Les Valeureux Pieds nickelés

Les Valeureux Pieds nickelés

par Henri Béhar

L’approche de la Pâque m’a soudain rappelé un article, écrit dans la hâte il y a trois ans exactement, en vue d’un numéro d’Europe en préparation sur Albert Cohen. Tous les articles étaient arrivés, il n’y manquait plus qu’un entretien, jugé indispensable, que le responsable du dossier se proposait de réaliser sans tarder. Nous attendons toujours.
Sans entrer dans le secret des délibérations, c’est de haute lutte que j’avais remporté, au Comité de la revue, le principe d’un numéro consacré à ce Magnifique romancier du XXe siècle. En ne remettant pas sa copie, ledit coordinateur me fout la honte, outre qu’il traite ses confrères par dessous la jambe!
Pas question que j’en prive mes lecteurs, ni les amateurs de la geste des Valeureux.
Fait à Céphalonie le 02/04/2015

“Aujourd’hui, c’est jeudi. Il n’y a pas d’école. Ce matin, je suis allé au Talmud Torah, écouter des épisodes du Pentateuque et apprendre (si peu) l’hébreu biblique. L’après-midi, on m’interdit de jouer avec les petits camarades dans la cour. Je suis supposé faire mes devoirs et avancer mon travail pour la fin de la semaine. On a poussé la table de la cuisine contre le mur. J’y travaille distraitement. Comme ma mère a le dos tourné et ne me surveille pas, j’ouvre une bande dessinée soigneusement recouverte de papier kraft que les copains de la communale m’ont prêtée. Pas question de se faire surprendre à lire de telles bêtises ! Cette fois-ci, ce sont Les Pieds nickelés en Amérique, mais la semaine dernière c’était un Bibi Fricotin. Les Tarzan, les bagarres dans la jungle me donnent la fièvre. Par-dessus tout, je préfère les aventures des Pieds nickelés.

Tel je revois, une cinquantaine d’années avant moi, le jeune Albert Cohen au retour du lycée, à Marseille. Ses parents, comme les miens, avaient quitté des rivages que le souvenir rendait perpétuellement heureux, oubliant les obscures raisons qui les avaient fait fuir, les menaces de pogroms, un régime autoritaire, des vexations sans fin.

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CC