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Avertissement, Août 2007

Note technique :
La compilation des messages de sept années, expédiés par différentes machines sous différents systèmes, a produit des fichiers fort encombrants. Il n’était pas possible de garder la forme initiale des messages. Nous avons donc privilégié l’accessibilité en réduisant au maximum leur poids, en évitant les redondances, sans toucher au contenu, qui reste l’objet du présent document. Les coordonnées personnelles des abonnés ont volontairement été enlevées.

Signalons que les abonnés à la liste Mélusine peuvent retrouver les messages conservés depuis février 2006 sur le serveur Sympa dont ils ont les coordonnées. Il leur suffit d’insérer le mot de passe qui leur a été communiqué par la machine lors de leur inscription, et de consulter les Archives dans l’ordre chronologique, ou encore grâce au moteur de recherche du logiciel.


Semaine_31bis

Parce que j’aime bien Jean-Claude Silbermann et son œuvre ironique, je ne puis m’empêcher d’ajouter l’information ci-dessous à l’excellente revue de la semaine procurée par Eddie Breuil. De même pour le commentaire du livre de Guy Ducornet, déjà signalé (on trouvera le texte intégral du tract « A la niche les glapisseurs de Dieu » sur notre site). Pour le reste, informations utiles à tous.

Dossier presse expo Silbermann

http://www.mairie-brest.fr/communication/expo_silbermann.html

EXPOSITION JEAN-CLAUDE SILBERMANN :

LE POINTILLE CLANDESTIN

DU 12 JUILLET AU 14 OCTOBRE 2007

L’artiste surréaliste contemporain Jean-Claude Silbermann, peintre et écrivain, a longtemps séjourné en Bretagne.

Du « Cabinet des velléités » à « Babil-Babylone » l’exposition présente un univers fabuleux en 50 dessins et aquarelles dont 12 dessins de très grand format et un texte inédit, qui donne son nom à l’exposition de Brest « Le pointillé clandestin »

Musée des Beaux-Arts de Brest

24 rue Traverse — 29200 Brest

Tél : 02 98 00 87 96

Ouvert tous les jours sauf lundi, dimanche matin

de 10Hà 12H et de 14H à 18h

Exposition ouverte le 14 juillet et le 15 août

et le lundi sur rendez-vous pour les groupes

Mél : musee-beaux-arts@brest-metropole-oceane.fr

Commissaire de l’exposition :

Françoise Daniel, conservatrice en chef

du musée des Beaux-arts de Brest

Si vous avez besoin d'autres renseignements vous pouvez contacter :

Le dossier de presse :

Téléchargement (PDF : 328 Ko)

Alice au Pays des merveilles par Pierre Mabille

Texte à récupérer sur : http://www.larevuedesressources.org:80/article.php3?id_article=169

L’incroyable Arcimboldo au musée du Luxembourg à Paris

À consulter sur : http://www.agoravox.fr:80/article.php3?id_article=27512

Du 15 septembre 2007 au 13 janvier 2008, le musée du Luxembourg à Paris expose l’œuvre du peintre maniériste Giuseppe Arcimboldo. […]

À Martigny, Chagall demeure une valeur sûre

http://www.lefigaro.fr/culture/20070802.FIG000000107__martigny_chagall_demeure_une_valeur_sure.html

ON PEUT trouver ces jeunes mariés, ces violonistes ashkénazes, ces ânes, ces coqs, toute cette société systématiquement en apesanteur, d'une naïveté agaçante. Mais Marc Chagall est loin de n'être qu'un poète facile. En témoignent notamment les sept grands panneaux de décor du Théâtre juif de Moscou, peints en 1920 et restaurés en 1991 grâce au soutien de la Fondation Pierre Gianadda. À Martigny, au cœur du Valais, cette institution les montre à nouveau, après qu'ils ont fait le tour du monde et alors que le vernissage de l'exposition dont ils sont l'apogée, le 6 juillet dernier, coïncidait avec le 120e anniversaire de la naissance du peintre.

Chagall est une valeur sûre : quelque 2 000 visiteurs se pressent chaque jour entre les murs au béton épais de la Fondation. C'est même une institution : outre Garnier, on ne compte plus dans le monde les opéras, musées, églises et cathédrales que l'enfant de Vitebsk, mort en 1985, a décorés. Mais les compositions pour le Théâtre Kamerny rappellent quel avant-gardiste il fut. Le Parisien des ateliers de la Ruche participant à la naissance du cubisme, le post-Fauve adepte des couleurs pures, le voisin des expressionnistes berlinois, le surréaliste hors du surréalisme, le Biélorusse de la Révolution ouvrant son « atelier libre de peinture » en 1919, le figuratif résolu dans un monde où l'abstraction est l'unique eldorado, le croyant dans un univers athée…

Pour avoir été ce marginal parmi les devanciers, Chagall fut l'un des premiers dont les travaux alimentèrent l'autodafé nazi. Et son décor aurait très bien pu être proclamé art dégénéré. C'est pourtant un art d'une humanité profonde. Où les motifs pittoresques ne cessent d'engendrer d'autres motifs pittoresques, où le jeu toujours surprenant des textures et des techniques se complique à mesure que le regard s'approche pour le plus grand plaisir des enfants. Où les grands musiciens et acrobates de cet hommage au spectacle se retrouvent à la taille de jouets jusque dans la calligraphie hébraïque. Où les scènes triviales comme ce maquignon urinant sur un goret voisinent avec la félicité d'un ménage présentant son nouveau-né. La vie en somme. Cocasse, tourbillonnante. Une oeuvre monumentale, un peu comme Guernica, mais du seul côté du bonheur.

Autour, grâce à de très nombreux prêts de particuliers, la production abonde, accrochée serrée au fil des époques. Deux cents œuvres, des années russes à Saint-Paul-de-Vence, où les rêves « entre ciel et terre », nostalgiques, pacifiques et surtout pieux, sont désormais cristallisés en leitmotiv. Bouquets de fleurs pyrotechniques, groupes d'artistes, d'amoureux ou d'animaux domestiques, tantôt truculents tantôt songeurs… Et bien sûr personne n'a ici entendu parler de la loi de la gravitation universelle. Car nous ne sommes pas à l'âge de raison mais dans un bain de jouvence. Oui, décidément, ne serait-ce que pour cette jeunesse, la peinture de Chagall valait bien cathédrales et opéras. « Chagall, entre ciel et terre », jusqu'au 19 novembre à la Fondation Pierre Gianadda, rue du Forum, 1920 Martigny (Suisse). Tél. : (+41) 27 722 39 78 et www.gianadda.ch Catalogue édité par la Fondation et le Crédit Suisse, 248 p., 30 eur.

Surréalisme & Athéisme, "A la niche les glapisseurs de dieu !",

Guy Ducornet, Ginkgo éditeur, 2007

Source : http://www.gaucherepublicaine.org/,article,1617,,,,,_Surrealisme-a-Atheisme-qA-la-niche-les-glapisseurs-de-dieu-q-Guy-Ducornet.htm

Par Jocelyn Bézecourt

Jeudi 2 août 2007

article publié dans la lettre 555

L'ouvrage de Guy Ducornet est une réparation. Il s'agit d'opérer une mise au point contre tous les exégètes du surréalisme qui ont eu soin de le déposséder de sa composante viscéralement antireligieuse. Car le surréalisme, en voulant rompre avec toute autorité, toute contrainte, toute norme préexistante, ne pouvait que vomir les religions et l'idée de dieu, cette béquille qui conduit l'aveugle à mener l'aveugle dans le fossé. Les surréalistes, en tant que révolutionnaires, n'ont alors pas craint d'allier le geste à l'idée et c'est de façon parfois très démonstrative qu'ils ont conchié l'Église catholique. L'auteur reproduit maints documents dont cette incroyable photographie montrant le surréaliste Benjamin Péret en train d'insulter un prêtre portant soutane et chapeau ! Ou encore ce crucifix, photographié par Man Ray, faisant office de poignée de chasse d'eau dans des WC.

Parmi les documents exhumés par l'auteur, celui qui en forme le sous titre est un tract de 1948 dont le titre pourrait, aujourd'hui, conduire ses signataires devant un tribunal : A la niche les glapisseurs de dieu ! Le surréalisme ne peut s'entendre sans un tonitruant Merde à dieu. Guy Ducornet rappelle à tous ceux qui souhaiteraient momifier le surréalisme dans une distraction obsolète que Breton n'a eu de cesse de pourfendre l'idée de dieu : "Tout ce qu'il y a de chancelant, de louche, d'infâme, de souillant et de grotesque passe pour moi par ce seul mot : Dieu. Dieu !". On regrettera cependant que des surréalistes se soient référés à Sade, dont la vie ne saurait être un modèle.

Page après page, Surréalisme et Athéisme inonde la canaille cléricale de blasphèmes, tous vivifiants : Unijambistes, Lourdes vous fera une belle jambe, L'islam brûle, Il est né le divin enfant accompagné du dessin d'un rat auréolé, jusqu'à des actions sacrilèges comme la destruction d'images religieuses dans une librairie catholique en 1927. La couverture très blasphématrice, par Jean Benoît, en constitue d'ailleurs l'annonce appropriée. Cet ouvrage vigoureux réjouira tout antireligieux fièrement primaire devant les impertinences des surréalistes.

mercredi 1 août 2007 18:31

Bonjour, Je me permets de signaler à "Mélusine" ce compte rendu du nouveau recueil de Jean-Pierre Lassalle : "Brouiller les pistes convenues, en jeter des nouvelles — encore à défricher — à la raison du lecteur : la poésie de Jean-Pierre Lassalle est littéralement déroutante. La dernière plaquette qui vient de paraître, Les Petites Seymour, aux éditions Encres Vives (Colomiers), en est une merveilleuse manifestation. Les quatorze poèmes qui la composent sont autant d'invitations au x voyage s vers des contrées oniriques palpables, parce que charnelles, hantées de corps de femmes ou de fantômes incarnés, abolissant frontières topiques et temporelles…" (l'intégralité du texte se trouve sur le blog : Les Féeries Intérieures) Cordialement, Mikaël Lugan

Semaine_32 ( 6-12 aout 2007)

Chers Mélusines, chers Mélusins,

Le lettrisme est décédé. On peut quand même regretter de n'en avoir pas plus entendu parler dernièrement (les deuils sont de tristes occasions, mais des occasions quand même).

Malgré son côté très subjectif, je vous joins à ce propos un article sur Isidore Isou qui a un mérite : celui de s'interroger (sans vraiment y répondre) sur la production d'un Mouvement. L'article pourrait faire penser au tract Un Cadavre, mais de loin…

Mais ces querelles de chapelles n'apporteront sans doute pas grand chose. Délaissons donc les Lettres pour s'intéresser aux chiffres, et au 8 de Scelsi. Scelsi, qui, au passage, a été mis en page par un poète des …lettres : Guy Lévis Mano.

L'énigme Scelsi fêtée à Salzbourg

Comme Pier Paolo Pasolini, l'Italien Giacinto Scelsi est mort sur une plage romaine. Mais tranquillement, au soleil, entouré de proches. Le compositeur romain, né en 1905, auquel le Festival de Salzbourg consacre un vaste hommage, "Continent Scelsi", avait le chiffre 8 pour fétiche. Il voyait avec circonspection se profiler une singulière occurrence numérique : le 8 août 1988, "8.8.88".

Et c'est évidemment ce jour-là qu'il est tombé dans le coma. Comme une édition du Monde, sa mort intervint le 8, datée du 9.

Le comte Scelsi d'Ayala Valva était sûrement venu prendre l'air sur la côte coiffé de l'un de ses chapeaux excentriques, conduit par son chauffeur en limousine "vintage" depuis sa belle demeure romaine surmontée d'une terrasse. C'est sur son toit que, le soir venu, cet ascète qui aimait le monde recevait ses amis et les visiteurs attirés sur le tard par sa légende. Mais, tel le comte Dracula, il était invisible dans la journée.

(…)

Scelsi n'était pas que l'homme des sons. Ses poèmes et récits, écrits pour la plupart en français (jugé supérieur à l'italien, qu'il réservait aux bas usages), témoignent d'une plume, d'une imagination, d'une fantaisie proches des esthétiques surréaliste et fantastique. Il était l'ami des écrivains, d'Henri Michaux qu'il admirait particulièrement. La compositrice et musicologue américaine installée en France Sharon Kanach a publié, en 2006 et 2007, chez Actes Sud, deux volumes de textes et documents fascinants de et sur Scelsi, Les anges sont ailleurs… et L'Homme du son.

Le comte Scelsi était doté d'une belle fortune, ce qui lui permit d'écrire de la musique sans se soucier qu'elle fût jouée. Détesté pour cette raison par les compositeurs "rouges", il fut mis au ban de la vie musicale italienne qu'il avait pourtant soutenue de ses propres deniers, en organisant des festivals de musique ouverts gratuitement au public dans les années 1930.

Scelsi préféra alors le retrait complet. Il ne fut désormais qu'une sorte de légende, connue de quelques-uns, avant que, à la fin des années 1970, des interprètes (Joëlle Léandre, Frances-Marie Uitti), chefs d'orchestre (Aldo Brizzi, Jürg Wyttenbach), compositeurs (les représentants de l'Itinéraire, György Ligeti), et musicologues (Harry Halbreich) s'en fassent les interprètes, les porte-parole et lui rendent hommage.

Les disques se sont multipliés et ont touché un vaste public, et Scelsi, ermite et fakir, est sorti enfin de sa tanière : on l'a vu à la Fondation Royaumont, près de Paris, en Allemagne et ailleurs. Lui qui disait se ficher que sa musique fût jouée ou non, avait l'air gai comme un pinson. Après la longue traversée du désert, cette reconnaissance fut une fontaine de jouvence. Avant l'éclipse, à nouveau et pour de bon, le 8.8.88.

Renaud Machart

Article paru dans l'édition du Monde du 09.08.07.

Consulter l'article sur : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3246,36-942876@51-939551,0.html

"Le lettrisme est mort : tant mieux !"

(…)

Isidore Isou, l'inventeur du Lettrisme vient de mourir, le 28 juillet 2007, à l'âge de 82 ans. Avec lui disparaît le Lettrisme. Tant mieux ! Né en Roumanie en 1925, Isou fut le fondateur du "Lettrisme" en 1945. Ce n'est bien sûr pas l'homme qui est mort que je mets en cause ici (paix à son âme et condoléances à ses proches) mais le mouvement qu'il a généré — le Lettrisme — et quelques dérapages qu'a causés ce mouvement.

Plus fort que Dada ?

Enfant surdoué, il commence bien. Passionné par les grandes ½uvres, il lit Dostoïevski à 13 ans, Karl Marx à 14 ans, Proust à 16 ans. C'est au cours de ces lectures de jeunesse, qu'il a, en 1942, l'intuition de la poésie lettriste, en lisant une phrase de Keyserling : « le poète dilate les vocables ». En roumain "vocable" peut se confondre avec "voyelle". Il a alors 17 ans, et jouer avec les voyelles est de son âge. Rimbaud l'avait fait aussi avec son poème Voyelles et disait que l'on n'est pas sérieux quand on a 17 ans.

Mais les choses prennent vite un tour différent. A peine débarqué à Paris en 1945, dans une période où les douleurs de la guerre sont encore vivaces, en un moment où la solidarité et le besoin de reconstruction paraissent plus nécessaires, Isidore Isou cherche par tous moyens à se faire connaître et à devenir une vedette. Ne songeant qu'à être publié, il harcèle l'éditeur Gallimard. En vain. Il a recours alors aux relations, à l'entrisme pour parvenir à ses fins ainsi qu'au scandale. Le filon du scandale, le mouvement Dada, l'avait déjà exploité avant lui. Mais Isou veut aller encore plus loin. Il passe donc à l'action.

Comme les dadaïstes et les surréalistes, les lettristes lancent des opérations de persécution comme cette interruption forcée d'une pièce de Tristan Tzara au Vieux-Colombier. Lors de la messe de Pâques du 9 avril 1949, quatre lettristes font irruption dans la cathédrale Notre-Dame, en proclamant que "Dieu est mort".

Mais ce n'est encore rien. La même année, Isidore Isou est condamné pour outrage aux bonnes m½urs pour la publication de La Mécanique des femmes. Lors du Festival de Cannes, il coupe une projection officielle pour imposer la projection de son propre film, en fait le premier film lettriste, intitulé Traité de bave et d'éternité. Dans la salle, un lycéen nommé Guy Debord assiste à la projection qui sera interrompue avant la fin par les spectateurs justement indignés. Séduit par tant de subversion, Debord décide de rejoindre les lettristes à Paris (il adhère à leur mouvement en 1951).

L'insulte à Charlie Chaplin

En octobre 1952, Chaplin tient une conférence au Ritz où il présente son nouveau film Limelight (Les Feux de la rampe) qui sera d'ailleurs son dernier. Le mouvement lettriste de Debord exploite l'événement pour se faire de la publicité à bon compte. Il s'en prend à Chaplin de façon véhémente par un tract qui a pour titre Fini les pieds plats. En voici un extrait assez éloquent : "Vous êtes, Chaplin, l'escroc aux sentiments, le maître chanteur de la souffrance (…) Allez vous coucher, fasciste larvé (…), mourez vite, nous vous ferons des obsèques de première classe. Les feux de la rampe ont fait fondre le fard du soi-disant mime génial et l'on ne voit plus qu'un vieillard sinistre et intéressé. Go home, Mister Chaplin."

Or, on le sait, cette même année, 1952, est le théâtre des odieuses manoeuvres du maccarthysme qui vont atteindre Chaplin en plein coeur et le pousser à fuir les Etats-Unis pour son pays natal, l'Angleterre. "Go home, Mister Chaplin" disent, finalement, d'une même voix les maccarthytes et les lettristes ! Pourquoi tant de haine ?

Isidore Isou désavoue publiquement (dans la revue Combat) cette mauvaise action et dit respecter l'oeuvre de Chaplin. Mais c'est aussi pour lui le prétexte rêvé pour opérer une scission au sein du groupe lettriste : une scission spectaculaire entre deux courants de pensée, une division de deux néants en quelque sorte ! Le lettrisme a ainsi montré qu'il voulait nuire au cinéma. La démarche cinématographique d'Isou ne pouvait conduire d'ailleurs qu'à sa destruction.

(…)

Pour conclure, pourqui ne pas tenter de réconcilier Chaplin et le lettrisme en reprenant ici la chanson que Charlot interprète dans Les Temps modernes. Dans la scène du film, Charlot a oublié son texte et se met à improviser un charabia constitué d'un mélange de français et d'italien. Finalement, Chaplin n'avait-il pas inventé le lettrisme dès 1936 en reversant bien des conventions ?

« Se bella piu satore, je notre so catore,

Je notre qui cavore, je la qu', la qui, la quai !

Le spinash or le busho, cigaretto toto bello,

Ce rakish spagoletto, si la tu, la tu, la tua !

Senora pelefima, voulez-vous le taximeter,

La zionta sur le tita, tu le tu le tu le wa ! »

par La Taverne des poètes

Article en intégralité sur : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=27609

 Dalí et le cinema

La grande exposition de l'été à Londres [Tate Modern, jusqu'au 9 septembre, www.tate.org.uk] est consacrée au maître excentrique catalan et à sa fascination pour les images animées. Un voyage onirique.

Dali fait partie des grands maîtres de la légende moderne de la peinture. D'abord, parce que, au même titre que Chagall, par exemple, il a inventé une iconographie propre. Chez Chagall, on identifie immédiatement le petit village russe, les fermiers, la vache dans les airs, la mariée… Chez Dali, on reconnaît tout de suite la montre molle, le paysage désolé marqué au fond par un coucher de soleil, la présence de fourmis et d'un oeil isolé, de morceaux de corps humains désarticulés. Dali est allé outre, en inventant, avant Warhol, un culte de la personnalité autour de lui-même. Jusqu'au 9 septembre, dans « Dali & Film », la Tate Modern de Londres expose la production picturale de l'artiste surréaliste. Une soixantaine d'oeuvres dont les plus fascinantes sont les premières de sa carrière, alors qu'il est encore dans une phase expérimentale en matière de peinture. Dali est né en 1904, l'année où dans sa ville, Figueras, s'est installé le premier cinématographe. Il a étudié à l'Académie royale de San Fernando, à Madrid, et c'est là qu'il a rencontré des invidus qui auront une influence : le poète Federico Garcia Lorca et aussi le futur réalisateur de films Luis Bunuel. Le propos de l'exposition : l'intervention de Dali intervint dans le domaine du film et l'influence du cinéma sur sa production picturale. La deuxième démonstration est moins évidente. Ainsi, en 1925, il peint un portrait de son père, notable au regard froid, dans un style réaliste. Commentaire des commissaires : « Cela reflète son admiration pour le regard impersonnel de la caméra »… A noter, par ailleurs, la qualité exceptionnelle de deux « Compositions abstraites » de 1928, qui tiennent à la fois des formes organiques d'un autre surréaliste, Hans Arp, et des derniers travaux de Matisse avant sa mort, les papiers découpés.

En 1929, Dali présente à Paris avec Luis Bunuel « Un chien andalou », qui tient l'affiche pendant six mois et est immédiatement classé comme « oeuvre surréaliste » par André Breton. Le film est une proposition volontairement incohérente qui s'ouvre par une scène insoutenable : l'oeil d'une jeune femme coupé avec une lame. L'obsession de l'oeil chez Dali. La deuxième production Dali-Bunuel en 1930 est « L'Âge d'or » avec des scènes étranges et fortes socialement, comme le passage, dans l'indifférence générale, d'une carriole de paysans au milieu d'une réception mondaine dans un palais.

Culture moderne

Si le Catalan s'intéresse au film, c'est parce que c'est une forme de culture moderne, destinée aux masses et qui s'éloigne des canons de l'académisme. L'Amérique est le pays du cinéma ; en 1934, il se rend à New York, mais son but est la conquête d'Hollywood. En 1937, il pousse jusqu'à la côte Ouest : « Je suis de retour d'Hollywood, et là-bas j'ai entendu le mot «surréalisme» dans toutes les bouches. » Quelques mois plus tôt, avant de revenir, il écrivait à ce sujet à André Breton : « Je suis à Hollywood, où j'ai pris contact avec les trois surréalistes américains Harpo Marx, Disney et Cecil B. DeMille ». C'est le muet parmi les trois frères comiques que l'artiste apprécie particulièrement, et il tentera une collaboration avec lui. Mais son approche de Disney est plus fructueuse, puisqu'il tente un essai de dessin animé en 1946, « Destino ». Sept minutes de délire, animées par une créature féminine à transformations et une figure de prince charmant qui tombe en miettes au premier baiser.

Parmi les moments forts de l'exposition, on peut aussi citer son intervention en 1945 dans « La Maison du docteur Edwardes » d'Alfred Hitchcock. C'est Dali qui illustre en quelques minutes le récit par Gregory Peck d'un rêve. Il reprend simplement les canons habituels de sa peinture. En 1966, Andy Warhol réalise un « screen test », une séquence filmée, au cours de laquelle il prend le visage immobile du vieux Dali. On peut y voir un passage de témoin. C'est la dernière étape de cette exposition. Elle a le mérite non seulement de montrer des beaux tableaux du début, mais encore de mettre au jour un Dali prémonitoire, qui s'avance vers le XXIe siècle en utilisant des pratiques communes chez les plasticiens d'aujourd'hui.

Judith Benhamou-Huet

Article sur : http://www.lesechos.fr/info/loisirs/4607598.htm

Bien cordialement,

Eddie Breuil

Semaine_32 Compléments

René Depestre se révolte

Rencontre avec le grand poète haïtien

http://livres.nouvelobs.com/p2231/a352000.html

A 81 ans, l'auteur de «Rage de vivre» ne mâche pas ses mots. Ni sur la francophonie, ni sur l'esclavage et ses commémorations, ni même sur la «littérature-monde»

Voilà exactement vingt ans qu'il a reçu le Renaudot pour son roman «Hadriana dans tous mes rêves». «Déjà !» s'étonne-t-il. Mais comme à 81 ans il regarde toujours devant, il ne se surprend même plus d'oublier. Sa joie est si transparente qu'elle pétille à tout bout de champ. A coups de bons mots, de petits rires secs. Les yeux, fébriles, s'éclairent au moindre motif. Les bras gesticulent pour indiquer ici un pupitre près de la fenêtre de son bureau, où le poète dépose son inspiration, là l'ouvrage «Terre- patrie» d'Edgar Morin, qu'il s'empresse d'extraire de la bibliothèque pour le laisser choir aussitôt.

Puis il passe à autre chose. Ce monsieur est un démenti permanent à l'existence du vide. On dirait que la vieillesse l'a surpris en un éclair et que, non content d'être ainsi sommé de prévoir le temps qui reste l'un des plus grands poètes vivants a décidé d'en finir une bonne fois pour toutes avec la mélancolie. Ici; dans sa demeure méridionale de Lézignan-Corbières, où après une longue et laborieuse errance idéologique le natif de Jacmel en Haïti posa ses valises, le poète s'abandonne à toutes les jouissances. C'est un épicurien. Des femmes, il dit : «C'est un miracle, leur érotisme continue d'exercer.» Et du prix que ses amis écrivains d'Etonnants Voyageurs lui ont décerné au mois de mai à Saint-Malo pour services rendus à la poésie : «Ils n'oublient rien...»

A propos d'un sentiment de sagesse par lequel il affirme se sentir envahi, ce qui reste à démontrer, il bredouille malicieusement : «C'est l'été indien de ma création.» Le bonheur d'écrire est pourtant toujours bien là, fidèle au rendez-vous quotidien que lui assigne le moine-poète. Dès 4h30 le matin, tous les jours, toute l'année ! Sur une petite fiche punaisée à gauche de son bureau, face au jardin, le Neptune des Caraïbes liste au feutre bleu tout ce qui lui reste à faire.

Pour l'heure, il commente sa «Rage de vivre», une totalité poétique fraîchement regroupée en un volume unique de plus de 500 pages qui court de 1945 à 2005. Sa lecture, commente Bruno Doucey dans sa préface, ressemble aux berges de l'Orénoque que décrivait Biaise Cendrars. Elle évolue «entre le loa de la poésie, l'archivolute de la plante tropicale et l'oeil félin embusqué dans la nuit». Depestre a le don de provoquer les sens, de jouer tout en haut de cette falaise accidentée de l'esprit où violence pure et sensualité extrême se disputent le magistère du vertige. Cet «animal marin de la poésie», comme il s'est défini lui-même dans son premier recueil, «Etincelles», publié en 1945 (il avait alors 19 ans), est un insurgé «de tout». Un exilé des utopies ratées. Un type capable de se révolter, tardivement parfois, contre toutes les puissances, tous les pouvoirs, toutes les idéologies qui, dans leur manie d'autocélébration, n'ont pas saisi que «les hommes étaient d'abord faits pour fraterniser». Il rencontrera sur sa route de cruelles désillusions. A Prague, où la jeune fille juive qu'il épouse est accusée d'être un agent du Mossad; au Chili, où il se laisse entraîner par Jorge Amado et Pablo Neruda dans des combats qui ne sont pas les siens; au Brésil et en Argentine, où le militant communiste qu'il est devenu crie trop fort son envie de vivre libre; à Cuba, où il rencontre le Che qui lui propose d'organiser un mouvement insurrectionnel contre son ami Duvalier, devenu entre-temps dictateur… «Entre un coup d'État militaire et un coup d'État poétique, il y a la distance qui sépare la charogne d'un léopard avec le dernier mouvement chanté de la Neuvième Symphonie.»

Pièges, malédictions, comment se sortir de pareil enfer ? Le poète alors surgit, tel un démiurge, pour aller, comme disait Nietzsche, «inonder toutes les rives». Son fleuve est généreux, séminal. Il charrie tout ce qu'un cerveau humain lucide peut redouter : les relents toxiques empoisonnés de ses pulsions. Au lieu de s'y noyer, Depestre remonte à la surface, le sourire en banane. Son lecteur le suit. Pas le choix. Les mots sont là, chauffés à mort, pour toucher l'âme, l'explorer, dire tout haut sa «civilisation de l'universel» à lui. Comme Senghor et Césaire, ses potes «impétueux» de la négritude éclairée.

Il y a des mots qui le font sourire : mondialisation, diversité culturelle. «Pourquoi être obligé de nommer ce qui se vit naturellement depuis que l'homme existe ?» La francophonie ? «Un tarmac sophistiqué, une sorte d'aéroport moderne. Froid.» Silence embarrassé tant il doit à la langue française. «Je reste sur ma faim quand je vois mes amis défendre cette idée de littérature-monde. On peut faire mieux : embrasser tous les arts dans cet affranchissement. Comment croyez-vous que les Africains et leurs descendants s'en sont sortis ? En dansant leur histoire, pardi ! En la mettant en musique ! Il faut s'inspirer d'Apollinaire quand il a sorti son manifeste. Nous avons tous besoin d'une perception nouvelle du monde que seuls les poètes, ensemble, peuvent traduire artistiquement. Il y a une place pour un puissant cri de ralliement.» Le voilà, lui, le combattant estampillé des libertés, en train de se révolter contre l'utilisation abusive d'expressions qui «remplissent le vide». Comme par hasard, la «Non-assistance à poètes en danger» est le titre de son avant-dernier ouvrage… La décision de commémorer l'esclavage ? «Une blague. Regardez ce qui se passe chez moi, en Haïti. On en est encore à apprendre ce qu'est la démocratie ! La jeunesse n'apprend plus rien des anciens. La mémoire végète. Comment voulez-vous dans ces conditions en finir avec les clichés ? C'est- à-dire avec la couleur de la peau, l'identité, si personne n'ose dire que c'est un passé qui nous étouffe. Ce sont les vivants que l'on cherche, pas les morts !» René Depestre n'en démordra jamais. La rage de vivre, on vous dit !

«Rage de vivre», par René Depestre, Seghers, 522 p., 25 euros.

Jean-Michel Djian

Perspectives du cinéma haïtien

Olivier Barlet

publié le 09/08/2007

Source : http://www.africultures.com:80/index.asp?menu=affiche_article&no=6820

[…] Le premier à introduire le vodou dans la peinture haïtienne fut l'étonnant Tiga auquel Arnold Antonin consacre Tiga, rêve, possession, création (2001, 52'). Il fut un grand découvreur de talents, notamment des peintres de St Soleil, groupe qu'il baptise ainsi en accord avec son adoration du soleil, et se voulait avant tout un pédagogue, persuadé qu'en chacun se cache un créateur. Il a ainsi animé des ateliers avec les enfants et travaillé avec des malades mentaux. La folie de Tiga, "son incohérence créatrice", semble vouloir assumer les délires de son pays, en être l'incarnation. Il voulait sauver la peinture populaire haïtienne du folklore de l'Occident et fut l'un des premiers à avoir travaillé sur la récupération. Tiga Garou Jean-Claude est décédé d'un cancer le 14 décembre 2006, après avoir été nommé commandeur de la médaille d'honneur haïtienne par le Président René Préval trois semaines auparavant. "Il avait pris à bras-le-corps la folie du pays", dit le commentaire d'Arnold Antonin en ouvrant son film, film de mémoire et d'hommage au "dernier des grands surréalistes".

André Breton avait découvert en Haïti que le surréalisme pouvait ne pas seulement être une doctrine esthétique mais aussi une vision du monde ancrée dans le vécu populaire, ce qui lui conférait une attache politique particulière. Mario Delatour lui donne écho en revenant sur cette époque dans sa biographie d'un des grands poètes haïtiens, Roussan Camille, 40 ans après… (2003, 52') : à la fois grand journaliste et le poète d'Assaut à la nuit, il décrit Haïti comme "le phare avancé de l'antillanité dans la Méditerranée américaine". C'est en effet un centre francophone littéraire où se rencontrent Wilfredo Lam, Sartre, Césaire, etc. dans une ambiance de grande ébullition intellectuelle. Mais Roussan Camille ne copie pas la littérature française et puise dans une base originale. Pour lui, Haïti est aussi "soir sanglant de l'Afrique": "Mes ancêtres portaient leurs chaînes aux chevilles et aux poignets, moi je les porte aux cellules de mon cerveau". Mort le 7 décembre 1961 à 49 ans, il combina littérature et politique, tenant des postes de conseiller dans différents gouvernements jusqu'au coup d'Etat de 1950. Proche de Castro, il avait pour message "le pain sur toutes les tables". Delatour lui laisse largement la voix, s'appuyant sur une solide iconographie ou des illustrations oniriques ainsi que des retours sur les lieux de la biographie.

L'influence mutuelle entre le surréalisme et l'intelligentsia haïtienne a fait couler beaucoup d'encre. Sans vouloir forcément la déceler dans les écritures originales, l'œuvre filmée de Maxence Denis semble devoir au courant d'une écriture automatique. E pluribus unum (2002, 22') s'intéresse à des artistes de la récupération. Les deux sculpteurs André et Celeur puisent leur inspiration dans le vaudou et font de leur lieu de vie dans un quartier populaire de Port-au-Prince un musée où les ferrailles s'assemblent tant et si bien que les gens croient à des objets diaboliques. Maxence Denis multiplie les zooms, fondus enchaînés et superpositions dans un montage saccadé. La caméra épaule galope sur les œuvres, le film devenant lui-même installation, la pixellisation débridée faisant partie de son expression plastique. En tant que vidéo artiste, Denis occupe ainsi une place particulière dans le paysage du documentaire haïtien, intervenant sur ses sujets plus qu'il ne les traite. Ses œuvres seraient à comparer aux ritualisations d'une Maya Deren qui était elle-même venue en Haïti en 1947 et 1951 filmer des cérémonies vaudou pour un film inachevé Divine Horsemen. The Living Gods of Haïti (qui sera complété et monté par Teiji & Cherel Ito en 1973-75 avec les bobines de Haitian Film Footage, lui-même inachevé). […]

Barcelone la moderne, du franquisme à nos jours

Barcelone a été l'une des villes majeures de l'art dans la première moitié du vingtième siècle, au temps de Picasso, Gargallo, Gaudi, Miro et Dali. Mais après 1939, c'est-à-dire après la guerre d'Espagne et sous le franquisme ?

Jusqu'ici, la question n'avait fait l'objet d'aucune exposition, celles qui ont rendu hommage à la Catalogne prenant prudemment fin à la guerre. Cette lacune est l'une des raisons qui ont décidé Michel Enrici, directeur de la Fondation Maeght depuis le début de l'année. Il avait d'autres motifs : l'intérêt d'Aimé Maeght pour la ville de Miro et de Tàpies à partir de 1947, et la certitude d'aborder, pour sa première exposition d'été, un sujet important. Soixante ans de création dans une telle capitale, soixante artistes, cent cinquante oeuvres : la matière ne pouvait qu'être abondante et variée. La leçon d'histoire orchestrée par la commissaire Victoria Combalia est dense et, parfois, surprenante.

Dans les salles, elle se dispose dans l'ordre chronologique, des Miro des années 1940 aux Fontcuberta et Pimstein actuels, et se divise par chapitres, du surréalisme à ce que l'on appelle, faute de mieux, le postmodernisme. Comme il convient à une métropole où informations et influences parviennent sans retard de New York, de Paris ou d'ailleurs, aucune des esthétiques dominantes ne manque, ni l'abstraction géométrique, ni le pop, ni le conceptuel.

[…] Ces œuvres suffiraient déjà à donner le sentiment d'une activité intense, dans la continuité du mouvement moderne. Mais il y a surtout Dau al set — la septième face du dé. Fondés en 1948, le groupe et la revue du même nom réunissent les peintres Tàpies, Cuixart, Ponç et Tharrats, le philosophe Puig et le poète Brossa. Feuilleter des numéros de la revue suffit à établir que Dau al set a été l'une des reprises les plus vives et singulières du surréalisme après 1945, mais surtout qu'il y avait là un créateur de premier ordre, Joan Brossa.

Lire la suite : http://www.lemonde.fr:80/web/article/0,1-0@2-3246,36-942880@51-942949,0.html

Cette lumière qui traverse l'histoire

http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2231/articles/a351988-.html

Le Nouvel Observateur republie l’entretien que l'ancien archevêque de Paris avait accordé à Jean Daniel et Jacques Julliard en décembre 1999. Voici, sans commentaire, ce qu’il disait du surréalisme :

Mgr Lustiger. — Le «Journal» de Léon Bloy vient d'être réédité. Furieux et caractériel ? Individualiste ? Peut-être, comme les prophètes d'Israël le furent, eux aussi. Je rangerais dans cette même lignée de l'individualisme prophétique bien des révoltes du siècle qui s'achève, par exemple le surréalisme. Notre temps attend les prophètes que le Christ annonce dans les béatitudes. Car en vérité les sociétés développées étouffent dans le conformisme pesant de l'individualisme.

Portrait des joueurs en poètes

Source : http://www.rezolibre.com:80/ezine/dossiers/dossiers.php?val=154_portrait+des+joueurs+poetes

Alors que le temps a relégué le surréalisme dans les manuels scolaires, affadissant pour l'éternité les poses et les provocations en chambre de la bande à Breton, voici que l'on reparle du Grand Jeu. Pour faire simple, disons que ce mouvement d'avant-garde littéraire apparu à Reims en 1928 autour d'une revue, Le Grand Jeu, est en quelque sorte le pendant vécu du surréalisme, un petit frère qui aurait pris la subversion de l'aîné au pied de la lettre, au risque, pour paraphraser leur maître à tous, Arthur Rimbaud, de se rendre voyant par un dérèglement de tous les sens… Aussi bien, l'extraordinaire aventure commencée par Roger-Gilbert Lecomte et René Daumal en classe de troisième est restée longtemps en marge de l'histoire littéraire pour figurer plutôt dans celle des cataclysmes. L'ouvrage de Michel Random aujourd'hui réédité est d'ailleurs le seul à donner une vision d'ensemble de la quête tragique entamée précocement par ces quelques jeunes génies sous le nom de "métaphysique expérimentale" et qui, à coup de noctambulisme, de roulette russe, de respiration de vapeurs de benzine, de tétrachlorure de carbone, d'expérience de dédoublement et de métaphysique orientale a accouché d'un "Rimbaud collectif".

Rafaël Mathieu

Michel Random, Le Grand Jeu, Les enfants de Rimbaud le voyant, éditions Le Grand Souffle, 344 p., 24,20 € et Les Poètes du Grand Jeu, Gallimard, coll. Poésie, 8,60€.

[Je rappelle que Le Grand Jeu en mouvement, réunissant les actes du colloque de Reims sous la direction d’Olivier Penot-Lacassagne et Emmanuel Rubio est paru aux éditions l’Age d’Homme, dans la Bibliothèque Mélusine]

Bacon et Picasso exposés à Lucerne

http://www.edicom.ch:80/fr/news/culture/1186_4141552.html

Des œuvres tardives de Pablo Picasso et Francis Bacon sont réunies au Kunstmuseum de Lucerne jusqu'au 25 novembre. Elles ont été prêtées par un collectionneur privé suisse. L'exposition s'intitule "Vis-à-vis".

L'exposition montre treize toiles, plusieurs sculptures et dessins ainsi qu'un choix de gravures de Picasso. Le public peut admirer neuf toiles de Bacon.

Près de 35 ans après sa mort, Picasso reste un artiste très coté sur le marché de l'art. Décédé il y a quinze ans, Bacon est aussi un peintre recherché. Leur travail présente des points communs rarement montrés, souligne le directeur du musée Peter Fischer, dont le surréalisme, l'érotisme et la représentation du corps.

samedi 18 août 2007 14:40

surrealisme et fascisme

Chers Mélusins, Que pensez vous de cet entretien, publié sur un site d'extreme droite ? http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EElyppEAllQtUahPBL.shtml Rares sont les surréalisto-fascistes .
A bientôt .

Ch . Boursellier

Semaine_33 13-19 aout 2007

Expositions

Dans les traces de Picasso à Mougins

C'est ainsi qu'en 1924, Francis Picabia, peintre surréaliste, s'y installe. Amoureux fou de Mougins, il y invite tous ses amis. Picasso y descend à son tour, à l'hôtel des Muscadins. On raconte qu'un soir un peu trop arrosé, il repeint les murs de sa chambre. Le propriétaire furieux lui demande de tout effacer à la chaux. Il n'en reste rien aujourd'hui si ce n'est l'‚me du peintre qui est encore étonnamment présente. Quelques années plus tard, le peintre s'installe définitivement à quelques pas de la chapelle Notre-Dame-de-Vie, il y restera avec sa femme jusqu'à la fin de sa vie.

Pour imaginer Picasso à Mougins, il suffit d'aller au Musée de la photographie pour y découvrir toute une série de portraits intimistes et passionnants où l'on partage son quotidien et sa malice.

Un quotidien où il croisait Paul Eluard, Jean Cocteau, Fernand Léger, Isadora Duncan ou encore Christian Dior qui venait dessiner ses collections. De cette émulation artistique, il reste aujourd'hui un village protégé, luxueux et résolument magique. On vient ici pour les hôtels de charme (Les Muscadins), les hôtels de luxe (Mas Candille). On fuit Cannes pour une promenade au coeur des vieilles pierres, on quitte les m'as-tu vu pour croiser de vrais artistes venus marcher dans les pas de leurs maîtres. On se laisse surprendre par les expositions au Lavoir réputé pour la découverte de jeunes talents.

On vient pour jouer au golf ou pour découvrir l'excellence gastronomique locale. Le Moulin de Mougins, avec Alain Llorca aux commandes et ses deux étoiles au compteur, vous invite à partager une expérience inoubliable. Des bonbons au foie gras en passant par les pizzas en cube, délices et surprises sont au programme. Et si l'envie vous prend de passer aux fourneaux, vous pourrez vous inscrire à l'école de cuisine d'Alain Llorca ou aux cours de cuisine du chef Christophe Die à l'hôtel de Mougins.

Et le soir, au moment de prendre un pastis à l'ombre d'un arbre centenaire, il y aura toujours un Mouginois pour vous raconter des souvenirs où l'on croise Jacques Brel ou Edith Piaf, Yves Saint Laurent ou Catherine Deneuve, Elisabeth Taylor ou Elton John.

Source : http://www.cyberpresse.ca/article/20070812/CPVOYAGES/708040746/1016/CPVOYAGES

Quand la réalité devient insaisissable — Surréalités

Le Centre PasquArt accueillera ´Surréalitésª dès ce soir et jusqu'au 21 octobre. Trente-cinq artistes exposent leurs œuvres sur la thématique du surréel dans l'art contemporain. Intrigant et accessible.

Par Vivian Bologna

La visite en vaut le détour. La nouvelle exposition du Centre PasquArt a de quoi surprendre. Le visiteur pourrait être freiné par son titre barbare ´Surréalitésª. Mais la réalité — ou l'impression de réalité — intrigue. Le ´Nichtpfeifeª, de Markus Raetz, donne le ton en ouverture. Observable sous divers angles, il ne dévoile jamais vraiment son identité. Un des mérites de l'exposition consiste en son accessibilité au grand public. ´Nous avons expressément voulu que la première partie soit plus abordable aux non-initiés et la seconde plus thématiqueª, confirme Dolores Denaro, directrice du Centre PasquArt. Ainsi, le quidam sera interrogé par l'illusion créée par les œuvres de Lotta Hannerz, qui utilise l'illusion comme moyen stylistique privilégié, notamment dans son ´Secrétaireª. Ce premier volet fait également la part belle aux métamorphoses du corps. Paul Mc Carthy, dans ´Dick Eyeª, met en évidence la crainte de castration de l'homme — au sens freudien — en remplaÁant l'œil par son pénis. Quant à Erwin Wurm, il soumet les figurines de trois philosophes à des lois physiques singulières, leurs contorsions semblant impossibles à réaliser.

La seconde partie est davantage consacrée aux artistes s'exprimant sur toiles ou par films. A relever, notamment, ´Insomniaª d'Alice Anderson, visible uniquement en se couchant sur un lit à baldaquin, ou la boîte musicale de Pipilotti Rist, avec l'inscription ´fragileª symbolisant le caractère éphémère du rêve. Enfin, la salle Poma accueille le travail de Victorine Müller. Par des jeux d'ombres et grâce à des matériaux transparents, l'artiste évoque cette ambiance entre monde connu et espace imaginaire. Parallèlement, le surréalisme est au programme du Filmpodium dès le 31 août prochain. /VB

´Surréalitésª. Du 20.8 au 21.10.07. Vernissage aujourd'hui à 17h. Centre PasquArt. Ouvert du mercredi au vendredi de 14h à 18h. Samedi et dimanche de 11h à 18h. Visite guidée en franÁais le 14 octobre. Informations au 032 322 55 86.

http://www.journaldujura.ch/article.cfm?id=218132&startrow=4&ressort=Bienne&kap=bta&job=7921310

Compte rendu de publication : Kiki de Montparnasse

C’est avant tout le portrait d’une femme en avance sur son temps, autonome et délurée, que dresse le dessinateur Catel Muller et le scénariste José-Louis Bocquet avec Kiki de Montparnasse. De son enfance quasi-abandonnée à sa mort prématurée, elle aura connu tout ce que Paris abritait d’avant-gardiste et animé le Montparnasse mythique des artistes et des bohêmes, dont elle est, à elle seule, une part de la légende.
Alice Prin, pas encore Kiki, est alors une jeune provinciale débarquée dans la capitale. Elle va de place en place. Poussée par la nécessité, elle accepte ses premières séances de pose, à une époque où les modèles sont allégrement assimilés à des filles de petites vertus. Rapidement, elle rencontre Soutine, Modigliani, Utrillo et s’épanouit dans cette "mauvaise vie", pleine de fête, d’alcool et de coco. Si elle ne semble pas apprécier Breton outre mesure, elle s’entend à merveille avec Tzara, Cocteau, Foujita et surtout avec Man Ray. Elle entretiendra avec le photographe américain une longue liaison et il laissera d’elle bon nombre de clichés célébrissimes et désormais inscrits de plein droit dans l’Histoire de l’art.
Muse et pionnière
Utiliser la bande dessinée pour relater un tel parcours dans son ensemble ne semblait pas chose aisée. Catel et Bocquet s’en sortent haut la main en sélectionnant les épisodes clés et en prenant leur temps. Leur Kiki de Montparnasse est un épais volume de 375 pages, dessiné sans prétention, en noir et blanc, et comportant de nombreuses notes biographiques en fin d’ouvrage. Chaque tête de chapitre évoque une date, une adresse, une façade d’un Paris disparu. On sent à chaque page leur passion et leur connaissance d’une époque créative et effervescente. Sous leur plume, Kiki modèle, Kiki amante, Kiki artiste, Kiki chanteuse leste de cabaret est avant tout une pionnière et une femme d’une légèreté et d’un charme irrésistible et ravageur.
Jean Marc JACOB. (www.lepetitjournal.com) vendredi 10 août 2007

Kiki de Montparnasse, Catel et Bocquet (Casterman écritures), 375 pages, 18,95€

Source : http://www.lepetitjournal.com/content/view/17415/1565/

Jeux de l'été…

Un jeu littéraire de dominique noguez (6) (extrait)

Qui a dit ?

Vous connaissez la plupart de ces phrases, mais savez-vous qui les a écrites ? L'écrivain Dominique Noguez vous raconte la véritable origine des plus beaux aphorismes

3. «Littérature : quelle folie d'investir le meilleur de soi-même dans un art dont le médium, la langue, en continuelle évolution, reste à la merci de l'usage qu'en feront, année après année, quelques dizaines de millions d'analphabètes»

REPONSES
3. Julien Gracq note cela dans ses «Carnets du grand chemin» (José Corti, 1992, p. 284). C'est comme Gide craignant (paraît-il), sur son lit de mort, que «certaines de ses phrases ne deviennent grammaticalement incorrectes». C'est peut-être pourquoi, en France, pays par excellence de la littérature, on cherche depuis quatre siècles à légiférer en matière de langue (l'Académie, n'est-ce pas). En vain ? Restera toujours l'effort solitaire du poète pour «donner un sens plus pur aux mots de la tribu» (Mallarmé).
a) Bernard Frank
b) Julien Gracq
c) Vladimir Nabokov
4. «La littérature est un des plus tristes chemins qui mènent à tout»
a) André Breton
b) René Daumal
c) Jacques Vaché

4. C'est André Breton dans le «Manifeste du surréalisme» (1924) («Secrets de l'art magique surréaliste»), lorsqu'il prône, à rebours de tout souci littéraire, l'écriture automatique.
Le Nouvel Observateur — 2232 — 16/08/2007

Source : http://livres.nouvelobs.com/p2232/a352424.html

Bien cordialement,

Eddie Breuil

dimanche 19 août 2007 13:42

Re: surrealisme et fascisme

Les sites de droite sont mensongers. Le Surréalisme a écarté de ses files
les collabos. Personne peut se réclamer du surréalisme s'il n'accepte pas
les deux mots d'ordre que ne sont qu'un seul: Transformer le monde, comme
a dit Marx et changer la vie comme a dit Rimbaud

Semaine_34 (20-26 août)

Chères Mélusines et chers Mélusins,

c’est la rentrée, le web s’active. Bonne rentrée à toutes et à tous !

Expositions

Robert Gober sculpte son train fantôme

Rétrospective, au musée culte de Bâle, de cette star familière et inquiétante des plus grandes collections d’art contemporain.

BIZARRE, vous avez dit bizarre ? Plus étrange encore que la jambe d’homme blafarde et poilue qui jaillit du mur comme un pauvre sortant de l’ombre, agressant le bourgeois par sa seule présence physique (Untitled, 1991, Whitney Museum of American Art). Plus étrange encore que les jambes jumelles d’une fillette malingre qui semblent couler sans fin d’un évier géant, sorte de cousin américain de L’Urinoir de Marcel Duchamp (Untitled, 1999, Philadelphia Museum of Art). Plus étrange encore que le panier à linge tapissé en son fond d’un torse de cire blême, mi homme mi-femme, mi-poitrine velue mi-sein rond (Untitled, 1999, Collection Walker Art Center, Minneapolis)… Il y a la bougie ordinaire et jaunâtre, dressée et cernée d’un carré de poils qui lui donnent tout son sens (Untitled Candle, 1991, collection de l’artiste).

La suite de l’article sur :

http://www.lefigaro.fr/culture/20070823.FIG000000168_robert_gober_sculpte_son_train_fantome.html

González, le savoir fer

Au centre Pompidou, une rétrospective de la vie artistique du Catalan, père de la sculpture sur métal.

Par Vincent Noce

QUOTIDIEN : jeudi 16 août 2007

Beaubourg voudrait bien extraire Julio González d’une grande ombre. De ce sculpteur, on a beaucoup retenu sa collaboration avec Picasso.

Ayant fait son apprentissage dans l’atelier familial d’orfèvrerie et de ferronnerie d’art, González acquit la technique de la soudure à l’acétylène chez Renault. De 1928 à 1932, il a travaillé avec Picasso sur une série en métal. Des formes de têtes d’oiseaux ou de figures féminines, dont la version en bronze forgé de La femme au jardin. Picasso disait de son ami qu’il l’avait aidé à «penser en métal». Et sans doute aussi à concevoir l’art dans l’espace, ce qui ne devait plus le quitter.

Néanmoins, Werner Spies, historien de l’art et ancien directeur du Musée national d’art moderne (Mnam), récuse l’idée d’une entente similaire à celle de Picasso et Braque dans la naissance du cubisme : «il n’y avait pas d’influence stylistique de González à Picasso [ ni de] collaboration conceptuelle» entre eux, écrit-il dans son ouvrage sur Picasso et la sculpture (qui vient de paraître en allemand chez Hatje Cantz). A ses yeux, González s’apparente davantage à un «assistant technique». Il prend ainsi le contre-pied de l’émule le plus fidèle de González, David Smith, lui-même sculpteur sur métal, qui surnommait le sculpteur catalan «le maître du chalumeau».

Étrange. González a-t-il pâti d’une si formidable confrontation ? Brigitte Léal, responsable de l’exposition, le croit, au point d’avoir délibérément écarté la référence à Picasso. En tout cas, la reconnaissance accordée à González fut bien tardive, alors même qu’il révolutionna la sculpture de son siècle en introduisant un matériau aussi étrange et, a priori, aussi malcommode que le fer.

Outre le faible intérêt porté aux avant-gardes dans la France de l’époque, et particulièrement à la sculpture, González déconcerte par son éclectisme. Du cubisme à l’abstraction, en passant par le surréalisme, il semble toujours frôler les styles, sans jamais s’y engager complètement. Il hésita longtemps entre peinture et sculpture avant de formuler son langage, fondé sur ses visions métamorphiques. Dans le paradoxe d’une recherche de l’anticonstructivisme à partir de matériaux constructivistes, il emprunta du reste certaines pratiques formelles de Picasso.

La réhabilitation est venue bien après sa mort en 1942 à Arcueil. En 1952, Jean Cassou lui consacra une première monographie au Musée national d’art moderne, à l’occasion de laquelle il acquit une sculpture clé, l’Ange, l’Insecte, la Danseuse. Aux États-Unis, elle vint avec les écrits de David Smith et avec une rétrospective montée en 1956 par le Moma. Grâce à la générosité de la famille, le Mnam détient aujourd’hui une des deux plus importantes collections de l’artiste (avec le centre Julio-González de l’Ivam à Valence, en Espagne), collection riche de 254 œuvres.

A côté des sculptures phares, présentées en permanence à Beaubourg, l’exposition offre de restituer les différentes facettes de l’artiste, en commençant par un collier d’or et d’ambre ou de délicates fleurs de deuil en fer. Suivent des dessins de femmes qui font penser à Toulouse-Lautrec, des statuettes des années 1900 marquées par l’influence de Rodin, ou un nu féminin «classicisant» peint sur toile. Les premiers reliefs découpés dans le métal apparaissent à la fin des années 1920. L’artiste utilise alors le fer comme un carton découpé en formes angulaires, comme pour une série de têtes ou de figures d’amoureux. Femme se coiffant est la première statue grandeur nature, dans laquelle s’ébauche son vocabulaire. Elle date de 1930-1931. Dérive-t-elle de Picasso, comme les suivantes ? Elle est en réalité beaucoup plus stylisée. Tomàs Llorens, qui rédige le catalogue raisonné de González, répond ainsi «clairement par la négative», en soulignant combien La femme au jardin de Picasso tenait, elle, du collage, fonctionnant par addition.

Verticalité. González, lui, trouve la ligne et le vide dans Femme à la corbeille (comme dans les figures de danseuses) en formant de véritables dessins dans l’espace, la corbeille réduite à un cercle, les cheveux tracés de quelques traits, un boulon ironique en guise d’œil. On aurait aimé voir davantage de jeux sur les ombres dans l’exposition, pour marquer cette évolution qui n’est pas sans parallèle avec Giacometti. Dans la série des danseuses, la figure zoomorphe gagne avec l’Insecte, rebaptisée l’Ange par Picasso, vision noire de la femme aux obliques menaçantes et aux ailes en forme de faux. La comparaison avec les études de danseuses montre combien, dans ses sculptures, González choisit toujours la verticalité, effaçant les courbes qui peuvent apparaître au gré d’un mouvement dans le dessin.

Pour le pavillon de l’Espagne à l’Exposition universelle de 1937 à Paris, en regard du Guernica de Picasso, Julio González propose une Femme au miroir dont l’abstraction poétique eut fait honneur à la jeune République. Le commissaire lui préféra le réalisme d’une femme du peuple hurlant, la Tête de Montserrat, évocation plus facile de la guerre civile qui déchirait le pays. Enfin, vint la série des Hommes Cactus, qui — on aura beau dire — n’ont pas l’aspect sombre et effrayant des femmes insectisées, atténués qu’ils sont par leurs formes arrondies et la pointe d’ironie qui le dispute au surréalisme.

http://www.liberation.fr/culture/272493.FR.php

Superbe hommage aux galeristes Beyeler

Ouverture dimanche à la Fondation Beyeler à Bâle d’une exposition commémorant 60 ans d’activités de Hildy et Ernst Beyeler.

Depuis l’ouverture de leur galerie bâloise, près de 16’000 oeuvres sont passées par leurs mains. «L’autre collection» présente 130 pièces de la collection privée du couple.

Cette exposition qui marque les vingt-cinq ans de la Fondation et les dix ans de l’ouverture du musée à Riehen n’est pas un hit parade des meilleures œuvres, relève Oliver Wick, curateur de l’exposition.

Cet hommage au couple de galeristes vise plutôt à montrer leurs prédilections, ajoute Christoph Vitali, directeur du musée. Ce qui n’empêche pas «L’autre collection» de montrer des œuvres majeures du 20e siècle. Parmi lesquelles certaines sont aujourd’hui en possession de prestigieux musées ou de collections privées.

De Monet à Warhol

Lesquels ont accepté de laisser certains chef-d’oeuvres revenir à Bâle, le temps de l’exposition spéciale, qui exceptionnellement couvre toute la surface du musée de Riehen. Seul le triptyque de nymphéas de Monet a été laissé en place.

D’immenses espaces ont ainsi été libérés pour des œuvres monumentales, parmi lesquelles onze toiles de Francis Bacon entourant cinq bronzes d’Alberto Giacometti.

En peinture encore, 24 artistes sont représentés, de Hans Arp à Gauguin, en passant par Mondrian et Warhol. Sans oublier Picasso, qui reste l’artiste majeur de la galerie et est le plus représenté dans la Collection avec plus de 30 œuvres (plus de 1200 Picassos ont passé par la galerie Beyler). Ou encore Paul Klee, à travers 14 peintures. […]

lire la suite sur : http://www.swissinfo.org/fre/a_la_une/detail/Superbe_hommage_aux_galeristes_Beyeler.html?siteSect=105&sid=8118804&cKey=1187541428000&ty=st

Eric Ledoux

Eric Ledoux est un artiste français qui réside au Mexique depuis plus de 20 ans. A l’occasion de sa prochaine exposition de peinture-sculpture "La Bodega de mis Dioses", qui sera présentée à Monterrey au mois de septembre prochain, Le Petit Journal en profite pour retracer son parcours…brillant!

Né à Paris en 1946, Eric Ledoux entre à l´Académie Charpentier pour apprendre le dessin et la composition.

Durant ses études à Saint Germain des Prés, il se lie d´amitié avec Max Ernst, Salvador Dali et le sculpteur César. En 1968, il dirige son atelier de créations de dessins pour textiles; Il travaille notamment avec des personnalités françaises comme Pierre Cardin et Pierre Balmain puis distribue ses créations à travers le monde dans des pays comme le Japon, les États-Unis ou encore l’Italie.

Puis Ledoux fait son premier voyage au Mexique où il rend visite à son oncle, le célèbre couturier Henri de Chatillon. Ce séjour lui laisse une très forte emprunte et va être déterminant dans sa vie et son style.

Ainsi, en 1989, il décide avec son épouse Françoise et son fils Adrien de quitter Paris pour venir s´installer au Mexique dans l’état de Morelos. Fasciné par les couleurs et les visages rencontrés, il se met á peindre. De cette initiative surgiront plusieurs événements.

La suite sur : http://www.lepetitjournal.com/content/view/17897/1844/

Le peintre français Balthus à l’honneur à Cologne

Manfred Schwarz est allé visiter l’exposition des dessins et des tableaux du peintre français Balthus à Cologne. "Balthus est le peintre des nymphettes langoureusement étendues et des lolitas aguichantes pour lesquelles le flou artistique, la chaise longue et le chemisier à volants semblent avoir été inventés. (…) Mais il existe également une autre facette de Balthus où, comme son ami Antonin Artaud l’a dit un jour, il utilise une technique tranchante, dure comme du métal, d’un Jacques-Louis David afin de ‘crucifier’ la réalité, il guillotine au pinceau l’emphase métaphysique de la modernité, entre Klee et Kandinsky. (…) Ce créateur aussi audacieux que blasé d’oeuvres éminentes des années 1930, qui allient merveilleusement Réalisme magique et Nouvelle Objectivité, classicisme et surréalisme — ce peintre peut aujourd’hui être admiré à l’exposition de Cologne."

Süddeutsche Zeitung (Allemagne)

http://europe.courrierinternational.com/eurotopics/article.asp?langue=fr&publication /08/2007&cat=CULTURE&pi=0

Promenade dans un demi-siècle d’art catalan à Saint-Paul de Vence

Jusqu’au 4 novembre, la Fondation Maeght, à Saint-Paul de Vence, retrace dans une rétrospective soixante ans d’art catalan

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2311852&rubId=1097#

BARCELONE 1947-2007

À la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence

À l’origine de l’art catalan contemporain étaient Miro et Tapiès, dont le surréalisme, l’utilisation de la matière et des objets marquèrent toute une génération d’artistes. C’est cette filiation, mais aussi les ruptures et les voies nouvelles de l’art catalan que la Fondation Maeght de Saint-Paul de Vence (Alpes-Maritimes) propose de découvrir à travers 150 œuvres de 47 artistes sur plus d’un demi-siècle.

Cette rétrospective fait écho à une première rencontre : en 1947, Adrien Maeght, créateur de la Fondation, avait déjà accueilli Miro pour une exposition internationale sur le surréalisme.

Outre ses fortes personnalités, l’histoire moderne de l’art catalan a été marquée par trois mouvements collectifs. Le premier est Dal al Set («la Septième face du dé»), fondé en 1948 par le poète Joan Brossa, le philosophe Arnau Puig et des peintres comme Joan Ponç, Modest Cuixart ou Antoni Tàpies.

« Ils revendiquent un retour à l’avant-gardisme qui prévalait avant la guerre civile : l’art de Paul Klee, l’existentialisme, le jazz et les sciences modernes », explique Victoria Combalia, commissaire de l’exposition. La revue du mouvement, diffusée jusqu’en 1956, mêle dessins à l’encre, collages, poèmes d’inspiration surréaliste. Geste ultime de résistance, Dal al Set est écrite en catalan, langue alors interdite par Franco.

Barcelone la contestataire devenue objet d’inspiration

L’exposition se poursuit avec une salle consacrée à Joan Brossa, autre maître de l’art catalan. « Anticlérical, antibourgeois, néodadaïste et outsider revendiqué, ses poèmes-objets ont inspiré une génération d’artistes», note Victoria Colombia. Dans ses œuvres, il aime à juxtaposer des éléments hétérogènes, à l’image de ce Sans hasard où un jeu de cartes est emprisonné sous un énorme cadenas.

Dans les années 1960, revendiquant un art dématérialisé pour mieux échapper au marché, des artistes comme Jaume Xifra optent pour un art conceptuel, des supports non conventionnels (photographie, vidéo, corps de l’artiste…) et des performances parfois inspirées du folklore catalan (comme c’est le cas pour Fina Miralles).

Mais la peinture n’a pas dit son dernier mot. Influencé par l’abstraction américaine, le collectif Trama, animé par José Manuel Broto, Xavier Grau et Janvier Rubio, créera de grandes toiles colorées dont la radicalité des traits de couleurs rappelle Miro.

L’exposition se clôt sur des artistes contemporains inspirés par une Barcelone en pleine mutation, à l’instar de Jaime Pitarch, qui reconstitue des loges de concierges, ou de l’artiste anglaise Hannah Collins, qui montre des vues des toits barcelonais sur fond de ciels mauves ou jaunes. Hier en lutte pour la création, Barcelone la contestataire est devenue objet d’inspiration. Tout en restant fidèle à son identité : celle d’un creuset d’expressions libres.

Corinne BOYER

Jusqu’au 4 novembre.

www.fondation-maeght.com

Chroniques, entretiens…

[Nous reproduisons ci-dessous l’article dont Christophe Bourseiller faisait état dans un précédent courrier. À vous de juger.]

Marc Eemans

Mercredi, 1 Août 2007

Entretien avec Marc Eemans, le dernier des surréalistes de l’école d’André Breton

Koenraad Logghe et Robert Steuckers Histoire :: Autres

Aujourd’hui âgé de 83 ans [en 1989], Marc Eemans affirme être le dernier des surréalistes. Après lui, la page sera tournée. Le surréalisme sera définitivement entré dans l’histoire. Qui est-il, ce dernier des surréalistes, ce peintre de la génération des Magritte, Delvaux et Dali, aujourd’hui ostracisé? Quel a été son impact littéraire? Quelle influence Julius Evola a-t-il exercé sur lui? Ce "vilain petit canard" du mouvement surréaliste jette un regard très critique sur ses compères morts. Ceux-ci lui avaient cherché misère pour son passé "collaborationniste". Récemment, Ivan Heylen, du journal Panorama (22/28.8.1989), l’a interviewé longuement, agrémentant son article d’un superbe cliché tout en mettant l’accent sur l’hétérosexualité tumultueuse de Marc. Eemans et de ses émules surréalistes. Nous prenons le relais mais sans oublier de l’interroger sur les artistes qu’il a connus, sur les grands courants artistiques qu’il a côtoyés, sur les dessous de sa "collaboration"…

Q.: La période qui s’étend du jour de votre naissance à l’émergence de votre première toile a été très importante. Comment la décririez-vous?

ME: Je suis né en 1907 à Termonde (Dendermonde). Mon père aimait les arts et plusieurs de ses amis étaient peintres. A l’âge de huit ans, j’ai appris à connaître un parent éloigné, sculpteur et activiste (1): Emiel De Bisschop. Cet homme n’a jamais rien réussi dans la vie mais il n’en a pas moins revêtu une grande signification pour moi. C’est grâce à Emiel De Bisschop que j’entrai pour la première fois en contact avec des écrivains et des artistes.

Q.: D’où vous est venue l’envie de dessiner et de peindre?

ME: J’ai toujours suivi de très près l’activité des artistes. Immédiatement après la première guerre mondiale, j’ai connu le peintre et baron Frans Courtens. Puis je rendai un jour visite au peintre Eugène Laermans. Ensuite encore une quantité d’autres, dont un véritable ami de mon père, un illustre inconnu, Eugène van Mierloo. A sa mort, j’ai appris qu’il avait pris part à la première expédition au Pôle Sud comme reporter-dessinateur. Pendant la première guerre mondiale, j’ai visité une exposition de peintres qui jouissent aujourd’hui d’une notoriété certaine: Felix Deboeck, Victor Servranckx, Jozef Peeters. Aucun d’entre eux n’était alors abstrait. Ce ne fut que quelques années plus tard que nous connûmes le grand boom de la peinture abstraite dans l’art moderne. Lorsque Servranckx organisa une exposition personnelle, j’entrai en contact avec lui et, depuis lors, il m’a considéré comme son premier disciple. J’avais environ quinze ans lorsque je me mis à peindre des toiles abstraites. A seize ans, je collaborais à une feuille d’avant-garde intitulée Sept Arts. Parmi les autres collaborateurs, il y avait le poète Pierre Bourgeois, le poète, peintre et dessinateur Pierre-Louis Flouquet, l’architecte Victor Bourgeois et mon futur beau-frère Paul Werrie (2). Mais l’abstrait ne m’attira pas longtemps. Pour moi, c’était trop facile. Comme je l’ai dit un jour, c’est une aberration matérialiste d’un monde en pleine décadence… C’est alors qu’un ancien acteur entra dans ma vie: Geert van Bruaene.

Je l’avais déjà rencontré auparavant et il avait laissé des traces profondes dans mon imagination: il y tenait le rôle du zwansbaron, du "Baron-Vadrouille". Mais quand je le revis à l’âge de quinze ans, il était devenu le directeur d’une petite galerie d’art, le "Cabinet Maldoror", où tous les avant-gardistes se réunissaient et où furent exposés les premiers expressionnistes allemands. C’est par l’intermédiaire de van Bruaene que je connus Paul van Ostaijen (3). Geert van Bruaene méditait Les Chants de Maldoror du soi-disant Comte de Lautréamont, l’un des principaux précurseurs du surréalisme. C’est ainsi que je devins surréaliste sans le savoir. Grâce, en fait, à van Bruaene. Je suis passé de l’art abstrait au Surréalisme lorsque mes images abstraites finirent par s’amalgamer à des objets figuratifs. A cette époque, j’étais encore communiste…

Q.: A l’époque, effectivement, il semble que l’intelligentsia et les artistes appartenaient à la gauche? Vous avez d’ailleurs peint une toile superbe représentant Lénine et vous l’avez intitulée "Hommage au Père de la Révolution"…

ME: Voyez-vous, c’est un phénomène qui s’était déjà produit à l’époque de la Révolution Française. Les jeunes intellectuels, tant en France qu’en Allemagne, étaient tous partisans de la Révolution Française. Mais au fur et à mesure que celle-ci évolua ou involua, que la terreur prit le dessus, etc., ils ont retiré leurs épingles du jeu. Et puis Napoléon est arrivé. Alors tout l’enthousiasme s’est évanoui. Ce fut le cas de Goethe, Schelling, Hegel, Hölderlin… Et n’oublions également pas le Beethoven de la Sinfonia Eroica, inspirée par la Révolution française et primitivement dédiée à Napoléon, avant que celui-ci ne devient empereur. Le même phénomène a pu s’observer avec la révolution russe. On croyait que des miracles allaient se produire. Mais il n’y en eut point. Par la suite, il y eut l’opposition de Trotski qui croyait que la révolution ne faisait que commencer. Pour lui, il fallait donc aller plus loin!

Q.: N’est-ce pas là la nature révolutionnaire ou non-conformiste qui gît au tréfonds de tout artiste?

ME: J’ai toujours été un non-conformiste. Même sous le nazisme. Bien avant la dernière guerre, j’ai admiré le "Front Noir" d’Otto Strasser. Ce dernier était anti-hitlérien parce qu’il pensait que Hitler avait trahi la révolution. J’ai toujours été dans l’opposition. Je suis sûr que si les Allemands avaient emporté la partie, que, moi aussi, je m’en serais aller moisir dans un camp de concentration. Au fond, comme disait mon ami Mesens, nous, surréalistes, ne sommes que des anarchistes sentimentaux.

(…)

Q.: Couperus a-t-il exercé une forte influence sur vous?

ME: Surtout pour ce qui concerne la langue. Ma langue est d’ailleurs toujours marquée par Couperus. En tant que Bruxellois, le néerlandais officiel m’a toujours semblé quelque peu artificiel. Mais cette langue est celle à laquelle je voue tout mon amour… Un autre auteur dont je devins l’ami fut le poète expressionniste flamand Paul van Ostaijen. Je fis sa connaissance par l’entremise de Geert van Bruaene. Je devais alors avoir dix-huit ans. Lors d’une conférence que van Ostaijen fit en français à Bruxelles, l’orateur, mon nouvel ami qui devait mourir quelques années plus tard à peine âgé de trente-deux ans, fixa définitivement mon attention sur le rapport qu’il pouvait y avoir entre la poésie et la mystique, tout comme il me parla également d’un mysticisme sans Dieu, thèse ou plutôt thème en lequel il rejoignait et Nietzsche et André Breton, le "pape du Surréalisme" qui venait alors de publier son Manifeste du Surréalisme.

Q.: Dans votre oeuvre, mystique, mythes et surréalisme ne peuvent être séparés?

ME: Non, je suis en quelque sorte un surréaliste mythique et, en cela, je suis peut-être le surréaliste le plus proche d’André Breton. J’ai toujours été opposé au surréalisme petit-bourgeois d’un Magritte, ce monsieur tranquille qui promenait son petit chien, coiffé de son chapeau melon…

Q.: Pourtant, au début, vous étiez amis. Comment la rupture est-elle survenue?

ME: En 1930. Un de nos amis surréalistes, Camille Goemans, fils du Secrétaire perpétuel de la Koninklijke Vlaamse Academie voor Taal en Letterkunde ( = Académie Royale Flamande de Langue et de Littérature), possédait une galerie d’art à Paris. Il fit faillite. Mais à ce moment, il avait un contrat avec Magritte, Dali et moi. Après cet échec, Dali a trouvé sa voie grâce à Gala, qui, entre nous soit dit, devait être une vraie mégère. Magritte, lui, revint à Bruxelles et devint un miséreux. Tout le monde disait: "Ce salaud de Goemans! C’est à cause de lui que Magritte est dans la misère". C’est un jugement que je n’admis pas. C’est le côté "sordide" du Surréalisme belge. Goemans, devenu pauvre comme Job par sa faillite, fut rejeté par ses amis surréalistes, mais il rentra en grâce auprès d’eux lorsqu’il fut redevenu riche quelque dix ans plus tard grâce à sa femme, une Juive de Russie, qui fit du "marché noir" avec l’occupant durant les années 1940-44. Après la faillite parisienne, Goemans et moi avons fait équipe. C’est alors que parut le deuxième manifeste surréaliste, où Breton écrivit, entre autres choses, que le Surréalisme doit être occulté, c’est-à-dire s’abstenir de tous compromis et de tout particularisme intellectuel. Nous avons pris cette injonction à la lettre. Nous avions déjà tous deux reçu l’influence des mythes et de la mystique germaniques. Nous avons fondé, avec l’ami Baert, une revue, Hermès, consacrée à l’étude comparative du mysticisme, de la poésie et de la philosophie. Ce fut surtout un grand succès moral. A un moment, nous avions, au sein de notre rédaction, l’auteur du livre Rimbaud le voyant, André Rolland de Renéville. Il y avait aussi un philosophe allemand anti-nazi, qui avait émigré à Paris et était devenu lecteur de littérature allemande chez Gallimard: Bernard Groethuysen. Par son intermédiaire, nous nous sommes assurés la collaboration d’autres auteurs. Il nous envoyait même des textes de grands philosophes encore peu connus à l’époque: Heidegger, Jaspers et quelques autres. Nous avons donc été parmi les premiers à publier en langue française des textes de Heidegger, y compris des fragments de Sein und Zeit.

Parmi nos collaborateurs, nous avions l’un des premiers traducteurs de Heidegger: Henry Corbin (1903-1978) qui devint par la suite l’un des plus brillants iranologues d’Europe. Quant à notre secrétaire de rédaction, c’était le futur célèbre poète et peintre Henri Michaux. Sa présence parmi nous était due au hasard. Goemans était l’un de ses vieux amis: il avait été son condisciple au Collège St. Jan Berchmans. Il était dans le besoin. La protectrice de Groethuysen, veuve d’un des grands patrons de l’Arbed, le consortium de l’acier, nous fit une proposition: si nous engagions Michaux comme secrétaire de rédaction, elle paierait son salaire mensuel, plus les factures de la revue. C’était une solution idéale. C’est ainsi que je peux dire aujourd’hui que le célébrissime Henri Michaux a été mon employé…

Propos recueillis en partie par Koenraad Logghe, en partie par Robert Steuckers. Une version néerlandaise de l’entrevue avec Logghe est parue dans la revue De Vrijbuiter, 5/1989. Adresse: De Vrijbuiter, c/o Jan Creve, Oud Arenberg 110, B-2790 Kieldrecht.

L’intégralité de l’entretien se trouve sur

http://es.geocities.com/eurocombate/eurocom_014.htm

"Le metteur en scène de mariages" : cauchemar d’un cinéaste dans une Italie sclérosée

Le film, semé d’élans lyriques, cultive l’irrationnel, voire la provocation, montrant un voile de mariée arraché et piétiné, un cinéaste mort resurgissant sur une plage de nuit comme un fantôme, et convoquant l’onirisme par le son (musique composée par Erik Satie pour Entr’acte, de René Clair sur un argument de Francis Picabia) ou le culte discret du baiser fou surréaliste. Avec un clin d’œil à la Mariée mise à nu par ses célibataires, même, de Marcel Duchamp, dont il s’autorise une illustration au premier degré, rêverie d’insoumis à laquelle se prêterait volontiers la fille en blanc, mais pas sa famille.

Extrait d’un article du Monde, publié le 21 août, accessible ici :

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3476,36-946187@51-942665,0.html

Au Flore ?

Apollinaire, Aragon, André Breton…

Vers 1913, Apollinaire investit les lieux. Avec Salmon ils transforment le rez-de-chaussée en salle de rédaction : la revue " Les soirées de Paris " voit le jour.
La guerre ne changera rien aux habitudes du grand poète, le Flore est son bureau, il y reçoit à heures fixes. Ainsi un jour de printemps 1917, il présente Philippe Soupault à André Breton. Plus tard, en provoquant la rencontre entre ces deux jeunes poètes avec Aragon, Apollinaire jette ainsi les fondements du groupe dadaïste. La même année, il invente le mot "surréalisme". Quand Tristan Tzara ( voir la 4° de couverture du livre « Mémoire des mots abandonnés – Gilbert Moreau – Edt Les points sur le si ) — arrive à Paris, ses amis dadaïstes lui font visiter le Flore car c’est là qu’Apollinaire avait vécu et était mort (en 1918).

En 1922, la rédaction de la revue érudite " Le Divan " se rassemble régulièrement sur les banquettes du Flore. Malraux, lui, vient y prendre son Pernod glacé.

De passage hier dans ce lieu magique, j’invite tout le monde à y aller, c’est un lieu mythique, le berceau du surréalisme…

A voir, on y respire un passé actuel !

Publié le 25 août dans le journal 20 minutes. Je n’ai pas voulu vous proposer le jeu des 7 erreurs (on peut aussi y jouer, dans cet article), mais c’était l’occasion de parler du café…

http://deslivresetmoi.blog.20minutes.fr/archive/2007/08/24/au-flore.html

Publications

French Surrealism

Violent Histories: Violence, Culture and Identity in France from Surrealism to the Néo-Polar, textes réunis par David Gascoigne, Oxford / Bern, Peter Lang, 2007.

Parmi les intervenants, Peter Read, "French Surrealism and la démoralisation de l’Occident in 1932 and 2001".

Kiki de Montparnasse

Un autre compte rendu sur la BD Kiki de Montparnasse est disponible ici : http://www.voir.ca/livres/livres.aspx?iIDArticle=52900

On arrête bien son Char…

Char hermétique ?

Olivier Belin

Éric Marty, René Char, Seuil, « Points Poésie », 2007, 320 p.

Si l’œuvre de Char a suscité de nombreuses monographies, celles qui ont bénéficié d’une édition de poche ne sont pas si nombreuses : à ce titre, le René Char d’Éric Marty, paru au Seuil en 1990 et réédité à l’occasion du centenaire du poète dans la collection « Points Poésie », mérite déjà de retenir l’attention. L’intention affichée par cet essai est à la fois modeste et ambitieuse, comme toute entreprise d’initiation et de vulgarisation : « Il s’agit donc ici de lire et de présenter la poésie de Char », affirme d’emblée É. Marty (p. 11). La poésie, et non la vie : les amateurs de biographie devront se contenter d’une notice placée en fin de volume, qui reprend l’essentiel de la chronologie fournie par les Œuvres complètes de Char dans la collection de la Pléiade. Se concentrant ainsi sur la lecture des textes, le critique prend un parti d’autant plus intéressant qu’il s’éloigne de la tendance, encouragée par Char lui-même lorsqu’il livre à ses lecteurs ou à ses interlocuteurs l’« arrière-histoire » de certains de ses poèmes, à expliquer la poésie charienne par le détour de la biographie, voire de l’anecdote.

La suite du compte-rendu sur : http://www.fabula.org/revue/document3471.php

«Merdre !» Alfred Jarry est toujours mort

Le centenaire du décès du créateur d’«Ubu» célébré en DVD, livres et manifestations en plein air à Laval.

Par KERBŒUF MARION

 

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