De Gaulle et moi

De Gaulle et moi

Question : y a-t-il un point commun entre Henri Béhar et Charles De Gaulle ?

Réponse : Oui. Toute mégalomanie mise à part, ils ont tous deux échappé à la fusillade, le 26 août 1944, à la même heure. L’un à Notre-Dame, lors du Te Deum, l’autre alors qu’il jouait tranquillement dans la cour de son immeuble, rue Henri Ranvier, au Nord-est de Paris.

Les historiens s’interrogent encore : d’où venaient les coups ? qui a tiré après l’armistice parisien ?

Pour ce qui me concerne, je sais, car la scène est de celle qu’on n’oublie jamais, que c’était un Allemand isolé, perché sur le toit de l’immeuble opposé, ne pouvant se résoudre à déposer les armes. Son compte fut réglé dans les cinq minutes par les FFI venus voir leurs parents.

Dire qu’il m’a fallu 70 ans pour me rendre compte de cette coïncidence ou concordance des temps !

Henri Béhar

CC

Le surréalisme par les textes

Le Surréalisme par les textes

Compte rendu dans Histoires Littéraires, n° 58, juillet 2014.

Le Surréalisme par les textes, édition d’Henri Béhar et Michel Carassou (Classiques Garnier, 2013, 313 p., 29 €). Le label des Classiques Garnier amuse et plaît à propos d’un sujet comme le surréalisme. Il ne s’agit en fait que de la reprise d’éditions précédentes (1984 et 1992), peu modifiées par les deux poids lourds en charge, Henri Béhar et Michel Carassou, dont les autres ouvrages sur le sujet nous ont déjà impressionnés et intimidés par la sapience et le couperet de leurs jugements. Aborder le surréalisme par ses textes est évidemment une bonne idée, puisque, malgré les surréalistes eux-mêmes – surtout Breton -, le mouvement fut avant tout littéraire, notamment au plan théorique. À part Max Ernst, surréaliste avant l’heure, il faudra en effet quelques années de tapage avant que la peinture se mêle au mouvement. Dommage, d’ailleurs que le grand Max soit oublié dans cette compilation et ses références : n’est-il pas l’auteur principal du Malheur des immortels, révélé de concert avec Éluard ? En 1922, deux ans avant le Manifeste, c’était pourtant, par anticipation, un des plus surréalistes de tous les ouvrages qui jalonnèrent le mouvement. C’était de la poésie et non de la théorie, nous diront les auteurs de ce Surréalisme par les textes. Sur le plan conceptuel, Henri Béhar et Michel Carassou sont incollables et livrent le paradoxe dès les premières lignes de leur introduction : le surréalisme de Breton se voulait tout sauf une école littéraire, mais une pensée, une attitude intellectuelle, une philosophie aussi. Il le sera, certes, mais ce qui reste finalement, ce sont d’une part les textes littéraires, d’autre part cette peinture amarrée plus tardivement avec le slogan – ou le mot d’ordre bretonesque – qu’elle ne devait surtout pas se préoccuper de beauté. Le présent ouvrage se concentre donc sur ce qui fut écrit, divisant son approche entre la morale, la connaissance et l’expression. Au milieu de la profusion contemporaine d’essais mal documentés (sauf sur le nombrilisme de leurs auteurs), Le Surréalisme par les textes est un bel outil qui associe les données « dures », non trafiquées a posteriori, des écrits théoriques surréalistes, et les commentaires subtils et lettrés des deux éditeurs.

Compte rendu dans Histoires Littéraires, n° 58, juillet 2014.

 

CC