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« Aragon-Breton, au temps de l’amitié stellaire », Europe, n° 993-994, janv.-fév. 2012, pp. 311-316.

Les articles publiés dans la « Chronique » de la revue ne sont pas nécessairement liés au thème principal du numéro. De fait, celui-ci prend prétexte de la publication d’un volume de lettres d’Aragon à Breton pour traiter de leur incomparable amitié de 1918 à 1930.

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Aragon, Lettres à André Breton  (1918-1931), Gallimard, 2011, 480 p.

Ces quelque cent soixante-dix lettres sont la chronique d’une amitié passionnée puis violemment rompue, en même temps qu’elles jalonnent un moment essentiel de la modernité du XXe siècle. Un premier ensemble réunit les lettres de 1918-1919, écrites du front, puis d’Alsace et de Sarre après l’armistice : médecin-auxiliaire jeté en première ligne, Aragon a vécu de près la tuerie mondiale, naufrage d’une civilisation d’où naît la révolte Dada. Ensuite affleure l’histoire agitée du groupe surréaliste, en particulier son entrée dans l’action politique en 1925. Enfin le «Congrès de Kharkov» de 1930 va sceller l’adhésion d’Aragon au communisme, et provoquer à terme sa rupture avec Breton.
Tant de noms au fil des pages témoignent d’une amitié née sous le signe de la littérature, et bientôt de sa critique radicale : Rimbaud puis Lautréamont, intercesseurs essentiels ; Gide et Valéry, tôt délaissés ; Apollinaire (sous un jour inattendu), Reverdy, «l’ange offensé» ; Soupault, le premier compagnon, puis Eluard, Desnos… ; et les alliés incommodes Tzara, Picabia…
Précieuses enfin sont les lettres où Aragon commente son esthétique, l’écriture du poème qu’il vient d’achever – ou analyse subtilement celui qu’il a reçu de Breton ; et celles où affleure déjà ce débat majeur entre eux, le roman.
Incisives, jamais apprêtées, ces lettres attestent la vérité de l’instant : à leur regard, on ne pourra plus écrire la vie d’Aragon ni lire son œuvre tout à fait de la même façon.

Autres recensions :

Aragon/Breton : jeux de coécriture en 1922 et 1928 (openedition.org)

Louis Aragon : Lettres à André Breton – artpress

Réflexions de Daniel Bougnoux : Le duel Aragon- Breton | Le randonneur (la-croix.com)

Voir sur cette même page :

94. « La parenthèse dada » [Aragon], Europe, n° 745, mai 1991, pp. 34-44.

171. « Aragon, le ton de Lautréamont », dans L’Atelier d’un écrivain, le XIXe siècle d’Aragon, textes réunis par Édouard Béguin et Suzanne Ravis, Publications de l’université de Provence, 2003, pp. 27-39.

238. « Le lexique dans l’œuvre poétique d’Aragon : un poète bien de France », dans Cécile Narjoux (coll.), La Langue d’Aragon, « une constellation de mots», Éditions universitaires de Dijon, 2011, p. 27-44.

Prolongements :

Voir le site « Atelier André Breton » https://www.andrebreton.fr/fr/view?rql=lettres+aragon&__fromsearchbox=1&_fsb=1&subvid=tsearch

Lire la biographie d’André Breton où je cite le plus possible les lettres de Breton à son ami :

Henri Béhar, André Breton le grand indésirable, 3e édition, Classiques Garnier, coll. Biographies (à paraître).

« Aragon, le ton de Lautréamont », dans L’Atelier d’un écrivain, le XIXe siècle d’Aragon, textes réunis par Édouard Béguin et Suzanne Ravis, Publications de l’université de Provence, 2003, pp. 27-39.

4e de couv.

« Ce XIXe siècle ” d’où je suis “, aurait pu écrire Aragon, né en 1897, qui n’a jamais fait table rase de ” l’héritage littéraire “. Le XIXe siècle est pour lui ” ce grand siècle ” inventeur de la modernité ; réinventer cette modernité héritée, donc opérer la reprise transformatrice du XIXe siècle, est un enjeu central de sa création. Comment ce passé toujours refait dans le présent d’une écriture a-t-il contribué à construire la parole et la trajectoire singulières de l’écrivain ? Nous proposons ici quelques réponses données par des chercheurs familiers de l’œuvre d’Aragon ou du surréalisme, à partir d’exemples concrets des rapports d’Aragon à Baudelaire, Hugo, Stendhal, Lautréamont, etc., et quelques essais de synthèse. »

Ce volume contient les actes du colloque tenu à l’ENS Lettres et Sciences Humaines, Lyon, 13, 14, 15 décembre 2001 à École normale supérieure lettres et sciences humaines.

Ouvrage publié par le Centre d’études poétiques, Publications de l’université de Provence, 2003
Collection Textuelles: Littérature

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Texte intégré au volume suivant:

Henri Béhar, Lumières sur Maldoror, Paris, Classiques Garnier, 2023, pp. 83-95. Collection : Bibliothèque de littérature du xxe siècle, n° 45

Compte rendu par Hervé Bismuth : https://louisaragon-elsatriolet.fr/2023/12/16/compte-rendu-par-herve-bismuth-de-lumieres-sur-maldorordhenri-behar/

Voir l’espace Aragon : https://www.uni-muenster.de/LouisAragon/werk/spaet/l_nous_f.htm

Lire : Aragon, « Lautréamont et nous », Lautréamont et nous

Louis Aragon FeniXX réédition numérique (Sables) 23 Avril 2021

“Dans ce journal même, Marcelin Pleynet dit que ce qui l’a toujours le plus surpris, c’est que les commentateurs de Lautréamont ne parlent que d’eux-mêmes – ils ne parlent pas de Lautréamont, c’est Lautréamont qui les fait parler. C’est de propos délibéré, et sur cette phrase, que j’ai écrit ce “Lautréamont et nous”, qui ne fait pas que tomber sous ce reproche, mais plonge dans cet abîme.” 

Voir :

Peter W. Nesselroth :https://www.academia.edu/1105656/Le_Passage_dAragon_%C3%A0_Ducasse

Alain Trouvé, L’intertexte Lautréamont-Ducasse dans les œuvres d’Aragon et de Ponge, ENS éditions.

Consulter le site Aragon: https://www.uni-muenster.de/LouisAragon/zielneu3.html#:~:text=De%20plus%2C%20le%20site%20Louis,expositions%2C%20films%20etc.).

Le site ERITA (Aragon-Triolet)

https://louisaragon-elsatriolet.fr/2023/11/22/un-site-consacre-a-aragon/

Œuvres d’Aragon dans la Pléiade/Gallimard:

https://www.la-pleiade.fr/Auteur/Louis-Aragon

Consulter le site sur Maldoror : https://blog.maldoror.org/?m=0

Sur Aragon, voir dans cette page:

  1. « La parenthèse dada » [Aragon], Europe, n° 745, mai 1991, pp. 34-44.
  1. « Le lexique dans l’œuvre poétique d’Aragon : un poète bien de France », dans Cécile Narjoux (coll.), La Langue d’Aragon, « une constellation de mots», Éditions universitaires de Dijon, 2011, p. 27-44.
  1. « Aragon-Breton, au temps de l’amitié stellaire », Europe, n° 993-994, janv.-fév. 2012, p. 311-316.

«  Le tournant des rêves », Europe, n° 683, 1936 arts et littérature, mars 1986, pp. 3-11.

SOMMAIRE DU DOSSIER / 1936, arts et littérature

– Henri Béhar Le tournant des rêves p. 3

– Jean Albertini A l’heure du bouillonnement p. 12

– Michel Bressolette L’espérance d’une chrétienté nouvelle p. 19

– Henri/Michel Lefebvre/Trebitsch Le renouveau philosophique avorté des années trente p. 29

– Suzanne Ravis Le réalisme en débat p. 42

– Anne Roche La terreur rose p. 50

– Francis Marmande De Contre-Attaque à Acéphale : vers la révolution réelle p. 59

– Jean-Yves Debreuille Quand l’action conteste le rêve : point de vue sur la poésie en 1936 p. 69

– Jean-Yves Guérin Travelling à travers les revues p. 78

– Danielle/Guy Bonnaud-Lamotte/Palayret Une nouvelle étape de Commune p. 88

– Daniel Leuwers Les retours de Gide p. 97

– Jacques Madaule Mauriac et Bernanos, un choix moral p. 99

– Roger Bordier Les éléphants du groupe Octobre p. 101

– Wolfgang Klein L’espoir naïf p. 107

– Serge Fauchereau Les arts plastiques, une préoccupation communautaire p. 114

– Jean-Pierre Jeancolas Le cinéma, ou la lumière avant les brumes p. 119

– Lucienne Cantaloube-Ferrieu Y’a d’la joie p. 131

– Frédéric Robert De la Marseillaise au Quatorze-Juillet de Romain Rolland p. 134

– Mario Luzi Pour le baptême de nos fragments p. 140

– Milo De Angelis Terre du visage p. 144

– Pierre-Bérenger Biscaye Image d’une demeure p. 147

– Henri Martraix Un plaisir cruel p. 148

– Gérard Cartier Le Désert et le Monde p. 153

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La place de mon article, en tête de ce numéro spécial de la revue Europe, signifie que j’ai pris la responsabilité de solliciter les contributions composant le dossier central, destiné à retracer une année cruciale pour notre pays. Le titre de mon intervention m’a été suggéré par Charles Dobzynski, fort connaisseur de l’œuvre d’Aragon (son parrain dans les lettres) comme de celle de Lénine. Il reprend un article d’Aragon portant le même titre dans la même revue, en 1957, présentant un dossier sur les littératures soviétiques. Bien évidemment, l’ami Charles s’interrogeait avec moi sur ce qui avait accompagné le Front populaire sur le plan artisitque et littéraire, tout en se reetournant contre les mesures staliniennes.

[Télécharger le PDF : Aragon le tournant des rêves]

Voici la glose que fournit Pierre Juquin, vingt ans après, à l’article d’Aragon portant ce titre, publié dans le numéro d’Europe en octobre-novembre 1957 : « Chercheur de merveilleux, Aragon passe de la plaquette surréaliste Une vague de rêves à la formule empruntée à Lénine: « Le tournant des rêves ». Même après les révélations sur Staline, il déchiffre en URSS la figure de l’espérance. L’Histoire de l’URSS s’achève par une envolée sur le triomphe proche du communisme. » (Aragon, un destin français, 2005). Cependant, toutes les contributions analysent très exactement le renversement que subissent les rêves en cette année 1936, sans croire pour autant au triomphe du léninisme en France.

Recension :

Texte repris dans :Histoire des faits littéraires, Classiques Garnier, 2022, pp. 39-48.

Prolongements :

Bernard Banoun, Michaela Enderle-Ristori. Le tournant des rêves. traduire en français en 1936.. Presses université François Rabelais, Tours, 2021.

« La parenthèse dada », Europe, Aragon poète, n° 745, mai 1991, pp. 34-44.

Sommaire du dossier :

– Charles Dobzynski Aragon, une poétique de la totalité p. 3
– Lionel Ray Prose pour un portrait p. 16
– Jacques Gaucheron L’homme par son chant traversé p. 19
– Henri Béhar La parenthèse dada p. 34
– Michel Apel-Muller Elsa dans le texte p. 45
– Bernard Delvaille « Arrachez-moi le coeur vous y verrez Paris » p. 54
– Noël Martine Contradiction et unité dans la poétique d’Aragon p. 63
– Henri Meschonnic Tradéridéra comme personne p. 74
– Lucien/Suzanne Victor/Ravis Sur les trois « proses » du Roman inachevé p. 80
– Marie-Noëlle Wucher De l’influence d’une légende p. 91
– Charles Haroche Langage et styles dans le Fou d’Elsa p. 97
– Wolfgang Babilas D’une enclave p. 103
– Roger Bordier L’inévitable rendez-vous p. 112
– Lucien Scheler L’hôte du quatrième hiver p. 118
– Marko Ristíc Le miroir d’Aragon p. 129
– Edouard Ruiz Repères chronologiques p. 132

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Texte repris dans le Dossier H, Dada Circuit total, L’Age d’Homme, 2005, pp. 287-295.

Voir en complément :

Aragon, De Dada au Surréalisme, Papiers inédits 1917-1931 Édition établie et annotée par Lionel Follet et Édouard Ruiz (Gallimard, Paris, 2000, 429 p.)
Les inédits 1917-1931 d’Aragon constituent un document exceptionnel à de nombreux égards. Notamment la correspondance avec Jacques Doucet (cinquante-sept lettres écrites d’avril 1922 à février 1927, c’est la première centaine de pages qui ouvre le volume) apporte une lumière nouvelle et spectaculaire sur un aspect moins étudié de la culture des collectionneurs : leurs rapports avec les conseillers, protégés, secrétaires, employés, rabatteurs et autres factotums sans qui leur collection n’existerait pas.

Le richissime couturier Jacques Doucet (1853-1929) est en effet un amateur chez qui les fonctions de collectionneur et de mécène se mêlent au point de devenir totalement inséparables. Quand il s’adresse à André Breton, puis à Louis Aragon pour l’aider à se doter d’une bibliothèque contemporaine, on ne sait trop laquelle des deux visions l’emporte. Doucet compte sur les deux jeunes auteurs pour étendre sa librairie traditionnelle à la littérature se faisant (livres, manuscrits, mais aussi témoignages, objets, études sur l’écriture de pointe). On peut toutefois se demander si la mensualisation (modeste) des écrivains n’est pas avant tout une forme de mécénat, les aides accordées à des auteurs ne pouvant être considérées comme des investissements. La littérature ne nourrit ni son homme, ni ses sponsors. Par rapport aux (maigres) services que plus d’un rend au collectionneur dans le domaine de la peinture (Breton touche ainsi une commission sur le prix des œuvres qu’il arrive à faire acheter par Doucet), on est en droit de se demander où s’arrête la consultation (payante) et où commence le mécénat (magnanime ou tout de même intéressé, mais comment, et pourquoi ?).

La correspondance Aragon-Doucet le rappelle amplement : les relations entre collectionneur et conseiller étaient difficiles, se sont vite avérées tendues, voire impossibles. Les raisons de cette mauvaise entente étaient multiples – et manifestes dès le début. Entre le grand bourgeois et le jeune homme révolté la dispute était inévitable. Et l’argent était là pour tout compliquer : Aragon méprisait son employeur, il ne se cachait pas de le dire, à Doucet lui-même comme à d’autres, lesquels le rediront à leur tour à beaucoup de monde. En même temps, le grand mondain qu’est Aragon a cruellement besoin d’argent, d’où bien des concessions et volte-face, non moins cyniques que sincères, toujours prêtes à se dédire dans l’un comme dans l’autre sens. À cela s’ajoute une autre différence encore, plus vicieuse encore. Non seulement Doucet est riche, et coupable de l’être, là où Aragon est démuni, et furieux de son indigence, mais le couturier est également, toujours aux yeux de son employé, d’une rare bêtise (et d’une curiosité pour le moins malsaine), tandis que celui qui a horreur de vivre en esclave (fasciné) est à coup sûr l’un des connaisseurs les plus aigus de toute création d’avant-garde. L’inégalité sociale, politique, idéologique est donc aussi une inégalité artistique et de sensibilité. Pour l’écrivain, le collectionneur est sot – mais tout de même pas au point de se tromper quant à ceux et celles qu’il invite à travailler pour lui.

Papiers inédits 1917-1931.De Dada au Surréalisme est une publication qui secoue bien des idées sur le monde supposé affable et feutré des grands collectionneurs. Le livre est une mine de renseignements sur les conflits dont le microcosme collectionnant est le théâtre. Ces rivalités ne concernent pas seulement les rapports avec le fisc, la famille ou d’autres collectionneurs, ces éternels concurrents, mais aussi les liens professionnels, d’employeur à employé, que fait naître la poursuite d’une vraie collection.

La correspondance Aragon-Doucet exhibe au grand jour qu’un collectionneur privé, souvent secret, est d’abord un « acteur-réseau ». On ne collectionne jamais seul et le pluriel est tout sauf la multiplication mécanique du singulier. Les conseillers peuvent être des complices, et c’est tant mieux, mais il arrive aussi qu’ils soient ingrats, jaloux, pourquoi pas odieux. Parfois ils mordent même la main qui les nourrit. La rencontre Doucet-Aragon n’était pas le début d’une brouille annoncée, c’était le commencement d’une vraie tragédie, au dénouement inévitable, sans catharsis possible. À nous d’en tirer les conclusions.

Jan Bætens

Et aussi : http://dadasurre.canalblog.com/archives/2006/01/19/1246340.html

Voir documents originaux sur : https://sdrc.lib.uiowa.edu/dada/dadas/aragon.htm

Consulter le site : https://www.uni-muenster.de/LouisAragon/

« Du passé faisons table rase », Les Cahiers du Musée national d’art moderne, Dossier André Breton, surréalisme et politique, 20016, p. 24-26.

https://editions.centrepompidou.fr/fr/revues/dossier-andre-breton-les-cahiers-du-musee-national-dart-moderne/990.html

DOSSIER ANDRÉ BRETON | LES CAHIERS DU MUSÉE NATIONAL D’ART MODERNE
9782844267610

RÉSUMÉ

Le Surréalisme lie de manière indissociable – sans pourtant jamais vouloir les confondre – la révolution poétique et la révolution politique. En 1927, les surréalistes adhèrent en bloc au parti communiste français. En 1933, ils en sont tous exclus, à l’exception d’Aragon. Entre ces deux dates, une succession de malentendus, de déceptions et de volte-face. Le surréalisme était-il donc incompatible avec l’engagement politique ? Théoricien du surréalisme, André Breton n’a eu de cesse de chercher à définir la spécificité de l’art en le confrontant notamment à l’engagement et à l’action politique.

DESCRIPTIF

Ce nouvel hors-série des Cahiers du MNAM, présenté sous la forme d’un almanach, accompagne la séquence des expositions-dossiers consacrée aux politiques de l’art et interroge, à l’occasion du 50e anniversaire de sa mort, le rapport d’André Breton à la politique.

De nombreux documents, textes, images, articles ou tracts viennent illustrer les sept essais de spécialistes du sujet.

SOMMAIRE :
Bernard Blistène et Nicolas Liucci-Goutnikov : Préface
Jean-Michel Bouhours, Jean-Michel Goutier et Camille Morando : Avant-propos
Jacqueline Chénieux-Gendron : Du droit et du politique : l’alerte du poète
Henri Béhar : Du passé faisons table rase
Camille Morando : Au feu ! Contre l’Exposition coloniale internationale
Jean-Michel Bouhours : Pose devant Guernica
Gérard Roche : Breton et Trotski – de la « beauté convulsive » à l’art révolutionnaire indépendant
Jean-Michel Goutier : Salves libertaires. Surréalisme et Anarchie
Jérôme Duwa : Le Manifeste des 121 ou la loi de l’insoumission

CARACTÉRISTIQUES :
Reliure : Broché
Langue : Français
EAN 9782844267610
Nombre de pages 112
Date de parution 5/10/2016
Dimensions 19 x 26 cm

Sous la direction de Jean-Michel Bouhours, Jean-Michel Goutier et Camille Morando

[Ma contribution : PDF à télécharger]

« Le Paris surréaliste : entretien avec Henri Béhar », site Autour de Paris, de Julien Barret, novembre 2020.

Le Paris surréaliste : entretien avec Henri Béhar – Autour de Paris-Le nouveau guide du Grand Paris (autour-de-paris.com)

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Voir :

Guide du Paris surréaliste

RÉSUMÉ :

Phénomène collectif majoritairement parisien, le surréalisme ne peut se comprendre hors de son contexte géographique. Ce livre propose une nouvelle manière d’¿’aborder la ville et la littérature conjointement. Paris tient une place essentielle dans l’œuvre des surréalistes, que l’on songe à Nadja ou au Piéton de Paris. Le nez en l’air, un livre à la main, le lecteur parcourera les itinéraires favoris de Louis Aragon, André Breton, René Crevel, Robert Desnos, Jacques Prévert et Philippe Soupault, superposant le Paris des années 20 au Paris d’aujourd’hui. Comme eux, il déambulera à travers les rues, dans l’attente de l’esprit nouveau et de la beauté moderne.
Dans chacune des 6 parties, l’auteur utilise l’œuvre de l’écrivain pour bâtir le parcours (avec Breton sur les traces de Nadja…). Des textes très évocateurs, de nombreuses citations, des encadrés thématiques, un répertoire alphabétique des lieux fréquentés par les surréalistes aideront le lecteur à les replacer dans l’histoire de la ville et dans la pratique du mouvement surréaliste, faisant ressortir un peu de leur magie.

Sous la direction d’Henri Béhar avec des contributions de Myriam Boucharenc, Jean-Michel Devésa, Laurent Flieder, Danièle Gariglia-Laster, Mireille Hilsum et Emmanuel Rubio.

Sur les pas de Breton, Crevel, Desnos, Prévert, Aragon ou Soupault dans les rues de Paris…
Découvrez le lien unique entre les surréalistes et Paris.
Pour parcourir ce Paris des surréalistes au charme désuet et suranné.
> 6 itinéraires, des plans et des cartes pour se repérer dans la ville.

Date de parution : 22/03/2012

Editeur : Monum Patrimoine Eds Du

Collection : Guides De Paris; Nombre de pages: 200.

Voir en complément le travail documentaire effectué par la BnF :

https://gallica.bnf.fr/blog/24062021/le-paris-des-surrealistes-la-recherche-des-hasards-objectifs-et-du-vent-de-leventuel?mode=desktop

Attention : la première illustration reproduit la couverture de l’unique numéro Surréalisme d’Ivan Goll, et non celui que les surréalistes mettront en circulation en décembre sous le titre La Révolution surréaliste.

De même, je doute qu’André Breton ait pu assister à la première de Parade de Cocteau le 18 mai 1917. Sur la création et la signification donnée au terme « surréalisme », voir mon article Langage dans le Dictionnaire André Breton, notamment ceci :

« Passée la tourmente dada, l’attention portée aux questions de langage ne faiblira pas, au contraire. Rétrospectivement, en 1955, il en fera même la base d’un accord collectif et d’une entreprise commune : « Il est aujourd’hui de notoriété courante que le surréalisme, en tant que mouvement organisé, a pris naissance dans une opération de grande envergure portant sur le langage » (« Du surréalisme en ses œuvres vives », OC IV, 19). En effet, le premier manifeste déclarait d’emblée : « le langage a été donné à l’homme pour qu’il en fasse un usage surréaliste » (OC I, 334). Encore faudrait-il savoir ce qu’était cet usage surréaliste, différent de l’usage commun, sur lequel Breton passait rapidement, désignant par là une fonction ordinaire de communication. À l’inverse, l’usage surréaliste serait, en quelque sorte, la fonction poétique du langage (pour parler comme Jakobson), exercée dans toutes ses dimensions, autrement dit en explorant le conscient et l’inconscient.

De là l’imposition du terme « surréalisme », emprunté à Guillaume Apollinaire, dans un sens clairement détourné, puisque Breton considère avoir soufflé lui-même la formule apollinarienne « quand l’homme a voulu imiter la marche, il a créé la roue qui ne ressemble pas à une jambe. Il a fait ainsi du surréalisme sans le savoir » (G.A., OP, 865). Dès 1917, il participe à l’élaboration du concept « surréaliste » qu’Apollinaire vient d’inventer pour qualifier sa pièce, en riposte à la réaliste Parade de Jean Cocteau. « Je puis dire que j’ai collaboré à la préface des Mamelles – écrit-il à un ami. L’homme, en voulant reproduire le mouvement, crée la roue pleine, sans rapport avec l’appareil des pattes qu’il a vu courir. L’appareil moteur de la locomotive retrouve ce jeu d’articulation dont la pensée de l’inventeur est partie. Le surréalisme comporte cette invention et ce perfectionnement. » Peu importe que l’auteur d’Alcools ait utilisé la même formule antérieurement, ce qui compte ici, c’est que Breton se l’est incorporée, qu’il lui a donné un sens autrement plus concret, qu’il en a fait sa propre formule. « En hommage à Guillaume Apollinaire, qui venait de mourir et qui, à plusieurs reprises, nous paraissait avoir obéi à un entraînement de ce genre, sans toutefois y avoir sacrifié de médiocres moyens littéraires, Soupault et moi nous désignâmes sous le nom de surréalisme le nouveau mode d’expression pure que nous tenions à notre disposition et dont il nous tardait de faire bénéficier nos amis. » (OC I, 327)…

André Breton chronologie numérique (4)

1922-1924

1922

1922-1924 Littérature, nouvelle série, n° 1 à 13.

Janvier, installation du couple Breton au 42, rue Fontaine.

3 janvier : appel d’AB pour le Congrès de Paris.

Février  : projet bibliothèque de J. Doucet, AB avec Aragon : (OC I, 631-36).

1er mars  : Littérature, nouvelle série, n°1. (texte numérisé). Directeurs : AB et Philippe Soupault. Administration Au Sans Pareil.

Contributions AB : « Récit de trois rêves » ; « André Gide nous parle de ses Morceaux choisis » ; « Interview du professeur Freud à Vienne ». « L’Esprit nouveau ». Reproduction du Cerveau de l’enfant de Chirico, toile qui restera au-dessus de son bureau jusqu’en 1956.

2 mars  : AB : « Après Dada », Comoedia, n° 3364.

30 mars  : Échec du « Congrès pour la détermination des directives et la défense de l’Esprit moderne », dit « Congrès de Paris » suscité par AB aux artistes novateurs et aux directeurs de revues : R. Delaunay, F. Léger, A. Ozenfant, J. Paulhan pour la NRF, AB pour Littérature, R. Vitrac pour Aventure. « Le Congrès de Paris est foutu, Francis Picabia en fait partie » déclare Picabia. Invité pour Dada, T. Tzara se récuse.
Voir dossier coupures de presse : http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb38736782v

1er avril  : Littérature, n.s., n° 2. AB : « Lâchez tout » : AB quitte Dada.

Avril : T. Tzara publie Le Cœur à barbe 4 p. en réponse à AB.

6 mai : AB, Fraenkel, Rigaut à la Foire du Trône.

9 mai, conseillé par AB, J. Doucet achète La Charmeuse de serpents du Douanier Rousseau (50 000 FF), à Robert Delaunay, sous réserve qu’à sa mort le tableau ira au Louvre.

21 mai : réponse de AB à l’enquête du Figaro : « La poésie écrite perd de jour en jour sa raison d’être » (OC I, 267)

4 juillet  : 3e vente Kahnweiler, se procure un Léger et trois Braque.

12 août : AB à Lorient, chez ses parents. Développe pour Doucet ce qu’il entend par « esprit nouveau », et se tourne vers Marcel Duchamp.

Septembre-novembre : Période des sommeils provoqués (inspirés de la technique des médiums, sans leurs présupposés), à l’initiative de R. Crevel, qui se livre à la 1re séance devant témoins. Une phrase revient constamment : « On vend à l’encan les robes de la princesse de Lamballe, mais on ne vend pas ses chapeaux ».

Relation de l’événement par AB dans « Entrée des médiums », (Littérature, n° 6, nov. 1922). Voir dossier Archives AB, lot 2 026.

AB consigne un dialogue entre B. Péret et Crevel dans « Comme il fait beau ! » (OC I, 439).

1er septembre : à partir de cette date, G. Gallimard prend en charge l’édition de Littérature dirigé par AB seul (et le soutien financier de Doucet).

1er septembre : « AB : « Clairement », Littérature, n.s., n° 4.

27 octobre : AB à J. Rivière : « l’intérêt de ces séances… ne va pas croissant, au contraire ». Sollicité depuis le début du mois, Man Ray photographie Desnos en plein sommeil provoqué. Voir la sténographie intégrale de la séance.

Mussolini

29 octobre : Mussolini prend le pouvoir à Rome.

30 octobre : Picabia conduit AB à Barcelone dans sa voiture , avec Germaine Everling et Simone.

Étape à Marseille : visite de l’Exposition coloniale. « le plus triste jardin zoologique de ma connaissance », dit Breton. Voir : « Souvenirs de voyage : l’exposition coloniale de Marseille », Littérature, n. s. n° 8, 1er janvier 1923, pp. 3-4

Exposition de Picabia Galerie Dalmau, 18 octobre-8 décembre 1922, catalogue préfacé par AB.

2 novembre : AB envoie une carte postale de La Sagrada familia, de Gaudi, à Picasso : « Connaissez-vous cette merveille ? »

17 novembre : à l’Ateneo de Barcelone, Conférence AB : « Caractères de l’évolution moderne et ce qui en participe ». « Il n’y a qu’une chose qui puisse nous permettre de sortir, momentanément au moins, de cette affreuse cage dans laquelle nous nous débattons et ce quelque chose c’est la révolution, une révolution quelconque, aussi sanglante qu’on voudra, que j’appelle encore aujourd’hui de toutes mes forces. » (OC I, 305)

1er décembre : AB propose à différents artistes (Brancusi, Cendrars, Picasso) d’organiser un nouveau salon, dans le prolongement de sa conférence. Échec.

1er décembre : « Les mots sans rides », Littérature, n°6, à propos des jeux verbaux de Marcel Duchamp : « Et qu’on comprenne bien que nous disons : jeux de mots quand ce sont nos plus sûres raisons d’être qui sont en jeu. Les mots, du reste, ont fini de jouer. Les mots font l’amour. » (OC I, 286)

11 décembre : intervention d’AB et ses amis à la représentation de Locus Solus de Raymond Roussel, adaptation de Pierre Frondaie, sifflée par les invités au théâtre Antoine lors de sa création (le 8 décembre). Le lendemain, AB fait remettre un exemplaire des Champs magnétiques à l’auteur, ainsi dédicacé : « À Raymond Roussel pour Locus Solus, le seul spectacle auquel il m’ait été donné d’assister. »

1923


15 février : mise en vente de Littérature, n° 9, sous la seule responsabilité d’AB désormais.

18 février : AB : « La Confession dédaigneuse » La Vie moderne, XLVe année, n° 6, n° 7 (25 février 1923) ; n° 8 (4‑11 mars 1923) et dans les numéros des 18 et 25 mars. OC I, 1222).

28 mars : AB signe un contrat avec Gaston Gallimard pour la publication d’un recueil d’articles, Les Pas perdus.

4 avril  : J. Rivière déclare à AB qu’il fera désormais le silence sur ses activités.

7 avril  : « André Breton n’écrira plus », interview par Roger Vitrac dans Le Journal du peuple. Desnos prend la même décision. Duchamp qui, dans le même temps, abandonne son Grand Verre.

14 avril : « Tristan Tzara va cultiver ses vices », interview par Roger Vitrac, Le Journal du peuple.

6-7 mai : 4e et dernière vente Kahnweiler AB, Desnos, Éluard et où seront bradés nombre de papiers collés de Braque et de Picasso.

3 mai : AB rompt avec Picabia et lui fait connaître ses réserves.

4 mai  : Aragon, Breton, Morise et Vitrac imaginent de parcourir la France à pied, durant une dizaine de jours, en dormant à la belle étoile, et de voir ce qui en ressortirait, sur tous les plans. Le tirage au sort les fait partir de Blois, pour parcourir la Sologne, ses marais, ses sables insalubres, etc. à la gare d’Argent, Morise s’attaque à un christ qui n’avait rien à y faire. Au cours de la marche, Aragon et Vitrac se chamaillent. Ce dernier à évoqué l’expérience sous le titre de « voyage magique », de caractère initiatique. Déambulation écourtée, décevante sur le plan formel, d’où naquirent pourtant de beaux textes automatiques, où les femmes, absentes du quatuor, sont très présentes.

15 mai : élection du « cartel des gauches ».

15 mai : recréation de L’Étoile au front de Raymond Roussel. Réplique de Desnos : « Nous sommes la claque et vous êtes la joue ».

20 juin : G. Gallimard présente son compte à AB. Il lui doit 3.000 FF pour Littérature (3 415,16 Euros en 2022 ), qui n’a que 20 abonnés ; les libraires refusent d’en prendre le dépôt, etc. AB décide de publier sa revue sous forme de numéros spéciaux. Gallimard accepte de poursuivre sa gestion.

6 juillet : Soirée du Cœur à barbe, organisée au Théâtre Michel par le groupe Tcherez. Sabotage par AB et ses amis, au prétexte que la pièce de Tzara a déjà été jouée. En 1re partie ; Pierre de Massot vient déclamer une provocante litanie des morts. AB s’insurge, monte sur la scène et le frappe de sa canne, lui cassant le bras. Chahut.

14 août : AB prend son congé d’été. Séjourne à Lorient avec Simone.

22 août : AB compose une vingtaine de poèmes dont il se déclare satisfait (lettre à J. Doucet, (OC I, 1 185)
Visite surprise à Lorient d’Éluard et Marcel Noll.

7 septembre : AB et Simone se rendent au manoir de Camaret pour rencontrer le poète Saint-Pol Roux, qui les accueille chaleureusement. Il offre Anciennetés, accompagné de cette dédicace : « À André Breton “le verbe doit parler autrement et dire autre chose”, en souvenir de sa visite et de celle d’enchantement de sa jeune dame, Saint-Pol Roux, manoir de Coecilian, 7 septembre 1927 » (7 au lieu de 3) Le recueil Clair de terre lui est dédié.


Le manoir de Saint-Pol-Roux vers 1925 – photo Georges Arlaud.

9 octobre : Picasso lui offre son portrait qui figurera dans le recueil Clair de Terre, publié à compte d’auteur par AB, achevé d’ipmrimer le 15 nov.

Portrait d’André Breton par Pablo Picasso. Clair de terre.

14 octobre : AB à Valvins pour hommage à Mallarmé.

Paul Nadar, Stéphane Mallarmé au châle, photographie, 1895© YVAN BOURHIS

20 octobre : Les Feuilles Libres publient un inédit de Rimbaud, « Poison perdu ». AB dénonce aussitôt le faux.

11 novembre : AB n’apprécie pas la maison d’Eluard à Eaubonne : « La décoration de Max Ernst dépasse en horreur tout ce qu’on peut imaginer. On se prend à regretter Boucher, à quoi rêvent les jeunes filles, les petits Saxes. » (Lettre à Simone)

8-24 décembre : Procès aux assises de Germaine Berton (1902-1942). Ouvrière, anarchiste libertaire. Elle est jugée pour l’assassinat, le 22 janvier 1923, de Marius Plateau, membre de l’Action française et chef des Camelots du Roi. Simple accident du travail, ironise Aragon. AB déclare :« l’opinion de Germaine Berton est infiniment plus considérable que celle de Monsieur Gide ».

À l’issue de son procès, AB et ses amis Aragon et Max Morise lui portent une corbeille de roses rouges avec ces mots : « À Germaine Berton, qui a fait ce que nous n’avons pas su faire. » (lettre de Simone à Denise, 24 décembre 1923).

1924

28 janvier : AB à Félix Fénéon :« Je vous dois un très grand plaisir, qui a fait l’enchantement de toute une journée. Est-ce à la révélation de Seurat, est-ce à votre charmant accueil et à celui de Mme Fénéon que j’ai éprouvé le plus de joie – je ne saurais le dire, mais je me promets bien, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, de ne pas en rester là avec vous. »

1er février 1924 : « La confession dédaigneuse », [extrait], Paris-Journal.

5 février 1924 : AB : Les Pas perdus, essais 1918-1923. Paris, Gallimard, coll. Documents bleus, 212 p.

Mars : la librairie Gallimard, Bd Raspail, consacre une vitrine à : Les Pas perdus, avec les ouvrages auxquels il est fait référence, de pages manuscrites, etc.

8 mars : Simone absente, Desnos dîne chez AB, puis ils se livrent à des exercices d’écriture et notent « la voix qui se cache après avoir parlé et qui se tait et qui abuse ».

24 mars, Éluard disparaît. Le lendemain, son recueil Mourir de ne pas mourir paraît avec cet exergue « Pour tout simplifier je dédie mon dernier livre à André Breton ». Celui-ci est très affecté. Il écrit : « Quel est‑il ? Où va‑t‑il ? Qu’est‑il devenu ? […] N’a‑t‑il pas suivi le chemin qui se perd dans les cerveaux de l’idée, ne faisait‑il pas partie du glouglou de la bouteille de la mort ? » (OC I, 381).

Éluard fera un long voyage autour du monde, et sera de retour en octobre, au Cyrano, comme si de rien n’était.

18 avril : AB rédige une définition du surréalisme qui ne doit rien à Apollinaire.

17 juin : AB informe Simone qu’il projette d’écrire un manifeste avec Aragon et Soupault ; pour définir leur conception du surréalisme.

Fin juin : AB achève sa présentation de Poisson soluble :  C’est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L’existence est ailleurs. » (OC I, 346)

Juillet : AB et Simone en vacances à Lorient.
Rencontre des amis éparpillés en Bretagne.
AB transforme sa préface en Manifeste du surréalisme.

13 juillet : AB et Simone viennent en aide à Clara Malraux, dont le mari est condamné à la prison pour vol de pièces sacrées en Indochine.

22 juillet : AB vient au secours de Limbour , impliqué dans un incident à Mayence.

3 octobre : AB fait la connaissance d’André Masson en son atelier. Amitié décisive.

3 octobre : Antonin Artaud refuse de se lier à un groupe, quel qu’il soit, mais il accepte de rencontrer les futurs surréalistes au café Cyrano, « beau comme une vague, émouvant comme une catastrophe », dit de lui Simone ».

7 octobre : retour d’Éluard : «  « Alors, il m’a mis un petit mot, qu’il m’attendait hier à Cyrano, ni plus ni moins. / C’est bien le même, à n’en pas douter. / Des vacances, quoi. » AB à Marcel Noll.

10 octobre : décision de fonder une revue, La Révolution surréaliste, dirigée par Pierre Naville et Benjamin Péret (1924-1925) pour les numéros 1 à 3.

Manifeste du surréalisme et fiche pédagogique sur le surréalisme

10 octobre : ouverture du Bureau de recherches surréalistes, 15 rue de Grenelle. Dirigé par Francis Gérard puis Antonin Artaud.

Le Bureau est ouvert chaque après-midi à tout public. Un registre consigne l’activité.

Voir les Archives du Cahier du Bureau des Recherches surréalistes paru en 1988, présentées et annotées par P. Thévenin.

11 octobre : Maurice Martin du Gard : « André Breton », Les Nouvelles littéraires. Compte rendu du Manifeste du surréalisme lu sur épreuves.

15 octobre : Manifeste du surréalisme, Poisson soluble. Paris, éd. Du Sagittaire chez Simon Kra, 1924, 194 p.

Parmi bien d’autres, un envoi de l’auteur à un grand penseu: « à Henri Bergson, / très humble hommage / d’admiration / André Breton / 42 rue Fontaine Paris IXe »

18 octobre 1924 : Un Cadavre, pamphlet après la mort d’Anatole France ; Aragon et Breton renvoyés par Jacques Doucet (qui ne se séparera d’eux que progressivement).

8 novembre 1924 : AB propose à Jacques Doucet d’élaborer une bibliographie de sa collection littéraire pour en déterminer la valeur bibliophilique.

3 décembre : AB, Aragon, Naville à l’imprimerie où sort La Révolution surréaliste.

12 décembre 1924 : J. Doucet acquiert enfin Les Demoiselles d’Avigon. AB le félicite : « Pour moi c’est un symbole pur, comme le tableau chaldéen, une projection intense de cet idéal moderne que nous n’arrivons à saisir que par bribes » (Lettres).

André Breton chronologie numérique (2)

1915 – 1918 AB mobilisé

1915

26 février : la classe classe 1916 est appelée sous les drapeaux par anticipation dès 1915.
Matricule militaire n° 4617. (Voir archives de la Seine)

12 avril-29 juin 1915 : AB fait ses classes au 17e régiment d’artillerie de campagne à Pontivy (Morbihan). T. Fraenkel est au Crotoy (AB à T. F. jeudi 22 avril 1915, M. Bonnet p. 70).

André Breton militaire

Citant Rimbaud « Je meurs, je me décompose dans la platitude, dans la mauvaiseté, dans la grisaille. » N’est-ce pas cela « l’école des bons travaux abrutissants ? » demande-t-il à Fraenkel.

Les appels patriotiques de Bergson ou de Barrès le laissent indifférent (OC III, 436).

Lit Les Jours et les Nuits, roman d’un déserteur, d’Alfred Jarry, les premiers recueils poétiques de Pierre-Jean Jouve, et surtout Guillaume Apollinaire.

7 juin 1915 : AB demande l’aide de Valéry pour le sortir de cette situation : « J’entrevois le monde très lointain des poètes que j’aimais ; je retrouve en souvenir, avec incrédulité, ma vie sentimentale d’hier. Un instant, je déjoue le complot des choses d’ici. »

André Breton à Nantes pendant la Grande Guerre
André Breton à Nantes pendant la Grande Guerre

Juillet 1915-juin 1916 Nantes

AB affecté 2 section d’infirmiers militaires, comme interne à l’hôpital bénévole, ambulance municipale n° 103 bis, 2 rue Du Boccage à Nantes. C’est le lycée de jeunes filles, Lycée Guisthau, alors en construction.

Octobre 1915 : Théodore Fraenkel est affecté à Nantes dans le même hôpital que AB.

Son affectation d’interne en médecine est très prenante, mais elle le change du sac au dos !

Lectures de Jarry, Apollinaire, René Boylesves, Francis James, Jules Laforgue, René Ghil, Paul Fort, Pierre Louÿs et les maîtres : Baudelaire, Mallarmé et Valéry.

30 août 1915, AB est promu soldat de 1ère classe.

Octobre 1915. T. Fraenkel et AB à Nantes.
AB et T. Fraenkel à Nantes en Octobre 1915

10 octobre 1915, première nuit platonique à l’hôtel avec sa cousine Manon, Madeleine Le Gouguès (née le 18 février 1894). Il lui avait dédié en septembre 1913 un poème manuscrit sur un éventail (OC I, 36).

Madeleine Le Gouguès, dite Manon. Cousine d'André Breton.
La cousine Manon

24 octobre 1915, seconde nuit, couche avec Manon. Déception totale, AB se déclare tenant de l’agynisme (indifférence à l’égard de la femme) auprès d’André Paris.

27 octobre 1915 : AB fait part de cette liaison à son camarade André Paris (étudiant en pharmacie, connu durant son service à Nantes, alors à Paris) : « aventure sentimentale terrible ».

Décembre 1915 : début des relations épistolaires avec Apollinaire. Voir dossier numérique : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Po%C3 %A8te_assassin%C3 %A9/Correspondance_manuscrite
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10084658f/f12.item.langFR

Décembre 1915 : AB et Théodore Fraenkel font la connaissance de Jacques Vaché, dans son lit d’hôpital rue Du Boccage, où il avait été admis le 22 novembre, puis opéré le 7 décembre. Ils s’y verront jusqu’au 8 février 1916, date de son transfert dans un autre hôpital militaire nantais, 10, rue Arsène-Leloup.

La logique temporelle et les recherches des éditeurs des récentes Lettres de guerre 1914-1918 de Vaché, présentées et annotées par Patrice Allain et Thomas Guillemin (Gallimard, 2018), fondées sur son livret militaire, nous conduisent à avancer de deux mois, par rapport à notre livre, cette rencontre, capitale pour AB.

Usant des permissions, AB et Vaché iront ensemble dans l’unique cinéma et fréquenteront les bouges du quai de la Fosse. Ils se reverront trois fois à Paris, en 1917 et une dernière fois en octobre 1918, avant le décès prématuré de celui qu’AB désignait comme son émancipateur.

Lorsqu’il publiera ses Lettres de guerre en 1919, AB reconnaîtra la forte influence qu’il exerça sur lui : « Il a déjoué en moi ce complot de forces obscures qui mène à se croire quelque chose d’aussi absurde qu’une vocation », confessera-t-il (OC I, 194).

Jacque Vaché sur son lit d’hôpital décembre 1915 .
https://xn--jacquesvach-lbb.fr/

« Avare de confidences sur sa vie passée » selon AB, Vaché était né à Lorient le 7 septembre 1895 d’un père militaire de carrière, assez dur avec lui, et d’une mère très sensible. Dès le lycée, à Nantes, il avait fait partie d’un groupe de jeunes anarchistes épris de littérature nouvelle, dénigrant le bourgeois, et se donnant des pseudonymes burlesques. Il avait composé des poèmes symbolistes, qu’il livrait à d’éphémères revues. AB notera son « Umour » sans h (hérité de Jarry), son détachement et son refus des valeurs établies. Relatant leurs aventures nantaises, il dira : « Nous fûmes ces gais terroristes, sentimentaux à peine plus qu’il était de raison, des garnements qui promettent » (OC I, 229).

Voir ses Lettres de guerre (1919) publication numérique : Lire les Lettres de guerre (xn—jacquesvach-lbb. Site officiel de Jacques Vaché.

1916

9 janvier 1916 : « Les poètes contemporains nous prêtent mystiquement compagnie » déclare AB à André Paris, lui expliquant comment il peut, grâce à eux, dominer le mouvement moutonnier de ses compagnons.

Il bénéficie d’une chambre pour lui seul à l’hôpital, qu’il décrit à Paul Valéry ce dimanche, lui nommant les peintres : Gauguin, Toulouse-Lautrec, Matisse, Van Dongen, dont il s’est procuré des reproductions.

9 janvier 1916 le poème « À vous seule », suscite ce diagnostic de Valéry : « Quand le Rimbaud, le Mallarmé, inconciliables, se tâtent dans un poète », c’est ce que les physiciens nomment « l’état critique »

Compose le poème « Décembre » (OC I, 10), où apparaît pour la première fois le thème épique ; le soumet simultanément (par correspondance) à Valéry, Apollinaire et à Francis Vielé-Griffin (1864-1937).

10 janvier 1916 : AB écrit au Dr Bonniot, médecin-major dans le même hôpital auxiliaire, demeurant à Nantes avec son épouse, Geneviève, la fille unique de Mallarmé. Il passera chez eux de délicieuses soirées, où il lui sera donné de lire le manuscrit d’Igitur, encore inconnu du public. Voir : (Lettres publiées par J.-L. Steinmetz, Mélusine XV, 1995, p. 253-265).

8 février 1916 : naissance de Dada au Cabaret Volaire, à Zurich (AB en aura connaissance par Apollinaire à qui Tristan Tzara écrivit en octobre 1916. La 1ère lettre de Tzara à Breton est datée du 6 janvier 1919).

14 février 1916 : Apollinaire lui écrit : « Je ne vous donne pas le détail de toutes mes lectures. Les anthologies des classes y jouent un grand rôle. »

19 février 1916 : AB achève le poème « Âge », dédié à Léon-Paul Fargue (1876-1947).

6 mars 1916 : AB s’interroge sur sa vocation poétique. Il en entretient ses correspondants.

« Je voudrais, délivré de l’obsession poétique, me persuader que le cinéma, les pages de quotidien ne recèlent pas ce qu’une mythologie me refuse à présent. » « Raffinement, banalité… Il importe de purger son esprit de ces catégories. Vous sentez le pourquoi » lui répond Valéry.

12 mars : « Il faut être naturel et ne pas avoir peur de fantômes ni des choses simples. […] Je crois que Rimbaud pressentit bien des choses modernes. Mais ni Valéry ni d’autres raffinés ne les ont senties » lui écrit Apollinaire.

22 mars : Vaché versé au 65 R.I. (Compagnie du Port de Nantes). Breton dit l’avoir vu « décharger le charbon de la Loire ».

J. Vaché interprète à Nantes (coll. part.)

19 avril : AB prend contact épistolaire avec Léon-Paul Fargue. « « L’heure que j’ai choisie pour lire Tancrède n’a su gâter mes joies. » lui écrit-il en lui adressant le poème « Âge » qui, faute de réponse, paraîtra sans dédicace.

24 avril : « Br. en rimbaldisme. Crises passionnelles successives dont l’objet varie, de force inégale. » (TF, Carnets, p. 25)

30 avril 1916 : AB à TF : « Annie me sait noble et décline expressivement le verbe tromper. Les euphorbes s’amusent dans l’îlot de l’innocence qui répugne à mentir ». Dans le parc de Procé, AB a été accosté par une jeune fille qui lui récite du Rimbaud : « ce qui m’a valu, un jour où je me promenais seul sous une pluie battante, de rencontrer une jeune fille, la première à m’adresser la parole, qui, sans préambule, comme nous faisions quelques pas, s’offrit à me réciter un des poèmes qu’elle préférait : Le dormeur du Val. » écrira-t-il dans Nadja (OC I, 676). Notons, au passage, que mentionner un soldat mort devant un militaire n’est pas du meilleur goût ! Ce qui n’empêcha pas ce dernier de l’embrasser à minuit, sous l’égide d’une statue de Vénus ou, plus exactement, de la Loire. Par jeu, T.F. accepte de se substituer à Breton dans cette relation sentimentale avec la jeune nantaise éprise de littérature, Annie Padiou. Ils se reverront à Paris et auront une liaison intermittente. « L’ami poursuivait Annie, Annie le poète, le poète son ombre. Aucun d’eux n’atteignit son but » écrira Georges Gabory, le secrétaire de Gaston Gallimard, en relatant ce marivaudage quelques années après (« Soirées perdues », NRF, oct. 1921, p. 416-417). Gabory reparaît dans un rêve d’AB, OC I, 49). Lire l’article de Patrice Allain « Nantes. Qui me hante ? », accompagné des fac-similé des lettres d’AB et d’Annie Mélusine n° XXXVII, p. 85-102.

10 mai : permission à Paris, 1ère visite à Apollinaire (blessé à la tête le 17 mars 1916, au Bois des Buttes), opéré à l’hôpital du Gouvernement italien, 41 quai d’Orsay : « La première fois qu’il devait m’apparaître physiquement, c’est sur son lit d’hôpital, le 10 mai 1916, soit le lendemain de sa trépanation, ainsi que me le rappelle la dédicace de mon exemplaire d’Alcools. A partir de là, je devais le revoir presque chaque jour jusqu’à sa mort. » (OC III, 437).

Apollinaire à l'hôpital italien après sa trépanation. Mars 1916.
Apollinaire après sa trépanation à l’hôpital italien 1916.

trépanation d’Apollinaire, hôpital italien apollinaire trépanation – Bing images

18 juin : lettre d’AB à André Paris au sujet d’Alice.

23 juin : « La belle, belle vie ! Qu’on vive, ô quelle délicate merveille ! », écrit AB à Fraenkel, pour qui Alice est une femme perverse et stupide (Carnets, p. 36).

7 juillet : AB écrit aux époux Bonniot, s’excuse de n’avoir pu passer la soirée chez eux, retenu à son poste par des tâches indignes. Il demande au docteur de le faire affecter à des activités médicales. Joint 2 poèmes : « A vous seule » (OC I, 43) et « Façon » (OC I, 5)

10 juillet : Fraenkel témoin privilégié de la crise rimbaldienne que Breton traverse à Nantes : Selon lui, Breton serait « Hanté de découvrir le sens moderne, il le cherche, parmi ceux qui vivent, parfois même en lui. ».

AB conviendra que l’envoûtement rimbaldien cessa brusquement lorsqu’il se trouva muté à l’hôpital psychiatrique de Saint-Dizier (Haute-Marne).

AB interne à Saint-Dizier.
André Breton au centre psychologique de la IIe armée de Saint-Dizier fin juillet- mi novembre 1916. Centre qui deviendra Hôpital André Breton.

Réservé devant le 7 art naissant, TF constate : « Le cinéma attire Br. Incapable de se justifier par l’affirmation d’une seule belle œuvre parmi tous les films qu’il ait vus, il admire le moyen moderne d’expression en soi. » Puis vient la sentence : « La décrépitude de Br. me navre ».

24 juillet 1916 : AB écrit à P. Valéry : « Je suis conquis par l’espoir du front vu aux lueurs des tirs de G. Apollinaire ou à la faveur du feu d’artifice de sa Nuit d’avril » en lui adressant ce distique à propos de la préfecture où il fait étape deux semaines : « Chaumont : ses bâches, – d’une Aulis / Ayant peu, – sèvrent nos lis. »
Voir l’expo-balade
Catalogue.

26 juillet : a demande, affecté au centre neuropsychiatrique de Saint-Dizier, dirigé par le Docteur Raoul Leroy (1868-1941), spécialiste des hallucinations, ancien assistant de Jean-Martin Charcot (1823-1893).

2 août 1916 : de Chaumont, où il est caserné avant de se rendre à Saint-Dizier, AB écrit aux Bonniot. Il a dû quitter Nantes précipitamment, sans leur dire adieu. Ému des soirées passées à entendre parler de Mallarmé au quotidien, rappelle les relations communes avec Valéry ; Pierre Louys et Apollinaire. Les informe de son affectation à l’hôpital neuropsychiatrique de Saint-Dizier. Joint le poème « Coqs de bruyère » (OC I, 9), composé le dimanche précédent.

3 août : R. Leroy accueille AB avec bienveillance. Il lui confie une tâche d’assistant, et lui accorde un entretien quotidien, très familier. AB le décrit ainsi à T F : « C’est une figure étrange, avec ses cheveux bleus en vieille brosse, ses yeux d’azur clair, sa tête en cube, ses creux sillons nasolabiaux, sa vareuse défraîchi. Il est doux, superbement lucide, blasphème avec élégance et lit La Croix. »

AB est chargé d’interroger les soldats commotionnés, évacués du front, mais aussi ceux qui sont passibles du conseil de guerre. Sa tâche consiste à rédiger une observation, en posant des questions très simples et répétitives.

Leroy lui révèle les pratiques discutables de Charcot, voire sa naïveté : « Charcot ? La perversité des hystériques ? Bast, toutes les femmes ne sont-elles pas putains ? Et Luys ?… Clarisse, Rachel, très bien connues : elles se foutaient de lui. Moi je les ai…’’ Non »

Début août, AB à André Paris : « Je laisse fermenter en mon esprit des penchants contradictoires et je me désintéresse passablement du match », écrit-il à André Paris, prévoyant un arbitrage par les faits ».

Début août, à TF : « Une crise intellectuelle très douloureuse brise mes forces. Elle est connue sous le nom de psychopathophobie ! Je me suis consacré un peu trop exclusivement ces derniers jours à l’examen des malades. C’est rouvrant les Illuminations que j’ai pris peur. Ne trouvant plus sacré le désordre de l’esprit, je m’agitais sur l’aboutissement de la méthode littéraire : faire venir sur quelque sujet de multiples idées, choisir entre cent images. L’originalité poétique y réside. “Ma santé fut menacée. La terreur venait”, dit Rimbaud. Je viens de connaître le même ébranlement sous le coup de ces nouveautés. Des phrases comme : ‘’Ma jeunesse, – M. Le Major – je viens d’absorber du lait qui, j’espère, vous la fera paraître blanche’ ou : “depuis vingt-trois mois, je prostitue ma peau au canon de l’ennemi “, ne voilà-t-il pas des images étonnantes, à des échelons plus haut que celles qui nous viendraient ? Cependant je ne puis trouver pour cela d’admiration. L’anormalité des crânes, les fameux prognathismes de ces gens s’y opposent. Je me borne à leur jalouser quelques fonctions intellectuelles, parfois. Souvent aussi, je me vante nos différences et à l’encontre de mon dessein poétique je tends encore à m’éloigner d’eux. Comprends-tu, je crains que cette dernière réaction exécute en moi la poésie… Pardon si déjà je ne sais plus parler ».

Le sujet d’études me passionne. Enfin : je pourrai rire des psychologues amateurs, en sachant bien plus qu’eux ! »

7 août : AB à Valéry : « Mon service entier revient à un interrogatoire continu avec qui la France est-elle en guerre et à quoi rêvez-vous la nuit ? »

19 août : « Br. dans son hôpital de fous s’émeut et s’épouvante de voir des aliénés plus grands poètes que lui ». Fraenkel, Carnets.

30 août : TF s’interroge : « Br. évolue vers le plus terrible drame : abandon de sa jeunesse, abjuration de l’art. Pourquoi ? » Carnets.

31 août : résumant ses nouvelles lectures scientifiques AB à TF : « Démence précoce, paranoïa, états crépusculaires. / O poésie allemande, Freud et Kraepelin ! »

Il lit le manuel de E. Régis et A. Hesnard, La Psychoanalyse des névroses et des psychoses (1914), qui le fait s’enthousiasmer pour la théorie freudienne, pages rédigées par le seul Henard à qui il adressera cet envoi sr Nadja : « Au Dr Hesnard qui, presque seul en France, promène une lampe non éteinte dans les châteaux en ruine de l’esprit, respectueux hommages ». Il recopie des pages entières pour Fraenkel, qu’il tente de convertir à cette méthode de traitement. Il en parlera aussi à Valéry et Apollinaire (15 août 1916), leur suggérant de s’y intéresser pour leur propre activité poétique.

25 septembre : AB précise à TF les ouvrages de psychiatrie qu’il pratique, et qui lui font conjurer l’amour e la poésie : E. Régis, Précis de psychiatrie ; Gilbert Ballet, Traité de pathologie mentale, Leçons de clinique médicale sur les psychoses et les affections nerveuses ; Maurice de Fleury, Introduction à la médecine de l’esprit ; Magnan, Leçons cliniques sur les maladies mentales ; Charcot, Leçons sur les maladies du système nerveux ; Constanza Pascal, La Démence précoce…

Simultanément, il s’initie à la neurologie, à laquelle le Dr Babinski consacre une part spécifique, à l’écart de la psychiatrie. Il prend goût à ses études, au point de penser à devenir psychiatre dans un asile !

10 octobre : AB écrit à Annie Padiou : « Les années du voyage, je compte, Annie, te retrouver souvent. Je ferai attention à ne point m’attendrir, tu sauras ne jamais me détourner du but. J’arriverai ! (…) En route ! » (copie pour servir d’observation à TF)

11 octobre : AB écrit à TF : « Je m’occupe un peu d’hystérie, je me procurerai de nouveaux bouquins ». « J’attends de te revoir en un cadre quelconque, aussi bien Paris, tout en craignant pour ma volonté. Dame, elle ne se raffermit pas, subit maint contre-coup ! Ce sont encore ces lettres déchirées et récrites, ce flottement, l’autre phobie du temps perdu, la dépréciation du rendement. Qu’on me donne un psychiatre viennois : je paierai. Moi qui dis tout de suite de ce monsieur, cultivateur ou grand-duc : un débile, un dégénérescent, je suis impuissant à traiter mon psychique propre. Sédol, bromure, douches froides ? »

11 octobre : Vaché interroge : « Vos illuminés ont-ils le droit d’écrire ? – je correspondrais bien avec un persécuté ou un “catatonique” ». (Lettres de guerre)

27 octobre : AB compose le poème « Soldat » : « Je m’éclaire aux lampres d’Aladin » OC I, 44). Il écrit à TF : « J’éprouve un malaise physique incaractérisable, nullement localisable. Mentalement c’est trop de complaisance à la pluie, au froid, une souffrance comme de facultés rétractées. […] Je répondais par monosyllabes à Leroy, toute la visite ».

29 octobre : au cours d’une permission, TF est allé voir AB dans son hôpital : « La transformation d’A.B. est effrayante. Il me contraignit toute la soirée à l’écouter sur la démence précoce, et m’intéressa, moi passif ! comme toujours… » (Carnets, p. 61)

8 novembre : « Je suis peut-être à la veille d’éprouver une admiration bizarre et, comme d’ordinaire, bruyante pour le docteur Babinski. J’examine avec complaisance les progrès de ma volonté : je fais occuper par un ami la place d’externe vacante à la clinique neurologique de la Pitié. Je saurai ainsi ce qui me plaira ».

12 au 19 novembre : permission à Paris. AB revoit Valéry. Apollinaire lui reprochera de ne pas lui avoir rendu visite.

À son retour, directement envoyé au front, dans un groupe de brancardiers divisionnaires, en dépit des protestations du Dr Leroy.

AB ému par un soldat d’une bravoure démente, qu’il a fallu ramener de force de la ligne de feu où il prétendait commander aux obus. Il compose « Sujet » (OC I, 24) qui paraîtra dans Nord-Sud, n° 14, avril 1918.

18 novembre : AB à RF, à propos de La Jeune Parque dont Valéry lui a soumit le manuscrit : « Il y a donc abdication. Monsieur Teste fut un fantoche […] musique autour d’un tombeau, camaïeu gris ». (OC I, 1 434)

Conclusion, en 1952, sur son affectation à Saint-Dizier : « Le séjour que j’ai fait en ce lieu et l’attention soutenue que j’ai portée à ce qui s’y passait ont compté grandement dans ma vie et ont eu sans doute une influence décisive sur le déroulement de ma pensée. C’est là (…) que j’ai pu expérimenter sur les malades les procédés d’investigation de la psychanalyse, en particulier l’enregistrement (…) des rêves et des associations d’idées incontrôlées. On peut déjà observer en passant que ces rêves, ces catégories d’associations constitueront, au départ, presque tout le matériel surréaliste. » (Entretiens, OC III, 442)

Fin novembre : « profit et déficit, j’ai quitté Saint-Dizier pour une formation sanitaire de l’avant. J’emporte Rimbaud dans mon sac, un livre en cas de recours sur la Démence précoce et j’attends l’Ecce Homo de Nietzsche. Je suis très malheureux, l’absence de TF au groupe m’eut fait agonisant. Figure-toi : je rentrais de Paris, méditant sur un entretien rue de Villejust et me souvenant du charme de vers inattendus. Cela peut paraître et tu seras surpris. Je te recommande Le Poète assassiné […] Merveilleux de couleur et de sens moderne. Inquiétudes mentales persistantes, inhibition prolongée de la faculté créatrice. » (Lettre AB à René Hilsum, Catalogue de la vente Drouot-Richelieu, 17 mars 1994).

18 décembre : participe comme brancardier à l’offensive de la Meuse.

19 décembre 1916 : fin de la bataille de Verdun (depuis le 21 février 1916).

20 décembre : AB envoie le poème « Soldat » à Apollinaire.

30 décembre : AB à Valéry : durant dix jours, il campe dans une cave parmi les ruines, faisant le tri des blessés à la lumière d’une lampe à acétylène. Les fusées éclairantes détachent, un instant, la silhouette des troncs d’arbre fracassés, et c’est à nouveau la nuit. (OC I, 1116). Voir « Je m’éclaire aux lampes d’Aladin… » (OC I, 44). Pour Valéry il commente : « Je ne sais pas combien les impressions ressenties là peuvent être estimées. Il me semble à présent avoir éprouvé quelques heures de vertige assez agréable. Ainsi par exemple advient‑il de ce beau minuit où j’ai traîné jusqu’à la péniche d’évacuation, sous le bombardement, à plusieurs kilomètres, « la chignole » porte-brancard – dans l’argot de mes compagnons. Je compare cela à la volupté de nager, de galoper. La muse d’Apollinaire un certain temps me soutenait. »

30 décembre 1916 : lettre aux Bonniot. AB relate ses épreuves comme brancardier lors de l’offensive de Verdun, à 500 m des lignes ; évoque les soirées passées à Nantes, critique son style poétique. Vœux. Prochaine permission, espère relire « Un coup de dés ». Joint : « Décembre » remanié.

André Breton et Théodore Fraenkel à l'hôpital de Nantes, 1916.
André Breton et Théodore Fraenkel à l’hôpital de Nantes, 1916.

1917

8 janvier : après sa permission, AB est affecté à la 22ᵉ section d’infirmiers militaires à Paris, afin de suivre des cours au Val‑de‑Grâce pour devenir médecin-auxiliaire. Tous les après-midi, de 14 à 18 heures, il se morfond « dans les cours les plus intérieures » écrit-il à Valéry.

Fin février, AB est attaché comme externe au Centre neurologique de la Pitié, dans le service du Professeur Babinski. AB l’assiste et il admire la fièvre du chercheur. Ce dernier lui dédicace son Hystérie-Pithiatisme et troubles nerveux d’ordre réflexe en lui prédisant un grand avenir médical.
Rencontre régulièrement Apollinaire, Valéry, Royère.

20 février au 30 août 1917 : officiellement alité dans le service du Pr Aron à la Salpétrière pour une crise d’appendicite.

15 mars 1917 : Reverdy crée la revue Nord-Sud.

23 mars : « André Derain » (OC I, 11) son unique poème de l’année.

24 mars 1917 : Apollinaire lui demande d’écrire à son sujet : « Je ne connais personne qui puisse aussi bien parler de ce que j’ai fait que vous. »

1ᵉʳ avril : début d’une correspondance avec Pierre Reverdy : « Votre poème « André Derain » passera dans Nord-Sud après avril, le numéro de ce mois étant prêt… » De fait, le poème sortira dans le n° 12, février 1918. (voir 32 lettres inédites à AB publication numérique).

4 avril : AB chez Apollinaire « par un temps impossible et, pour une première sortie, rester plus d’une heure à genoux en train d’exhumer de merveilleuses gravures, me redonne la fièvre » confie-t-il à André Paris le lendemain.

26 avril : subit une intervention chirurgicale à la Pitié.
//www.erudit.org/en/journals/etudlitt/1900-v1-n1-etudlitt2184/500114ar.pdf

29 avril : Vaché propose à Breton deux définitions de l’« Umour » : « Il est dans l’essence des symboles d’être symboliques » et « Je crois que c’est une sensation – J’allais presque dire un SENS – aussi – de l’inutilité théâtrale (et sans joie) de tout. »

3 mai : AB à André Paris : « Rien de menaçant, que mélancolie de blanche station, et du malade égoïste : je suis bien incapable d’écrire, vous en jugez… »

5 mai : TF retour de sa mission en Russie.

18 mai 1917 : Parade de Cocteau, créé au Châtelet, dans sa préface, Apollinaire crée le mot « sur-réaliste »

13 mai : AB à A. Paris : « L’admirable poème de Paul Valéry La Jeune Parque, vient seulement de paraître. Vous l’aimerez, je crois, infiniment. »

19 mai : AB à Valéry : « Que j’ai aimé votre Jeune Parque ! Je ne me lasse point de la relire et c’est un enchantement sans fin, auquel je suis voué pour bien des ans. Cette poésie a les traits miraculeux de l’éternel ».

26 mai : TF va le voir à Moret, lui apporte L’Éducation sentimentale dont la lecture le met de mauvaise humeur.

Juin 1917 : TF part en mission en Russie.

Café de Flore vers 1900.

19 juin : au Café de Flore, Apollinaire lui présente Philippe Soupault : « Il faut que vous deveniez amis ». Celui-ci lui apparaît « comme sa poésie, extrêmement fin, un rien distant, aimable et aéré ». Son recueil de poèmes, Aquarium, paraîtra le mois suivant. Depuis février, il est à l’hôpital auxiliaire 47, au 121 boulevard Raspail une bronchite récurrente ; ce qui ne l’empêche pas de courir les rues, tout comme Apollinaire qui reçoit ses amis au Flore tous les mardis de 15h à 17h !

24 juin 1917 : création des Mamelles de Tiresias, « drame sur-réaliste » de Guillaume Apollinaire, mis en scène par Pierre Albert-Birot au Conservatoire Renée Maubel, rue de l’Orient (à Montmartre). Le spectacle commence avec un retard considérable, et le public est prêt à exploser. AB est dans la salle, avec son « légendaire ami » Jacques Vaché. Il forge sa légende, assurant qu’il était en tenue militaire, prêt à tirer à balle sur le public. Il soupçonnait Apollinaire, dont il n’appréciait pas la poésie, de « faire de l’art trop sciemment, de rafistoler du romantisme avec du fil téléphonique, et de ne pas savoir les dynamos » (Jacques Vaché, lettre à AB, 18 août 1917). Réjoui de la pièce, AB estime qu’elle n’annonçait pas une révolution théâtrale.

« Mon légendaire ami Jacques Vaché voulait tirer à balles sur le public » (Aragon, « Le 24 juin 1917 », SIC, n° 27, mars 1918).

26 juin 1917 : « Rencontre à Paris de Jacques Vaché, que nous avions aimé à Nantes ; l’ironiste, l’humouriste, le mystificateur féroce, menteur aristocrate et dédaigneux » note Fraenkel dans ses Carnets, p. 83.

Juillet 1917 Tzara crée la revue Dada à Zurich.

11 juillet : Reverdy lui écrit : « J’avais justement l’intention de faire paraître dans le prochain Nord-Sud votre poème « L’an suave ». Mais pour établir librement et en temps voulu ma mise en pages, il faut que je puisse sans restrictions disposer des manuscrits qui me sont confiés. » Ce poème paraîtra dans le n° 6-7 en sept. 1917.

22 juillet : Musidora (1889-1957), l’inoubliable interprète des Vampires de L. Feuillade, se produit à Bobino. Spectateur actif, AB lui lance un bouquet de roses et lui écrit « « Quel poète ne s’honorerait aujourd’hui de vous avoir pour interprète » (OC I, 1 745).

Affiche de 1915.

5 août : envoi « À André Breton / en souvenir de sa visite le / lendemain de ma trépanation / le 10 mai 1916 / Guillaume Apollinaire / le 5 août 1917 » sur un exemplaire d’Alcools, poèmes 1898-1913, Paris, Mercure de France, 1913, coll. Part. (voir Potlatch André Breton)

18 août : Vaché reproche à Apollinaire de « faire de l’art trop sciemment, de rafistoler du romantisme avec du fil téléphonique, et de ne pas savoir les dynamos ».

1ᵉʳ septembre : AB quitte à regret la Pitié. Affecté au Val-de-Grâce pour y suivre les cours préparant l’examen donnant accès aux fonctions de médecin-auxiliaire.

6 septembre 1917 : premier emploi du mot « surréalisme » : « Je puis dire que j’ai collaboré à la préface des Mamelles. L’homme, en voulant reproduire le mouvement, crée la roue pleine, sans rapport avec l’appareil des pattes qu’il a vu courir. L’appareil moteur de la locomotive retrouve ce jeu d’articulation dont la pensée de l’inventeur est partie. Le surréalisme comporte cette invention et ce perfectionnement. » (AB à TF).

6 septembre 1917 : tandis qu’Apollinaire le reçoit dans son pigeonnier du Bd Saint-Germain, AB confie à A. Paris qu’il préfère se promener le long des quais, chez les bouquinistes, à la recherche de Fantômas ou d’un Naz‑en‑l’air.

19 septembre : AB informe TF qu’il a reçu d’Annie Padiou « une lettre inattendue, équivoque et fâcheuse. »


Le médecin militaire Aragon et Théodore Fraenkel, photographie initialement publiée dans les Cahiers Dada n°1, 1965.

Septembre : 7 rue de l’Odéon à Paris, AB découvre la Maison des amis du Livre d’Adrienne Monnier : « Nous eûmes tout de suite de grandes conversations. Je crois bien que nous ne fûmes jamais d’accord. Même sur les sujets où nous aurions pu nous entendre : Novalis, Rimbaud, l’occultisme… il avait des vues exclusives qui me dépaysaient tout à fait. Il était beaucoup plus “avancé” que moi. Je lui paraissais certainement réactionnaire. […] Il était si fasciné par Mallarmé qu’il écrivait ses lettres en adoptant le ton courtois et précieux du maître, qui était très vieille-France. » (A. Monnier, Rue de l’Odéon, Albin Michel, 1960, p. 96).

Fin septembre 1917 : rencontre d’Aragon au Val-de-Grâce. Leur coup de foudre a été conté par Aragon dans l’article « Lautréamont et nous » des Lettres Françaises, n° 1185, 1ᵉʳ juin 1967, p. 5-9, et n° 1186, 8-14 juin 1967, p. 3-9, repris en volume aux éditions Sables, 2003. (L’hebdomadaire n’est pas numérisé par Gallica-BnF au-delà des années 50).

De fait, AB et Aragon se sont entrevus à la librairie d’Adrienne Monnier.

AB le décrit à TF : « Mais vraiment un poète, avec des yeux levés très haut, sans rien dans le geste de contenu, et si mal adapté ! Tout à fait jeune, avec une joie peut-être un peu moins terrible que la nôtre. » (in M. Bonnet, p. 120-121). Aragon n’a que dix-huit mois de moins qu’AB, mais il se considère aussitôt comme son « instrument » (jusqu’à son émancipation brutale en 1932). Ils occupent la même chambrée, qu’ils décorent de reproductions de Picasso, Braque, Matisse, Chagall et Cézanne, partagent les tours de garde et prennent le café ensemble puis ils parcourent le Boul’Mich’ en évoquant leurs auteurs préférés. Si le précoe Aragon a tout lu, c’est tout de même Breton qui est le plus avancé en matière de ploésie, puisqu’il fréquente Valéry et Apollinaire.

Octobre 1917 : Aragon et Breton achètent à A. Monnier le stock du numéro de Vers et Prose (1ᵉʳ trim.1914) contenant le premier Chant de Maldoror.

19 octobre 1917 : en remontant au front, Vaché passe par Paris où il rencontre Breton. Attablés au café, ils tentent de mettre au point une conférence de Vaché sur l’umour (sans h) : « Je crois que c’est une sensation – j’allais presque dire un sens aussi – de l’inutilité théâtrale (et sans joie) de tout. QUAND ON SAIT. » (lettre du 29 avril 1917). Cependant, Vaché n’est pas d’humeur à discuter, ce jour-là, et il s’en va seul le long du canal de l’Ourcq.

25 octobre : Révolution d’octobre en Russie.

26 novembre 1917 au Théâtre du Vieux-Colombier : conférence d’Apollinaire : « L’esprit nouveau et les poètes », AB a fait le choix des lectures. Cf. Henri Béhar, « La jambe et la roue », Que Vlo-ve ?, 31 A., n° 21, p. L’organisateur de la conférence, le comédien Pierre Bertin (1891-1984), qu’AB à rencontré au Val-de-Grâce où il est élève en médecine, lui propose d’intervenir sur la poésie nouvelle.

1918

André Breton, photo d’identité en 1918. © www.andrebreton.fr

2 janvier : AB à Valéry : « Vous me feriez convenir de mille choses à mon détriment. Je ne me retrouve qu’après vous avoir quitté. C’est vous reconnaître sur moi un grand pouvoir. Je saisis quelques uns des moyens de votre action. Mais la plupart sont mystérieux et infaillibles. (L’occulte me ravit et m’effraie). »

4 janvier 1918 : du Val-de-Grace, AB au Dr Bonniot. Compte sur lui pour le rapprocher de Valéry, n’écrit pas de poèmes mais plusieurs articles critiques. Annonce sa causerie sur Jarry au théâtre du Vieux-Colombier (OC I, 216-226), dit son attachement à Barrès.

6 janvier : 1ᵉʳ envoi lettre Tzara à AB par l’intermédiaire de P. Reverdy, Nord-Sud

10 janvier : lettre de P. Reverdy : « … Je trouve que vous avez un métier sans défaut et qu’on ne saurait guère trouver à redire à vos poèmes quand on les envisage sans aucun parti pris de tendances. Mais mes efforts, mes recherches ne sont pas dans le même sens que les vôtres et ce disant je ne vous apprends rien. C’est pourquoi vous ne figurez pas tous les mois au sommaire de Nord-Sud. Pourtant je n’ai pas cessé de vous considérer comme collaborateur de ma revue et vous le prouverai… »

22 janvier : en vue d’une conférence prévue au Vieux-Colombier en février ou mars, AB enquête sur Jarry auprès de Valéry, L.-P. Fargue n’a pas répondu, AB devra consulter Rachilde, l’épouse du directeur du Mercure de France, la seule amie et protectrice de Jarry. Conférence annulée en raison des tirs de la Grosse Berta sur le nord de Paris, elle paraîtra dans Les Écrits nouveaux, n° 13, janvier 1919.

4 janvier 1918 : du Val-de-Grace, AB au Dr Bonniot. Compte sur lui pour le rapprocher de Valéry, n’écrit pas de poèmes mais plusieurs articles critiques. Annonce sa causerie sur Jarry au théâtre du Vieux-Colombier (OC I, 216-226), dit son attachement à Barrès.

6 janvier : 1ᵉʳ envoi lettre Tzara à AB par l’intermédiaire de P. Reverdy, Nord-Sud

10 janvier : lettre de P. Reverdy : « … Je trouve que vous avez un métier sans défaut et qu’on ne saurait guère trouver à redire à vos poèmes quand on les envisage sans aucun parti pris de tendances. Mais mes efforts, mes recherches ne sont pas dans le même sens que les vôtres et ce disant je ne vous apprends rien. C’est pourquoi vous ne figurez pas tous les mois au sommaire de Nord-Sud. Pourtant je n’ai pas cessé de vous considérer comme collaborateur de ma revue et vous le prouverai… »

22 janvier : en vue d’une conférence prévue au Vieux-Colombier en février ou mars, AB enquête sur Jarry auprès de Valéry, L.-P. Fargue n’a pas répondu, AB devra consulter Rachilde, l’épouse du directeur du Mercure de France, la seule amie et protectrice de Jarry. Conférence annulée en raison des tirs de la Grosse Berta sur le nord de Paris, elle paraîtra dans Les Écrits nouveaux, n° 13, janvier 1919.

Rachilde par Félix Vallotton dans Le Livre des masques de Rémy de Gourmont , 1898

Mars : Nord-Sud n° 13, définition de l’image par Reverdy : « « L’image est une création pure de l’Esprit Elle ne peut naître d’une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l’image sera forte – plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique. » AB la discute. Il la reproduira en la modifiant.

Mars – avril : AB rend régulièrement visite à Apollinaire, au 202 Bd Saint-Germain, « entre les rayons de livres, les rangées de fétiches africains, des tableaux : Picasso, Chirico, Larionov… ». Il y découvre les deux premiers numéros de la revue Dada.

En mars, les 3 amis rendent visite à P. Reverdy le dimanche : « « Vous êtes tous trois, avec Aragon et Soupault, des amis que je suis fier et heureux d’avoir gagnés. Votre jeunesse, votre sincère pureté me donnent une satisfaction que l’on a bien rarement en art… » Reverdy à AB, 30 mai 1918.

Mars-avril 1918 : selon Aragon, au dernier étage du Val-de-Grâce, où sont enfermés les malades mentaux, le « 4e Fiévreux », Aragon et Breton se portent volontaires pour l’assistance médicale. Ils lisent à haute voix le 5 chant de Maldoror, dans l’exemplaire acheté par Soupault dans une librairie du Bd Raspail.

8 avril 1918 : Reverdy regrette d’avoir manqué les 3 amis (AB, Aragon, Soupault) venus le voir chez lui. Il lui écrit à propos de « Sujet » composé à Saint-Dizier : « Je crois que l’orientation qui se dessine dans votre dernier poème serait heureuse et donnerait de bons fruits. Votre talent trouvera mieux par là sa libre discipline. »

15 avril 1918 : achevé d’imprimer Apollinaire, Calligrammes, Mercure de France.

23 avril-1ᵉʳ mai : AB hospitalisé à Saint-Denis, hôpital auxiliaire n° 3.

Fin avril : échec somation médecin-auxiliaire.

7 mai : AB envoie « Sujet » à Valéry qui commente ainsi : « Savez-vous que cette espèce de prose m’a fort intéressé ? Quelques procédés rimbaldiques, peut-être certaines longueurs alourdissent ou désaxent ce monologue du poilu mental. Essayez de ne plus trop penser au grand Arthur. Il suffit d’y avoir pensé. Mais au travail il ne faut penser qu’à son affaire. Enlevez ce qui concerne les torpilles. Ce morceau vaut d’être repris. C’est un homme qui parle tout seul, à demi-voix, et tient des propos ni pour quelqu’un ni pour soi-même… À quand ce prosateur ? »

16 mai : AB affecté comme infirmier dans un régiment d’artillerie.

18 mai : rayé du registre des inscriptions en médecine à Paris (motif : inscrit à Nantes).

Les parents d’AB quittent Pantin pour résider à Lorient.

L’été à Moret
21 mai au 21 septembre 1918 : AB affecté comme infirmier auprès d’un régiment d’artillerie lourde à Moret‑sur‑Loing (Seine et Marne). Y passe un été « normal » écrit-il à Valéry le 19 juillet. Intrigué par le recueil de Jean Paulhan sur les Hain‑teny Merinas, poèmes-devinettes de tradition populaire malgache. Entreprend une correspondance avec l’auteur.

Juin 1918 : Tristan Tzara : Vingt-cinq Poèmes, Zurich. Recueil signalé par P. Albert-Birot en sept. à Aragon qui en informe AB

6 juin : AB informe Aragon : « Il semble qu’on va me rappeler à Nantes en juillet. »

9 juin : Aragon emprunte à Soupault Les Chants de Maldoror pour AB cantonné en qualité d’infirmier à Moret/Loing auprès d’un (confirmé par une lettre de Reverdy du 16 juin).

10-14 juin : Aragon lui écrit de Paris : « Je vais t’envoyer Poe, Soupault t’envoie Maldoror et à TF Paludes. (Lettres à Breton, Gallimard, p. 108)

12 juillet : AB communique à Aragon la trame de son article sur le lyrisme (promis à Reverdy au début de l’été, qu’il n’achèvera jamais) : « Tous les moyens d’expression lui sont bons. Confusions : de plan, de temps, de ton […] Mille autres péchés adorables contre la langue, (tu passes à une autre) la syntaxe (d’abord l’ellipse première celle du verbe) […] le mot faible ou usé en désespoir de cause, Beau comme Lautréamont, fautes d’orthographe comme dans les lettres d’amour, rimes soudain pauvres si tu te sers couramment des rimes, les indéfinis, près du ruisseau où tout se tient. Toutes les autres façons de donner sa langue au chat. Finalement les blancs comme la vie de Rimbaud après 1875 » (Fonds Aragon CNRS)

17 juillet 1918 : s’inscrit à la faculté de médecine de Nantes (cf. Le Rêve d’une ville. Nantes et le surréalisme. Musée des beaux-Arts de Nantes, 1994, p. 215-229).

20 juillet 1918 : AB à Aragon qui est sur le front : « Attention tout de même au canon ».

25 juillet : Valéry, qui a reçu ses 3 poèmes de l’année, exige un sonnet : « C’est à prendre ou à laisser ». Réponse d’AB : « je laisse ».

26 juillet 1918 : AB à Jean Paulhan : «« Vous trouveriez sans doute impertinent que je vous dise : Vous êtes précisément l’ami que j’attendais à cette époque de ma vie. J’ai vingt-deux ans. Il me semble, après cet aveu, que vous allez changer avec moi. » (Correspondance AB-Paulhan, Gallimard, 2022)

29 juillet 1918 : Lettre à TF : projet (non abouti) d’un livre sur des peintres contemporains, avec Aragon et Soupault. « Soupault, Aragon et moi nous allons entreprendre en collaboration un livre sur des peintres. J’ai proposé et fait adopter cette liste : Henri Rousseau, Henri Matisse, Picasso, André Derain, Marie Laurencin, Georges Braque, Juan Gris, Georges de Chirico. » (O.C I, 1083) Il pense aussi écrire un roman, en alternant les chapitres avec Aragon.

Photo de Guillaume Apollinaire blessé à la tête, 1916, avec dédicace à AB.
© www.andrebreton.fr

5 août 1918 : dédicace : « à André Breto(n) Guillaume Ap(ollinaire) août 1916 ». (Atelier AB)

Envoi d’Apollinaire : « A mon ami André Breton / très cordialement, / Guillaume Apollinaire. » Les Mamelles de Tirésias, drame surréaliste en deux actes et un prologue, avec la musique de Germaine Albert-Birot et sept dessins hors-texte de Serge Férat, ÉO, Paris, Éditions SIC, 1918, In-8°, 108 p.

Apollinaire lui écrit en août : « Quoi ! Le poète n’aurait ni le droit de se récréer, ni celui de se délasser, quand au contraire je crois que les travaux et les jours du poète ne doivent être que récréations et délassements. La souffrance, la passion n’y ont pas moins de part »

De même, il signe les épreuves dernières de : Calligrammes. Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916), Paris, Mercure de France, 1918 : « À André Breton/ cette dernière épreuve / de Calligrammes / très amicalement / Guillaume Apollinaire »

juillet‑août 1918 : dans sa correspondance avec Aragon et Soupault, AB recopie les passages des Chants de Maldoror qu’il préfère.

Début août : permission, pour Lorient où vont désormais ses parents.

Pratique l’écriture automatique : Usine (Champs magnétiques) ???

14 août : AB écrit à Aragon : t‑il arrivé ? ». Celui-ci a été enseveli par des obus trois fois la même journée, le 5 août, à Couvrelles.

12 septembre : définit ce qu’il entend par « lyrisme » : « Les invariables : locutions toutes faites, lieux communs, papiers peints ou faux bois. Et le lyrisme en peinture ce sera le Journal collé dans le Portrait de Chevalier X, la nacre de l’enseigne Café Bar chez Braque ». (Fonds Aragon, CNRS). Sa lettre se termine par un tableau, « Ceux que j’aime encore » : « Rimbaud, Derain, Lautréamont, Reverdy, Braque, Aragon, Picasso, Vaché, Matisse, Jarry, Marie Laurencin. »

16 août : le projet d’ouvrage sur l’esprit moderne est restreint à Rimbaud, Lautréamont, Jarry, Cézanne, Henri Rousseau, Matisse, Derain, Picasso. Provisoirement écartés : Apollinaire, Marie Laurencin, Reverdy, Braque, De Chirico.

20 août-1ᵉʳ septembre : permission pour la Bretagne : Carnac, Lorient, Nantes. « Une assez jolie résurrection du passé » (à TF).

2 octobre : AB a revu Annie Padiou. A TF : « Elle part en Nouvelle-Zélande à la fin du mois. Vous savez qu’elle se marie. Je fais peut-être une gaffe. A un Américain, un simple soldat. Il n’est pas joli, joli, vingt-huit ans, il porte des lunettes. Sa photo est sur la cheminée, venez voir. : Mais non elle a pris le chéri avec elle. Partir si loin, une enfant, vous savez, par certains côtés. Elle pleure ces temps-ci quelquefois, elle est bien décidée. Là-bas, il serait avocat, pourtant il n’a pas l’air bien riche. Il ne lui a encore rien offert. » De fait, Annie s’est effectivement mariée à Wellington. (cf. fac-simile, Mélusine, n° XXXVII, 2017, p. 105)

15 octobre 1918 : article de AB sur Apollinaire dans L’Éventail, n° 10, Genève : « « Si l’enchanteur m’avait dévoilé tous ses secrets, je l’eusse enfermé déjà dans un cercle magique et fait entrer au tombeau » ? (OC I, 215)

À la demande d’Apollinaire, se rend chez Vlaminck pour juger des décors qu’il peint pour Couleur du temps. Texte : Couleur du temps – Wikisource

Octobre 1918 : AB fait la connaissance de Modigliani sur un banc du Bd du Montparnasse. Lui achète un dessin qui, dit-il à Aragon, lui plait de plus en plus.

1ᵉʳ novembre : rend visite à Picasso (cf. deux lettres à Aragon, datées du 1ᵉʳ novembre 1918).

8 novembre : AB écrit à Aragon qu’il va voir Apollinaire malade.

9 novembre 1918 Mort d’Apollinaire.

10 novembre : « Apollinaire est au plus mal… Mais Guillaume / Apollinaire / vient de mourir ».

13 novembre : enterrement d’Apollinaire au Père Lachaise. AB porte un bouquet de fleurs blanches : Jacqueline Apollinaire lui remet un objet du défunt, ce « terrible encrier en bronze doré, effigie et souvenir de la Basilique du Sacré-Cœur », vers lequel il avait vu souvent aller et venir son porte-plume en forme de rame ». (désormais conservé à la BLJD).

Huit plumes et porte-plumes d’Apollinaire.
© www.andrebreton.fr

14 novembre : Vaché : « je sortirai de la guerre doucement gâteux, peut-être bien, à la manière de ces splendides idiots de village ».

19 décembre 1918 J. Vaché à AB : « J’ai reçu votre lettre en multiples découpures collées, qui m’a empli de contentement – C’est très beau, mais il y manque q[uel]qu’extrait d’indicateur de chemin de fer. »

Dada, n°3. Dada archive Iowa

Décembre 1918 : Tristan Tzara, « Manifeste Dada 1918 », Dada, n° 3, Zurich. Voir : http://sdrc.lib.uiowa.edu/dada/dada/3/cover.htm

Surréalistes confinés ?

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Les mesures gouvernementales et notre santé l’exigent: nous voilà tous confinés, pour bien des jours encore.

Mais cela ne veut pas dire que les recherches concernant nos plus chères études le soient. Les textes surréalistes peuvent être lus et relus ; les travaux à leur sujet peuvent se développer autant qu’il le faudrait puisque les bases de données sont encore accessibles, ainsi que le réseau internet pour y accéder. Aussi puis-je satisfaire la curiosité légitime de mes lecteurs, dont certains me demandent quelle était l’attitude des surréalistes à l’égard du vocable “confiné”.

Pour ma part, je n’en ai aucune idée. Je vais tout simplement me mettre à lire les œuvres des auteurs surréalistes qui sont à ma disposition.

N’ayant pas les ouvrages sous la main (les bibliothèques ne me sont pas accessibles), je vais me contenter d’interroger mon golem, lequel conserve les œuvres complètes numérisées d’Aragon (jusqu’en 1932), d’André Breton (du début à la fin), de René Crevel, de Robert Desnos, de Paul Éluard (jusqu’en 1938), de Julien Gracq, de Michel Leiris (seulement La Règle du jeu), de Benjamin Péret, de Prévert et de Tristan Tzara. Par acquis de conscience, je confronterai mes données avec celles que me fournira Frantext, qui contient les mêmes textes puisque j’ai moi-même fourni les bandes numériques (c’est ainsi qu’on parlait alors !) à cette plus grande banque de langue franaise.

J’ai donc constitué une liste de mots, de la famille du verbe confiner (confiné/és/ée/ées, confinement/s) et demandé à la machine de men fournir les attestations dans les œuvres indiquées précédemment, auxquelles j’ai ajouté, pour finir, les deux principales revues du surréalisme, La Révolution surréaliste et Le SASDLR.

On en trouvera le résultat classé par auteur, avec une présentation différente pour Éluard et Gracq ( la vérité est que le logiciel Hyperbase dont je me servais autrefois n’est plus accepté par Windows 10, et que je n’ai pas voulu déranger l’ami Etienne Brunet pour qu’il me fournisse une version actualisée de cet outil).

Bien entendu, je laisse le soin aux lecteurs de se faire l’idée qu’ils voudront de l’emploi du vocable recherché. Il me semble, néanmoins, que la quantité de textes examinés montre un sous-emploi du terme en question, ce qui concorderait avec l’expression de la liberté chez nos auteurs.

29 mars 2020. HB 

I. ARAGON Louis : 2 occ.

1. Le Paysan de Paris (1926)

LE PASSAGE DE L’OPéRA (1924) (p. 716)

Dire que derrière ces carreaux se confine une double existence passive, aux limites de l’inconnu et de l’aventure! Depuis des années et des années le couple des portiers

se tient dans cette taupinière à voir passer des bas de robes et des pantalons grimpant à l’échelle des rendez-vous.

2. Le Paysan de Paris (1926)

LE SENTIMENT DE LA NATURE AUX BUTTES-CHAUMONT (1925) (p. 864)

LONGUEUR TOTALE DES RUES,

QUAIS, BOULEVARDS, ETC.

52 KILOMes 383 Mes

Le 19e ARRt CONFINE Aux

18e, 10e et 20e ARRts

LES PORTES DE ROMAINVILLE,

DES PRéS St GERVAIS ET DE PANTIN,

DE FLANDRE ET D’AUBERVILLIERS,

LES LIGNES DE L’EST, LES CANAUX

DE L’OURCQ ET DE St DENIS,

LE METTENT EN COMMUNICATION

AVEC L’EXTéRIEUR DE PARIS

BâT. DE LA DOUANE, Bd DE LA VILLETTE

BASSIN ET DOCKS DE

II. BRETON, André : 2 occ.

1. SITUATION DU SURRÉALISME ENTRE LES DEUX GUERRES, p. 715

Valéry s’était confiné à des exercices poétiques d’un caractère inactuel très appuyé, Proust à des études de milieux sociaux que les événements ne semblaient pas même avoir pu toucher  ; paradoxalement ils n’allaient pas tarder à en être payés par les plus grands honneurs.

2. p. 1172 Anthol.

 Il s’agit, en effet, de vieux peuples qui, sous la pression de races jeunes en puissance d’instaurer un nouveau mode de vie qui implique une évolution continue, ont été, soit acculés aux extrémités des continents, soit confinés dans les régions les plus ingrates de la terre.

III. CREVEL René, 3 occ.

1. La Mort difficile (1926)

LE DîNER AVEC DIANE (p. 163)

Dès qu’elle l’avait quitté, les jours où il s’était confiné dans sa propre douleur, sans avoir un mot affectueux pour elle, Diane laissait tomber le masque et du sourire qu’elle avait singé durant des heures, une glace soudain lui montrait qu’il ne restait plus que deux petites rides. Deux petites rides.

2. La Mort difficile (1926)

III, LE DîNER AVEC DIANE (p. 166)

Or durant le dîner, les couleurs qui soudain ont embelli les joues trop pâles du jeune

garçon, le silence où il s’est confiné, son appétit aussi, ont donné à Diane notion d’une

force dont Pierre, sans doute, dans son désarroi, n’avait lui-même pas encore pris conscience.

3. Les Pieds dans le plat (1933)

VII, LE QUATORZIÈME CONVIVE (p. 254)

cette inconnue qualifiée de fin de siècle s’étendit dans mes rêves, aussi belle, aussi grande, aussi gaie, aussi folle d’amour et d’attendrissantes rengaines que toute la ville de Paris, la ville dont un petit garçon confiné à Passy, alors presque la campagne, tentait d’imaginer les danses et les rires sous une pluie de confettis, au temps de Mi-Carême.

IV. Desnos = 0

V. Éluard = 3

Poésie ininterrompue :

Je respire souvent très mal je me confine Moralement aussi surtout quand je suis seul Dans ce rêve

 de raisonne confiné   Vitres brisées feu dispersé

où les rayons confinent   l’ ennui dans l’ esprit où

VI. GRACQ Julien

confinée              5   RS  31b   RS 184c   FV  79b   SC 102a   CC 268e  

confinées             2   CC  68a   CC 269a  

confinement           9   RS 196f   EC 269c   EC 269c   FV  13b   SC  25a   SC 121b   SC 134b   CC  33a   CC 138e  

confinés              1   SC  24b  

confine                               1

SC  10b|  pas beaucoup . Et qui d’ ailleurs confine souvent à l’ indifférence . Je                                     

confiné  8

Au château d’Argol (1938)

LA CHAPELLE DES ABÎMES (p. 106)

il semblait que ce lieu fût si parfaitement clos que l’air confiné n’y pût circuler davantage que dans une chambre longtemps fermée, et, nageant autour des murs en un nuage opaque, et pénétré depuis des siècles des parfums persistants de la mousse et des pierres desséchées, devînt comme un baume odorant où plongeaient ces précieuses reliques.

André Breton (1948)

III BATTANT COMME UNE PORTE (p. 102)

Bien loin de filer de ses sécrétions mentales un cocon douillet, d’étouffer en l’isolant dans cet air confiné l’impossible chrysalide de l’homme en soi, il ne souhaite plus être

qu’empreinte en creux des hasards de la grande aventure

RS 282f|  . L’ inertie n’ aurait – elle pas confiné à la légèreté ?   Pressentant  

RS 300g|   eût dit , plutôt qu’ il n’ était confiné par eux , que cet air conserva 

BF 181d|   Une nausée lui venait de cet air confiné , de ce jour plâtreux , vieill 

PR  65d|  miliers autour de lui , de l’ air confiné qu’ il a respiré , de cette es 

SC 122c|  s d’ un lazzaronat mendicitaire , confiné dans ses ruelles , ses placett                                         

confinée 5

RS  31b|  re , et le jour douteux , eussent confinée dans l’ étude de quelque disc 

RS 184c|  on si aiguè de cette tranquillité confinée , pareille à celle d’ un herb 

FV  79b|  rdait en plein soleil l’ humidité confinée , et presque encore la pénomb 

SC 102a|  olée , enclose et encolonnée , et confinée dans un dialogue codé sans su 

CC 268e|  int – Germain l’ énergie Verdurin confinée jusque – là dans la plaine Mo                               

confinées  2

CC  68a|  , et d’ où l’ haleine des plantes confinées déferle sur la route aussi i 

CC 269a|   fortes pressions emprisonnées et confinées , et d’ espaces libres capri                                         

confinement 9

RS 196f|   et poudreuse , pareille dans son confinement et sa douceâtre odeur de p 

EC 269c|  montagne , c’ est le sentiment de confinement qui en vient à dominer : c 

EC 269c|  finement qui en vient à dominer : confinement douillet , ouaté , protégé 

FV  13b|   m’ a toujours paru être celui du confinement : son site mesquin , chois 

SC  25a|  veillement — un peu comme dans le confinement d’ un musée sans fenêtres  

SC 121b|   autres , c’ est l’ impression de confinement . Ville aux trésors , cert 

SC 134b|   Florence est surtout sensible au confinement provincial , au renfermé d 

CC  33a|   un sentiment de stagnation ou de confinement comparable à celui qui me  

CC 138e|  atisme figé de mes habitudes , le confinement dans un cercle de relation                                         

confinés  1

SC  24b|   ses collines , des compartiments confinés , pareils aux caissons dorés                                               

VII. LEIRIS Michel : 5 occ.

1. La Règle du jeu p.91

On s’étonnait, l’écoutant, que le diaphragme ne se brisât pas en miettes ou, tout au moins, qu’il ne s’étoilât pas; de même, il pouvait sembler singulier que les carreaux des fenêtres ne finissent point par céder, sous les pulsions inquiétantes de l’air, dans tous les endroits confinés où il advenait que se produisît le dentiste à la voix caverneuse, ce géant dont la taille était si exactement appariée au volume de son chant.

2. La Règle du jeu p.113

Mais l’image que je me faisais, enfant, de la vieillesse m’apparaît comme difficilement séparable des lieux confinés, des chambres closes, alourdies de housses, de tentures, de rideaux et de carpettes.

3. La Règle du jeu : 1 : Biffures (1948)

IL ÉTAIT UNE FOIS… (p. 164)

Celui-ci [l’ancien temps] continuait, certes, d’exister dans le fond des campagnes, plus fidèles aux vieilles choses que les villes, mais il avait déserté ces dernières et se chauffait maintenant frileusement dans l’âtre des masures enfumées, confiné dans les endroits perdus où il avait dû autrefois prendre naissance, quelque part en Gaule romanisée, du côté des premiers roitelets francs.

4. Or, cette journée que j’escomptais la plus ouverte à tous venants et la moins confinée ne fut pour moi, en vérité, pas même une journée de plein air puisque je restai jusqu’assez tard dans la soirée chez des commerçants levantins qui fêtaient la Victoire avec mes hôtes de midi et quelques-unes de leurs connaissances.

5. La Règle du jeu : 3 : Fibrilles (1966)

LA FIÈRE, LA FIÈRE…, I (p. 60)

Pour le jeune citadin habituellement confiné, le jardin de la maison qu’on occupe en été ou de celle qu’habite en permanence tel membre du cercle de famille n’est pas seulement un lieu à police moins étroite, mais – aussi familier qu’il soit – un territoire aux multiples replis toujours à explorer et propice à la manifestation de bien des choses singulières.

VIII. PERET : 1 occ.

tome III, p. 216

Il s’arrêta, écoutant sa voix que les échos répercutaient jusqu’aux confins du monde, puis il lança sa gouttière sur le portail de Notre-Dame, qui s’enfonça dans les ténèbres. La gouttière traversa toute la nef et vint remplacer le crucifix qui dominait le maître-autel.

IX. PREVERT = 0

X. SOUPAULT = 0

XI. TZARA Tristan = 5 occ.

1. Personnage d’insomnie (1934)

VIII RAPPORTS ENTRE LA FEMME ATTENDUE,, LA VIE ERRANTE ET LE DéPEUPLEMENT D’UNE îLE (p. 193)

elle alterne avec les heures misérables et se confine dans la chaleur des ruches et des nids chevelus elle manque de dimensions et lorsqu’elle se disperse et prend part au mouvement des cils vibratiles le jour et la nuit se mélangent au vin

2. Grains et issues (1935)

DES RÉALITÉS NOCTURNES ET DIURNES (p. 54)

Vus à travers l’air raréfié des mirages, dans leurs anneaux qui lèvent à la hauteur des meurtres le sens ventripotent des mondes affinés, le calme des montagnes se confine dans les branchages sous-marins des frayeurs instantanément immobilisées et des villages entiers rampent

3. Grains et issues (1935)

DES RÉALITÉS NOCTURNES ET DIURNES (p. 67)

De nouveau la fleur se confine dans la chaleur maussade des carniers. Aucune fenêtre ne se réveille dans la tête. Aucun désir n’assume la responsabilité du vent.

4. Le Surréalisme et l’après guerre,

Note IV: p.125

Si les mots ne naissent que lorsque l’idée qui les désigne s’est confinée en une image assez limitée et stable pour que le déclenchement d’un mécanisme minimal de la représentation les affecte, les formes mêmes de la phrase par lesquelles les possibilités de la pensée arrivent à s’exprimer sont incluses en miniature dans le procédé de la formation des mots et reproduisent sur une plus grande échelle la somme globale des expériences vécues et concluantes.

5. Les brumes de sa Bretagne natale ont fait beaucoup de tort à Corbière. Elles ont pendant longtemps confiné son souvenir dans le pittoresque d’un régionalisme quelque peu conventionnel.

XII. COLLECTIF – La Révolution surréaliste. N° 2, première année. 15 janvier 1925 (1925)

1. LEIRIS,, Michel, Le pays de mes rêves (p. 27)

Si je trace autour de moi un cercle avec la pointe de mon épée, les fils qui me

nourrissent seront tranchés et je ne pourrai sortir du cachot circulaire, m’étant à jamais séparé de ma pâture spatiale et confiné dans une petite colonne d’esprit immuable, plus étroite que les citernes du palais.

COLLECTIF – La Révolution surréaliste. N° 3, première année. 15 avril 1925 (1925)

2. MANIFESTES, Adresse au Pape (p. 16)

Nous ne sommes pas au monde. Ô Pape confiné dans le monde, ni la terre, ni Dieu ne parlent par toi.

Le monde, c’est l’abîme de l’âme, Pape déjeté, Pape extérieur à l’âme, laisse-nous nager dans nos corps, laisse nos âmes dans nos âmes, nous n’avons pas besoin de ton couteau de clartés.

COLLECTIF – La Révolution surréaliste. N° 9-10, troisième année. 1er octobre 1927 (1927)

3. ARAGON, PHILOSOPHIE DES PARATONNERRES (p. 45)

Il n’est pas sans intérêt d’évaluer le champ restreint dans lequel se confine aujourd’hui un homme en possession des moyens essentiels d’une civilisation dont on fait grand bruit.

Henri BÉHAR