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« Avant la lettre. Les manuscrits sont-ils de la littérature ? », dans : Alfred Jarry, du manuscrit à la typographie, actes du colloque international, université de Reims, 21-22 février 2014. Textes réunis et présentés par Henri Béhar et Julien Schuh, Etoile-Absinthe, n° 132-133, SAAJ et Du Lérot éd., p. 13-25.

Annonce du colloque : Alfred Jarry, du manuscrit à la typographie (fabula.org)

Exposition : 45702.pdf (univ-reims.fr)

annonce du volume sur Fabula : H. Béhar et J. Schuh (dir.), Alfred Jarry, du manuscrit à la typographie (fabula.org)

Alfred Jarry, du manuscrit à la typographie, Actes du Colloque international, Université de Reims Champagne-Ardenne, 21-22 février 2014, textes réunis par Henri Béhar et Julien Schuh,  SAAJ & Du Lérot éditeur, Paris & Tusson, 2014, EAN13 : 9782355480935. 344 pages.

En réaction au livre de son époque, de plus en plus standardisé, reproduit à des milliers d’exemplaires identiques par des presses toujours plus perfectionnées, mais dont la qualité, pour faire baisser son coût, ne cesse de décroître, Jarry cherche à concevoir une forme de livre artistique, échappant à la reproductibilité absolue de la marchandise. La limitation des tirages, la création de gravures originales, l’utilisation de techniques archaïsantes et artisanales et le développement d’une esthétique de la synthèse sont destinés à rendre à ces objets une aura d’unicité et à promouvoir d’autres modèles de réception, fondés sur la suggestion, par refus d’une lecture standardisée.

 C’est cet intérêt pour l’aspect concret de l’expérience littéraire chez Jarry qui a servi de fil conducteur aux intervenants de ce colloque, organisé par la Société d’Alfred Jarry et le Centre de Recherche Interdisciplinaire sur les Modèles Esthétiques et Littéraires (CRIMEL-EA3311) de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, dirigé par Jean-Louis Haquette, et soutenu par la Ville de Reims.

 Sommaire

Henri Béhar & Julien Schuh, « Présentation »… p. 7

« De par ceci qu’on écrit l’œuvre » : manuscrits et génétique

 Henri Béhar, « Avant la lettre. Les manuscrits sont-ils de la littérature? »… p. 13
Yosuké Goda, « Jarry face à la censure théâtrale »… p. 27
Henri Bordillon, « Marcueil dans le texte »… p. 49
Diana Beaume, « Paroles dégelées. A propos du manuscrit de Pantagruel »… p. 61
Julien Schuh, « La Dragonne, un “répertoire de l’irréalisé actuel” »… p. 79
Paul Edwards, « Collections et crocodiles »… p. 103
Eric Walbecq, « Jarry en toute lettre »… p. 115
Matthieu Gosztola, « Corner les pages, l’acte par quoi se déploie entièrement la genèse des critiques littéraires, ou Le livre-source accaparé comme manuscrit »… p. 127

 « Il n’y a que la lettre qui soit littérature » : l’imaginaire graphique

Michel Arrivé, « Lettre, sens, littérature »… p. 1
Marc Décimo, « Alfred Jarry face à un régent »… p. 147
Aurélie Briquet, « Silences de L’Amour absolu : blancs et ponctuation »… p. 167

 « Rapide il imprime, il imprime, l’imprimeur » : édition et typographie

 Alain Chevrier, « La présentation typographique des poèmes de Jarry »… p. 181
Edouard Graham, « Jarry à l’épreuve du fac-similé »… p. 199
Armelle Hérisson, « Le projet mirlitonesque et les opus Sansot »… p. 217
Clément Dessy, « La littérature en artisan »… p. 235
Vincent Gogibu, « Remy de Gourmont & Alfred Jarry »… p. 257

 « On ne fait pas grand, on laisse grandir » : postérité

JJill Fell, « Une trajectoire polonaise »… p. 273
Anna Rykunova, « Alfred Jarry, Les Paralipomènes d’Ubu (1896) »… p. 287
Hélène Campaignolle & Sophie Lesiewicz, « Ubu version LivrEsC »… p. 299
Linda Stillman, « De l’exposé à l’exposition : Collectionner Jarry »… p. 327

Texte intégral du volume accessible sur le site de la SAAJ : etoile_absinthe_132_133.pdf (alfredjarry.fr)

Bonnes pages : Bonnes_pages_EA132-133.pdf (alfredjarry.fr)

Présentation par Henri Béhar & Julien Schuh

En réaction au livre de son époque, de plus en plus standardisé, reproduit à des milliers d’exemplaires identiques par des presses toujours plus perfectionnées, mais dont la qualité, pour faire baisser son coût, ne cesse de décroître, Jarry cherche à concevoir une forme de livre artistique, échappant à la reproductibilité absolue de la marchandise. La limitation des tirages, la création de gravures originales, l’utilisation de techniques archaïsantes et artisanales et le développement d’une esthétique de la synthèse sont destinés à rendre à ces objets une aura d’unicité et à promouvoir d’autres modèles de réception, fondés sur la suggestion, par refus d’une lecture standardisée. C’est cet intérêt pour l’aspect concret de l’expérience littéraire chez Jarry qui a servi de fil conducteur aux intervenants de ce colloque, organisé par la Société d’Alfred Jarry et le Centre de Recherche Interdisciplinaire sur les Modèles Esthétiques et Littéraires (CRIMEL-EA3311) de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, dirigé par JeanLouis Haquette, et soutenu par la Ville de Reims. «De par ceci qu’on écrit l’œuvre » : manuscrits et génétique Le travail sur l’édition des Œuvres complètes de Jarry aux éditions Garnier Classiques a entraîné un retour aux manuscrits, dont certains n’avaient plus été exhumés depuis des décennies. On sait que Jarry gardait tous ses brouillons, de manière quasi maniaque, ce qui lui avait permis de constituer le recueil de textes de jeunesse Ontogénie, ou l’autorisait à piocher dans ses inédits pour compléter ses œuvres en cours. Après une mise au point d’Henri Béhar, qui s’interroge sur le statut de ces objets manuscrits dans notre tradition éditoriale, Yosuké Goda, Henri Bordillon, Diana Beaume et Julien Schuh Henri Béhar & Julien Schuh 8 analysent les dossiers de certains textes de Jarry (Pantagruel, La Dragonne…) dont les singularités remettent en cause les genres établis et les formes habituelles du livre. Ces questions touchent également sa pratique épistolaire, analysée par Paul Edwards, Éric Walbecq et Matthieu Gosztola, qui s’échappe souvent vers la création littéraire ou la critique. « Il n’y a que la lettre qui soit littérature » : l’imaginaire graphique Jarry invite son lecteur à voir la typographie plutôt qu’à lire le sens des phrases, en faisant par exemple du graphème X un élément central du recueil, un linéament symbolisant à la fois le sablier, le signe de l’infini (∞), la croix du Christ ou des tombeaux ou encore la forme d’une chouette effraie. Comme les gravures anciennes de L’Ymagier, comme ses propres dessins synthétiques qui se détachent sur fond obscur, les textes de Jarry sont destinés à être lus comme des emblèmes dont les lignes simplifiées sont susceptibles de plusieurs interprétations. Les jeux entre la lettre et le sens font l’objet des interventions de Michel Arrivé, qui compare les théories de Jarry et de Saussure, et de Marc Décimo, qui présente la biographie d’un de ces rénovateurs de l’orthographe qui fit les délices de Jarry chroniqueur, Jean-Marie Chappaz; Aurélie Briquet, quant à elle, explore plus largement les relations d’un texte comme L’Amour absolu à sa mise en page. «Dépliant et expliquant, décerveleur, / Rapide il imprime, il imprime, l’imprimeur »  : édition et typographie L’intérêt de Jarry pour la typographie se révèle très tôt. En juin 1894, il envoie une lettre à Alfred Vallette, le directeur du Mercure de France, à propos de la mise en page de «Haldernablou», première œuvre de fiction acceptée dans les colonnes de la revue : «À propos des épreuves, j’ai comparé avec effroi la longueur des vers des Chœurs avec le format du Mercure. Je crois qu’il faudra du sept romain, et au surplus j’aime mieux vous laisser carte blanche pour les caractères, je reconnais que je suis encore d’une assez grande inexpérience typographique.» Remy de Gourmont, qui l’introduit dans le Mercure et lui sert de mentor, est lui-même adepte des expérimentations typographiques. Ensemble, ils publient à partir de 1894 la revue L’Ymagier, qui reproduit souvent des fac-similés de pages de livres anciens pour la beauté de leurs caractères. Jarry s’inspire des livres de Gourmont dans la composition des pages de titres des Minutes de sable mémorial et de César-Antechrist. Les deux écrivains se brouillent en 1895; Jarry crée en janvier 1896 une revue d’estampes concurrente de L’Ymagier, Perhinderion, pour laquelle il fait fondre spécialement une police de caractère inspirée de celles de la Renaissance : «On a retrouvé pour nous les poinçons des beaux caractères du quinzième siècle, avec les lettres abréviées, dont nous ne donnons qu’un exemple imparfait avec Présentation 9 nos deux chapitres de Sébastien Munster, mais qui seront fondus avec le plus grand soin et serviront spécialement à nos textes à partir du fascicule II» («Premier son de la messe», Perhinderion, n° 1, mars 1896, n. p.). Jarry a commandé ces caractères d’imprimerie Mazarin à Renaudie, l’imprimeur du Mercure de France, en mars 1896. Il pouvait se permettre ce genre de dépenses, venant de toucher son héritage paternel; cette fonte ne servira que pour l’impression du deuxième et dernier numéro de Perhinderion, et pour Ubu roi, dont l’achevé d’imprimer du 11 juin 1896 précise qu’il a été composé « avec les caractères du Perhinderion». Endetté, Jarry vendit ces caractères à Renaudie peu de temps après; on les retrouve dans certaines publications de l’époque. La plaquette de Paul Fort, Louis XI, curieux homme, parue la même année, utilise également ces caractères; la troisième page de l’ouvrage précise : «Imprimé avec les caractères du Perhinderion». L’Intermède pastoral de Ferdinand Herold (Paris, Le Centaure, 1896) utilise aussi le Mazarin de Jarry. Les caractères du titre d’Ubu roi, réutilisés en 1897 en couverture du Vieux Roi de Gourmont, ne sont pas ceux du Perhinderion, comme on l’écrit parfois; on les trouve déjà, dans différents corps, dans Le Livre d’Art, dès le premier numéro de mars 1896. Cette attention à la typographie oriente les investigations d’Alain Chevrier sur la manière dont les poèmes de Jarry ont été remis en page depuis leur première édition; d’Édouard Graham, qui replace dans le contexte de l’époque l’édition autographique de L’Amour absolu ; et d’Armelle Hérisson, qui analyse les dossiers des opuscules de la collection mirlitonesque chez Sansot que Jarry n’a pas finalisés. Clément Dessy et Vincent Gogibu explorent de leurs côtés les relations de Jarry avec deux autres amoureux de la chair des livres : Max Elskamp et Remy de Gourmont. «On ne fait pas grand, on laisse grandir » : postérité Les expérimentations typographiques de Jarry inspirent écrivains et artisans du livre tout au long du siècle qui suit sa mort («On ne fait pas grand, on laisse grandir», déclare-t-il dans Le Surmâle). Ses dessins et gravures volontairement synthétiques font l’objet de réappropriation par des artistes comme Miró ou Picasso ; les attributs d’Ubu sont réimaginés par ses illustrateurs, et les typographes traduisent dans la forme même des livres leurs interprétations de son esthétique. Jill Fell décrit la tragique histoire des passeurs polonais d’Ubu roi. C’est une expérience d’illustration et de livre d’artiste beaucoup plus récente, celle de Serge Chamchinov, qu’analyse Anna Rykunova. Du livre à la bibliothèque numérique, Hélène Campaignolle et Sophie Lesiewicz présentent la place de Jarry dans la base de données LivrEsC, consacrée au livre comme espace de création. Enfin, Linda Stillman livre le point de vue d’une collectionneuse passionnée par Jarry dans le récit de la constitution de sa collection de manuscrits et d’éditions originales placée sous le signe de la gidouille.

[Téléchargez l’article d’Henri Béhar PDF ]


Avant la lettre
Les manuscrits sont-ils de la littérature ?

Henri Béhar

« Le Livre objet perpétuel, La Rose et le chien (1958)  », dans coll. Livre/Typographie, Une histoire en pratique(s), Paris, Éditions des cendres, 2020, p. 115-122.

Cf: https://melusine-surrealisme.fr/henribehar/wp/?p=962« Le Livre objet perpétuel, La Rose et le chien (1958)  », dans coll. Livre/Typographie, Une histoire en pratique(s), Paris, Éditions des cendres, 2020, p. 115-122.

[Télécharger le PDF de l’article]

Biblio : Tristan Tzara, « La rose et le chien » (1958), in OC IV, p. 419.

Article recueilli dans l’ouvrage : https://serd.hypotheses.org/7752 :

Hélène Campaignolle-Catel, Sophie Lesiewicz et Gaëlle Théval (dir.), Livre/Typographie : une histoire en pratique(s)

PAR JULIEN SCHUH · 13/01/2021

Hélène Campaignolle-Catel, Sophie Lesiewicz et Gaëlle Théval (dir.), Livre/Typographie : une histoire en pratique(s), Éditions des Cendres, 2020.

Ce volume met un accent particulier sur la typographie : Massin narre l’enquête qu’il a menée sur les rééditions d’Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, Roxane Jubert interroge le travail de composition (typo)graphique de Fernand Léger dans La fin du monde filmée par l’ange Notre Dame, Michel Wlassikof documente les sources de l’esthétique unique de La Septième Face du dé…
Ce sont quantité d’informations typographiques inédites sur les grands livres de poètes et de peintres du xxe siècle qui viennent en renouveler la lecture.
Cette attention à la composante typographique des œuvres est augmentée d’un dossier complet consacré à l’œuvre de l’artiste typographe et graveur,  Michael Caine.
Construit chronologiquement autour d’œuvres formant autant d’étapes marquantes de l’histoire du livre de création, le volume analyse les rééditions et réinterprétations d’Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, rassemblant Massin, Tibor Papp, Albert DuPont et Isabella Checcaglini ; le livre symboliste à la fin du xixe siècle (Alfred Jarry, Marcel Schwob, Georges de Feure) ; les années dix-vingt pour sonder « l’esprit nouveau » des œuvres des poètes Apollinaire et Cendrars ; les années cinquante avec l’étude de trois œuvres post-dada et/ou surréalistes (Georges Hugnet, Tristan Tzara, Joan Miró) ;  la notion de livre-objet développée dans l’espace culturel mexicain et brésilien (Vicente Rojo et Octavio Paz, Waltercio Caldas et Mira Schendel) ; l’imaginaire francophone du livre sonore des années 70 (Bernard Heidsieck, Michèle Métail) en écho aux expérimentations antérieures de la revue poétique Sic. Le volume se clôt sur des études d’œuvres d’André Frénaud et du Bouchet et un entretien avec Julius Baltazar, offrant un regard rétrospectif sur trente années de création fertile dans le champ du livre d’artiste.

Sommaire :

Présentation         9
I – Le « Coup de dés » de Mallarmé :
réédité, réinterprété
Massin, « Quant à Mallarmé ». Une édition d’ « Un coup de dés »        15
      dans la collection « Typographies expressives »      
Albert DuPont, Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, poème bloc poème,     25
    Désir-Hasard-Dés (1999-2000)
Anne-Marie Christin, Matière du blanc    41
II – Déplacements du livre symboliste
au tournant du siècle
Julien Schuh, « Les livres d’Alfred Jarry, entre art populaire et bibliophilie »    59
Agnès Lhermitte et Bruno Fabre, « La Porte des rêves » (1899) et l’art nouveau     67  
III – « L’Esprit nouveau »
du livre chez Apollinaire et Cendrars
Jean Burgos, Un livre appelé à faire date : « L’Enchanteur pourrissant »            79
      de Guillaume Apollinaire
Claude Debon, « Calligrammes », creuset de la modernité poétique             87
Roxane Jubert, Un livre haut en couleur, « La Fin du monde ».         95
      Énergie visuelle et cinétique d’une création de Cendrars et Léger
IV – Inventions et recréations
du livre post-dada et surréaliste
Michel Wlassikoff, Réflexions sur le photomontage et la typo-photo      107
      et sur quelques inspirations possibles de Hugnet
      pour sa « Septième face du dé »
Henri Béhar, Le livre objet perpétuel : « La Rose et le chien » (1958)       115
Jiyoung Shim, Joan Miró, illustrateur de poètes          123

V – Le livre-objet des années 60 aux années 80…
   frontières / hors-limites
Ana Mannarino, Le livre-objet dans l’art brésilien : M. Schendel et W. Caldas      133
Melina Balcazar, Autour de « Discos visuales » d’Octavio Paz       141
VI – Au défi de la partition :
sources et avenirs de « l’oro-livre »
David Christoffel, L’imaginaire partitionnel de la revue « SIC »       151
Marion Naccache, Bernard Heidsieck / « poésie action »    159
    remarques sur l’action en question
Michèle Métail et Louis Roquin, Cent pour cent     167
Jean-Pierre Bobillot, « Imaginaire partitionnel », réelles « contiguïtés »     173
VII – Poètes contemporains et livres d’artistes
Jean-Yves Debreuille, André Frénaud – Viera da Silva,       183
    « Éclats et fumées par la campagne »
Michel Collot, André du Bouchet / Pierre Tal Coat, « Laisses » (1975)    191  
Jean-Pascal Léger, Autour de la genèse du livre « Le Surcroît »        197
d’André du Bouchet et Albert Ràfols-Casamada. Témoignage
Julius Baltazar, Entretien      203
Annexe
Le typographe et l’artiste : Michael Caine    209
    Dossier réuni par Sophie Lesiewicz
    Introduction, 209 / Bibliographie, 218
Liste des ouvrages étudiés durant le séminaire        250
Table des illustrations        252



http://expositions.bnf.fr/brouillons/grand/103.htm:

Tristan Tzara, La Rose et le Chien : poème perpétuel, Pablo Picasso Alès, p a b [P. A. Benoit], 1958

Éd. originale illustrée de quatre gravures sur celluloïd par Picasso, Exemplaire n° 3, l’un des 22 du tirage annoncé ; celui-ci comporte un long envoi en spirale de l’auteur à P.-A. Benoit.

On a joint, provenant des archives de l’imprimeur-éditeur, le manuscrit autographe du “poème perpétuel”, ainsi que les épreuves corrigées de celui-ci. BNF, Réserve des livres rares, Rés. 4° Z. PAB-éd. 24.

L’activité d’imprimeur a souvent correspondu chez Pierre-André Benoit (P. A. B.) au jeu de balle : lancer, recevoir une idée, la renvoyer vers un partenaire et, par des échanges vifs, généralement épistolaires, clore la partie sur la réalisation du livre, point final, le plus souvent gagnant, car surprenant de rapidité.
Pour La Rose et le Chien, l’idée était venue de Tzara d’un poème disposé sur des cercles concentriques, analogues aux volvelles des anciens livres d’astronomie. Tzara pensait, grâce aux fenêtres aménagées, offrir une lecture multiple, presque sans fin. Si le poème fut relativement long à mettre au point, sa réalisation d’après le manuscrit très précis qui fut envoyé à l’imprimeur, ne prit qu’une dizaine de jours. Le 2 février 1958, les épreuves en étaient corrigées, le texte légèrement modifié et un anathème secret ajouté à destination de ceux qui auraient la curiosité de démonter le mécanisme.
“L’objet”, comme disait Tzara, fut complété par Picasso de quatre planches gravées, dont deux complémentaires : l’une au centre du dispositif, pour en cacher l’attache, l’autre servant de support, comme une main ouverte au creux de laquelle tournerait à l’infini ce microcosme de poésie.


Voir en complément : http://www.le-corpus.com/cours-ateliers/2021-22_chal_poeme-multiple/poeme-multiple.html

Ainsi que l’exposition du Musée de l’imprimerie: Quand les livres s’amusent:
https://www.imprimerie.lyon.fr/sites/micg/files/2021-02/livres_animes_pdf2_dp.pdf