« Aragon-Breton, au temps de l’amitié stellaire », Europe, n° 993-994, janv.-fév. 2012, pp. 311-316.

Les articles publiés dans la « Chronique » de la revue ne sont pas nécessairement liés au thème principal du numéro. De fait, celui-ci prend prétexte de la publication d’un volume de lettres d’Aragon à Breton pour traiter de leur incomparable amitié de 1918 à 1930.

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Aragon, Lettres à André Breton  (1918-1931), Gallimard, 2011, 480 p.

Ces quelque cent soixante-dix lettres sont la chronique d’une amitié passionnée puis violemment rompue, en même temps qu’elles jalonnent un moment essentiel de la modernité du XXe siècle. Un premier ensemble réunit les lettres de 1918-1919, écrites du front, puis d’Alsace et de Sarre après l’armistice : médecin-auxiliaire jeté en première ligne, Aragon a vécu de près la tuerie mondiale, naufrage d’une civilisation d’où naît la révolte Dada. Ensuite affleure l’histoire agitée du groupe surréaliste, en particulier son entrée dans l’action politique en 1925. Enfin le «Congrès de Kharkov» de 1930 va sceller l’adhésion d’Aragon au communisme, et provoquer à terme sa rupture avec Breton.
Tant de noms au fil des pages témoignent d’une amitié née sous le signe de la littérature, et bientôt de sa critique radicale : Rimbaud puis Lautréamont, intercesseurs essentiels ; Gide et Valéry, tôt délaissés ; Apollinaire (sous un jour inattendu), Reverdy, «l’ange offensé» ; Soupault, le premier compagnon, puis Eluard, Desnos… ; et les alliés incommodes Tzara, Picabia…
Précieuses enfin sont les lettres où Aragon commente son esthétique, l’écriture du poème qu’il vient d’achever – ou analyse subtilement celui qu’il a reçu de Breton ; et celles où affleure déjà ce débat majeur entre eux, le roman.
Incisives, jamais apprêtées, ces lettres attestent la vérité de l’instant : à leur regard, on ne pourra plus écrire la vie d’Aragon ni lire son œuvre tout à fait de la même façon.

Autres recensions :

Aragon/Breton : jeux de coécriture en 1922 et 1928 (openedition.org)

Louis Aragon : Lettres à André Breton – artpress

Réflexions de Daniel Bougnoux : Le duel Aragon- Breton | Le randonneur (la-croix.com)

Voir sur cette même page :

94. « La parenthèse dada » [Aragon], Europe, n° 745, mai 1991, pp. 34-44.

171. « Aragon, le ton de Lautréamont », dans L’Atelier d’un écrivain, le XIXe siècle d’Aragon, textes réunis par Édouard Béguin et Suzanne Ravis, Publications de l’université de Provence, 2003, pp. 27-39.

238. « Le lexique dans l’œuvre poétique d’Aragon : un poète bien de France », dans Cécile Narjoux (coll.), La Langue d’Aragon, « une constellation de mots», Éditions universitaires de Dijon, 2011, p. 27-44.

Prolongements :

Voir le site « Atelier André Breton » https://www.andrebreton.fr/fr/view?rql=lettres+aragon&__fromsearchbox=1&_fsb=1&subvid=tsearch

Lire la biographie d’André Breton où je cite le plus possible les lettres de Breton à son ami :

Henri Béhar, André Breton le grand indésirable, 3e édition, Classiques Garnier, coll. Biographies (à paraître).