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Le freudo-marxisme des surréalistes », Mélusine, n° XIII, 1992, pp. 173-191.

Ne revenant pas sur l’abondante littérature critique concernant les rapports du surréalisme avec la psychanalyse, je souhaitais aborder dans cette livraison de Mélusine, de manière concrète, la relation intime de chaque surréaliste, pris individuellement, avec le psychanalyste de son choix. Mon projet venait certainement trop tôt. On verra, dans l’ensemble des contributions répondant à mon appel, une approche individuelle fort stimulante et variée.

Quant à moi, je tentais d’aborder une période précise, celle où les surréalistes, loin de la doctrine imposée en URSS, s’efforçaient, à l’exemple de Tristan Tzara, d’intégrer la démarche des freudo-marxistes connus en France à leur création.

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Voir le résumé et le prolongement qu’en donne Wikipédia :

Surréalisme et freudo-marxisme

D’après Henri Béhar, c’est lors de l’accession au pouvoir d’Hitler en janvier 1933 que les surréalistes parisiens, attachés au matérialisme dialectique, découvrent la pensée freudo-marxiste14.

C’est surtout André Breton, lecteur de Marx, Freud, mais aussi Hegel, Fichte, Feuerbach, Nietzsche, qui puise dans la philosophie des idées lui permettant de faire dialoguer les discours poétique et politique d’une manière originale, réactualisant la philosophie romantique, dans une invention toujours recommencée d’une philosophie de l’amour et de la révolution. Cherchant à démontrer que le monde réel et le monde du rêve ne font qu’un, Breton examine les différentes théories qui ont proposé une interprétation du rêve, en s’arrêtant longuement à celle de Freud, dans une perspective franchement révolutionnaire, qui doit beaucoup à Marx, notamment dans son essa  Les Vases communicants (1932)15. Dans sa visée d’un art révolutionnaire et d’une libération totale de l’homme, il associe les deux mots d’ordre « transformer le monde » (Marx) et « changer la vie » (Rimbaud), l’unité du rêve et du réel passant par une profonde transformation sociale. Toutefois, il n’y a pas une « philosophie du surréalisme », selon le terme de Ferdinand Alquié, mais bien les philosophies d’André Breton, oscillant entre un discours systématique et un bricolage idéologique plus aventureux, allant successivement de l’idéalisme absolu à la dialectique des années 1930, du freudo-marxisme à la philosophie de la nature.

1. Emmanuel Rubio, Les Philosophies d’André Breton (1924-1941), L’Âge d’Homme, coll. « Bibliothèque Mélusine », 2009, en particulier le chapitre intitulé « Les vases communicants : la constitution d’un système freudo-marxiste ? (1932) ».