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Liste Mélusine Janvier 2010

dimanche 3 janvier 2010 16:58
toujours sur La Brèche

Bonjour à toutes et à tous,
dans mon enfance, au siècle dernier, nous attendions fiévreusement le matin
du premier janvier pour découvrir, dans la cheminée, les cadeaux du nouvel
an.
En guise d'étrennes, vous trouverez sur votre ordinateur une édition
numérique complète de la revue La Brèche, action surréaliste, à l'adresse
suivante:
http://melusine.univ-paris3.fr/LaBreche/La_Breche_index.htm
et aussi l'index alphabétique + concordance générale des Œuvres complètes
de Paul Eluard, en attendant d'autres surprises à venir.
Avec mes vœux les plus chaleureux à nos fidèles abonnés. HB

lundi 4 janvier 2010 13:22 semaine 01

Semaine 01

[Petite chronique sur blog] Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt

 Ce photomontage, publié en 1929 dans "La Révolution surréaliste", présente une petite huile sur toile, peinte par René Magritte, autour de laquelle se trouvent disposés 16 portraits photographiques des membres du groupe surréaliste, effectués grâce aux premiers photomatons installés à Paris en 1928. Les surréalistes sont fascinés par cette technique qui leur apparaît, dans le domaine du portrait, comme un équivalent de l'écriture automatique. En commençant par l'angle gauche supérieur, et en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre, on voit: Maxime Alexandre, Louis Aragon, André Breton, Luis Buñuel, Caupenne, Paul Éluard, Marcel Fourrier, René Magritte, Albert Valentin, André Thirion, Yves Tanguy, Georges Sadoul, Paul Nougé, Camille Goemans, Max Ernst et Salvador Dalí.

 Le tableau illustre le concept de modèle intérieur, c'est-à-dire qu'il représente ce que voient collectivement les membres du groupe en fermant les yeux ou en rêvant, à savoir une femme. Les yeux clos, tous nous invitent au rêve, à la découverte de cette femme cachée et pourtant visible, totalement nue. Ici, le corps dénudé de la femme, est exposé moins pour décrire sa beauté que pour exprimer la liberté qu'il révèle. Magritte enveloppe la femme d'une sorte d'auréole de lumière qui montre le caractère quasi divin de celle-ci pour les surréalistes qui lui vouent un véritable culte. En 1944, André Breton écrira: "Il est temps de se prononcer en art sans équivoque contre l'homme et pour la femme, de déchoir l'homme d'un pouvoir dont il est suffisamment établi qu'il a mésusé, pour remettre ce pouvoir entre les mains de la femme, de débouter l'homme de toutes ses instances tant que la femme ne sera pas parvenue à reprendre de ce pouvoir sa part équitable et cela non plus seulement dans l'art mais dans la vie."

 Dans les années soixante, Magritte expliquera que les yeux fermés "symbolisaient le renversement des valeurs, le bouleversement des réalités et la subversion des couches les plus profondes de la conscience", et "constituaient une métaphore centrale du projet surréaliste". En effet, à travers la femme paisible du tableau, Magritte nous invite à un projet subversif: celui de libérer notre inconscient et de lutter contre la réglementation et l'uniformisation de la société qui mène la normalisation et à l'abrutissement des individus. Il ne s'agit pas d'échapper à la réalité, au monde complexe de la forêt, autrement dit des apparences, mais de "l'agrandir en y introduisant le sens du merveilleux." Changer la vie... Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt2 Par Ophélie Conan

Source : http://conan-la-barbare.over-blog.com/article-je-ne-vois-pas-la-femme-cachee-dans-la-foret-42008290-comments.html

[Hagiographie] Rarissimes à la galerie 1900-2000

Marcel Fleiss, fondateur et directeur de la galerie, est l'un de ces marchands qui peuvent rivaliser avec les historiens les plus érudits. C'est bien simple : pour vérifier ou préciser une information concernant Dada, le surréalisme, et les artistes qui, de près ou de loin s'inscrivent dans la suite de l'une de ces avant-gardes, si les livres ne savent pas, si les catalogues sont évasifs, le mieux est de demander à Marcel Fleiss. Sa mémoire et ses archives semblent inépuisables. Aussi ne voit-on guère qui, à Paris, en dehors de lui, pourrait offrir à ses visiteurs le luxe d'une exposition qui se nomme sans exagération "Rarissimes". Il y a là, en petit nombre, mais d'une qualité et d'une rareté exceptionnelles, des oeuvres follement désirables. Par exemple, ce que l'on appelle un Barbu Muller, du nom du collectionneur suisse qui, le premier, a été intrigué par des figures d'hommes barbus, rustiques et monolithiques statues d'on ne sait quel culte des ancêtres ou de la forêt. Ou un tirage photographique de La Poupée d'Hans Bellmer. Francis Picabia est là aussi - il est l'un des artistes fétiches de la maison. Et d'autres trésors. Refusant de tomber dans la surabondance, Fleiss a borné l'exposition à douze pièces et, puisqu'il y en a douze, au lieu d'éditer un catalogue, il a fait imprimer un calendrier - une rareté par mois de l'année. Ce calendrier est, du reste, voué à devenir à son tour un objet de désir.

Galerie 1900-2000
8, rue Bonaparte, Paris-6e.
Tél. : 01-43-25-84-20.

Ph. D. Article paru dans l'édition du Monde du 03.01.10 Source : http://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/02/rarissimes-a-la-galerie-1900-2000_1286748_3246.html

[Rappel d’exposition] Ales. ExpositionPoésies, manuscrits et dessins de Pablo Picasso

Inscrite dans la droite ligne de ce que Pierre-André Benoit souhaitait pour son musée alésien d'art moderne de Rochebelle, l'exposition présentée depuis la fin octobre dans les différentes salles de l'institution est consacrée à l'écriture poétique de Pablo Picasso.

Bien avant d'être intime avec PAB, Picasso s'intéresse à la poésie, tout jeune, et cela ira grandissant lorsque, installé à Paris après son départ de l'Espagne, il sera introduit par Max Jacob dans le milieu artistique de la capitale. On sait qu'il va alors réaliser de nombreuses effigies de poètes rencontrés dans le gotha parisien, en dessins et gravures, souvent destinées aux ouvrages qu'il publie ou bien à la clientèle élitiste des bibliophiles.

En une vingtaine d'années, Picasso va laisser à la postérité

plus de 350 poèmes et trois pièces de théâtre, avec des textes écrits en français ou en espagnol, illustrés quelquefois de dessins. Toutefois, si par la suite, il se consacre plus largement à la peinture, il n'en continuera pas moins, dans l'après-guerre, à garder des liens avec les poètes dont il illustre les textes et plus particulièrement les éditions de Pierre-André Benoit, entre 1956 et 1967.

L'exposition actuelle présente 110 pièces dont une trentaine d'ouvrages de la Bibliothèque nationale de France ainsi que des prêts de collections publiques et privées.

On s'attardera non seulement sur les nombreux dessins et gravures exposés, mais encore les copies de manuscrits conservés au musée Picasso de Paris.

Là, on y perçoit la démarche ardue qu'emprunte l'artiste pour arriver au résultat souhaité... Mettant mille fois l'ouvrage sur le métier, modelant et remodelant ses textes à la façon d'un écheveau magique pour en faire surgir le tissu poétique le plus parfait, celui imaginé par Picasso.

Cette exposition singulière et remarquable tout à la fois permet également de se replonger dans l'univers artistique si riche de la première moitié du XXe siècle, dominé par des figures attachantes qui illustrent maintenant nos livres du savoir universel.

Pierre Reverdy, René Char, Cocteau, René Crevel, Tristan Tzara, Radiguet, Paul Valéry... sont là et nous font des signes familiers pour nous rappeler à leur souvenir et clamer l'immortalité de leurs créations.

Alors, que les amateurs d'art et d'universalité ne se lassent pas de faire plusieurs promenades dans les galeries et salles du musée alésien !

Source : http://www.midilibre.com/articles/2010/01/01/ALES-Poesies-manuscrits-et-dessins-de-Pablo-Picasso-1055952.php5

Sur les pas du surréaliste Magritte à Bruxelles

Profitez d'un week-end pour découvrir la capitale belge. Les hôtels sont moins cherset les estaminets particulièrement accueillants.

Une pipe. C'est le tableau le plus connu de René Magritte à cause de l'inscription qu'il a ajoutée sous son oeuvre : « Ceci n'est pas une pipe ». Un humour qui, une vingtaine d'années après la mort (en 1967) du peintre le plus célèbre du Royaume, plaît toujours autant aux Belges.

Ils se pressent en foule au tout nouveau Musée Magritte ouvert depuis juin au coeur de Bruxelles. L'humour, mais aussi la poésie et le talent de ce maître du surréalisme méritaient ce musée où 200 de ses réalisations sont exposées sur trois niveaux. À découvrir de préférence avec un guide, ou tout au moins avec un audioguide (4 ¤) car Magritte n'est pas si aisé à comprendre.

Une promenade dans sa ville pourra vous faciliter la tache. Ça tombe bien, Bruxelles est la capitale européenne la plus proche de chez nous. A 4 h de Nantes et Rennes par le train. A 1 h 20 de Paris ! Pas très grande avec son million d'habitants, elle devrait réjouir ceux qui cherchent une destination originale pour une fin de semaine entre amis ou en famille.

Bonne nouvelle : le week-end de très nombreux et grands hôtels cassent leurs prix. Jusqu'à 50 % de ristourne petit-déjeuner compris ! Logés au centre, vous pourrez partir à pied sur les traces de Magritte. Vous vous arrêterez dans les cafés (ici on les appelle estaminets) où il aimait plus que tout retrouver ses amis surréalistes. Première étape au Cirio à l'ombre de la Bourse. Le décor n'a pas changé depuis son ouverture en 1886 ! La taverne Greenwich, rue (branchée) des Chartreux est aussi restée dans son jus. Magritte venait y jouer aux échecs.

À l'exemple de Magritte, le Belge aime s'attarder dans les estaminets où on boit d'excellentes bières. Il engage facilement la conversation avec son voisin. Il se fait un plaisir de vous glisser une bonne adresse pour déjeuner : la terrasse du Musée des instruments de musique installé dans le bâtiment Modern style des anciens magasin Old England en face du musée Magritte. Pour dîner, il vous indiquera peut-être Chez Vincent, rue des Dominicains, où on traverse les cuisines pour rejoindre la salle à manger.

Commencez ou terminez votre périple des estaminets (le pays en compte 24 000 !) par celui appelé joliment Fleur en papier doré, rue des Alexiens, juste à côté d'un autre resto sympa Bleu de Toi. C'était le Q.G de Magritte. Il a laissé sur les murs cette belle inscription : « Tout homme a droit à 24 heures de liberté par jour ».

Yvon LECHEVESTRIER.

Source : http://www.ouest-france.fr/actu/loisirsDet_-Sur-les-pas-du-surrealiste-Magritte-a-Bruxelles-_9577-1206773_actu.Htm

[Chronique d’exposition] Le surréalisme est partout

Je vous encourage à aller voir l'exposition La Subversion des images qui retrace tout le courant surréaliste des années 1920-1930. L'air de rien et sans qu'on s'en rende compte, le mouvement surréaliste a pris une place dans notre quotidien au travers de tout ce qu'il y a de plus créatif aujourd'hui. Nombres d'acteurs de cette période (Man Ray, Dora Marr, Dali) ont eu le soucis de partager leur concept avec le grand public avec notamment la publicité. (Ex: Les larmes de Man Ray pour une marque de mascara). Ce courant s'appuie sur l'idée de fournir un regard décalé sur la réalité, et de mettre à la vue (d'où la place primordiale de l'oeil dans les créations surréalistes) l'étrangeté du monde. De là en découle une forme de subversivité qui éveille les consciences au non conformisme, et permet d'observer le monde sous un angle inédit (les graffitis de Brassaï). Ainsi en leur temps , les nazis dès 1933 ont tôt fait de considérer le surréalisme comme un art dégénéré allant à l'encontre de leur doctrine, d'autant que le manifeste d'André Breton se rapprochait surtout de l'idéologie Marxiste. Aussi que ce soit en photo, en écrit (écriture automatique), au cinéma, ou sous forme d'objet, le surréalisme prend une place prépondérante dans notre quotidien sans que cela nous saute aux yeux. Un exemple: l'IPhone. Regardez bien la foule de fonctions objectivement inutiles que l'on peut installer, mais qui créaient un moment ludique et étrange dans notre quotidien si l'on prend un peu de recul. Faire du piano sur son téléphone, se prendre pour un chevalier Jedi en agitant l'appareil dans tous les sens, avoir la possibilité de regarder un film n'importe quand , n'importe où en marchant dans la rue, dans un café, au fond de son lit, aux toilettes, au boulot. Observez les gens équipés d'une oreillette et parlant tout seul dans la rue. Pensez-y, au delà de la performance technologique, il y a quelque chose de surréaliste. Regardez bien les panneaux publicitaires, le design, la présence dans votre quotidien du fameux fournisseur suédois d'ameublement. Mais attention, ce surréalisme n'est pas subversif, c'est un mode opératoire qui le dévie et le récupère pour obéir aux lois mercantiles. Alors je crois que l'on peut dire que le surréalisme a posé les bases de ce qui habite notre environnement ordinaire même si les lois du marché ont récupéré et vidé de sens sa substance.

Source : http://etmoietmoi.blogspot.com/2009/12/le-surrealisme-est-partout.html

[Mise en ligne audio] Naissance de Dada

Une piste audio en anglais a été mise en ligne, concernant la naissance de Dada :

http://www.art-mode-design.com/la-naissance-du-dadaisme-2.html

[Chronique] A la chère petite fée

Par Alexandre Fillon (Lire)

La correspondance d'André Breton avec sa fille, Aube. Touchant.

Pour elle, il était Ada, joli diminutif mélangeant André et papa. Dès 1938, André Breton prend régulièrement sa plume pour s'adresser à mademoiselle Aube Breton, sa fille unique, sa "chère petite fée" qu'il embrasse "très fort, tout doucement, très fort". "N'oublie pas que je t'aime plus haut qu'on ne peut voir les petits oiseaux. Je te serre dans mes bras. Tu es ma petite Aube merveilleuse", déclare en 1939 le médecin auxiliaire Breton, "pauvre petit soldat derrière la porte de la caserne" du Fort de Sucy, Val-de-Marne.

A "Aube de mon coeur", qui réside ensuite dans le Connecticut et se trouve donc très éloignée de son père - André Breton et Jacqueline, la mère d'Aube, se sont séparés en 1946 - il dépeint l'atmosphère de Port-au-Prince où l'on trouve "tous les arbres merveilleux de la terre". A celle qu'il appelle tour à tour "Mon petit lion d'or", "mon petit chéri", "mon petit loup", il compose un "Ecoute au coquillage" s'ouvrant ainsi : "Je n'avais pas commencé à te voir tu étais AUBE."

Ces superbes Lettres à Aube viennent aujourd'hui éclairer une partie méconnue de la vie d'André Breton dont les élans d'amour paternel touchent au coeur. Cette correspondance qui court sur vingt-huit années a en outre le grand mérite de ne pas s'adresser qu'aux spécialistes purs et durs de Breton et du surréalisme.

Il sera difficile de ne pas être frappé par la beauté et la simplicité des mots employés par l'auteur de Nadja. "Nous pensons à vous et vous embrassons dans la lumière très tendre et la très légère brise qui nous sont ici dispensées", écrit-il notamment en 1961 à Aube et à celui qui est devenu son mari, le peintre et poète Yves Elléouët, depuis la Bretagne.

L'édition de Jean-Michel Goutier, qui signe une instructive postface, prend le soin de reproduire les cartes postales recto verso, les collages, les télégrammes, les coupures de presse ainsi que de nombreux et mémorables papiers à en-tête utilisés par André Breton.

Aube Breton-Elléouët a autorisé et même suscité la publication de ces textes. Saluons le geste ! Il ne fut sans doute pas simple pour elle d'avoir comme père un personnage aussi exigeant et imposant que l'était Breton. Une fois le volume terminé, on conseillera de relire, à la fin de L'amour fou, l'admirable lettre à Ecusette de Noireuil pour y retrouver la force des liens d'Aube et d'André.

Source : http://www.lexpress.fr/culture/livre/lettres-a-aube_838169.html

Prochain séminaire : Les portraits surréalistes de Ramón Gómez de la Serna

29 janvier

Florence Delay fera une communication sur :

Les portraits surréalistes de Ramón Gómez de la Serna

Nous vous souhaitons de réaliser tous (allez, soyons ambitieux !) vos v½ux pour cette année 2010 ! Eddie Breuil

mardi 5 janvier 2010 16:23 Appel pour un colloque sur l'avant-garde

Bonjour,
 j'organise un colloque sur l'avant-garde à Montréal les 10 et 11 juin prochain. Auriez-vous l'amabilité de diffuser l'appel sur votre liste.
Bien à vous,
Sylvano Santini
Chercheur postdoctoral et chargé de cours,
Département d'études littéraires
Université du Québec à Montréal
C.P. 8888, succ. Centre-ville
Montréal, Québec
H3C 3P8, Canada

mercredi 6 janvier 2010 23:55
Agenda
Chers amis parisiens ou du vaste monde de passage,

Veuillez réserver votre après-midi du 29 janvier pour deux séances successives du Centre de recherche sur le surréalisme,
Université Paris III, Centre Censier, 13 rue Santeuil, Paris V°, salle 410.
1. de 14h30 à 16h30, dans le cadre d’un accord de coopération entre le CNRS et le Ministère serbe de la recherche, nous recevrons Mme Jelena Novaković, professeur à l’université de Belgrade, directrice du département de langues romanes, qui présentera son dernier recueil, Recherches sur le surréalisme, paru à Novi Sad en septembre 2009, et parlera des surréalistes de Belgrade et de Paris.
2. Dans le cadre du séminaire « Le Portrait surréaliste », de 17h à 19h, se substituant à Florence Delay, Laura Alcoba traitera des « Portraits surréalistes de Ramón Gómez de la Serna ».
Comptant sur votre présence, je vous adresse mes cordiales salutations.
Henri Béhar
Site du séminaire :
http://melusine.univ-paris3.fr/Seminaire2009-20010.htm

samedi 9 janvier 2010 13:22
TR: Tr:[lettre-information] Soirée "surréaliste" au Nouvel Olympia
Bonjour,
Myriam Debodard me fait suivre l’annonce ci-dessous. Je suis bien sûr ravi de savoir que Les Passagers du Vanille XII, texte publié dans Mélusine XXV, seront oralisés à Tours. Celles et ceux qui pourront s’y rendre pourraient-ils en rendre compte ?
Amitiés. HB

lundi 11 janvier 2010 00:11
semaine 02

Semaine 02
Décès du poète et dramaturge croate Radovan Ivsic
Hans Bellmer (podcast)
Breton et Camus par Bataille (mise en ligne)
Exposition : les grands noms du surréalisme
Exposition : Isadora Duncan
Pierre Dhainaut (portrait)
Arcanes 17 (site)
Décès du poète et dramaturge croate Radovan Ivsic
Le poète croate Radovan Ivsic, l’une des figures du surréalisme, également auteur de théâtre, est décédé à Paris à l’âge de 89 ans, a annoncé jeudi son éditeur en France, Gallimard.
AFP - le 07 janvier 2010, 17h45
Le poète croate Radovan Ivsic, l’une des figures du surréalisme, également auteur de théâtre, est décédé à Paris à l’âge de 89 ans, a annoncé jeudi son éditeur en France, Gallimard.
Né en 1921 à Zagreb, Radovan Ivsic a été interdit aussi bien par le régime oustachi pendant l’occupation allemande de la Croatie que par le régime communiste de Tito, écrit la maison d’édition dans un communiqué.
Auteur de théâtre ("Airia") et de poèmes ("Narcisse"), Radovan Ivsic est condamné au silence en Croatie après la Seconde Guerre mondiale et devient traducteur de Rousseau, Molière, Marivaux, Apollinaire, ainsi que des surréalistes André Breton, Tristan Tzara ou Paul Eluard.
Réfugié en France en 1954, il se joint au groupe surréaliste et écrit dès lors en français. Il est notamment l’auteur du "Puits sans retour" (1967), "A.G.M., salut" (1984) et "Reprises de vue" (1999). L’essentiel de son oeuvre poétique avait été regroupé en 2004 sous le titre "Poèmes" (Gallimard).
Source : http://www.lematin.ch/flash-info/monde/deces-poete-dramaturge-croate-radovan-ivsic
(podcast) Les beautés tourmentées d’Hans Bellmer
Réalisation Ghislaine David
Artiste allemand, Hans Bellmer a rejoint les surréalistes en 1934. Sa poupée désarticulée avait subjugué André Breton et ses amis. Obscur objet du désir, cette babydoll, perverse, polymorphe représentait à leurs yeux cette beauté convulsive prônée par le groupe. Mais qui était Hans Bellmer ? Pouquoi son oeuvre est -elle indissociable de sa poupée fétiche ?
Chronique de Clément Dirié sur le geste sacrilège : Marcel Duchamp (1919), Niki de Saint Phalle (1961), Christian Boltanski (2010).
A lire: Le Réédition du "Catalogue raisonné des estampes de Hans Bellmer" éditions Marco Witzig,Zürich, Suisse 2010
Invités :
Cécile Reims . Artiste, graveuse de l’oeuvre d’Hans Bellmer
Fabrice Flahutez. Docteur en histoire et maître de conférences à l’Université de Paris X Nanterre
Sophie Harent. Commissaire de l’exposition "Beauté Monstres jusqu’au 25 janvier 010 au musée des Beaux Arts de Nancy
Le podcast est à écouter sur : http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/jeudis-de-lexpo/
(mise en ligne) Breton et Camus, par Bataille
« Le Temps de la Révolte », une défense de « L’Homme révolté » d’Albert Camus, par Georges Bataille, a été mise en ligne sur la revue des ressources.
A lire sur : http://www.larevuedesressources.org/spip.php?article1491
(exposition) "les grands noms du surréalisme" au château de Tours
Une double exposition en ce moment au château de Tours. (…)
- « Passion de collections, collection de passions » est l’exposition de près d’un tiers des collections de la mécène Anne Gruner Schlumberger.
Elle regroupe des oeuvres de Pablo Picasso (céramiques), Fernand Léger, Jean Dubuffet, Alberto Giacometti, Jean Arp, Yassilakis Takis, Roberto Matta, Paul Klee, Sima, François-Xavier Lalanne, Henri Laurens ou encore de Victor Brauner (ce sont celles que nous avons préférées y compris Kikabeille). Elle a aussi bien aimé les moutons-siège de François-Xavier Lalanne.
(…)
« Ma peinture est autobiographique. J’y raconte ma vie. Ma vie est exemplaire parce qu’elle est universelle […]. Elle raconte aussi les rêveries primitives dans leurs formes et dans leur temps […]. Ma peinture est aussi symbolique et elle est chaque fois un message, pas un message métaphysique, mais un message direct et poétique […]. Chaque chose est personnifiée par une forme, chaque forme est personnifiée par une chose […]». Victor Brauner, peintre Roumain (1903 – 1966)
(…)
- une grande rétrospective consacrée à Yves Elléouët (1932-1975), gendre d’André Breton.
"Profondément marqué par Gauguin à ses débuts, Elléouët n’en était pas moins capable de passer d’un style à un autre, au gré de rencontres artistiques, suivant aussi le principe du « dessin automatique ». D’une pièce à l’autre du Château, l’ombre des surréalistes (de Miro à Dali) est là, de toute évidence, mais l’artiste a exprimé un tel appétit d’expérimentations qu’aller à sa rencontre demeure une superbe aventure artistique singulière, confondue dans la vie d’un homme : des dessins humoristiques de ses débuts signés Bjork aux derniers horizons peints à l’huile, l’homme était libre, sans plan de carrière, inclassable." Source : www.tours.fr
Publié par mamabeille
A lire sur : http://mamabeille.blogspot.com/2010/01/les-grands-noms-du-surrealisme-au.html
(exposition) Isadora, 18 rue Antoine Bourdelle, 75015 Paris
Une exposition consacrée à Isadora Duncan se tient jusqu’au 14 mars prochain au Musée Bourdelle. A côté des toiles, sculptures, costumes, dessins, gravures et photographies, un très grand nombre de documents (magazines, programmes, correspondance, épheméra) vient retracer l’histoire de la danseuse aux pieds nus.
La première salle expose L’¼il cacodylate photographié par Man Ray dans des dimensions plus imposantes que le cliché de l’exposition Dada à Beaubourg. A propos de Man Ray et de sa toile Isadora Duncan nue figurant au catalogue de l’exposition Man Ray à la librairie Six en décembre 1921 (voir mon post du 7 décembre 2009), je lis aujourd’hui ceci : "[...] Isadora Duncan nue, datée de 1922, ne fut pas exposée et n’était peut-être qu’un v½u pieux de Tzara, l’auteur du catalogue." (1)
La réponse à mon avis de recherche était-elle dans le catalogue lui-même ? A vérifier tout de même...
Le catalogue Isadora Duncan propose la (quasi ?) totalité des documents et ½uvres exposés.
(1) Merry Forresta, "Motif perpétuel. L’art de Man Ray" in Man Ray, Gallimard, 1989. Trad. de l’américain par P. Mikriamos.
Publié par Fabrice Lefaix
Source : http://dadaparis.blogspot.com/
(portrait) Pierre Dhainaut
PAR CLAIRE LEFEBVRE
Pierre Dhainaut est poète. L’oeuvre de ce Nordiste, riche de plus de trente recueils, est majeure dans la poésie contemporaine. En 1959, sa rencontre avec André Breton, le père du surréalisme, est décisive.
À Pierre Dhainaut qui brûle, en très vif signe d’accueil, André Breton ».
La dédicace d’une figure de l’art et de la littérature du XXe siècle, pour l’apprenti poète de 23 ans venu le voir dans son atelier parisien.
« Je cherchais un maître à penser », se souvient Pierre Dhainaut. Quand il rencontre André Breton, il vient d’avoir son premier fils.
Il perdra son père quelques mois plus tard.
À Dunkerque, à quelques rues de la mer du Nord qui l’inspire, il vit dans une maison où les livres escaladent les murs jusqu’au grenier. Ceux qu’il a accumulés avec sa femme, Jacqueline, professeur de français comme lui. Ceux qui nourrissent depuis toujours la poésie de ce fils d’instituteurs.
Parmi eux, Nadja, L’Amour fou et les Manifestes du surréalisme d’André Breton, qu’il a découvert lycéen : ils ont ouvert la voie aux générations suivantes. Avec un credo : l’écriture automatique, l’imagination tenant la plume entre rêve et réalité.
L’été 1959, à 23 ans, Pierre Dhainaut, qui s’essaie à la poésie, écrit à André Breton. « J’ai osé. Un besoin, viscéral. » Moins d’un mois plus tard, le maître, qui a 63 ans, lui répond de sa surréaliste plume : « Cher Pierre Dhainaut, vous êtes des nôtres. » Il l’invite à venir le rencontrer chez lui.
Pierre Dhainaut sonne au 42 rue Fontaine, dans le IXe arrondissement. André Breton lui ouvre son antre où sont accumulés livres et objets, statuettes de Giacometti et tableaux du Douanier Rousseau, de Picasso ou Kandinsky.
Tête-à-tête « Il était très cérémonieux, comme si tout était mis en scène » : le maître des lieux et son hôte s’installent de part et d’autre d’une immense table. « J’aurais dû être paralysé par la peur. Mais en tête-à-tête, il avait l’art de mettre à l’aise. » Ils parlent de la guerre d’Algérie et d’érotisme... Mais aussi, surtout, de choses « très concrètes ». André Breton veut tout savoir de son visiteur, de ses origines à sa récente paternité : « Le surréalisme n’échappait pas aux nécessités de la vie quotidienne. C’est une très belle leçon qu’il me donnait là ! » Tout au long de la rencontre, Pierre Dhainaut se sent jugé par une statuette de l’île de Pâques trônant sur le bureau, qui le regarde fixement. Mais l’entretien fini, André Breton propose à son nouveau disciple de participer aux revues surréalistes et à ses célèbres cafés. Pierre Dhainaut fréquente le Cyrano ou La Promenade de Vénus : « C’était très protocolaire. On n’intervenait qu’après avoir tourné dix fois sa langue. On était placé selon son âge, sa notoriété... » Mais il aura droit à d’autres dédicaces personnelles d’André Breton. Lorsqu’avec Jacqueline, ils le recroiseront, par hasard, en avril 1961 sur le Pont-Neuf : « À Pierre Dhainaut, le printemps au bras et dans les yeux venant à ma rencontre sur le Pont-Neuf » ! Le couple sera aussi invité dans sa maison de vacances de Saint-Cirq-Lapopie, dans la Vallée du Lot. « Il était alors très disponible. Mais, amer face aux récupérations commerciales du surréalisme, il n’écrivait plus. » À 74 ans, Pierre Dhainaut écrit toujours. Après s’être rapproché de son ami, le poète Jean Malrieu, de graveurs et de peintres. Dos aux surréalistes : « Ils ont forgé mes goûts esthétiques, mais je n’avais pas besoin, comme eux, d’inventer un autre monde. » Il préfère la poésie de ce monde-ci : « Moins qu’une phrase, plus qu’un murmure,/ nous ne marchons que pour apprendre/ la langue des roseaux » (Dans la lumière inachevée, Mercure de France). Une langue qui lui vaut le prix Jean Arp. Créé il y a cinq ans, il récompense une oeuvre visionnaire, bâtie en dehors de la pression commerciale et médiatique. Dans la lignée d’André Breton.
• 1935. Naît à Lille le 13 octobre, grandit à Armentières.
• 1959.
Fait la rencontre d’André Breton (en photo : ses dédicaces).
• 1960. Agrégé, il est nommé professeur de français à Dunkerque et vit face à la mer.
• 1969. Publie Le Poème commencé (Mercure de France).
• 1996.
Parution de l’anthologie Dans la lumière inachevée (Mercure de France).
• 2007.
Colloque à la Sorbonne consacré à son oeuvre : la reconnaissance du milieu universitaire.
• Mars 2010.
Remise officielle du prix littéraire Jean Arp. À paraître : Plus loin dans l’inachevé (Arfuyen).
« Le surréalisme n’échappe pas aux nécessités de la vie : quelle belle leçon Breton m’a donnée ! »
Source : http://www.lavoixdunord.fr/journal/VDN/2010/01/10/PLUS/ART2139173.phtml
Site Arcanes 17
Le site Arcanes 17 (http://www.arcane-17.com ) tenu régulièrement par Fabrice Pascaud cesse d’être actif. « Il restera néanmoins ouvert et libre de téléchargements ».
Nous vous invitons à le visiter et en profitons pour vous rappeler que la liste Mélusine (et la revue hebdomadaire) relaye des informations : si les modérateurs oublient de référencer certains événements, certains articles, nous vous encourageons à nous les transmettre, d’autant plus si vous être l’auteur de ces informations.
(chronique) La Subversion des images
Une nouvelle chronique de l’exposition qui touche à sa fin le 11 janvier, est à lire ici :
http://www.paris-art.com/marche-art/La%20Subversion%20des%20images/Brauner-Victor/6810.html
Une autre chronique à lire sur : http://www.lepost.fr/article/2010/01/02/1867032_la-subversion-des-images-au-centre-beaubourg.html
(chronique) Soulèvements de Jean-Jacques Lebel à la Maison Rouge
J’arrive vers seize heures ce mercredi à la Maison Rouge (fondation privée créée par Antoine de Galbert dans une ancienne usine au numéro dix du boulevard de la Bastille). J’ai le temps de visiter une première fois Soulèvements, le parcours autobiographique de Jean-Jacques Lebel, connu pour être l’initiateur du happening en Europe. Cela se passait à Venise le quatorze juillet mil neuf cent soixante sous le nom d’Enterrement de la chose. La chose, balancée dans le Canal, était une sculpture de son ami Tinguely. Il s’agissait de dénoncer le marché de l’art, la torture en Algérie et le viol d’une étudiante de Los Angeles par un colporteur de bibles. D’autres happenings suivirent, notamment en France, parfois avec la participation de la Police.
Ici à la Maison Rouge, JJ Lebel montre quelques-unes de ses ½uvres mais surtout ses riches collections personnelles. J’ai l’impression de ne croiser que des amis, de Jack Kerouac à Hans Bellmer en passant par Louise Michel, Jacques Vaché ou Pierre Molinier. Citer tout le monde serait fastidieux.
Je note sur mon petit carnet Les avatars de Vénus, installation vidéo de JJ lui-même, (des images féminines érotiques issues de tableaux et photos naissent l’une de l’autre en un incessant mouvement sur quatre écrans disposés en carré), un poème de derrière une porte dit par Ghérasim Luca le désespoir a trois paires de jambes/ le désespoir a quatre paires de jambes/ quatre paires de jambes aériennes volcaniques/ absorbantes symétriques/ il a cinq paires de jambes cinq paires/symétriques…, la muraille constituée par l’accumulation de douilles d’obus ornées de la guerre de Quatorze et l’énigmatique tableau anonyme du dix-septième siècle La chasse à la chouette, des oiseaux à tête de notables volètent dont l’un embrasse la joue d’une jeune fille au miroir à demi nue agenouillée sur une sellette qu’un être à monstrueuse figure tient en laisse par la cheville cependant qu’un paysan à la braguette suspecte portant un chat sous le bras me fait « mon ½il » (ça c’est une description, quand je pense qu’il y en a qui se contentent de mettre un lien vers l’image).
A deux endroits, des écrans diffusent des entretiens avec Jean-Jacques Lebel (dont je découvre la bonne tête de Père Noël). Des jeunes gens les regardent, casque sur les oreilles. Une voix attire les miennes, que je reconnais pour l’avoir entendue il y a peu sur France Culture. Je me retourne. Jean-Jacques Lebel est au bar discutant avec deux jeunes femmes. Je trouve plaisant que certain(e)s se contentent de l’image télévisée alors qu’ils ont l’original sous la main (si je puis dire).
Je m’assois à la table voisine et commande un café verre d’eau. Un jeune homme vêtu comme en banlieue remplace les deux blondes. Il vient pour une interviou. Sa première question est :
-Que pouvez-vous me dire de vous ?
La réponse de JJ commence par « Que je suis quelqu’un qui traverse la nuit universelle en tâtonnant… »
La dernière :
-Sous la forme d’une onomatopée, quel est votre message pour les jeunes ?
Lebel réfléchit longuement puis :
-Zaaaapppp, z, a, p, avec beaucoup de a et beaucoup de p.
Entre les deux, pas mal d’autres dont celle-ci :
-Quel conseil pouvez-vous donner aux étudiants qui fréquentent actuellement l’Ecole des Beaux-Arts ?
Après une légère hésitation, la réponse de JJ est : « De surpasser leurs maîtres », une proposition ô combien décevante.
J’aperçois alors celle que j’attends, qui me rejoint au bar. La sympathique serveuse accepte de lui préparer un thé bien que ce soit l’heure de fermer boutique.
Je refais la visite avec celle qui me tient maintenant la main en commençant par La pisseuse, sculpture hommage de Lebel à celle de Rembrandt, pisseuse de résine en pleine action sur la terrasse malgré le froid qui gèle son urine.
Nous glissons notre participation dans la fente de l’urne de la voiture de science-fiction baptisée Monument à Félix Guattari, d’elle : je ne sais plus quoi, de moi : une page arrachée à mon carnet.
Nous nous attardons dans la salle dite érotique où sont rassemblés de très beaux Picasso, Bellmer, Van Dongen, Molinier, Masson, Picabia, Monory, Dix (Le Rêve de la sadique, caché derrière un rideau rouge) et Grosz (Deux amantes et Nu féminin avec trois phallus éjaculant).
-Je reconnais toujours les bites de Grosz, me dit-elle, il n’y a que lui pour les dessiner aussi…
Nous descendons au sous-sol où nous appelle la voix d’Antonin Artaud « j’ai été malade toute ma vie et je ne demande qu’à continuer… », sur un mur les photos faites par Denise Colomb peu de temps après la sortie d’Artaud de l’hôpital psychiatrique de Rodez dont la chambre est ici entièrement reconstituée, et là la radiographie montrant sa vertèbre brisée par les électrochocs.
-C’est terrible, me dit-elle.
D’autres images terribles sont présentées dans un réduit fermé par une porte au-dessus de laquelle une inscription peinte annonce « L’irregardable ». Ce sont celles des tortures d’Abou Ghraïb en Irak. Les côtoient Der Popstar, toile de Blalla W. Hallman (l’ambassadeur de la haine) montrant Hitler éjaculant sur des cadavres et des femmes nues. Depuis quand y a-t-il des images irregardables et pourquoi mettre sur le même plan une ½uvre d’art et les photos d’un véritable acte de barbarie, deux questions que je me pose mais ne vais pas poser à Jean-Jacques Lebel.
Il est temps de quitter la Maison Rouge. Nous dînons d’un bon couscous rue de Budapest à L’Etoile du Sud. Elle me raconte ses nouveaux ennuis, cette vieille dame présentée comme autonome et qui s’avère perdant la tête, cette chambre qu’elle va peut-être devoir quitter à peine installée et pour aller où ?, ses études en péril pour cause de manque d’argent alors que d’autres dans sa classe se vantent d’avoir gaspillé sept cents euros. Le monde est dégueulasse et je sais qu’aucun soulèvement ne le changera.
Par michel perdrial
Source : http://ecrivainrouen.over-blog.com/article-soulevements-de-jean-jacques-lebel-a-la-maison-rouge-42587336.html
(chronique de publication) Ou l’irrésignation, Benjamin Fondane, de Jérôme Thélot (lecture de Tristan Hordé)
Benjamin Fondane a été arrêté avec sa s½ur par la police française le 7 mars 1944 et, après une brève détention à Drancy, a été envoyé au camp d’Auschwitz-Birkenau où il est mort dans une chambre à gaz. Une exposition lui est consacrée depuis le 14 octobre 2009 (jusqu’au 31 janvier) au Mémorial de la Shoah (17 rue Geoffroy l’Asnier, Paris, 75004). Ce juif roumain né en 1898, installé en France à partir de 1923, naturalisé en 1938, était notamment lié à Man Ray et Georges Ribemont-Dessaignes ; il devint un disciple de Léon Chestov après sa rencontre en 1924(1) avec le philosophe. Il reste peu lu alors qu’une partie importante de son ½uvre n’est pas du tout inaccessible(2). Le court essai de Jérôme Thélot vient à son heure, qui met en lumière l’absence de séparation chez Fondane entre l’activité du poète et celle du philosophe.
Le « pauvre poète mal instruit » qu’était Fondane était éloigné des études philosophiques jusqu’à ce qu’il connaisse Léon Chestov. S’il est devenu son disciple, et qu’il s’est alors donné une formation solide, en autodidacte passionné, c’est qu’il reconnaissait dans cette pensée ce qui l’animait : non pas l’équilibre et la raison de la philosophie grecque, mais l’inquiétude, l’insatisfaction, la "fidélité à l’esprit prophétique", à la tradition de Jérusalem. Le refus de l’ordre de la raison, c’est le fil de l’½uvre de Fondane, et c’est pourquoi l’idée de la finitude lui était intolérable. Jérôme Thélot insiste sur l’« indignation » qu’exprime le poète, son « insoumission » constante devant le caractère inéluctable de la mort. Faudrait-il interpréter cette position comme une « extravagance » ? Sans doute, si l’on pense négligeable, hors de propos, le « droit absolu à l’absolu ».
Lecteur de Tzara, défenseur d’Artaud (peu le furent dans les années 1930) et du Grand Jeu, Fondane, dans sa poésie comme dans ses essais, n’est pas adepte du "bon sens". Ce qui importe et qui fonde sa démarche, c’est que pour lui les individus « sont réellement, étant chacun la Réalité de toute réalité », qu’il est primordial de vivre la « vie vivante », de ne pas laisser « l’empire du Savoir » étouffer la vie. De là la volonté de défendre une extrême subjectivité dans tous ses écrits. Jérôme Thélot insiste sur les « appels à l’absurde, défis au savoir et vitupérations contre la loi », et analyse la complexité de ce qu’entendait Fondane par "conscience malheureuse" ; on se reportera à ces pages très précises qui expliquent comment le malheur — le malheur de mourir — est la « modalité originaire de l’expérience vécue ». L’existence n’est pas du même domaine que la pensée, poursuit Jérôme Thélot, et le langage, donc, ne conduit pas au vrai ; c’est pourquoi « L’impossible est le plus nécessaire — c’est le tragique de notre condition. L’impossible : de remonter à l’innocence par-delà le langage ». De là, écrivait Fondane : « le cri est la méthode », il faut vivre la « vie vivante » et la poésie comme un « donné existentiel » et non comme un objet d’art. Et ne jamais imaginer que l’on a "trouvé", que l’on "sait" : « Chercher était pour lui plus qu’une nécessité ou une hantise, chercher sans désemparer était une fatalité »(3).
L’essai se poursuit par deux postscriptum, sur la construction de La conscience malheureuse et sur la réception de l’½uvre de Fondane, qui reste à étudier. Il faudrait aussi parler de la prose de Jérôme Thélot, dont le rythme est en accord singulier avec l’objet d’étude — les derniers mots, à propos de l"impossible de Fondane : « Ce qu’il y a en nous de divin — notre horreur de la mort, notre désespoir et notre faim d’exister — dans cette déraison se reconnaît et se réjouit ».
Contribution de Tristan Hordé
Jérôme Thélot
Ou l’irrésignation, Benjamin Fondane
éditions fissile, 2009
8 ¤
Source : http://poezibao.typepad.com/poezibao/2010/01/ou-lirr%C3%A9signation-benjamin-fondane-de-j%C3%A9r%C3%B4me-th%C3%A9lot-lecture-de-tristan-hord%C3%A9.html
Eddie Breuil
Pour envoyer un message à tous : / melusine@mbox.univ-paris3.fr

lundi 11 janvier 2010 20:34
TR: Texte de J.Vanarsky.

Valentine Oncins nous informe de la parution de l'ouvrage réalisé par les PUSE, avec un bel article écrit par J. Vanarsky, dont certains d’entre nous ont gardé le souvenir ému, lors de la visite de son atelier.
Bien cordialement. HB

mardi 12 janvier 2010 14:06

information supérieur inconnu sur Vanarsky les surréalistes et Anatole France ; Divers publications à propos de G Henein, et S Alexandrian

 

Bonjour à tous,
Je saisis l'occasion du dernier message d'Henri Béhar pour signaler la parution cet automne du dernier numéro de "Supérieur Inconnu" intitulé superbement par feu Sarane Alexandrian L'ART DE VIVRE.
En effet, vous y trouverez notamment un article de Françoise Py en hommage à Jack Vanarsky accompagné de photographies de ses oeuvres et un article très fouillé de Constantin Makris au sujet d'Anatole France.
Constantin Makris revient sur l'exécution d'Anatole France par les jeunes surréalistes, et suggère que c'est moins l'auteur et son oeuvre qui furent rejetés que ce qu'il représentait à l'époque. A partir de là, il expose ce que fut l'épicurisme d'Anatole France et l'originalité de sa philosophie sensuelle, qui s'oppose entièrement au système judéo-chrétien comme le fit le surréalisme. En somme, les mauvaises relations entre le surréalisme et Anatole France seraient liées à des circonstances et moins à des idées.

Je signale pour terminer la parution d'un cahier "Georges Henein" dans le numéro 6 de la revue La Soeur de l'Ange ( qui reparaît aux Editions Hermann) avec des contributions de Sarane Alexandrian, Aziz Bennis, Pascale Roux et Marc Kober.
Un texte d'hommage à Sarane Alexandrian (1927-2009) paraîtra dans le numéro 7, ainsi qu'un autre dans la revue Les Hommes Sans Epaules (Christophe Dauphin).
En souhaitant à tous une excellente année,
Marc Kober
Rédacteur en chef de la revue Supérieur Inconnu

 

mercredi 13 janvier 2010 16:07

colloque Genre, arts, société

Bonjour,

On nous prie d’annoncer le colloque parisien des 22-23 janvier, dont vous trouverez le programme détaillé en pièce jointe. Une séquence y est consacrée aux femmes surréalistes.

Bien cordialement.

H. Béhar

 

vendredi 15 janvier 2010 13:04

Décade Cerisy Poésie et politique

Chères Mélusines, chers Mélusins,

Le Centre Culturel de Cerisy-la-Salle me prie de vous rappeler le programme de la décade que nous consacrerons au thème « Poésie et politique au XXe siècle », et de vous inviter à y prendre part :

 

DU LUNDI 12 JUILLET (19 H) AU LUNDI 19 JUILLET (14 H) 2010

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POÉSIE ET POLITIQUE AU XXème SIÈCLE

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DIRECTION : Henri BÉHAR, Pierre TAMINIAUX

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ARGUMENT :

Ce colloque repose sur le désir d’éclairer d’un jour nouveau les rapports de la poésie de langue française du XXème siècle aux grands événements historiques et politiques qui ont traversé et à bien des égards défini ce siècle souvent tragique et tourmenté, du communisme au fascisme en passant par le colonialisme. Il tentera en particulier d’offrir des perspectives plus actuelles et détachées des simples circonstances de l’époque sur ces rapports afin de mieux cerner le caractère éternel et universel des questions éthiques et philosophiques qu’ils suscitent.

Il s’agira de mettre en question une conception traditionnelle et trop commune de la poésie comme simple expression esthétique et formelle de l’homme et de son langage. À travers l’étude de mouvements modernistes essentiels, de dada au surréalisme en passant par le lettrisme, il importera ainsi de souligner l’importance déterminante de l’engagement du poète dans la communauté, et non de la poésie. Celle-ci s’y est-elle compromise à jamais?

Les rapports étroits et complexes de personnalités telles que Tristan Tzara, André Breton, Paul Eluard, Benjamin Péret, Robert Desnos, Louis Aragon pour le dadaïsme et le surréalisme, ou de Christian Dotremont, pour Cobra, à l’idée de révolution envisagée dans sa détermination poétique seront considérés comme des exemples fondamentaux permettant de nourrir et de développer notre problématique. Ne seront pas oubliés non plus le parcours original de figures singulières, de René Char à Francis Ponge en passant par Aimé Césaire, qui ont accompagné de manière radicale et existentielle les actions de la résistance à l’occupation nazie ou la lutte des peuples du tiers-monde pour leur indépendance ni l’utilisation politique de la poésie moderne par le mouvement de mai 68, ni les possibilités d’expression subversive offertes par l’avant-garde de l’Internationale lettriste.

Le poète, en ce sens, doit être saisi comme un citoyen et un homme du monde, pleinement impliqué dans la réalité et dans ses combats. La conception dominante de la "littérature engagée", en effet, s’est échafaudée au XXème siècle à partir de l’existentialisme sartrien, et donc de genres littéraires tels que le roman, le théâtre ou l’essai. Nous voudrions insister ici sur le fait que la poésie moderne, dans son cheminement propre, fut aussi le symbole vivant d’une littérature engagée en sa totalité. En ce sens, elle réussit à se dégager à la fois de l’ombre de Baudelaire, soit d’une conception surtout esthétique et sensible de la poésie, et de celle de Mallarmé, soit d’une conception abstraite du langage poétique née de la spéculation conceptuelle et du monde des idées. En conclusion, cette décade devrait offrir des modes originaux d’interprétation du politique, dans la mesure où celui-ci a été abordé prioritairement au XXème siècle sous ses aspects idéologiques et doctrinaires, ou alors dans la société contemporaine, sous ses aspects pratiques et utilitaristes. En d’autres termes, l’étude des rapports du poète à la Cité (à la Polis) implique nécessairement un processus soutenu de poétisation du politique.

 COMMUNICATIONS :

* Anne-Marie AMIOT: Arcane XVII d'André Breton: sublimation dans le mythe du refus permanent de la poésie engagée

* Sophie BASTIEN: La poésie québécoise, de l'automatisme au féminisme: 25 ans de revendication

* Yves-Marie BOUILLON: Poètes en guerre totale: quels espaces pour penser la haine?

* Catherine CHOMARAT-RUIZ: Sous l'influence des poètes: rhétorique d'un paysagiste à l'usage du politique

* David CHRISTOFFEL: L'anti-démagogisme poétique: quel pont entre la revue Proverbe à nos jours

* Jérôme DUWA: A quoi bon des poètes en temps de liesse révolutionnaire? L'événement 68

* Bénédicte GORRILLOT: Christian Prigent: pour une écriture politique?

* Fabrice FLAHUTEZ: Lettrisme et économie politique. Proposition poétique du "Traité d'économie nucléaire"

* Jasmine GETZ: Michaux: poésie de l'autre homme

* Brisa GÓMEZ-ÁNGEL: Paul Éluard: le cri solidaire à l'Espagne

* Misao HARADA: Exprimer autrement le politique: les manifestations du politique chez André Breton en dehors des écrits s'y référant explicitement

* Fadi KHODR: De la circonstance politique à la circonférence poét(h)ique

* Marie-Edith LENOBLE: Frankétienne, la politique de la Spirale

* Alessandra MARANGONI: Unanimisme de Jules Romains et du premier Jouve. Politique et mystique

* Jean-Claude MARCEAU: Repoétiser la vie: Raoul Vaneigem où la subversion affinée du Libre-Esprit

* Alexandre MASSIPE: Parole poétique, parole politique chez Paul Eluard

* Laure MICHEL: Politique du poème chez René Char

* Jelena NOVAKOVIĆ: La création poétique et l'engagement politique dans le surréalisme: Louis Aragon et Oskar Davičo

* Virginie POUZET-DUZER: "En mangeant Rosa" ou la poétique anthropophage de Benjamin Péret

* Christian PRIGENT: "Légendes du politique" (lecture et entretien)

* Christophe REIG: Oulipolitiques

* Effie RENTZOU: Au-delà de l'(inter)national: le surréalisme et le "monde" en métonymie

* Carole REYNAUD PALIGOT: La poésie surréaliste entre révolte et révolution

* Delphine RUMEAU: Gaston Miron, "l'amour et le militant"

* Gabriel SAAD: La poétisation du politique chez Eluard et Cesar Vallejo: une dialectique?

* Pascal SIGODA: Francis Ponge (1899/1988) ou les écrits comme espace spirituel de la nation

* Tanguy WUILLEME: L’hypothèse communiste: de l’éloge à l’adieu politique (Depestre, Roy, Guillevic)

Avec la participation effective de Christian PRIGENT et de Jean-Clarence LAMBERT 

Pour en savoir plus :

http://www.ccic-cerisy.asso.fr/bulletininscription.html

Bulletins d’inscription :

http://www.ccic-cerisy.asso.fr/poesie10.html

Bien cordialement. HB

 

dimanche 17 janvier 2010 12:39

semaine 03

Semaine 03

Vous trouverez en pièce jointe l’annonce du colloque « genre arts société » qui se tiendra à Paris les 22-23 janvier.

L’exposition La subversion des images au Centre Pompidou est décidément une de celles qui aura fait le plus parler. Elle « battrait » au passage un record : l’exposition de photographie la plus visitée.

Expositions :

Clovis Trouille / Molinier / Van Doesburg / Knut Henrik Henriksen / …

Débats, communications :

L’affaire Artaud / lettres de Miro / Marinetti / …

(exposition) Van Doesburg and the international avant-garde

L’exposition présentée au musée Stedelijk de Leyde (Pays-Bas) du 15 octobre 2009 au 15 janvier 2010 se déplacera  à la Tate Modern de Londres du 4 février au 16 mai 2010.

Plus d’informations prochainement.

Information communiquée par Marc Dachy

(chronique d’exposition) « Voyous, voyants, voyeurs » Autour de Clovis Trouille (1889-1975)

Exposition au musée d’art et d’histoire Louis Senlecq de L’Isle-Adam, Val-d’Oise (28 nov. 2009 - 7 mars 2010)

Le parcours brosse un panorama esthétique de l’oeuvre peint de Clovis Trouille. Une trentaine de peintures évoquent l’univers fantasque et contestataire de Clovis Trouille (1889-1975) au travers d’oeuvres essentielles de sa production.

De Remembrance, qui fut à l’origine de sa découverte par les Surréalistes en 1930, à Mon enterrement, jusqu’au célèbre O ! Calcutta ! Calcutta, le visiteur est confronté aux thèmes développés tout au long de sa vie par cet artiste sans concession : anticléricalisme, érotisme, attirance pour le monde du music-hall et du cirque, fascination pour les mises en scène macabres teintées de voyeurisme et de sadomasochisme.

« Cette œuvre (Remembrance) est un exutoire personnel provenant du traumatisme de la guerre de 14-18 qui m’a pris mes plus belles années. Après cette guerre, je n’ai pu peindre comme au temps où j’étais un grand peintre. C’est le premier tableau d’après-guerre. Il a été exposé au salon des Artistes Révolutionnaires à la porte de Versailles sous l’égide de Vaillant-Couturier. C’est là que j’ai connu les surréalistes qui se sont arrêtés devant mon tableau. Il a été reproduit dans le n°3 de Surréalisme au service de la révolution ». Clovis Trouille.

A travers l’analyse de ses sources d’inspiration picturale et l’évocation du contexte artistique contemporain de sa production avec la présentation d’une trentaine d’oeuvres d’Alfred Courmes, Maurice Rapin, Pierre Molinier, Gérard Lattier et Erró, l’exposition offre un regard inédit sur les productions si particulières de ce « trop » libre penseur, fondées sur une contestation farceuse de l’ordre social et sur celle de ses amis.

Amateur du détournement de photographies et d’icônes populaires, fasciné par le cinéma, peintre de la couleur, ce « Grand maître du tout est permis (ainsi que l’avait baptisé André Breton) fait naître, à partir d’une palette saturée et une juxtaposition d’images, des oeuvres où la contestation est à la fois teintée d’onirisme et d’humour et procède au sabotage farceur des derniers tabous du XXe siècle.

Électron libre du monde de l’art, revendiquant son mépris des marchands et des chapelles, Clovis Trouille n’en fut pas moins un observateur passionné de la création artistique de son époque. Toujours incisif dans ses critiques, il a su tisser de profondes amitiés avec des artistes qui comme lui faisaient du refus de la norme une revendication.

Parmi la jeune scène artistique, de nombreuses personnalités se réclament d’une parenté iconographique iconoclaste avec Clovis Trouille. Hommage déclaré ou références stylistiques ou thématiques, cette section propose des œuvres de Francis Marshall, Anne Van der Linden, Bruno Baloup, Jean Pierre Nadeau ou Hervé Di Rosa. Peinture, dessin, sculpture servent d’exécutoire à ces artistes engagés et enragés et posent la question de l’actualité de l’impertinence.

Commissariat de l’exposition : Anne-Laure Sol, directrice du musée d’art et d’histoire Louis Senlecq, avec la collaboration de l’association Clovis Trouille, Henri Lambert, président et Clovis Prévost, vice-président.

Accès Musée d’art et d’histoire Louis Senlecq de L’Isle-Adam, Val-d’Oise  : 31 Grande Rue - 95290 L’Isle-Adam ; Tel : 01 34 69 45 44 ; www.ville-isle-adam.fr

Horaires : Ouvert tous les jours, de 14h à 18h sauf le mardi et certains jours fériés.

Source : http://www.artactu.com/voyous-voyants-voyeurs-autour-de-clovis-trouille-1889-1975-article00282.html

(chronique d’exposition) Molinier, artiste anar et libre-bandeur

Il a préféré jouir toute sa vie, multiplier les maitresses, choquer les bonnes mœurs et réaliser ses passions que d’autres appellent des «vices». Tout, plutôt qu’être un esclave. Molinier, homme libre du XXème siècle, est exposé dans Voyous, Voyants, Voyeurs

Très proche du peintre Clovis Trouille, avec qui il partage la haine du conformisme et de la morale puritaine, Molinier se retrouve maintenant accroché aux cimaises du Musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq de l’Isle-Adam, à une heure de Paris, jusqu’au 7 mars 2010.  Sous le titre Voyous, Voyants, Voyeurs, l’exposition rassemble quelques-unes de ses œuvres, peintures et photos, à voir et à revoir.

L'occasion de dresser le portrait, en 10 points, de ce peintre-photographe travesti hors-norme, le précurseur de "l'art corporel". Pionnier du mouvement queer.

1/ Dès 3 ans, il est excité par les jambes de femmes

Pierre Molinier –mécréant impénitent– se félicite d’être né un vendredi saint, qui est de surcroit un vendredi 13, en 1900, à Agen. Il nait d’un père peintre-artisan (spécialisé dans le faux marbre et le faux bois) et d’une mère couturière. Sa vie sexuelle commence tôt. Dès l’âge de trois ans, il prétend s’intéresser aux jambes des femmes. A 10 ans, il caresse celles de sa sœur et devient fétichiste des bas. A 13 ans, il fait l’amour avec une prostituée qu’il continue de fréquenter longtemps. A 15 ans, il se masturbe sur le corps de sa sœur morte et décide de devenir comme elle, une idole: « Même morte, elle était magnifique ! J’ai éjaculé sur son ventre et ses jambes, et sur sa robe. Elle a emporté dans la tombe le meilleur de moi-même». A 18 ans, il se rend dans les bals populaires déguisé en femme, pour séduire de jeunes filles. Il rend enceinte une de ses conquêtes, puis l’abandonne. Elle accouche d’une fille –Monique– qu’il retrouvera vingt ans plus tard, à Bordeaux, et dont il fera sa protégée.

2/ Il devient lui-même, c’est-à-dire un pervers

Après le service militaire, il s’installe à Bordeaux (1922-23) et commence à peindre des paysages et des portraits dans un style conventionnel. Il se marie et a deux enfants –Françoise et Jacques– ainsi que de très nombreuses maitresses. Son épouse est pourtant non seulement très jalouse, mais très belle: c’est la plus belle femme de la ville! Qu’importe. Leur couple bat de l’aile, surtout quand Molinier tombe amoureux de sa fille, ce qui rend sa femme encore plus jalouse. En 1931, le couple emménage 7 rue des Faussets et durant les années 30, Molinier installe un atelier dans une soupente de 12 mètres carrés où il va peindre à l'abri des critiques de sa femme et de ses amies "trop conformistes" Après la seconde guerre mondiale, Pierre Molinier rejette définitivement sa vie antérieure: il peint des tableaux de plus en plus provocateurs, sa femme le quitte (1949) et dés le début des années 50 il se prend en photo, allongé (le plafond est trop bas) dans des positions obscènes et ambigües. Il est homme; il veut être femme aussi. Enfin il monte un vrai scandale à une exposition (1951) quand on veut censurer son travail: « Allez donc enfanter dans la nuit par le coït honteux, seul permis par la morale publique faite à l’usage des c…! Que me reprochez-vous dans mon œuvre? D’être moi-même? Allez donc, vous crevez de conformisme! Vous êtes des esclaves!».

3/ Il se transforme en hermaphrodite

De 1951 à 1966, Molinier se prend en photo, travesti dans des poses lascives, les jambes gainées de bas-couture, le visage masqué d’une voilette, pour le seul plaisir de la masturbation solitaire. Il se photographie même en compagnie d’un mannequin de vitrine –son épouse imaginaire– pour troubler les frontières de sa chair… « Pierre Molinier possédait, dit-on, plusieurs poupées de type mannequin de vitrine, avec qui il entretenait des rapports sinon scandaleux du moins amoureux. A priori, il ne fabriquait pas ces poupées mais il les préparait en vue de leur faire jouer un rôle dans le théâtre de ses fantasmes. A vrai dire, il serait plus juste de dire qu’il avait amassé divers morceaux de poupées, têtes, bustes, jambes, mains qu’il combinait à volonté au gré de ses humeurs et de ses occupations qui n’étaient pas strictement artistiques» (Gilles Berquet, Maniac N°7, ed. Astarté). Une fois montée, il maquillait sa poupée chaque matin, l’habillait, la voilait, lui faisait les ongles et posait avec elle de telle manière qu’on ne savait plus où commençait le corps de chair, où finissait celui de résine…

4/ Molinier rencontre André Breton

Parce qu’il a toujours refusé d’appartenir à aucune chapelle, Pierre Molinier force le respect. En 1955, il envoie à André Breton quelques reproductions de ses œuvres, qui reçoivent un accueil chaleureux. Breton écrit le 8 avril 1955: « C’est avec le plus grand, le plus croissant intérêt que j’ai pris connaissance de vos œuvres». Puis le 16 avril: « Vous êtes aujourd’hui le maitre du vertige (…). Vos photographies ne laissent d’ailleurs aucun doute sur votre aspiration en ce sens et il me paraît difficile de porter le trouble plus loin. Elles sont aussi belles que scandaleuses» (c’est sa deuxième lettre à Molinier). Puis le 21 mai: « Vos œuvres (…) procurent un frisson sans cesse renouvelé et cela me donne toute la mesure de leur pouvoir magique. J’aime votre climat brûlant et déchirant». Breton est définitivement conquis par Molinier. Il l’expose triomphalement dans sa galerie parisienne A l’Etoile Scellée en 1956 et contribue à le rendre célèbre. Pourtant, celui-ci refusera toute sa vie d’être assimilé aux surréalistes, dont il critique le puritanisme et l’intolérance en matière de sexualité.

5/ L’obsession des plaisirs sans entraves

Intransigeant, insensible aux flatteries, Molinier restera toute sa vie à Bordeaux, cantonné dans un appartement encombré de fouets, bottines, poupées, armes à feu, pinceaux et préservatifs et qui lui sert à la fois d’atelier et de «foutoir», dans tous les sens du terme. C’est là qu’il vit et créé, dans un appétit obsessionnel de plaisirs fétichistes. A plus de 70 ans, il a de nombreuses maitresses et passe des nuits entières à faire l’amour. Son existence tourne autour du sexe comme unique justification à l’existence. «Mes passions: être homme et femme à la fois… aimer les jambes… jouir», dit-il en 1971.

Son œuvre toute entière, ses tableaux maculés de sperme et ses photos intimes, sont un défi jeté aux conventions. Molinier n’aime pas les «culs-bénis», encore moins les snobs mondains. Il reçoit les visiteurs (plus particulièrement les visiteuses) dans sa chambre et parfois, il se branle devant elles en leur parlant de ses fantasmes, avec cet accent du sud prononcé, qu'on peut entendre sur un DVD en vente à la galerie Oudin. Il parle de ses plaisirs avec une sincérité truculente.

6/ «J’ai décidé de vivre dans une chambre, à dormir et jouir»

« Quand j’avais 15 ans, je voulais être curé. Ma sœur, qui avait un an de plus que moi, est morte. Je l’ai veillé tout seul, toute une nuit, je me suis couché sur elle, et je l’ai baisée, sur le lit. Je ne suis pas entré, je l’ai baisée entre les cuisses. J’ai aimé Les Immortelles à cause de l’histoire du type qui est amoureux des jambes de sa sœur. C’est tout à fait ça, tout à fait ça. Putain, je l’ai regrettée toute ma vie. Depuis sa mort, j’ai décidé de vivre comme je vis aujourd’hui. Dans une chambre… eh oui… dans une chambre… sans presque jamais sortir de cette chambre. Dormir et jouir. Et peindre, puisque je sais peindre. Je me baise moi-même, vous êtes au courant. J’ai fabriqué un instrument qui me permet de me faire des pompiers. C’est le seul au monde!». ( L’Aurore boréale, Pierre Bourgeade, éd. NRF Gallimard). Au début des années 60, Molinier a en effet fabriqué un joug qui lui permet, comme un contorsionniste, de coincer ses jambes derrière la tête et de se sucer la bite. « J’ai mis deux ans à l’inventer, dit-il . Comme les yogis, j’ai passé 18 jours à ne rien manger d’autre que mon sperme». Il se prend en photo, la bite dans la bouche, cul par-dessus-tête, et il envoit cette photo à des correspondants comme une carte de visite.

7/ Il entasse des montagnes de fétiches

Pierre Bourgeade qui vient lui rendre visite pour la première fois en février 1973 raconte: « Molinier habite un deux-pièces cuisine dans un vétuste et poussiéreux hôtel du vieux Bordeaux. La seconde pièce est celle où Molinier travaille, mange, dort, peint, photographie, développe, tire, agrandit, menuise, forge etc… (…) Dans la première pièce où l’on entre sitôt franchie la porte vermoulue, Molinier entasse, depuis plus de trente ans, tous les détritus non-périssables de sa vie. Ces détritus forment aujourd’hui (février 73) un tumulus de quelques tonnes, qui grandit tous les jours, et au sommet duquel est fichée une croix de bois noir sur laquelle on peut lire:

«Pierre Molinier

1900-19- ».

L’intention de Molinier est d’écrire, le jour venu, la date qui manque, de se coucher sur le tas de déchets, seul, en souliers de femme, les levrettes fardées, une voilette sur l’épi, et de se tirer une balle dans la tête»

(L’Aurore boréale, de Pierre Bourgeade, éd. NRF Gallimard).

8/ Il passe ses jours et ses nuits à faire l’amour

A partir de 1966, Molinier reçoit de nombreuses jeunes femmes et hommes, généralement âgés de 20-25 ans, qu’il maquille, déguise et entraine dans ses délires sexuels. Son plus grand plaisir: les initier au plaisir du bas et des talons-aiguilles. « Une femme qui n’a pas de bas, ça ne m’excite pas plus que ça, explique-t-il . Mais sitôt qu’elle en a, surtout des bas noirs, ça m’excite… Ça me fout dans tous mes états. J’avais une maitresse aux très belles jambes et j’arrivais à faire… cinq, six fois dans la nuit!». Parmi ses amies proches, il compte notamment Hanel Koech –une belle Autrichienne qui fait partie du mouvement des situationnistes viennois- et la Thaïlandaise Emmanuelle Arsan –dont le mari, ambassadeur, est devenu célèbre grâce aux romans Emmanuelle. De toutes ces femmes (et hommes) Molinier fait des photos, qu’il découpe et qu’il monte pour composer d’étranges étreintes: on y voit des créatures aux culs splendides posés sur des bustes arrogants et aux jambes démultipliées comme des bouquets de fleur. Ces photomontages ont généralement des tableaux pour fond, tableaux qui reprennent en miroir les mêmes obsessions sulfureuses…

9/ «Je pense que vous êtes un con»

Molinier refuse tout compromis. Il s’investit entièrement dans sa création et ne vend ses tableaux qu’à contre-cœur. Parfois même, il les rachète. Jean-Pierre Bouyxou, un de ses plus grands amis, raconte: « Un écrivain connu pour ses mondaines frasques plus que pour son talent, vit un jour la reproduction d’un tableau de Pierre Molinier et s’en enticha assez sérieusement pour vouloir à toutes forces acheter l’original. Molinier lui fit savoir qu’il désirait lire ses ouvrages avant de se décider s’il pouvait lui céder la toile tant convoitée. L’écrivain, par retour du courrier, envoya tous ses romans agrémentés de flatteuses dédicaces. Molinier les lut consciencieusement, ne les aima pas et lui fit, en conséquence, la laconique réponse suivante: «Je pense, après avoir pris connaissance de vos livres, que vous êtes un con. Il me serait très désagréable de savoir qu’une de mes œuvres se trouve chez un con, et il m’est donc impossible de vous en vendre une». (Jean-Pierre Bouyxou, Penthouse, mars 1985).

10/ Le dernier suicide de Molinier

Molinier disait qu’il se tuerait s’il ne pouvait plus jouir, « le jour où mon sperme sera comme de l’eau». Le 3 mars 1976, il se suicide parce que les médecins veulent l’opérer de l’anus: cancer de la prostate! Il préfère se tirer une balle dans la bouche, comme il l’avait toujours promis, que renoncer à ses facultés. Il avait déjà mis en scène son suicide à trois reprises, dans des photos, expliquant que ces morts imaginaires symbolisaient sa « mort au conformisme et à la vie conventionnelle». Il passe finalement aux actes dans un ultime défi, après avoir nourri ses chats. Il donne son corps à la science, en espérant que ses « couilles seront greffées sur un jeune mâle impotent de 30 ans». Ça ne sera pas le cas. Dommage.

Exposition "Voyous, voyants, voyeurs", au Musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq de l’Isle-Adam, à une heure de Paris, jusqu’au 7 mars 2010.

L’exposition se déplacera:

Au Musée Arthur Rimbaud de Charleville-Mezières (du 15 mars au 21 sept 2010)

Au Musée du Vieux-Chateau de Laval (du 16 oct 2010 au 16 janvier 2011).

Redécouvrez l’œuvre secrète et intime de Molinier à la Galerie des Oudin: photos, sculptures, tableaux rares, ouvrages… C’est la plus grande collection existante de ses œuvres en France. A l’Enseigne des Oudin : 3 rue martel, 75010, Paris. Tél. : 01 42 71 83 65.

Licences N°1, consacré aux perversions, avec deux CD sur lesquels sont gravés trois entretiens inédits de Molinier qui raconte sa vie sexuelle avec un entrain délirant,  120 F. En vente chez Oudin.

Le Mystère Molinier par Pierre Bourgeade, coéditions Voix Richard Meir / A L'Enseigne des Oudin - 1997

Source : http://sexes.blogs.liberation.fr/agnes_giard/2010/01/molinier-%C3%A9jaculateur-peintre.html

 (chronique de publication) L'affaire Artaud ou le maccarthisme littéraire

Philippe Cohen - Marianne | Samedi 16 Janvier 2010

Dans un ouvrage fleuve construit comme un polar, Florence de Mèredieu raconte comment les cahiers d’Artaud ont fait l’objet, cinquante ans durant, d’une captation et d’un détournement éditorial dont s’est rendue complice une bonne partie de l’intelligentsia parisienne.

Le livre que nous voulons évoquer ici a été ignoré par tous les médias si l’on excepte une émission d’ Europe 1  et un papier anecdotique du Monde. Sa thèse devrait pour le moins susciter un débat, voire une polémique : selon son auteur, philosophe et universitaire, Florence de Mèredieu, la publication des cahiers d’Antonin Artaud n’aurait pas respecté les originaux écrits par le poète.

Le 4 mars 1948, Antonin Artaud est retrouvé mort, au petit matin, dans son pavillon de la maison de santé d’Ivry-sur-Seine. Cela aurait pu être la fin de l’histoire, ce fut le début d’une invraisemblable bataille autour de son héritage symbolique qui se poursuit aujourd’hui encore. C’est que l’interné de Rodez, le plus marginal des marginaux du surréalisme, celui qui est le « suicidé de la société » s’était taillé violemment une place au premier rang de l’avant-garde culturelle. Il ne fallait pas que cela se perde.  

Au xxe siècle, la modernité littéraire a créé et choyé le concept de « passeur » d’œuvre : les œuvres réputées audacieuses, trangressives, donc irréductibles aux normes sociales, d’auteurs « maudits » auraient besoin d’intermédiaires, de fervents défenseurs et missionnaires chargés de conquérir leur reconnaissance.

Oui mais voilà, le passeur peut nourrir des ambitions plus discutables. Il peut effacer, manipuler, transformer. Sa lecture et sa pédagogie peuvent trahir l’auteur. Bref, le passeur peut être un fraudeur, ou simplement un imposteur.

Entre passeur et créateur...

Paule Thévenin a été le passeur incontesté et unique d’Antonin Artaud pendant près de cinquante années. Là est le problème : unique parce qu’incontesté, ou l’inverse ? Elle s’arroge le titre quelques heures après le décès du poète, puis réussit à obtenir l’honneur de  « t ranscrire » – dans son esprit, de traduire, mais on ne l’apprendra que bien plus tard –, en vue de son édition, l’œuvre posthume laissée à l’état brut par son auteur. Paule Thévenin a, pour dire les choses simplement, quelque peu caviardé et aménagé l’œuvre du poète persécuté : elle a elle-même infligé un mauvais traitement au texte, et les éditions Gallimard, se sont rendues complices de ce forfait éditorial. Florence de Mèredieu montre comment le « passeur », dont elle ne met pas en cause la bonne foi aveugle, a transmis une œuvre qui s’écarte de celle d’Artaud : à force de « petits arrangements » supposés rendre plus lisibles les écrits du poète, sa transcription est devenue une re-création.

Le destin fragile d’Antonin Artaud a suscité la vocation messianique de Paule Thévenin, après leur rencontre en 1946 : elle est alors étudiante en psychiatrie, mariée à un médecin, elle s’apprête à abandonner ses études et se passionne pour lui, qu’elle visite très fréquemment. Le matin de sa mort, prévenue par la maison de santé d’Ivry, elle arrive avant tout le monde sur les lieux et se serait emparée de la malle qui renferme tous les biens du poète : ses livres, sa correspondance, ses dessins et surtout la bagatelle de  406 cahiers qu’Artaud écrivait au jour le jour.

De  ce jour, Paule Thévenin a déniché une fonction qui a rempli toute son existence : déchiffrer les cahiers à l’écriture agitée du poète, transcrire, classer, et, finalement éditer aux éditions Gallimard les cahiers qui constituent la plus grosse partie des œuvres complètes du poète. Un labeur considérable, souvent ingrat, dont Paule Thévenin avouait elle-même qu’il a perturbé ses nuits, les lettres dansant une samba  devant ses yeux éberlués.

Juste inquiétude onirique, car la transcription de  manuscrits est une profession en soi, qui a ses règles et ses lois, d’ailleurs en évolution. Aujourd’hui par exemple, les transcriptions font l’objet d’un travail collectif. Pendant longtemps, ni Florence de Mèredieu, ni surtout les ayants droit d’Artaud n’ont pu avoir accès aux cahiers originaux sur lesquels Paule Thévenin a travaillé depuis les années 1950. Pourquoi ? C’est ici que commence le « storytelling » Thévenin-Artaud.

Histoire d'un héritage discutable

Soit un auteur qui avait coutume de  vilipender le monde  entier et, en premier lieu, ses proches : soit une famille supposée bigote, donc jugée incapable de  comprendre et d’honorer une œuvre tout entière transgressive ; soit des amis à la fois admiratifs et protecteurs d’Artaud qui perçoivent en Paule Thévenin la femme qui peut préserver l’œuvre du désastre qui l’attend. Car la famille bigote est supposée nourrir des ambitions vengeresses et même meurtrières contre l’œuvre d’Artaud. Une fois le poète enterré à Marseille, ces « Justes » du combat littéraire, parmi lesquels on trouve Sartre, Adamov, Jean-Louis Barrault, Balthus, Chagall, Julien Gracq, Jacques Derrida, ne doutent pas une seconde que ladite famille, si elle s’emparait des cahiers, pourrait les faire disparaître, puisque honteuse était la mère de voir son patronyme lié à des « cochoncetés ». Dès lors, le « vol » de  Paule Thévenin n’en est pas un. Ce serait la juste restitution à l’auteur, dont elle est devenue  de fait l’exécuteur testamentaire littéraire « légitime » en dépit du droit « officiel ». Un acte fondateur, qui va en faire la papesse des avant-gardes littéraires françaises au début des années 1980.

Tout est donc en place pour rejoindre le schéma éternel des contes et légendes : un héros, une cause, des adjuvants et des opposants.

La cause ? La préservation et la valorisation de  l’œuvre d’Artaud.

Le héros ? C’est évidemment Paule Thévenin qui soulève des montagnes pour éditer dans une quasi-clandestinité, les fameux cahiers Artaud. Ses adjuvants sont nombreux : les éditions Gallimard (dont les dirigeants ne pouvaient deviner, à l’origine, l’immense retentissement de  l’œuvre du poète), toute une gauche littéraire et artistique, les dirigeants de  la Bibliothèque nationale qui multiplie les embûches pour rendre difficile l’accès aux originaux d’Artaud et même un avocat célèbre,  Roland Dumas, dont le cabinet prend la défense de  Paule Thévenin.

Les opposants sont évidemment les héritiers d’Artaud qui, depuis des dizaines d’années, mènent une guérilla juridique contre les éditions Gallimard afin de  comparer les originaux et ce qu’en a fait Paule Thévenin. Ils sont totalement isolés, stigmatisés, à une exception près, celle de  François Mauriac qui, à partir de correspondance, défendra  l’idée d’un Artaud converti au christianisme.

L'erreur est humaine...donc corrigeable

Or, et c’est là que Florence de Mèredieu, qui ne trouve pas place dans les contes et légendes de  Paule Thévenin, devient sacrément convaincante : les comparaisons rendues possibles, à partir de 1994, à force de  batailles juridiques pour avoir accès aux originaux, confirment à ses yeux que Paule Thévenin n’a pas respecté la continuité d’écriture du poète. Des bouts de cahiers sont regroupés selon une architecture dont elle seule détenait la logique ; des dessins ou des annotations ont été supprimés. L’évidence s’impose : les éditions Gallimard se sont rendues complices de transformations des originaux, l’établissement de l’édition n’avait rien de scientifique ni d’admirable.

Dès lors que le travail de  Paule Thévenin est enfin apparu pour ce qu’il était, un travail « humain » susceptible de  réformes, de contestations ou simplement d’erreurs, pourquoi tout l’establishment littéraire s’est-il levé comme un seul homme pour la défendre ? Pourquoi faire comme si les requêtes de  la famille du poète aujourd’hui représenté par un antiquaire peu enclin aux bigoteries, étaient forcément illégitimes et hostiles à la postérité d’Artaud ? Pourquoi la société littéraire tient-elle absolument, dans ces circonstances, à éviter la vérité ? Pourquoi honorer à tout prix une personne certes respectable mais dont tout indique – et le livre de Mèredieu nous convainc de ce point de  vue – qu’elle s’est inventé une relation avec Artaud en même temps qu’elle remodelait ses cahiers ?

Florence de Mèredieu raconte ce curieux processus qui perturbe sa carrière universitaire depuis le début des années 1980. Mais elle n’apporte pas de réponse, même si elle rapproche judicieusement sa description du Paris littéraire de certains réflexes tribaux. En ce sens, son ethnographie, aussi drôle que pertinente, est incomplète. Les intérêts mercantiles de Gallimard, s’ils existent, ne fournissent pas une piste suffisante. Il n’y a pas non plus d’Artaud caché dont on aurait, sciemment, voulu effacer la trace. Il reste la bien-pensance, l’idéologie de  la subversion poétique. Les pétitions d’intellectuels en faveur de  Paule Thévenin fleurent bon la guerre froide  littéraire. Congélation de  l’adversaire. Refus d’écouter ses arguments. Ignorance, même, du réel. Lorsque, près de soixante ans après la mort d’Artaud, les éditions Gallimard rectifient les plus grossières erreurs de Paule Thévenin dans une nouvelle édition (Quarto) confiée à Evelyne Grossman, il se trouve encore des Roland Dumas, Hélène Cixous, Bernard Nöel et autres pour pétitionner à nouveau, sous le titre éloquent : « N’oublions pas Paule Thévenin. » La famille  d’Artaud ne pouvait que saborder son œuvre et lui être nuisible, et la littérature ne pouvait que voir de preux chevaliers taquiner les frontières de  la législation pour restituer le poète dans toute sa vérité et sa subversion.

« Qui a peur des manuscrits d’Artaud ? », s’écrie parfois rageusement, Florence de  Mèredieu en bute à ce « macCarthisme littéraire » depuis des années. Le problème n’est même plus là. C’est tout le ressort d’un fonctionnement de  la critique littéraire, une solidarité de  caste nourrie par des réflexes pavloviens que son travail met à nu. Il est grand temps que ce mur de  Berlin, très germanopratin cependant, tombe à son tour.

L’affaire Artaud ; Journal Ethnographique. Florence de Mèredieu, 680 pages, 29,9 €, Fayard

Source : http://www.marianne2.fr/L-affaire-Artaud-ou-le-maccarthisme-litteraire_a183462.html?com

(exposition) Knut Henrik Henriksen à la galerie Denise René

L’artiste norvégien Knut Henrik Henriksen expose à partir du 27 janvier à la galerie Denise René, rive gauche. Cette exposition s’inscrit dans le cadre de la manifestation Berlin-Paris 2010, lors de laquelle des échanges entre les galeries les plus renommées des deux capitales, auront lieu.

Né en 1970 à Oslo, Knut Henrik Henriksen vit et travaille aujourd’hui à Berlin.  Son travail interroge et articule les rapports entre sculpture, graphisme et architecture.  Habitué de la scène internationale, c’est la deuxième fois que Henriksen expose à Paris. On a récemment beaucoup parlé de Henriksen, dont la sculpture Full circle, vient d’être installée dans le métro londonien, une première depuis les années 1980.

Cet hiver, c’est la jeune galerie berlinoise, Sommer & Kohl, qui sera l’invitée de la galerie d’art contemporain Denise René à Paris. L’exposition s’intitule Circles, squares and a door handle et elle s’inscrit dans la lignée des travaux de Hans Arp, Max Bill, Sonia Delaunay, Victor Vasarely et Jean Tinguely.

Vernissage le vendredi 29 janvier 2010 de 19h à 21h Exposition du 29/01/10 au 06/02/10Denise René rive gauche 196, boulevard saint-germain 75007 Paris Pour plus d’informations: http://sommerkohl.com/artists.html http://www.deniserene.com Source : http://www.norvege.no/News_and_events/culture/painting/Knut-Henrik-Henriksen-a-la-galerie-Denise-Rene/

(portrait) Frida Khalo elle peint sa vie

Par Véronique Prat

A lire sur : http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2010/01/16/01006-20100116ARTFIG00073--frida-kahlo-elle-peint-sa-vie-.php

(7 février, Marinetti) Rencontre littéraire à Dar Sébastien Quand la Tunisie inspira Hellens

La presse | Publié le 14.01.2010

Auteur d’une œuvre relevant de tous les genres littéraires, le Belge francophone Franz Hellens fait partie de ces écrivains désireux d’exprimer tout un monde dans un texte, pour conférer au verbe une charge suggestive, allant au-delà des limites de la langue.

De son vivant, cet agenceur de mots doué a mené un parcours initiatique orchestré par une incessante partance entre le rêve et la réalité. Il est, également, signataire d’un texte inédit sur la Tunisie, en l’occurrence «Le voyage rétrospectif».

La nature de cet écrit, sa portée, le style de l’homme, somme toute, la finesse d’une plume, sont tous des sujets qui ont été abordés lors de la table ronde organisée, récemment, par le Centre culturel international de Hammamet (Dar Sébastien), dans le cadre de ses rencontres littéraires consacrées à des écrivains ayant voyagé ou vécu en Tunisie, dont Léopold Senghor, André Gide, Gustave Young et Paul Klee, entre autres…

Animée par Hatem Bouriel, cette table ronde s’est ouverte sur une présentation biographique de cet écrivain, peu connu sous nos cieux, quoiqu’il atteste d’un génie très bien reflété dans la plupart de ses textes.

L’animateur s’est intéressé au cours de son intervention à différentes tranches de la vie de l’écrivain, notant qu’il a produit près de quatre-vingts livres.

Frédéric van Ermengem, alias Franz Hellens (1881-1972), est l’auteur d’une trilogie : «Le Naïf», «Les filles du désir» et «Frédéric». Parmi ses romans phares, figurent notamment : «Mélusine ou la robe de saphir», roman fantastique, et son avant-dernier recueil «Entre les femmes».

Un voyage marquant

Il a beaucoup voyagé, mais celui où il a été le plus impressionné fut celui qu’il a effectué, en 1925, en Tunisie. La lumière et la beauté architecturale de Kairouan et la magie de Tunis l’ont tellement ému qu’elles ont agi sur sa manière d’appréhender le Beau.

De retour chez lui, sa passion pour la Tunisie a mûri avec le temps, débouchant sur une franche confidence à la page blanche en 1966.

«Le voyage rétrospectif» est, pour ainsi dire, le titre d’un manuscrit consistant en un compte rendu d’un voyage pas du tout ordinaire. En d’autres termes, un texte alliant la subtilité du regard et la sensibilité artistique.

Hellens y livre, tour à tour, ses aveux, des observations du vécu tunisien dans les années vingt. Il procède, de ce fait, à une reconstitution du voyage, six ans avant sa mort.

Dans un texte où il semble rechercher des détails qu’il n’a pas pu retenir au départ, il consacre plusieurs pages à Kairouan et ses tapis et à Carthage et ses monuments pétris d’histoire. Il y parle, également, du bateau qui l’a amené sur les rives tunisiennes et du charme d’une caravane traversant les dunes sablonneuses du Sud.

Ce faisant, en feuilletant ce manuscrit, on se rend compte que l’on est face à une transposition carnavalesque du vécu par le biais d’une série de fragments pittoresques.

D’ailleurs, l’une des interrogations formulées, lors de cette rencontre, a porté sur la part de la peinture dans le texte de Franz Hellens, vu qu’il avait côtoyé, tout au long de son parcours, d’illustres peintres tel le surréaliste Henri Matisse.

«Le choix des mots, la finesse et la plasticité de la tournure et la beauté des passages, autant de vertus stylistiques conférant au texte de Hellens une dimension pittoresque digne de grands chefs-d’œuvre de la peinture impressionniste ou surréaliste. Mais aussi la rigueur de l’observation sociale ne ferait-elle pas penser aux textes de Lévi-Strauss ?».

Tel était le questionnement. La réponse, comme avancée par le même animateur du débat, a abondé dans ce sens à même d’ouvrir d’autres brèches sur la lecture du texte.

L’on parle notamment d’un flottement de la mémoire entre le voyageur de 1925 et l’écrivain de 1966. Plus, d’une notoire capacité de transposer la nostalgie de l’enfance dans un texte littéraire endossant souvent un souffle nervalien où le rêve transcende la réalité et l’embellit sans pour autant la réduire. A noter, par ailleurs, que 24 fragments extraits de ce manuscrit découvert et annoté par l’étudiante Sourour Ben Ali en 2000 seront présentés sous forme d’un recueil traduit par le cercle «Fouq Essour» et préfacé par Hatem Bouriel et le critique belge Marc Quaghbeur, directeur du musée de la littérature à Bruxelles, lors de la prochaine Foire du livre de Tunis.

La prochaine rencontre du Centre aura lieu le 7 février prochain et sera consacrée à l’écrivain italien Filippo Tomaso Marinetti, initiateur du mouvement littéraire du Futurisme au début du XXe siècle.

M. H.ABDELLAOUI

Source : http://www.jetsetmagazine.net/culture/revue,presse/rencontre-litteraire-a-dar-sebastien-quand-la-tunisie-inspira-hellens.21.8802.html

(chronique de publication) La musique est dangereuse, Paul Nougé

"On sait aussi que Magritte, Mesens et Souris ont signé le 30 janvier 1932 le tract rédigé par Nougé sous le titre 'La poésie transfigurée' à propos de l'affaire Aragon et du poème Front rouge à la gloire de l'U.S.S.R. Se démarquant de l'appel lancé par Breton en faveur d'Aragon poursuivi par la justice, Nougé et ses amis n'admettent pas qu'un poème soit considéré comme une manifestation de l'inconscient ou relégué 'dans le domaine fermé de la contemplation esthétique' ; ils veulent lui restituer 'sa valeur intrinsèque de provocation humaine' ; ils trouvent normal , dès lors, qu'il 'incite désormais les défenseurs de l'ordre établi à user envers le poète de tous les moyens de répression réservés aux auteurs de tentatives subversives.'"

Paul Nougé, 'La musique est dangereuse, écrits autour de la musique rassemblés et présentés par Robert Wangermée', Didier Devillez Editeur, Bruxelles 2001, ISBN 2-87396-042-6, pag. 144-145.

Zie ook: 'De kracht van muziek: een pleidooi voor gevaarlijke muziek!' door Peter Wullen in Gonzo Circus #52, 2001.

Posted by Peter Wulle Source : http://peterwullen.blogspot.com/2010/01/la-musique-est-dangereuse-van-paul.html

Réouverture du Musée des Lettres et Manuscrits - Printemps 2010

PARIS

Réouverture du Musée des Lettres et Manuscrits - Printemps 2010 Musée des Lettres et Manuscrits, 222 boulevard Saint-Germain, Paris 7e www.museedeslettres.fr

Six années après son ouverture au n°8 de la rue de Nesle, le Musée des Lettres et Manuscrits déménage, s’agrandit, et reste au cœur de Saint-Germain-des-Prés pour s’installer dans des locaux flambant neuf au 222 du boulevard Saint-Germain. Afin de préparer cette nouvelle vie, le musée a fermé ses portes de la rue de Nesle le mercredi 28 octobre 2009, à l’issue des deux expositions Saint-Germain-des-Prés : l’écume des années Vian et André Breton, d’un manifeste à l’autre.

Source : http://www.plume-mag.com/actualite/624/100114/reouverture-du-musee-des-lettres-et-manuscrits-printemps-2010

(avec un peu de retard…) Les lettres de Joan Miro à consulter

Les lettres que Joan Miró a écrites à ses parents et à amis entre les années 1911 et 1945 – en majorité inédites – pourront être lues par le grand public dans la Fondation Miró de Barcelone, dans le premier volume du Recueil de lettres catalan de Joan Miró.

Dans les lettres nous pourrons connaître des réflexions philosophiques sur la peinture à des commentaires quotidiens sur un argent, ainsi que des références à sa vie personnelle ou à la situation politique. Les écrits nous rapprochent de la personne derrière l'artiste et nous apprennent quelques facettes peut-être inconnues. Je célèbre l'opinion qu'il a comme formée de Cocteau que je juge depuis beaucoup de temps avec toute dureté.

Je crois que si un jour vous voyiez de près et tâtonniez à une série de gens qu'ici ils considèrent comme les grands artistes ou les critiques éminents, il percevrait son relent de crapauds immondes. C'est pourquoi, je ne me fatigue pas de lui répéter que, pour écrire sur un art ou sur ce qui consiste, par plus intelligent et sensible en ce que l'on est, il n'est pas possible de le faire sans sortir de Barcelone s'il n'est pas d'une manière très sommaire.

Je peux être très documenté sur la chasse du lion, et avoir vu beaucoup de films et lu beaucoup de livres, mais si je me propose d'écrire un livre sans me décider à prendre la carabine et d'aller à la jungle, je pourrai seulement le rendre une manière très artificieuse.

Un fragment d'une lettre envoyée à Sebastià Gasch. Mont-roig, le 2 août 1928

La Fondation Miró a récupéré le projet de publier un recueil de lettres, le projet ce qui est né en 1967 avec le consentement du propre a Regardé, qu'il est malheureusement décédé le sans réussir à finir.

Ce volume comprend plus de mille lettres et des cartes postales inédites, la majorité, dirigées avec ceux qu'Il a Regardés il avait un type de relation envers plus de cent correspondants : des parents directs, des amis de jeunesse, des critiques d'art, des collèges les artistes, les galeristes, les journalistes, etc.

La présentation du livre aura lieu le 17 décembre 2009, à sept heures et demie de l'après-midi, dans l'auditorium de la Fundació Joan Miró.Source : http://fgaleriedartl.blogspot.com/2010/01/les-lettres-de-joan-miro.html

Prochain séminaire : Les portraits surréalistes de Ramón Gómez de la Serna

29 janvier Florence Delay fera une communication sur : Les portraits surréalistes de Ramón Gómez de la Serna. Eddie Breuil

lundi 18 janvier 2010 00:08 Décade Cerisy

Chers amis,
l'envoi du programme de la décade de Cerisy Poésie et politique du XXe
siècle a suscité quelques réactions, alors qu'il avait pour unique objectif
de vous informer, éventuellement de vous inviter à y prendre part.
Voici l'opinion de Gil Jouanard, qui pourrait servir d'introduction. Je la
recopie ici, certains serveurs de messagerie rejetant les pièces jointes.HB
« L’indifférence à l’Histoire et le souci de la moisson sont les deux
extrémités de mon arc » (René Char)

Chers amis,
La politique et le politique désignent et définissent ce qui touche aux
affaires publiques, ou si l’on préfère, à celles de la cité. Elle (ou il)
concerne l’être social, celui qu’on s’est habitué un peu hasardeusement
à appeler « le citoyen » (individu volontairement tributaire des règles et
du consensus en vigueur dans la cité). Rien à redire à cela : vivant en
collectivité, l’individu a bien été forcé, à partir du Néolithique, et
même sans doute dès l’Aurignacien et le Magdalénien, de se plier à
quelques règles, à la fois prudentes et vaguement conviviales, qui le
préservaient des pires risques engendrés par la cohabitation, et en retour
lui intimaient de se plier à ces mêmes exigences dont, tacitement, puis par
injonction, la société avait fait les garants de sa propre sécurité. « Ne
fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on fît à toi-même » ;
telle fut la règle d’or, progressivement érigée en principes, puis en
lois.
Sauf s’il est inconscient, irresponsable ou cyniquement indifférent aux
vicissitudes dont est friande la vie en collectivité, l’individu, le
citoyen, la personne civile, se doit, par-delà même le devoir (au demeurant
peu aisément définissable) de participer au « suffrage universel », d’ «
intervenir » le cas échéant, et au coup par coup, lorsque, de quelque
façon, le bien public se trouve menacé ou la morale implicite bafouée
(ainsi, à titre personnel, j’ai fait en sorte, en y prenant de grands
risques, de n’avoir pas à porter les armes en Algérie entre 1960 et 1962,
car je trouvais immoral et indigne de combattre des gens qui réclamaient une
indépendance justifiée du fait de leur évidente différence).
Voilà, en vision abrégée, pour ce qui est de l’individu, de la personne,
du citoyen.
S’agissant de l’ « artiste » (et le poète en est un, faute de quoi il ne
serait pas poète, la matière et l’instrument dont il use étant d’autre
part, de par sa nature même, solidaire de la question du sens, puisqu’il
s’agit des mots de la langue), les choses sont tout autres. Pour pousser
aussi loin que possible sa quête déraisonnable d’il ne sait trop quoi, il
doit impérativement se scinder et, du moins quand il se livre à son exercice
d’équilibriste, se « désolidariser », s’expatrier en quelque sorte.
Le fait d’être une espèce de « porte parole » implicite ou (hélas trop
souvent) très explicite lui donne certes une sorte de droit d’intervention
sur le territoire, fluctuant, complexe, et même ambigu, du sens. En
s’engageant dans l’épaisseur du langage, dans son inconscient, son non-dit
récurrent, y compris son non-sens, il intervient de façon décisive sur
l’esprit de ceux (toujours peu nombreux) qui l’écoutent (le lisent) ; il
nous transforme et, le cas échéant, si son agencement de mots est
suffisamment fort, il nous révolutionne.
Mais, pour se livrer à cet exercice, non pas périlleux (car n’exagérons
pas, ce n’est pas la poésie qui a rendus fous Hölderlin ou Artaud), mais
subtil et requérant une totale liberté d’esprit (c’est-à-dire un total
désengagement social), il lui est nécessaire, en tant qu’inventeur
d’objets de mots, de prendre ses distances sur les événements, sur la
circonstance.
Char est l’exemple qui suffit à résumer cela : refusant, en tant que
poète,  de s’engager sur des questions touchant à la « vie publique » au
jour le jour, il prend les armes en tant que citoyen lorsque cela s’impose
(au lieu de tenir des discours de résistance et d’aller se réfugier à
New-Yok ou à Mexico…vous suivrez sans peine mon regard, chers amis).
C’est-à-dire, tout simplement, que l’artiste ne peut que se distinguer du
citoyen (sans pour autant le répudier) lorsqu’il a la prétention de
s’engager à fond dans le corpus de l’énigme fondamentale (dont sont
solidaires les mots de la langue, mais aussi les sons dont use le musicien ou
les formes et les couleurs dont le peintre fait le matériau de son
intervention fondamentale).
Pendant la dernière guerre mondiale, et même durant l’occupation, des
artistes de la langue comme Reverdy ou Michaux, qui sont probablement plus
révolutionnaires (car ils nous révolutionnent profondément et non de façon
« circonstancielle », parfois un peu filou --quoique « pour la bonne cause
» --comme Eluard rebaptisant « Liberté » son poème « Nush ») que
d’auto-déclarés « révolutionnaires » n’ont pas « participé » armes
ou stylo à la main au « combat national ». Personnellement, ayant eu un
père résistant et ayant été un opposant très impliqué à la guerre
coloniale en Algérie, je sais ce que signifie « s’engager » ; mais je
n’ai jamais écrit un seul texte prétendument « poétique » ou même
simplement « littéraire », pour défendre une cause. A preuve, lorsque la
revue Action poétique, dont j’étais alors le secrétaire général, a voulu
faire un numéro spécial consacré à la criminelle prise de pouvoir de
Pinochet, j’ai écrit un texte intitulé « Ne gaspillons pas un poème
contre Pinochet » et déclarai en substance que, contre Pinochet, la poésie
ne servait à rien, et qu’un couteau de boucher ferait mieux l’affaire).
Vos maîtres, qui ne sont pas vraiment les miens (sans que j’aie rien contre
eux), Breton en tête, publièrent ce « déshonneur des poètes » qui devrait
suffire à les disqualifier ; mais je ne suis pas si naïf et je considère
leur incohérence (défiler sur les Champs-Elysées dans les années 30, puis
baver sur ceux qui, sur le terrain, se battirent, c’est un peu fort de café
tout de même !) comme relevant de la difficulté que nous avons tous à tenir
sans vaciller debout au centre de nous-mêmes en toute circonstance.
Simplement, je dis : halte-là, l’ambiguïté ne passera pas. J’en ai vu
tellement de mes copains, communistes, socialistes ou même anarchistes, qui,
opposés comme moi à l’ignoble guerre en Algérie, n’en acceptaient pas
moins de faire les EOR et de devenir sous-lieutenant ou sergent du contingent.
Je ne leur jetterai certes pas la pierre, ils ne furent pas pour autant des
salauds ; mais de là à leur tendre une oreille trop complaisante quand, a
posteriori, ils distribuent les leçons de morale publique, il y a loin.
Certains d’entre eux sont même mes amis, car la vie est autre chose que l’
« engagement politique » ; mais lorsque je les vois publier de très banaux
épîtres contre ceci ou contre cela (ou signer pétitions après pétitions
sans jamais être capables de prendre les armes ou de voler au secours de ceux
qu’ils défendent de fort loin) je me dis : eh, collègue, toi qui est un
bœuf par l’écriture, arrête de jouer les grenouilles qui se prennent pour
un taureau !
Voilà, vous ne serez pas surpris, du moins ceux qui me connaissent, en me
voyant une fois de plus manifester un cordial mais ferme mouvement de recul
dès lors que le consensus moralo-bien-pensant et un peu hypocrite ou naïf
s’en vient titiller mon incorruptible indépendance d’esprit et liberté
(souvent excessive) d’expression !
Quand Rilke écrit, dans les « Cahiers de Malte Laurids Brigge », qu’il
faut, pour être capable d’écrire le premier mot du premier vers d’un
premier poème qui en soit un vraiment avoir vécu à peu près tout de ce que
la vie nous impose sans ménagement, il est, lui le paisible poète « à
l’ancienne », aussi « dégagé » du circonstanciel et du contingent que
put l’être Baudelaire,un authentique révolutionnaire du fait même que,
sans parler de révolution, il nous révolutionne.
Dire que la poésie sera en avant pour finir comme trafiquant d’armes en
Abyssinie n’est guère exemplaire, si vous voulez le fond de ma pensée (ce
qui n’empêche nullement certains poèmes de l’affreux Jojo de Charleville
d’être sublimes…).
La poésie n’est pas la vie, et réciproquement.
Le Voyage d’Hiver ne se bat ni contre Metternich ni contre Talleyrand, et
pourtant écoutez le dernier Lied, Der Leiermann, si vous ne faites pas une
révolution de au moins cent quatre-vingt degrés sur vous-même, c’est que
vous êtes un fruit sec. On serait solidaire d’un fruit sec ? Selon quel
principe ?
S’il faut absolument, ainsi que le préconise Héraclite, défendre les lois
de la cité autant que ses murailles, ce qui est du devoir et surtout de
l’intérêt de chacun, ce n’est assurément pas à coup de poèmes, mais
avec la loi (pour ce qui est des principes), ainsi qu’avec une truelle (pour
ce qui est des murailles).

 

lundi 18 janvier 2010 12:04

re: Fwd: Re: Décade Cerisy

Gil Jouanard

 

sortez-vius de l'idée que ma "réflexion" ou ma réaction serait un règlement de compte. Je n'ai aucun compte à régler avec le Surréalisme ou avec les surréalistes, qui ne sont pas de ma génération, et dont je n'ai connu que les éléments les plus jeunes, avec lesquels j'ai toujours entretenu des relations amicales (Jean-Clarence Lambert par exemple, ou Alain Jouffroy si on peut l'assimiler surréaliste). Du reste, lorsque je parle de ceux qui eurent le toupet de s'en prendre depuis le continent américain à ceux de leurs amis qui eurent le courage de se battre sur place et d'y écrire en quelque sorte "sur le motif" (Desnos que vous mentionnez étant de ceux-là, écrivant et participant en tant qu'individu à la résistance, mais adoptant un comportament précisément radicalement opposé à celui des donneurs de leçons expatriés et donc sortis du danger). Desnos est une figure exemplaire et vous avez tort de le prendre comme contre-exemple de mes allégations, puisque justement il est de ceux qui, comme Char et, à leur façon, Aragon ou Eluard, mais surtout Char et en effet Desnos qui passèrent aux actes. Mais ce n'est pas en tant que poète qu'ils "intervinrent", c'est en tant que résistants (Char écrivant ses Feuillets d'Hypnos sans les divulguer : il avait bien autre chose à faire ! Desnos est l'un des rares qui en effet ait joint les deux, mais il n'avait pas un maquis à gérer). 
3. Pourquoi ironiser à propos de Michaux et de Reverdy, qui seraient "du côté des moissons" (quelle expression déplacée !). Ils ne sont pas restés "indifférents" ou "collabos" ; ils ont estimé, ce qui est leur droit, qu'ils n'étaient ni des héros ni des individus habilités à parler au nom d'idéaux de cette nature. Si vous me parleiez de follain, mon poète préféré de cette époque, je vous répondrais : d'accord, Follain est ambigu ; il allait aux invitations du directeur de l'Institut Culturel allemand boiuffer des petits fours ; sans "collaborer", mais d'une façon qu'on ne peut que désavouer (et je le désavoue en aimant sa poésie) ; mais ni Reverdy ni Michaux ne sont dans ce cas ; leur cas est celui de la solitude, quasiment intemporelle (et c'est leur droit). Il n'empêche que ce qui importe, dans l'écriture poétique, c'est sa "contondance", sa portée qui, lorsqu'elle touche au coeur de la cible humaine, transforme mieux et plus profondément, plus définitivement, que le manifeste politique ne saurait le faire.
4. Ce point est le plus spécieux ; je passerai sur le reproche que vous me faites d'ignorer les subtilités de la langue française ; c'est là un argument que vous me permettrez de dire un peu enfantin ; rassurez-vous, il nest pas nécessaire d'être un exégète d'élite pour sentir la toute petite nuance, l'infime nuance que vous m'accuser de ne pas ressentir. Que le poète, comme tout être humain, soit "emporté" par les événements survenant dans l'ordre de la politique ou du politique, voilà une lapalissade dont vous me ferez grâce d'admettre qu'elle ne constitue pas une subtilité sémantique infranchissable.
5. Non la poésie ni aucun art ne sont la vie. La vie est un processus où se confondent chimie, physique et surcroît événementiel. L'art n'est pas indépendant, à côté de cette vie ; mais il échappe à son mode interne de fonctionnement et même à sa juridiction ; il peut l'augmenter ou la contourner, l'exhausser ou la nier même ; mais il ne saurait s'y inscrire comme un grain de granit s'incruste dans un morceau de grès ou de calcaire. Elle émane de la vie ; certes; mais pour s'en délivrer en quelque sorte. Le deuxième moiuvement du quatuor Der Todt und das Mädchen, La Jeune Fille et la Mort, n'est pas la vie ; c'est une subtile émanation de la tragédie vitale.
6. Que la politique soit partout et dans tout, cela peut se discuter en effet ; que nous soyions tous et chacun  de nous tributaires à longueur de journée des événements relevant de la compétence du politique, j'ai payé pour savoir que c'est évident ; et ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Lorsque vous allez chercher les exemples admirables que vous mentionnez, comment nier que la politique ne les ait pas, en effet, atteints ? Mais si Lorca fut fusillé, ce n'est pas pour avoir écrit des "poèmes politiques" : les hommes politiques savent très bien, d'instinct, reconnaître dans toute expression d'une autonomie de pensée, d'une liberté d'expression, ce qui leur est intolérable. Mais il n'est pas nécessaire pour cela que le poète s'implique explicitement, à travers sa poésie, dans le combat politique au sens strict du terme. Son intervention est d'une nature, non pas supérieure, mais autre, en quelque sorte décalée, et d'autant plus agissante. 
Bon, j'ai peut que mon mlail "saute" ; je vais conclure que un troisième (je n'arrive pas à passer au régime de la pièce jointe car j'ai avec beaucoup de mes amis poètes une sorte d'incapacité assez névrante à maîtriser l'informatique.

Message du 18/01/10 09:59
De : taminiap@georgetown.edu
A : melusine@listes.univ-paris3.fr, henri.behar@univ-paris3.fr
Copie à :
Objet : Fwd: Re: Décade Cerisy
Cher Henri, Chers Melusiniens,
J'ai lu attentivement ce texte. Je souhaite y apporter une reponse personnelle, ferme et precise, qui n'engage que moi, car je suis apres tout l'auteur de ce projet de colloque.
1. je n'ai jamais doute que la 'revolution poetique', depuis Baudelaire, commencait par les mots du poeme et par rien d'autre que ces mots. Selon ma perspective, evoquer les liens du poetique et du politique n'equivaut absolument pas a affaiblir le pouvoir souverain du langage poetique et a mettre en cause son identite esthetique.
2. Ce texte implique une sorte de reglement de compte a peine deguise contre les surrealistes, Breton et Eluard en tete. Je comprends que l'auteur ne soit pas de ce bord, mais on ne peut nier le fait que les surrealistes mirent en avant cette question des rapports de la poesie et du politique, sans pour autant la resoudre, j'en conviens. Notre colloque aborde une problematique, il doit donc tenir compte de tous les discours qui aborderent ce sujet, dans une perspective democratique, sinon objective. L'auteur oublie que Robert Desnos mourut en camp, et qu'il fut denonce pour ses activites de journaliste dans la resistance. Tous les surrealistes, donc, ne furent pas ambigus sur ce point.
3. leur detachement exemplaire du cote des moissons. Deux communications, en effet, aborderont leur rapport complexe a cette question.
4. L'auteur ne comprend pas tres bien les subtilites de la langue francaise. Car ecrire: 'poesie et politique au XXe siecle', c'est precisement, et j'ai ete tres prudent et lucide la dessus, refuser de dire 'la poesie politique au XXe siecle'. Les rapports poesie/politique s'ecartent ainsi subtilement d'une simple et primaire identification du langage poetique a un discours ideologique. Ils definissent seulement une figure contrariee du poete comme homme emporte (souvent malgre lui) par les evenements d'un siecle particulierement tragique et tourmente.
5. La poesie n'est pas la vie. Si, precisement, la poesie est la vie, comme l'art est la vie, et les surrealistes avaient raison sur ce sujet. Mais dire, la poesie est la vie, ce n'est nullement empecher le retrait du poete par rapport au reel le plus contraignant et le plus vil. Le retrait le plus pur, en effet, se situe encore du cote de la vie qu'il saisit dans le silence et la meditation. Michaux et Char, a leur maniere, dirent aussi, en ce sens, que la poesie etait la vie, la seule vie, faudrait-il ajouter.
6. Le refus du mot: politique, aujourd'hui, quand on evoque toute forme de litterature, me parait suspect, car il participe aujourd'hui d'une forme de demission et meme d'irresponsbilite tacite qui ne profitent que trop a tous ceux, et ils sont si nombreux aujourd'hui, qui veulent faire de la litterature un simple produit commercial vite digere et consomme, produit soi-disant 'apolitique' et 'inoffensif'. Nous ne vivons pas dans n'importe quel monde, et l'on sait bien que ce monde fera tout pour nous reduire, nous poetes et amoureux de la poesie, au mutisme.
Les rapports poesie/politique soulignent donc l'eternite d'une figure du poete qui ne renonce pas. L'ombre de Staline parcoure les poemes de Mandelstam ou de Czeslaw Milosz, celle d'Hitler hante les mots de Celan. Le poete, en ce sens, est toujours l'auteur d'une "pensee captive".
7.L'auteur a, en fin de compte, ecrit un texte parfaitement politique, une sorte de manifeste malgre lui. Il a exprime une forme d'intransigeance, sincere et parfaitement honnete j'en conviens, a laquelle on ne devrait pas pouvoir repondre, sous peine d'etre taxe soit d'hypocrite soit de naif. Mais je ne suis ni l'un ni l'autre.
9. Les poetes qui aujourd'hui, a Cuba, en Chine ou en Iran, parmi d'autres pays, croupissent en prison pour avoir exprime des idees politiques dans leurs poemes ne trahissent pas l'identite propre de la poesie. Ils expriment au contraire la force universelle de son langage, du cote de la vie et contre la mort obstinement. Nous ne pouvons, en tant qu'hommes, et non en tant que citoyens, oublier leur sort, ni le sens de leur combat. Ces poetes, que je sache, ne pratiquent pas le trafic d'armes, ou, en tous cas, n'ont pas ete condamnes a une telle peine pour ce crime-la.
8. Notre colloque se tiendra au mois de Juillet, soit pendant le mois des moissons. Nous devrions ainsi etre proches d'elles, par les mots autant que par le regard.
Pierre Taminiaux

lundi 18 janvier 2010 15:34

re: Fwd: Re: Décade Cerisy

Mon insigne maladresse en matière d'électronique vient d'être terrassée par ma patience obstinée, et j'ai donc enfin pu écrire d'une seule coulée une réponse globale à votre réponse à mes réactions. Vous y pourrez comprendre mieux ce qui motive ces dernières, qui sont, non pas le fruit d'une spéculation idéologique, mais le résultat lentement macéré d'une cinquantaine d'années de refus et de désirs combinés, parfois se chahutant, et qui ne s'opposent à personne car, dans cela même dont je me méfie chez le primate bipède et bimane qu'est l'homme, ce charognard soudain transformé en prédateur, je n'oublie jamais de m'inclure. Heureusement que le vie est belle, sinon, quelle tristesse émanerait d'elle, mein Got, my Lord, Dio mio ! il nous reste cette ressource bien plaisante, celle que préconise Paillasse : ridere della sua avversita !
Gil Jouanard

 

mardi 19 janvier 2010 12:41

embirikos en catalan

Chers tous et toutes,
J'ai le grand plaisir de vous annoncer la parution de ma traduction en catalan du livre du poète surréaliste grec Andreas Embiricos Γραπτά ή προσωπική μυθολογία, avec le titre, en catalan, Escrits o Mitologia personal, chez Adesiara (Martorell, Barcelone).Voilà le site de la maison d'édition:
www.adesiaraeditorial.cat
Merci et à bientôt,
Helena Badell

 

dimanche 24 janvier 2010 21:40 semaine 04

Semaine 04

• 29 janvier : séminaire "Portraits surréalistes de Ramón Gómez de la Serna" (Laura Alcoba), présentation du recueil Recherches sur le surréalisme (Jelena Novaković)

• article et cours sur Dada

• article sur la littérature surréaliste

• Bruxelles surréaliste (appel à contribution)

[Recherches sur le surréalisme, rappel] 29 janvier 2010 à Paris

La prochaine séance du séminaire consacré au portrait surréaliste aura lieu le 29 janvier 2010, de 16 à 18 h :

Séance 5: Laura ALCOBA : « Les portraits surréalistes de Ramón Gómez de la Serna ». Salle 410 ou 430 Centre Censier, 4ème étage, 13 rue de Santeuil 75005. Paris.

La communication sera précédée, de 14h30 à 16h30 d’une séance sur le surréalisme serbe : le centre de recherche sur le surréalisme accueille Mme Jelena Novakovic (dans le cadre d’un accord entre le CNRS et le Ministère serbe de la Recherche) le 29 janvier 2010 de 14h30 à 16h30 avant le séminaire du Centre.

[cours en ligne] Le mouvement Dada

Un certain "Stabi02" vient sur son blog de mettre en ligne un deuxième cours de sociologie concernant le dadaïsme dispensé dans les années 70 par Jean-Michel Palmier.

« Le mouvement Dada - 2 / 7 -

23 janvier, 2010 par stabi02

Dada à Zurich : naissance du mouvement

La première publication qui mentionne le nom de Dada s'intitule Cabaret Voltaire et parait en mai 1916 à Zurich. Avec un dessin de Hans (Jean) Arp, le petit in-quarto se veut un « recueil littéraire et artistique ». Au sommaire figurent les noms de Guillaume Apollinaire, Hans Arp, Hugo Ball, Francesco Cangiullo, Blaise Cendrars, Emmy Hennings, Jakob van Haddis, Richard Huelsenbeck, Marcel Janco, Vassily Kandinsky, Filippo Tomaso Marinetti, Amedeo Modigliani, Max Oppenheimer, Pablo Picasso, Otto van Rees, Marcel Slodki, Tristan Tzara. Hugo Ball en est l'éditeur responsable et beaucoup de textes (dont ceux d'Apollinaire et de Cendrars) ont été publiés sans l'autorisation ou à l'insu de leurs auteurs.

Le poète expressionniste Hugo Ball semble avoir été le catalyseur de cette apparition. Ami de Klee et de Kandinsky, déserteur pacifiste, chrétien mystique, il a trouvé refuge à Zurich avec sa compagne Emmy Hennings et décidé le propriétaire d'une taverne populaire à y autoriser l'ouverture d'un cabaret littéraire où chanterait sa femme qu'il accompagnerait au piano. Les spectacles commenceront en général par un récital de poèmes (Apollinaire, Salmon, Laforgue, Rimbaud) et réuniront des personnalités de différentes nationalités. Il insiste sur le caractère “international” de l'entreprise. Dès le 2 février 1916, un communiqué de presse invite tous les jeunes artistes de Zurich à se joindre à cette ” jeune compagnie d'artistes et d'écrivains qui ont pour but de créer un centre de divertissements artistiques “. Il y a notamment Arp, Tzara, Marcel et Georges Janco. Le soir même, Tzara récite ses poèmes et les masques de Janco sont accrochés au mur, la décoration (plafond bleu, murs noirs) est de Arp.

On y lit chaque soir des poètes russes, français, suisses ou allemands tandis que des intermèdes musicaux ou des danses, souvent très étranges, ponctuent les lectures. Des hommages sont rendus aussi bien à Erich Mühsam, Else Lasker-Schüler, Jakob van Hoddis qu'à Franz Werfel ou Blaise Cendrars. En dépit des chahuts provoqués par ces spectacles, les autorités suisses se montrent tolérantes : il est vrai que dans la même rue, Spiegelgasse 1, habite aussi un autre réfugié russe, Vladimir Illich Oulianov, plus connu sous le nom de Lénine.

Phénomène aussi bien littéraire que plastique à sa naissance, Dada complète bien vite ses soirées mémorables par l'organisation d'une galerie de peinture, la galerie Dada . Peu importe si, comme le veut la légende, le nom de Dada fut effectivement trouvé au hasard, dans un dictionnaire ouvert à l'aide d'un coupe-papier. Les tendances artistiques exposées par Dada reflètent aussi le caractère hétéroclite des fondateurs du mouvement.

Si l'impulsion initiale est donnée par l'allemand Ball, idéaliste révolté, le succès de Dada est dû à l'ironie, l'ambition, l'humour noir du Roumain Tzara, aussi habile à organiser des scandales qu'à composer des manifestes. Et la turbulence du mouvement et ses manifestations (sonneries, tambours, coups frappés sur des caisses vides destinés à faire sortir le public de sa léthargie) n'auraient guère eu d'impact réel sans les toiles. Négateur, Dada n'en manifeste pas moins un intérêt pour l'art moderne puisqu'il ouvre une galerie, inaugurée en mars 1917 lorsque le cabaret Voltaire par suite des protestations des riverains dut fermer ses portes. Elle est située au 19 Bahnofstrasse à Zurich et dirigée par Tzara et Ball, elle reprend immédiatement l'exposition de la galerie expressionniste berlinoise Der Sturm. On y montrera par la suite les oeuvres de Kandinsky et de Paul Klee (mars 1917), de Giorgio De Chirico, intégré de force aux dadaïstes comme il devait l'être plus tard aux surréalistes. On y trouvera aussi en permanence les oeuvres de Hans Richter, Marcel Janco, Alexeï von Jalewsky, Hans Arp, Walter Helbig, Oskar Lüthy, Max Ernst et Oskar Kokoschka.

Les spectacles dadaïstes du cabaret Voltaire n'eurent qu'une vie très brève. Outre la récitation de poèmes dans différentes langues, ce sont des concerts de bruits, à la manière des futuristes italiens, souvent étroitement associés aux poèmes. Richard Huelsenbeck, le médecin dadaïste berlinois, excelle à énerver l'auditoire en récitant ses Phantastische Gebete (Prières fantastiques) tout en faisant siffler une cravache et en y associant des rythmes de musique nègre. Des masques africains décorent la salle, tandis qu' Emmy Hennings récite d'une voix fluette des chansons folkloriques ou grivoises.

La revue Dada compte aussi parmi les premières créations importantes du dadaïsme zurichois. Si la revue Cabaret Voltaire, animée par Hugo Ball, fut une entreprise communautaire, la revue Dada sera dirigée par Tzara qui, en qualité de poète, peut entrer en contact avec les cercles littéraires étrangers (ainsi en France André Breton, Louis Aragon, Paul Eluard, Philippe Soupault, Georges Ribemont-Dessaignes). C'est grâce à Tzara, selon le mot de Richter, que la revue Dada n'est pas restée ” une fleur alpestre isolée “. Cette revue, contrairement à la plupart des expressions des avants-gardes de l'époque, ne propose pas de programme et met au contraire un point d'honneur à n'en point posséder. Mais Tzara, plus qu'aucun autre, à travers des manifestes, parvient à traduire un certain esprit qui culmine dans ces phrases :

“Je détruis les tiroirs du cerveau, et ceux de l'organisation sociale : démoraliser partout et jeter la main du ciel en enfer, les yeux de l'enfer au ciel, rétablir la roue féconde d'un cirque universel dans les puissances réelles et la fantaisie de chaque individu “.

En même temps, il faut reconnaître la difficulté extrême à saisir, même rétrospectivement, l'esprit dada en termes politiques. Dada est contre tout. Il affirme, surtout à travers Tzara, sa négation de toutes les valeurs. Il s'intéresse plus à l'art moderne qu'à la politique et, dès Zurich, on discerne d'importants clivages entre les positions idéologiques des principaux dadaïstes. Ceux qui viennent d'Allemagne (Ball, Huelsenbeck, puis Franz Jung) sont des pacifistes souvent marqués par l'expressionnisme.. Ils ont hérité, Ball en particulier, son messianisme, son esprit humanitaire. Si d'importantes personnalités pacifistes, comme René Schickele et sa revue Die Weissen Blätter ou encore Yvan Goll, s'abritent aussi en Suisse, leurs rapports avec Dada sont souvent tendus car ils reprochent à Tzara de plaisanter sur la guerre, alors qu'il s'agit du massacre d'une génération . Par ses spectacles, ses manifestations, Dada se veut avant tout antibourgeois. Très rapidement ses spectacles tourneront à la provocation. Si Hugo Ball raille l'impérialisme allemand à travers les poupées d'Emmy Hennings, les manifestations dadaïstes zurichoises cherchent avant tout à agresser le spectateur. Elles visent à l'effondrement d'une culture déjà ébranlée. Sous prétexte de réciter des poèmes, les dadaïstes frappent sur des boîtes, déposent des bouquets de fleurs devant des mannequins, mettant les auditeurs en rage. Une voix sous un immense chapeau en forme de pain de sucre récite des poèmes d'Arp tandis que Tzara tape sur une grosse caisse. Huelsenbeck et Tzara miment des danses d'ours en poussant des gloussements. Les “poèmes statiques” sont composés de chaises sur lesquelles sont posées des pancartes portant chacune un mot et, à chaque baisser de rideau, on en intervertit l'ordre. Quant aux premiers ouvrages dada publiés à Zurich comme les Prières fantastiques de Huelsenbeck et La Première Aventure céleste de M. Antipyrine de Tzara, même décorés de bois gravés d'Arp ou de Janco, ils cherchent avant tout à choquer par leur délire typographique.

Anarchiste, Dada s'en prend avant tout à un certain confort intellectuel, aux idées reçues. Il veut abolir toute logique, détruire toute apparence d'ordre par sa passion du non-sens et de la négation. Mais les dadaïstes zurichois, contrairement à ceux de Berlin, s'intéressent peu à la politique. Hostiles à la guerre, ils ne prennent aucune position politique précise. Ils ignorent la présence en Suisse des révolutionnaires exilés de Russie. Et même les dadaïstes allemands ne s'exprimeront aucunement sur le refus de Liebknecht de voter les crédits de guerre. S'ils saluent la révolution russe, c'est parce qu'ils y voient l'unique moyen de mettre un terme à la guerre. Les publications de Dada ne s'étendront guère sur les événements mondiaux ou la chute de l'empire allemand. Et sur ce point, le contraste avec le mouvement berlinois est immense. Le numéro 3 de Dada affirme encore la suprématie de Tzara sur le groupe zurichois et frappe aussi par son excentricité typographique. Tzara publie ses Vingt-cinq poèmes (écrits entre 1915 et 1918) et les bois de Hans Arp sont d'une réelle beauté. L'événement marquant, c'est l'arrivée à Zurich en janvier 1919 de Francis Picabia qui représente non seulement la peinture d'avant-garde, mais aussi l'effervescence new yorkaise. De plus, il est l'ami d'Apollinaire et d'Arthur Cravan. Il a déjà publié la revue 391, et l'humour dévastateur, la révolte qu'il partage avec son ami Marcel Duchamp ne peuvent que le rapprocher de Dada. Un nouveau numéro de 391 sera publié à Zurich. Toutefois, le sommet de l'activité zurichoise sera la publication de l'Anthologie dada en mai 1919 où l'on reconnaît les influences de Tzara et de Picabia. Les bois peints d'Arp prennent les formes les plus extravagantes, contrastant avec les roues dentées de Picabia. Dada n'est plus seulement le cri de révolte d'une poignée de jeunes poètes exilés en Suisse par l'absurdité de la guerre. Il est prêt à partir à l'assaut du monde entier, à y étendre son humour dévastateur et son culte du non-sens. Déjà on annonce le ralliement de Charlie Chaplin au mouvement dada. D'autres noms s'y ajoutent : ceux de Ribemont-Dessaignes, Cocteau, Gabrielle Buffet, Raymond Radiguet, Soupault, Breton, Aragon mais aussi de Walter Serner, Christian Schad, Ferdinand Hardekopf, Huelsennbeck, Hausmann et Richter. Une brève Association des écrivains et artistes révolutionnaires (A.E.A.R.) se constituera encore à Zurich, à laquelle adhéreront certains peintres proches de Dada. Déjà l'incendie se propage et Dada, de capitale en capitale, va y prendre de nouveaux visages.

Ce déferlement de la vague dadaïste, est-ce l'éclatement d'un mouvement ou la constitution d'une “Internationale” ?

Il y a peu de capitales européennes, peu de grandes métropoles artistiques qui n'aient été marquées par le dadaïsme. Nous nous limiterons ici à l'évocation de quelques étapes du dadaïsme, là où il fut artistiquement le plus actif.

Jean-Michel PALMIER »

Source : http://stabi02.unblog.fr/

 [L'Art expliqué au grand public] Dada

Un article sur le site de la Tribune de Genève pour "expliquer" l'art à tous. Dès le premier paragraphe, au moins trois erreurs ou inexactitudes :

- "La ville de Zurich vit naître le Mouvement Dada le 8 février 1916". [Le « Mouvement Dada » et même le terme apparaissent plus tard. Et sur la date du 8 février...]

- "Les fondateurs du mouvement choisirent ce nom par hasard, en ouvrant le dictionnaire Larousse". [La légende devient affirmation… et quant à un dictionnaire précisément Larousse…]

Article intéressant à la rigueur pour savoir comment se construit l’histoire littéraire et artistique, et donc de l'importance d'être exigeant quand on souhaite "populariser".

A lire ou pas sur : http://lartpourtous.blog.tdg.ch/archive/2010/01/22/dada-la-rebelion-artistique.html

 [Article sur le surréalisme] La littérature surréaliste

Encore à propos de Larousse, le dictionnaire en ligne vient de publier l'article « la littérature surréaliste ».

A lire sur http://www.larousse.com/encyclopedie/ehm/litt%C3%A9rature_surr%C3%A9aliste/181569

[Chronique de publication] Gertrude Stein, Bugiste

Lorsqu'on pense à Gertrude Stein et à la France, on pense d'abord à Paris, et notamment au studio du 27, rue de Fleurus, adresse mythique de l'histoire de l'avant-garde, où l'on pouvait admirer entre autres, en 1910, la Femme au chapeau de Matisse, le Portrait de Mme Cézanne à l'éventail de Cézanne, le Garçon conduisant un cheval de Picasso – sans parler de l'extraordinaire Portrait de Gertrude Stein du même Picasso. Mais Gertrude Stein et la France, ce n'était pas seulement Paris : cela a été aussi et surtout le Bugey, cette petite région située entre la Bresse et la Savoie (dont elle fit autrefois partie), et où Stein et sa compagne Alice Toklas ont fait des séjours annuels, de plus en plus longs, à partir du milieu des années vingt, et où elles ont notamment passé toute la durée de l'Occupation.

C'est en août 1924, alors qu'elles se rendaient en voiture à Antibes pour aller rendre visite à Picasso, que Stein et Toklas ont découvert Belley, attirées dans la ville natale de Brillat-Savarin par la réputation de l'hôtel Pernollet, alors l'une des grandes tables de la région. Renonçant à la Côte d'Azur, elles restent à Belley près de deux mois, et y reviennent pour plus longtemps encore cinq années de suite. En mai 1929, elles sous-louent un joli manoir XVIIè siècle, avec une belle terrasse d'où l'on domine une paisible vallée, à Billignin, hameau de Belley. C'est à Billignin qu'elles vont passer environ six mois par an jusqu'à ce que les propriétaires du manoir, qui souhaitent le récupérer, les en délogent en février 1943. Elles s'installent alors une vingtaine de kilomètres plus loin, à Culoz, dans une autre confortable résidence, qu'elles quitteront au début décembre 1944, non sans y avoir accueilli, avec l'émotion qu'on devine, les premières troupes américaines. Stein et Toklas aimaient recevoir : la liste des visiteurs qui sont passés par Billignin entre 1925 et 1943 est impressionnante. Outre Picasso et sa famille, elle inclut amis français – au premier rang desquels Bernard Faÿ, traducteur et confident de Stein (à qui Antoine Compagnon vient de consacrer une biographie), mais aussi le poète Georges Hugnet, avec qui elles se brouilleront vite –, amis américains – Nathalie Barney, Romaine Brooks, Thornton Wilder, Carl Van Vechten, Paul Bowles, William Seabrook, Charles Henri Ford, W.G. Rogers, surnommé “the Kiddie” (rencontré par hasard dans le sud de la France durant la Première Guerre mondiale, alors qu'il servait dans l'armée américaine) –, artistes – Francis Picabia, Pavel Tchelitchew, Francis Rose, Eugène Berman, le sculpteur Jo Davidson, le chorégraphe Frederick Ashton (collaborateur de Stein et de Virgil Thomson pour Four Saints in Three Acts) –, musiciens – Aaron Copland, Lord Berners –, photographes – Cecil Beaton, George Platt Lynes –, éditeurs ou futurs éditeurs – Bennett Cerf, le jeune James Laughlin (amené par Faÿ) –, voire personnalités inattendues du monde de la presse et de la politique comme Henry Luce et sa femme Clare Booth. Mais Billignin est aussi un lieu de travail : tandis qu'Alice Toklas entretient le potager et fait des confitures (son fameux Livre de cuisine, publié en 1954, a été largement inspiré par ses séjours à Belley), Gertrude écrit. C'est notamment dans le Bugey que sont rédigés, entre autres, L'Autobiographie d'Alice B. Toklas (à l'automne 1932), les conférences que Stein donnera en Amérique lors de sa tournée triomphale en 1934-1935, et Les Guerres que j'ai vues, sa dernière autobiographie.

Titre du livre : Gertrude Stein, le Bugey, la guerre: d'août 1924 à décembre 1944

Auteur : Dominique Saint-Pierre

Éditeur : Musnier-Gilbert

Date de publication : 01/02/09

N° ISBN : 978-2-35411-013-0

Source : http://www.nonfiction.fr/article-3056-gertrude_stein_bugiste.htm

 [Appel à contribution] Bruxelles surréaliste. Topographies d'une cité

[Je profite de cet appel à contribution, trouvé sur le net lui encore, pour inciter les abonnés de Mélusine à nous faire part des événements, rencontres, etc. qu’ils organisent. Cela dans le seul but de leur offrir une plus large audience, et qui plus est une audience intéressée par ce sujet…]

Présentation par l'organisateur :

Malgré ses dimensions interculturelles - seconde métropole francophone du continent, intersection de deux espaces linguistiques et culturels et centre nominal de l'Europe –Bruxelles n'est guère pris en considération par les chercheurs. Étant donné qu'une tendance fondamentale au surréel est inhérente à la ville de Bruxelles et, somme toute, à l'ensemble de la littérature belge d'expression française, ce groupe de travail interdisciplinaire traite des multiples manifestations du surréalisme dans la Belgique du XXe siècle.

Après le symbolisme belge (Maeterlinck, Ensor) qui, déjà, présente des caractéristiques surréalistes et continuera d'agir comme catalyseur, c'est en 1927 que, avec la fondation d'un belges (Paul Nougé, René Magritte, Louis Scutenaire et bien d´autres), s'amorce un développement tout à fait inédit ("aventure demeurée sans pareil", Marc Quaghebeur), qui se poursuit aujourd'hui encore. De surcroît, dans les années trente et quarante, l'Ecole belge de l'Etrange (avec des auteurs comme Jean Ray, Michel de Ghelderode et Thomas Owen), apporte une contribution spécifiquement belge à la littérature fantastique. Un exemple particulièrement remarquable nous est offert par la bande dessinée Les Cités obscures de Schuiten/Peeters, laquelle, avec ses ambitions de théorie architecturale, dessine dans l'album Brusel (1992) une cité postmoderne, étrangère à la réalité.

Bruxelles reste le point de repère géographique qui connaît une thématisation et des transformations incessantes aussi bien dans la littérature que dans les arts : c'est là que culmine la constante surréaliste, qu'une métropole se change en cosmos surréaliste. Le but du groupe sera de cartographier cette Bruxelles surréaliste, et en même temps d'en faire le relevé topographique.

Quelques propositions pour interventions :

- thématisation et présentation littéraire de la métropole Bruxelles

- éléments surréels dans la topographie réelle de Bruxelles

- comparaison des métropoles Bruxelles et Paris

- discours architectural et urbanistique

- Bruxelles en tant qu'espace utopique

- Bruxelles en tant qu'espace fantastique

- Bruxelles en tant que lieu de mémoire surréaliste

- Bruxelles et la bande dessinée

Source : http://crevilles.org/mambo/index.php?option=com_content&task=view&id=3955&Itemid=114

 [Communication passée] Journée d'étude sur Le corps amoureux

Bruno TRENTINI (Paris I) a réalisé une communication sur « Le transfert sensitif chez Hans Bellmer : la singularité du corps amoureux »

Source : http://calenda.revues.org/nouvelle15494.html

Radovan Ivsic, poète et dramaturge croate

Le poète et dramaturge croate Radovan Ivsic est mort à Paris, vendredi 8 janvier, à l'âge de 89 ans. Né en 1921 à Zagreb, il avait eu à subir successivement la censure des régimes fasciste, durant l'occupation allemande, puis communiste, sous Tito. Homme de grande culture et polyglotte, il vivait alors de traductions d'auteurs français. De 1941 à 1956, il écrit surtout pour le théâtre. Sa pièce la plus connue, Le Roi Gordogane (1943), est saluée par André Breton. C'est Breton, d'ailleurs, et Benjamin Péret qui l'accueillent, en 1954, à Paris, où il résidera désormais, participant à toutes les manifestations surréalistes, notamment avec les peintres. A partir de ce moment, il n'écrit plus qu'en français. Après la mort d'André Breton, en 1966, il poursuivra, notamment avec l'écrivain et critique Annie Le Brun, sa compagne, et avec l'artiste Toyen, ses activités, "loin du bruit qui se fait aujourd'hui autour des plus diverses exploitations du surréalisme".

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Sur le même sujet

Au printemps 1966, il publie, avec une série de douze dessins à l'encre de Chine de Toyen, une suite de proses amoureuses, Le Puits dans la tour - Débris de rêve.

Ces pages magnifiques et brûlantes figurent dans le volume anthologique Poèmes, paru chez Gallimard, en 2004. La fidélité à l'esprit surréaliste s'accompagne chez Radovan Ivsic d'une maîtrise incontestable que ne contredisent pas la simplicité et la limpidité mystérieuse de la langue poétique. Dans ce volume riche et varié, on trouve aussi, sous le titre : La Traversée des Alpes, de beaux et pertinents aphorismes datant de 1972, à la gloire de tous les départs.

Patrick Kéchichian

Source : http://www.lemonde.fr/carnet/article/2010/01/20/radovan-ivsic-poete-et-dramaturge-croate_1294324_3382.html

Eddie Breuil

mardi 26 janvier 2010 16:19 Séminaire- Précisons

Chers Mélusins, Chères Mélusines,

Pour éviter tout risque de confusion, je rappelle que la prochaine séance de notre séminaire aura bien lieu le Vendredi 29 janvier au Centre Censier, salle 410.

De 14h30 à 16h30 : Jelena Novakovic présentera son ouvrage « Recherches sur le surréalisme » qui traite, d’un même souffle, du surréalisme en France et en Yougoslavie (avec projections)

De 17h à 19h : Laura Alcoba abordera : « Les portraits surréalistes de Ramón Gómez de la Serna ».

dimanche 31 janvier 2010 14:03 semaine 05

Semaine 05 L’actualité est dense et plutôt internationale cette semaine.

En pièces jointes vous trouverez :
- l'annonce de la publication Le merveilleux dans la prose surréaliste, par Tania Collani
- l'annonce du colloque Pablo Picasso

Publications :

- Le merveilleux dans la prose surréaliste, par Tania Collani

- Surrealism : Genesis of a revolution

- Le surréalisme (éditions Place des Victoires)

- Der Surrealismus in der Mediengesellchaft – zwischen Kunst und Kommerz

- Les derniers chants d’automne, par Ruy Câmara

- Biographie de Nusch Eluard

- articles sur Dada par JM Palmier

- articles sur André Breton par Jacqueline Chénieux-Gendron

Expositions :

- "Les traits modernes" (BM de Lyon, sur Matisse, Picasso, Miró, Brauner)

- Van Doesburg and the International Avant-Garde (Londres)

- Fourier, ses illuminations, ses disciples

- La photographie n’est pas l'art, collection Sylvio Perlstein

divers :

- appel à contribution : Querying Surrealism / Queering Surrealism, “Surrealism Laid Bare

- don à Cuba d’Oeuvres d’art

- Billet sur André Breton, Léon Trotsky et l'art révolutionnaire indépendant

- …

[Publication] Le Merveilleux dans la prose surréaliste européenne Tania Collani

ISBN : 9782705669539 date de parution : 20 janvier 2010 Le merveilleux dans la prose surréaliste européenne par Tania Collani (docteur en littératures européennes de l'université de Bologne, et enseigne la littérature comparée à l’université de Haute-Alsace).

Collection : Savoir Lettres ISBN : 978 27056 6953 9 512 pages – 14 x 21 cm – 39 ¤ Genre : Essai littéraire

[Publication] Surrealism: Genesis Of A Revolution

Surrealism: Genesis Of A Revolution by Nathalia Brodskaia and Brodska Synopsis

The Dada movement and then the Surrealists appeared in the First World War aftermath with a bang: revolution of thought, creativity, and the wish to break away from the past and all that was left in ruins. This refusal to integrate into the Bourgeois society lead Georg Grosz to remark of Dada, "it's the end of-isms." Breton asserted that Dada does not produce perspective, "a machine which functions full steam, but where it remains to be seen how it can feed itself." Surrealism emerged amidst such feeling. These artists often changed from one movement to another. They were united by their superior intellectualism and the common goal to break from the norm. Describing Dada with its dynamic free-thinkers, and the Surrealists with their aversive resistance to the system, the author brings a new approach which strives to be relative and truthful. Provocation and cultural revolution: Dada and the Surrealists, aren't they above all just a direct product of creative individualism in this unsettled period?

ISBN: 9781859950180

Publication Date: 2010-01-01

Series: Temporis Collection

Publisher: Sirrocco - Parkstone Internati

Pages: 256

Weight: 788g

Information communiquée par Anne Sanouillet

[Publication] Le surréalisme, éditions Place des Victoires

195mm x 240mm, 28mm dos 320 pages, 1220g ISBN: 9782809900804

300 illustrations

Né après la Première Guerre mondiale, mouvement tout d'abord littéraire, le Surréalisme dérive directement du Dadaïsme, opposé aux conventions sociales et morales de la bourgeoisie. Influencés par les conceptions freudienne et jungienne de l'inconscient, les artistes s'attachent à exprimer tout ce qui est du ressort du rêve, du pulsionnel, de l'instinct, du désir, et prônent la révolte et la liberté. Puis le surréalisme gagne rapidement les arts plastiques, la photographie et le cinéma.

Leurs moyens d'expression sont l'écriture automatique, les « cadavres exquis », les jeux verbaux, les associations, le dessin spontané, le frottage et le collage ou encore le décalage entre le titre de l'oeuvre et son contenu, la juxtaposition d'images ou d'objets incongrus. André Breton, dans son premier Manifeste du Surréalisme, définit ce mouvement comme un « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée... »

Ce volume de la collection Le Génie de l'art nous entraîne dans le monde de l'imaginaire et de l'irrationnel, sur les pas, de Max Ernst, Man Ray, Hans Arp, Giorgio de Chirico, Magritte, Miro, Salvador Dali pour les plus connus et dont l'influence se ressent encore dans certaines oeuvres contemporaines.

http://www.editions-menges.com/art/le-surrealisme/

[Publication] "Der Surrealismus in der Mediengesellschaft - zwischen Kunst und Kommerz"

 "Der Surrealismus in der Mediengesellschaft - zwischen Kunst und Kommerz" (ed. Nanette Rissler-Pipka, Michael Lommel, Justyna Cempel) Bielefeld: transcript, 2010

Même si le surréalisme semble relégué au musée, son effet médial sur les masses ne fait que croître. Au lieu de susciter la révolution, le surréalisme est devenu une marque commerciale pour les uns et un mythe pour les autres. Mais le surréalisme a toujours la force créatrice d'inspirer les artistes et les théoriciens des médias d'aujourd'hui ainsi que les agences de publicité. Pour répondre à la question si le surréalisme existe aujourd'hui ou pas, il est nécessaire de distinguer entre la marque commerciale et la méthode artistique qui peut bien être appliquée aujourd'hui comme dans les années 1920-1940. Les articles composant ce livre analysent des exemples des époques différentes et moins connus: du surréalisme portugais (Almada Negreiros, António Pedro), du surréalisme mexicain (Roberto Bolano, Carlos Fuentes) et du surréalisme tchèque (Jan Svankmajer). Et aussi les actualisations du surréalisme dans les vidéo-clip modernes (Chris Cunnuingham, Madonna), les beaux-arts et le cinéma (Ozon, Gondry).

http://www.transcript-verlag.de/ts1238/ts1238.php

Information transmise par Henri Béhar

[Publication] Les derniers chants d’automne, Ruy Câmara

Le roman LES DERNIERS CHANTS D'AUTOMNE, La Vie Mystérieuse et Sombre du Comte de Lautréamont a été publié en français aux Etats-Unis et est maintenant disponible dans le format, broché, Kindle et livres électroniques.

Prix :Premier Finaliste du Prix Jabuti 2004

Prix de l’Académie Brésilienne des Lettres 2004

Prix de Translation l'Association des écrivains de Bucarest, 2009

Par L'auteur

La genèse de cette ½uvre se confond avec une décision qui a radicalement changé ma vie. En 1991, je survivais à une tragédie qui a profondément bouleversé ma famille et je n'avais pas la force de doter ma vie d'une quelconque signification. Malgré la douleur et le manque absolu, la fascination littéraire m'apparaissait réelle et j'ai imaginé que je pourrais faire de la littérature le refuge de ma fuite mais également un projet réel de vie. Le problème était de savoir comment j'allais subvenir aux besoins de mes enfants en écrivant des livres.

En 1992, j'ai réuni ma famille pour lui annoncer que j'allais me dédier exclusivement à l'office littéraire. J'ai transformé ma maison en bibliothèque et, pendant 11 ans, je suis resté là, lisant et écrivant pour contenter mon esprit. En 1996, un ami m'a envoyé un livre terrible accompagné d'un billet dans lequel il disait : j'ai commis un délit dans la bibliothèque d'un ami afin de partager avec toi le banquet littéraire du Comte de Lautréamont.

La lecture de cette ½uvre éveilla ma curiosité et l'envie d'en savoir plus sur la vie de cet auteur. L'aventure qui commença à Montevideo me poussa à faire des recherches en France, en Espagne, au Portugal, en Belgique et en Uruguay. Lorsque je me suis assis pour écrire le roman, j'ai ressenti dans ma propre chair une souffrance quasi expiatoire. De fait, je cherchais un être comme Lautréamont, acculé dans son propre dilemme, sans espace pour s'exprimer et sans le recours qui se cherche dans les hauteurs. Peut-être étais-je à la recherche de mon “moi essentiel” ou de quelque chose qui gît au fond de tout grand écrivain.

Les derniers chants d'automne est la fin d'un parcours réalisé, un parcours que jamais je n'oserai recommencer. Au début, je pensais avoir le matériel suffisant pour écrire une fidèle biographie, mais j'ai vite découvert le contraire. Après trois ans de recherches, j'ai avorté le projet, supposant que je me trouvais face à une énigme indéchiffrable. À ce moment précis, je me suis vu pris dans un piège réel. J'avais déjà consommé une bonne partie de mes finances et je n'arrivais à entrevoir aucune solution. Ce n'est que plus tard, quand de nouvelles découvertes me placèrent sur la piste de Lautréamont que je perçu que, lorsque l'art doit triompher de la rationalité sèche et objective exigée par une action donnée, ma conscience s'échappait, s'en allant vers l'anti-chambre de la raison, et je me voyais à nouveau déambuler à Paris, Pau, Tarbes, Bruxelles ou Montevideo, parfois devant une tombe, parfois cloîtré dans ces décors taciturnes, entouré de pensées et d'afflictions, comme si je faisais vraiment partie de tout cet imaginaire que je recréais. Des jours voire des semaines sur une page qui ne se résolvait pas. J'ai passé plus de deux ans à structurer l'½uvre, craignant d'attenter à la volonté douloureuse et dégradée du personnage.

Je me souviens d'un épisode survenu à Paris qui me fit revivre les moments qui précédèrent le suicide de Lautréamont. C'était l'aube. Éclairs, tonnerre; il ventait et pleuvait intensément. J'était complètement épuisé pour écrire l'épilogue lorsque j'ai eu l'étrange sensation que le génie de Lautréamont transitait librement dans les zones d'intransitivité de mes sens. Ce qu'il se passa alors semble surréel dans les paramètres de la raison absolue mais, dans les paramètres de l'art, tout est possible. Et, dans cette nuit automnale, j'ai finalement réussi à conduire le personnage à son calvaire et j'ai terminé le livre.

J'ai réinventé Lautréamont comme si je cherchais à faire une synthèse de la compréhension pour justifier la plus grande stupidité humaine : le suicide. Aujourd'hui, après les 18 ans écoulés depuis ma décision, j'offre cette ½uvre au lecteur, en supposant que j'ai quelque chose à dire à celui qui un jour s'est vu lui aussi opprimé par les attentes, par la famille, par la société ou par l'État, et je le fais dans l'espoir qu'il comprenne ce personnage réel, qui s'est éteint à l'âge de 24 ans en croyant que l'art peut durer toujours plus que la vie. C'est si vrai que c'est dans la mort, prix maximum qui justifie son existence, que Lautréamont, fils bâtard d'une France catholique et positiviste, mère de Baudelaire et de Rimbaud, a fixé la marque de sa rébellion supra réaliste qui nous inspire et nous apprend autant.

ISBN 1-4392-6424-4 EAN 978-1-4392-6424-9 http://www.amazon.com/s/ref=nb_ss?url=search-alias%3Dstripbooks&field-keywords=Ruy+C%E2mara&x=19&y=17

http://www.ruycamara.com.br

 [Téléchargement numérique] Biographie de Nusch Eluard

Nusch, portrait d'une muse du Surréalisme Auteur : Chantal Vieuille Format : 18 x 24 cm 128 pages avec 50 photographies en N/B de Man Ray, Brassaï, Dora Maar, Lee Miller, Roland Penrose Prix : 40 euros. Offre de lancement : 35 euros pour 1 ex. / 30 euros à partir de 5 ex. ARTELITTERA 12 Bld de Port Royal 75005 PARIS FRANCE Mobile : 06 17 22 09 95 http://www.artelittera.com

[Articles] Dada par JM Palmier

Stabi02 continue la mise en ligne des cours de JM Palmier au sujet de Dada. 4 nouveaux articles cette semaine (ce qui fait au total 6 sur 7) :

- Dada à Berlin : Richard Huelsenbeck, Raoul Hausmann, George Grosz, Wieland Herzfelde, John Hartfield, Walter Mehring, Johannes Baader (http://stabi02.unblog.fr/2010/01/24/le-mouvement-dada-3-7/)

- Dada à Hanovre : Kurt Schwitters (http://stabi02.unblog.fr/2010/01/25/le-mouvement-dada-4-7/)

- Dada à Cologne : Max Ernst et Johannes Theodor Baargeld (http://stabi02.unblog.fr/2010/01/30/le-mouvement-dada-5-7/)
- Dada à Paris : Arthur Cravan, Philippe Soupault, Louis Aragon, Georges Ribemont-Dessaignes, Francis Picabia, Tristan Tzara, Paul Eluard, André Breton. (http://stabi02.unblog.fr/2010/01/30/le-mouvement-dada-6-7/)

[Articles] au sujet d’André Breton

Nous vous informons avec un peu de retard de la parution de deux articles au sujet d’André Breton.

Jacqueline Chénieux-Gendron, "André Breton : l'enjeu de l'esthétique", Critique, n° 749, octobre 2009, p. 872-887.

Jacqueline Chénieux-Gendron, "C'est la réalité même qui est en jeu, André Breton et le doute", Rivista di Letterature moderne e comparate, vol LXII, fasc. 2, 2009, p. 181-205.

[Exposition] "Les traits modernes" à la Bibliothèque de Lyon

Du mercredi 3 février au vendredi 30 avril 2010

Avec plus de neuf millions d’oeuvres, la Bibliothèque nationale de France a la plus importante collection d’estampes et de photographies au monde.

La Bibliothèque municipale de Lyon expose une sélection d’estampes modernes choisies dans les collections de la Bibliothèque nationale de France, mais aussi du Département des Estampes et de la photographie.

À Lyon, la collection d’estampes est très riche, avec cent mille estampes anciennes (du XVIe au XVIIIe siècle) et plus de cinq cents estampes contemporaines.

Le choix, volontairement restreint à quatre artistes, permet d’observer les deux sillons qui fondèrent un art définitivement renouvelé : la veine surréaliste, avec Joan Miró et Victor Brauner, et la voie de la déconstruction plastique que se partagent Matisse et Picasso.

Les quatre artistes

 Pablo Picasso (1881 - 1973)

 Henri Matisse (1869 - 1954)

 Joan Miró (1893 - 1983)

 Victor Brauner (1903 - 1966)

L'exposition rend compte de cet appétit pour la gravure ; elle montre que ce métier a permis aux artistes de mener une oeuvre parallèlement à leur peinture. Ils firent de l'estampe un domaine d'étude, un lieu d'impulsion créatrice, et parfois une réponse à leurs recherches picturales.

http://www.culture.lyon.fr/culture/sections/fr/musees__expositions/actualites/expo_les_traits_modernes_a_la_bib

Mardi 2 février à 18h30

Vernissage de l'exposition en présence de Georges Képénékian, Adjoint au Maire de Lyon, délégué à la Culture, au Patrimoine et aux Droits des citoyens

Mercredi 10 février à 15h, samedi 6 mars à 15h, vendredi 19 mars à 18h30 et samedi 3 avril à 15h

Visites commentées par Françoise Lonardoni, commissaire de l'exposition.

http://www.lectura.fr/fr/actualites/fiche.cfm?mois=1&annee=2010&idac=1261

[Exposition] dès 4 février Van Doesburg and the International Avant-Garde

Tate Modern 4 February – 16 May 2010

Tate Modern presents the first major exhibition in the UK devoted to the Dutch artist and pivotal figure of the European avant-garde, Theo van Doesburg (1883-1931). This is a unique and exciting chance for van Doesburg's work to be seen for the first time in the UK. This follows in the footsteps of a series of exhibitions looking at different aspects of Modernism, conceived by Vicente Todolí, Director of Tate Modern.

Van Doesburg, who worked in disciplines within art, design and text, founded the far-reaching movement and magazine De Stijl. This artistic movement of painters, architects and designers sought to build a new society in the aftermath of World War I, advocating an international style of art and design based on a strict geometry of horizontals and verticals.

Van Doesburg travelled extensively in Europe in the 1920s making connections and collaborating with avant-garde contemporaries of the time. This exhibition explores Doesburg's role as promoter of Dutch Neoplasticism, his Dada personality, his efforts to influence the Bauhaus, his links with international Constructivists, and his creation of the group Art Concret.

Including over 350 works (many unseen in the UK before) by key artists as Jean Arp, Constantin Brancusi, László Moholy-Nagy, Piet Mondrian, Francis Picabia, Gerrit Rietveld, Kurt Schwitters and Sophie Taeuber, the exhibition features van Doesburg's rarely-seen Counter-Composition paintings and designs for the Café Aubette in Stasbourg, furniture such as Rietveld's iconic Red-Blue chair, as well as typography, magazines, stained glass, film, music, sculpture and more.

http://www.tate.org.uk/modern/exhibitions/vandoesburg/default.shtm

Information communiquée par Marc Dachy

[Exposition] Fourier, ses illuminations, ses disciples

Montrer une exposition dédiée à Fourier, encore une utopie ? Le musée de Besançon relève le défi en deux temps. D'abord un parcours historique présentant les figures de Fourier et de ses premiers disciples, et quelques tentatives d'appliquer ses idées : plans du phalanstère, écrits théoriques, gravures illustrant sa conviction que la femme constitue "la clé du progrès social et du développement économique". Idée aussi étrange, pour nos aïeux, que l'apparition d'un cinquième membre.

La seconde partie est un jeu de piste dans les collections du musée. Elle s'appuie sur des traces de l'exposition organisée en 1965 par André Breton, mais aussi sur des artistes contemporains, ralliés à la bannière fouriériste. Architectures imaginaires d'Alain Bublex ou de l'atelier Van Lieshout, partie de chat perché entre ouvriers immortalisée par Alain Bernardini, et une salle particulièrement torride où est évoqué Le Nouveau Monde amoureux cher à l'écrivain, avec des oeuvres de Vanessa Beecroft, Mario Merz, Peter Saul ou Svetlana Heger.

Le parcours évoque aussi l'érection d'une statue de Fourier à Paris, son déboulonnage par les nazis, son remplacement éphémère en Mai 68, et le projet de Liam Gillick, initié par la Mairie de Paris, de lui dédier enfin un monument.

Pendant ce temps-là, l'Ecole des beaux-arts présente une exposition intitulée "Copacabana n'existe pas". Avec ce sous-titre malicieux "De l'existence de la métropole Rhin-Rhône".

"Charles Fourier, l'écart absolu"

Musée des beaux-arts et d'archéologie, 1, place de la Révolution, Besançon. Tél. : 03-81-87-80-49. Tous les jours sauf mardi, jusqu'au 26 avril. (Site Internet : musee-arts-besancon.org). Ecole régionale des beaux-arts, 12, rue Denis-Papin, Besançon.

Sur Internet : erba.besancon.com

Ha. B

Article paru dans l'édition du Monde du 31.01.10

http://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/30/fourier-ses-illuminations-ses-disciples_1298990_3246.html

[Exposition] La Photographie n’est pas l’art. Collection Sylvio Perlstein

05 fév.-25 avril 2010

Vernissage le 04 fév. 2010

Strasbourg. Musée d'Art moderne et contemporain

Partageant sa vie et ses activités professionnelles entre la Belgique et le Brésil, Sylvio Perlstein, au fil de quarante années de voyages, de rencontres et d'amitiés tissées avec les artistes, a réuni près d'un millier d'oeuvres d'art moderne et contemporain. Il dévoile ici une partie de sa collection photographique regroupant certaines des images les plus emblématiques de l'histoire de ce médium.

Man Ray, Vik Muniz, Adriana Varejão, Philippe Ramette, René Magritte, Michelangelo Pistoletto, Bruce Nauman, Hans Bellmer, Claude Cahun,...

La Photographie n'est pas l'art. Collection Sylvio Perlstein

Les photographes des années 1920 et 1930 dominent l'ensemble de la présentation, à l'instar de Man Ray –auquel le titre de l'exposition rend d'ailleurs hommage en reprenant l'intitulé de son recueil "La Photographie n'est pas l'art" édité en 1937– qui a accompagné le collectionneur dans sa quête de l'insolite, du fantasmagorique, du déconcertant.

Des tirages de la Poupée de Hans Bellmer en passant par les autoportraits travestis de Claude Cahun, l'exposition révèle quelques unes des plus belles photographies du surréalisme tout en s'intéressant aux développements contemporains que le mouvement a pu prendre avec notamment les oeuvres de Vik Muniz, Adriana Varejão ou Philippe Ramette.

Le parcours de l'exposition est également ponctué d'oeuvres non-photographiques de Magritte, Pistoletto ou Bruce Nauman entre autres.

Cette exposition reflète le regard personnel de Sylvio Perlstein sur la photographie et affiche une ligne directrice pouvant être conçue comme un angle de lecture particulier de l'histoire de la photographie: celle d'une prédilection pour la création photographique présentant les caractéristiques de cette "inquiétante étrangeté", chère aux surréalistes, mais aussi nettement perceptible dans l'ensemble de sa collection, toutes périodes confondues.

Fondée de manière "intuitive et passionnée", cette collection ne présente point de portraits ou de nus classiques mais toujours une quête de l'expérimentation technique (rayogrammes, surimpressions, photomontages, …) de la marginalité esthétique et iconographique: l'objectif fragmente, déconstruit, poétise ou érotise le corps humain; le visage se change en masque ; les objets deviennent fétiches; les espaces se muent autant en passages qu'en frontières.

Les commissaires de l'exposition, Régis Durand et David Rosenberg, ont choisi de regrouper les oeuvres de la collection en six sections "Corps", "Objets", "Masques et visages", "Espaces", "Scènes" et "Mots" invitant ainsi à la création de relations originales entre des périodes et des artistes différents.

Si le surréalisme en tant que mouvement historique est représenté par de nombreuses photographies dans la collection Perlstein, la surréalité et le fantasmagorique émanent de nombre d'images exposées. Le "beau bizarre" ou selon la terminologie de Sylvio Perlstein, l'esquisito, peut représenter une piste de lecture opportune de la photographie des XXe et XXIe siècles.

L'exposition a d'abord été présentée à Bruxelles au Musée des Beaux-Arts d'Ixelles dans le cadre d'une coproduction avec les Musées de la Ville de Strasbourg (MAMCS).

http://www.paris-art.com/agenda-culturel-paris/La%20Photographie%20n%E2%80%99est%20pas%20l%E2%80%99art.%20Collection%20Sylvio%20Perlstein/Cahun-Claude/10049.html

Voici une autre chronique de l’exposition (communiquée par Henri Béhar) :

« Fasciné de longue date par le surréalisme, le collectionneur belgo-brésilien Sylvio Perlstein a réuni une collection exceptionnelle fortement axée autour de ce mouvement. La photographie y tient une place de première importance et Man Ray, que Sylvio Perlstein a connu et dont il possède des tirages d'époque parmi les plus célèbres (entre autres chefs d'½uvre, le Violon d'Ingres, l'Érotique Voilée ou encore La Prière), apparaît comme le c½ur de cette collection très personnelle.

Man Ray est, en effet, l'artiste autour duquel la collection se constitue, donnant à Sylvio Perlstein le goût de réunir les artistes phares des premières heures du surréalisme. Ainsi, les années 1920 et 1930 sont-elles remarquablement représentées par les artistes et les ½uvres les plus emblématiques du mouvement fondé par André Breton. Depuis la tonsure en forme d'étoile de Marcel Duchamp sous l'objectif de Man Ray, le même Duchamp étant présent avec une photographie « rectifiée » (le fameux L.H.O.O.Q), jusqu'à Jean Cocteau posant au milieu des masques pour Berenice Abbott, en passant par plusieurs tirages de la Poupée de Hans Bellmer ou encore un des autoportraits travestis de Claude Cahun, l'exposition concentre les plus belles images du surréalisme tout en s'intéressant aux développements contemporains que le mouvement a pu prendre.

Au fil des quelque 200 photographies réunies à cette occasion, le visiteur peut voir comment le regard du collectionneur s'est intéressé de façon très cohérente et toujours plus exigeante à un aspect précis de la création depuis les icônes de la photographie d'hier jusqu'aux créateurs d'aujourd'hui, le surréalisme demeurant le fil rouge de cet ensemble d'une rare qualité. L'exposition qui se tient d'abord à Bruxelles au Musée des Beaux-Arts d'Ixelles (à partir d'octobre 2009), montre également quelques ½uvres non-photographiques minutieusement choisies dans la collection Perlstein, notamment les ½uvres de Warhol, Bruce Nauman ou encore Pistoletto »

[Appel à contribution] AC/CFP: Querying Surrealism / Queering Surrealism, “Surrealism Laid Bare,” Biennial Conference, 18th-20th June 2010

Date janvier 27, 2010

The Edward James Foundation, West Dean College, Chichester, West Sussex

We are pleased to announce that the 5th International Symposium on Surrealism will be held the weekend of 18-20 June 2010 at West Dean College, near Chichester, England. The theme of this year’s Symposium will be an assessment of Surrealism’s claim to emancipate human desire. In an effort to present and disseminate the most up-to-date research in this field, we are initiating a “Call for Papers” from individuals interested in presenting new scholarship pertaining to issues of sexuality.

Whilst lavish attention has been bestowed upon the broad topic of eroticism, and questions of gender, Surrealist scholars have tended to shy away from the more contentious issue of non-normative sexuality. Breton’s intolerance of homosexuality is well known. But what also demands to be recognised is the very considerable number of queer artists and writers, photographers, and filmmakers who were drawn to Surrealism. It is evident that, particularly as Surrealism moved away from France, it offered a milieu wherein a plurality of desires and identities could be affirmed. The issue of sexuality is relevant to Surrealism’s reception in England, the United States, Spain, Mexico, Australia, and elsewhere. Arguably, also, it is in work engaging a queer sensibility that some of the most radical legacies of Surrealism are to be found.

The “laying bare” of this last taboo is more than overdue. Proposals are invited from scholars of any career stage working on Surrealist literature, film, and art in relation to sexuality. We especially welcome papers that address Surrealism beyond the confines of Europe. As the conference will coincide with “Surreal Friends”, an exhibition of the work of Leonora Carrington, Remedios Varo and Kati Horna at Pallant House Gallery, Chichester (19 June – 12 September 2010) and Sainsbury Centre for the Visual Arts, Norwich (28 September – 12 December 2010), proposals that consider any of these artists from the vantage-point of gender and/or sexuality are encouraged. Additional topics may include: a re-evaluation of Surrealist precursors (Sade, Lautréamont, Rimbaud); queer legacies of Surrealism in film, literature, body or performance art; historiographical or theoretical issues, such as the relationship of Surrealism to feminism, psychoanalysis and queer theory.

Abstracts of no more than 300 words, accompanied by a brief curriculum vitae, may be submitted via e-mail, fax or post addressed to:

Dr Sharon-Michi Kusunoki, Director, Surrealism Laid Bare 127 West Dean West Dean Estate Chichester West Sussex PO18 0RX United Kingdom Telephone and Fax: +44 (0) 1243 811571 e-mail: sharon-michi@pavilion.co.uk

Proposals for papers MUST be received by the deadline of 1 March 2010. Successful candidates will be notified by the end of March.

The conference is hosted by The Edward James Foundation with support from the Centre for the Study of Surrealism and its Legacies which currently has an AHRC funded project on Surrealism and non-normative sexuality.

[Nous n’avons pas trouvé la version en français de l’appel]

Information transmise par Henri Béhar

[Billet] André Breton, Léon Trotsky et l'art révolutionnaire indépendant.

Par Sylvain Jean

En plus d'être pour un art indépendant (ce qui est la seule véritable position révolutionnaire en matière d'art), le Vieux était également intéressé par la psychanalyse à tel point qu'il souhaitait, pour l'URSS naissante, former des psychanalystes. En août, cela fera 70 ans que Léon Trotsky a été assassiné par Mercader/Staline. J'ai beau ne pas être "trotskyste" (ce terme me laisse songeur, du reste), j'ai une vive admiration pour cet homme-là ainsi qu'une profonde sympathie pour sa droiture, son courage, son intelligence et son amour de l'émancipation des hommes.

Note à benêts : le dénommé jonath - qui n'a apparemment pas encore compris que je ne m'abaisserai pas à lui répondre directement - s'est cru malin en publiant un billet avec une vidéo en anglais sur - je cite - le manifeste du surréalisme. Passons en riant - encore que... ce petit homme sur lequel il est inutile de s'abaisser fait-il encore rire ? -, passons donc sur le fait que ledit jonath fait revivre des souvenirs de cour d'école en copiant littéralement les thèmes de ses "camarades" mais soulignons quand même que l'agité de Mediapart ne sait apparemment pas que de manifestes surréalistes, il y en a au moins deux (sans considérer les Prolégomènes d'après guerre)... Tsss... Quel rigolo !

Mais peut-être me trompé-je... J'attends donc que jonath nous fasse part de sa lecture de Breton. André Breton, d'ailleurs, dans L'Amour fou écrit que seule l'attente est magnifique mais je dois avouer qu'ici, elle risque d'être pathétique.

http://www.mediapart.fr/club/blog/sylvain-jean/300110/andre-breton-leon-trotsky-et-lart-revolutionnaire-independant

[florilège] Le Dadaïsme

Un dossier de 40 pages a été posté en janvier. On y apprend que parmi les plus grandes figures dadaïstes se tenaient Jean Cocteau et Guillaume Apollinaire.

http://www.scribd.com/doc/25852593/Le-Dadaisme-Provident-Du-Nom-Dada-Selon

Un philanthrope américain fait don à Cuba d'oeuvres de Picasso ou de Warhol

LA HAVANE - Le galeriste et philanthrope américain Gilbert Brownstone, établi en France depuis de nombreuses années, a offert au Musée des Beaux-Arts de Cuba 120 oeuvres graphiques de Pablo Picasso, Joan Miro ou Andy Warhol, a-t-on appris mardi auprès de l'intéressé et de sa Fondation.

M. Brownstone, 70 ans, qui a également la citoyenneté suisse, a indiqué à l'AFP avoir offert une première donation des 120 gravures d'artistes comme Marcel Duchamp, Camille Pissarro ou Roy Lichtenstein au cours d'une cérémonie lundi soir en présence du président du Parlement Ricardo Alarcon et du ministre de la Culture Abel Prieto.

"Le reste des oeuvres doit arriver au cours des prochains mois", a déclaré l'ancien directeur du Musée Picasso à Antibes (sud-est de la France), sans préciser la valeur de cette donation. "C'est beaucoup d'argent", a-t-il dit.

C'est la première fois que la Fondation, "très active depuis dix ans" en organisant des expositions à Cuba ou en octroyant des bourses à des artistes cubains, fait don d'une collection d'art à ce pays, selon M. Brownstone.

"Il s'agit d'oeuvres graphiques qui seront conservées" au Musée des Beaux-Arts à La Havane "mais qui doivent aussi circuler à travers l'île pour qu'un plus grand nombre de Cubains puissent avoir accès aux oeuvres", a pour sa part précisé un responsable de la Fondation, Jean-Marc Ville.

M. Brownstone a souligné qu'il y avait une "grande demande pour la culture à Cuba", mais que l'argent manquait pour y répondre.

La Fondation Brownstone a été créée en 1999 pour contribuer au développement de la culture et de l'éducation dans les pays pauvres.

(©AFP / 26 janvier 2010 22h10)

http://www.romandie.com/infos/news2/100126211008.8juch2q7.asp

[Erratum] 14 mai, Rym Abdelhak sur René Crevel

Sur certains programmes du séminaire 2009-2010, une erreur est reproduite.

Pour la séance du 14 mai 2010, ce n'est pas Effie Rentzou qui parlera de Crevel mais Rym Abdelhak

Eddie Breuil

 


 

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