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André Breton chronologie numérique (2)

1915 – 1918 AB mobilisé

1915

26 février : la classe classe 1916 est appelée sous les drapeaux par anticipation dès 1915.
Matricule militaire n° 4617. (Voir archives de la Seine)

12 avril-29 juin 1915 : AB fait ses classes au 17e régiment d’artillerie de campagne à Pontivy (Morbihan). T. Fraenkel est au Crotoy (AB à T. F. jeudi 22 avril 1915, M. Bonnet p. 70).

André Breton militaire

Citant Rimbaud « Je meurs, je me décompose dans la platitude, dans la mauvaiseté, dans la grisaille. » N’est-ce pas cela « l’école des bons travaux abrutissants ? » demande-t-il à Fraenkel.

Les appels patriotiques de Bergson ou de Barrès le laissent indifférent (OC III, 436).

Lit Les Jours et les Nuits, roman d’un déserteur, d’Alfred Jarry, les premiers recueils poétiques de Pierre-Jean Jouve, et surtout Guillaume Apollinaire.

7 juin 1915 : AB demande l’aide de Valéry pour le sortir de cette situation : « J’entrevois le monde très lointain des poètes que j’aimais ; je retrouve en souvenir, avec incrédulité, ma vie sentimentale d’hier. Un instant, je déjoue le complot des choses d’ici. »

André Breton à Nantes pendant la Grande Guerre
André Breton à Nantes pendant la Grande Guerre

Juillet 1915-juin 1916 Nantes

AB affecté 2 section d’infirmiers militaires, comme interne à l’hôpital bénévole, ambulance municipale n° 103 bis, 2 rue Du Boccage à Nantes. C’est le lycée de jeunes filles, Lycée Guisthau, alors en construction.

Octobre 1915 : Théodore Fraenkel est affecté à Nantes dans le même hôpital que AB.

Son affectation d’interne en médecine est très prenante, mais elle le change du sac au dos !

Lectures de Jarry, Apollinaire, René Boylesves, Francis James, Jules Laforgue, René Ghil, Paul Fort, Pierre Louÿs et les maîtres : Baudelaire, Mallarmé et Valéry.

30 août 1915, AB est promu soldat de 1ère classe.

Octobre 1915. T. Fraenkel et AB à Nantes.
AB et T. Fraenkel à Nantes en Octobre 1915

10 octobre 1915, première nuit platonique à l’hôtel avec sa cousine Manon, Madeleine Le Gouguès (née le 18 février 1894). Il lui avait dédié en septembre 1913 un poème manuscrit sur un éventail (OC I, 36).

Madeleine Le Gouguès, dite Manon. Cousine d'André Breton.
La cousine Manon

24 octobre 1915, seconde nuit, couche avec Manon. Déception totale, AB se déclare tenant de l’agynisme (indifférence à l’égard de la femme) auprès d’André Paris.

27 octobre 1915 : AB fait part de cette liaison à son camarade André Paris (étudiant en pharmacie, connu durant son service à Nantes, alors à Paris) : « aventure sentimentale terrible ».

Décembre 1915 : début des relations épistolaires avec Apollinaire. Voir dossier numérique : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Po%C3 %A8te_assassin%C3 %A9/Correspondance_manuscrite
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10084658f/f12.item.langFR

Décembre 1915 : AB et Théodore Fraenkel font la connaissance de Jacques Vaché, dans son lit d’hôpital rue Du Boccage, où il avait été admis le 22 novembre, puis opéré le 7 décembre. Ils s’y verront jusqu’au 8 février 1916, date de son transfert dans un autre hôpital militaire nantais, 10, rue Arsène-Leloup.

La logique temporelle et les recherches des éditeurs des récentes Lettres de guerre 1914-1918 de Vaché, présentées et annotées par Patrice Allain et Thomas Guillemin (Gallimard, 2018), fondées sur son livret militaire, nous conduisent à avancer de deux mois, par rapport à notre livre, cette rencontre, capitale pour AB.

Usant des permissions, AB et Vaché iront ensemble dans l’unique cinéma et fréquenteront les bouges du quai de la Fosse. Ils se reverront trois fois à Paris, en 1917 et une dernière fois en octobre 1918, avant le décès prématuré de celui qu’AB désignait comme son émancipateur.

Lorsqu’il publiera ses Lettres de guerre en 1919, AB reconnaîtra la forte influence qu’il exerça sur lui : « Il a déjoué en moi ce complot de forces obscures qui mène à se croire quelque chose d’aussi absurde qu’une vocation », confessera-t-il (OC I, 194).

Jacque Vaché sur son lit d’hôpital décembre 1915 .
https://xn--jacquesvach-lbb.fr/

« Avare de confidences sur sa vie passée » selon AB, Vaché était né à Lorient le 7 septembre 1895 d’un père militaire de carrière, assez dur avec lui, et d’une mère très sensible. Dès le lycée, à Nantes, il avait fait partie d’un groupe de jeunes anarchistes épris de littérature nouvelle, dénigrant le bourgeois, et se donnant des pseudonymes burlesques. Il avait composé des poèmes symbolistes, qu’il livrait à d’éphémères revues. AB notera son « Umour » sans h (hérité de Jarry), son détachement et son refus des valeurs établies. Relatant leurs aventures nantaises, il dira : « Nous fûmes ces gais terroristes, sentimentaux à peine plus qu’il était de raison, des garnements qui promettent » (OC I, 229).

Voir ses Lettres de guerre (1919) publication numérique : Lire les Lettres de guerre (xn—jacquesvach-lbb. Site officiel de Jacques Vaché.

1916

9 janvier 1916 : « Les poètes contemporains nous prêtent mystiquement compagnie » déclare AB à André Paris, lui expliquant comment il peut, grâce à eux, dominer le mouvement moutonnier de ses compagnons.

Il bénéficie d’une chambre pour lui seul à l’hôpital, qu’il décrit à Paul Valéry ce dimanche, lui nommant les peintres : Gauguin, Toulouse-Lautrec, Matisse, Van Dongen, dont il s’est procuré des reproductions.

9 janvier 1916 le poème « À vous seule », suscite ce diagnostic de Valéry : « Quand le Rimbaud, le Mallarmé, inconciliables, se tâtent dans un poète », c’est ce que les physiciens nomment « l’état critique »

Compose le poème « Décembre » (OC I, 10), où apparaît pour la première fois le thème épique ; le soumet simultanément (par correspondance) à Valéry, Apollinaire et à Francis Vielé-Griffin (1864-1937).

10 janvier 1916 : AB écrit au Dr Bonniot, médecin-major dans le même hôpital auxiliaire, demeurant à Nantes avec son épouse, Geneviève, la fille unique de Mallarmé. Il passera chez eux de délicieuses soirées, où il lui sera donné de lire le manuscrit d’Igitur, encore inconnu du public. Voir : (Lettres publiées par J.-L. Steinmetz, Mélusine XV, 1995, p. 253-265).

8 février 1916 : naissance de Dada au Cabaret Volaire, à Zurich (AB en aura connaissance par Apollinaire à qui Tristan Tzara écrivit en octobre 1916. La 1ère lettre de Tzara à Breton est datée du 6 janvier 1919).

14 février 1916 : Apollinaire lui écrit : « Je ne vous donne pas le détail de toutes mes lectures. Les anthologies des classes y jouent un grand rôle. »

19 février 1916 : AB achève le poème « Âge », dédié à Léon-Paul Fargue (1876-1947).

6 mars 1916 : AB s’interroge sur sa vocation poétique. Il en entretient ses correspondants.

« Je voudrais, délivré de l’obsession poétique, me persuader que le cinéma, les pages de quotidien ne recèlent pas ce qu’une mythologie me refuse à présent. » « Raffinement, banalité… Il importe de purger son esprit de ces catégories. Vous sentez le pourquoi » lui répond Valéry.

12 mars : « Il faut être naturel et ne pas avoir peur de fantômes ni des choses simples. […] Je crois que Rimbaud pressentit bien des choses modernes. Mais ni Valéry ni d’autres raffinés ne les ont senties » lui écrit Apollinaire.

22 mars : Vaché versé au 65 R.I. (Compagnie du Port de Nantes). Breton dit l’avoir vu « décharger le charbon de la Loire ».

J. Vaché interprète à Nantes (coll. part.)

19 avril : AB prend contact épistolaire avec Léon-Paul Fargue. « « L’heure que j’ai choisie pour lire Tancrède n’a su gâter mes joies. » lui écrit-il en lui adressant le poème « Âge » qui, faute de réponse, paraîtra sans dédicace.

24 avril : « Br. en rimbaldisme. Crises passionnelles successives dont l’objet varie, de force inégale. » (TF, Carnets, p. 25)

30 avril 1916 : AB à TF : « Annie me sait noble et décline expressivement le verbe tromper. Les euphorbes s’amusent dans l’îlot de l’innocence qui répugne à mentir ». Dans le parc de Procé, AB a été accosté par une jeune fille qui lui récite du Rimbaud : « ce qui m’a valu, un jour où je me promenais seul sous une pluie battante, de rencontrer une jeune fille, la première à m’adresser la parole, qui, sans préambule, comme nous faisions quelques pas, s’offrit à me réciter un des poèmes qu’elle préférait : Le dormeur du Val. » écrira-t-il dans Nadja (OC I, 676). Notons, au passage, que mentionner un soldat mort devant un militaire n’est pas du meilleur goût ! Ce qui n’empêcha pas ce dernier de l’embrasser à minuit, sous l’égide d’une statue de Vénus ou, plus exactement, de la Loire. Par jeu, T.F. accepte de se substituer à Breton dans cette relation sentimentale avec la jeune nantaise éprise de littérature, Annie Padiou. Ils se reverront à Paris et auront une liaison intermittente. « L’ami poursuivait Annie, Annie le poète, le poète son ombre. Aucun d’eux n’atteignit son but » écrira Georges Gabory, le secrétaire de Gaston Gallimard, en relatant ce marivaudage quelques années après (« Soirées perdues », NRF, oct. 1921, p. 416-417). Gabory reparaît dans un rêve d’AB, OC I, 49). Lire l’article de Patrice Allain « Nantes. Qui me hante ? », accompagné des fac-similé des lettres d’AB et d’Annie Mélusine n° XXXVII, p. 85-102.

10 mai : permission à Paris, 1ère visite à Apollinaire (blessé à la tête le 17 mars 1916, au Bois des Buttes), opéré à l’hôpital du Gouvernement italien, 41 quai d’Orsay : « La première fois qu’il devait m’apparaître physiquement, c’est sur son lit d’hôpital, le 10 mai 1916, soit le lendemain de sa trépanation, ainsi que me le rappelle la dédicace de mon exemplaire d’Alcools. A partir de là, je devais le revoir presque chaque jour jusqu’à sa mort. » (OC III, 437).

Apollinaire à l'hôpital italien après sa trépanation. Mars 1916.
Apollinaire après sa trépanation à l’hôpital italien 1916.

trépanation d’Apollinaire, hôpital italien apollinaire trépanation – Bing images

18 juin : lettre d’AB à André Paris au sujet d’Alice.

23 juin : « La belle, belle vie ! Qu’on vive, ô quelle délicate merveille ! », écrit AB à Fraenkel, pour qui Alice est une femme perverse et stupide (Carnets, p. 36).

7 juillet : AB écrit aux époux Bonniot, s’excuse de n’avoir pu passer la soirée chez eux, retenu à son poste par des tâches indignes. Il demande au docteur de le faire affecter à des activités médicales. Joint 2 poèmes : « A vous seule » (OC I, 43) et « Façon » (OC I, 5)

10 juillet : Fraenkel témoin privilégié de la crise rimbaldienne que Breton traverse à Nantes : Selon lui, Breton serait « Hanté de découvrir le sens moderne, il le cherche, parmi ceux qui vivent, parfois même en lui. ».

AB conviendra que l’envoûtement rimbaldien cessa brusquement lorsqu’il se trouva muté à l’hôpital psychiatrique de Saint-Dizier (Haute-Marne).

AB interne à Saint-Dizier.
André Breton au centre psychologique de la IIe armée de Saint-Dizier fin juillet- mi novembre 1916. Centre qui deviendra Hôpital André Breton.

Réservé devant le 7 art naissant, TF constate : « Le cinéma attire Br. Incapable de se justifier par l’affirmation d’une seule belle œuvre parmi tous les films qu’il ait vus, il admire le moyen moderne d’expression en soi. » Puis vient la sentence : « La décrépitude de Br. me navre ».

24 juillet 1916 : AB écrit à P. Valéry : « Je suis conquis par l’espoir du front vu aux lueurs des tirs de G. Apollinaire ou à la faveur du feu d’artifice de sa Nuit d’avril » en lui adressant ce distique à propos de la préfecture où il fait étape deux semaines : « Chaumont : ses bâches, – d’une Aulis / Ayant peu, – sèvrent nos lis. »
Voir l’expo-balade
Catalogue.

26 juillet : a demande, affecté au centre neuropsychiatrique de Saint-Dizier, dirigé par le Docteur Raoul Leroy (1868-1941), spécialiste des hallucinations, ancien assistant de Jean-Martin Charcot (1823-1893).

2 août 1916 : de Chaumont, où il est caserné avant de se rendre à Saint-Dizier, AB écrit aux Bonniot. Il a dû quitter Nantes précipitamment, sans leur dire adieu. Ému des soirées passées à entendre parler de Mallarmé au quotidien, rappelle les relations communes avec Valéry ; Pierre Louys et Apollinaire. Les informe de son affectation à l’hôpital neuropsychiatrique de Saint-Dizier. Joint le poème « Coqs de bruyère » (OC I, 9), composé le dimanche précédent.

3 août : R. Leroy accueille AB avec bienveillance. Il lui confie une tâche d’assistant, et lui accorde un entretien quotidien, très familier. AB le décrit ainsi à T F : « C’est une figure étrange, avec ses cheveux bleus en vieille brosse, ses yeux d’azur clair, sa tête en cube, ses creux sillons nasolabiaux, sa vareuse défraîchi. Il est doux, superbement lucide, blasphème avec élégance et lit La Croix. »

AB est chargé d’interroger les soldats commotionnés, évacués du front, mais aussi ceux qui sont passibles du conseil de guerre. Sa tâche consiste à rédiger une observation, en posant des questions très simples et répétitives.

Leroy lui révèle les pratiques discutables de Charcot, voire sa naïveté : « Charcot ? La perversité des hystériques ? Bast, toutes les femmes ne sont-elles pas putains ? Et Luys ?… Clarisse, Rachel, très bien connues : elles se foutaient de lui. Moi je les ai…’’ Non »

Début août, AB à André Paris : « Je laisse fermenter en mon esprit des penchants contradictoires et je me désintéresse passablement du match », écrit-il à André Paris, prévoyant un arbitrage par les faits ».

Début août, à TF : « Une crise intellectuelle très douloureuse brise mes forces. Elle est connue sous le nom de psychopathophobie ! Je me suis consacré un peu trop exclusivement ces derniers jours à l’examen des malades. C’est rouvrant les Illuminations que j’ai pris peur. Ne trouvant plus sacré le désordre de l’esprit, je m’agitais sur l’aboutissement de la méthode littéraire : faire venir sur quelque sujet de multiples idées, choisir entre cent images. L’originalité poétique y réside. “Ma santé fut menacée. La terreur venait”, dit Rimbaud. Je viens de connaître le même ébranlement sous le coup de ces nouveautés. Des phrases comme : ‘’Ma jeunesse, – M. Le Major – je viens d’absorber du lait qui, j’espère, vous la fera paraître blanche’ ou : “depuis vingt-trois mois, je prostitue ma peau au canon de l’ennemi “, ne voilà-t-il pas des images étonnantes, à des échelons plus haut que celles qui nous viendraient ? Cependant je ne puis trouver pour cela d’admiration. L’anormalité des crânes, les fameux prognathismes de ces gens s’y opposent. Je me borne à leur jalouser quelques fonctions intellectuelles, parfois. Souvent aussi, je me vante nos différences et à l’encontre de mon dessein poétique je tends encore à m’éloigner d’eux. Comprends-tu, je crains que cette dernière réaction exécute en moi la poésie… Pardon si déjà je ne sais plus parler ».

Le sujet d’études me passionne. Enfin : je pourrai rire des psychologues amateurs, en sachant bien plus qu’eux ! »

7 août : AB à Valéry : « Mon service entier revient à un interrogatoire continu avec qui la France est-elle en guerre et à quoi rêvez-vous la nuit ? »

19 août : « Br. dans son hôpital de fous s’émeut et s’épouvante de voir des aliénés plus grands poètes que lui ». Fraenkel, Carnets.

30 août : TF s’interroge : « Br. évolue vers le plus terrible drame : abandon de sa jeunesse, abjuration de l’art. Pourquoi ? » Carnets.

31 août : résumant ses nouvelles lectures scientifiques AB à TF : « Démence précoce, paranoïa, états crépusculaires. / O poésie allemande, Freud et Kraepelin ! »

Il lit le manuel de E. Régis et A. Hesnard, La Psychoanalyse des névroses et des psychoses (1914), qui le fait s’enthousiasmer pour la théorie freudienne, pages rédigées par le seul Henard à qui il adressera cet envoi sr Nadja : « Au Dr Hesnard qui, presque seul en France, promène une lampe non éteinte dans les châteaux en ruine de l’esprit, respectueux hommages ». Il recopie des pages entières pour Fraenkel, qu’il tente de convertir à cette méthode de traitement. Il en parlera aussi à Valéry et Apollinaire (15 août 1916), leur suggérant de s’y intéresser pour leur propre activité poétique.

25 septembre : AB précise à TF les ouvrages de psychiatrie qu’il pratique, et qui lui font conjurer l’amour e la poésie : E. Régis, Précis de psychiatrie ; Gilbert Ballet, Traité de pathologie mentale, Leçons de clinique médicale sur les psychoses et les affections nerveuses ; Maurice de Fleury, Introduction à la médecine de l’esprit ; Magnan, Leçons cliniques sur les maladies mentales ; Charcot, Leçons sur les maladies du système nerveux ; Constanza Pascal, La Démence précoce…

Simultanément, il s’initie à la neurologie, à laquelle le Dr Babinski consacre une part spécifique, à l’écart de la psychiatrie. Il prend goût à ses études, au point de penser à devenir psychiatre dans un asile !

10 octobre : AB écrit à Annie Padiou : « Les années du voyage, je compte, Annie, te retrouver souvent. Je ferai attention à ne point m’attendrir, tu sauras ne jamais me détourner du but. J’arriverai ! (…) En route ! » (copie pour servir d’observation à TF)

11 octobre : AB écrit à TF : « Je m’occupe un peu d’hystérie, je me procurerai de nouveaux bouquins ». « J’attends de te revoir en un cadre quelconque, aussi bien Paris, tout en craignant pour ma volonté. Dame, elle ne se raffermit pas, subit maint contre-coup ! Ce sont encore ces lettres déchirées et récrites, ce flottement, l’autre phobie du temps perdu, la dépréciation du rendement. Qu’on me donne un psychiatre viennois : je paierai. Moi qui dis tout de suite de ce monsieur, cultivateur ou grand-duc : un débile, un dégénérescent, je suis impuissant à traiter mon psychique propre. Sédol, bromure, douches froides ? »

11 octobre : Vaché interroge : « Vos illuminés ont-ils le droit d’écrire ? – je correspondrais bien avec un persécuté ou un “catatonique” ». (Lettres de guerre)

27 octobre : AB compose le poème « Soldat » : « Je m’éclaire aux lampres d’Aladin » OC I, 44). Il écrit à TF : « J’éprouve un malaise physique incaractérisable, nullement localisable. Mentalement c’est trop de complaisance à la pluie, au froid, une souffrance comme de facultés rétractées. […] Je répondais par monosyllabes à Leroy, toute la visite ».

29 octobre : au cours d’une permission, TF est allé voir AB dans son hôpital : « La transformation d’A.B. est effrayante. Il me contraignit toute la soirée à l’écouter sur la démence précoce, et m’intéressa, moi passif ! comme toujours… » (Carnets, p. 61)

8 novembre : « Je suis peut-être à la veille d’éprouver une admiration bizarre et, comme d’ordinaire, bruyante pour le docteur Babinski. J’examine avec complaisance les progrès de ma volonté : je fais occuper par un ami la place d’externe vacante à la clinique neurologique de la Pitié. Je saurai ainsi ce qui me plaira ».

12 au 19 novembre : permission à Paris. AB revoit Valéry. Apollinaire lui reprochera de ne pas lui avoir rendu visite.

À son retour, directement envoyé au front, dans un groupe de brancardiers divisionnaires, en dépit des protestations du Dr Leroy.

AB ému par un soldat d’une bravoure démente, qu’il a fallu ramener de force de la ligne de feu où il prétendait commander aux obus. Il compose « Sujet » (OC I, 24) qui paraîtra dans Nord-Sud, n° 14, avril 1918.

18 novembre : AB à RF, à propos de La Jeune Parque dont Valéry lui a soumit le manuscrit : « Il y a donc abdication. Monsieur Teste fut un fantoche […] musique autour d’un tombeau, camaïeu gris ». (OC I, 1 434)

Conclusion, en 1952, sur son affectation à Saint-Dizier : « Le séjour que j’ai fait en ce lieu et l’attention soutenue que j’ai portée à ce qui s’y passait ont compté grandement dans ma vie et ont eu sans doute une influence décisive sur le déroulement de ma pensée. C’est là (…) que j’ai pu expérimenter sur les malades les procédés d’investigation de la psychanalyse, en particulier l’enregistrement (…) des rêves et des associations d’idées incontrôlées. On peut déjà observer en passant que ces rêves, ces catégories d’associations constitueront, au départ, presque tout le matériel surréaliste. » (Entretiens, OC III, 442)

Fin novembre : « profit et déficit, j’ai quitté Saint-Dizier pour une formation sanitaire de l’avant. J’emporte Rimbaud dans mon sac, un livre en cas de recours sur la Démence précoce et j’attends l’Ecce Homo de Nietzsche. Je suis très malheureux, l’absence de TF au groupe m’eut fait agonisant. Figure-toi : je rentrais de Paris, méditant sur un entretien rue de Villejust et me souvenant du charme de vers inattendus. Cela peut paraître et tu seras surpris. Je te recommande Le Poète assassiné […] Merveilleux de couleur et de sens moderne. Inquiétudes mentales persistantes, inhibition prolongée de la faculté créatrice. » (Lettre AB à René Hilsum, Catalogue de la vente Drouot-Richelieu, 17 mars 1994).

18 décembre : participe comme brancardier à l’offensive de la Meuse.

19 décembre 1916 : fin de la bataille de Verdun (depuis le 21 février 1916).

20 décembre : AB envoie le poème « Soldat » à Apollinaire.

30 décembre : AB à Valéry : durant dix jours, il campe dans une cave parmi les ruines, faisant le tri des blessés à la lumière d’une lampe à acétylène. Les fusées éclairantes détachent, un instant, la silhouette des troncs d’arbre fracassés, et c’est à nouveau la nuit. (OC I, 1116). Voir « Je m’éclaire aux lampes d’Aladin… » (OC I, 44). Pour Valéry il commente : « Je ne sais pas combien les impressions ressenties là peuvent être estimées. Il me semble à présent avoir éprouvé quelques heures de vertige assez agréable. Ainsi par exemple advient‑il de ce beau minuit où j’ai traîné jusqu’à la péniche d’évacuation, sous le bombardement, à plusieurs kilomètres, « la chignole » porte-brancard – dans l’argot de mes compagnons. Je compare cela à la volupté de nager, de galoper. La muse d’Apollinaire un certain temps me soutenait. »

30 décembre 1916 : lettre aux Bonniot. AB relate ses épreuves comme brancardier lors de l’offensive de Verdun, à 500 m des lignes ; évoque les soirées passées à Nantes, critique son style poétique. Vœux. Prochaine permission, espère relire « Un coup de dés ». Joint : « Décembre » remanié.

André Breton et Théodore Fraenkel à l'hôpital de Nantes, 1916.
André Breton et Théodore Fraenkel à l’hôpital de Nantes, 1916.

1917

8 janvier : après sa permission, AB est affecté à la 22ᵉ section d’infirmiers militaires à Paris, afin de suivre des cours au Val‑de‑Grâce pour devenir médecin-auxiliaire. Tous les après-midi, de 14 à 18 heures, il se morfond « dans les cours les plus intérieures » écrit-il à Valéry.

Fin février, AB est attaché comme externe au Centre neurologique de la Pitié, dans le service du Professeur Babinski. AB l’assiste et il admire la fièvre du chercheur. Ce dernier lui dédicace son Hystérie-Pithiatisme et troubles nerveux d’ordre réflexe en lui prédisant un grand avenir médical.
Rencontre régulièrement Apollinaire, Valéry, Royère.

20 février au 30 août 1917 : officiellement alité dans le service du Pr Aron à la Salpétrière pour une crise d’appendicite.

15 mars 1917 : Reverdy crée la revue Nord-Sud.

23 mars : « André Derain » (OC I, 11) son unique poème de l’année.

24 mars 1917 : Apollinaire lui demande d’écrire à son sujet : « Je ne connais personne qui puisse aussi bien parler de ce que j’ai fait que vous. »

1ᵉʳ avril : début d’une correspondance avec Pierre Reverdy : « Votre poème « André Derain » passera dans Nord-Sud après avril, le numéro de ce mois étant prêt… » De fait, le poème sortira dans le n° 12, février 1918. (voir 32 lettres inédites à AB publication numérique).

4 avril : AB chez Apollinaire « par un temps impossible et, pour une première sortie, rester plus d’une heure à genoux en train d’exhumer de merveilleuses gravures, me redonne la fièvre » confie-t-il à André Paris le lendemain.

26 avril : subit une intervention chirurgicale à la Pitié.
//www.erudit.org/en/journals/etudlitt/1900-v1-n1-etudlitt2184/500114ar.pdf

29 avril : Vaché propose à Breton deux définitions de l’« Umour » : « Il est dans l’essence des symboles d’être symboliques » et « Je crois que c’est une sensation – J’allais presque dire un SENS – aussi – de l’inutilité théâtrale (et sans joie) de tout. »

3 mai : AB à André Paris : « Rien de menaçant, que mélancolie de blanche station, et du malade égoïste : je suis bien incapable d’écrire, vous en jugez… »

5 mai : TF retour de sa mission en Russie.

18 mai 1917 : Parade de Cocteau, créé au Châtelet, dans sa préface, Apollinaire crée le mot « sur-réaliste »

13 mai : AB à A. Paris : « L’admirable poème de Paul Valéry La Jeune Parque, vient seulement de paraître. Vous l’aimerez, je crois, infiniment. »

19 mai : AB à Valéry : « Que j’ai aimé votre Jeune Parque ! Je ne me lasse point de la relire et c’est un enchantement sans fin, auquel je suis voué pour bien des ans. Cette poésie a les traits miraculeux de l’éternel ».

26 mai : TF va le voir à Moret, lui apporte L’Éducation sentimentale dont la lecture le met de mauvaise humeur.

Juin 1917 : TF part en mission en Russie.

Café de Flore vers 1900.

19 juin : au Café de Flore, Apollinaire lui présente Philippe Soupault : « Il faut que vous deveniez amis ». Celui-ci lui apparaît « comme sa poésie, extrêmement fin, un rien distant, aimable et aéré ». Son recueil de poèmes, Aquarium, paraîtra le mois suivant. Depuis février, il est à l’hôpital auxiliaire 47, au 121 boulevard Raspail une bronchite récurrente ; ce qui ne l’empêche pas de courir les rues, tout comme Apollinaire qui reçoit ses amis au Flore tous les mardis de 15h à 17h !

24 juin 1917 : création des Mamelles de Tiresias, « drame sur-réaliste » de Guillaume Apollinaire, mis en scène par Pierre Albert-Birot au Conservatoire Renée Maubel, rue de l’Orient (à Montmartre). Le spectacle commence avec un retard considérable, et le public est prêt à exploser. AB est dans la salle, avec son « légendaire ami » Jacques Vaché. Il forge sa légende, assurant qu’il était en tenue militaire, prêt à tirer à balle sur le public. Il soupçonnait Apollinaire, dont il n’appréciait pas la poésie, de « faire de l’art trop sciemment, de rafistoler du romantisme avec du fil téléphonique, et de ne pas savoir les dynamos » (Jacques Vaché, lettre à AB, 18 août 1917). Réjoui de la pièce, AB estime qu’elle n’annonçait pas une révolution théâtrale.

« Mon légendaire ami Jacques Vaché voulait tirer à balles sur le public » (Aragon, « Le 24 juin 1917 », SIC, n° 27, mars 1918).

26 juin 1917 : « Rencontre à Paris de Jacques Vaché, que nous avions aimé à Nantes ; l’ironiste, l’humouriste, le mystificateur féroce, menteur aristocrate et dédaigneux » note Fraenkel dans ses Carnets, p. 83.

Juillet 1917 Tzara crée la revue Dada à Zurich.

11 juillet : Reverdy lui écrit : « J’avais justement l’intention de faire paraître dans le prochain Nord-Sud votre poème « L’an suave ». Mais pour établir librement et en temps voulu ma mise en pages, il faut que je puisse sans restrictions disposer des manuscrits qui me sont confiés. » Ce poème paraîtra dans le n° 6-7 en sept. 1917.

22 juillet : Musidora (1889-1957), l’inoubliable interprète des Vampires de L. Feuillade, se produit à Bobino. Spectateur actif, AB lui lance un bouquet de roses et lui écrit « « Quel poète ne s’honorerait aujourd’hui de vous avoir pour interprète » (OC I, 1 745).

Affiche de 1915.

5 août : envoi « À André Breton / en souvenir de sa visite le / lendemain de ma trépanation / le 10 mai 1916 / Guillaume Apollinaire / le 5 août 1917 » sur un exemplaire d’Alcools, poèmes 1898-1913, Paris, Mercure de France, 1913, coll. Part. (voir Potlatch André Breton)

18 août : Vaché reproche à Apollinaire de « faire de l’art trop sciemment, de rafistoler du romantisme avec du fil téléphonique, et de ne pas savoir les dynamos ».

1ᵉʳ septembre : AB quitte à regret la Pitié. Affecté au Val-de-Grâce pour y suivre les cours préparant l’examen donnant accès aux fonctions de médecin-auxiliaire.

6 septembre 1917 : premier emploi du mot « surréalisme » : « Je puis dire que j’ai collaboré à la préface des Mamelles. L’homme, en voulant reproduire le mouvement, crée la roue pleine, sans rapport avec l’appareil des pattes qu’il a vu courir. L’appareil moteur de la locomotive retrouve ce jeu d’articulation dont la pensée de l’inventeur est partie. Le surréalisme comporte cette invention et ce perfectionnement. » (AB à TF).

6 septembre 1917 : tandis qu’Apollinaire le reçoit dans son pigeonnier du Bd Saint-Germain, AB confie à A. Paris qu’il préfère se promener le long des quais, chez les bouquinistes, à la recherche de Fantômas ou d’un Naz‑en‑l’air.

19 septembre : AB informe TF qu’il a reçu d’Annie Padiou « une lettre inattendue, équivoque et fâcheuse. »


Le médecin militaire Aragon et Théodore Fraenkel, photographie initialement publiée dans les Cahiers Dada n°1, 1965.

Septembre : 7 rue de l’Odéon à Paris, AB découvre la Maison des amis du Livre d’Adrienne Monnier : « Nous eûmes tout de suite de grandes conversations. Je crois bien que nous ne fûmes jamais d’accord. Même sur les sujets où nous aurions pu nous entendre : Novalis, Rimbaud, l’occultisme… il avait des vues exclusives qui me dépaysaient tout à fait. Il était beaucoup plus “avancé” que moi. Je lui paraissais certainement réactionnaire. […] Il était si fasciné par Mallarmé qu’il écrivait ses lettres en adoptant le ton courtois et précieux du maître, qui était très vieille-France. » (A. Monnier, Rue de l’Odéon, Albin Michel, 1960, p. 96).

Fin septembre 1917 : rencontre d’Aragon au Val-de-Grâce. Leur coup de foudre a été conté par Aragon dans l’article « Lautréamont et nous » des Lettres Françaises, n° 1185, 1ᵉʳ juin 1967, p. 5-9, et n° 1186, 8-14 juin 1967, p. 3-9, repris en volume aux éditions Sables, 2003. (L’hebdomadaire n’est pas numérisé par Gallica-BnF au-delà des années 50).

De fait, AB et Aragon se sont entrevus à la librairie d’Adrienne Monnier.

AB le décrit à TF : « Mais vraiment un poète, avec des yeux levés très haut, sans rien dans le geste de contenu, et si mal adapté ! Tout à fait jeune, avec une joie peut-être un peu moins terrible que la nôtre. » (in M. Bonnet, p. 120-121). Aragon n’a que dix-huit mois de moins qu’AB, mais il se considère aussitôt comme son « instrument » (jusqu’à son émancipation brutale en 1932). Ils occupent la même chambrée, qu’ils décorent de reproductions de Picasso, Braque, Matisse, Chagall et Cézanne, partagent les tours de garde et prennent le café ensemble puis ils parcourent le Boul’Mich’ en évoquant leurs auteurs préférés. Si le précoe Aragon a tout lu, c’est tout de même Breton qui est le plus avancé en matière de ploésie, puisqu’il fréquente Valéry et Apollinaire.

Octobre 1917 : Aragon et Breton achètent à A. Monnier le stock du numéro de Vers et Prose (1ᵉʳ trim.1914) contenant le premier Chant de Maldoror.

19 octobre 1917 : en remontant au front, Vaché passe par Paris où il rencontre Breton. Attablés au café, ils tentent de mettre au point une conférence de Vaché sur l’umour (sans h) : « Je crois que c’est une sensation – j’allais presque dire un sens aussi – de l’inutilité théâtrale (et sans joie) de tout. QUAND ON SAIT. » (lettre du 29 avril 1917). Cependant, Vaché n’est pas d’humeur à discuter, ce jour-là, et il s’en va seul le long du canal de l’Ourcq.

25 octobre : Révolution d’octobre en Russie.

26 novembre 1917 au Théâtre du Vieux-Colombier : conférence d’Apollinaire : « L’esprit nouveau et les poètes », AB a fait le choix des lectures. Cf. Henri Béhar, « La jambe et la roue », Que Vlo-ve ?, 31 A., n° 21, p. L’organisateur de la conférence, le comédien Pierre Bertin (1891-1984), qu’AB à rencontré au Val-de-Grâce où il est élève en médecine, lui propose d’intervenir sur la poésie nouvelle.

1918

André Breton, photo d’identité en 1918. © www.andrebreton.fr

2 janvier : AB à Valéry : « Vous me feriez convenir de mille choses à mon détriment. Je ne me retrouve qu’après vous avoir quitté. C’est vous reconnaître sur moi un grand pouvoir. Je saisis quelques uns des moyens de votre action. Mais la plupart sont mystérieux et infaillibles. (L’occulte me ravit et m’effraie). »

4 janvier 1918 : du Val-de-Grace, AB au Dr Bonniot. Compte sur lui pour le rapprocher de Valéry, n’écrit pas de poèmes mais plusieurs articles critiques. Annonce sa causerie sur Jarry au théâtre du Vieux-Colombier (OC I, 216-226), dit son attachement à Barrès.

6 janvier : 1ᵉʳ envoi lettre Tzara à AB par l’intermédiaire de P. Reverdy, Nord-Sud

10 janvier : lettre de P. Reverdy : « … Je trouve que vous avez un métier sans défaut et qu’on ne saurait guère trouver à redire à vos poèmes quand on les envisage sans aucun parti pris de tendances. Mais mes efforts, mes recherches ne sont pas dans le même sens que les vôtres et ce disant je ne vous apprends rien. C’est pourquoi vous ne figurez pas tous les mois au sommaire de Nord-Sud. Pourtant je n’ai pas cessé de vous considérer comme collaborateur de ma revue et vous le prouverai… »

22 janvier : en vue d’une conférence prévue au Vieux-Colombier en février ou mars, AB enquête sur Jarry auprès de Valéry, L.-P. Fargue n’a pas répondu, AB devra consulter Rachilde, l’épouse du directeur du Mercure de France, la seule amie et protectrice de Jarry. Conférence annulée en raison des tirs de la Grosse Berta sur le nord de Paris, elle paraîtra dans Les Écrits nouveaux, n° 13, janvier 1919.

4 janvier 1918 : du Val-de-Grace, AB au Dr Bonniot. Compte sur lui pour le rapprocher de Valéry, n’écrit pas de poèmes mais plusieurs articles critiques. Annonce sa causerie sur Jarry au théâtre du Vieux-Colombier (OC I, 216-226), dit son attachement à Barrès.

6 janvier : 1ᵉʳ envoi lettre Tzara à AB par l’intermédiaire de P. Reverdy, Nord-Sud

10 janvier : lettre de P. Reverdy : « … Je trouve que vous avez un métier sans défaut et qu’on ne saurait guère trouver à redire à vos poèmes quand on les envisage sans aucun parti pris de tendances. Mais mes efforts, mes recherches ne sont pas dans le même sens que les vôtres et ce disant je ne vous apprends rien. C’est pourquoi vous ne figurez pas tous les mois au sommaire de Nord-Sud. Pourtant je n’ai pas cessé de vous considérer comme collaborateur de ma revue et vous le prouverai… »

22 janvier : en vue d’une conférence prévue au Vieux-Colombier en février ou mars, AB enquête sur Jarry auprès de Valéry, L.-P. Fargue n’a pas répondu, AB devra consulter Rachilde, l’épouse du directeur du Mercure de France, la seule amie et protectrice de Jarry. Conférence annulée en raison des tirs de la Grosse Berta sur le nord de Paris, elle paraîtra dans Les Écrits nouveaux, n° 13, janvier 1919.

Rachilde par Félix Vallotton dans Le Livre des masques de Rémy de Gourmont , 1898

Mars : Nord-Sud n° 13, définition de l’image par Reverdy : « « L’image est une création pure de l’Esprit Elle ne peut naître d’une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l’image sera forte – plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique. » AB la discute. Il la reproduira en la modifiant.

Mars – avril : AB rend régulièrement visite à Apollinaire, au 202 Bd Saint-Germain, « entre les rayons de livres, les rangées de fétiches africains, des tableaux : Picasso, Chirico, Larionov… ». Il y découvre les deux premiers numéros de la revue Dada.

En mars, les 3 amis rendent visite à P. Reverdy le dimanche : « « Vous êtes tous trois, avec Aragon et Soupault, des amis que je suis fier et heureux d’avoir gagnés. Votre jeunesse, votre sincère pureté me donnent une satisfaction que l’on a bien rarement en art… » Reverdy à AB, 30 mai 1918.

Mars-avril 1918 : selon Aragon, au dernier étage du Val-de-Grâce, où sont enfermés les malades mentaux, le « 4e Fiévreux », Aragon et Breton se portent volontaires pour l’assistance médicale. Ils lisent à haute voix le 5 chant de Maldoror, dans l’exemplaire acheté par Soupault dans une librairie du Bd Raspail.

8 avril 1918 : Reverdy regrette d’avoir manqué les 3 amis (AB, Aragon, Soupault) venus le voir chez lui. Il lui écrit à propos de « Sujet » composé à Saint-Dizier : « Je crois que l’orientation qui se dessine dans votre dernier poème serait heureuse et donnerait de bons fruits. Votre talent trouvera mieux par là sa libre discipline. »

15 avril 1918 : achevé d’imprimer Apollinaire, Calligrammes, Mercure de France.

23 avril-1ᵉʳ mai : AB hospitalisé à Saint-Denis, hôpital auxiliaire n° 3.

Fin avril : échec somation médecin-auxiliaire.

7 mai : AB envoie « Sujet » à Valéry qui commente ainsi : « Savez-vous que cette espèce de prose m’a fort intéressé ? Quelques procédés rimbaldiques, peut-être certaines longueurs alourdissent ou désaxent ce monologue du poilu mental. Essayez de ne plus trop penser au grand Arthur. Il suffit d’y avoir pensé. Mais au travail il ne faut penser qu’à son affaire. Enlevez ce qui concerne les torpilles. Ce morceau vaut d’être repris. C’est un homme qui parle tout seul, à demi-voix, et tient des propos ni pour quelqu’un ni pour soi-même… À quand ce prosateur ? »

16 mai : AB affecté comme infirmier dans un régiment d’artillerie.

18 mai : rayé du registre des inscriptions en médecine à Paris (motif : inscrit à Nantes).

Les parents d’AB quittent Pantin pour résider à Lorient.

L’été à Moret
21 mai au 21 septembre 1918 : AB affecté comme infirmier auprès d’un régiment d’artillerie lourde à Moret‑sur‑Loing (Seine et Marne). Y passe un été « normal » écrit-il à Valéry le 19 juillet. Intrigué par le recueil de Jean Paulhan sur les Hain‑teny Merinas, poèmes-devinettes de tradition populaire malgache. Entreprend une correspondance avec l’auteur.

Juin 1918 : Tristan Tzara : Vingt-cinq Poèmes, Zurich. Recueil signalé par P. Albert-Birot en sept. à Aragon qui en informe AB

6 juin : AB informe Aragon : « Il semble qu’on va me rappeler à Nantes en juillet. »

9 juin : Aragon emprunte à Soupault Les Chants de Maldoror pour AB cantonné en qualité d’infirmier à Moret/Loing auprès d’un (confirmé par une lettre de Reverdy du 16 juin).

10-14 juin : Aragon lui écrit de Paris : « Je vais t’envoyer Poe, Soupault t’envoie Maldoror et à TF Paludes. (Lettres à Breton, Gallimard, p. 108)

12 juillet : AB communique à Aragon la trame de son article sur le lyrisme (promis à Reverdy au début de l’été, qu’il n’achèvera jamais) : « Tous les moyens d’expression lui sont bons. Confusions : de plan, de temps, de ton […] Mille autres péchés adorables contre la langue, (tu passes à une autre) la syntaxe (d’abord l’ellipse première celle du verbe) […] le mot faible ou usé en désespoir de cause, Beau comme Lautréamont, fautes d’orthographe comme dans les lettres d’amour, rimes soudain pauvres si tu te sers couramment des rimes, les indéfinis, près du ruisseau où tout se tient. Toutes les autres façons de donner sa langue au chat. Finalement les blancs comme la vie de Rimbaud après 1875 » (Fonds Aragon CNRS)

17 juillet 1918 : s’inscrit à la faculté de médecine de Nantes (cf. Le Rêve d’une ville. Nantes et le surréalisme. Musée des beaux-Arts de Nantes, 1994, p. 215-229).

20 juillet 1918 : AB à Aragon qui est sur le front : « Attention tout de même au canon ».

25 juillet : Valéry, qui a reçu ses 3 poèmes de l’année, exige un sonnet : « C’est à prendre ou à laisser ». Réponse d’AB : « je laisse ».

26 juillet 1918 : AB à Jean Paulhan : «« Vous trouveriez sans doute impertinent que je vous dise : Vous êtes précisément l’ami que j’attendais à cette époque de ma vie. J’ai vingt-deux ans. Il me semble, après cet aveu, que vous allez changer avec moi. » (Correspondance AB-Paulhan, Gallimard, 2022)

29 juillet 1918 : Lettre à TF : projet (non abouti) d’un livre sur des peintres contemporains, avec Aragon et Soupault. « Soupault, Aragon et moi nous allons entreprendre en collaboration un livre sur des peintres. J’ai proposé et fait adopter cette liste : Henri Rousseau, Henri Matisse, Picasso, André Derain, Marie Laurencin, Georges Braque, Juan Gris, Georges de Chirico. » (O.C I, 1083) Il pense aussi écrire un roman, en alternant les chapitres avec Aragon.

Photo de Guillaume Apollinaire blessé à la tête, 1916, avec dédicace à AB.
© www.andrebreton.fr

5 août 1918 : dédicace : « à André Breto(n) Guillaume Ap(ollinaire) août 1916 ». (Atelier AB)

Envoi d’Apollinaire : « A mon ami André Breton / très cordialement, / Guillaume Apollinaire. » Les Mamelles de Tirésias, drame surréaliste en deux actes et un prologue, avec la musique de Germaine Albert-Birot et sept dessins hors-texte de Serge Férat, ÉO, Paris, Éditions SIC, 1918, In-8°, 108 p.

Apollinaire lui écrit en août : « Quoi ! Le poète n’aurait ni le droit de se récréer, ni celui de se délasser, quand au contraire je crois que les travaux et les jours du poète ne doivent être que récréations et délassements. La souffrance, la passion n’y ont pas moins de part »

De même, il signe les épreuves dernières de : Calligrammes. Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916), Paris, Mercure de France, 1918 : « À André Breton/ cette dernière épreuve / de Calligrammes / très amicalement / Guillaume Apollinaire »

juillet‑août 1918 : dans sa correspondance avec Aragon et Soupault, AB recopie les passages des Chants de Maldoror qu’il préfère.

Début août : permission, pour Lorient où vont désormais ses parents.

Pratique l’écriture automatique : Usine (Champs magnétiques) ???

14 août : AB écrit à Aragon : t‑il arrivé ? ». Celui-ci a été enseveli par des obus trois fois la même journée, le 5 août, à Couvrelles.

12 septembre : définit ce qu’il entend par « lyrisme » : « Les invariables : locutions toutes faites, lieux communs, papiers peints ou faux bois. Et le lyrisme en peinture ce sera le Journal collé dans le Portrait de Chevalier X, la nacre de l’enseigne Café Bar chez Braque ». (Fonds Aragon, CNRS). Sa lettre se termine par un tableau, « Ceux que j’aime encore » : « Rimbaud, Derain, Lautréamont, Reverdy, Braque, Aragon, Picasso, Vaché, Matisse, Jarry, Marie Laurencin. »

16 août : le projet d’ouvrage sur l’esprit moderne est restreint à Rimbaud, Lautréamont, Jarry, Cézanne, Henri Rousseau, Matisse, Derain, Picasso. Provisoirement écartés : Apollinaire, Marie Laurencin, Reverdy, Braque, De Chirico.

20 août-1ᵉʳ septembre : permission pour la Bretagne : Carnac, Lorient, Nantes. « Une assez jolie résurrection du passé » (à TF).

2 octobre : AB a revu Annie Padiou. A TF : « Elle part en Nouvelle-Zélande à la fin du mois. Vous savez qu’elle se marie. Je fais peut-être une gaffe. A un Américain, un simple soldat. Il n’est pas joli, joli, vingt-huit ans, il porte des lunettes. Sa photo est sur la cheminée, venez voir. : Mais non elle a pris le chéri avec elle. Partir si loin, une enfant, vous savez, par certains côtés. Elle pleure ces temps-ci quelquefois, elle est bien décidée. Là-bas, il serait avocat, pourtant il n’a pas l’air bien riche. Il ne lui a encore rien offert. » De fait, Annie s’est effectivement mariée à Wellington. (cf. fac-simile, Mélusine, n° XXXVII, 2017, p. 105)

15 octobre 1918 : article de AB sur Apollinaire dans L’Éventail, n° 10, Genève : « « Si l’enchanteur m’avait dévoilé tous ses secrets, je l’eusse enfermé déjà dans un cercle magique et fait entrer au tombeau » ? (OC I, 215)

À la demande d’Apollinaire, se rend chez Vlaminck pour juger des décors qu’il peint pour Couleur du temps. Texte : Couleur du temps – Wikisource

Octobre 1918 : AB fait la connaissance de Modigliani sur un banc du Bd du Montparnasse. Lui achète un dessin qui, dit-il à Aragon, lui plait de plus en plus.

1ᵉʳ novembre : rend visite à Picasso (cf. deux lettres à Aragon, datées du 1ᵉʳ novembre 1918).

8 novembre : AB écrit à Aragon qu’il va voir Apollinaire malade.

9 novembre 1918 Mort d’Apollinaire.

10 novembre : « Apollinaire est au plus mal… Mais Guillaume / Apollinaire / vient de mourir ».

13 novembre : enterrement d’Apollinaire au Père Lachaise. AB porte un bouquet de fleurs blanches : Jacqueline Apollinaire lui remet un objet du défunt, ce « terrible encrier en bronze doré, effigie et souvenir de la Basilique du Sacré-Cœur », vers lequel il avait vu souvent aller et venir son porte-plume en forme de rame ». (désormais conservé à la BLJD).

Huit plumes et porte-plumes d’Apollinaire.
© www.andrebreton.fr

14 novembre : Vaché : « je sortirai de la guerre doucement gâteux, peut-être bien, à la manière de ces splendides idiots de village ».

19 décembre 1918 J. Vaché à AB : « J’ai reçu votre lettre en multiples découpures collées, qui m’a empli de contentement – C’est très beau, mais il y manque q[uel]qu’extrait d’indicateur de chemin de fer. »

Dada, n°3. Dada archive Iowa

Décembre 1918 : Tristan Tzara, « Manifeste Dada 1918 », Dada, n° 3, Zurich. Voir : http://sdrc.lib.uiowa.edu/dada/dada/3/cover.htm

André Breton chronologie numérique

1915 – 1918 AB mobilisé

19 février 1896

Naissance d’André Breton à Tinchebray (Orne) le 19 février à 10h du soir (pas encore 22h 30 comme AB l’écrit sur une carte postale adressée à Paul Eluard de Tinchebray, le 5 août 1931 (Correspondance AB-Eluard, Gallimard, 2019, p. 231)).

Pour des raisons sentimentales et personnelles ainsi qu’astrologiques (cf.Magie quotidienne, III, 930), AB datera sa naissance du 18 février.

Je dis bien 19 février 1896: l’acte d’état-civil est absolument clair et incontestable, confirmé par acte de baptême, le livret militaire, l’inscription universitaire à Nantes et le poème Âge (I, 8). Le sujet lui-même a choisi de se dire né le 18 février, le mardi gras, pour une raison sentimentale qu’on verra plus loin, et des raisons astrologiques immatérielles (cf. Magie quotidienne, III, 930).

29 février 1896

Il est baptisé 10 jours plus tard à l’église paroissiale. Ses grands-parents maternels sont le parrain et la marraine. [ acte de baptême photocopie.]

André Breton bébé (coll. Sylvie Sator)

AB s’initiera à l’astrologie et se montrera très actif dans ce domaine. Ci-dessous son thème astral avec sa signature autographe.

Voir le thème dressé par les machines actuelles : https://www.astrotheme.fr/astrologie/Andr%C3 %A9_Breton

Parents

Père

Du côté paternel, AB a des origines lorraines, contrairement à ce que laisserait entendre son patronyme. Soucieux de ses origines, AB a dressé lui-même, dans les années trente, son arbre généalogique remontant à ses arrières grands-parents {un autre état est conservé à la BLJD}

Le père, Louis-Justin Breton (Dans le Jardin de Gagny en septembre 1912, A la droite d’André son père et sa mère), né le 26 mars 1867 à Vincey (Vosges), mort le 10 novembre 1955 à Lorient), d’un père vigneron à Ubexy (Vosges), canton de Charmes, lieu de naissance de Maurice Barrès, qu’AB citera avec déférence : « Je ne suis pas loin de penser, avec Barrès, que “la grande affaire, pour les générations précédentes, fut le passage de l’absolu au relatif” et qu’“il s’agit aujourd’hui de passer du doute à la négation sans y perdre toute valeur morale” (Les Pas perdus, I, 194) avant de lui dresser procès en 1920 {voir ci-après}. La grand-mère paternelle d’AB, née Marie-Marguerite Adam, était brodeuse. Deux de ses enfants étant morts en bas âge, restait une fille, Lucie, demeurant à Ubexy, chez qui André ira passer des vacances jusqu’au début de la guerre de 1914. « Une photographie de la Vente Breton (lot 5087) le montre dans un groupe d’étudiants et d’enseignants dans une cour de la galerie des sciences de la Sorbonne (et non au collège Chaptal, comme il est dit sur la légende). Il l’envoie à sa tante Lucie à Ubexy. » Henri Béhar, André Breton, le Grand Indésirable, Paris, Fayard, note 33, p. 39, 2005. Texte manuscrit : « chère tante Lucie ; je pense te faire plaisir en t’envoyant cette photographie où je figure,… J’espère que tu es en bonne santé et t’embrasse très affectueusement. André. » Plus tard, le 29 avril 1949, il s’excusera auprès de Julien Gracq de n’avoir pu l’attendre à la fin de la représentation du Roi pêcheur, devant partir avec sa femme Elisa chez cette proche parente.

Louis Breton fournit un bel exemple d’ascension sociale sous la III République. À l’issue de l’école, muni du certificat d’études primaires, orphelin de père depuis un an, il s’emploie dans les petits commerces d’Ubexy. Soutien de famille, il est dispensé du service militaire. Il signe néanmoins un engagement volontaire de 5 ans dans l’armée. Incorporé le 15 mars 1888, au 62 régiment d’infanterie, à Épinal. Six mois après il est caporal-fourrier, sergent puis sergent-major, chargé de l’intendance d’une compagnie. À la fin de son contrat, il est versé dans la réserve. Il entre alors dans la gendarmerie. Un de ses supérieurs (qui fera une belle carrière et finira comme chef des services de santé de la région militaire de Nantes) lui présente sa sœur, Marguerite Le Gouguès, qu’il épouse à Lorient, le 2 septembre 1893.

Tinchebray (Orne)

Affecté à la compagnie de gendarmerie de l’Orne le 17 février 1894, Jules Breton s’occupe d’administration à Tinchebray, où, 2 ans après, naîtra son fils unique, André Robert Breton. La commune lui en sera reconnaissante puisqu’elle baptise de son nom l’école primaire et une rue.

AB se remémorera certaines images de sa petite enfance à Tinchebray : « je commence à croire à des robes plus bleues devant le lit au dessus de dentelle, ouvrage de ma mère. » (OC I, 60)

Côté maternel : Bretagne

Couvre lit de Mme Breton attendant son enfant
(G. Sebbag, L’Imprononçable
jour de ma naissance, 4 de couv.)

Outre ce couvre-lit qu’il conserva jusqu’en 1965, il évoque en contrepoint une gravure présentant la mort de Marceau, qui le terrorisait.

Marguerite Le Gouguès est née le 1er juillet 1871 à Lorient , où son père est charpentier à l’Arsenal, et sa mère, née Le Miloch, est brodeuse à domicile. Elle est d’une famille morbihannaise, de Rostrenen et de Plœrdut, dans les terres. Les frères et sœurs de ses parents ont exercé les professions de : marchande de fourrages, roulier, tanneur (mystérieusement disparu le jour de ses noces, son prénom André, sera donné au poète, comme pour lui transmettre sa liberté) ; l’inscrit maritime mourra à Saigon, tandis que le benjamin livrera des produits agricoles. AB a tenu à s’assurer lui-même de ses origines en allant consulter les registres de ses ancêtres dans les différentes mairies, conduit par Valentine Hugo, dans sa voiture, en compagnie de Georges Sadoul, en juillet 1931.

AB ne s’est guère exprimé sur sa mère, qu’il jugeait dévote à l’excès, imbue de la bienséance bourgeoise. Cela s’explique d’autant mieux quand on connaît ses origines modestes, sa formation limitée, et son besoin d’insertion sociale. Ainsi, on ne l’entendit jamais s’exprimer en breton, alors que les habitants du village d’où est issue sa famille tiennent, aujourd’hui, à parler cette langue. « Je ne parle à table qu’après ma mère (pour dire tout le contraire). » (Lettres à Simone, 30/08/20) C’est autant à cette mère mal aimante et peu aimée, qu’à son père qu’AB doit d’être un homme de la terre, comme le lui dira le peintre André Derain (OC I, 11 ; I 247).

Le fait que ses parents aient choisi de passer leur retraite à Lorient explique qu’AB ait passé fréquemment ses vacances au bord de la mer ou dans des îles.

1898

Louis Breton démissionne de la gendarmerie au bout de 4 années de service actif pour se rendre à Paris, 168, boulevard Montparnasse. Il travaille dans une librairie.

AB n’aura passé que ses 2 premières années à Tinchebray, ce qui ne lui aura pas laissé beaucoup de souvenirs : le couvre-lit confectionné par sa mère (voir plus haut), un chromo appendu au mur, « Les Âges de l’homme (ce chromo existe toujours) » écrit-il en marge du manuscrit des Champs magnétiques (Change, Le groupe, la rupture, p. 13).

Ensuite, élevé à Lorient par ses grands-parents bretons, notamment par son grand-père maternel, retraité de l’arsenal de Lorient. Celui-ci le mène aussi à Saint-Brieuc, qu’il évoque dans le même texte : « Je quitte les salles Dolo de bon matin avec grand-père. Le petit voudrait une surprise. Ces cornets d’un sou n’ont pas été sans grande influence sur ma vie. » (Les Champs magnétiques, I, 58). l’aïeul a passé un certain temps avec lui près de la fontaine et du lavoir, à Dolo (22270) ou encore à Ploufragan (22240), non loin de Saint-Brieuc, maison qu’il a revue, inchangée, en 1953, et devant laquelle il se fait photographier (Les Champs magnétiques (André Breton) (andrebreton.fr).

Cet aïeul l’a initié concrètement à la culture populaire bretonne, lui a expliqué l’usage des plantes, la rue pour soigner les cors au pied, la fleur de lis conservée dans l’alcool pour les coupures, qui lui a fait écouter le chant des lavandières et lui a conté les histoires effrayantes de korrigans, et même l’ankou, dont la charrette rouillée annonce les morts de l’année. Ce grand-père est mort à 80 ans à Lorient en décembre 1917, sa femme lui survivant jusqu’en 1922 (elle est morte à 83 ans).

1900

Louis Breton s’installe à Pantin (Mairie) avec sa famille. Il est alors comptable à la Cristallerie de Pantin, rue de Paris s (actuelle avenue Jean-Lolive), puis à celle des Quatre-Chemins, l’usine Legras, dont il deviendra le sous-directeur. (voir Enquête poétique sur les pas d’André Breton à Pantin par Julien Barret). Ils demeurent alors près de la manufacture d’allumettes. Paul Valéry enviera ainsi le jeune Breton d’évoluer « parmi les jupons des cocottes », (Entretiens, OC III, 434).

À la fin de la Première Guerre mondiale, Louis se retire à Lorient, à moins de cinquante ans, faisant fructifier les actions et obligations acquises par des placements de père de famille. Il y fait construire deux immeubles de rapport. En 1935, il acquiert par adjudication un terrain de la ville, rue Léo Le Bourgo, sur lequel il édifie une solide demeure de deux étages avec deux garages (elle résistera aux bombardements alliés de 1943-1944). Par délibération en date du 10/04/1987, le conseil municipal a créé la rue André Breton au centre ville.

Lorsque son fils décide d’abandonner ses études de médecine, il intervient auprès de Paul Valéry (voir Louis Breton à Paul Valéry, Lorient, 22 mars 1920) pour tenter de le ramener à la raison, et le remercier de son intervention auprès d’employeurs potentiels (ses lettres, conservées à la BnF, sont d’une belle élégance de style). Tandis que sa femme refuse de se rendre au mariage strictement civil d’André avec Simone Kahn, il y fait bonne figure.

Octobre 1900 à Pantin, AB fréquente l’École maternelle Sainte-Élisabeth 5 rue Thiers (devenue rue Condorcet).

1901

2 octobre 1901 Entre à l’École primaire communale Sadi Carnot. Il relatera certains souvenirs de classe : « Ils me rappelaient aussi ma lointaine enfance, le temps où, à la fin des classes, des histoires beaucoup plus terrifiantes, dont je n’ai jamais pu savoir où il les prenait, nous étaient contées, à moi et à mes petits camarades de six ans, par un singulier maître d’école auvergnat nommé Tourtoulou. » (AB, Les Vases communicants, II, 174)

Instituteur : M. Tourtoulou. Né en 1861, entré dans l’enseignement primaire en octobre 1880, versé dans le personnel de la ville de Paris en 1905. Il habitait alors rue Pelleport, dans le XXᵉ arrondissement (cf. Annuaire de l’enseignement, 1906). voir Dictionnaire André Breton, art. Château et art. Enseignement, voir le Maitron Tourtoulou.

Hommage de Pantin à Breton, salle à son nom 25 rue du Pré Saint Gervais, 93500 Pantin. Ainsi qu’une médiathèque aux 4 chemins, Aubervilliers : https://www.tourisme93.com/mediatheque-andre-breton-aubervilliers.html

Pour ce qui concerne l’atmosphère de Pantin qui a inspiré le futur auteur de L’Amour fou, voir un ensemble de cartes postales anciennes.

6 août 1905

Obtient le prix d’honneur, et le premier prix en lecture, histoire, sciences, géographie et instruction civique, le deuxième prix en calcul et travaux manuels, le troisième en dessin. « je descends un escalier monumental avec des livres de prix. Je ne revois de l’école que certaines collections de cahiers. Les Scènes pittoresques avec ce chiffonnier si rare, les grandes villes du Monde (j’aimais Paris) » (Saisons, I, 59). Il reçoit plusieurs livres de prix, dont Costal l’Indien de Gabriel Ferry : « La splendide illustration des ouvrages populaires et des livres d’enfance, Rocambole ou Costal l’Indien, dédiée à ceux qui savent à peine lire, serait une des seules choses capables de toucher aux larmes ceux qui peuvent dire qu’ils ont tout lu. » (I, 239)

« Je fais ce que je peux pour que mes parents aient du monde le soir. » (OC I, 59)

1906

En « première supérieure » à l’école communale, il prépare le concours d’entrée au Collège Chaptal, et s’initie à l’allemand, il acquiert les matières de la classe de 6 sous la direction d’un seul maître, M. Simonnot.

L’enfant « S’inspire des boîtes qu’il a reçues pour sa communion » (I, 96) De même, « Je fais ce que je peux pour que mes parents aient du monde le soir. » (I, 58) : Il apprécie les journées passées fans les jardins ouvriers de la commune. Plus généralement, il conservera un souvenir ému du canal de l’Ourcq, de l’atmosphère des Quatre Chemins, qui reviendront à propos de Jacques Vaché, des projets de visites Dada et surtout de Suzanne Muzard, l’héroïne de L’Amour fou, elle-même née dans la commune voisine d’Aubervilliers.

1907–1913 André Breton élève au collège Chaptal (Paris)

2 octobre 1907 – Entrée au Collège Chaptal, 45, boulevard des Batignolles, directement en classe de 5ᵉ.. À l’époque, la ville de Paris gère cinq établissements d’enseignement secondaire, de caractère moderne (sans latin ni grec) dénommés « collèges » pour les différencier des lycées d’État.

AB y est pendant 6 ans demi-pensionnaire, de 8 heures à 16 h 30.

« Voyage aller et retour en troisième s’effectuant au rappel de la leçon du lendemain ou des grands pièges bleus de la journée. » (I, 59)

Il écrit qu’il prend le train de Pantin jusqu’à la gare des Batignolles. Comme le montre Julien Barret : https://autour-de-paris.com/project/enquete-poetique-sur-les-pas-andre-breton-pantin, il prend plus vraisemblablement plusieurs transports en commun accessibles durant toute sa scolarité : le train puis le métro…

A 12 ou 13 ans Ses parents le récompensent par une petite somme avec laquelle il s’achète un premier fétiche (objet de l’île de Pâques, mentionné dans Nadja : « de l’île de Pâques, qui est le premier objet sauvage que j’aie possédé, lui disait : « Je t’aime, je t’aime. » (OC I, 727).

1910

Juillet. à la fin de l’année de 3, appréciation du directeur du Collège sur son livret scolaire : « Le zèle de cet élève s’est maintenu jusqu’à la fin de l’année scolaire. Plusieurs bons classements l’ont récompensé de ses efforts ».

Passe des vacances en Allemagne. Il découvre la Forêt-Noire, il améliore sa pratique de la langue (chaque jour un cours de deux heures).

1910-1911 classe de 2 D

« C’est à la manière de réciter La Jeune Captive que je choisis mon premier ami. » (OC I, 59) Il s’agit de Théodore Fraenkel (1896-1954), voir ses Carnets 1916-1918. Il est son cadet de 2 mois et se retrouve alors dans la même section. Élève brillant mais fumiste, souvent consigné. Il suivra des études de médecine comme AB, et seront très liés jusqu’en 1930. Il terminera sa carrière comme médecin de quartier, après avoir été chef de service à l’hôpital public. Poète secret, il était aussi un artiste par ses collages et ses sculptures. Gérard Guégan lui a consacré une biographie passionnée.

En seconde, AB déplore l’extrême classicisme de son professeur de français. Il est séduit par Alfred de Vigny, dont La Maison du berger et Stello dont il écrira : « de la lecture de stello dans ma jeunesse, la mémoire affective qui seule surnage persiste à me faire valoir, spécifiquement, un sentiment tragique et distant de la vie, dont je vois mal comment on pourrait contester la noblesse. » (voir ses variations sur https://www.andrebreton.fr/person/12999)

1911

La ville de Paris lui accorde une bourse de demi-pension.

En classe de 1ʳᵉ, c’est un professeur de lettres suppléant, Albert Keim (1876-1947), docteur es lettres avec une thèse sur Helvétius, et lui-même poète (Un poème d’âme.), qui lui fait connaître Baudelaire, Mallarmé, Huysmans, les symbolistes.

AB écrit son premier poème, « Rêve » (OC I, 29). Le second, Éden, est dédié à son professeur de lettres (OC I, 30).

Premiers poèmes publiés sous le pseudonyme anagrammatique de René Dobrant, dans un journal scolaire, Vers l’idéal, animé par René Hilsum (1895-1999). Précoce, celui-ci animait un groupement socialiste, « La Guilde vers l’Idéal », pour former de futurs militants. « Il fera bien de renoncer aux études ou aux préoccupations étrangères qui l’en détournent. » note le directeur de Chaptal à la fin de l’année. Exclu du collège, cela ne l’empêcha pas de fréquenter Fraenkel et AB, à qui il procurait des revues, et d’animer, deux ans après, un mouvement contre l’obligation militaire portée à 3 ans ! Nous le reverrons bientôt avec ses deux amis dans le mouvement Dada.

1912-1913 classe de philosophie

Détail d’une photo de classe collective AAB : Photographie de classe d’André Breton (André Breton) (andrebreton.fr)

Il y retrouve Théodore Fraenkel. Leur professeur de philosophie, André Cresson (1869-1950) vient d’être nommé à Chaptal. Admirateur de Kant (sur lequel il a soutenu sa thèse de doctorat), il est fort éloigné de Hegel dont AB « pressent » l’œuvre à travers les sarcasmes du maître. Son carnet de notes s’en ressent. Au troisième trimestre, on juge qu’il doit acquérir « maturité d’esprit » tandis que Fraenkel est qualifié d’« élève intelligent qui a très bien travaillé en philosophie et y a manifesté des aptitudes excellentes »

Attiré par la peinture contemporaine. Les promenades dominicales avec ses parents, de la gare de l’Est à l’église de la Madeleine, le conduisent à s’arrêter devant la Galerie Bernheim-Jeune :

« La seule issue que ces promenades présentaient pour moi est que j’obtenais d’entrer quelques minutes à la Galerie Bernheim, où peut-être un ou deux Matisse étaient exposés. […] Les toiles exposées n’étaient pas changées bien souvent mais n’importe si c’était La Joie de vivre par exemple, la joie de vivre je crois que je l’ai prise là. » écrit-il à Matisse le 5 février 1948 (Archives Matisse, AB la beauté convulsive, p. 86).

Révélation de la beauté au musée Gustave Moreau. « Il a conditionné pour toujours (sa) façon d’aimer » (IV, 785).

28 mars 1913 Durant les congés de Pâques, visite le salon des Indépendants, des galeries, le musée du Luxembourg. Admire Bonnard, Vuillard, K. X. Roussel, Signac, doute de la valeur et de la sincérité des toiles cubistes et futuristes (lettre à T. Fraenkel, in Marguerite Bonnet, André Breton, naissance de l’aventure surréaliste, Corti, 1975, p. 34).

Même période : compose des poèmes et lit Albert Samain, Henri de Régnier, Maeterlinck, Mallarmé, dont il admire la « tenue ». Considère La Dame à la faulx de Saint-Pol Roux, comme chef-d’œuvre du théâtre symboliste (OC III, 429 sq.)

Dimanche 25 mai 1913 : Manifestation au Pré-Saint-Gervais, discours de Jaurès (SFIO) contre la loi portant le service militaire à 3 ans. AB y participe avec son père. « Le drapeau rouge, tout pur de marques et d’insignes, je retrouverai toujours pour lui l’œil que j’ai pu avoir à dix – sept ans, quand, au cours d’une manifestation populaire, aux approches de l’autre guerre, je l’ai vu se déployer par milliers dans le ciel bas du Pré Saint – Gervais. Et pourtant – je sens que par raison je n’y puis rien – je continuerai à frémir plus encore à l’évocation du moment où cette mer flamboyante, par places peu nombreuses et bien circonscrites, s’est trouée de l’envol de drapeaux noirs. » (Arcane 17, OC III, 41).

30 juin 1913 : AB obtient le baccalauréat.
Vacances d’été à Lorient.

Août 1913. Nombreuses lectures. Découvre Villiers de l’Isle Adam, Péladan, Jean Lorrain, apprécie la vérité du premier Huysmans, déteste Maupassant, juge Maurice Barrès « d’une très grande profondeur et d’une philosophie souvent admirable, en même temps que d’un symbolisme intégral… » En poésie, il admire toujours Saint-Pol Roux, Francis Viélé-Griffin, René Ghil, Jean Royère, Apollinaire. Ne s »émeut pas du futurisme de Marinetti… (lettre à T. Fraenkel, in Bonnet, ibid. p. 27).

En 1965, AB refuse de revenir sur son passé scolaire : (lettre d’un professeur de Chaptal),
Une salle d’examen du lycée Chaptal porte désormais son nom.

Octobre 1913 Inscrit à la Faculté des sciences (Sorbonne) pour y préparer le PCN (certificat d’études physiques, chimiques, naturelles). Carte d’étudiant n° 294. Y retrouve Fraenkel, Hilsum.

Au journaliste qui lui demande, en 1952, de parler des déterminants de sa jeunesse, AB répond : « Force m’est, pour vous répondre, de me considérer beaucoup plus tard, disons au sortir de l’adolescence, c’est-à-dire au moment où je me connais déjà un certain nombre de goûts et de résistances bien à moi. Ce moment peut être fixé à 1913. » (OC III, 428)

1914

Suit les cours et travaux pratiques assidûment, mais son esprit est ailleurs. Fréquente les matinées poétiques, s’arrache aux revues littéraires, apprend par cœur les poèmes de Valéry, fasciné par le silence du poète depuis quinze ans.

7 mars [1914] AB écrit à Valéry que M. Teste est « un des plus incontestables chefs-d’œuvre du symbolisme ».

15 mars 1914 : Paul Valéry l’accueille chez lui et l’observe « d’un très bleu transparent de mer retirée » (OC III, 434). AB lui soumet le poème « Rieuse » et lui confie qu’il recherche en poésie « un trouble physique caractérisé par la sensation d’une aigrette de vent aux tempes » (OC II, 678). Une relation intime et confiante entre eux s’étend jusqu’en 1925.
Mars 1914, La Phalange (dir. Jean Royère) publie 3 poèmes d’AB.

Juin 1914 : AB à Lorient chez ses parents révise pour l’examen du PCN auquel il échoue.
3 août 1914 : déclaration de guerre de l’Allemagne à la France. Mobilisation générale.

« la nouvelle de l’assassinat de Jaurès [31 juillet] m’a très douloureusement ému, plus peut-être que l’éventuelle déclaration de guerre ne saura le faire » (AB à TF, M. Bonnet, AB…, p. 65.)

Daté août 1914, le poème « Hymne » (OC I, 8) reflète son état d’esprit à l’égard du conflit.
Sous l’emprise de Rimbaud : Une saison en enfer, « chef-d’œuvre de la perversité ».

24 septembre : obtient le PCN.
29 septembre : s’inscrit à la Faculté de médecine de Paris.
Les cours reprennent comme s’il n’y avait pas de guerre. AB les suit régulièrement, apprend par cœur les leçons d’anatomie. Demeure chez ses parents, 70, route d’Aubervilliers à Pantin (aujourd’hui avenue Édouard-Vaillant).

Potlatch André Breton complément

Potlatch André Breton complément

Dans le recueil Potlatch André Breton ou La Cérémonie du don, publié en 2020 par les Editions Du Lérot à Tusson, je pense avoir démontré que, s’il recevait un ouvrage muni d’un « envoi » autographe signé par l’auteur, André Breton ne tardait pas à lui faire le contre-don d’un de ses propres livres, récemment paru, ou encore adapté à l’image qu’il se faisait du signataire. Mais il est évident qu’il prenait souvent l’initiative de faire don d’un de ses ouvrages, orné d’un envoi spécifique, à ses meilleurs amis et à ses relations.
Je poursuis cette démonstration ci-après, dans un recueil complémentaire  numérique au format PDF. Selon son goût, le lecteur pourra le lire directement sur écran ou bien l’imprimer pour insérer les pages dans le volume sur vélin de l’édition première.

Prière d’adresser vos observations et compléments éventuels à : hbehar[at]sfr.fr

[Télécharger cet ouvrage en PDF]

André Breton, index des Oeuvres complètes

Index des Œuvres complètes de A. Breton

Breton

On trouvera ci-dessous, dans un premier temps, l’index alphabétique général des Œuvres complètes d’André Breton. Il s’agit en fait de tous les ouvrages parus de son vivant, ayant fait l’objet, la plupart du temps, d’une édition en livre de poche. Ce sont donc tous les mots (noms communs et noms propres, avec capitales ou non) employés par l’auteur, classés dans l’ordre alphabétique, avec, accolé sur la même ligne, leur nombre d’occurrences dans ce corpus. Sauf erreur de ma part, on peut dire, en simplifiant, qu’André Breton a un vocabulaire de 42.353 formes. Au lecteur de décider s’il est riche ou non, plus recherché ou plus complexe que celui de Racine, de Victor Hugo ou de l’un des poètes de sa génération. L’intérêt immédiat de cette liste est qu’elle permet de voir les mots utilisés par l’écrivain, et ceux qui, par défaut, sont exclus de son vocabulaire. Rappelons, pour finir, que tout calcul scientifique admet une approximation de +_ 5%.
Logiciel utilisé: TXM de l’ENS de Lyon.
Je remercie particulièrement Michel Bernard 
qui a bien voulu m’accompagner, à nouveau, dans cette aventure numérique.

Je remercie Étienne Brunet (Université de Nice), dont le logiciel Hyperbase m’a servi à élaborer cet index alphabétique.

[Télécharger l’index _AB_TXM au format PDF]   

Nos outils nous offrent d’autres classements qui seront d’un grand intérêt pour le chercheur et même l’amateur.
Voici un index avec la référence des pages dans l’édition de la Pléiade. Pour alléger le fichier, j’en ai retiré les pronoms et particules  trop fréquents.

 [Télécharger l’index _réf_p.  au format PDF]

Enfin, pour faire œuvre décidément utile, voici la concordance, lettre par lettre, issue du même fichier Œuvres complètes, avec l’indication de la page dans la Pléiade. Les fichiers Epub sont lisibles aussi bien sur votre tablette que sur ordinateur.

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CC