André Breton et le grand fait divers

André Breton et le grand fait divers,
Histoires littéraires,  n°53, janvier-février-mars 2013

Henri BÉHAR

 S’il est une chose à laquelle on n’imagine pas qu’André Breton ait pu s’intéresser, c’est bien le fait divers, qu’il soit d’ordre journalistique ou simplement factuel. Pourtant, dès ses débuts littéraires, à un moment où il s’éprouve déprimé et pense trouver un certain tonus dans l’activité dada, il déclare préférer le moindre fait divers à « toute la critique d’art[1] », tout en observant qu’en dépit du bourrage de crâne auquel s’est livrée la presse durant la guerre, ses amis et lui ont bien su résister aux communiqués triomphalistes des généraux. En d’autres termes, « Plutôt la vie » dira-t-il, avec ses longues attentes et ses contradictions, ses prémonitions aussi, plutôt la vie que la littérature, comme il le laisse entendre dans un long poème éponyme de la même période.

À la même époque, pour emprunter une image familière qui lui convient totalement, le sirop des rues était son unique aliment. Il le rappelle dans « La Confession dédaigneuse » : « la rue avec ses inquiétudes et ses regards, était mon véritable élément : j’y prenais comme nulle part ailleurs le vent de l’éventuel. » Comme s’il en attendait une révélation, ou, plus simplement, un sursaut de l’existence. Dans une page de son carnet, par définition non destiné à la publication, il note que, le 17 décembre 1920, à 11 heures du soir, sortant de la station de métro Notre-Dame-des-Champs, il a croisé une femme âgée dont le comportement indique la folie, puis un homme, « de mise ordinaire », qui regardait obstinément la plaque « Sortie » sur le quai du métro : « il semble être descendu du dernier train, comme moi ». Breton s’inquiète : « je rentre précipitamment chez moi. Je tremble[2]. » Ce n’est pas le frisson de l’aile de l’imbécillité, mais déjà l’Esprit nouveau, tel que l’entendront les surréalistes, cette « inquiétante étrangeté » qu’il notera à plusieurs reprises par la suite. Par exemple en compagnie de Derain et d’Aragon qui réagirent de la même manière à la rencontre d’une jeune femme d’une beauté peu commune, à Saint-Germain-des-Prés, et qu’ils voudront retrouver, en vain. Cet épisode est noté dans une page des Pas perdus sur laquelle Nadja s’arrête précisément, tant elle est empreinte d’énigme. L’héroïne du nouveau récit, resté « battant comme une porte », se montre déçue, impatiente, et même consternée de l’absence de résolution d’un tel événement, ou plutôt non-événement. Or ce « hasard objectif », pour reprendre la terminologie hégélienne, se trouvera à l’œuvre, à nouveau, dans Les Vases communicants et dans L’Amour fou.

Le fait divers coule à flots de la bouche d’ombre ou, plus concrètement, de ceux qui se laissent endormir en faisant la chaine des mains, durant ce que l’historiographie a, par la suite, nommé la période des sommeils. « Dans les conditions d’obscurité et de silence requises en pareil cas, Crevel ne tarde pas, en effet, à heurter de la tête le bois de la table et, presque aussitôt, se lance dans une longue improvisation parlée. Le sujet de cette improvisation, traité d’une manière décousue, est de l’ordre du fait divers » se souvient Breton dans un entretien radiophonique[3], en regrettant qu’il n’ait pas été enregistré sur le moment. Il est permis de se demander ce que les rêveurs éveillés attendaient d’une telle pratique, empruntée au spiritisme, s’ils devaient ne produire que des discours de cette nature ! Or, justement, elle les ramenait par ce biais au quotidien auquel ils pensaient échapper. Quand elle ne s’achevait pas sur des menaces, une tentative de meurtre et même une incitation à la pendaison collective ! On comprend que Breton n’ait jamais pu s’endormir, trop soucieux de la tenue des séances auxquelles il présidait.

Caractéristique de la phase triomphante du surréalisme, l’écriture automatique (qu’il ne faut pas confondre avec l’expérience précédente, mais qui en découle) est pleine de ces menus faits divers, traces mnésiques des événements de la journée. En témoignent Les Champs magnétiques, écrits en collaboration par Breton et Soupault. Ainsi, au hasard du coupe papier entre les pages du livre : « Le veilleur de nuit fixe une lanterne jaune et rouge et se parle des heures à haute voix, mais sa prudence ne produit pas toujours l’effet espéré. » Chose vue, suivie d’un bref commentaire intérieur, comme pour soi-même. Qu’importe que, grâce au manuscrit, on puisse dire duquel des deux collaborateurs elle émane. Le fait est qu’elle figure dans le livre, assumée par les auteurs. Plus loin, c’est un agent de police du VIe arrondissement qui voit un homme sortir d’un café en courant, laisse tomber un carnet de sa poche… On songe à cette anecdote mettant en scène un certain M. Delouit, incapable de retenir son nom, passant par la fenêtre et redemandant le numéro de sa chambre à l’hôtelier. Histoire brève que l’auteur n’a pu se retenir de conter à la personne réelle nommée X, aux dernières pages de Nadja, et qui a fait couler des flots d’encre philosophique sur la nature de la personnalité, la mémoire et puis l’oubli..

De même que, dans Les Vases communicants, il attribue son goût pour le roman noir aux histoires terrifiantes qu’un instituteur lisait, à la fin des cours, à ses élèves de six ans, on peut supposer que ce goût manifesté pour les faits divers lui vient de la lecture du quotidien que recevait son père, et des commentaires qui en découlaient. On en trouve une trace irréfutable avec l’affaire Henriot, qui apparait en arrière plan au chapitre VI de L’Amour fou. Certes, les deux amants ont subi, d’une manière incompréhensible et totalement irrationnelle, les effets délétères d’un lieu précis. Certes, ils ont traversé une crise au moment même où ils se trouvaient sur la lande, près d’une maison inhabitée, insolite en ce lieu, dont ils apprendront à leur retour qu’elle avait été le théâtre, deux ans auparavant, d’un crime affreux. C’est alors que Breton fournit au lecteur un résumé extrêmement bien informé de « l’affaire de la villa du Loch », comme la nommait la presse locale : « une jeune femme tuée, au moyen d’un fusil de chasse, dans cette maison que j’avais entrevue ; son mari Michel Henriot, fils du procureur général de Lorient, témoignant que le meurtre avait eu lieu en son absence et vraisemblablement devait être mis au compte de quelque chemineau, comme plusieurs autres crimes récents demeurés impunis. »

De fait, comme je l’ai montré dans André Breton le grand indésirable après avoir moi-même relu la presse locale de l’époque, le narrateur procède à une synthèse, dans l’ordre chronologique, des très nombreuses dépêches du Nouvelliste du Morbihan, quotidien de Lorient, qu’il aurait pu lire à l’occasion de ses précédents séjours estivaux, tant après le crime du 8 mai 1934 que lors du procès, qui se tint aux Assises de Vannes l’année suivante, ou que ses parents avaient mis de côté. Puis il dresse un portrait psychologique de l’assassin, et fournit un résumé des lettres de la victime à sa jeune sœur, publiées par le même journal[4].

J’entends bien que tout cela n’intervient qu’après la désastreuse promenade, mais le halo dont il a paré la maison, l’illusion de fausse reconnaissance (ou syndrome de Capgras) concernant le treillis métallique enfermant les renards argentés qu’élevait le fils du procureur, et que Breton ne pouvait voir du chemin, ces représentations mentales ne proviennent-elles pas d’informations antérieures, certes oubliées sur le moment, qui tapissaient sa mémoire, et, en dépit de ses dénégations, ne demandaient qu’à resurgir sur les lieux mêmes ?

Parmi d’autres recueils factices de coupures de presse, un album en percaline noire, vraisemblablement constitué au cours de son voyage en Gaspésie, témoigne du goût que l’auteur d’Arcane 17 manifestait pour le scrapbook ou colimage, selon le terme proposé par les québécois. Apparu à la vente de son atelier (et désormais conservé à la Bibliothèque Kandinsky au centre Pompidou), il contient des coupures, souvent illustrées, de journaux québécois (La Patrie) et américains (The New Yorker), et bien d’autres documents commémorant son séjour new-yorkais, notamment le catalogue de l’exposition Miró à la Galerie Pierre Matisse en 1945, le carton d’invitation conçu par Marcel Duchamp pour l’exposition « Through the big end of this opera glass » à laquelle participèrent Duchamp, Tanguy et Cornell. Outre des cartes postales de la route de Gaspé, du Rocher Percé et des fous de Bassan, mentionnés dans Arcane 17[5], on y peut lire un bon nombre d’articles relatifs aux agates, aux échos donnés par la presse américaine aux articles de Sartre lors de son premier séjour à New York, aux commentaires d’Aragon sur Gide, un hommage au jeune poète Diamant-Berger, mort lors du débarquement en Normandie, et surtout sur la reconstitution des partis en France à la Libération. Autant d’informations qui alimenteront ses réflexions et ses propos ultérieurs.

Breton s’intéressait donc aux faits divers. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs suscité, à son initiative le plus souvent, des prises de position des surréalistes, agissant collectivement.

Ainsi, ils témoignent leur admiration pour Germaine Berton (noter la métathèse de son propre patronyme) qui, à leurs yeux, eut le courage d’abattre, le 22 janvier 1923, Marius Plateau, un Camelot du roi, secrétaire de la Ligue d’Action française (simple accident du travail, allait en déduire Aragon). Après son acquittement (le 24 décembre 1923), ils placent son portrait anthropométrique sur une pleine page du premier numéro de la Révolution surréaliste, entouré des photos de tous les surréalistes de l’heure, avec cette fusée de Baudelaire : « La femme est l’être qui projette la plus grande ombre ou la plus grande lumière dans nos rêves ».

 Germaine BERTON

Figure 1: Double portrait de Germaine Berton (1923)

À l’issue de son procès, Breton et ses amis lui avaient porté une corbeille de roses rouges avec ces mots : « À Germaine Berton, qui a fait ce que nous n’avons pas su faire[6]. » Au moment où, désespérant à nouveau de la vraie vie, il envisageait de ne plus écrire, il confiera à Roger Vitrac : « Pour moi, l’opinion de Germaine Berton est infiniment plus considérable que celle d’André Gide. » (Journal du Peuple, avril 1923).

Réponse aux interrogations angoissées sur le fait d’écrire, de publier, le fait divers se pare ici des couleurs de l’anarchie, idéal politique auquel Breton n’a jamais renoncé.

Léa et Christine Papin
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Dix ans après l’affaire Berton, Breton prend fait et cause pour deux jeunes femmes, des domestiques meurtrières de leur patronne. Le fait divers, parfaitement résumé par Paul Éluard et Benjamin Péret, met d’emblée l’accent sur l’interprétation sociale que les surréalistes entendent lui donner (à la différence de celle qu’exposera le Dr Jacques Lacan dans sa thèse) : « Les sœurs Papin furent élevées au couvent du Mans. Puis leur mère les plaça dans une maison “bourgeoise” de cette ville. Six ans, elles endurèrent avec la plus parfaite soumission observations, exigences, injures. La crainte, la fatigue, l’humiliation, enfantaient lentement en elles la haine, cet alcool très doux qui console en secret car il promet à la violence de lui adjoindre, tôt ou tard, la force physique./ Le jour venu, Léa et Christine Papin rendirent sa monnaie au mal, une monnaie de fer rouge. Elles massacrèrent littéralement leurs patronnes, leur arrachant les yeux, leur écrasant la tête. Puis elles se lavèrent soigneusement et, délivrées, indifférentes, se couchèrent. La foudre était tombée, le bois brûlé, le soleil définitivement éteint. Sorties tout armées d’un chant de Maldoror[7]… »

Au cours d’un jeu collectif consistant à interpréter rapidement certains objets, André Breton voit la magicienne Circé comme un personnage historique à travers une boule de cristal, dans un désert, avec « la plus belle pièce de lingerie de luxe dans l’armoire des demoiselles Papin et le pot d’étain du crime ». Il y reviendra à l’occasion de la sortie du film Les Abysses¸ deNico Papatakis, offrant sur une page de la revue La Brèche (n° 5, octobre 1963) un montage repris du numéro 5 de La Révolution surréaliste, auquel est confrontée la photographie des sœurs Bergé, lumineuses interprètes du film.

La même année 1933 voit encore les surréalistes prendre fait et causeen faveur d’une parricide de dix-huit ans : Violette Nozière[8]. L’occasion est belle, pour eux, de régler son compte à une société fondée sur la sainte famille telle que Marx-Engels l’avaient analysée. Surtout quand la jeune meurtrière accuse, à son tour, son père d’avoir abusé d’elle pendant six ans. Contrairement à l’opinion publique, ils sont convaincus de l’inceste, et tiennent donc la jeune fille pour une victime. Ils éditent à Bruxelles une plaquette de poèmes et de dessins aux éditions Nicolas Flamel, fondées pour la circonstance dans le but d’éviter les poursuites judiciaires (puisque l’instruction était en cours). Éluard y salue celle qui a défait « l’affreux nœud de serpents des liens du sang », et Breton y voit la figure mythique des générations futures : « Tu ne ressembles à personne de vivant ni de mort. »

Violette fut condamnée à mort, puis graciée et libérée pour « conduite exemplaire » après douze ans de travaux forcés. En 1953, Breton rappellera que les surréalistes, à l’énoncé du verdict, lui avaient envoyé une gerbe de roses rouges, comme ils avaient fait pour Germaine Berton, et il demandera sa réhabilitation : « Réhabilitez-la. Cachez-vous ! De mémoire d’homme, jamais affaire criminelle n’aura fait surgir à la cantonade plus belle collection de crapules que le procès Violette Nozières, il y a vingt ans… À qui la palme, du père souilleur de sa fille […], de l’amant de cœur Jean Dabin, camelot du roi-maquereau, du vicomte de Pinguet qui courut ‘donner’ la jeune fille au sortir de son lit, des infâmes chroniqueurs judiciaires qui signaient Pierre Wolff ou Géo London les ‘papiers’ que j’ai sous les yeux ou du mystérieux ‘protecteur’ M. Émile. […][9] »

À diverses occasions, les interventions publiques d’André Breton à partir de faits sanglants montrent qu’il en a suivi le déroulement avec attention, les interprétant dans le sens de la révolte, dont il avait fait un dogme pour le surréalisme.

Au-delà des événements rapportés par la presse, il a toujours été sensible, pour son compte personnel, à ce que Georges Sebbag nomme des « durées automatiques », qui sont comme des télescopages des temps, des échappées inconscientes dans le futur. D’aucuns ouvriraient ici un nouveau chapitre de la psychologie, ou, éventuellement, de la parapsychologie, qui traiterait des phénomènes de prémonition, de l’intuition, du pressentiment ou même de la magie quotidienne. Pour l’auteur de Nadja, ce sont des faits divers que l’histoire s’est chargée, rétrospectivement, de transformer en avertissements individuels ou collectifs.

L’essentiel, dans le premier cas, est de pouvoir passer du particulier au général. Ainsi, dans une note[10] (souvent passée inaperçue) de sa préface au catalogue de la grande exposition surréaliste de 1947, il récapitule, pour les sceptiques, une série de phrases venues de l’inconscient, qui ne prirent sens qu’avec le temps.

1. « Les grands magasins de la Ménagère pourraient prendre feu… » écrivaient Breton et Soupault dans « S’i1 vous plaît », publié par Littérature, n° 15, en septembre 1920 (p. 20). Un an après, cette phrase d’inspiration automatique trouvait sa résolution par l’incendie du même Bazar Bonne-Nouvelle, totalement détruit.

2. « Il y a des gens qui prétendent que la guerre leur a appris quelque chose ; ils sont tout de même moins avancés que moi, qui sais ce que me réserve l’année 1939 » écrivait Breton dans sa prémonitoire « Lettre aux voyantes », La Révolution surréaliste, n°5, 15 octobre 1925, p. 22. Annonce explicitée ainsi dans « Le Trésor des Jésuites », fruit de la collaboration d’Aragon et Breton : « Que nous réserve 1940 ? 1939 a été désastreux… Faut-il regretter les chevaleresques combats des tranchées ou leur préférer les peu glorieuses exterminations immobiles d’aujourd’hui ? » (Variétés, juin 1929).

À ces anticipations de portée collective, auxquelles les événements donnaient, à la relecture, un sens extraordinairement précis, Breton ajoute, dans la même note, une référence au poème « Tournesol », qui se révélait divinatoire à ses yeux par la rencontre de Jacqueline, et l’annonce de découvertes scientifiques. Tout se passe comme si les scripteurs (ils étaient deux dans deux cas sur trois, et même si un seul tenait la plume, l’autre en acceptait la formulation) s’étaient contentés de porter à la connaissance du lecteur un fait à venir, qu’ils n’avaient aucun moyen de justifier lors de l’écriture.

À la réflexion, Breton proposera, par la suite, de classer des faits semblables dans la catégorie de la « Magie quotidienne ». C’est le titre d’un article qu’il offre au premier numéro de la revue La Tour Saint-Jacques en 1955. Il y consigne un certain nombre de coïncidences survenues dans la même journée. L’une d’entre elles part de son désir de commenter un fait divers présentant un cas extrêmement rare de renoncement à soi de la part d’une mère : mise à l’épreuve par son amant, Denise Labbé avait tué sa propre fillette afin de prouver son amour total. « Dans l’état actuel de l’information, quelle nuit — quoi de plus égarant pour le jugement moral — que le cœur de cette jeune femme, convaincue du crime le plus atroce mais qui s’est laissé porter au plus grand sacrifice par amour ! » observe-t-il (OC IV, p. 930).

Le délai d’impression de la revue surréaliste à laquelle il avait promis cet article ne lui a pas permis de l’achever le jour prévu. Le lendemain, il reçoit d’une ancienne maîtresse, une longue lettre suscitée par le même fait divers, lui demandant de faire connaître dans la presse sa propre position sur cet acte atroce. Breton n’a pas répondu à à la demande, mais il a laissé, après le verdict, une page manuscrite, inédite, lisible (à grand peine) sur le site de la vente André Breton : « Devant un des plus grands égarement de l’esprit, en plein orage passionnel, ce ne serait pas trop de pouvoir invoquer les secours de Laclos, de Sade, de Stendhal, de Baudelaire, de Freud et encore n’est-ce pas cela qui donnerait le droit de réprimer…. Même pour les besoins de la défense, il me paraît tout à fait abusif que la responsabilité de Gide ait pu être alléguée, Les Nourritures terrestres ne sauraient sans ridicule, être tenues pour un ouvrage dépravant, et il va sans dire que le meurtre de la petite Cathie est l’antipode de l’acte gratuit. » On n’en saura pas plus.

Sans pousser le paradoxe, nous pouvons à notre tour ranger André Breton au nombre des écrivains qu’il invoque dans cette note. De même qu’ils sont souvent partis d’un fait divers pour bâtir une œuvre, de même il a accumulé des informations sur les grandes affaires du passé pour en tirer des réflexions morales (« La question morale me préoccupe » écrivait-il en 1920), philosophiques, et même poétiques. Ainsi, à peine démobilisé, il compose un long poème, « Pleine marge », où se lit un écho d’une enquête qu’il avait faite l’été précédent, durant ses vacances dans l’Ain :

« Et vous messieurs Bonjour
Qui en assez grande pompe avez bel et bien crucifié
deux femmes je crois
Vous dont un vieux paysan de Fareins-en-Dôle
Chez lui entre les portraits de Marat et de la Mère Angélique
Me disait qu’en disparaissant vous avez laissé à ceux qui sont venus et pourront venir
Des provisions pour longtemps
Salon-Martigues, septembre 1940. »

Est-ce à ce moment qu’il s’est procuré l’Étude historique et critique sur les fareinistes ou farinistes, Lyon, 1908, conservée dans sa bibliothèque, ou plus tard, pour y vérifier ses intuitions ? Le fait est qu’il portait intérêt à ces convulsionnaires, extrémistes de la foi, même quand ils allaient jusqu’à crucifier publiquement des femmes, et que la mémoire populaire de leurs actes devenait, en la circonstance, facteur d’optimisme !

Breton avait accumulé dans sa bibliothèque un certain nombre d’ouvrages rares, traitant d’affaires célèbres, tel ce Recueil intéressant sur l’affaire de la mutilation du Crucifix d’Abbeville arrivée le 9 août 1765, et sur la mort du Chevalier de La Barre Pour servir de supplément aux causes célèbres, qui ne semble pas avoir donné lieu à un traitement spécifique de sa part. En revanche, les Mémoires, Révélations et poésies de Pierre-François Lacenaire (Paris, 1836) figuraient déjà dans le projet de bibliothèque élaboré par Aragon et lui pour Jacques Doucet, avant de fournir matière à un chapitre de l’Anthologie de l’humour noir. Pour lui, Lacenaire était un théoricien du « droit au crime ».

Breton tenait Sade pour un moraliste, à l’égal de Vauvenargues, mais, dans le fragment précédent, il le citait aussi pour les actes que la justice lui reprochait, dont l’affaire Rose Keller, à laquelle Maurice Heine avait consacré une étude dans Hippocrate, Annales de médecine légale, de criminologie et de police scientifique, qu’il lui dédicaça. Ardent défenseur de la liberté de la presse, Breton n’hésita pas à apporter son témoignage en faveur de l’éditeur Jean-Jacques Pauvert, qui, audace extrême, avait l’outrecuidance de publier la totalité des écrits de Sade !

Pour finir cette revue de détail, on n’oubliera pas que Breton lui-même fut, bien involontairement, le sujet d’un fait divers dont la presse se fit l’écho au niveau national. Visitant une grotte préhistorique, doutant de l’historicité des dessins pariétaux, il eut le malheur de passer son doigt dessus et fut accusé par le député-propriétaire de dégradation de monuments. Les poursuites judiciaires qui s’ensuivirent l’inquiétèrent beaucoup, comme en témoignent ses lettres à sa fille Aube, récemment publiées.

Il n’y a pas de mauvaise littérature pour qui s’est délibérément mis en marge de la littérature. De même, il n’y a pas d’événements méprisables aux yeux de qui a fait profession de réfléchir sur la société de son temps. Le fait divers offre à qui sait le regarder sans préjugés un fragment brûlant d’éternité, donnant sur la tragédie ou la comédie, c’est tout comme, en tout cas porteuse d’humour noir. Chez Breton, le fait divers est un embrayeur, une porte ouvrant sur les profondeurs de l’être, et même davantage, sur son devenir. Ce que la philosophie ne peut offrir, parce qu’elle se place sur Bételgeuse au lieu d’entrer de plain pied dans la vie, le fait divers nous le révèle d’emblée. Préoccupé de dégager un mythe collectif, et sachant fort bien qu’un tel mythe ne se décrète pas, Breton en a vu les linéaments, à maintes reprises, dans ces faits vrais qui, à juste titre, sidèrent le populaire.


[1] Les Pas perdus, OC I, 231.

[2]. OC I, 614.

[3]. André Breton, Entretiens radiophoniques, OC III, 480.

[4]. Une anthologie des articles les plus significatifs vient d’en être republiée : « L’affaire Michel Henriot, 8 mai 1934-1er juillet 1935 », Les Cahiers du Faouëdic, n° 16, Lorient, 2012.

[5]. On trouve des coupures et des illustrations semblables dans le manuscrit de 48 pages offert à Elisa, désormais conservé à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, publié en fac-similé par mes soins chez Biro Éditeur, Paris, 2008.

[6]. Lettre de Simone à Denise, 24 décembre 1923, dans : Simone Breton, Lettres à Denise Levy 1919-1929 et autres textes 1924-1975, présentés par de Georgiana Colvile, Gallimard, 2005, p. 165.

[7]. Le surréalisme au service de la révolution, n° 5, 15 mai 1933, pp. 27-28.

[8]. Telle est bien l’orthographe de ce nom. C’est par une erreur constante que les surréalistes ont ajouté un S dans le titre de leur brochure.

[9]. André Breton : Médium-feuille n°5, mars 1953.

[10]. André Breton, La Clé des champs, OC III, p. 742.

[1] Les Pas perdus, OC I, 231.


 

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CC

Aragon, la confusion des genres

Aragon, la confusion des genres
Pour ne pas oublier Castille

par Daniel Bougnoux

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Le septième chapitre

Dans un article du Monde, la très prudente Josyane Savigneau écrit : « Puisqu’il est interdit de le faire, donnons quelques phrases, qui ne sont pas celles généralement citées, et laissons libres les commentaires » (« Polémique autour d’un chapitre sulfureux de la vie d’Aragon »,26.10.2012).

Mais non Madame ! la France est un pays de droit, et même de droit écrit, qui se flatte de ne plus connaitre la censure préalable. Tant qu’un écrit n’a pas été explicitement interdit par un tribunal, et pour de bonnes raisons figurant dans les attendus du jugement, nous sommes libres de le donner à lire, avec l’accord de son auteur, bien entendu, et c’est au lecteur de juger si Gallimard a eu tort de le soumettre, avant publication, à l’ayant-droit d’Aragon, si J.B. Pontalis, le directeur de la collection, a eu raison de convaincre Daniel Bougnoux de publier son livre amputé d’un chapitre, si ce dernier a bien fait d’accepter en se réservant le droit de clamer partout qu’il était victime de la censure gallimarde.

Pour ma part, je n’ai jamais eu d’opinion que sur pièces. J’ai lu Aragon, la confusion des genres, ouvrage auquel je suis sensible parce qu’il traite des rapports du chercheur avec l’objet de son étude, et je donne à lire ci-dessous le chapitre incriminé. À chacun de se déterminer, texte en main.

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Du côté de chez Swann de Marcel Proust

Du côté de chez Swann de Marcel Proust

A l’occasion de chaque changement de calendrier, je me livre à un petit exercice de mémoire assistée par l’ordinateur. Voici donc les éphémérides littéraires de 2014, avec une curiosité: la première édition de Du côté de chez Swann, chez Grasset, enregistrée au Dépôt légal en 1914, et non à sa sortie des presses, le 14 novembre 1913. Or, pour éviter toute contestation , la BDHL sur laquelle je m’appuie, a choisi de ne retenir que la date officielle du DL.

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CC

Le Surréalisme dans la presse de gauche (1924-1939)

Le Surréalisme dans la presse de gauche (1924-1939)

 Surr-gaucheEn ouvrant cette rubrique consacrée à la publication de mes propres livres en version numérique, j’espérais prolonger quelque peu l’existence de ceux dont les éditeurs installés ne voulaient plus assurer la commercialisation. Mais je dois avouer qu’aucun ne m’avait encore fait le coup du mépris absolu allié à la goujaterie !
Il se trouve qu’en cherchant des livres numérisés sur le site Gallica de la BnF, je me suis par hasard vu proposer Le Surréalisme dans la presse de gauche en fichier numérique et fus immédiatement connecté au serveur de l’éditeur qui me l’offrait au prix de 20 €.
L’ouvrage, tiré à mille exemplaires, s’était épuisé en six mois. Tout d’abord, je me réjouis de le voir sélectionné par la Bibliothèque nationale qui prolongeait ainsi sa course indéfiniment. Puis je m’étonnai du prix fixé, identique à celui du livre-papier. N’ayant jamais été consulté pour cette nouvelle réédition, je m’enquis auprès des responsables de Gallica des modalités de leur contrat avec l’éditeur.
Ceux-ci se défaussèrent aussitôt, disant qu’ils se bornaient à relayer l’offre des éditeurs, et me renvoyèrent vers les éditions Paris-Méditerranée.
Or, je savais qu’elles avaient fait faillite. Un message au repreneur demeura sans suite, de même qu’une lettre recommandée avec accusé de réception. Toutefois, l’ouvrage fut retiré du catalogue sans autre forme de procès.
Seul titulaire des droits sur cet ouvrage, me voici donc libre de l’offrir à quiconque voudra le télécharger, le lire et le commenter selon les règles en usage ici.

4e de couverture :
Comment le surréalisme a-t-il été accueilli et perçu dans les milieux de gauche entre le moment de sa naissance et le début de la Seconde Guerre mondiale?Afin de permettre d’en juger, Henri Béhar et son équipe ont rassemblé l’ensemble des articles qui le concernent dans Le Populaire, le grand quotidien socialiste, L’Humanité, Europe, Commune, Marianne, La Critique sociale, La Flèche… Si les jugements diffèrent selon les moments et les tendances propres aux divers organes, il s’avère néanmoins que le mouvement surréaliste ne laissa pas la Gauche indifférente et qu’il ne fut pas pour elle un allié de tout repos.

[Télécharger surrealisme-ds-presse-de-gauche]

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Les Clés d’Ubu Roi Alfred Jarry

Les Clés d’Ubu Roi Alfred Jarry

pantins

Qui a dit « il ya quelque chose de pourri dans le royaume des Lettres » ? Pas le courage d’aller chercher, tant la formule exprime une vérité d’évidence.
Voici un « Petit Classique Larousse » qui me fut commandé en 1984 par Jacques Demougin, désireux de relancer une collection devenue poussiéreuse, en introduisant des auteurs et surtout des œuvres devenues classiques sans que l’institution scolaire s’en aperçoive.
Voyez l’audace : proposer pour la première fois aux jeunes lecteurs une édition d’Ubu roi analysée et commentée, avec des questions touchant à la compréhension et à l’interprétation d’un chef d’œuvre du théâtre moderne !
Loin d’être iconoclaste, mon propos fut bien reçu, aussitôt imité par toutes les éditions scolaires et parascolaires, au point que j’ai cessé de les collectionner. Jusqu’au jour où, tout à fait par hasard, je découvris le même Ubu roi sous une nouvelle couverture, publié dans la même collection par d’autres auteurs (ils devaient être deux pour faire un mauvais coup) qui ne m’avaient pas prévenu, non plus que les éditions Larousse, que je tiens pour les seules responsables du méfait.
En France, le contrat liant l’éditeur et l’auteur est formel : il appartient au premier de prévenir l’auteur d’un ouvrage de tout événement éditorial le concernant. Et, quelles que soient les transformations subies par le livre, l’auteur conserve un droit moral inaliénable. N’ayant nulle envie d’entamer un procès avec de tels pignoufs, je confie donc le produit de mon propre travail à la curiosité du public, qui jugera lui-même du sort qu’il fallait lui réserver.

Henri Béhar

[Télécharger les Clés d’Ubu roi en PDF]

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Le Savoir dans les poches-Les clés de la Recherche

Le Savoir dans les poches

Ci-contre : dédicace de Cabu. ©Cabu, 2011
Ci-contre : dédicace de Cabu.
©Cabu, 2011

 Après quelques années d’exploitation, les éditions Pocket ayant changé de directeur de collection ont décidé unilatéralement de cesser la vente de ce volume. Le premier tirage de 5.000 exemplaires était alors épuisé. Elles ont donc rendu ses droits à l’auteur, lequel a souhaité mettre ce travail utile entre toutes les mains, gratuitement.
Il se présente désormais sous deux formes : en PDF (téléchargeable sur tout ordinateur ou tablette) et en ePub (téléchargeable sur une tablette).
Il est destiné à tout lecteur, amateur éclairé, lycéen, étudiant des Classes préparatoires, de l’université…
Ce volume se caractérise par le souci de mettre la parole de Proust à la portée de tous, et s’appuie sur les travaux informatiques les plus évolués, l’auteur ayant été un pionnier en la matière

Les Clés d’A la Recherche du temps perdu de Marcel Proust

Proust-portraitNous reproduisons ici l’analyse complète de La Recherche du temps perdu, telle qu’Henri Béhar l’a élaborée pour les éditions Pocket.
Vous trouverez quelques différences avec la version publiée dans « Les guides Pocket classiques » (collection dirigée par Claude Aziza) en 2006, notamment la partie « Parcours et prolongements » qui ne figure pas dans l’édition papier, qui comporte des exercices pédagogiques.

[Télécharger le livre au format PDF]

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CC

Lettre à Roger Grenier

Lettre à Roger Grenier

Le 20 juin 2014
M. Roger Grenier
5 rue Gaston Gallimard
75007 PARIS

 Cher Roger Grenier,

Le regretté François Caradec me disait que vous étiez le seul « éditeur » qui lisait les manuscrits qui lui étaient soumis. Aussi vous ai-je écouté avec attention, sur France Inter, ce midi.
Surpris de vous entendre parler de moi, ou plutôt de mon Étude sur Le Théâtre dada et surréaliste, éditée initialement dans la collection “Les Essais”, en 1967.
Cette publicité indirecte et spontanée m’aurait fait plaisir, si vous ne me faisiez passer pour un imbécile, ou, pour le moins, un ignorant. Vous évoquiez le chapitre sur Julien Torma, retiré à votre demande et à celle de Raymond Queneau, en disant que vous m’aviez conseillé d’approfondir mes connaissances. Or, vous savez bien que ce n’était pas un problème de connaissance qui vous mouvait, l’un et l’autre, puisque que je ne traitais en rien de la personne, réelle ou supposée, de Julien Torma, mais de l’œuvre qui, malgré toutes les astuces du Collège de Pataphysique, est donnée à lire (Le Bétrou a même été représenté depuis). Mais à quoi bon redire tout cela, qui est écrit et publié dans la réédition de cet essai, dans la collection Idées/Gallimard, n° 406, où je remets le chapitre écarté, avec les informations qui s’imposent (voir p. 21-23).

Jusqu’à présent, je vous tenais pour un humaniste et un homme soucieux de la sensibilité d’autrui. Je constate, hélas, que vous retombez dans le lot commun, et j’en suis fortement déçu. Au moins pourriez-vous faire savoir aux auditeurs de France Inter que, tout jeune que je fusse alors, je n’étais pas aussi crédule et ignorant que vos propos radiophoniques le laissent supposer. D’autant plus que l’émission est désormais à la disposition du public pour l’éternité !
En l’attente, je vous prie, cher Roger Grenier, de recevoir mes salutations juvéniles.
Mais à quoi bon redire tout cela, qui est écrit et publié dans la réédition de cet essai, dans la collection Idées/Gallimard, n° 406, où je remets le chapitre écarté, avec les informations qui s’imposent (voir p. 21-23).
Jusqu’à présent, je vous tenais pour un humaniste et un homme soucieux de la sensibilité d’autrui. Je constate, hélas, que vous retombez dans le lot commun, et j’en suis fortement déçu. Au moins pourriez-vous faire savoir aux auditeurs de France Inter que, tout jeune que je fusse alors, je n’étais pas aussi crédule et ignorant que vos propos radiophoniques le laissent supposer. D’autant plus que l’émission est désormais à la disposition du public pour l’éternité !

En l’attente, je vous prie, cher Roger Grenier, de recevoir mes salutations juvéniles.

Henri BÉHAR

Cher Henri Béhar,

Je crains que vous ayez mal compris. Si je me souviens bien, après avoir parlé à Queneau, j’entends entre son rire,  je vous ai demandé de poursuivre un peu vos recherches sur Julien Torma, ce qui était une façon polie de vous alerter sur ce chapitre consacré à un auteur qui n’existe pas. Vous vous en êtes très bien sorti en écrivant que son existence ou non n’était pas le problème. Tout cela n’a rien d’offensant pour vous et je déplore que vous preniez la mouche.

Avec mon souvenir bien cordial

Roger Grenier

 

Du nouveau sur Lautréamont!

Du nouveau sur Lautréamont !

Ducasse

Ce n’est pas tous les jours que l’on fait pareille découverte ! à toutes les lectures d’Isidore Ducasse, il faut désormais ajouter celle de Charles Fourier.
Cet article a été publié dans la revue Europe, n° 1010-1011, juin-juillet 2013, p. 310-315, puis par Les Cahiers Lautréamont, devenus strictement numériques.
Il est logique qu’on puisse le lire à partir de ma page personnelle, sous sa forme initiale.

[Télécharger l’article sur Lautréamont]

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CC

Scatodali : de la scatologie à l’eschatologie

La Vie secrète de Salvador Dali. Suis-je un génie ?

éd. critique des manuscrits originaux établie par Frédérique JOSEPH-LOWERY, 2006, 740 p.

L’exposition Dali rencontre une très grande affluence, et c’est tant mieux.
Pour faire patienter les visiteurs faisant une queue qui dure jusqu’à deux heures, je leur conseille la lecture d’un document authentique de Dali, dont, me semble-t-il, on ne trouve pas trace dans l’exposition ni dans la librairie qui s’impose vers la sortie:
Salvador DALI, La Vie secrète de Salvador Dali. Suis-je un génie ? éd. critique des manuscrits originaux établie par Frédérique JOSEPH-LOWERY, 2006, 740 p.
J’ai suffisamment travaillé sur ce livre, tant pour la mise en page que l’édition proprement dite, pour pouvoir dire qu’on y ENTEND l’artiste lui-même.
Je propose aussi la lecture de deux articles substantiels (si je peux dire):
« Le surréalisme et la science », préface à : Salvador Dali à la croisée des savoirs, A. Ruffa, Ph. Kaenel, D. Chaperon (éd.), Paris, Desjonquères, 2007, p. 15-25.

« Scatodali : de la scatologie à l’eschatologie », dans Salvador Dali sur les traces d’éros, actes du colloque international de Cerisy, Notari, Genève, 2010, p. 82-93. Ce dernier en pièce jointe téléchargeable.

[Télécharger l’article
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    Tristan Tzara, Poésies complètes

    Tristan Tzara, Poésies complètes

     

    collection personnelle H. Béhar
    collection personnelle H. Béhar

     – Quoi, tu prétends que Tristan Tzara fut le plus important poète de langue française au XXe siècle! Mais tu te mets le doigt dans l’œil, mon pauvre ami. Regarde, Gallimard s’est bien gardé de le publier (sauf une pièce, La Fuite,mais c’était à la Libération, et pour se faire bien voir à l’époque…)
    – Ah bon! mais dis-moi, depuis quand a-t-on décidé que Gallimard régissait la littérature en France? Reverdy ne figure pas sur son catalogue, ni Benjamin Péret, ni Crevel, ni Jouve. Tous minables?
    – Non, je n’ai pas dit cela, mais que veux-tu, hors Gallimard, point de salut.
    – Eh bien, je prétends qu’il n’y a qu’une seule manière de nous départager, c’est de le lire,  hors de toute polémique. Tranquillement, à tête reposée, sur ta tablette. Voici le recueil intégral de ses poésies. Le reste est toujours disponible chez Flammarion, en livre de poche ou dans la série des Œuvres complètes (6 volumes).*

    *extrait d’une conversation authentique.

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    CC

     


    Article complémentaire : D’UN CERTAIN AUTOMATISME DU GOÛT

     

    André Breton, index des Oeuvres complètes

    Index des Œuvres complètes de A. Breton

    Breton

    On trouvera ci-dessous, dans un premier temps, l’index alphabétique général des Œuvres complètes d’André Breton. Il s’agit en fait de tous les ouvrages parus de son vivant, ayant fait l’objet, la plupart du temps, d’une édition en livre de poche. Ce sont donc tous les mots (noms communs et noms propres, avec capitales ou non) employés par l’auteur, classés dans l’ordre alphabétique, avec, accolé sur la même ligne, leur nombre d’occurrences dans ce corpus. Sauf erreur de ma part, on peut dire, en simplifiant, qu’André Breton a un vocabulaire de 42.353 formes. Au lecteur de décider s’il est riche ou non, plus recherché ou plus complexe que celui de Racine, de Victor Hugo ou de l’un des poètes de sa génération. L’intérêt immédiat de cette liste est qu’elle permet de voir les mots utilisés par l’écrivain, et ceux qui, par défaut, sont exclus de son vocabulaire. Rappelons, pour finir, que tout calcul scientifique admet une approximation de +_ 5%.
    Logiciel utilisé: TXM de l’ENS de Lyon.
    Je remercie particulièrement Michel Bernard 
    qui a bien voulu m’accompagner, à nouveau, dans cette aventure numérique.

    Je remercie Étienne Brunet (Université de Nice), dont le logiciel Hyperbase m’a servi à élaborer cet index alphabétique.

    [Télécharger l’index _AB_TXM au format PDF]   

    Nos outils nous offrent d’autres classements qui seront d’un grand intérêt pour le chercheur et même l’amateur.
    Voici un index avec la référence des pages dans l’édition de la Pléiade. Pour alléger le fichier, j’en ai retiré les pronoms et particules  trop fréquents.

     [Télécharger l’index _réf_p.  au format PDF]

    Enfin, pour faire œuvre décidément utile, voici la concordance, lettre par lettre, issue du même fichier Œuvres complètes, avec l’indication de la page dans la Pléiade. Les fichiers Epub sont lisibles aussi bien sur votre tablette que sur ordinateur.

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    CC