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Le lexique dans l’œuvre poétique d’Aragon : un poète bien de France

   « Le lexique dans l’œuvre poétique d’Aragon : un poète bien de France »,

dans Cécile Narjoux (coll.), La Langue d’Aragon, « une constellation de mots », Éditions universitaires de Dijon, 2011, p. 27-44.

Il y a une dizaine d’années, j’ai décidé, avec l’aide de mon frère Jacques, de numériser la totalité de l’œuvre poétique d’Aragon parue au Livre Club Diderot. Pour des raisons pratiques, nous avons dû nous arrêter à l’année 1952, ce que certains regretteront. J’ai ensuite confié notre travail à la banque de données FRANTEXT, qui n’en a traité, selon ses propres normes, que la première partie. Ayant connu divers changements de direction, elle a tout simplement rompu tout contact avec moi.

Néanmoins, le public peut bénéficier des traitements lexicaux offerts par le centre de Nancy, pour ce qui concerne le premier tome de l’œuvre poétique, jusqu’au Paysan de Paris inclus, outre certains romans et recueils postérieurs, tels Les Voyageurs de l’impériale (saisie fournie par le Centre de recherche Hubert de
Phalèse), Le Crève-cœur, Le Roman inachevé. Au total, il s’agit de 35.441 mots ou occurrences, tandis que j’en ai traité, pour ma part, un peu plus de 900.000.

Henri Béhar

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Le surréalisme dans les lycées de Brest “Hybridations libres”

Hybridations libres

Ce recueil, Hybridations libres, est le fruit d’un projet mené conjointement en Accompagnement personnalisé (AP) avec les élèves de Terminale L du lycée Amiral Ronarc’h, dans la classe de Mme Aurélie Martin-Chrismann, et avec les élèves de Mise à niveau Arts appliqués (MANAA) du lycée Vauban dans la classe de Katell Lefèvre et Michel Thépaut, à Brest, pendant l’année scolaire 2014-2015. Il trouve son origine dans l’étude d’une des œuvres au programme de Terminale L : le recueil Les Mains libres, de Man Ray et Eluard, publié en 1937. Pour ce recueil, les dessins de Man Ray ont précédé les poèmes d’Eluard, renversant ainsi la relation traditionnelle entre textes et images. Nos élèves ont marché dans les pas de ces deux artistes : les élèves de MANAA ont créé des images sur le thème de l’hybridation Homme/Animal. Les élèves de Terminale L ont ensuite écrit des poèmes sur ces dessins, en s’inspirant de la démarche surréaliste : peu ou pas de ponctuation, des vers libres, des images désarçonnantes puisées dans les sensations et sentiments suscités par les dessins plutôt que dans une construction raisonnée et logique. Bref : le hasard, les combinaisons aléatoires, le travail souterrain de l’inconscient ont été préférés à toute autre démarche. Le but était de s’approprier les caractéristiques du recueil étudié, en comprenant de l’intérieur le style d’Eluard. Loin des exercices très normés et très exigeants de leur épreuve de baccalauréat, mais en mobilisant les mêmes compétences, l’enjeu était aussi de se faire plaisir en créant, et de vérifier la justesse de Lautréamont lorsqu’il écrit : « La poésie doit être faite par tous. Non par un. » ! Enfin, notre recueil Hybridations libres a aussi un destinataire extérieur à nos deux établissements : il s’agit de M. Loïc Le Bail, Conservateur à la BNF dans le Département des Estampes et de la Photographie. L’année dernière et cette année, il est venu faire à nos élèves une conférence sur la BNF, et une autre sur le Surréalisme dans la Littérature et les Arts, qui fut son objet de recherche à l’Université Paris III. Qu’il soit ici remercié du temps qu’il a trouvé pour nos élèves, et des kilos de fac-similés qu’il a transportés entre Paris et Brest : la revue Minotaure, la Révolution Surréaliste, et tant d’autre merveilles. « Il y a plus de merveilles dans une main tendue, avide, que dans tout ce qui nous sépare de ce que nous aimons. » écrit Eluard dans la Préface des Mains libres : merci pour cette main tendue !

Brest, mars 2015, Aurélie Martin-Chrismann, Katell Lefèvre, Michel Thépaut

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Léon Moussinac à l’AEAR

Je ne sais pourquoi Jean-Paul Morel, qui est lui-même éditeur, rencontre des difficultés avec ses pairs (et maires en l’occurrence). En attendant qu’il trouve une solution correspondant à l’intérêt que présente son travail, je l’accueille ici chaleureusement.
Il n’est pas possible que la connaissance soit mise sous le boisseau au prétexte que Moussinac se débattait avec une idéologie aberrante.
Télécharger le livre au format PDF:
AEAR Ciné Mouss

 

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Filmographie surréaliste

Filmographie surréaliste

Faisant le ménage dans le dinosaure qui me sert d’ordinateur, je retrouve le fichier ci-joint, primitivement attribué à Dominique Rabourdin. A mon interrogation, celui-ci me répond qu’il n’en est pas l’auteur, et ne voit pas d’où peut provenir cette “excellente” filmographie.

J’imagine que l’auteur de ce travail se reconnaîtra, et me le fera savoir.
En attendant, il ne saurait être question d’en priver davantage le public intéressé.
Télécharger ce fichier en .PDF :

Filmographie

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De la bévue des comptes rendus

Il y a des gens qui rendent compte d’un ouvrage sans l’avoir lu, et avant même qu’il ne paraisse (voyez la mésaventure de l’ami Breuil avec Libération). N’est pas Lanson qui veut !
Il y en a d’autres qui ne trouvent pas ce qui est pourtant imprimé.
À ceux-là j’offre, en pur don, la notice qu’ils cherchaient dans le Dictionnaire André Breton (Classiques Garnier), au format PDF, pour qu’ils notent le foliotage. Elle a été rédigée par Maryse Vassevière. Les mêmes ne trouvent pas la bibliographie générale, qui compte seize pages. Mais à ce niveau de scotomisation, cela relève d’une autre discipline, et je ne peux rien pour eux.

[Télécharger la notice Baron]

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De Gaulle et moi

De Gaulle et moi

Question : y a-t-il un point commun entre Henri Béhar et Charles De Gaulle ?

Réponse : Oui. Toute mégalomanie mise à part, ils ont tous deux échappé à la fusillade, le 26 août 1944, à la même heure. L’un à Notre-Dame, lors du Te Deum, l’autre alors qu’il jouait tranquillement dans la cour de son immeuble, rue Henri Ranvier, au Nord-est de Paris.

Les historiens s’interrogent encore : d’où venaient les coups ? qui a tiré après l’armistice parisien ?

Pour ce qui me concerne, je sais, car la scène est de celle qu’on n’oublie jamais, que c’était un Allemand isolé, perché sur le toit de l’immeuble opposé, ne pouvant se résoudre à déposer les armes. Son compte fut réglé dans les cinq minutes par les FFI venus voir leurs parents.

Dire qu’il m’a fallu 70 ans pour me rendre compte de cette coïncidence ou concordance des temps !

Henri Béhar

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Le surréalisme par les textes

Le Surréalisme par les textes

Compte rendu dans Histoires Littéraires, n° 58, juillet 2014.

Le Surréalisme par les textes, édition d’Henri Béhar et Michel Carassou (Classiques Garnier, 2013, 313 p., 29 €). Le label des Classiques Garnier amuse et plaît à propos d’un sujet comme le surréalisme. Il ne s’agit en fait que de la reprise d’éditions précédentes (1984 et 1992), peu modifiées par les deux poids lourds en charge, Henri Béhar et Michel Carassou, dont les autres ouvrages sur le sujet nous ont déjà impressionnés et intimidés par la sapience et le couperet de leurs jugements. Aborder le surréalisme par ses textes est évidemment une bonne idée, puisque, malgré les surréalistes eux-mêmes – surtout Breton -, le mouvement fut avant tout littéraire, notamment au plan théorique. À part Max Ernst, surréaliste avant l’heure, il faudra en effet quelques années de tapage avant que la peinture se mêle au mouvement. Dommage, d’ailleurs que le grand Max soit oublié dans cette compilation et ses références : n’est-il pas l’auteur principal du Malheur des immortels, révélé de concert avec Éluard ? En 1922, deux ans avant le Manifeste, c’était pourtant, par anticipation, un des plus surréalistes de tous les ouvrages qui jalonnèrent le mouvement. C’était de la poésie et non de la théorie, nous diront les auteurs de ce Surréalisme par les textes. Sur le plan conceptuel, Henri Béhar et Michel Carassou sont incollables et livrent le paradoxe dès les premières lignes de leur introduction : le surréalisme de Breton se voulait tout sauf une école littéraire, mais une pensée, une attitude intellectuelle, une philosophie aussi. Il le sera, certes, mais ce qui reste finalement, ce sont d’une part les textes littéraires, d’autre part cette peinture amarrée plus tardivement avec le slogan – ou le mot d’ordre bretonesque – qu’elle ne devait surtout pas se préoccuper de beauté. Le présent ouvrage se concentre donc sur ce qui fut écrit, divisant son approche entre la morale, la connaissance et l’expression. Au milieu de la profusion contemporaine d’essais mal documentés (sauf sur le nombrilisme de leurs auteurs), Le Surréalisme par les textes est un bel outil qui associe les données « dures », non trafiquées a posteriori, des écrits théoriques surréalistes, et les commentaires subtils et lettrés des deux éditeurs.

Compte rendu dans Histoires Littéraires, n° 58, juillet 2014.

 

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Aragon, la confusion des genres

Aragon, la confusion des genres
Pour ne pas oublier Castille

par Daniel Bougnoux

Aragon2

Le septième chapitre

Dans un article du Monde, la très prudente Josyane Savigneau écrit : « Puisqu’il est interdit de le faire, donnons quelques phrases, qui ne sont pas celles généralement citées, et laissons libres les commentaires » (« Polémique autour d’un chapitre sulfureux de la vie d’Aragon »,26.10.2012).

Mais non Madame ! la France est un pays de droit, et même de droit écrit, qui se flatte de ne plus connaitre la censure préalable. Tant qu’un écrit n’a pas été explicitement interdit par un tribunal, et pour de bonnes raisons figurant dans les attendus du jugement, nous sommes libres de le donner à lire, avec l’accord de son auteur, bien entendu, et c’est au lecteur de juger si Gallimard a eu tort de le soumettre, avant publication, à l’ayant-droit d’Aragon, si J.B. Pontalis, le directeur de la collection, a eu raison de convaincre Daniel Bougnoux de publier son livre amputé d’un chapitre, si ce dernier a bien fait d’accepter en se réservant le droit de clamer partout qu’il était victime de la censure gallimarde.

Pour ma part, je n’ai jamais eu d’opinion que sur pièces. J’ai lu Aragon, la confusion des genres, ouvrage auquel je suis sensible parce qu’il traite des rapports du chercheur avec l’objet de son étude, et je donne à lire ci-dessous le chapitre incriminé. À chacun de se déterminer, texte en main.

[Télécharger le chapitre en PDF]

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Lettre à Roger Grenier

Lettre à Roger Grenier

Le 20 juin 2014
M. Roger Grenier
5 rue Gaston Gallimard
75007 PARIS

 Cher Roger Grenier,

Le regretté François Caradec me disait que vous étiez le seul « éditeur » qui lisait les manuscrits qui lui étaient soumis. Aussi vous ai-je écouté avec attention, sur France Inter, ce midi.
Surpris de vous entendre parler de moi, ou plutôt de mon Étude sur Le Théâtre dada et surréaliste, éditée initialement dans la collection “Les Essais”, en 1967.
Cette publicité indirecte et spontanée m’aurait fait plaisir, si vous ne me faisiez passer pour un imbécile, ou, pour le moins, un ignorant. Vous évoquiez le chapitre sur Julien Torma, retiré à votre demande et à celle de Raymond Queneau, en disant que vous m’aviez conseillé d’approfondir mes connaissances. Or, vous savez bien que ce n’était pas un problème de connaissance qui vous mouvait, l’un et l’autre, puisque que je ne traitais en rien de la personne, réelle ou supposée, de Julien Torma, mais de l’œuvre qui, malgré toutes les astuces du Collège de Pataphysique, est donnée à lire (Le Bétrou a même été représenté depuis). Mais à quoi bon redire tout cela, qui est écrit et publié dans la réédition de cet essai, dans la collection Idées/Gallimard, n° 406, où je remets le chapitre écarté, avec les informations qui s’imposent (voir p. 21-23).

Jusqu’à présent, je vous tenais pour un humaniste et un homme soucieux de la sensibilité d’autrui. Je constate, hélas, que vous retombez dans le lot commun, et j’en suis fortement déçu. Au moins pourriez-vous faire savoir aux auditeurs de France Inter que, tout jeune que je fusse alors, je n’étais pas aussi crédule et ignorant que vos propos radiophoniques le laissent supposer. D’autant plus que l’émission est désormais à la disposition du public pour l’éternité !
En l’attente, je vous prie, cher Roger Grenier, de recevoir mes salutations juvéniles.
Mais à quoi bon redire tout cela, qui est écrit et publié dans la réédition de cet essai, dans la collection Idées/Gallimard, n° 406, où je remets le chapitre écarté, avec les informations qui s’imposent (voir p. 21-23).
Jusqu’à présent, je vous tenais pour un humaniste et un homme soucieux de la sensibilité d’autrui. Je constate, hélas, que vous retombez dans le lot commun, et j’en suis fortement déçu. Au moins pourriez-vous faire savoir aux auditeurs de France Inter que, tout jeune que je fusse alors, je n’étais pas aussi crédule et ignorant que vos propos radiophoniques le laissent supposer. D’autant plus que l’émission est désormais à la disposition du public pour l’éternité !

En l’attente, je vous prie, cher Roger Grenier, de recevoir mes salutations juvéniles.

Henri BÉHAR

Cher Henri Béhar,

Je crains que vous ayez mal compris. Si je me souviens bien, après avoir parlé à Queneau, j’entends entre son rire,  je vous ai demandé de poursuivre un peu vos recherches sur Julien Torma, ce qui était une façon polie de vous alerter sur ce chapitre consacré à un auteur qui n’existe pas. Vous vous en êtes très bien sorti en écrivant que son existence ou non n’était pas le problème. Tout cela n’a rien d’offensant pour vous et je déplore que vous preniez la mouche.

Avec mon souvenir bien cordial

Roger Grenier

 

ReLIRE

ReLIRE

La BnF vient de mettre sur son site le Registre des ouvres indisponibles du XX e siècle. J’ai donc eu la désagréable surprise de constater que quatre des ouvrages auxquels j’avais participé au siècle passé sont désormais susceptibles d’être reproduites numériquement et gérées collectivement par une société agréée, telle la SOFIA.

Je ne suis pas mort ! écrivait André de Richaud dans un magnifique opuscule publié par Robert Morel en 1965. J’ai aussitôt manifesté mon existence par la lettre suivante, envoyée en recommandé à qui de droit :

Déclaration sur l’honneur attestant la qualité d’auteur du livre 
Article R 134-5 alinéa 2 du Code du la propriété intellectuelle 
Je, soussign é (e ), Madame , Monsieur (rayez la mention inutile)
Nom : Béhar 
Pré nom(s) : Henri 
né (e) le xx mai 19xx
Pseudonyme(s) ou nom d’usage 
Demeurant: xxxxxxxxxxx, Vxxxxxxxx
Téléphone xx xx xx xx xx

déclare et atteste sur l’honneur ê tre l’auteur du ou des livres(s) listé(s) ci  dessous : 
Livre 1 
L’Histoire littéraire aujourd’hui / sous la dir. d’Henri Béhar,… et de Roger Fayolle,… 
Auteur(s) : Henri Béhar 
Autre(s) Auteur(s) : Henri Béhar. Directeur de publication 
Roger Fayolle (année de décès : 2006). Directeur de publication 
Éditeur(s) : A. Colin 
Date d’ é dition : 1990 
Description : 187 p. ; ill., couv. ill. 
ISBN : 2-200-37186-1 
Catalogue BnF : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb350737423

Livre 2 
2. D
és-lyre / Roger Vitrac : poésies complètes ; présentées et annotées par Henri Behar 
Auteur(s) : Roger Vitrac 
Autre(s) Auteur(s) : Henri Béhar. Éditeur scientifique 
Éditeur(s) : Gallimard 
Date d’ édition : 1964 
Description : 221 p. 
ISBN : 2-07-026574-9 
Catalogue BnF : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb37410160c

Livre 3

Paul, Max et les autres : Paul É luard et les surréalistes / textes de Charles Harroche, Raymond Jean, Henri Behar ; sous la dir. de Sylvie Gonzalez 
Auteur(s) : Charles Haroche 
Raymond Jean (année de décès : 2012) 
Henri Béhar 
Autre(s) Auteur(s) : Sylvie Gonzalez. Directeur de publication 
Éditeur(s) : É d. de l’Albaron ; Musée d’art et d’histoire 
Date d’ édition : 1993 
Description : 155 p. ; ill. en noir et en coul., couv. ill. 
ISBN : 2-908528-32-0 
Catalogue BnF : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb356128318

Livre 4 
L’analyse thématique des données textuelles : l’exemple des sentiments ; dir. par François Rastier,… ; publ. par Éveline Martin,… ; avec la collab. de Henri Béhar et Michel Bernard, Évelyne Bourion… [et al.] 
Autre(s) Auteur(s) : François Rastier. Directeur de publication 
Éveline Martin. Éditeur scientifique 
Éditeur(s) : Didier rudition 
Date d’ édition : 1995 
Description : 282 p. ; graph. 
Collection : Études de sémantique lexicale 
ISBN : 2-86460-244-X 
Catalogue BnF : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb35792380x

[Télécharger l’article “La nébuleuse des sentiments “]

J’ai conscience qu’une fausse attestation m’exposerait à des sanctions pénales* et pourra être produite pour les besoins de la justice. 
Fait pour servir et valoir ce que de droit. 
À Vxxxxxx le 27/03/2013 
Signature manuscrite

En vérité, chaque item signalé demande un commentaire.

1. L’Histoire littéraire aujourd’hui, qu’avec Roger Fayolle nous avions dirigé et publié chez Armand Colin en 1990, fut pilonné par l’éditeur, qui nous avait rendu nos droits. Outre que j’en possède encore quelques exemplaires en bon état, on trouvera ci-après ma contribution numérisée. N’hésitez pas à m’écrire si l’ouvrage vous intéresse.

2. Roger Vitrac, Dés-Lyre, poésies complètes, texte établi, présenté et annoté par mes soins. Je ne puis croire que les éditions Gallimard aient renoncé à proposer au public les œuvres de cet auteur, qui ne se bornent pas au drame surréaliste Victor ou Les Enfants au pouvoir. Je leur ai donc écrit pour qu’elles observent les termes du contrat.

3. Paul, Max et les autres : Paul Éluard et les surréalistes , est un catalogue collectif dirigé par la directrice du Musée de Saint-Denis, publié par les éditions de l’Albaron en 1993, publiant exclusivement avec des crédits publics, dont le nom rime infailliblement avec le Larron. J’ignore ce que compte faire Sylvie Gonzalez, qui ne s’est pas manifestée lorsque l’ouvrage fut mis au pilon. Pour ma part, j’en conserve quelques exemplaires, et l’on trouvera ma contribution sous le titre « Paul Eluard, au rendez-vous des amis » dans mon recueil Les Enfants perdus, aux éditions L’Age d’Homme, 2002, p. 53-62.

4. « La Nébuleuse des sentiments », article écrit en collaboration avec Michel Bernard à la demande d’Eveline Martin a été repris dans : Henri Béhar, La Littérature et son golem, Champion, 2000, p. 75-108.

28 mars 2013
Henri Béhar

Ci falt la geste du Centre de Recherches sur le surréalisme

C’est tout naturellement que me revint à la bouche la fin de la Chanson de Roland quand j’annonçai la fermeture dudit Centre de recherches. Non par inflation verbale, mais simplement parce que, quarante ans après l’avoir fondé, il me semblait nécessaire de le clore par un acte volontaire, en lui épargnant une déchéance dont il ne se relèverait plus. D’autres que moi, s’appuyant sur ses productions, conteront la geste de ce centre. Pour ma part, je voudrais ici m’arrêter sur le dernier moment, celui où j’ai dit « ça suffit ! »

En cherchant dans mes archives, celles du moins qui sont restées chez moi, puisque la plus grande partie en est désormais à l’IMEC, je me suis rendu compte qu’aucun arrêté administratif du président de l’université (encore moins du Ministère) n’avait enregistré sa création en 1971 (il s’agissait alors de Raymond Las Vergnas). J’en conclus, par conséquent, qu’il est inutile qu’aucune instance prenne la responsabilité de déclarer officiellement la cessation de ses activités à la date du 31 décembre 2012.

Mais, me dira-t-on, pourquoi teniez-vous à liquider cet institut de recherche, si l’on peut s’exprimer ainsi ?

Voici : depuis que j’ai pris officiellement ma retraite, le 1 er octobre 2003, ni l’UFR de Langue et littérature françaises et latines de Paris III, ni les conseils de l’université, ni sa présidente, n’ont trouvé le moyen de pourvoir à mon remplacement par un enseignant-chercheur de rang magistral susceptible de prendre la relève. Plus, divers maîtres de conférences qui œuvraient dans l’équipe sont eux aussi partis en retraite ou dans une autre université ou encore en congé de longue durée sans être davantage remplacés de façon à maintenir un minimum des activités caractérisant ce centre. D’année en année, il a été de plus en plus exsangue, au point qu’à la date de ma décision, il ne comptait plus qu’un seul titulaire.

J’accuse les divers conseils de l’université de n’avoir ni pu, ni voulu, pérenniser un centre de recherche de valeur nationale et de réputation internationale, par défaut de vision et par manque de responsabilité.

Ce n’est pas faute d’avoir averti les instances dirigeantes, ni d’avoir attiré l’attention sur les besoins de la recherche en ce domaine. J’ai même poussé l’abnégation (puisque chacun sait que cette qualification n’offre aucun avantage, ni matériel ni même symbolique) jusqu’à solliciter par trois fois le titre de professeur émérite, ce qui laissait largement le temps de nommer un remplaçant. Mieux même, ayant à régler un conflit interne, le Conseil scientifique de Paris III a envisagé de prendre des dispositions contre l’éméritat, évidemment contraires à la loi. Il a fallu que je les menace d’un recours en tribunal administratif pour que ces fantoches soient remis à leur place.

Soyons clairs : il n’y a plus désormais, en France, de centre de recherche universitaire chargé de coordonner et de mener l’investigation dans le domaine du surréalisme, considéré comme un ensemble, alliant à la fois la création littéraire et artistique, la philosophie, l’histoire des idées, l’expression en toutes langues.

À qui la faute ?

Aux instances dirigeantes du CNRS qui, trop préoccupées de leur propre survie, se sont même réjouies de voir disparaître une unité propre (le GDR que j’avais réussi à maintenir pendant quatre ans), ce qui leur permettait de montrer qu’elles étaient capables de se réformer puisqu’elles fermaient une unité, au programme clairement déterminé, au profit d’un ensemble flou.

Aux instances dirigeantes de l’université Paris III, je l’ai dit, qui n’ont même pas levé le petit doigt en apprenant ma décision.

A l’Agence Nationale de la Recherche qui n’a aucune vision des besoins de la collectivité, et qui, sous prétexte de « jouvence », favorise avec des moyens considérables (le quadruple du fonctionnement annuel d’un labo) n’importe quel programme, du moment qu’il est présenté par un individu (et non une équipe), sans se préoccuper de sa formation au sein d’une équipe solide et chevronnée. Qu’on ne s’y méprenne pas, je ne critique pas l’idée de favoriser le travail des jeunes chercheurs, ni le souci légitime de préparer la relève. Je constate simplement qu’on s’y est pris à l’envers : au lieu de dresser un tableau des besoins du pays en matière de recherche et de faire des appels d’offres cohérents, on saupoudre et dilapide les crédits. Je me réjouis d’apprendre que les jours de cette instance sont comptés. Mais cessera-t-on pour autant de former des institutions sans légitimité démocratique, sans compétence scientifique ?

Aux multiples instances d’évaluation, du genre de l’AERES, qui, changeant leurs règles à chaque cession, demandent un bilan tous les quatre ans, un bilan intermédiaire au terme de deux ans, lequel ne coïncide jamais avec la durée des contrats, si bien que les équipes consacrent chaque fois six mois à élaborer des bilans qui ne seront jamais lus. Au prétexte qu’il ne faut pas, dans ses bilans, trouver deux fois plus de chercheurs qu’il n’y a de titulaires en France (on oublie que tout individu normalement constitué est capable de mener une recherche de qualité simultanément au sein de deux unités, je l’ai prouvé en fondant et animant l’équipe Hubert de Phalèse parallèlement au Centre surréalisme) elles décident un jour qu’on ne doit pas comptabiliser dans l’équipe les enseignants-chercheurs extérieurs à l’université de rattachement. Or ce centre, je l’ai, dès l’origine, conçu comme un réseau, comprenant aussi bien des collègues des universités d’Île de France que de la province et même de l’étranger. Ces mêmes instances décident, d’autorité, d’effacer de nos bilans les collègues du secondaire qui, leur service accompli à plein-temps et même davantage, entendent poursuivre des recherches au sein d’une équipe et nous apportent une aide considérable.

Soyons francs jusqu’au bout : le centre lui-même porte quelque responsabilité dans cette autodissolution. Non le centre, mais ceux qui, s’inclinant devant les oukases ministériels ont peu à peu effacé leur nom de la liste des membres actifs, ceux qui l’ont fréquenté pour autant qu’il pouvait favoriser leur « plan de carrière », ceux qui tout en le fréquentant assidûment, recevant avec délectation les informations hebdomadaires, n’ont jamais écrit une ligne de compte rendu.

J’ai autrefois dirigé l’université Paris III pendant cinq années. Je mesure le poids des forces de frottement, des résistances de tous ordres, et ce n’est pas ici que je ferai le procès d’une institution en principe dirigée par ses propres enseignants-chercheurs. Tout de même ! À côté d’admirables dévouements, rien n’a changé depuis que j’ai quitté mes fonctions par une décision volontaire. Que dire des lourdeurs administratives, du poids de la gestion, de l’absence d’un service d’informatique de recherche, etc. ? Le problème n’est pas individuel, il est systémique. Trop tard pour y remédier.

Je ferme la porte en préservant l’image d’un centre qui a formé de très nombreux chercheurs, publié des travaux en de multiples domaines, qui a créé des banques de données, un site Internet de référence, une liste de discussion en français, etc. Comme il est dit au cœur du Manifeste du surréalisme : « Ce que j’ai fait, ce que je n’ai pas fait, je vous le donne. »

13 mars 2013

Henri BÉHAR

Indira Gandhi

En cette année 2014, il y aura trente ans qu’Indira Gandhi, Premier ministre de la plus grande démocratie du monde, est morte sous les balles de ses propres gardes du corps. Je voudrais lui rendre hommage en publiant cette photo, qui la montre souriante.

Indira Ghandi reçue comme docteur honoris causa
Indira Ghandi reçue comme docteur honoris causa

 

C’était lors de sa promotion au titre de Docteur Honoris Causa de l’Université Paris III-Sorbonne Nouvelle. La décision du Conseil d’université n’était pas acquise : nos chers collègues qui n’hésitent pas à prendre une position politique chaque jour, craignaient, dans ce cas, d’être taxés de politiques. Ben voyons ! De féministes aussi, pourquoi pas ?

La cérémonie s’est heureusement passée. La Dame de New Delhi a prononcé un discours en français, lui aussi emporté de haute lutte, les Affaires étrangères craignant de la heurter en lui imposant notre langue. À la suite de quoi tout le monde s’est rappelé qu’elle avait fait une bonne partie de ses études en Suisse, et en français !

Quand j’ai présenté les Œuvres complètes de Tristan Tzara, on m’a reproché d’avoir insisté sur l’unité du poète, à travers tous les aléas de son existence. Je n’en démordrai pas pour ce qui me concerne. Oui, c’est le même individu, plongé jusqu’au cou dans la poésie moderne, qui s’occupait d’accueillir une haute personnalité sur les marches de la Sorbonne. Je frissonnais lorsque je vis les guetteurs armés sur les toits de la rue des Écoles.

En retrouvant cette photo, j’ai compris pourquoi Cabu m’a caricaturé en robe de bure. Il ne me connaissait pas, mais il se doutait bien qu’il m’arrivait parfois de revêtir la toge à trois rangs d’hermine.

Le 25 janvier 2014
Henri Béhar