalistes, Cahier de la permanence, octobre 1924 – avril 1925 », présenté et annoté par Paule Thévenin, 1988.
Tome II — « Vers l’action politique, juillet 1925 – avril 1926 » présenté et annoté par Marguerite Bonnet, 1988.
Tome III — « Adhérer au Parti communiste ?, septembre – décembre 1926 », présenté et annoté par Marguerite Bonnet, 1992.
Tome IV — « Recherches sur la sexualité, janvier 1928 – août 1932 », présenté et annoté par José Pierre, 1990.
Tome V — « Les jeux surréalistes, mars 1921 – septembre 1962 », présenté et annoté par Emmanuel Garrigues, 1995.

AB cesse sa fonction de bibliothécaire auprès de J. Doucet à la fin de l’année 1924. Au mécène qui l’interroge sur son devenir il répond : « C’est dans la pensée que je crois bien avoir mis toute l’audace, toute la force et tout l’espoir dont je suis capable » (lettres, 28 déc. 24)

Janvier 1925 : débat à la Centrale surréaliste concernant le devenir politique. À l’unanimité, les présents se rallient aux propositions de AB concernant le sionisme et le bolchevisme, ce qui ne va pas sans malentendus : Desnos :« Pamphlet contre Jérusalem », La Révolution surréaliste, n° 3, p. 8.

24 janvier : Artaud décide de fermer la Centrale surréaliste au public.

26 janvier : Aragon suggère à Doucet de créer une collection de livres de luxe, « Pour vos beaux yeux », n’excédant pas 50 p. chacun. AB projette un texte intitulé « De l’amour ». (Lettres à Simone). Sans suite.

27 janvier : Déclaration surréaliste rédigée par A. Artaud : « Le surréalisme n’est pas une forme poétique. Il est un cri de l’esprit qui retourne vers lui-même et est bien décidé à broyer définitivement ses entraves, et au besoin par des marteaux matériels. » (Tracts I, 34).

Février : AB corrige les épreuves de l’Introduction au discours sur le peu de réalité, où il reprend à son compte la terrible loi des compensations (OC II, 271)

11 février : La Révolution surréaliste, n° 2 arrive à la Centrale. AB la juge déplorable, ne retient que les articles d’Artaud et Leiris (AB à Simone, 12 février 1925). Au bilan : « Nous demeurons acquis au principe de toute action révolutionnaire, quand bien même elle prendrait pour point de départ une lutte de classes, et pourvu seulement qu’elle mène assez loin. » (OC I, 906).

Février : la bande de la rue du Château (Jacques Prévert, Marcel Duhamel, Yves Tanguy, etc.) rejoint AB et les surréalistes.
– Invention du « cadavre exquis » chez Marcel Duhamel, par Jacques Prévert et ses complices.

9 mai : Hommage des surréalistes à Saint-Pol-Roux dans Les Nouvelles littéraires.

24 juin : interview de Paul Claudel dans Comœdia, p. 3, qualifiant le surréalisme d’activité de pédérastique. Voir Tracts I, 49.

2 juillet  : Banquet en l’honneur de Saint-Pol Roux, à la Closerie des Lilas. Scandale provoqué par la Lettre ouverte à Paul Claudel.

2 juillet : H. Barbusse, « Appel aux travailleurs intellectuels », contre la guerre du Rif, L’Humanité, signé par les surréalistes (voir : https://melusine-surrealisme.fr/henribehar/wp/?p=405).

9 juillet : visite à Mme Sacco, voyante, rue de l’Usine, relatée à Simone.

15 juillet : sortie de La Révolution surréaliste, n° 4. AB en est le seul directeur.

AB y commence « Le Surréalisme et la peinture » : « L’œil existe à l’état sauvage ».

juillet : vacances à Nice puis Thorenc avec Simone et leurs amis.

AB : Lettre aux voyantes : « ce qui est dit sera, par la seule vertu du langage » (OC I, 910).

27 juillet : AB à Simone : « La guerre du Maroc dépasse en invraisemblance, en stupidité et en horreur tout ce qu’on peut attendre de ces gens. Nous n’avons rien fait contre cet état de choses et nous ne ferons peut-être rien (qui vaille). Qui parle donc après cela d’écrire encore des poèmes et le reste. Il n’est pas de protestation écrite qui tienne en pareille matière. Que faire donc ? »

26 août : tract « La Révolution d’abord et toujours » signé par les surréalistes et les membres des groupe Clarté, Philosophies, Correspondance.

26 août-15 septembre : AB et Simone, vacances à Thorenc (Alpes maritimes). AB écrit un prière d’insérer pour Capitale de la douleur, d’Éluard.

12 octobre : le procureur de la République à Paris avise le garde des Sceaux qu’il ne peut poursuivre les auteurs du tract La Révolution d’abord et toujours .

5 octobre : Assemblée générale des surréalistes avec les groupes Clarté et Philosophie en vue d’une fusion. Constitution d’un comité directeur comprenant des représentants des 3 groupes, élaboration d’un texte commun : « La Révolution ne peut être conçue par nous que sous sa forme économique et sociale où elle se définit : la Révolution est l’ensemble des événements qui déterminent le passage du pouvoir des mains de la bourgeoisie à celles du prolétariat et le maintien de ce pouvoir par la dictature du prolétariat. » (OC II, 292). 10 jours après, AB demande à être relevé de ses fonctions…

15 octobre : parution de La Révolution surréaliste, n° 5, couverture choisie par AB. Compte rendu du Lénine de Trotsky.

13 novembre à minuit : vernissage de « Peinture surréaliste », galerie Pierre, 13 rue Bonaparte, Paris. Œuvres de : Arp, Giorgio de Chirico, Max Ernst, Paul Klee, André Masson, Joan Miro, Picasso, Man Ray, Pierre Roy. Catalogue AB et Desnos. Du 14 au 25 nov.

1926

Pour tout ce qui concerne le débat politique des années 1925-1926 à l’intérieur du groupe surréaliste, voir [Archives] [Archives 1925-1926] boîte cartonnée rouge (André Breton) (andrebreton.fr)

26 mars-10 avril 1926 : exposition :« Tableaux de Man Ray et objets des îles » à la Galerie surréaliste, rue Jacques Callot. Scandale provoqué par une statue de Nouvelle-Guinée.

18 mai : création de Roméo et Juliette, Noces par les Ballets russes. Max Ernst et Joan Miró qui ont prêté leur concours sont disqualifiés : « Il n’est pas admissible que la pensée soit aux ordres de l’argent » déclare AB dans un tract Protestation.

24 juin  : Lettre d’Ernest Gegenbach à AB : « Je vais quitter l’abbaye »

9 juillet : Lettre d’Ernest Gegenbach à AB : « Vous m’avez demandé d’écrire sur la question religieuse… » [Sur le personnage, voir la mise au point en 2 vol. illustrés de Christophe Stener, 2022]

Août : AB et Simone à Biarritz et Lourdes.

1ᵉʳ octobre : AB : Légitime défense, éditions surréalistes ; 26 p.

« Il n’est personne de nous qui ne souhaite le passage du pouvoir des mains de la bourgeoisie à celles du prolétariat. En attendant, il n’en est pas moins nécessaire, selon nous, que les expériences de la vie intérieure se poursuivent et cela, bien entendu, sans contrôle extérieur, même marxiste. » (OC II, 292). Brochure mise au pilon en mars 1927 selon AB, en gage de sincérité politique.

4 octobre : lundi, AB rencontre de Nadja [Léona Delcourt, née le 23 mai 1902] rue Lafayette. achète le dernier livre de Trotsky : Europe et Amérique.

Nadja, autoportrait. Nadja / BNF

5 octobre : mardi, AB et Nadja se retrouvent à la brasserie La Nouvelle France, rue du Faubourg Poissonnière.

6 octobre : mercredi, sur le trottoir de droite rue de la Chaussée-d’Antin ; AB croise Nadja. Ils s’assoient dans un café rue La Fayette. AB la conduit au Théâtre des Arts, près de son hôtel. Taxi vers la place Dauphine…

7 octobre : jeudi. Pas de rendez-vous avec Nadja, mais AB l’aperçoit rue Saint-Georges et la rejoint.

8 octobre : vendredi, rendez-vous manqué. Nadja seule au café de La Régence, place du Palais-Royal.

10 octobre, dimanche. AB et Nadja dînent quai Malaquais. « André !… Tu écriras un roman sur moi. Je t’assure. Ne dis pas non. Prends garde : tout s’affaiblit, tout disparaît. De nous il faut que quelque chose reste… » (OC I, 708).

1ᵉʳ novembre, mardi : Nadja écrit à AB : « Comment avez-vous pu m’écrire de si méchantes déductions de ce qui fut nous […] Comment ai-je pu lire ce compte rendu… entrevoir ce portrait dénaturé de moi-même, sans me révolter ni même pleurer ? » (OC I, 1 505)

4 novembre : bureau politique du PCF sanctionne le camarade qui ont a diffusé Légitime défense à L’Humanité.

6 novembre : « Danses surréalistes », Paris, Théâtre des Champs-Élysées, spectacle avec Valeska Gert, organisé par Yvan Goll : saboté par les surréalistes protestant contre l’usage du terme.

12 novembre, mardi : AB et Nadja, nuit à l’hôtel du Prince-de-Galles, à Saint-Germain-en-Laye.

Affiche originale du film en 1925.

15 novembre : le surréalistes assistent à la projection du film Le Cuirassé Potemkine  de Sergueï Eisenstein dans la salle de l’Artistic... « Vivent les Soviets » (La Révolution surréaliste, n° 8).

23 et 27 novembre : 1926 : au café Le Prophète, réunion « Adhérer au Parti communiste : exclusion d’Artaud et Soupault pour leur tiédeur politique.

Décembre : AB affecté à la cellule du gaz, PCF, 120 rue La Fayette.

1927

14 janvier :  André Breton, Louis Aragon, Paul Éluard, Benjamin Péret et Pierre Unik adhèrent au PCF.

31 janvier : Nadja à AB : « Est-ce que je pouvais prévoir que tout sombrerait ainsi tout à coup… alors que je n’ai rien fait, alors que j’étais devenue ton esclave »

21 mars 1927 : crise délirante de Nadja, conduite à l’Infirmerie Spéciale du Dépôt de la Préfecture de Police, quai de l’Horloge, puis à l’hôpital Sainte Anne et enfin à l’asile de Perray-Vaucluse, à Epinay-sur-Orge.

Avril : Tract Lautréamont envers et contre tout, signé AB, Aragon, Éluard, protestant contre les confusions de Soupault dans l’édition des Œuvres complètes.

3 avril : conférence d’AB sur Genbach, société de théosophie.

27 mai-15 juin : exposition « Yves Tanguy et objets d’Amérique », Galerie surréaliste. AB y expose des poupées Kachinas, découvertes avec Éluard.

Poupée kachina flûte. artiste inconnu. Site andrebreton.fr

Mai  : Au grand jour

Les auteurs : Louis AragonPierre UnikAndré BretonPaul ÉluardBenjamin Péret donnent les raisons de leur adhésion collective au Parti communiste.

12 juillet  : AB déclare au commissariat de police sa perte de documents personnels dans un taxi, dont des poèmes de Lise Deharme.

17 juillet : au Marché aux puces, AB découvre Fanny Beznos (1907-1942), jeune poétesse, militante communiste, qu’il publie dans La Révolution surréaliste d’octobre, et l’évoque dans Nadja.

29 juillet : Simone se sépare d’AB. Ils passent leurs vacances séparément, lui, seul, à Varengeville (Manche), au manoir d’Ango.

Août  : AB écrit Nadja, plus exactement un texte promis à la revue Commerce. Pour se mettre en train, il relit Huysmans, s’informe de documents inédits sur Victor Hugo.
Chaque matin, Aragon qui réside à Pourville vient lui lire les pages du Traité du style qu’il compose.

7 août :Manifestation en faveur de Sacco et Vanzetti ; Aragon défile à Dieppe.

7 août : la bande de la rue du Château vient le distraire de son écriture.

11 août : AB déjeune à Pourville avec Aragon et Nancy Cunard ; préparation avec Aragon du prochain numéro de La Révolution surréaliste (n° 9-10).

18 août : visite de Pierre Naville. Poursuite préparation de La Révolution surréaliste.

22 août : AB n’est qu’au préambule de Nadja.

31 août : AB de retour à Paris. Texte de Nadja écrit aux 2/3.

31 août : AB assure Desnos de l’attachement du groupe surréaliste à son égard.

14 septembre : AB constitue la documentation photographique de Nadja. Il se présente à Blanche Derval, interprète de Les Détraquées.

15-20 septembre : AB revoit Lise chaque jour, chez elle ou chez lui, avant son départ en cure à Luchon.

27 septembre : AB se rend compte que Lise se joue de lui, et le lui fait savoir.

1ᵉʳ octobre 1927 : parution de La Révolution surréaliste n° 9-10.

15 novembre : au Café Cyrano, Emmanuel Berl, en compagnie de Suzanne Muzard, demande une préface à AB pour Madame Putiphar de Petrus Borel, qu’il souhaite rééditer. Coup de foudre réxiproque AB-Suzanne.Le lendemain, tous trois visitent Éluard, souffrant. AB demande à Suzanne de le contacter. Début d’une relation passionnelle, voulus par Suzanne.

18 novembre : AB enlève Suzanne pour le Midi.

Suzanne Muzard. Collection particulière.

25 novembre : après Lyon, Avignon, Aix, séjournent à l’hôtel du Port, à Toulon où ils demeurent une quinzaine se jours. AB corrige les épreuves du Surréalisme et la peinture à paraître chez Gallimard.

26 novembre  : Aux écoutes publie un entrefilet fielleux sur Breton.

30 novembre : retour des amants à Paris, AB écrit la dernière partie de Nadja (voir le manuscrit autographe à la BnF).
Suzanne rejoint E. Berl.

1928


8 janvier : lettre d’AB à Paul Vaillant-Couturier (P.C.F.) sur les faiblesses de L’Humanité.

14 janvier : Comédie des Champs-Élysées, spectacle du Théâtre Alfred-Jarry (Artaud, Vitrac) : 1 acte d’un auteur non indiqué. AB s’élève : « Taisez-vous, tas de cons, c’est du Claudel. »

27 et 31 janvier : réunions du groupe surréaliste : recherches sur la sexualité (publiées dans La Révolution surréaliste, reprises en totalité dans le recueil des Archives du surréalisme, Gallimard, 1990)

9 février : Studio des Ursulines, La Coquille et le Clergyman de Germaine Dulac d’après Artaud. AB dans la salle lit les écarts par rapport au scénario.

11 février : sortie de Le Surréalisme et la peinture aux éditions Gallimard, avec 77 photogravures.

15 mars : AB se rend en Corse chez E. Berl pour lui reprendre Suzanne.

15 mars : parution de La Révolution surréaliste.

25 mai : parution de Nadja, éd. Gallimard, 4 planches photographiques. Le manuscrit autographe, classé Trésor national, est désormais conservé à la BnF, cote AF 28930. Consultation (bnf.fr)

9 juin : Le Songe de Strindberg monté par Artaud. Séance interrompue par AB qui refuse que le spectacle soit financé par l’ambassade de Suède. AB et ses amis sont conduits au poste de police.

9 août  : AB ne peut venir en aide à Fany Beznos expulsée en Belgique. (Lettre à Simone).

9 août  : Marcel Noll quitte la Galerie surréaliste avec un déficit de 13.000F.

12 août  : AB découvre Ulysse de Joyce dans la NRF, se demande pourquoi on ne lui en n’a jamais parlé.

28 août : Suzanne part avec AB à Moret-sur-Loing.

10 octobre : AB demande à Simone le divorce pour épouser Suzanne.

15 octobre : AB apprend que Simone le trompe avec Max Morise.

1ᵉʳ décembre 1928 : Suzanne épouse Berl.

1929

Janvier : AB fait réaliser par René Iché (1897-1954) le moulage en plâtre du visage d’Éluard et de lui-même ; suspendus à la fenêtre de son atelier.

Masques en plâtre d’Eluard et d’AB. Photographie de Marc Vaux. Droits andrebreton.fr

11 mars : réunion au Bar du Château. Objet : examen du sort fait à Trotsky. Au préalable, AB s’interroge sur « le degré de qualification morale » de chacun. Attaques contre le Grand jeu. Mise en cause de Roger Vailland, expulsion de G. Ribemont-Dessaignes. AB démonté par la présence de Simone accompagnant le président de séance, Max Morise.

1ᵉʳ–15 avril  : exposition Émilie Delbrouck et Marcel Defize, galerie Van Leer, 14 rue de Seine. Catalogue AB : « Il n’est pas de solution hors de l’amour ».

16-20 avril : AB à Bruxelles avec Éluard et Aragon. Composent avec les amis belges le numéro spécial de Variétés qui leur est consacré, avec Le Trésor des jésuites et le compte rendu de la réunion rue du Château : « À suivre – petite contribution au dossier de certains intellectuels à tendance révolutionnaire ».

Fin mai : Suzanne est avec Berl au pays Basque. AB la convainc de le rejoindre.

Juin : AB et Suzanne au Pouldu. île de Sein, hôtel Marzin, avec les Tanguy, Pierre Unik, Georges Sadoul. AB compose le Second Manifeste du surréalisme, à la recherche de ce point de l’esprit « d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement » (OC I, 781).

28 septembre : café de la place Blanche, AB et Éluard retournent une à une les « Notes sur la poésie » de Valéry.

Les scellés étant mis à son appartement, il loge avec Éluard, au Terrass’ Hôtel, rue Caulaincourt. Poursuit la rédaction du Manifeste, sur un ton plus violent.

1ᵉʳ octobre : studio des Ursulines, projection du Chien andalou de Buñuel et Dali à l’intention des surréalistes.

24 octobre : « jeudi noir » de Wall Street. La crise financière touchera la France quelques mois après.

5 novembre : suicide de Jacques Rigaut.

20 novembre-5 décembre 1929 : 1ère exposition de Salvador Dali à Paris, Galerie Goemans, rue de Seine, préface AB.

15 décembre : sortie de La Révolution surréaliste, n° 12 (dernier). Contient le Second Manifeste et une enquête : « Quelle sorte d’espoir mettez-vous dans l’amour ? »

Collaboration de Tristan Tzara : L’Homme approximatif (fragment).
Il participe désormais à toutes les réunions du groupe.

Excursion dans l’Est de la France avec Éluard, en quête de cartes postales 1900.

1930

Portrait imprimé de Breton au centre du premier feuillet, sous-titré “AUTO-PROPHÉTIE”. Il est représenté à 33 ans, le front ceint d’une couronne d’épines, comme le Christ.

15 janvier  : Un cadavre, contre les propos de Breton dans le Second Manifeste, 12 collaborateurs, à l’initiative de Desnos, publient un journal de 4 pages faisant écho à la publication de 1924 contre Anatole France. L’opération a été menée à bien par Georges Bataille. fort injurieux pour le sujet visé.

14 février : « Avant-après », consigne les réactions d’AB à la brochure précédente.

15 février : expédition punitive des surréalistes contre le bar Maldoror, ouvert à Montparnasse, ainsi dénommé sur une suggestion de Roger Vitrac. Dans la bagarre, René Char est sérieusement blessé d’un coup de couteau.

12 mars 1930 : fermeture de la Galerie surréaliste.

20 mars délaissé par Suzanne, AB se rend à Avignon, rejoint par Éluard et Char. Ils composent ensemble Ralentir travaux, (publié à Nîmes le 20 avril).

Avril : AB, brève liaison avec une danseuse du Moulin Rouge âgée de 20 ans.

25 juin : le Second Manifeste du surréalisme paraît aux éditions Kra, précédé d’un prière d’insérer collectif en soutien à l’auteur.

http://melusine-surrealisme.fr/site/Surr_au_service_dela_Rev/Surr_Service_Rev.htm

Début juillet : première livraison de la nouvelle revue Le Surréalisme au service de la révolution, en abrégé SASDLR : AB directeur, Éluard gérant, dépôt chez José Corti, rue de Clichy. Engagement absolu envers l’URSS.

30 juillet : Aragon décrit à Éluard l’état moral pessimiste d’AB, proche du suicide.

1ᵉʳ-15 août : AB séjourne seul chez ses parents à Lorient.

20 août : retour 42 rue Fontaine où Éluard a loué un studio. Rédigent à quatre mains un texte automatique.

Recueil de poésies d’André Breton et de Paul Éluard orné d’une illustration en couverture de Salvador Dali et d’un dessin de Clovis Trouille. Publié en 1930. Site AAB

1ᵉʳ-15 septembre : date du manuscrit de L’Immaculée Conception, d’Éluard et Breton, qui paraîtra le 24 novembre aux Éditions surréalistes.

Début octobre : mise en vente du SASDLR, n° 2. AB traite des « Rapports du travail intellectuel et du capital »

Novembre-décembre : avec Thirion, AB rédige les statuts d’une Association des artistes et écrivains révolutionnaires (AAEAR), qui ne verra pas le jour. Voir lettre de Thirion

6 au 11 novembre : congrès de Kharkov (Premier congrès international des écrivains pour la défense de la culture). À l’issue, Aragon et Sadoul, représentants officiels du surréalisme, signent une déclaration dénonçant le freudisme et le trotskisme de leur mouvement.

1ᵉʳ décembre : AB : « l’instinct sexuel et l’instinct de mort », dans la brochure de présentation du film L’Âge d’or de Buñuel et Dali. Projection au Studio 28 à Montmartre. La Ligue des Patriotes et la Ligue antijuive saccagent l’exposition de tableaux. Intervention policière.

André Breton chronologie numérique (3)

1919-1921

1919

6 janvier : Jacques Vaché (et un de ses 4 compagnons de chambrée) succombe à une surdose d’opium à l’Hôtel de France à Nantes. AB n’en est informé que dix jours plus tard. Il enquête (par courrier) auprès de la presse et du directeur de l’hôpital des armées Broussais. Pour lui, Vaché s’est suicidé, entraînant un ami par une « fourberie drôle », comme il le lui avait laissé entendre.

6 janvier : de Zurich, Tristan Tzara lui adresse Dada III et lui demande de collaborer à sa revue. AB enthousiasmé à la lecture des déclarations  du Manifeste Dada 1918 : « Que chaque homme crie : il y a un grand travail destructif, négatif, à accomplir. Balayer, nettoyer [… ] Liberté. dada dada dada, hurlement des douleurs crispées, entrelacement des contraires et de toutes les contradictions, des grotesques, des inconséquences : la Vie »

13 janvier : AB adresse à Vaché une lettre-collage s’achevant sur cet appel en lettres capitales : « JE VOUS ATTENDS (voir fac-similé : G. Sebbag, L’imprononçable jour de sa mort Jacques Vaché janvier 1919, J.-M. Place, 1988). La disparition de Vaché le conduit à publier ses Lettres dans 3 livraisons de Littérature, juillet, août et septembre 1919.

15 janvier  : AB se loge à l’Hôtel des Grands Hommes, 9 place du Panthéon. (voir la plaque apposée sur la façade, aujourd’hui n° 17).

22 janvier : AB écrit à Tristan Tzara : « Je me préparais à vous écrire quand un chagrin m’en dissuada. Ce que j’aimais le plus au monde vient de disparaître : mon ami Jacques Vaché est mort. Ce m’était une joie dernièrement de penser combien vous vous seriez plu : il aurait reconnu votre esprit pour frère du sien et d’un commun accord nous aurions pu faire de grandes choses » (AB, Correspondance avec T. Tzara et F. Picabia, Gallimard.

15 mars : Aragon, Breton, Soupault fondent la revue Littérature, bientôt rejoints par Éluard. Direction et rédaction : 9 place du Panthéon, Paris.

Avril : AB présente Poésies de Lautréamont dans Littérature.
Peu après, il discute avec Modigliani sur un banc de l’avenue de l’Observatoire. Il apprécie sa compréhension immédiate des Poésies d’Isidore Ducasse. Lui achète un dessin.
Dans sa correspondance avec Aragon, il prêche pour la poésie-publicité.

17 avril  : AB adresse à Aragon une carte postale du Musée de Nantes reproduisant le Portrait de Mme de Senonnes d’Ingres avec cette mention : « Un des tableaux que j’ai le plus aimés. »

Portrait de Madame de Senonnes peint en 1814 par Jean-Auguste-Dominique Ingres 

Mai-juin : avec Soupault, rédaction, en quinze jours, des Champs magnétiques qui paraîtront en 3 livraisons de Littérature (mais aussi dans 7 autres revues dadaïstes) et en volume l’année suivante (voir : 30 mai 1920). Euphorie, joie immédiate des scripteurs (OC III, 461). G. Auric se remémore les lectures que lui en fit AB au « 4e Fiévreux » de l’hôpital du Val-de-Grace.

5 juin : AB se fait réintégrer à la Faculté de médecine de Paris.

10 juin : Publication de Mont de piété avec deux dessins inédits d’André Derain, Au Sans Pareil. Aucun service de presse, mais envoi à quelques amis. Valéry répond : « M. V… est étonnamment content de votre volume, qui l’eût dit ? Devient-il fou comme ces jeunes gens de Littérature ? Mais figurez-vous qu’il se trouve très à l’aise et très ressemblant entre le pôle Mallarmé et le pôle Rimbaud de votre univers. Le fait des comparaisons. Il se voit l’homme qui ferme la chaîne des électricités, et tend le doigt tout chargé vers l’autre corps, avec attente des étincelles. » (26 juillet 1919, OC I, 1 093)

12 juin  : « Il ne faut pas se faire d’illusion, on est disqualifié au bout d’un an ou deux tout au plus… » écrit-il à Aragon. Et le même jour à Tzara : « Mais vous, mon cher ami, comment sortirez‑vous ? Répondez-moi, de grâce, voyez-vous une autre fenêtre ? (C’est aussi pour moi que j’interroge) » (Correspondance avec Tzara et Picabia)

1er juillet : obtient le brevet de médecin-auxiliaire.

Juillet : Littérature, n° 5 : publicité pour Dada ; début publication Lettres de Jacques Vaché.

1er août : permission. Se rend à Lorient, chez ses parents. Poursuit l’écriture automatique : « Usine » (sera intégré aux Champs magnétiques).

10 août : Lettres de guerre de J. Vaché, Au Sans Pareil, introduction d’AB, Maurice Barrès, sollicité, s’étant récusé.

1er septembre  : affecté au camp d’aviation d’Orly comme médecin-auxiliaire. Le vaste terrain d’aviation, silencieux et presque désert, l’émeut d’autant plus qu’il n’est pas mécontent de s’isoler de ses amis, trop préoccupants à son gré.

5 septembre : citant Tzara, AB interroge Valéry : « Quel cas faites-vous de la formule “l’absence de système est encore le plus sympathique des systèmes” » en précisant qu’elle est d’un de ses amis, « le seul qui ait en ce moment une influence sur moi ».

20 septembre : démobilisation.
Pour célébrer son retour à la vie civile, AB part en Bretagne avec sa maîtresse, Georgina Dubreuil, au cours d’un voyage ironiquement baptisé « Lune de miel » dans une pièce automatique (insérée ensuite dans les Champs magnétiques, OC I, 86). Dans la chapelle de Roscudon à Pont Croix (Finistère), AB souffle des cierges : « De quoi vais-je bien pouvoir payer ce geste ! » s’exclame-t-il.

Il a fait état de cette relation 35 ans après, dans l’article « Magie quotidienne » en publiant la lettre que cette femme lui adressait nostalgiquement. En le détournant du Bois‑Sacré, elle l’avait involontairement poussé au sacrilège. Commentant la citation, Breton précise : « Elle émane d’une femme qui fut jadis non pas mon amie – il s’en faut de beaucoup – mais ma maîtresse comme on ne craignait pas de dire alors, et c’était autrement exaltant. Elle avait dans l’amour un côté fusée. Nous nous sommes séparés il y a si longtemps dans les pires termes – sur une crise de jalousie, d’ailleurs totalement injustifiée de sa part. » (OC III, 930)

7 octobre : AB à Tzara : « Vaincre l’ennui. Je ne pense qu’à cela nuit et jour »

20 octobre : retour de Bretagne. Période inactive. Ne poursuit pas d’études, n’écrit pas.
« Je tourne pendant des heures autour de la table de ma chambre d’hôtel, je marche sans but dans Paris, je passe des soirées seul sur un banc de la place du Châtelet. Il ne semble pas que je poursuive une idée ou une solution : non, je suis en proie à une sorte de fatalisme au jour le jour, se traduisant par un “à vau-l’eau” de nature plutôt agréable. Cela se fonde sur une indifférence à peu près totale qui n’excepte que mes rares amis… », (OC III, 457).

3 novembre  : Georgina Dubreuil aurait subtilisé les lettres de son mari à sa propre maîtresse. Elles inspirent à Breton une solution au problème que se posait Valéry : « Amoureux, comment Monsieur Teste raisonne-t-il ? » Il en fait part à ce dernier en lui recopiant de longs fragments de cette correspondance, tentant de formuler mathématiquement la passion : « Si donc j’ai vu juste, je puis mettre en langage analytique la théorie de Quinson, comme Lagrange a mis en équations les vues de Copernic et de Newton. Tout le monde inepte du déterminé s’écroule. Problème insoluble depuis Riemann […] »

Jalouse, ardente et possessive, Georgina mit fin à leurs rencontres au bout de six mois en venant saccager sa chambre.

Décembre  : Littérature, n° 10 : AB publie la lettre ouverte de Tzara à Jacques Rivière, directeur de la NRF : « Je serais devenu un aventurier à grande allure et aux gestes fins si j’avais eu la force physique et la résistance nerveuse pour réaliser ce seul exploit : ne pas m’ennuyer ». AB s’en inspire pour lancer l’enquête « Pourquoi écrivez-vous ? »

25 décembre : sur les instances de Tzara, AB a pris contact avec le peintre-poète Francis Picabia (1879-1952). Lui rend visite le jour de Noël.

1920

4 janvier : visite Picabia chez sa compagne Germaine Everling. Elle a conté cette relation dans L’Anneau de Saturne. Tandis qu’elle allait accoucher, Picabia dissertait de Nietzsche avec AB, lequel lui opposait Hegel.

5 janvier  : AB écrit à Picabia : revient sur la conversation, convient qu’il faut créer les conditions d’avènement de l’homme nouveau. Il a rompu avec Reverdy ; Gide et Valéry ne figurent dans Littérature que pour accroître la confusion.

12 janvier : lecture à la librairie Au Sans Pareil de S’il vous plaît, pièce en un acte d’AB et Ph. Soupault. Selon Aragon, les auteurs devaient, au dernier acte, jouer leur destin à la roulette russe avec un pistolet chargé à balles réelles…

14 janvier : AB écrit à Tzara : « Je n’attends plus que vous ».

17 janvier : arrivée de Tzara à Paris. « Tristan dont le rire est un grand paon » dira de lui Soupault. « Nous fûmes quelques-uns qui l’attendîmes à Paris comme s’il eût été cet adolescent sauvage qui s’abattit au temps de la Commune sur la capitale dévastée et duquel aujourd’hui encore ceux qui le connurent gardent un blême effroi : le Diable, dit Forain qui le voit toujours dans ses rêves, et Rimbaud le tire par les pieds », écrit Aragon en 1922 (note à J. Doucet sur 25 Poèmes).

Démobilisé, Benjamin Péret s’installe à Paris, fait la connaissance du trio de Littérature.

23 janvier : Premier « Vendredi de Littérature ». Le programme très varié est chahuté. AB, fiévreux, déclame des poèmes qui deviennent dans sa boche une provocation. Tzara lit un article de Léon Daudet dans L’Action française, accompagné en coulisses par les crécelles et clochettes d’Aragon et d’AB.

5 février : manifestation Dada au Grand Palais (Salon des Indépendants). AB y déclame « Bocaux dada », un texte mimant l’interrogation des patients à l’hôpital psychiatrique : « Comment t’appelles-tu ? Quel est ton métier ? Et tes parents ? » (OC I, 411). On distribue Bulletin Dada, la sixième livraison de la revue dada, témoignant de son implantation parisienne.

7 février : au Club du Faubourg, AB lit avec enthousiasme le Manifeste dada 1918 de Tzara.

19 février : à l’Université populaire du faubourg Saint-Antoine, les intervenants cherchent à se faire comprendre d’un public populaire. Dans « Géographie dada » AB marque son territoire : « dada est un état d’esprit […] dada, c’est la libre-pensée artistique. » Il exprime ainsi son nihilisme : « Il est inadmissible qu’un homme laisse une trace de son passage sur la terre. » (OC I, 230)

21 mars : les parents d’AB se présentent à son hôtel, exigent qu’il reprenne ses études médicales ou bien qu’il rentre à Lorient. Sa mère s’emporte jusqu’à dire qu’elle aurait préféré le voir mort à la guerre… Ph. Soupault plaide en sa faveur. Tzara le convainc de rester avec ses amis.

22 mars : Louis Breton écrit à Valéry, lui demande de ramener son fils à la raison.
25 mars : AB à Valéry : « Les conditions qui m’ont été faites par ma famille ne me paraîtront pas plus acceptables demain […] Mes actes (en littérature, etc.) ont toujours cru pouvoir supporter votre critique et je ne vous dépeindrai pas ma tristesse en vous entendant l’autre soir juger assez sévèrement ce que je pense être ma loi. »

Siège de la NRF rue Madame, Paris 6e

26 mars : sur l’intervention de Valéry, Gaston Gallimard engage AB pour l’expédition de la NRF à ses abonnés, pour un salaire mensuel de 400F ; à quoi s’ajouteront les 50F que Marcel Proust lui versera pour chaque séance de lecture à haute voix des épreuves de Du côté de Guermantes. AB appréciera l’accueil de Proust, et même sa prose recelant des trésors de poésie. Toutefois, l’auteur de Guermantes ne sera pas satisfait des corrections d’AB,le contraignant à publier une liste de 200 errata. (Voir ses 2 lettres à AB et Soupault : https://www.jstor.org/stable/40522688; https://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3289.

27 mars : Manifestation Dada au théâtre de l’Œuvre ! S’il vous plaît et Vous m’oublierez, sketches de AB et Soupault, interprétés par les auteurs ;
http://melusine-surrealisme.fr/site/Dada-revue/Dada_7_Revue.htm
une de ses répliques : « Les grands magasins de la Ménagère pourraient prendre feu » (OC I, 125), devait revêtir un caractère prophétique puisque lesdits magasins du boulevard Bonne Nouvelle brûlèrent l’année suivante. La Première Aventure de M. Antipyrine de Tzara avec les mêmes acteurs (et leurs amis). Les dadas se donnent des surnoms : Breton : « Royer-Collard jeune » que lui aurait attribué Apollinaire, par référence au directeur de l’asile de fous de Charenton.


Antoine, Athanase Royer-Collard, aliéniste (1768‑1825)

Musidora y participait, et AB grimé en homme-sandwich par Picabia, portait cette affiche : « Pour que vous aimiez quelque chose il faut que vous l’ayez vu et entendu depuis longtemps. Tas d’idiots »


Portrait d’AB au Festival Dada

1er avril : dans Comoedia, AB réfute les allégations xénophobes de Rachilde.

Littérature, n° 13 : « vingt-trois manifestes dada ». AB y publie « PSTT », « Parfums d’Orsay », « Les Reptiles cambrioleurs ».

26 mai : Festival Dada, salle Gaveau : La Deuxième Aventure céleste de M. Antipyrine de Tzara, Vous m’oublierez, de AB et Soupault, joué par les auteurs. AB prête sa voix à Picabia et à G. Ribemont-Dessaignes.

30 mai : achevé d’imprimer Les Champs magnétiques : L’écriture « par quoi tout commence » selon Aragon. Manuscrit (provenant des archives de T. Fraenkel) BnF : Naf 18303, publié et transcrit en 1984 chez Lachenal et Ritter (repris par Gallimard).

On a montré (cf. l’exposition L’Invention du surréalisme, BnF, sept. 2019-fév. 2020) comment AB, écartant Soupault (avec son accord) avait repris les pages manuscrites des deux collaborateurs, les avait ordonnées en chapitres d’un volume publiable ; élaborant à partir de l’automatisme ce qu’il allait nommer le surréalisme, et définir plus tard pédagogiquement dans le Manifeste de 1924 (à quoi il ajoutera en 1932 la notion de vitesse d’écriture). Tandis que Soupault dira qu’ils s’inspiraient de L’Automatisme psychologique de Pierre Janet (1894), AB se référera constamment à Freud. Reste qu’un bon nombre de fragments ont été reçus et publiés par des revues dadaïstes, ce qui témoignait d’une convergence de vues sur l’écriture automatique…

1er juin : AB, « Les Chants de Maldoror…. », NRF, n.s. n°81, p. 917-20.

20 juin : envoi autographe signé par les auteurs des Champs magnétiques à Marcel Proust.

Fin juin 1920 : au jardin du Luxembourg, à Paris, AB fait la connaissance de Simone Kahn, qui lui est présentée par T. Fraenkel. Elle est l’amie de sa fiancée, Bianca Maklès. Passionnée de littérature, elle est abonnée au cabinet de lecture d’Adrienne Monnier, ainsi qu’à la revue Littérature. Elle a assisté au Festival Dada de la salle Gaveau, qu’elle juge d’« une grossièreté et d’une pauvreté qui se rendent l’une l’autre inexcusables ». (Lettres à Denise, 1er juin 1920, p. 53).. Elle a relaté cette première rencontre : « Vous savez, je ne suis pas dadaïste, lui dis-je d’emblée, après les présentations. – Moi non plus” me répondit-il, avec ce sourire qu’il sut garder toute sa vie quand il faisait des réserves sur une de ses dispositions doctrinales. » (Conférence sur la peinture surréaliste, 1965)


Simone Kahn née à Iquitos (Pérou) le 3 mai 1897, morte à Paris le 30 mars 1980. Photo Man Ray.

9 juillet : Simone écrit à sa cousine Denise Lévy qu’elle a revu AB : « C’est vraiment un type intéressant. Je ne sais pas ce que la vie fera de notre sympathie » (Lettres à Denise (2005, p. 55).

15 juillet : première lettre d’AB conservée par Simone : « Certainement j’éprouve un grand plaisir à vous voir ; merci de l’avoir deviné. » (publiée, comme celles qui suivent, dans AB, Lettres à Simone Kahn, 1920-1960, Gallimard, 2016 ; les lettres de Simone auraient été détruites).
Voir : https://www.ens.psl.eu/actualites/exposition-autour-de-la-correspondance-d-andre-simone-breton

23 juillet : AB quitte son emploi à la NRF (cf. Lettre à Simone le lendemain).

24 juillet : malade à plusieurs reprises, AB s’installe chez ses parents à Lorient pour deux mois.

J. Rivière lui propose de collaborer à la NRF, lui demande un article sur les Odes de Valéry : « Vous êtes un poète, cela ne fait pas de doute, ou plutôt vous le deviendrez, dès que vous vous en serez reconnu le droit… » AB n’écrit pas sur Valéry ni sur Apollinaire demandés par la NRF.

31 juillet : Simone écrit à Denise au sujet d’AB : « Personnalité de poète très spéciale, éprise de rare et d’impossible, juste ce qu’il faut de déséquilibre, contenue par une intelligence précise même dans l’inconscient, pénétrante, avec une originalité absolue… »

1er août : AB : « Pour Dada », NRF, n° 83, suivi de : Jacques Rivière, « Reconnaissance à dada ». Celui-ci écrit : « Saisir l’être avant qu’il n’ait cédé à la compatibilité ; l’atteindre dans son incohérence, ou mieux dans sa cohérence primitive, avant que l’idée de contradiction ne soit apparue et ne l’ait forcé à se réduire, à se construire ; substituer à son unité logique, forcément acquise, son unité absurde, seule originelle : tel est le but que poursuivent tous les dadas en écrivant. » Le groupe Dada, si bien compris, craint d’être récupéré.

6 août : dans une de ses lettres quotidiennes à Simone Kahn (qui passe des vacances en Bretagne), AB dit le bien qu’il pense de ses amis en les caractérisant : « Mes amis tiennent une place dans ma vie. J’aime énormément Soupault et Tzara, un peu moins Éluard, Aragon, Picabia… »

31 août : AB annonce à Simone qu’il n’écrira pas la préface demandée par F. Picabia pour Jésus-Christ Rastaquouère, tant il réforme le dadaïsme en lui.

1er septembre : note sur Gaspard de la nuit, NRF, n.s., n° 84.

11-14 septembre : AB rejoint Simone à Sarreguemines chez Denise, une femme très cultivée, dominant la culture allemande autant que la française.

20 septembre : AB demande à Simone (par lettre) de passer sa vie avec lui.

28 septembre : AB écrit à J. Rivière : « Je procède d’ailleurs à une révision complète de mes idées qui pourra me conduire plus près de vous que je n’ai été encore ».

Fin septembre : le Prix Blumenthal, de 20.000 Fr, que plusieurs membres du jury avaient promis à Breton, est remis à J. Rivière (le second à A. Salmon). Vive déception.

5 octobre : AB rentre à Paris. Loge chez Ph. Soupault, 41 quai de Bourbon, siège de la revue Littérature depuis le n° 15, juillet-août 1920.

19 octobre : réunion des directeurs de Littérature pour définir sa nouvelle orientation, installer un comité de lecture, etc. Résultat : 3 mois de retard ! AB tente un rapprochement avec Tzara, mais celui-ci ne répond pas.

AB loge à l’Hôtel des Écoles, 15 rue Delambre. Il donne des leçons de littérature à Jeanne Tachard, fondatrice de la maison de couture Talbot. (voir vente collection : Jeanne Tachard, le choix de la modernité | Gazette Drouot (gazette-drouot.com)

André Germain directeur des Écrits nouveaux, lui repasse l’anthologie de la poésie nouvelle qu’il préparait depuis 2 ans pour les éditions Crès. AB écrit deux notices : sur Éluard et son usage du langage ; sur Soupault et son instinct poétique (le projet passe entre les mains de Tzara, qui ne le mène pas davantage à l’impression).

24 octobre : La correspondance publiée d’AB avec Simone s’arrête le dimanche 24 octobre 1920. Elle ne reprendra que le jeudi 2 juin 1921.

Décembre, J. Tachard recommande AB à Jacques Doucet (1853-1929), autre collectionneur et mécène, amateur de littérature. Depuis 1916, il avait constitué une bibliothèque moderne, conseillé par le libraire Camille Bloch (1887-1967), et s’était tenu au courant des débats contemporains en rétribuant les auteurs qui lui écrivaient. Il prend Breton comme bibliothécaire et conseiller, chargé de lui adresser une lettre hebdomadaire rétribuée.

15 décembre : AB tient un carnet notant ses conversations avec les poètes et les peintres en leur atelier (OC I, 613-623).

André Derain. Chien tenant dans sa gueule un oiseau, vers 1921, coll. particulière. Tableau offert à Simone par AB.

20 décembre : 1ère lettre à Doucet (publiée dans AB, Lettres à Jacques Doucet, Gallimard, 2016).

25 décembre : Congrès de Tours, fondation du Parti communiste français.

28 décembre : AB entraîne Aragon au Journal du peuple pour s’inscrire au Parti. Reçus par Georges Pioch (1873-1953), qui, de fait, les en dissuade. De même à L’Humanité, où AB doute de pouvoir souscrire aux injonctions du Komintern : « J’aimerais savoir jusqu’où vont ses exigences », note-t-il (OC I, 615).

1921

1er janvier : AB explique à Valéry : « Tout de même, si je me tourne parfois vers dada c’est avec un semblant de raison puisque j’ai tant de peine à mener à bien ce que je souhaite. »

3 janvier 1921 : AB indique à J. Doucet les raisons qui le rattachant à Dada et surtout à Tzara et Picabia. Pour lui, il ne faut rien laisser perdre des vertus de la jeunesse.

12 janvier : tract « Dada soulève tout », Au Sans Pareil :

15 janvier  : AB participe au sabotage de la conférence de Marinetti sur le Tactilisme au Théâtre de l’Œuvre. Le tract « Dada soulève tout », distribué alors, exprime les revendications opposées au futurisme (interventions orales des dadaïstes imprimées dans Littérature, n° 18).


1er mars : « Liquidation », Littérature, n° 18 : tableau portant les notes attribuées par chaque dadaïstes aux célébrités littéraires.

3 mars : AB explique sa démarche à J. Doucet : « … le tableau ainsi constitué en dira, je crois, plus long sur l’esprit de Littérature qu’une série d’articles critiques de ses différents collaborateurs. Il aura l’avantage de nous situer très exactement et même de montrer de quoi nous procédons, à quoi nous nous rattachons, à la fois ce qui nous lie et ce qui nous sépare. » (Lettres à J. D., p. 86)

15 mars : création de Les Détraquées, de P. Palau, au Théâtre des Deux-Masques, rue Fontaine. AB voit cette pièce à plusieurs reprises, la considérant comme un coup de projecteur sur « les bas-fonds de l’esprit, là où il n’est plus question que la nuit tombe et se relève » (OC I, 668). Il en traite longuement dans Nadja. Par la suite, il apprend que le collaborateur que Palau, qui signe Olf, est le Dr Babinski.

« Grande Saison dada ». Reprise des manifestations Dada.

14 avril : Visite à Saint-Julien-le-Pauvre

A Saint-Julien Le Pauvre. Tristan Tzara et André Breton au centre.

AB déclare : « Tout ce qui s’est passé jusqu’ici sous l’enseigne de dada n’avait que le caractère d’une parade. D’après elle vous ne pouvez vous faire aucune idée du spectacle intérieur. Le rideau ne va pas tarder à se lever sur une comédie autrement fantastique… » (OC I, 627).

14 avril : à la fin de cette manifestation, fondation de la revue Aventure  (1921-1922): Roger Vitrac et ses camarades de régiment, René Crevel, François Baron et son jeune frère Jacques prennent un verre avec Aragon à la Taverne du Palais, 5 place Saint-Michel.

Le lendemain, AB reçoit Jacquers Baron (16 ans) dans son hôtel, rue Delambre. Il considère que la manifestation était pitoyable (voir : L’An I du surréalisme, 1969, témoignage des plus sincère sur cette période).

Fin avril : incident au café Certà, passage de l’Opéra, lieu de réunion des dadaïstes : un portefeuille égaré est confié à Paul Éluard, qui le remet, le lendemain, à son légitime propriétaire, tandis que AB proteste contre ce conformisme bourgeois (rapporté par Robert Desnos, « Histoire d’un portefeuille volé », Nouvelles Hébrides, pp. 320-21).

Première page du catalogue de l’exposition Max Ernst en 1921

3 mai-3 juin 1921 : exposition Max Ernst, Au Sans Pareil. AB et Simone offrent l’encadrement de quarante-deux peintures, huit dessins et quatre œuvres en collaboration dites « fatagagas ». AB préface le catalogue (OC I, 245).

11 mai : « M. Picabia se sépare des dadas », annonce le quotidien Comœdia. Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski | 1921-05-11 | Gallica (bnf.fr)

13 mai : AB préside le procès de Maurice Barrés pour « atteinte à la sûreté de l’esprit ». Salle des Sociétés savantes, rue Danton, à 21h30.
Assesseurs : Théodore Fraenkel, Pierre Deval. Accusateur public : Georges Ribemont-Dessaignes ; Défense : Louis Aragon, Philippe Soupault….

Dossier. Créateur et juges : effets de miroir L’affaire Barrès : le théâtre du procès Nathalie Piégay-Gros, Cahiers de la Justice 2012/4 (N° 4), pages 43 à 52.
Au même moment, l’inculpé donnait une conférence à Aix-en-Provence sur « L’âme française pendant la guerre ».
Les interventions sont publiées : « L’affaire Barrès », Littérature, n° 20, août 1921.

AB tire la leçon de cette séance pour J. Doucet : « Les Enfers artificiels » (OC I, 623).

6-30 juin 1921 : « Salon Dada » au Studio des Champs Elysées, 1er étage de l´immeuble de l’avenue Montaigne nommé « Galerie Montaigne ».

7 juin : Soirée Bruitiste, concert de Marinetti et futuristes. Chahut provoqué pr les Dadaïstes.

10 juin : Soirée-Dada.

13-14 juin : Salle Drouot, vente des biens saisis aux Allemands Kahnweiler et Uhde. AB y prend part, se concerte avec J. Doucet pour l’achat de certaines œuvres.

18 et 30 juin 1921 (15h30) : « Grande Après-Midi Dada » au Théâtre des Champs Élysées.

AB parti à Lorient après le “Procès Barrès” y prépare son “Adieu à Dada”. Assiste seulement à la dernière représentation en spectateur passif.

16 juillet : AB relate pour J. Doucet (Lettres, p. 95) la soirée au cours de laquelle il a été reçu par les parents de sa fiancée : spectacle de ballet de La Chauve-souris (Moscou), puis dîner avenue Niel. Doucet résout ses difficultés financières en lui offrant un contrat de secrétaire puis de conseiller artistique, pour sa bibliothèque de la rue Noisiel, assorti d’un salaire annuel de vingt mille francs (24 394,02 Euros en 2022 ). La famille Kahn alloue 12.000FF annuels à Simone (14 636,41 Euros en 2022).

AB assure ses nouvelles fonctions avec assiduité. Chaque matin, il est à la bibliothèque, répond au courrier, tient son patron au courant des événements littéraires et artistiques.

21 juillet : AB accompagne Tristan Tzara gare de l’Est, où il prend le train pour rejoindre sa compagne à Prague.

Août : AB à Lorient, soigne une affection pulmonaire.

André Breton et Simone Kahn en 1921 au moment de leur mariage.

15 septembre, 11 h 30  : AB épouse Simone Kahn. à la mairie du XVIIe arrondissement, rue des Batignolles. Paul Valéry est le témoin du marié ; Gaston Kahn (son frère) celui de la mariée. La mère d’André n’a pas jugé utile de se déplacer, mais elle a donné son consentement par un acte authentique ; son père est venu de Lorient. Félix Kahn et son épouse sont présents et consentants.

Acte de mariage de Simone Kahn et André Breton

6 septembre : Dada augrandair : brochure de 4 pages sur papier rose, contenant des poèmes et des aphorismes en français et en allemand, avec des gravures d’Arp et de Max Ernst. Une des plus belles réussites de dada, en réponse aux accusations de Picabia.

11 septembre : arrivée du couple Breton au Tyrol, à Tarrenz, près d’Imst. Accueilli à l’Hôtel de la Poste par les couples Ernst, Arp, Tzara, Éluard (Gala les rejoindre plus tard).

AB et Simone vont à Innsbruck en quête d’antiquités. Rejoints par le couple Éluard.

9 octobre  : lettre de Freud à AB : « Cher Monsieur, n’ayant que très peu de temps libre dans ces jours je vous prie de bien vouloir venir me voir lundi (demain 10, à 3 heures d’après-midi dans ma consultation). Votre très dévoué Freud ».


Salle d’attente du 19 Berggasse, Vienne.

10 octobre : AB reçu par S. Freud dans son cabinet, à Vienne. Le savant reçoit un exemplaire dédicacé par les auteurs des Champs magnétiques sans y prêter attention. Entrevue décevante, dont AB rend compte avec dérision : « Interview du professeur Freud », Littérature, n. s. n° 1, 1er mars 1922, p. 10 (OC I, 25).

Retour à Paris. AB reprend son service à la bibliothèque de J. Doucet, 2 rue Noisiel.

17 novembre : 2e vente Kahnweiler : AB achète, avec Simone : œuvres de Braque, Derain, Gris, Léger, Picasso, Vlaminck et Van Dongen.

3 décembre : AB plaide pour l’achat d’une œuvre maîtresse telle que les Demoiselles d’Avignon par Doucet, lui recommande aussi l’acquisition d’un Derain, Le Samedi ou Le Chevalier X (désormais à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg ; voir Lettres à cette date).

Décembre : AB suggère à Doucet l’achat de manuscrits de Paulhan, Tzara, Éluard, Desnos, Jacques Baron, Limbour et Péret.

Bibliothèque chez Jacques Doucet.

Filmographie surréaliste

Filmographie surréaliste

Faisant le ménage dans le dinosaure qui me sert d’ordinateur, je retrouve le fichier ci-joint, primitivement attribué à Dominique Rabourdin. A mon interrogation, celui-ci me répond qu’il n’en est pas l’auteur, et ne voit pas d’où peut provenir cette “excellente” filmographie.

J’imagine que l’auteur de ce travail se reconnaîtra, et me le fera savoir.
En attendant, il ne saurait être question d’en priver davantage le public intéressé.
Télécharger ce fichier en .PDF :

Filmographie

CC

Le surréalisme par les textes

Le Surréalisme par les textes

Compte rendu dans Histoires Littéraires, n° 58, juillet 2014.

Le Surréalisme par les textes, édition d’Henri Béhar et Michel Carassou (Classiques Garnier, 2013, 313 p., 29 €). Le label des Classiques Garnier amuse et plaît à propos d’un sujet comme le surréalisme. Il ne s’agit en fait que de la reprise d’éditions précédentes (1984 et 1992), peu modifiées par les deux poids lourds en charge, Henri Béhar et Michel Carassou, dont les autres ouvrages sur le sujet nous ont déjà impressionnés et intimidés par la sapience et le couperet de leurs jugements. Aborder le surréalisme par ses textes est évidemment une bonne idée, puisque, malgré les surréalistes eux-mêmes – surtout Breton -, le mouvement fut avant tout littéraire, notamment au plan théorique. À part Max Ernst, surréaliste avant l’heure, il faudra en effet quelques années de tapage avant que la peinture se mêle au mouvement. Dommage, d’ailleurs que le grand Max soit oublié dans cette compilation et ses références : n’est-il pas l’auteur principal du Malheur des immortels, révélé de concert avec Éluard ? En 1922, deux ans avant le Manifeste, c’était pourtant, par anticipation, un des plus surréalistes de tous les ouvrages qui jalonnèrent le mouvement. C’était de la poésie et non de la théorie, nous diront les auteurs de ce Surréalisme par les textes. Sur le plan conceptuel, Henri Béhar et Michel Carassou sont incollables et livrent le paradoxe dès les premières lignes de leur introduction : le surréalisme de Breton se voulait tout sauf une école littéraire, mais une pensée, une attitude intellectuelle, une philosophie aussi. Il le sera, certes, mais ce qui reste finalement, ce sont d’une part les textes littéraires, d’autre part cette peinture amarrée plus tardivement avec le slogan – ou le mot d’ordre bretonesque – qu’elle ne devait surtout pas se préoccuper de beauté. Le présent ouvrage se concentre donc sur ce qui fut écrit, divisant son approche entre la morale, la connaissance et l’expression. Au milieu de la profusion contemporaine d’essais mal documentés (sauf sur le nombrilisme de leurs auteurs), Le Surréalisme par les textes est un bel outil qui associe les données « dures », non trafiquées a posteriori, des écrits théoriques surréalistes, et les commentaires subtils et lettrés des deux éditeurs.

Compte rendu dans Histoires Littéraires, n° 58, juillet 2014.

 

CC

Éphémérides surréalistes actuelles

J’emprunte ce titre à l’Almanach du Père Ubu pour indiquer ici les commémorations inofficielles à prévoir cette année. Elles concernent les surréalistes et apparentés présents dans la banque de données « Surréalistes de tous les pays », que l’on trouve à ces deux adresses : 
http://melusine.univ-paris3.fr/c_surr.html
Ou bien : http://melusine.univ-paris3.fr/Surr-ts-pays/somsurr-ts-pays.htm

Pour chaque personne nommée, on trouvera, dans l’ordre : Nom, État Civil, Parcours, Revues, Interventions Collectives, Expositions, Pays (de référence)
Les éphémérides de l’année 2013 sont disponibles sur demande par courriel auprès de l’auteur de ces pages

Centenaire

BALINT Endre

1914 –1988, Budapest. Peintre. HONGRIE

CID Téofilo

1914, Chili – 1964, Chili
Poète. Mandragora, Boulroud, Chili, 1942. Mandragora (codirecteur)
CHILI

CURIEL Henri

1914 Égypte – 1978 Paris
Participe au groupe surréaliste égyptien et à “Art et liberté”.
Don Quichotte (1939-1940). EGYPTE

DACOSTA Antonio

1914, Angra do Heroismo, Açores, Portugal – 1989, Lisbonne.
Peintre.
Membre du groupe surréaliste de Lisbonne (1947-1949).
Contact avec le groupe surréaliste français (1947-1948), Rencontre Breton, Brauner et Pastoureau. Membre du groupe “Les Surréalistes” Peintures dès 1939.
Free unions (1946).
Signe Rupture inaugurale (1947).
[Exposition du groupe surréaliste de Lisbonne] (1949), Le Surréalisme en 1947.
PORTUGAL

DALLWITZ David

1914, Freeling, Australie du Sud.
Peintre, graveur (eau-forte et sur linoléum).
Allegory (Allégorie), 1944, aquarelle.
Angry Penguins.
Allegory, 1944, aquarelle, a été créé à l’occasion d’une soirée surréaliste chez les Dallwitz AUSTRALIE

ENGSTROM Lars

1914, Brantevik – 1950, Malmö.
Dessinateur.
Participe au groupe “Imaginisterna” (1946-1953).
SUÈDE

GOTZ Karl Otto

1914, Aachen-Burtscheid, Allemagne – Vit près de Cologne.
Peintre, poète, théoricien, éditeur. Pseudo. “poétique” : André Tamm
Rencontre Éthuin et Jaguer (1947). Contact avec le “Surréalisme. révolutionnaire. ” (1947-1948). Correspondant de “Rixes” (1949-19xx) France

HAUSNER Rudolf

1914, Vienne, Autriche- 1995. Peintre.
Assimilé par les nazis à “l’art dégénéré” (1937). Rencontre. Jené . Animateur de la “Wiener Schule” (1958- 1968). FRANCE

HEISLER Jindrinch

1914, Chrast – 1953, Paris.
Poète, plasticien (objet), œuvres expérimentales, photographe. (Compagnon de Drahomira).
Rallie le groupe des Surréalistes de Prague (à partir de 1938). Groupe “Ra”. S’installe en France. Membre du groupe surréaliste français. Poèmes publiés clandestinement. Jen postolky chci klidne na desatero, Prague, 1939. Livres-objets, 1950-1951. Alphabet surréaliste, collages.
Néon (animateur n° 1-4, 1948-1949), La Nef (“Almanach”, 1950), L’Âge du cinéma (1951), Solution surréaliste (animateur.), Le Surréalisme, mêmeLa BrècheL’ArchibrasCoupure.
La Semaine dernière . Actualités cinématographiques de Benjamin Péret présentées par Jindrich Heisler (L’Âge du cinéma, 1951). Collabore. avec Toyen. Signe Rupture inaugurale (1947), À la Niche (1948), Les surréalistes à Gary Davis (1949). TCHÉCOSLOVAQUIE

HENEIN Georges

1914, Le Caire, Égypte – 1973, Paris.
D’expression française. Écrivain, poète, journaliste. Époux de El-Alaily.
Séjour à Paris (1934-1937). Correspond avec Breton (à partir de 1936) Membre du groupe surréaliste français (1934-1937). Principal acteur du su Suite et fin, 1934. Déraisons d’être, illustré. par Kamel El Telmisani, Paris, Corti, 1938.
Don Quichotte (1939-1940), Clé (Paris, 1939), Al-Tatawor (1940), London bulletin (Londres), New road (Londres, 1943), El-Majjallah(1943-1944), View (NY), Troisième convoi (Paris, 1946), Le Ciel Bleu (Bruxelles, 1945), Les Quatre Vents (Paris), Les Deux Sœurs(Bruxelles), La Part du Sable (codirecteur, 1947 & 1950), Surrealistische Publikationen (Klagenfurt), Edda (correspondt, Bruxelles, 1959), Boa (Buenos Aires, 1958-1960), Coupure (Paris) FRANCE

JORN Asger

1914, Vejrun, Jutland -1973, Århus.
Peintre, graveur, écrivain, musicien. Pseudo. de Asger Oluf Jorgensen.
Séjour à Paris (1936). Membre du “GAS” (1937). Rencontre avec Atlan, Constant, Jaguer et Éthuin (1946). Vit entre Paris, l’Italie et le Danemark. La Flûte de Jade (Paris, 1939).
Helhesten (cofondateur), Linien (1939), BISR (1948), Cobra (1949-1951), PC (1950), Rixes (1950-1951), Il Gesto (1955-1959), Direzioni, The Situationist times (1963). [Surréalisme révolutionnaire] (Paris, 1948), Prise de terre (1948), Phases (Paris, 1954), Il Gesto (1955), Paroles visibles (“Phases”, Paris (1955). DANEMARK

KAMROWSKI Gerome

(1914, Warren, Minnesota USA – 2004, Ann Arbor, Michigan). Peintre, plasticien.
Rencontre Breton à NY. Membre du “Surrealist movement in the U. S.” Breton salue son unique exposition personnelle à Paris (1950).
VVV (1942), ArsenalPhases.
Préfacé par Breton (expositions, Paris, 1950).
Le Surréalisme. en 1947 (coorganisateur., coréal. la “Salle des Superstitions”, Paris, 1947). USA

KOLAR Jiri

1914, Protivin – 2002, Prague.
Poète, plasticien, collagiste.
Une fois il sera possible de faire des poèmes de n’importe quoi, assemblage, 1963. TCHÉCOSLOVAQUIE

LENKO Julius

1914, – 2000, Bratislava.
Poète, théoricien.
Participe aux activités du groupe surréaliste slovaque (à partir de 1941). En nous et hors de nous, 1941.
Peinture imaginative, 1930-1950.
TCHÉCOSLOVAQUIE

PAZ Octavio

1914, Mexico – 1998 Mexico.
Poète ambassadeur.
Membre du groupe surréaliste, 1946-1950 à Paris. Le Surréalisme mêmeBiefL’ArchibrasLa Nef (Almanach).
Surréaliste dans la poésie du rêve. MEXIQUE

PERAHIM Jules

1914, Bucarest – 2006, Paris. Peintre, illustrateur.
Participe à l’avant-garde roumaine (1930-1933). Membre du groupe “Unu” (1930-1932). Installation à Paris (1969). Participe à “Phases” depuis 1969. Mixomycètes, dessins automatiques, in Alge, 1930. L’Antiprophète, peinture, 1932.
Alge (cofondateur, 1930), Unu (1930-1932), MuciViata imediata (entre 1930-1933), ElementalEllébore.
Préfacé par Jouffroy (“Lettre ouverte aux critiques d’art et aux connaisseurs du Surréalisme “, galerie A. F. Petit, Paris, 1977).
Phases, Ixelles, 1974. Autour des éditions Oasis (Paris, 1977), Imagination (1978), Exposition par Oasis (Vancouver). ROUMANIE

TUCKER Albert

1914, Melbourne Australie – 1999.
Peintre. Marié à Joy Hester. Un des pionniers du surréalisme en Australie. Rencontre Giacometti à Paris (1950). Philosopher (Philosophe), 1939, huile sur carton. Exposition en solo à la galerie Huit (Paris, 1952). FRANCE

VALORBE François

1914, Bordeaux – 1977, Paris.
Poète, acteur, écrivain. Pseudo. de François Ludovic Régis Henri Hurault de Vibraye.
Installation à Paris (1930). Membre du gr. surr. (1949-1955).
La Nef (Almanach, 1950), L’Âge du cinéma (1951), Le Libertaire (1952), Médium (feuille, 1952-1953), Médium (revue, 1953-1954).
Éd. par “GLM” (Soleil intime, 1949), “Arcanes” (Carte noire, illus. par Lam, 1953), “Éric Losfeld” (1957-1969 : La Vierge chimère, 1957, Napoléon et Paris, 1959, Magirisée, 1965, L’Apparition tangible, 1969). FRANCE

Cinquantenaire

NOM ETAT CIVIL PARCOURS REVUES INTER EXPO PAYS
ACHLEITNER Friedrich
1930, Schalchen, Autriche – Vit à Salzburg ? Poète, architecte. Participe à l'”Art Club” (1946-1952). Animateur du “Wiener Gruppe” (1952-1964).       Autriche
BAYER Konrad
1932, Vienne, Autriche – 1964, Vienne. Poète, peintre. Participe à l'”Art Club” (1946-1952). Animateur du “Wiener Gruppe” (1952-1964). France
CID Téofilo
1914, Chili – 1964, Chili. Poète. Mandragora, Boulroud, Chili, 1942. Mandragora (codirecteur). Chili
EFFENBERGER Jakub
1964, Prague – Vit à Prague. Poète, scénariste. Rencontre Stejskal, Medcova, K. Baron (1976), Effenberger (1986). Participe aux activités du groupe surréaliste actuel de Prague (depuis 1987). Tchécoslovaquie
FRAENKEL Théodore
1896, Paris – 1964, Paris. Écrivain. Renc. Breton (1910), Vaché à Nantes (1916), Aragon (Val-de-Grâce, 1917). Partic. à “Dada” (1920-1922). Fréquente le gr. surr. (1924-1932). Rompt avec Breton (1934). Retrouvailles autour du Manifeste des 121 (1960). Proverbe (1920), Littérature (série 1, 1920-1921 ; série 2, 1922), la Rév. surr. (signe “la rév. d’ab. et toujours”, n°5, 1925), Bifur (1929). “Procès Barrès” (assesseur, 1921). France
PURS Ivo
1964, Melnik – Vivant. Poète, théoricien. Rencontre Effenberger (1984) et Stejskal (1985). Membre du groupe surréaliste actuel de Prague (depuis juill. 1985). Tchécoslovaquie
VAN BRUAENE Gérard
1891, Courtrai – 1964, Bruxelles. Écrivain, cabaretier. Proche du groupe de “Correspondance” (1925). Membre du groupe surréaliste de Bruxelles. Proche de “Cobra”. Livre d’Or de la fleur en papier doré (1951). Cobra (1949), La Carte d’après nature, Les Lèvres nues (1955 & 1958), Rhétorique. Belgique
VINEA Ion
1895-1964, Roumanie. Ami de Tzara. Participe à l’avant-garde roumaine. Contimporanul (directeur), Integral ?” ? [Manifeste activiste adressé à la jeunesse]”, Contimporanul, 1924). Roumanie
WILLIAMS Georges Hospuresigne
1877 – Belalie, Australie du Sud-1964, Adélaïde Australie Peintre. Carrière tardive (1940). Influence du surréalisme reconnue par ses contemporains (M. Harris et I. Francis). Her Dream, (Son rêve), 1940, huile sur toile. France