Archives de la liste de discussion de Mélusine
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Liste Mélusine Avril 2010

vendredi 2 avril 2010 19:58

Communiqué du Collectif Ilarie Voronca, IL FAUT SAUVER LA TOMBE DE ILARIE VORONCA

Bonsoir Henri,

Je suis toujours au combat, y compris pour les tombes de certains morts, qui valent mieux que d'autres vivants.

Je vous remercie par avance, si vous pouvez diffuser ce communiqué au sujet du cher Voronca. 

L'opération est lancée pour sauver la tombe et les "restes" (comme on dit) de notre poète.

J'ai obtenu un gel de la situation auprès du conservateur du cimetière, mais il ne faut pas tarder. 

Bien à vous,

Amitiés,Christophe
Collectif Ilarie Voronca
23, rue Racine 75006 Paris
Email : christophe.dauphin@wanadoo.fr

 

dimanche 4 avril 2010 00:24

Césaire

L’Association pour l’Etude du Surréalisme
et Bernard Ascal
ont le plaisir de vous convier
le dimanche 11 avril 2010
au dancing de La Coupole
102 boulevard du Montparnasse à Paris (75014)
métro : Vavin à 17 heures
Bernard Ascal évoquera son approche de l’œuvre d’Aimé Césaire et du
Mouvement de la Négritude ainsi que sa mise en musique sous la forme «
oratorio » du poème
Cahier d’un retour au pays natal
Quelques plages musicales, issues de l’enregistrement*, accompagneront la
rencontre et Bernard Ascal lira plusieurs extraits de Cahier
* Cahier d’un retour au pays natal
Oratorio / Texte intégral
Mis en musique et interprété par Bernard Ascal et Cécile Charbonnel
« Coup de Cœur » 2008 de l’Académie Charles Cros
Double-CD EPM / Universal 3017754
© Cahier d’un retour au pays natal
Editions Présence africaine
25 bis rue des Ecoles 75005 Paris
Contact : ascal@free.fr

 

dimanche 4 avril 2010 19:13 RE: Césaire

Cher collègue,
  Il se trouve qu'il y avait une petite exposition très intéressante du Surréalisme dans la bibliothèque de l'Université de Montréal, dans la collection des livres rares, donation d'un poète québecois qui était collectionneur et correspondant de Breton. Cette exposition va fermer bientôt, mais le catalogue est chargeable sur le site suivant:
www.bib.umontreal.ca/CS/exposition/cataloguesurrealisme.pdf
  Bonne lecture, Jay Bochner

lundi 5 avril 2010 11:11

Catalogue de l'exposition "Nourritures surréalistes" sur la collection de Gilles Riais

Cher Monsieur,
Je vous remercie pour votre lien vers le catalogue de cette exposition. Cependant une petite erreur s'est glissée dans le lien - il faut ajouter un "s" à "exposition" -
http://www.bib.umontreal.ca/CS/expositions/cataloguesurrealisme.pdf
Cordialement,
Nicholas Newman

 

mardi 6 avril 2010 01:51

semaine 14

Semaine 14

Bellmer
Breton
Fourier
Gracq
Journal of Surrealism and the Americas
Medium n°1 (numérisée)
Memorabilia
Miró
Pansaers
Ribemont-Dessaignes
[Numérisation] Médium n°1 (Novembre 1953)

Le site Arcanes 17 a numérisé le tome 1 de la revue Medium.

« Les surréalistes créèrent de nombreuses revues. Ce type de publication était le meilleur moyen de se faire entendre, de marquer une présence réelle, de montrer l'aspect expérimental et révolutionnaire de l'activité surréaliste et, enfin, de provoquer des rencontres. Hélas, peu d'entre elles ont fait l'objet de rééditions — excepté La révolution surréaliste et Le surréalisme au service de la révolution qui furent réédités grâce à Jean-Michel Place; sans oublier Minotaure réédité par Albert Skira. Ainsi, si ces revues ne sont pas introuvables, en revanche leur prix fort élevé en interdit l'accès ! Pour pallier cette absence et contrer le mercantilisme, j'ai donc décidé de mettre à votre disposition en version « scannées » celles que j'ai en ma possession. Vous me pardonnerez pour l'aspect un tantinet bancal de certaines reproductions, mais marcher droit n'a jamais été mon fort…

[Pour télécharger le pdf, cliquer sur l'image présentée sur le site]

La revue Médium Communication surréaliste connut 4 numéros de novembre 1953 à janvier 1955. Cette revue fait suite à Médium Information surréaliste (novembre 1952 — juin 1953), laquelle se présentait sous la forme d'une feuille de grand format, rédigée sur le recto uniquement. Si je peux mettre à votre disposition les 4 numéros de Médium C. S., par contre, pour Médium I. S., il m'est impossible de « scanner » les exemplaires à cause de leur format (28 x 42). (Si quelqu'un a une idée pour régler ce problème, qu'il n'hésite pas à me contacter.)Fabrice Pascaud »
http://www.arcane-17.com/rubrique,medium-n-1-novembre-1953,1203362.html
Lien vers le téléchargement : http://sd-4.archive-host.com/membres/up/65418067839049174/MEDIUM_N1.pdf
Revues numérisées sur le site Arcanes 17 : http://www.arcane-17.com/categorie,revues-originales,4647341.html

[Souscription] Exposer Dada

L'essai de Marc Dachy, EXPOSER DADA, comporte de nombreuses reproductions.

Tiré à 491 exemplaires numérotés, il est proposé en souscription au prix préférentiel de 19 euros, frais de port compris, par chèque à l'ordre de Luna-Park Transédition et sera adressé aux souscripteurs avant la fin du mois de mai.

Courrier : Luna-Park Transédition 23 rue du Départ bte 37 – 75014 Paris[Voir pièce jointe]

[Rappel d'exposition] Fourier en exposition à Besançon

Charles Fourier ou l'Attraction passionnée, Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, du 28 janvier 2010 au 26 avril 2010

L'exposition, dans un premier volet historique, mettra au jour l'?uvre du grand théoricien et penseur bisontin que fut Charles Fourier en présentant ses archives, principaux écrits et théories. Cette partie de l'exposition fera la lumière sur ses disciples, sur les artistes qui se sont revendiqués fervents adeptes du fouriérisme (Dominique Papety, Auguste Ottin, Auguste Bouquet, etc.) ainsi que sur les tentatives de réalisations pratiques de son système utopique. Quelques exemples d'utopies sociales et scientifiques du XIXe siècle, ainsi que leurs implications dans le champ artistique seront également présentées.

Dans un second temps, le projet s'attachera à démontrer la contemporanéité de la pensée de Fourier. Un parcours en douze passions, pivots du système fouriériste, permettra une lecture originale des grands axes de l'utopie du philosophe - les cosmogonies, le règne de l'Harmonie, les architectures utopiques et le phalanstère, le « nouveau monde industriel » et sociétaire, l'organisation de la société en séries passionnées ou « Nouveau Monde amoureux », ainsi que l'éducation, l'enfance ou la gastrosophie. ?uvres modernes et contemporaines viendront ainsi dialoguer dans une scénographie inédite. Les unes témoigneront de l'influence considérable qu'a exercée la pensée de Fourier sur de nombreux artistes modernes et contemporains. En tant que philosophe, il a su inspirer une production artistique qui, de son vivant à aujourd'hui, n'a jamais cessé d'André Breton à Robert Filliou jusqu'à Paul Chan et Franck Scurti. Les autres, parce qu'elles incarnent des communautés imaginaires, donnent corps à d'autres systèmes de valeurs ou repensent le travail, la famille ou l'amour s'en feront l'écho et mettront ainsi en perspective l' « Autre monde » que Charles Fourier a imaginé sa vie durant.

Cette exposition est organisée sous la responsabilité d'Emmanuel Guigon dans le cadre du projet « Utopie et innovation » qui regroupe tous les musées de la métropole "Rhin-Rhône".

Davantage d'informations sur le site du Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, Besançon

(2010), “Fourier en exposition à Besançon. Charles Fourier ou l'Attraction passionnée, Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, du 28 janvier 2010 au 26 avril 2010 ”, charlesfourier.fr, rubrique : “Actualités”, avril 2010, URL : http://www.charlesfourier.fr/article.php3?id_article=710.

[Entretien] André Velter : La poésie, aliment, moteur, perturbateur de la vie

(…)

A : Sur le plan éditorial, comment déterminez-vous qu'un texte soit ou non de la poésie ?

A.V : Les gens de l'extérieur n'arrivent pas trop à le comprendre, mais la section poésie de Gallimard est presque un service public. Il n'y a pas de concurrence, nous sommes presque en situation de monopole. Il s'agit donc d'avoir une sorte de conscience de ce que vous êtes, et de ce que vous faites, qui va au-delà du plaisir que vous pouvez prendre à mettre tel ou tel livre dans la collection. Le but n'est pas de diriger cette collection de façon égotique, ni même de façon esthétique ! Ce n'est pas mon esthétique personnelle qui doit passer dans cette collection. C'est plutôt une sorte de panorama, le plus harmonieux et le moins injuste possible. Telle est la visée générale de la Collection, avec l'idée affirmée que dans la même année doivent paraître des grands classiques de tous les temps, mais aussi ceux qu'on pourrait appeler les grands classiques du XXe siècle (il reste quelques livres d'Aragon à publier, il reste quelques grandes traductions, comme un Pasolini nouveau qu'on publiera en 2012, etc.), et aussi quelques contemporains français ou étrangers vivants. Là réside toute la difficulté. L'alchimie de la Collection consiste à réussir à y publier bonne an, mal an autour de 12 titres annuels.(…)

A lire en intégralité sur : http://www.actualitte.com/dossiers/923-collection-poesie-Gallimard-Andre-Velter.htm

[Chronique] Pansaers

Vient de paraître

Les études sur les textes de Clément Pansaers ne sont pas légion. Dans son étude sur Le théâtre dada et surréaliste, Henri Béhar consacrait quatre pages aux Saltimbanques de Clément Pansaers et soulignait rapidement un cousinage du côté de chez Jarry :

« La seule pièce connue de Pansaers s'inscrit, par le sous-titre, par la mise en pratique de la Pataphysique, dans la ligne de Jarry, mais avec quel sens de la destruction en plus ! Pansaers ne cache pas sa dette : « Le Père Ubu, Le Surmâle, le Dr Faustroll (…) résument avec une puissance extraordinaire toute notre vie d'hier, d'aujourd'hui et de demain. » [C. Pansaers, « La vie à Paris », in Ça ira !, n° 17, mars 1922.] (1)

Ce texte m'ayant longtemps fait défaut, je suis allé le recopier il y a quelques mois dans la très studieuse salle de la bibliothèque Kandinsky. Mais voici qu'un éditeur belge, Chemins & Ruines (Bruxelles), vient de faire paraître (fin 2009 semble-t-il) Les saltimbanques « avec une présentation et un aggiornemento par quelques agents dormants du Parti imaginaire ». Ces derniers, longtemps après H. Béhar, avancent ceci :

« Le texte introuvable que nous rééditons ici présente toutes les caractéristiques formelles d'une pièce de théâtre. Et pourtant, ceci n'est pas une pièce. Pour les sceptiques, une didascalie extravagante placée peu avant la fin, ou cet avertissement, glissé dans une simili réplique : “ Peu perspicace est celui qui pense aussitôt à la scène.” »

Les deux textes qui accompagnent cette réédition des Saltimbanques de Pansaers (« Devant l'impossibilité d'une pensée isolée » et « Ceci n'est pas une pièce, mais un processus d'exorcisme ») comportent respectivement 32 et 14 pages au détour desquelles les « agents dormants » – très perspicaces quand il s'agit de démontrer que les textes de Pansaers souffrent, aujourd'hui encore, de l'estampille « dada », réductrice s'il en est dans le cas de l'auteur des Saltimbanques qui se serait bien passé de ce déterminisme historique – font preuve d'une virulence des moins pertinentes et des plus inutiles à l'égard de Marc Dachy (sans nommément le citer d'ailleurs) :

« Dans l'unique édition de ce recueil, l'incompétent en charge de l'établissement du texte (2) n'a pas jugé utile de conserver ce signe qui apparaît aussi dans les en-tête de sa correspondance, ou dans la gravure sur bois qui ouvre Le Pan-Pan au Cul du Nu Nègre. Ce qui revient à noter qu'il n'existe actuellement aucune édition satisfaisante du recueil intitulé Je blennorrhagie. » [note 16, page 42].

et, plus loin :

« Mais pour l'unique réédition du Point d'orgue programmatique pour jeune ourang-outang, l'idiot civilisé chargé d'établir le texte (2) a jugé bon de rectifier l'orthographe barbare de son Dada en “ orang-outang ‘’ » [note 17, page 43].

Ces deux remarques sont particulièrement regrettables car Marc Dachy est la personne qui en France a permis au plus grand nombre de découvrir Clément Pansaers, notamment en établissant l'édition de Bar Nicanor et autres textes dada chez Gérard Lebovici (1986).

Par ailleurs, sous réserve de vérification des sources, changer « ourang-outang » en « orang-outang » ne nuit aucunement à l'approche ni à la compréhension du texte en question. Le français de Pansaers était parfois hésitant, parfois fautif, même, à en examiner de près, par exemple, son « Novénaire de l'attente » et il n'est pas anormal, dans ce cas précis, de rétablir l'orthographe indiquée.

Quant au « signe » évoqué par les « agents dormants », la notation musicale de reprise da capo, qu'aurait omis de reporter Marc Dachy dans son édition, il faudra bien qu'on nous le décrive plus précisément. En ce qui me concerne, je ne lis que le monogramme « CP » ou « PC » qu'utilisait Pansaers tout simplement pour … signer – et non « DC » pour da capo, ce qui me paraît être une surlecture d'autant plus fautive qu'elle est doublée d'un « incompétent en charge de l'établissement du texte ».

Enfin, juste une petite remarque en passant aux « agents dormants », ici un peu endormis : il n'existe pas de « Pistons d'air » chez Duchamp (leur remarque, page 15), mais des « Pistons de courant d'air » (eh oui, ça change tout !). Quant à « l'actrice Isadora Duncan » (leur remarque, page 23), il me semble utile de préciser qu'elle était plutôt … danseuse. Il est vrai qu'une petite erreur est bien vite arrivée.

Pour l'heure, il reste encore quelques textes de Pansaers à republier. Ceux publiés sous le pseudonyme de Julius Krekel en 1910 ne semblent pas encore avoir suscité la curiosité d'un traducteur. "Arlequinade", "Brève incursion dans le Blockhaus de l'artiste", "Méditations de carême" et le très beau "Novénaire de l'Attente" demeurent quasiment inconnus et très difficiles d'accès pour ceux qui en ont entendu parler. Pour palier à ce vide éditorial (qui ne concerne qu'une poignée de lecteurs, mais, qui sait ?…), j'ai il y a peu envoyé le "Novénaire de l'attente" à quelques personnes de mon entourage.

Pour une approche de Clément Pansaers, on se reportera utilement, comme disent les études sérieuses, à l'article de Georges-Henri Dumont (« Résurrection (1917-18), une revue wallonne d'avant-garde sous la première occupation allemande ») et, bien sûr, à l'article de Marc Dachy « Résurrection de Clément Pansaers » (3).

Le prochain post sera sans doute consacré au reprint du Picabia par Marie de la Hire, désormais disponible grâce à Kessinger Publishing.

Je prendrai également le temps de mettre en ligne Les Saltimbanques de Pansaers et de parler, quand je l'aurai lu, du prochain livre de Marc Dachy (que je n'ai jamais rencontré mais qui m'a immédiatement répondu par courrier quand je lui ai posé une question sur Pansaers il y a déjà quelques années), intitulé Exposer Dada (Transédition).

(1) Étude sur le théâtre Dada et surréaliste, Gallimard, coll. Les Essais, 1967. Rééd. coll. Idées, nouvelle édition revue et augmentée, 1979.

(2) Je souligne.

(3) Introduction au reprint des numéros de Résurrection, éditions Jacques Antoine, Bruxelles, 1973.

http://dadaparis.blogspot.com/

 [Traduction en portugais en ligne] « Attente » par Ribemont-Dessaignes

Georges Ribemont-Dessaignes (1884-1974)
Traduction par Diego Grando
Espera
As andorinhas da lembrança
Viajam de um dedo a outro
E na ponta dos dedos
O lagarto verde do porvir
Come as moscas do coração.
Darei esta pastilha
À língua que beijar o fiel desconforto ,
Aceitarei a mão
Que der sementes de sol,
De lua, de estrelas e de nuvens
Para meu papagaio verde.
Eu grito:
Para mim, para mim, para mim!
Mas eu bem sei que não passa de um papagaio de olho voraz,
Pois eu não clamo, nem eu, nem você nem ninguém.
Sob a máscara eu pus o vazio.
No vazio eu pus as mil letras do alfabeto,
Isso dá um belo concerto
Mesmo que não haja ninguém.
E no entanto eu espero, eu espero,
Eu espero pelo zero que nunca virá.
* * *
Attente
Les hirondelles du souvenir
Voyagent d'un doigt à l'autre
Et sur le bout du doigt
Le lézard vert de l'avenir
Mange les mouches du c?ur.
Je donnerai cette pastille
À la langue qui baisera l'ennui fidèle,
J'accepterai la main
Qui donnera des graines de soleil,
De lune, d'étoiles et de nuages
À mon perroquet vert.
Je crie :
À moi, à moi, à moi !
Mais je sais bien que ce n'est qu'un perroquet à l'?il vorace,
Car je n'appelle pas, ni moi, ni vous ni personne.
Sous le masque j'ai mis le vide.
Dans le vide j'ai mis les mille lettres de l'alphabet,
Cela fait un beau concert
Bien qu'il n'y ait personne.
Et pourtant j'attends, j'attends,
J'attends le zéro qui ne viendra jamais.
Essa entrada foi postada em abril 2, 2010 às 2:23 pm sob a(s) categoria(s) traduções.
http://ativastentativas.wordpress.com/2010/04/02/georges-ribemont-dessaignes-1884-1974/

[Séminaire] 16 avril, prochaine séance

16 avril 2010

Françoise Py et Jean-Clarence Lambert feront une communication sur « Portrait de Jean-Clarence Lambert en critique d'art »

Les séances auront lieu à l'Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle Centre Censier 13 rue de Santeuil, 75005-PARIS (Métro Censier-Daubenton), salle 410 (4ème étage) le vendredi de 16h à 18h. Séminaire sous la direction de Gabriel Saad, Maryse Vassevière et Françoise Py.Maryse Vassevière Gabriel Saad Françoise PyMCF Université Paris 3 MCF Université Paris 3 MCF Université Paris 8maryse.vassevière@wanadoo.fr rielsa@wanadoo.fr francoise.py@univ-paris8.fr

[Exposition] « Un tombeau pour les rares » au Musée Rimbaud Nicolas Rozier exhume ses éternels

L'exposition de Nicolas Rozier s'étale sur deux niveaux : au deuxième étage, l'alignement des toiles est particulièrement spectaculaire.

LE peintre rémois Nicolas Rozier qui avait déjà exposé - en 2008 à l'Espace Lebon - de grandes silhouettes humaines brumeuses et tourmentées sur fond blanc, est revenu cette fois aux cimaises du Vieux-Moulin avec un projet abouti qui se décline sur pas moins de 27 toiles de grand format (1,50 m par 1,20 m).

Pour une question de place, seules 22 toiles ont pu être accrochées. Mais l'essentiel y est. Et l'intention de l'artiste est tout à fait perceptible pour le visiteur.

En 2008, le peintre marnais exposait, entre autres, une toile intitulée Artaud. Après avoir zébré son châssis 80 F de nerveux coups de pinceaux d'acrylique noire pour en faire émerger l'évocation d'un visage et d'un corps, il était apparu à Nicolas Rozier que le personnage qui en ressortait était bel et bien Antonin Artaud !

Pas une réelle ressemblance de traits mais une vibration évidente qui exprimait toute l'intensité de ce fulgurant génie littéraire dont la vie a été largement tourmentée par la maladie mentale.

Ce fut un tableau « non prémédité », comme le dit le peintre, mais qui suggérait peut-être l'idée que son geste pictural avait pu être inconsciemment guidé par sa fascination pour Artaud et son ?uvre.

Aussitôt, le besoin de se lancer dans un ambitieux projet baptisé « Tombeau pour les rares » s'était imposé à Nicolas Rozier.

Pendant dix-huit mois, il a ainsi peint sur fond blanc 27 silhouettes charbonneuses, « ligneuses » et plus ou moins chargées (dont un nouvel Artaud qui figure dans l'exposition).

Démarche picturale à contre-courant

Des portraits d'écrivains qu'il considère comme faisant partie de son panthéon personnel. Les « rares » de Rozier sont des « maudits » et des « insoumis » (disparus prématurément, parfois des suicidés…) qui ont souvent laissé une trace en forme de coup de griffe dans la littérature. Et qui constituent ses livres de chevet.

Dans la liste, on trouve une exception (pas au niveau de sa destinée !), mais Vincent Van Gogh fut d'abord un peintre, même s'il a été un touchant épistolier.

Les autres furent des poètes et des littérateurs, certains connus comme Antonin Artaud, Arthur Rimbaud, Roger Gilbert-Lecomte, Charles Baudelaire, François Villon… Mais la majorité des habitants de ce « tombeau » est moins connue : comme Paul Chaulot, Stanislas Rodanski, François Augiéras, Colette Thomas, Gérald Neveu, Unica Zürn, Luc Dietrich, Léon Bloy, Jacques Prével, André de Richaud, etc.

L'artiste a peint ses toiles au sol, laissant parfois ses pinceaux goutter en effet de dripping. Mais il n'a commencé aucune toile en sachant d'avance qui il allait trouver à l'arrivée. Comme pour le premier portrait d'Antonin Artaud, les noms ne se sont imposés qu'une fois le dernier coup de brosse donné. Une démarche picturale originale, à contre-courant de ce qui se fait habituellement.

Patrick FLASCHGO

Exposition « Tombeau pour les rares » de Nicolas Rozier, Musée Rimbaud, jusqu'au 9 mai.

http://www.lunion.presse.fr/article/culture-et-loisirs/%C2%AB-un-tombeau-pour-les-rares-%C2%BB-au-musee-rimbaud-nicolas-rozier-exhume-ses-

[Chronique d'exposition] Estampes de maîtres

Par Catherine Lagrange
Estampes de maîtres

Qui le sait ? Les réserves de la Bibliothèque nationale de France renferment de véritables trésors sous la forme d'estampes signées des plus grands maîtres, Dürer, Callot, Rembrandt, Goya, Picasso, Matisse, Tapiès... Avec plus de neuf millions d'oeuvres, la BNF conserve même la plus importante collection d'estampes et de photographies du monde, constituée, à partir du XVIIe siècle, au sein de la Bibliothèque royale, puis enrichie, dès 1632, par la création du dépôt légal de l'estampe.

La collection lyonnaise, avec ses 100.000 estampes anciennes et ses 500 estampes contemporaines, a décidé de sortir de l'ombre en proposant au public un choix judicieusement restreint à quatre artistes. Picasso et Matisse illustrent la démarche de la déconstruction plastique, Miro et Brauner, le surréalisme.

On y découvre ainsi comment des artistes majeurs connus pour la peinture ont mené en parallèle un travail de gravure qui vient éclairer leur oeuvre picturale. Picasso aurait produit 2.000 estampes, eaux-fortes, lithographies ou linogravures et produit de sublimes portraits de femmes nues justement exposés à Lyon.

On retrouve le même sujet sensuel chez Henri Matisse, qui a réalisé, lui, quelque 800 gravures. Matisse sans les couleurs ? On découvre son trait, doux et sobre.

Joan Miro, lui, réussit à inclure la couleur dans ses lithos, grâce aux techniques de l'atelier parisien Mourlot, sans pour autant quitter ses chères boules étoilées, ses spirales et lignes brisées.

Victor Brauner, enfin, inspiré par les arts primitifs, offre des visages stylisés d'une expression saisissante.

Jusqu'au 30 avril. La galerie, bibliothèque municipale de Lyon, 30 boulevard Vivier-Merle, Lyon 3e. Du mardi au samedi, de 10 heures à 19 heures. Entrée libre.

http://www.lepoint.fr/guide-sorties/2010-04-01/art-lyon-estampes-de-maitres/2017/0/440211

[Enchères] La collection d'art de Daniel Carasso, patron emblématique de Danone, dispersée à Drouot

Quelques photos sont disponibles à cette adresse :
http://www.capital.fr/art-de-vivre/diaporamas/diaporama-loisirs2/joan-miro-le-roi-guerrier

[Malraux et Breton] Chronique

« Dominique Bona remet Clara à la place qui fut réellement la sienne dans l'aventure - individuelle - d'André Malraux. C'est elle qui lui évite la prison après la désastreuse expédition de Banteay Srei. Elle fait appel à André Breton pour obtenir l'acquittement de l'homme qu'elle aime... qui le lui reprochera, puisqu'il tient Breton pour un imbécile. »

par François Busnel (Lire), publié le 31/03/2010 à 12:56 - mis à jour le 01/04/2010

Lire l'intégralité de l'article sur : http://www.lexpress.fr/culture/livre/clara-malraux-la-premiere-femme_859527.html

[Spectacle… trop tard] Sur des textes de Hans Arp

Samedi 27 mars 2010 12h15
Maison communale de Plainpalais - Théâtre Pitoëff
Salon d'écoute - 1h
Vallée / Nuages
Lucinda Cimmino Résonances de réminiscences
2010
5mn
CM
Tigran Stambultsyan Wörte
sur des textes de Hans Arp (Die Wolkenpumpe)
2009-2010
15mn
Denis Smalley Valley Flow
1991-1992
17mn
Centre de Musique
Électroacoustique – Haute
École de Musique de Genève
Luis Naón projection du son
Jean Keraudren ingénieur du son
http://www.google.com/url?sa=t&source=web&ct=res&cd=2&ved=0CAsQFjAB&url=http%3A%2F%2Fwww.archipel.org%2F2010%2FPhp%2FUpload%2FProgramme-e1216.pdf&ei=u0m6S7PzCd-UsQao--CrDg&usg=AFQjCNEMKr-XLv_ELTPZd_bLRPquxCYOKA

[Publication] Journal of Surrealism and the Americas

The Journal of Surrealism and the Americas focuses on the subject of modern European and American intellectuals' obsession with the “New World.” This obsession—the very heart of Surrealism—extended not only to North American sites, but also to Latin America, the Caribbean, and to the numerous indigenous cultures located there. The journal invites essays that examine aspects of the actual and fantasized travel of these European and American intellectuals throughout the Americas, and their creative response to indigenous art and culture, including their anthropological and collecting activities, and their interpretations of the various geographic, political, and cultural landscapes of the Americas. We furthermore intend to investigate the interventions / negotiations / repudiations of European/American or other Surrealisms, by indigenous as well as other artists, writers and filmmakers.

The editors are pleased to announce our fourth issue, on Surrealism and Post-Colonial Latin America, guest edited by Susanne Baackmann and David Craven. Issue 3:1-2 (2009) is now available under "Current Issue."

Information on upcoming issues: General Topics (Issue 6), and on Surrealism and Women (Issue 7/8), guest edited by Katharine Conley, is listed under "Announcements." The program for the JSA's second conference, which will take place at Rice University on Nov. 4-6, 2010, is also available there.

This Special Issue of the Journal of Surrealism and the Americas marks the last that involves Amy Winter as an editor. Dr. Winter has served as an editor of the JSA since its founding in 2007. She has worked tirelessly for the journal, its mission and its interests over several years. Her contribution to the JSA has been enormous. The JSA owes her a great debt for the journal's growth and success in the early years of its existence. We wish her every success in her future endeavors.

N.B.: It is recommended that you view the JSA using the Firefox or Internet Explorer browser. Problems have been reported with the Safari browser. You can download the Firefox and Internet Explorer browsers at: www.mozilla.com/firefox and www.microsoft.com/windows/products/winfamily/ie/default.mspx respectively.
Advisory Board Susanne Baackmann, Mary Ann Caws, Edmund Carpenter, Flora Clancy, Katharine Conley, David Craven, Kate Duncan, Susannah J. Glusker, Hjorleifur Jonsson, Lewis Kachur, Ellen G. Landau, James Lastra, Marie Mauzé, Evan Maurer, Aleta Ringlero, W. Jackson Rushing, Jack Spector
Editors Samantha Kavky, Claudia Mesch, Amy Winter
Assistant Editor Rob Gordon
The JSA is a refereed e-journal, published biannually, and is supported by a grant from the Terra Foundation for American Art.
Table des matières :
Surrealism and Post-Colonial Latin America: Introduction 
Susanne Baackmann, David Craven  i-vii
'My Painting is an Act of Decolonization': An Interview with Wifredo Lam by Gerardo Mosquera (1980) 
David Craven  1-8
Surrealism and National Identity in Mexico: Changing Perceptions, 1940-1968
Luis M Castaneda  9-29
Negotiating Surrealism: Carlos Mérida, Mexican Art and the Avant-garde
Courtney Gilbert  30-50
1925 – Montevideo in the Orient: Lautréamont's Ascent Among the Paris Surrealists
Gabriel Götz Montua  51-83  
Paranoia and Hope: The Art of Juan Batlle Planas and its Relationship to the Argentine Technological Imagination of the 1930s and 1940s

Michael Wellen  84-106
Siqueiros and Surrealism?
Irene Herner  107-127
Book, Exhibition and Film Reviews
Book Review: Richard Spiteri, Exégèse de Dernier malheur dernière chance de Benjamin Péret 
John Edward Westbrook  128-131
Exhibition Review of "Liliana Porter: Línea de tiempo" (Line of Time) 
Arden Decker-Parks  132-134
Exhibition Review of “Zurcidos Invisibles: Alan Glass, Construcciones y Pinturas, 1950-2008” 
Susan Louise Aberth  135-138
Book Review: David Hopkins, Dada's Boys: Masculinity After Duchamp 
Julian Haladyn  139-140
Exhibition Review of "Salvador Dalí: Liquid Desire" 
Ryan Johnston  141-147
http://jsa.asu.edu/index.php/jsa
[Hommage à Julien Gracq]

au Lycée Henri-IV
du 25 mars au 10 avril 2010
Projections, rencontres, expositions, lectures.
23 rue Clovis - 75005 Paris
Information communiquée par Lucrezia Mazzei
Télécharger le programme complet à cette adresse :
http://www.ac-paris.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2010-03/proggracq.pdf

[Numérisation] Autour de Bellmer

Jean-François Rabain « Angoisse d'engloutissement et scénario fétichique », Revue française de psychanalyse 5/2001 (Volume 65), p. 1625-1638.
L'article est disponible à l'adresse suivante :
http://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2001-5-page-1625.htm

[A partir d'Artaud] L'écrouloir

Par Nicolas Rozier.

A partir d'un dessin d'Antonin Artaud (un des derniers) où me semble s'accomplir l'apothéose de ses efforts, j'ai voulu dire l'ampleur de la dignité à laquelle peut atteindre le crayon sur la feuille.

En l'occurrence, la victoire singulière d'avoir su donner forme au visage d'amour en guerre, auquel on pourrait rattacher toutes les créations d'Artaud, et qui se manifeste dans l'expression très spécifique de cet autoportrait - plus précisément dans l'oeil en avant dans les trois quart face.

Ce paroxysme qui ne retombre pas, et auquel ce dessin est entièrement voué, s'est imposé à moi comme le chantier béant d'évidence et donc l'occasion idéale d'isoler, de pointer une humanité de l'homme dont Artaud, en dépit des caricatures hirsutes dont on obture sa terrible exigence, harcela la netteté de contour, c'est-à-dire n'eut de cesse d'exhumer la douceur, non les reposoirs douceâtres qui catégorisent la douceur mais l'amour, qui, sans cesse, se jauge l'intensité, loin de cette violence incontrôlable à laquelle une image répandue réduit Artaud.

Les peintures et dessins de Nicolas Rozier seront exposés du samedi 8 au dimanche 23 mai 2010.

'L'écrouloir'
Centre culturel
Adresse: Rue du Sablon 195, 6600 Bastogne
Activités similaires dans la région (carte)
train busItinéraire en transport en commun
Téléphone: 061/21 65 30
Tarif: Tarif unique: 5 euros
Public: à partir de 12 ans
Internet: http://www.centreculturelbastogne.be
Ouverture: 20h
Le 15 mai
http://www.google.com/url?sa=X&q=http://www.quefaire.be/l-ecrouloir-197032.shtml&ct=ga&cad=1:1:0&cd=PAr7BLLIjCA&usg=AFQjCNGii5fBbPLvSuKmHR9IPv7eTQtUvA

[Publication] Memorabilia Dada et Surréalisme 1916-1970

Texte de Georges Sebbag

97827022 09240 - Memorabilia

Dans les derniers jours de sa vie, à Saint-Cirq-Lapopie, André Breton s'amusait à dessiner et à enchaîner d'un seul trait divers objets, comme un cor, un lucane, une chaîne, un kiosque, une double lune, une guérite, une palissade, le mot « miroir », une cafetière et un aimant, donnant ainsi à cette ronde d'objets une nouvelle vie.

C'est à une démarche analogue, imaginative et synthétique, que l'on doit la constitution par deux amoureux de l'art d'une collection originale de 200 ?uvres créés par 90 artistes surréalistes, dadas ou apparentés.

Cette collection abondant en aperçus insolites et merveilleux, en visions mémorables et durables, Georges Sebbag l'a appelée Memorabilia, en référence à l'illuministe Swedenborg et au poète Gérard de Nerval.

Ici, les dadas et les surréalistes font bon ménage, la dernière génération avoisine la première, les artistes les plus célèbres se mêlent à des créateurs beaucoup moins connus. L'auteur de Memorabilia, en s'attachant à chacune des oeuvres et en la reliant à beaucoup d'autres, dessine pour le bonheur du lecteur des figures ou des constellations inaperçues jusqu'à ce jour dans le ciel dada et surréaliste.

nouveauté

EAN: 97827022 09240

2010 | 408 pages | broché, couverture souple avec rabats | 40.00 euros

http://www.cercledart.com/catalogue_ouvrages/97827022_09240_memorabilia

[Rappel, projection] Minimes innoncences

« Chers amis,
A la place de la conférence de Jean-François Rabain, prévue le 9 mai à La Coupole, en hommage à Sarane Alexandrian, nous projetterons le film réalisé par Fabrice Maze sur l'oeuvre de Virginia Tentindo "Minimes innocences" (45mn), le dimanche 25 avril à 16h à la Halle St Pierre.
Film de Fabrice Maze.
Production Jean-François Rabain
Textes de Sarane Alexandrian,
Julio Cortazar
Marc Kober
Jean-François Rabain
Virginia Tentindo
Halle Saint Pierre
2 rue Ronsard.
Paris 75018. »Information transmise par Jean-François Rabain
Eddie Breuil

mardi 6 avril 2010 21:46

Godwin-TernbachMuseum announces exhibition "Dalí Dance and Beyond" April 12 - June 12, 2010

 

lundi 12 avril 2010 01:03

Semaine 15
Nous apprenons le décès de Claude Tchou.

Entretien avec Bettina Rheims

« PARIS [09.04.2010] - Ses photos font la une des magazines, comme les scandales qu'elles provoquent parfois. Bettina Rheims expose du 8 avril au 11 juillet 2010 à la BnF sa série Rose, c'est Paris, un « grand serial mystérieux » où sont tour à tour convoquées les figures de Duchamp, alias Rrose Sélavy, Fantômas, Breton, Dali, Maurice Rheims et d'autres. La photographe revient sur la genèse d'un projet pharaonique tout en dévoilant quelques-unes des clés de la méthode Bettina Rheims.

FABIEN SIMODE - Le public découvre ce mois-ci à la Bibliothèque nationale de France l'exposition « Rose, c'est Paris », une fiction en images accompagnée d'un livre édité chez Taschen et d'un film réalisé par Serge Bramly. Une centaine de photographies composent l'exposition et deux fois plus le livre. Combien de temps vous a-t-il fallu pour réaliser Rose, c'est Paris, superproduction photographique ?

BETTINA RHEIMS - Rose, c'est Paris est un ensemble de près de deux cents images et un film qui ont nécessité six mois de réalisation, suivis de trois mois durant lesquels j'ai retravaillé sur ordinateur mes photos et Serge a monté son film.

C'est la première fois que je retouche mes images. Devant chacune d'elles, je me suis demandé comment j'allais la compliquer, à la manière d'un collage surréaliste. Auparavant, j'aurais pris mes ciseaux et un tube de colle. Là, non : j'ai transposé mes personnages dans d'autres lieux, ajouté des jumelles, fait apparaître des fantômes... Tout cela grâce au numérique. Le champ des possibles est devenu infini : c'est diabolique et fascinant à la fois.

Pourquoi avoir cette fois choisi Paris pour décor de votre histoire ?

Au retour de Shanghai [en 2003], Serge m'a dit : « Il faut que nous repartions. » Or, il nous est apparu très vite que nous devions voyager autour de notre chambre. Notre prochaine histoire devait donc se dérouler ici, à Paris, pour, ainsi, aller plus loin dans l'introspection.

S'agit-il pour autant d'un travail autobiographique ?

Non, même s'il comporte une part d'autobiographie. B., l'héroïne principale de cette fiction, et Rose, sa s½ur jumelle, ne reprennent-elles pas les initiales de « B. R. » de Bettina Rheims ?

Lors de vos précédentes collaborations avec Serge Bramly, Chambre close, INRI, Shanghai…, l'écrivain avait livré les textes. Là, il signe un film, également présenté à la BnF. Pourquoi ?

Serge m'a dit qu'il ne souhaitait pas écrire de texte, mais qu'il voulait réaliser un film. Le premier jour, il a donc débarqué avec une petite caméra. Ses premières images tremblaient beaucoup ; je lui ai suggéré d'acheter un trépied. Il est revenu le lendemain avec, et c'était parti pour une heure et demie de ce qui allait devenir un très beau film.

(…)

À quatre mains et deux voix, comment avez-vous accouché du scénario ?

J'avais été inspirée par un documentaire sur Souvestre et Allain, les créateurs de Fantômas […]. Les deux auteurs habitaient le même immeuble. Pendant cinq ans, ils ont produit chaque mois cet énorme feuilleton ; l'un écrivait les chapitres pairs, l'autre les chapitres impairs. Serge possède son bureau d'écrivain juste au-dessus de mon studio, à Paris. Nous avons donc procédé de la même manière qu'eux, en écrivant notre histoire à la manière d'un cadavre exquis.

(…)

Rose, c'est Paris est aussi un hommage à Rrose Sélavy, le pseudonyme choisi par Marcel Duchamp. Pourquoi précisément cet artiste ?

D'abord parce que Serge est complètement obsédé par cette figure du vingtième siècle. Ensuite parce qu'il incarne l'époque d'un Paris magique, les années 1920-1930, durant laquelle j'aurais aimé vivre. Il n'y avait pas l'individualisme et le marketing d'aujourd'hui… On pouvait écrire un livre un jour, peindre le lendemain, tout en prenant des photos. Il y avait de l'invention et de la liberté. Pour moi, Marcel Duchamp incarne cette figure de l'inventeur génial et libre. Puis, chez Duchamp, comme chez moi, les mots ont leur importance.

En parlant de mots, le surréalisme est très présent dans votre travail…

J'aime le surréalisme, ses mots plus que ses images d'ailleurs. Nadja de Breton a été pour moi un fil conducteur, comme Fantômas qui est aussi au coeur du dispositif surréaliste.

J'ai eu la chance, enfant, de passer du temps avec André Breton que mon père fréquentait. Je me souviens de virées dans les brocantes de Normandie et les marchés aux puces à la recherche d'outils improbables. Quant à ma mère, elle était la meilleure amie de Joyce Mansour, poétesse et égérie de Breton. Auprès d'elle, j'ai entendu beaucoup de récits ésotériques. Au fond, j'ai baigné dans la poésie et le surréalisme durant toute mon enfance et, aujourd'hui, son esprit d'escalier me convient assez bien : marabout, bout de ficelle…

La femme est, elle aussi, au coeur du dispositif surréaliste, comme du vôtre…

Sans la femme, il n'y a pas d'art.

Vous passez d'un genre à un autre : de la publicité au musée, du magazine au livre d'art. Que répondez-vous à ceux que ce mélange des genres peut gêner ?

Je leur réponds que la commande a toujours tenu une place majeure dans l'histoire de l'art. Les artistes ont travaillé pour l'Église, après ce fut pour les rois et les bourgeois qui leur commandaient leur portrait. Je ne fais rien d'autre que prolonger cette tradition.

Certains m'imaginent schizophrène. Mais la réalité est bien différente. Tous les matins, je me lève et je pars au studio pour réaliser une pub pour des produits pour les cheveux, prendre un portrait, réaliser l'affiche d'un film… La commande m'apporte une liberté financière qui me permet, ensuite, de travailler à des projets plus personnels, comme Rose, c'est Paris.

Et puis tout mon travail est une quête de la beauté. Pensez-vous que Naomi Campbell, Monica Bellucci et les plus grands mannequins du monde auraient répondu à mon invitation si je n'avais pas réalisé ces travaux de commande ? Je revendique cette liberté.

Comment vous qualifiez-vous : photographe, photographe de mode ou plasticienne ?

Je suis une photographe. Car j'aime ce mot, et j'ai besoin d'un appareil pour m'exprimer.

Fabien Simode »

http://www.artclair.com/site/archives/docs_article/74536/un-entretien-avec-bettina-rheims.php

On trouve une autre chronique sur : http://www.lepoint.fr/culture/2010-04-06/photographie-paris-photos-capitales/249/0/441332

[Numérisation] Médium n°2

[La numérisation de la revue Medium continue sur Arcanes 17, le tome 2 est disponible]

http://www.arcane-17.com/rubrique,medium-n-2,1203435.html

 [Exposition] Picabia, Ernst, Picasso, Appel, Van Velde…

« Le LAC propose une exposition originale d'oeuvres sur papier ou de papier. Pour cela, Piet et Layla Moget ont décidé de "piocher" dans les trésors de la collection. Au final, un accrochage surprenant avec des réalisations signées Francis Picabia, Max Ernst, Pablo Picasso, Karel Appel, Bram Van Velde, Olivier Debré, Alexandre Calder... et bien d'autres encore. (…) L'exposition est visible jusqu'au 24 mai, tous les jours sauf le mardi, de 14 h à 18 h. »

http://www.midilibre.com/articles/2010/04/10/NARBONNE-VOTRE-WEEK-END-1183227.php5

Autre source : http://www.id2sorties.com/sorties/129402_exposition-que-du-papier.aspx

Fête de la librairie le 24 avril : Adrienne Monnier à l'honneur ?

« AFP

(…) Chaque libraire participant à la Fête offrira aux lecteurs une rose et, cette année, un ouvrage tiré à 12.000 exemplaires sur une figure mythique de l'histoire littéraire, Adrienne Monnier (1892-1955), libraire rue de l'Odéon, au coeur de Paris, qui fut la première à éditer, en 1929, la traduction française d'"Ulysse" de Joyce. André Breton, Aragon, Apollinaire, Gide ou René Char étaient des habitués de sa librairie. »

http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2010/04/09/97002-20100409FILWWW00554-fete-de-la-librairie-le-24-avril.php

 [Exposition Aragon]

« Aragon et l'art moderne

Un siècle de création à voir… et à lire Signac, Pirosmani, Matisse, Marquet, Picasso, Braque, Léger, Duchamp, Chagall, Klee, Man Ray… Louis Aragon a croisé tous les artistes du XXe siècle, écrit sur la plupart d'entre eux. L'Adresse Musée de La Poste a réuni des ½uvres d'une quarantaine de ces créateurs et des extraits de textes que l'écrivain leur a consacrés. Une expo exceptionnelle… A voir absolument ! Du 14 avril au 19 septembre .

Il y des articles ou des livres qui traitent de peinture, de sculpture, qui sondent les artistes, s'emparent de leurs ½uvres. Ce sont des invites à se rendre dans des musées ou des galeries pour regarder des tableaux, des objets, s'intéresser à leurs créateurs…

Inversement, il n'est pas si fréquent que des expositions incitent les visiteurs à la lecture ou la redécouverte d'écrits dédiés aux peintres ou aux sculpteurs dont ils sont venus voir le travail.

L'accrochage « Aragon et l'art moderne », que propose l'Adresse Musée de La Poste d'avril à septembre, est de celles-là.

« Cette exposition peut s'apprécier en deux temps, d'abord celui de la vision des ½uvres présentées, explique Josette Rasle, la commissaire d'exposition, et ensuite, chez soi, celui de la lecture des écrits qu'Aragon a consacré aux artistes réunis dans cette présentation. »

Le premier temps est à lui seul tout simplement magique. La plupart de ceux qui ont compté dans le développement et le renouvellement de l'art du XXe siècle (plus d'une quarantaine d'artistes au total) sont là : Signac, Pirosmani, Matisse, Marquet, Picasso, Braque, Léger, Duchamp, Chagall, Klee, Man Ray, Miro, De Chirico, Giacometti…

Un « casting » étourdissant !

Tout comme sont revisités les courants essentiels de la peinture de cette période continuellement effervescente -cubisme, dadaïsme, surréalisme, réalismes socialistes français et soviétique. Figurent aussi plusieurs réalisations de peintres et dessinateurs contemporains, tels que Titus-Carmel, Moninot ou encore Le Yaouanc.

Soit plus de 150 ½uvres splendides – tableaux, dessins, collages, sculptures, livres illustrés, tapisserie… , ponctuées tout au long de la visite de citations d'Aragon. « Une grande part de ce qui est exposé provient de collectionneurs privés, poursuit Josette Rasle, mais de nombreux musées, comme les musées d'art moderne et contemporain de Strasbourg, d'art moderne de Paris, d'art et d'histoire de St-Denis, de St-Etienne ou encore le centre Pompidou, ont également apporté leurs concours à l'exposition. »

De vrais romans

La Maison Elsa Triolet-Aragon, le centre de recherche et de création situé au sein de la demeure que possédaient dans les Yvelines Louis Aragon et son épouse, a de son côté prêté plusieurs oeuvres et ouvrages ayant appartenu au couple.

Les visiteurs peuvent d'ailleurs pénétrer un peu l'intimité des deux écrivains : une évocation de l'appartement qu'ils occupaient rue de Varenne, à Paris, est en effet proposée au c½ur de l'exposition. Aux murs de l'espace reconstitué, des photos d'Elsa, des petits mots, des cartes postales, des tableaux, des dessins…

« Aragon n'était pas un critique d'art, ses textes sur la peinture ou la sculpture sont parfois de vrais romans, affirme Josette Rasle, loin des dithyrambes comme des polémiques, il faut le lire, pour connaître ses réflexions, ses interrogations, ses doutes et sa passion infinie pour la création et ceux qui la servent. » Une lecture à effectuer dans un second temps.

Infos pratiques

"Aragon et l'art moderne"L'Adresse Musée de La Poste
34 Bd de Vaugirard75731 PARIS CEDEX 15
Du 14 avril au 19 septembre (ouvert tous les jours sauf dimanche et jours fériés) de 10h à 18h .
Tarif : 6,50 ¤ (tarif réduit 5,50 ¤, gratuit pour les moins de 13 ans). »

http://www.paris.fr/portail/Culture/Portal.lut?page_id=102&document_type_id=2&document_id=82679&portlet_id=21841

On apprend le décès de Claude Tchou

I l avait été, pendant les années 1960, l'un des "terroristes" de l'édition. Claude Tchou mort, mercredi 31 mars à Paris, des suites d'une longue maladie, à l'âge de 86 ans, appartenait, bien qu'il s'en défendît, à une "bande prestigieuse". Comme André Balland, Eric Losfeld, Jean-Jacques Pauvert, cet éditeur frondeur, passionné de la littérature, ne craignait pas de ferrailler avec la justice pour parvenir à publier des textes le plus souvent érotiques et victimes d'une censure hypocrite.

Il était né le 26 octobre 1923, d'une mère belge et d'un père mandarin, ambassadeur de la République de Chine auprès du royaume de Belgique. A 16 ans, sa voie est tracée : il a l'idée de publier un petit livre de poésie d'un ami de collège. Il en a fait aussitôt éditer 150 exemplaires, dont un unique sur papier japon de grand luxe, destiné au grand-père de son ami, qui coûtait le tiers de l'édition ; cinq sur vergé de Hollande pour le reste de la famille, ce qui réglait les frais. Ce serait bien le diable s'il n'arrivait pas à écouler le reste de la production parmi ses amis ; il y parvint. L'édition selon Claude Tchou se résume dans ce premier petit coup de maître. "Pour réussir, il suffit de ne pas avoir l'esprit grégaire", avait-il coutume de -répéter.

Dans la foulée, Claude Tchou crée une revue littéraire. C'était déjà le temps de l'Occupation, et la Propagandastaffel lui fit vite comprendre que tout cela manquait d'autorisations officielles. Au sortir de la seconde guerre mondiale, il est journaliste, dirigeant l'agence de presse Inser jusqu'en 1949. Retour à l'édition, mais en grand cette fois : Claude Tchou lance en 1951 le Club du livre du mois, un réseau de vente d'ouvrages sélectionnés, qui connaît un énorme succès.

HUMOUR ET ÉLÉGANCE

En 1958, il récidive avec le Cercle du livre précieux, qui fait de la vente par correspondance. C'est dans ce cadre-là qu'il eut maille à partir avec la justice. Un greffier le poursuivit, ayant découvert dans la chambre de son fils mineur une publicité pour les dernières nouveautés du Cercle, dont une pour L'Anti-Justine, de Nicolas Restif de La Bretonne. S'ensuivirent des descentes de police, des saisies conservatoires et une inculpation pour outrage aux bonnes moeurs par la voie du livre. Claude Tchou fut condamné à six mois de prison ferme, avant un appel suspensif. Il eut alors recours à un ténor du barreau, Me Baudet, connu pour son catholicisme rigoureux. Grâce à la plaidoirie vigoureuse de ce dernier, Claude Tchou vit sa peine commuée en six mois avec sursis.

Lançant en 1962 les éditions qui portent son nom, il se spécialise dans les ouvrages rares et publie les oeuvres complètes du marquis de Sade et d'autres penseurs libertins du XVIIIe siècle, mais aussi de Zola, de Kafka, de Jean Paulhan. Il a aussi édité André Breton, Paul Eluard. Claude Tchou était un tenant farouche d'une politique d'édition limitée. Selon lui, publier peu de livres permet de préserver une bonne qualité et d'en assumer pleinement la responsabilité. Il avait le goût du livre bien fait et aimait le travail d'édition, de reliure, de choix du papier. "C'était le plus grand joaillier de l'édition française", estime Pierre Belfond, qui l'a rencontré pour la première fois en 1957. Claude Tchou avait la réputation de ne pas payer beaucoup ses auteurs ni ses collaborateurs, mais il leur donnait le sens de la belle vie.

Pendant les cinquante ans qu'a duré sa carrière d'éditeur, il y eut certes des hauts et des bas spectaculaires, avec d'énormes succès suivis de retentissants dépôts de bilan. Cependant, une bonne part de l'édition française lui a longtemps été redevable, nombre de gens du métier ayant un jour travaillé avec lui.

Homme très cultivé, d'une éducation parfaite et doté d'un humour ravageur, Claude Tchou avait un charme irrésistible. Au début des années 1960, il incarnait aussi l'élégance masculine. Tout dans son bureau respirait l'amour des belles choses : gravures anciennes, ouvrages reliés, bureau dépouillé, fauteuils noirs. L'éditeur aimait fumer de longues cigarettes brunes. Marié trois fois, il a notamment eu pour épouse la journaliste Michèle Cotta.

En 1979, il cesse de diriger les Editions Tchou. Il vient d'avoir comme best-seller Le Tour de France par Camille et Paul, deux enfants d'aujourd'hui, d'Anne Pons. La nouvelle version, cent ans après, du célèbre ouvrage de G. Bruno, Le Tour de la France par deux enfants, a été vendue à plus de 100 000 exemplaires. Les Editions Tchou deviennent les Editions Tchou & Sand, dont le fonds est repris par les Editions Mengès.

Sa dernière passion éditoriale, Claude Tchou l'aura connue avec Internet. En 1999, il lance la Bibliothèque des introuvables, spécialisée dans l'édition et la réédition de beaux livres rares. Il entendait mettre en ligne des livres qui n'étaient plus accessibles en librairie. Il a alors notamment réédité l'Histoire générale du Languedoc, somme de seize volumes et de 20 000 pages écrite par des moines bénédictins entre le XVIe et le XVIIIe siècle.

Editeur-libraire, parfois imprimeur : un grand métier multiforme du siècle de la Révolution. Toute sa vie, c'est vers une certaine forme de retour à cette passion plurielle qu'a tendu Claude Tchou.

26 octobre 1923 : Naissance à Woluwe-Saint-Pierre (Belgique).

1951 : Création du Club du livre du mois.

1958 : Cercle du livre précieux.

1962 : Lance sa maison d'édition.

1966 : Condamné à six mois de prison pour avoir republié "L'Anti- Justine", de Restif de La Bretonne.

31 mars 2010 : Mort à Paris.Alain Beuve-Méry

Article paru dans l'édition du Monde du 07.04.10 »

http://www.lemonde.fr/carnet/article/2010/04/06/claude-tchou_1329487_3382.html

Eddie Breuil

Pour envoyer un message à tous : / melusine@mbox.univ-paris3.fr

 

mercredi 14 avril 2010 11:38

vernissage Henri-Georges Adam jeudi 15 avril

Henri-Georges Adam est présent dans l'exposition "Aragon et l'art moderne" au Musée de la Poste, 34 boulevard de Vaugirard, aux côtés de Giacometti, Chagall, Picasso etc... Courez voir cette exposition... 

Nous espérons vous voir demain...

Karin Müller

 

jeudi 15 avril 2010 10:45

séminaire 16 avril

Ce vendredi 16 avril 2010, de 16 h à 18 h,
Françoise PY et Jean-Clarence LAMBERT
   
feront une communication sur le

"Portrait de Jean-Clarence Lambert en critique d’art"


dans le cadre du séminaire "Le portrait surréaliste"

Les séances auront lieu à l’Université Paris III-Sorbonne Nouvelle, Centre Censier, 13 rue de Santeuil, 75005-PARIS (M° Censier-Daubenton), salle 410 (4e étage) le vendredi de 16h à 18h.
Séminaire sous la direction de Gabriel Saad, Maryse Vassevière et Françoise Py.
http://melusine.univ-paris3.fr/Seminaire2009-20010.htm

Vous l'avez sans doute remarqué, aujourd'hui plusieurs publications mentionnent la photographie sur laquelle pourrait figurer Arthur Rimbaud à l'âge adulte [cf le document à télécharger sur http://www.histoires-litteraires.org/, revue de Michel Pierssens et Jean-Jacques Lefrère].

La chasse aux inédits continue, qui était déjà bien évidemment déjà surréaliste [Littérature NS n°9 publiait en son temps deux sonnets inconnus de Rimbaud].
Nous en profitons également pour vous renvoyer aux revues numérisées sur le site, dont
- Littératurehttp://melusine.univ-paris3.fr/Litterature/litteratureIndex.htm
- Dadahttp://melusine.univ-paris3.fr/Dada-revue/Dada_index.htm
- et plus récemment La Brèchehttp://melusine.univ-paris3.fr/LaBreche/La_Breche_index.htm

Cordialement, Eddie Breuil

Site du Centre de recherches sur le Surréalisme /http://melusine.univ-paris3.fr/ Pour envoyer un message à tous : / melusine@mbox.univ-paris3.fr

dimanche 18 avril 2010 17:54

semaine 16

Semaine 16
Aragon et les revues dada et surréalistes (numérisation)
Elsa, Maïakovski, Aragon (spectacle)
Biomorphismes (exposition, autour de Matisse, Tanguy, Kandinsky et Calder)
André Breton, poeta massimo, par Tomaso Kemeny (publication)
Guy Cabanel, Maliduse (Publication)
René Char et les peintres (article)
Arthur Cravan (publication)
Lou Dubois exposition)
Benjamin Fondane par Victor Brauner (article de Camille Morando en ligne)
Annie Le Brun (publication)
Rose c’est Paris (chroniques, autour de Bettina Rheims)
La photographie, un art surréaliste (article)
L’empereur de Chine de Ribemont-Dessaignes (chronique du spectacle)
Philippe Soupault (monographie)

[Article] "Le portrait de Benjamin Fondane par Victor Brauner", Camille Morando

« Des quelques portraits de Benjamin Fondane dessinés, peints, photographiés par différents artistes, aucun ne laisse indifférent. Les premiers dessins livrent d'emblée la force du regard et la singularité de ce poète, que capturent, par exemple, Iosif Ross en 1916  ou Marcel Janco en 1925[1]. La beauté de ses traits se détache du fait qu'elle dégage une part de mystère : des arcanes poétiques – aux recherches existentielles de la condition humaine.

Pour l'illustration de Trois scenarii. Cinépoèmes[2] , publié en 1928, Man Ray exécute plusieurs clichés, l'un figurant le portrait de l'écrivain et son double : le premier les yeux baissés, sur ses mains présentant sa tête qui, elle, nous regarde; ce portrait[3] participe du trouble que suscite le regard de Fondane. Man Ray poursuit l'incessant jeu du reflet qui passe, notamment, par une vocation pour la mise en espace et en mouvement. L'autre portrait de Fondane par Man Ray, celui qui fut retenu pour Trois Scenarii confirme le jeu du double et de l'énigme : juxtaposition de deux photographies du visage de l'écrivain, tête-bêche, au front démesurément agrandi[4]. Quant à Constantin Brancusi, proche de Fondane qui lui consacre un essai [5], il dessine un portrait qui est reproduit en frontispice du recueil Privelisti de 1930. La ligne esquisse simplement les traits essentiels du visage aux yeux fermés.

Lors de son second séjour parisien (1930-1935), Victor Brauner, avec le portrait de Fondane (1931), ouvre une nouvelle voie en interrogeant l'Arbre de Vie et la Kabbale juive.

Rappelons que Fondane et Brauner, qui s'étaient rencontrés à Bucarest au début des années 1920, étaient tous deux liés aux milieux de l'avant-garde à Bucarest, et collaborèrent à la revue Unu

(1928-1932). Mais c'est à Paris, qu'ils se voient régulièrement, à partir du mois de mai 1930. Le peintre, à cette époque, côtoie essentiellement ses compatriotes roumains : Constantin Brancusi, Jacques Hérold, etc. Il habite alors rue Armand Moisan puis rue du Moulin Vert, près de l'atelier d'Yves Tanguy, qui lui présentera André Breton à l'automne 1933, date à laquelle Brauner entre dans le groupe surréaliste. Le carnet d'adresses de Fondane comporte alors les coordonnées de nombreux artistes roumains, tels Brauner, Brancusi, Claude Sernet, Voronca, Tzara[6].  

À partir de 1930, Brauner peint plusieurs portraits de ses compatriotes roumains, tels ceux de Sasa Pana[7], de Fondane, d'Adela Weschsler[8] (la mère du poète) ou encore d'Ilarie Voronca[9], dans lesquels la tête est coupée du reste du corps et inscrite dans un décor minéral. Brauner exécute en 1931 un tableau qui deviendra emblématique pour le peintre et le surréalisme. Il s'agit de son Autoportrait, symbolique prémonition de son énucléation qui se produira dans la nuit du 27 au 28 août 1938, suite à un accident qui le plaça au c½ur d'une rixe entre Óscar Domínguez et Esteban Francès, et qui le priva définitivement de son ½il gauche (½il droit dans le tableau[10]).

Pour le portrait de Fondane[11] , qu'il réalise sept années avant cet accident, Brauner choisit un cadrage particulier en décentrant à gauche la tête du poète, décapitée et sanglante, qui semble jaillir d'une mer rougie et flotter au-dessus d'un décor rocailleux et désertique. L'écrivain, aux yeux grands ouverts, les sourcils largement dessinés et les rides soulignées par des rehauts de couleur marron et gris, fait face au spectateur qu'il attire, par son regard, dans cet espace vertigineux et irréel. Le flot sanglant dû à la décapitation, fait écho à la larme de sang s'écoulant de la bouche – pourtant close – et de l’oeil gauche (le même dont Brauner sera privé). Le thème de l'oeil, obsession partagée au même moment avec Georges Bataille, Alberto Giacometti, etc., hante de très nombreux tableaux et dessins des années 1930 de Brauner, qui l'associe le plus souvent à la mutilation et au surgissement violent de cornes se substituant aux yeux[12]. Le visage stylisé de Fondane paraît surgir d'un rêve extatique et récurrent. À la droite du portrait, Brauner peint un arbre dénudé et décharné, aux racines apparentes et desséchées : ce motif de l'arbre était déjà présent dans les portraits de Voronca et de la mère de Fondane, également placé à droite dans la composition. Brauner fait sans doute référence au Livre de l'Arbre de Vie [Sefer Ets Hayyim], dans lequel le rabbin et kabbaliste du xvie siècle, Isaac Louria, développe les enseignements de la Kabbale et décrit l'arbre des dix Sephiroth qui représentait la structure de l'homme et de l'univers ainsi que les interactions entre l'être infini et la création. C'est notamment par son père, qui se passionnait pour l'occultisme et la Kabbale, que Brauner s'intéresse à cette tradition ésotérique du judaïsme et aux écritures magiques qui lui sont associées[13]. Mais dans le portrait de Fondane[14], en choisissant de représenter mort « l'Arbre de Vie » , le peintre paraît se référer à la fin du monde et de l'homme. Cette autre vision hégélienne de la « fin de l'Histoire » semble proposer un constat de l'échec de la tradition kabbalistique comme moyen de sauver le monde. L'Arbre de Vie, symbole du macrocosme et du microcosme, est chez Brauner foudroyé pour faire émerger toute la vivacité et la force du portrait représenté, qui finit par s'imposer, telle une empreinte ineffaçable. La tête décapitée et la présence de cet arbre témoignent de la recherche d'une identité, roumaine et juive, humaine et mythique. Brauner impose ainsi la figure déterminante et magique du « poète Benjamin Fondane », titre apposé au dos du tableau.

Cette ½uvre, rare témoignage des relations entre Brauner et Fondane[15], a été photographiée par le poète et fait partie d'un Album composé de 193 photographies réalisées et mises en page par Fondane[16]. Ce tableau y est reproduit en deux endroits : d'abord dans sa totalité[17], puis découpé et centré sur le seul portrait[18]. Dans cet Album fascinant, figurent également deux autres toiles de Brauner (qui étaient autrefois possession de Fondane) marquées par la récurrence du motif de l'Arbre de Vie : Portrait d'Adela Weschsler[19] et une autre toile (aujourd'hui disparue) représentant un « masque incrusté dans un arbre[20] ». Ces photographies non datées ont été faites avant que les liens entre les deux artistes ne se distendent. La présence dans l'Album du Poète Benjamin Fondane par Brauner livre, en filigrane, le moment d'amitié des deux artistes au début des années 1930 et confie à travers ce portrait – pendant d'une figure acéphale – leurs quêtes incessantes d'une unité perdue entre l'exil et la tradition de la Kabbale, entre l'onirisme et la conscience malheureuse d'un monde qui, déjà, déclinait.

[1] Voir le catalogue de l'exposition Benjamin Fondane, poète, essayiste, cinéaste et philosophe, Roumanie, Paris, Auschwitz, 1898-1944, Mémorial de la Shoah, reproduction p. 27.

[2] Deux photographies de Man Ray accompagnent cette publication de Fondane, publiée par les éditions Les Documents internationaux de l'Esprit nouveau, 1928 : un Rayogramme et un portrait de Fondane, évoqué ci-après (note 4).

[3] Man Ray, Benjamin Fondane [1925-1928], © Man Ray Trust. Ce portrait n'est pas retenu pour la publication. Voir la couverture du n° 9 des Cahiers Benjamin Fondane, 2006, et cat. exp. Benjamin Fondane…, ibid. p. 34.

[4] Voir page intérieure de Fondane, Scenarii, Cinépoèmes, éd. Les Documents internationaux de l'Esprit nouveau, 1928.

[5] B. Fondane, « Brancusi », in Cahiers de l'Etoile, n° 11, sept.-oct. 1929, p. 708-725. Il s'agit d'un des rares textes de Fondane sur un artiste plasticien.

[6] Ce carnet d'adresses, datant des années 1930, est conservé à la Beinecke Rare Book and Manuscript Library, Yale, New Heaven (Uncat. MSS 356 ; n°20020814-x (Box 5) ; cité pour la première fois par Eric Freedman, Cahiers Benjamin Fondane, n° 10, 2007, p. 198-200.

[7] Victor Brauner [Portrait de Sasa Pana], couverture de Sasa Pana – Victor Brauner, Diagramm, [Bucarest], éd. Unu, 1930 ; voir lot 479, Vente Paris, Hôtel Drouot, 23-24 nov. 2009, reprod. p. 161.

[8] Brauner, Portrait d'Adela Weschsler [1931], coll. part., ancienne collection de B. Fondane ; reprod. in Benjamin Fondane, Le voyageur n'a pas fini de voyager, ibid., p. 143.

[9] Victor Brauner, [Portrait d'Ilarie Voronca], illustration pour Ilarie Voronca, Petre Schlemihl, Bucarest, S.E., 1932, ill. par Michonze, S. Perahim et Brauner ; voir lot 508, Vente Paris, Hôtel Drouot, 23-24 nov. 2009, reprod. p. 169.

[10] Victor Brauner, Autoportrait, 1931, huile sur bois, 22 x 16,2 cm, Paris, Musée national d'art moderne, Centre Pompidou, Legs de Jacqueline Victor-Brauner, 1986. AM 1987-1196.

[11] Victor Brauner, Le Poète Benjamin Fondane, 1931, huile sur toile, 59 x 68 cm, coll. particulière.

[12] « [Le thème de l'½il] ouvre une “ grande brèche cyclopéenne ” dans l'½uvre et la vie du peintre, qui décrivait les “ deux événements capitaux ” par son accident à l'½il et la guerre. » Voir « Autoportrait », C. Morando, in Catalogue Art moderne, collection du Centre Pompidou, Paris, éd. Centre Pompidou, déc. 2006 (sous la direction de Brigitte Leal), p. 100.

[13] Brauner se passionnera pour les doctrines les plus secrètes comme celles de l'occultisme, décrites dans le traité de Cornelius Agrippa, repris dans l'anthologie de Jean Marquès-Rivière, Amulettes, talismans et pantacles dans les traditions orientales et occidentales, Paris, éd. Payot, 1938.

[14] Également dans celui d'Adela Weschsler.

[15] Aucune archive concernant Fondane ne figure dans le Fonds Victor Brauner conservé à la Bibliothèque Kandinsky, Musée national d'art moderne-Centre Pompidou. Toutefois, Laurette Séjourné (compagne de Victor Serge) répond à Brauner suite à la mort de Fondane : « ce que vous m'avez appris de Fondane m'a terrifiée et m'a positivement rendu malade plusieurs jours. » (Lettre de Laurette Séjourné à Brauner, Mexico, 14 mars [1946 ?], Inv. AM 8818-355 ; publiée in Victor Brauner. Écrits et correspondances 1938-1948, Paris, INHA/Centre Pompidou, 2005, sous la direction de C. Morando et S. Patry, p. 260.

[16] Nouvelle acquisition du Centre Pompidou : Benjamin Fondane, Album de photographies, [1930-1938], 193 tirages collés sur 30 planches reliées de papier noir (recto/verso), 16 x 20 x 3 cm, conservées au Musée national d'art moderne-Centre Pompidou, Paris, Inv. AM 2009-151 (1 à 31). Nous remercions Clément Chéroux qui nous a permis de consulter cet album.

[17] Voir Planche 17, recto. Inv. AM 2009-151(17).

[18] Voir Planche 24, recto Inv. AM 2009-151(24).

[19] Voir Planche 20, recto Inv. AM 2009-151(20) ; ce portrait est placé sur la même page qu'un portrait de Brauner photographié par Fondane sans doute au début des années 1930.

[20] Voir Planche 27, recto Inv. AM 2009-151(27). Ce tableau (comme les autres toiles de Brauner appartenant alors à Fondane) est mentionné par Monique Jutrin dans « Comptes Rendus », in Cahiers Benjamin Fondane, n°10, 2007, p. 230. »http://fondane.com/Camille%20Moramdo%202010.htm

[Publication] Arthur Cravan

« "En voilà une qui aurait bien besoin qu'on lui relève les jupes et qu'on lui mette une grosse ... quelque part pour lui apprendre que l'art n'est pas une petite pose devant le miroir. Oh ! chochotte ! (ta gueule !). La peinture c'est marcher, courir, boire, manger, dormir et faire ses besoins. Vous aurez beau dire que je suis un dégeulasse, c'est tout ça."

Arthur Cravan, "L'Exposition des Indépendants", Maintenant, n° 4, mars-avril 1914, pp. 16-17.Publié par Fabrice Lefaix »
http://dadaparis.blogspot.com/
Arthur Cravan, précipité

Bertrand LacarelleBrochéParu le : 07/04/2010

Editeur : GrassetISBN : 978-2-246-74831-1EAN : 9782246748311 nb. de pages : 264 pages poids : 266 g

Dimensions : 14cm x 20,5cm x 1,7cm

[Exposition] Lou Dubois

Le vernissage de l'exposition de Lou Dubois aura lieu vendredi 23 Avril à la galerie : Dorothy's gallery, 27, Rue Keller, 75011 Paris.
L'exposition dont les commissaires sont Françoise Py et Valentine Oncins, se déroulera du 23 Avril au 3 Mai.
Information communiquée par Valentine Oncins

[Numérisations] Aragon et les revues dada et surréalistes

Le site de la société belge des amis d'Aragon a mis récemment une page en ligne (en construction) sur les « Contributions d'Aragon aux tracts et revues dada et surréalistes ».
A consulter sur :

http://www.agota.be/aragon/biblio2.html

[Exposition] «Biomorphismes» (Matisse, Yves Tanguy, Kandinsky et Calder)

« Vent de printemps à Beaubourg
Par Valérie Duponchelle

Le Centre Pompidou révise l'accrochage de ses ½uvres. Un exercice qu'il s'impose tous les deux ans.

Une nuit, au musée, les ½uvres d'art se sont regroupées par affinités. L'immense tableau de Matisse, sensuel et léger, soupire d'aise comme un dormeur. C'est toute la magie d'Océanie, la mer, aux motifs découpés, blancs et abstraits - oiseaux ou vagues stylisés - imprimés sur le lin beige comme une longue plage (1946). Sur le mur opposé, le surréaliste Yves Tanguy fait danser ses formes molles dans un espace vide, déshumanisé, entre douceur pastel et cataclysme (Jour de lenteur, huile de 1937 achetée il y a à peine un an). Tout près, la grande Peinture sombre de Miro, 1937, abrite des formes jumelles. Elles renvoient à leur tour à Requin et Baleine, sculpture en bois d'un jeune Calder équilibriste et minimal. Drôle d'endroit pour une rencontre? Au cinquième étage du Centre Pompidou, la salle 17 qui les réunit tous s'appelle savamment «Biomorphismes».

Elle est l'une des créations réussies du nouvel accrochage des collections modernes du Centre Pompidou qui vont de 1905 aux années 1960. «L'idée est née lors de notre rétrospective Kandinsky qui a révélé son ½uvre tardive des années Bauhaus», explique Angela Lampe, l'un des onze conservateurs qui ont revu l'accrochage de ces «historiques» sous la direction de Jean-Paul Ameline. «J'ai été frappée, dit-elle, par le nouveau vocabulaire biologique de Kandinsky. Ses méduses, ses amibes, ses formes organiques m'ont fait penser aussitôt à Miro, puis à Arp. J'ai fait des recherches pour étayer mon hypothèse, j'ai retrouvé la connexion avec Roberto Magnelli via Les Cahiers d'Art. J'ai ajouté Calder, qui partage la même esthétique. Puis les surréalistes comme Tanguy. Puis le Picasso de 1932, fasciné par les formes rondes dans sa Femme couchée.»

«L'histoire de l'art en temps réel»

La scénographie souligne ce monde en soi qui partage la même harmonie silencieuse. L'estrade bleu pâle sur laquelle reposent les quatre sculptures d'Arp et le Calder est une version géante des Reliefs peints de l'Alsacien. Le mobile Fish Bones de Calder, 1935, plane au-dessus comme un squelette d'oiseau. «L'enjeu d'une salle thématique est à la fois scientifique et visuel, explique Angela Lampe. Elle brasse les disciplines: peinture, sculpture et film. Elle doit éclairer l'esprit du visiteur, comme le petit texte d'introduction et les cartels des ½uvres les plus marquantes, et aussi instruire son ½il.»

La salle 11, «Le Corbusier et l'Esprit nouveau», expose un incroyable Studio-Bar de Charlotte Perriand, des maquettes d'architectes, des revues et un très grand tableau mécanique de Fernand Léger. Dans la salle 14 baptisée «Le premier surréalisme», Il Ritornante (1918) de Giorgio de Chirico, acheté à la vente Yves Saint Laurent l'an dernier, règne sur les jeunes Picasso, Miro, Dali, Ernst et Giacometti. Une salle toute neuve met en lumière l'art cinétique. Une autre, le design scandinave, de Poul Kjaerholm à Poul Henningsen.

Pourquoi faire et défaire? La question revient à s'interroger sur la mission du Centre Pompidou Paris qui prête 3 000 ½uvres par an, du Centre Pompidou Metz aux grands musées du monde. «Pour écrire encore et encore l'histoire de l'art, discipline par essence évolutive, et la faire partager en temps réel», répond son directeur, Alfred Pacquement. Changer la mise en scène des ½uvres, associer les artistes par thème ou courant, accueillir au musée l'architecture, le design, le cinéma, invite, en douceur au savoir, le public de 7 à 77 ans, disent les conservateurs, «ravis de ce brainstorming perpétuel, propre à Beaubourg».

Credo du service public? Tous les deux ans ou presque, le réaccrochage des collections permanentes mobilise entre six et dix conservateurs qui cogitent et débattent pour offrir une lecture nouvelle d'un patrimoine très riche. Parfois, le thème englobe toutes les collections concernées et les réorganise autour de ce point spécifique. Ce fut le cas de «Big Bang», du «Mouvement des images» ou encore d'«Elles», accrochage consacré à la place des femmes artistes, des années 1960 à nos jours. Ni le MoMA à New York, ni la Tate à Londres n'en font autant. »

http://www.lefigaro.fr/culture/2010/04/12/03004-20100412ARTFIG00465-vent-de-printemps-a-beaubourg-.php

[Monographie] Béatrice Mousli, Philippe Soupault

Flammarion
Coll. Grandes biographies
471 p.
ISBN : 978-2-08-068930-6
25 euros
« Présentation de l'éditeur :
" Poète, vagabond.
Voyageur. Contestataire ", Philippe Soupault (1897-1990), fondateur du mouvement surréaliste avec André Breton et Louis Aragon, a vécu en marge, à dessein et par inadvertance. A dessein, il s'est tenu à l'écart des projecteurs, n'aimant ni l'idée ni les servitudes de la gloire. Et c'est par inadvertance qu'il est resté dans l'ombre : trop occupé à vivre, il a oublié de préparer sa postérité... Auteur avec Breton, en 1919, des Champs magnétiques, un des livres les plus marquants du XXe siècle, il est avant tout poète.

Mais c'est aussi un romancier de talent (du Bon Apôtre aux Dernières Nuits de Paris), et un critique prolifique, inclassable. Editeur, journaliste à Paris-Soir et à L'Excelsior, directeur de Radio-Tunis, producteur à Radio-France, sa vie professionnelle est variée et passionnante, marquée par de nombreux voyages, de multiples rencontres. Proche de la résistance gaulliste, il connaît les geôles vichystes à Tunis.

Considéré comme l'un des plus authentiques écrivains de la littérature française, on le retrouve en 1944 professeur dans une université chic de la côte Est des Etats-Unis. Sa vie, retracée ici à travers son oeuvre et de très nombreux inédits, suit les soubresauts littéraires et politiques du siècle, du mouvement dada aux errances du surréalisme, de la montée du nazisme en Allemagne à la dictature du gouvernement de Vichy, de la création de l'URSS à la décolonisation.

De Paris à Mexico, de Tunis à New York en passant par Berlin, Prague et Rio de Janeiro, c'est une longue vie pleine de poèmes et de traversées, cherchant sans cesse un difficile équilibre entre l'écriture, les amitiés et les amours. »

http://www.fabula.org/actualites/article37358.php

[Chronique] « L'Empereur de Chine », de Georges Ribemont (critique d'Aurore Krol), Théâtre du Pays-de-Morlaix à Morlaix

« Un empereur majestueux mais très exigeant

« L'Empereur de Chine » est une pièce dadaïste écrite en 1916 et dont la mise en scène est loin d'être évidente. Madeleine Louarn s'y attaque dans la dernière création de l'atelier Catalyse, qu'elle dirige depuis vingt ans. Avec une dizaine d'acteurs handicapés mentaux issus d'un ÉSAT (établissement et service d'aide par le travail), elle explore une ½uvre complexe sur les jeux de pouvoir et les transgressions morales, allant jusqu'au bout de propositions originales et percutantes.

Très rarement montée, cette pièce trouve de nombreux points de fusion avec les comédiens, dont la singularité sert un texte toujours aux limites de l'absurde. Jusque dans la difficulté de diction, dans l'effort à dire, les interprètes parviennent à dilater le sens des mots, à leur offrir une force neuve et touchante. Certains passages sont d'ailleurs de véritables moments de bravoure déclamatoire. On pense là particulièrement à Jean-Claude Pouliquen, dont le jeu est impressionnant de force et de tension.

Il y a de beaux partis pris dans ce théâtre-là : un texte exigeant et violent, dont les thèmes vont de la guerre à l'inceste, une souffleuse à vue et totalement intégrée au spectacle, enfin une mise en scène radicale, prenant le contre-pied des critiques récurrentes quant à la prétendue instrumentalisation de ces acteurs. On pense par exemple à la scène initiale, où l'on observe un personnage apprenant son texte et recevant des décharges électriques à chaque erreur de prononciation. Ce genre de détournement, à l'impertinence judicieuse, apparaît comme une réponse intelligente et pleine d'humour malgré la violence de l'image.

Évoluant dans un éclairage majoritairement crépusculaire, les personnages sont entourés d'étoffes chatoyantes et profondes, très belles. Dans ce décor, les comédiens portent à leur maximum les atmosphères et les états des protagonistes, allant jusqu'au bout d'un jeu sans compromis. Néanmoins quelques accrocs sont à noter dans cette partition complexe, bien qu'ils soient d'avantage imputables aux conditions matérielles de la représentation qu'à la qualité du travail fourni.

Présentée lors du festival Panorama, dans un étroit théâtre à l'italienne, la pièce a premièrement souffert d'une acoustique de médiocre qualité. Débutant par ailleurs avec une demi-heure de retard pour permettre aux spectateurs retardataires de rentrer, ce qui s'est évidemment traduit par un état de stress assez fort sur la scène. Enfin, l'espace scénique paraissait presque étriqué au vu du dispositif mis en place, ne permettant pas une visualisation optimale des décors dans toute leur amplitude.

Du côté de la direction d'acteurs, l'exigence des propositions n'a pas forcément été uniquement bénéfique. Le nombre considérable de déplacements, par exemple, n'aidait pas les comédiens à investir l'espace avec aisance, et donnait un ton formel et peu rythmé à l'ensemble. Demandant une concentration et une attention sans faille du public, cette pièce se positionne dans le champ des propositions difficiles, pour lesquelles il vaut mieux arriver avec la plus grande disponibilité possible pour éviter de décrocher. Mais l'enjeu vaut bien cet effort, et, au terme du voyage, la poésie lugubre de l'histoire finit par installer toute l'intensité de son atmosphère et marque profondément le spectateur. Un spectacle assez « jeune », qui demande peut-être de continuer à se roder, mais dont la tournée s'annonce prometteuse. ¶

Aurore Krol
Les Trois Coups

www.lestroiscoups.com »

http://www.lestroiscoups.com/article-l-empereur-de-chine-de-georges-ribemont-critique-d-aurore-krol-theatre-du-pays-de-morlaix-a-morlaix-48362034-comments.html

[Article] autour de René Char et de ses amis peintres

« Le poète et ses amis peintres
Le texte enluminé

Les mots du poète sont des pierres précieuses que les traits et les couleurs de l'artiste sertissent pour en rehausser l'éclat.

L es poètes ont travaillé en amitié avec les artistes et particulièrement les peintres parce que leurs mots ne sont pas destinés à créer un univers romanesque comme le font les écrivains mais à éclairer le nôtre, à soulever nos âmes et nous élever jusqu'au ciel, ce que nous ne serions jamais capables de faire sans eux. Les poètes seuls ont cette force, ils sont si peu nombreux qu'ils devraient être assis au Panthéon du monde et nous inspirer des concepts qui nous donneraient la force d'envisager l'avenir avec sérénité

A PROPOS DE L'ARTISTE. Victor Brauner est né en Roumanie en 1903, mort en 1966 à Paris où il s'était installé 36 ans plus tôt, Il a été proche de Brancusi, Giacometti et Tanguy.

Victor Brauner fit la connaissance de René Char avant la guerre, l'un et l'autre appartenant alors au groupe surréaliste. Pendant l'occupation, Brauner se réfugia dans les Alpes de Haute-Provence où était aussi René Char engagé dans la résistance à l'occupation de la France par l'armée allemande.

L'amitié Char-Brauner alla en grandissant et s'intensifia encore à partir de 1948 lorsque Brauner quitta les surréalistes.

Victor Brauner voyait dans la poésie de René Char comme le miroir de ses propres recherches plastiques et picturales. Il attribue aux mots du poète une force magique et Char est touché de voir comment sa poésie entre en résonance avec l'univers de son ami.

Brauner avait créé un double enfantin, le petit Victor, qui déambule dans son ½uvre. Le monde animal y est aussi très présent, une sorte de lien avec l'Afrique.

Lire l'article : Le chant des libertés

Victor Brauner a enluminé à la gouache ou à l'aquarelle de nombreux poèmes de René Char.

Là-bas dans le sud en Provence sous le soleil

A vec Miró le travail est très différent, on dirait que l'écriture de l'artiste joue avec celle du poète ou mieux l'accompagne comme les dessins qu'un lecteur amoureux ferait en lisant, tandis que le dessin de Brauner encadrait le poème, le glorifiait. Miró est naturellement moderne, ses couleurs sont éclatantes, on est complètement sorti de l'époque surréaliste.

A PROPOS DE L'ARTISTE. C'est à partir de 1948 que René Char et Juan Miró vont vraiment apprendre à se connaître. C'est l'année de la 1ère exposition des peintures et cramiques de Miró en France. Elle se tient à la galerie Maeght à Paris.

Miró avait, dit-on, une admiration complète et silencieuse pour Char. Ils travaillèrent fréquemment ensemble de 1948 à 1976. cd. Dans son travail sur les textes de Char, Miró a alterné faces coloriées et faces sombres, comme illustré dans cet article.

Sur les traces du poète disparu

En 2001, nos amis Charlotte et Guillaume Ducamp étaient allés à l'Isle-sur-la-Sorgue d'où René Char (1907-1988) était originaire. Ce fut un choc, surtout pour Guillaume qui est toqué de poésie. Le c½ur de la ville était dans un piteux état. Ils aperçurent un livre de René Char dans la vitrine d'une Maison de la Presse c'était tout. Les traces du poète semblaient avoir disparu. Ce qui frappait le plus était le grand nombre d'antiquaires et de brocanteurs.

Parfois une personne était capable d'indiquer à Guillaume une direction. Quand il demandait des renseignements sur la maison natale de René Char ils avaient l'air de tomber des nues.

« Mme Char est à Saint-Antoine, elle ne veut pas qu'on entretienne le souvenir de son mari. », avait dit une personne qui travaillait au musée Donadei de Campredon. En entendant cela Guillaume avait pensé à des règlements de compte de village.

On leur indiqua enfin le « château Char », plus modestement une maison bourgeoise qui était de l'autre côté de la Sorgue. Etait-ce réellement la maison natale de Char « Les Névons », Charlotte et Guillaume n'en surent rien. Plusieurs propriétaires paraissaient l'habiter, le jardin ressemblait à un terrain vague. Il y avait des H.L.M. à proximité. Guillaume et Charlotte avaient l'impression qu'on leur racontait n'importe quoi.

Les marraines du poète étaient propriétaires de l'ancien hôtel de Palerme. Vendu vers 1950 à une famille qui l'occupait alors. Une vieille dame brocantait dans une remise de la cour, des cochonneries récupérées dans les placards des chambres.

Finalement le dernier étage de l'hôtel Donadei de Campredon a été aménagé pour abriter une reconstitution du bureau de René Char à laquelle on a donné le nom de « Maison de René Char ». En 2007, une exposition y a été organisée sur le thème des « Paysages Premiers ».

A la mort de son père, Guillaume avait choisi un poème de René Char que sa fille avait lu à sa place :
« Nous ne sommes tués que par la vie. La mort est l'hôte. Elle délivre la maison de son enclos et la pousse à l'orée du bois.
Soleil jouvenceau je te vois ; mais là où tu n'es plus. »
« Le Nu perdu » – livret « Contre une maison sèche » (Coll. Poésie, Poche Gallimard)
(…) »

A lire en intégralité sur : http://www.vertetplume.com/blog/le-poete-et-ses-amis-peintres/

[Chronique] Rose c'est Paris

« Le jeu de piste de Bettina Rheims
Par Valérie Duponchelle

Il y a plusieurs chemins pour aborder l'univers clos de Bettina Rheims. Le premier est celui de la nudité, tendance esthète et ­féminine - l'anti-Lucian Freud, donc -, tendance frontale, épilée, sans trop de clair-obscur. La preuve par ses héroïnes nubiles, apprêtées, offertes, provocantes, gamines comme des naïades de luxe jouant dans un verger éternel. Ce chemin-là n'est pas pour tous les âges ni pour tous les publics, comme le fustigeait le carré blanc des émissions d'antan. Le label BNF ne doit pas occulter la chose, si française, et le visiteur de se rappeler qu'il y a un enfer pour les curiosa dans les bibliothèques bien pleines et bien fermées. Bettina Rheims, c'est chaud.

Pour raconter «Rose, c'est Paris», hommage à la ville surréaliste de Marcel Duchamp, cette diablesse à la voix si douce s'est approprié à sa façon subversive ce thème classique de l'histoire de l'art. Delacroix, Courbet, Picasso, Rubens, Bunuel, Lynch... «La nudité a toujours été un outil pour les artistes», dit-elle, sans parler de La Prière de Man Ray, des poupées hypersexuées de Hans Bellmer et des outrages faits aux saintes dans la peinture religieuse. Une blonde sirène pose un pied nu sur l'échiquier de Bettina, le maître du jeu n'est pas celui qu'on croit. «Ce n'est pas la nudité des femmes qui m'intéresse, ce sont les femmes! En les mettant à nu, je les perçois mieux, je les débarrasse, je nous débarrasse de tous les carcans et conventions», répond cette inquiète toujours aux aguets, «créatrice empirique» que l'angoisse fouette et stimule dans sa «quête d'une image», un peu comme ses héroïnes, B et R, perdues en sous-sol.

Le second chemin, c'est Paris, celui de Fantomas, des toits escaladés, des décors de théâtre, des baraques foraines et des feuilletons populaires, haletants, glauques et biscornus. Lecteur-adepte de Métronome qui suit Paris pas à pas, le visiteur peut tenter de démasquer ces murs bien connus, ces jardins improbables et ces lieux secrets où Monica, Naomi, Louise et autres femmes de Bettina jouent les sans-culotte sur les barricades, se prennent pour Gala Dali avec une baguette en couronne, muent et se déboublent en siamoises balafrées, meurent sans un gramme de trop, en victimes de fait divers poignardées par une tour Eiffel.

«Je suis boulimique d'action»

«Paris, c'est une lumière à la fois grise et brillante, la lumière de l'hiver et du froid qui crée une tension dans les images», explique cette narratrice en noir et blanc, comme son complice d'écriture, Serge Bramly, ici à la caméra.

Le troisième chemin, c'est l'enfance. Il est omniprésent dans l'idée même du jeu qui sous-tend l'exposition, comme dans ces références multiples au Paris des surréalistes, cruels hommes à femmes. L'art, ses dieux vivants, ses créatures, ses blessures transfigurées en ½uvres, tout cela parle naturellement à la fille de feu Maurice Rheims, figure du marché de l'art parisien et séducteur impénitent. «Petite, j'étais sauvage, désagréable, rebelle. Très petite, très grosse, ratée, quoi! Je suis boulimique d'action, j'aime l'excès.» Bettina s'est retrouvée dans la beauté des femmes.

«Rose, c'est Paris, Bettina Rheims et Serge Bramly», jusqu'au 11 juillet, à la BNF Richelieu (IIe).Catalogue aux Éditions de la BNF (25¤), livre-valise chez Taschen (édition limitée) »

http://www.lefigaro.fr/culture/2010/04/13/03004-20100413ARTFIG00410-le-jeu-de-piste-de-bettina-rheims-.php

[autre chronique] Rose c'est Paris

« Tableaux parisiens, version porno chic
Luc Debraine

Bettina Rheims et l'écrivain Serge Bramly ont imaginé un feuilleton photographique, «Rose, c'est Paris», exposé à la BnF. Les images très léchées se placent sous l'influence de Fantômas, des surréalistes et de Marcel Duchamp

«Il faut que l'½uvre ne contienne rien de réel, aucune observation du monde ou des esprits, rien que des combinaisons tout à fait imaginaires.» Cette citation de Raymond Roussel, inspirateur des surréalistes, sert d'épigraphe au projet inclassable de la photographe Bettina Rheims et de l'écrivain Serge Bramly: Rose, c'est Paris. Ce projet est en effet à haute valeur imaginaire ajoutée, même si ses codes esthétiques puisent dans le registre bien réel de la publicité et du glamour sur papier glacé.

Bettina Rheims mène depuis trente ans une carrière de photographe à l'aise autant dans le domaine de la communication (Chanel, Lancôme) que de l'essai érotique au féminin, à l'exemple de Chambre close. Parfois les deux aspects de son travail, la pub et la création personnelle, se confondent dans une seule exposition, ou un seul livre (More trouble). Mariée un temps à Serge Bramly, Bettina Rheims continue de collaborer avec cet écrivain. Ils habitent l'un au-dessus de l'autre dans le même immeuble parisien. Exactement comme Souvestre & Allain, les deux auteurs qui concoctaient il y a un siècle les aventures méphistophéliques de Fantômas.

Ce légendaire personnage de feuilleton imprègne la trame narrative de Rose, c'est Paris. Exposées depuis aujourd'hui à la Bibliothèque nationale de France à Paris, les 110 photographies de ce conte onirique mettent en scène une jeune Fantômas blonde (l'actrice et modèle belge Inge van Bruystegem). Celle-ci ne cesse de changer de déguisements et d'arpenter les coins les plus obscurs, mais aussi les plus méconnus de Paris. B., c'est son nom, se lance à la recherche de sa s½ur jumelle R., comme Rose, laquelle a mystérieusement disparu. Découpé en treize épisodes, le feuilleton photographique voit B. se dissimuler sous l'apparence d'une tricoteuse japonaise, d'une courtisane ou d'une accordéoniste aveugle. Dissimuler est un grand mot: dans les images en noir et blanc, hommage au Paris d'autrefois, B. est au trois-quarts nue. Comme d'ailleurs le reste des personnages féminins de cette (en)quête fantasmatique. La plupart d'entre elles sont fameuses, comme Charlotte Rampling, Monica Belluci, Naomi Campbell, Anna Mouglalis ou Valérie Lemercier. Les figurants masculins ne sont pas en reste, comptant dans leurs rangs Jean-Pierre Kalfon, Anthony Delon ou Thadée Klossowski, le fils du peintre Balthus. Celui-ci inspire certains des tableaux photographiques de Bettina Rheims, comme Delvaux, Chirico ou Magritte, lequel affirmait avoir trouvé sa voie grâce à la série des Fantômas. La fiction visuelle se place surtout sous la tutelle de Marcel Duchamp, dont le double féminin s'appelait Rose Sélavy, d'où le titre de l'actuel ­projet. Les grandes ½uvres conceptuelles de Duchamp sont réinterprétées devant l'objectif de Bettina Rheims, tels La Mariée mise à nu par ses célibataires ou Etant donné . Rose c'est Paris est ainsi un jeu de pistes qui ­multiplie les citations picturales et littéraires, avec un regard appuyé au surréalisme. C'est un hommage au père décédé de la photographe, le commissaire-priseur et académicien Maurice Rheims. C'est enfin une ode ­hivernale à Paris qui emprunte les sous-sols du Palais de Tokyo comme le dôme de l'Observatoire.

Réalisé avec d'importants moyens logistiques et le budget d'un moyen-métrage de cinéma (payé par une marque de champagne), Rose c'est Paris est aussi un film de Serge Bramly. Cette vidéo HD, projetée dans l'exposition, a été tournée pendant les prises de vues de Bettina Rheims. Le film a un rôle: raconter la même histoire de manière plus linéaire, plus explicite. Mais il ne convainc pas: les figurants du feuilleton y sont aussi expressifs que les mannequins des Galeries Lafayette. Les images fixes sont plus intéressantes, car plus troubles. Même si leur double couche de vernis brillant, celui du porno chic et du people, obscurcit en définitive l'ambition plus artistique du projet.

«Rose, c'est Paris», Bettina Rheims et Serge Bramly, Bibliothèque
de France (site Richelieu),
jusqu'au 11 juillet 2010. Infos: www.bnf.fr. Un livre en édition limitée est paru chez Taschen.
Le film de Serge Bramly sera diffusé le 10 avril sur la chaîne Arte. »

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/4e1e557e-4283-11df-b299-625dbc8ab20c|0

[Chronique] Si rien avait une forme, ce serait cela, Annie Le Brun

« Sur le versant noir de l'humain avec Annie Le Brun

Par Jacques Dubois

Lorsque, dans son récent essai, Annie Le Brun parle de Sade, du roman noir ou du surréalisme, elle reste fidèle à elle-même et à ses livres antérieurs, revenant à quelques-uns de ceux qui ont fait valoir la face obscur de l'humain. Mais, cette fois, elle élargit l'angle de vue et procède au grand rassemblement des univers philosophiques et littéraires qui ont pris en charge cette « noirceur ».

Elle va ainsi nous promener au long de trois siècles, mettant en évidence les ½uvres minoritaires qui ont fait utilement valoir le mal et sa négativité en permettant à l'homme de libérer son imagination et de se libérer tout court. La grande question pour elle est donc celle d'un « noir » que la pensée contemporaine refoule méthodiquement, bloquant tout désir vrai. Ainsi sa thèse sera que, dans notre monde de rationalité technologique, plus aucune place n'est laissée à la si nécessaire possibilité de rejoindre la part d'inhumanité qui est en nous.

Annie Le Brun va donc mettre en présence deux champs de forces : celui du contrôle outrancier de la vie, celui du surgissement de cette même vie. Elle se contentera de stigmatiser le premier ; elle tentera de ranimer le second en rappelant quels furent ses hérauts dans le domaine de l'art et de la pensée. Mais Annie Le Brun commence par baliser son domaine d'investigation à partir d'emblématiques catastrophes. Elle fait ainsi du tremblement de terre de Lisbonne de 1755 une grande origine dans la mesure où ce séisme apprit à l'homme à extraire du carcan religieux les grands malheurs susceptibles de l'atteindre. Elle pointe ensuite comme double terminus Auschwitz et Nagasaki, massacres collectifs qui, deux siècles plus tard, sont cette fois le produit de l'homme même et d'une scission chez lui entre imagination et pouvoir d'action.

Dès l'époque des Lumières, observe l'auteure, les penseurs les plus importants feront la part qu'il faut à la négativité mais ils n'en tireront pas toutes les conséquences. Ainsi de Hegel qui, dans sa célèbre préface à La Phénoménologie de l'esprit, affirme « la puissance prodigieuse du négatif » mais pour la positiver ensuite dans l'idée de Progrès. Ainsi encore de Goethe qui conceptualise cette même puissance sous la forme du démonique mais sans réussir à exprimer la démesure radicale de ce qui fait le « noir ».

Ce sont par conséquent des écrivains et des artistes qui vont véritablement prendre en charge l'excès du négatif et, en tête de leur lignée, le marquis de Sade, cher à Annie Le Brun. Venant d'évoquer Hegel, elle note à propos du divin marquis : « Aussi est-il pour le moins troublant qu'une vingtaine d'années plus tôt, Sade ne se sera, au contraire, soucié que de s'en remettre à l'excès du désir comme à son pouvoir de négation imaginante, pour en faire apparaître les figures toujours nouvelles. Le foisonnement, la luxuriance, la démesure de ce qui est alors figuré empêchent la négativité de se dissoudre, comme chez Hegel, dans la positivité du devenir, en forçant avec une détermination sans égale l'espace de la représentation pour inventer le premier théâtre d'où considérer notre néant. » (p . 85) Partant de quoi reste à jeter le pont qui s'impose entre le romantisme allemand des Hölderin et des Novalis et le surréalisme à la française qui est déjà, pour Le Brun, celui d'un Lautréamont ou d'un Jarry prophétiques, voire d'un Mallarmé érotique. Et de condamner au passage la conception autotélique de la littérature défendue par Maurice Blanchot et d'autres.

De façon plus inattendue mais dans la même ligne, Annie Le Brun appelle de ses v½ux l'apparition d'une nouvelle mythologie, évoquant l'attrait exercé au début du XXe siècle par les cultures primitives sur un Gauguin ou un Picasso en peinture ou sur un Marcel Mauss en anthropologie. C'est encore le défaut d'imagination qui est ici en cause et qui trouverait à se résorber à la faveur d'une jonction –assez stimulante pour l'esprit– entre mythe à l'antique et mythe primitif. « Pourquoi, s'exclame Annie Le Brun dans une envolée lyrique, alors même que notre époque commence à voir dans quelle prison imaginaire le progressisme technologique nous détient depuis si longtemps, continue-t-on d'ignorer, proches ou lointaines, les forêts de signes, les mines de lumière et les jungles de rêve d'où, depuis toujours, l'insoumission sensible imagine les plus folles évasions ? » (p. 107)

En fin de volume, Annie Le Brun s'interroge sur ce qui reste d'espoir aujourd'hui de renouer avec les forces créatives profondes. Il est sympathique mais quelque peu naïf qu'elle mise à cet égard sur la passion amoureuse, dont elle dit qu'elle est la « seule solution dont chacun dispose encore et toujours pour s'aventurer au plus loin de la misère du monde. » (p. 203). Mais pourquoi pas ? Quand on n'a que l'amour, disait le poète... Robert Desnos pensait de même, qui définissait l'érotisme comme la science individuelle par excellence.

Au total, le procès qu'Annie Le Brun fait à la raison contemporaine avec ses technologies, ses virtualités, son économisme, est plus passionné qu'argumenté (ainsi désignée, ladite raison n'est-elle pas elle-même un mythe au mauvais sens du terme ?). Mais c'est conforme à un credo qui, en son meilleur, s'exprime dans un chatoiement heureux de l'écriture –apparent dès le beau titre du volume– comme dans la célébration de ces forces en péril que sont imagination, rêve, désir, amour. Et l'on ne peut qu'aimer avec Le Brun tous ceux et celles qui, au cours des temps, ont incarné ces forces dans leurs ½uvres et leurs actes.

Annie Le Brun, Si rien avait une forme ce serait cela, Paris, Gallimard, 2010. ¤ 21,90. »

http://www.mediapart.fr/club/edition/bookclub/article/140410/sur-le-versant-noir-de-lhumain-avec-annie-le-brun

[Article] La photographie, un art surréaliste

« Raymond Aubin
(Artiste professionnel en arts visuels [photographie])
La photographie, un art surréaliste

André Breton lui-même a utilisé dans ses livres le caractère surréaliste de la photographie pour montrer la vérité à travers le banal. Mais comment un art qui se définit par sa connexion au réel peut-il être surréaliste?

Dans son manifeste, Breton définit le surréalisme en ces termes : « Automatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. » Deux traits du surréalisme sont particulièrement pertinents à la photographie : la création automatique et la mise en relation d'éléments disparates.

Le Manifeste du surréalisme a été publié en 1924. La même année, Leica commercialisait le premier appareil photo petit format. Tout bon surréaliste verrait là la manifestation du « hasard objectif » cher à Breton pour qui le fortuit est porteur de sens. Petit, léger, maniable, le Leica ouvrait la voie à la création automatique en photographie. Il est devenu l'appareil mythique du photojournaliste Henri Cartier-Bresson. L'idée reçue veut que celui-ci déclenchait à « l'instant décisif » — son premier livre, Images à la sauvette, est paru en anglais sous le titre The Decisive Moment. Au contraire, Cartier-Bresson mitraillait frénétiquement, quatre Leica autour du coup. L'instant décisif, il le découvrait en scrutant ses planches contacts. C'est le titre français du livre qui trahit l'approche surréaliste de Cartier-Bresson.

Libre, éclatée, la photographie petit format sollicite le hasard objectif. Elle favorise la mise en relation d'objets dissemblables dans le cadre de l'image. Elle appelle la rencontre du parapluie et de la machine à coudre de Lautréamont. Des significations nouvelles et étonnantes en émergent.

La photographie demeure connectée au réel; c'est le réel lui-même qui est surréaliste. La photographie offre un immense potentiel de création automatiste et éclectique. Aujourd'hui, la liberté de prise de vue apportée par les appareils numériques multiplie ces possibilités, à la condition que le photographe lâche prise et qu'il déclenche gaiement. »

http://raymondaubin.ca/2010/04/12/la-photographie-un-art-surrealiste/

[Publication] André Breton, poeta massimo (Tomaso Kemeny)

« La publication de la plaquette « André Breton, poeta massimo», de la part de Arcipelago Edizioni, suit la soirée mémorable du 7 mai 2009 à la Maison de la Poésie de Milan, consacrée par le poète Tomaso Kemeny à la parole toujours vivante et à la vie - une vie considérée comme exemplaire - d'André Breton.

Tomaso Kemeny, un des fondateurs du mouvement mythe-moderniste (avec les poètes Giuseppe Conte, Mario Baudino, Rosita Copioli, Roberto Mussapi, Roberto Carifi et le philosophe Stefano Zecchi) et aussi de la Maison de la Poésie de Milan, considère l'héritage de Breton fondamental pour la survie du courant d'énergie métamorphique, déchainé par le surréalisme, à même de bouger l'homme vers un futur inconnaissable et aussi héroïquement fondé sur l'insubordination du beau.

L'½uvre et l'existence de Breton sont une contribution très importante pour la résistance à la mauvaise conscience globalisée et aussi pour la réinvention permanente d'une aristocratie barbare de l'intelligence stylistique.

Adele Succetti, qui a une formation lacanienne, rapproche l'exploit de Breton à l'expérience de la psychanalyse, contre une civilisation qui, de plus en plus, essaie de réduire l'être humain à un ensemble, plus ou moins perfectible, de cellules. »

http://www.arcane-17.com/rubrique,andre-breton-poeta-massimo-tomaso-kemeny,1203824.html

[Publication] Guy Cabanel, Maliduse

Les éditions Les loups sont fâchés rééditent ce texte qui avait fait dire en 1961 à André Breton : « La poésie surréaliste, c'est Joyce Mansour, Jean-Pierre Duprey et Guy Cabanel ».

Nous en profitons tardivement pour annoncer la parution du pied à l'encrier de Pierre Peuchmaurd chez le même éditeur.

Auteur : Pierre Peuchmaurd
Titre : Le pied à encrier
Editeur : Les loups sont fâchés
Isbn : 9782953412314
Prix : 21 euros
Plus d'informations sur le site : http://www.lesloupsediteurs.fr/blog/

[Spectacle] Elsa, Maïakovski, Aragon

Elsa, Maïakovski, Aragon, ils se sont rencontrés à Paris
Du 1er au 26 juin 2010
Du mardi au samedi à 21h30
Salle La Bohème
Durée : 1h10
Genre : poésie musicale
Texte et mise en scène : Bruno Niver
D'après : V. Maïakovski, L. Aragon, J. Ferrat, J. Brel, L. Ferré, J. Kosma, F. Lemarque…
Avec : Bruno Niver (chant / poèmes) et distribution en cours
Conception, et mise en scène et scénario: Bruno Niver
Chant, poèmes: Bruno Niver
Récitant : Marina Kapralova
Piano : Evguénia Vorobiova
Danse: Olga Totoukhova
Textes : Mémoire d'Elsa Triolet, de Lili Brik
Poèmes : Vladimir Maïakovski, Louis Aragon, Arthur Rimbaud, Guillaume Apollinaire, Robert
Desnos, Bruno Niver
Chansons : Léo Ferré, Jean Ferrat, 
Durée du spectacle : 1h 10
Paris-Moscou. Deux poètes, Maïakovski et Aragon. Deux s½urs, deux muses, Lili Brik et Elsa Triolet. Une histoire vraie que l'Histoire a oubliée.

La rencontre de Maïakovski et Lili Brik, celle de Louis Aragon avec Elsa Triolet entre Paris et Moscou. Deux sœurs, deux muses, deux pays : la France et la Russie, deux langues et deux cultures auxquels ils ont laissé les plus fous des poèmes d'amour.

Un spectacle en français et en russe.

Un spectacle soutenu par le Musée Maïakovski de Moscou et Culturesfrance organisé dans le cadre de l'année France-Russie 2010 / www.france-russie2010.fr

Le spectacle sera repris au théâtre du Marais à Paris du 04 novembre au 18 décembre 2010 www.maiakovski-elsa-aragon.com

Contacts:
Michèle Cohen
michele.cohen4@wanadoo.fr
parimoscom.fr
Salle La Bohème
Tarif plein : 16 ¤ / Tarifs réduits : 10 ¤ - 13 ¤
Tél. réservations : 0892 70 12 28 (0,34 ¤/mn)
Information communiquée par Michèle Cohen
Eddie Breuil
Site du Centre de recherches sur le Surréalisme / http://melusine.univ-paris3.fr/Pour envoyer un message à tous : / melusine@mbox.univ-paris3.fr

mardi 20 avril 2010 10:42 Proust en verve

Chères Mélusines, chers Mélusins,

Le jugement des surréalistes sur Proust est établi, même s’il n’est pas sans nuances de la part de Breton :

« Valéry s’était confiné à des exercices poétiques d’un caractère inactuel très appuyé, Proust à des études de milieux sociaux que les événements ne semblaient pas même avoir pu toucher ; paradoxalement ils n’allaient pas tarder à en être payés par les plus grands honneurs. » (A. Breton, La Clé des champs)

« - - Matériellement, comment avez-vous vécu ? - - Valéry, alerté, est venu à mon secours, ainsi que Gide. Ils m’ont trouvé un petit emploi chez Gallimard. Sur leur recommandation, je fus aussi chargé de revoir sur épreuves un ouvrage de Proust qui, par suite des incessants ajoutages et surcharges de sa main, présentait, comme vous savez, l’aspect d’un labyrinthe. L'œuvre de Proust, en raison du milieu social qu'elle dépeint, ne me sollicitait guère mais l'homme, qu’ainsi j’ai souvent pu rencontrer, était d’un grand charme et d’une affabilité extrême. »  (A. Breton, Perspective Cavalière)

« Il est parfaitement admis aujourd’hui qu’on peut être poète sans jamais avoir écrit un vers, qu’il existe une quantité de poésie dans la rue, dans un spectacle commercial, n’importe où, la confusion est grande, elle est poétique, Proust était même ingénié à la trouver dans les pissotières ce qui a entraîné l’éclosion d’une nouvelle génération de chercheurs de poésie à tout prix et partout… » (T. Tzara, SASDLR n°4, p. 16)

Il est permis, cependant, de ne pas partager leur avis en tous points, et même de relire l’œuvre de Proust à partir d’une bonne fréquentation des textes surréalistes. C’est l’exercice auquel je me suis livré, qui donne des résultats inattendus.

À vous d’en juger, si vous le voulez bien (voir l’argumentaire joint).

Aux abonnés de la liste, l’éditeur propose Proust en verve, ainsi que Dada et Jarry, franco de port :

http://pagesperso-orange.fr/editions-horay/horay.htm

Bien cordialement.

Henri Béhar

 

mardi 20 avril 2010 14:25

AVIS DE PARUTION POUR NOUVEL OUVRAGE : MACHINES A ECRIRE - LITTERATURE ET TECHNOLOGIES DU XIXe AU XXIe SIECLE

Les ELLUG ont le plaisir de vous annoncer la parution de l’ouvrage :
*Machines à écrire*
*/Littérature et technologies du XIX^e au XXI^e siècle/*
*Isabelle Krzywkowski*

_Résumé_:
Si certains aspects des relations du littéraire et des technologies ont
déjà été bien étudiés, il manquait une perspective synthétique
permettant de les envisager dans leur continuité. L’approche généraliste
et historique adoptée pour cet ouvrage fait le postulat d’une évolution
: d’une fonction de /modélisation/ accordée, dès l’âge classique, au
mécanique (« Penser avec la machine : Le modèle mécanique, ou la machine
comme représentation »), au statut de /thème/ littéraire privilégié par
le modernisme et les avant-gardes du début du XX^e siècle (« Dire la
machine : Le thème machinique et la représentation de la machine »), à
celui enfin de /matériau/, voire de /médium/ intégré à la conception
même de l’œuvre, comme dans la littérature informatique contemporaine («
Ecrire avec la machine : La littérature technologique ou la machine
comme médium »). Cette évolution n’est bien sûr ni linéaire, ni
téléologique, et ces trois états littéraires du machinique ne se
succèdent pas en chassant chacun le précédent : l’hypothèse proposée est
celle d’une « appropriation », d’une intégration progressives du
machinique et du technologique par la littérature, selon une démarche de
plus en plus expérimentale. « À écrire », la machine l’est donc comme
nouveau médium qui bouleverse les pratiques d’écriture, mais aussi, et
avant tout, parce qu’elle est un objet /a priori/ étranger aux arts,
dont la présence, imaginaire ou pragmatique, travaille l’écriture et, en
transformant la relation de l’auteur, du lecteur et de l’œuvre,
interroge en retour la littérature.
2010 – 328 p. – 14 x 21,50 cm – ISBN 978-2-84310-151-9 – Prix : 31 euros
Retrouvez la notice complète de cet ouvrage à l'adresse suivante :http://w3.u-grenoble3.fr/ellug/

Si vous désirez faire une recension ou un compte rendu de cet ouvrage,
un exemplaire en service de presse peut vous être transmis sur demande
de votre part.

Nous vous remercions par avance de votre collaboration et nous vous
prions d’agréer nos cordiales salutations.
Christine Emery
Promotion des ouvrages/Gestion financière et comptable
Ellug
Bureau B208
Université Stendhal
BP 25 - 38040 Grenoble cedex 9
Tél.: 04 76 82 77 74 Fax : 04 76 82 41 12
Site web http://www.u-grenoble3.fr/ellug/

mardi 20 avril 2010 14:22 Conference a Canterbury vii 10

Chers Messieurs

Puis-je vous demander d'afficher sur la liste MELUSINE les informations ci-jointes, qui concernent une conference a Canterbury au mois de juillet sur le theme de l' ARCHIVE?

Il s'agit de discussions comparatistes et interdisciplinaires qui pourraient interesser certains Melusins, certaines Melusines, et le lecteur averti certainement.

Merci d'avance, et bonne journee.

Roger Cardinal

   Roger Cardinal   
   Heath Field
   Primrose Hill
   Chartham Hatch
   Kent CT4 7NS
   England
  
roger.cardinal@tiscali.co.uk
   Tel.   01227 738 394
   From abroad:    +44 1227 738 394
 
lundi 26 avril 2010 01:22

semaine 17

  Semaine 17

Aragon et les Lettres françaises
Aragon et l’art moderne
Medium (numérisation)
Memorabilia, Dadaïsme et surréalisme
Paul Nougé
Reverdy
Vinyl …

Aragon et les Lettres françaises [Appel à communication]

« Pendant plus de vingt ans Aragon aura été le directeur des Lettres françaises, ce grand magazine culturel intimement lié à l'héritage de la Résistance communiste mais touchant un public beaucoup plus large. Lu avec passion par les intellectuels des pays de l'Est pour qui il était une bouffée d'air pur, à la fois aligné sur les directives du PCF et luttant pour son indépendance, cet hebdomadaire aura accompagné le grand boum culturel des années 60 et porté la marque de son directeur.

Pour Aragon, le travail journalistique aux Lettres françaises aura été l'aliment de la création, romanesque surtout – toute la dernière carrière du romancier avec La Mise à mort (1965), Blanche ou l'Oubli (1967) et Théâtre/Roman (1974) est contemporaine de cette longue période où Aragon aura exercé son magistère aux Lettres françaises –, comme il aura contribué à en assurer la promotion et à servir, dans le champ littéraire, la construction de son image.

Aragon polygraphe aura été non seulement un grand poète et un grand romancier mais aussi un grand journaliste et un grand directeur de journal. C'est ce versant-là – immense – de sa production que ce colloque voudrait explorer à la suite de la thèse pionnière d'Yves Lavoinne.

On envisagera donc cette exploration dans toutes les directions possibles, en privilégiant le travail d'Aragon comme directeur de presse et comme critique littéraire, tout autant que l'impact de son activité de journaliste dans sa vison du monde et dans son écriture. Mais tout en plaçant l'½uvre d'Aragon au centre de cette recherche, on n'exclura pas d'explorer aussi d'autres contributions majeures – celle d'Elsa Triolet notamment et d'autres – aux Lettres françaises dans tous les secteurs de la vie culturelle que l'hebdomadaire a suivis, ni même l'histoire des Lettres françaises elle-même en sollicitant la participation d'historiens et de spécialistes de l'histoire culturelle, artistique et littéraire.

La journée d'étude est organisée par l'équipe ERITA et l'équipe Aragon de l'ITEM-CNRS, en collaboration avec le Centre de recherches sur le surréalisme de l'Université Paris 3, membre de l'UMR « Écritures de la modernité » du CNRS. Il aura lieu en juin 2011, le lieu restant à définir.

Envoi des projets (10 lignes environ)

Envoyez vos propositions de communication à Maryse Vassevière (maryse.vasseviere@wanadoo.fr) et à Luc Vigier (vigier.luc@wanadoo.fr) »

Sites de référence : ERITA http://www.louisaragon-elsatriolet.com/ ITEM http://www.item.ens.fr/index.php ?id=13859

[Exposition] Vinyl / Laurie Anderson, Joseph Beuys

« Vinyl
19 fév.-16 mai 2010
Paris 12e. La Maison rouge

A l'exposition «Vinyl, disques et pochettes d'artistes», conçue à partir de la collection de Guy Schraenen, ce qui s'expose, ce ne sont pas à proprement parler des ½uvres d'art, c'est le disque et son environnement comme vecteur, support, matériau, de création artistique.

Par Pierre Juhasz

Une nouvelle fois, la Maison rouge se démarque par rapport aux autres lieux d'exposition par la singularité fertile de ses choix.

Ce qui est à l'honneur, actuellement sur ses cimaises, ce n'est pas véritablement l'½uvre d'un seul artiste — encore que des ½uvres de Céleste Boursier-Mougenot, Marco Decorpeliada et Thu Van Tran sont présentées parallèlement; ce ne sont pas, à proprement parler, des ½uvres d'art, au sens usuel du terme, réunies ensemble autour d'un même thème ou d'un enjeu; c'est le croisement entre une matière, un objet devenu mythique depuis son remplacement et bientôt sa disparition dans les usages domestiques, et l'art: le vinyl, soit le disque 33 tours, sous toutes ses formes et en regard de tout son univers environnant, des pochettes jusqu'aux coffrets ou affiches, livrets et autres documents.

Ce qui s'expose, c'est le disque et son environnement comme vecteur, support, matériau, de création artistique.

A travers les pochettes de disques mais aussi les enregistrements ou diverses pièces — ½uvres ou documents —, de composantes visuelles et sonores, c'est ainsi un large panorama de la création artistique des cinquante dernières années qui s'offre au regard et à l'écoute du visiteur.

Une impressionnante collection réunit des artistes de divers horizons, de Raoul Hausmann à Jean Dubuffet, de Salvador Dali à Joseph Beuys, de Hermann Nitsch à Tom Philipps, de Sol LeWitt à Phil Glas, de György Ligeti aux Beatles, de Nam June Paik à A.R. Penck, de Roy Lichtenstein à Wolf Vostell, d'Antonin Artaud à Roman Opalka, d'Andy Warhol à Yves Klein ou encore de Henri Chopin à John Cage.

Et la liste est bien longue étant donné que l'exposition compte près de huit cents pièces. Celles-ci proviennent de la collection privée de Guy Schraenen, collectionneur de disques et de pochettes de disques, éditeur et commissaire d'exposition, en l'occurrence, ici, pour l'exposition «Vinyl».

Le découpage propose un parcours autour de diverses sections allant des avant-gardes des années 20, comme le Dadaïsme ou le Futurisme dont les expérimentations et ½uvres sonores ont été fondatrices, jusqu'aux recherches sonores les plus récentes, en passant par les courants les plus représentatifs de l'art de la seconde moitié du XXe siècle, comme Fluxus, le Nouveau Réalisme ou encore le Pop Art.

Pour autant, même si un ancrage historique est visible dans la présentation, le parcours n'est pas chronologique. Il invite à une déambulation qui va de la rencontre avec des artistes singuliers, à la rencontre avec des courants artistiques ou avec des regroupements thématiques.

Ainsi, un mur est consacré à Joseph Beuys, un autre à Dieter Roth et à ses amis, une partie est consacrée, au début de l'exposition, à un panorama chronologique des pochettes de disque réalisées par des artistes, les artistes étant parfois aussi l'auteur du disque. On y voit, entre autres, Fernand Léger, Yves Klein, Salvator Dali, Michael Snow ou Roland Topor.

Ou bien encore une section est dédiée à la poésie sonore, une autre aux partitions silencieuses, dont la célèbre pièce de John Cage, 4' 33'' et non loin, la merveilleuse partition d'Alphonse Allais, Marche funèbre, composée pour les funérailles d'un grand homme sourd, partition vierge, bien entendu.

Malgré le nombre et la densité des pièces, l'exposition permet une flânerie dans un dédale assez clair et autant intrigante que cohérente. On y trouve, par moments, dans ce qui s'apparente parfois à un cabinet de curiosité, des disques souples, des disques carte postale, un disque avec un lecteur en carton, intégré, des objets et documents — entre valeur documentaire, valeur artistique et curiosité — dont le statut interroge souvent le regard et l'appréhension du visiteur, puisque, ce qui se propose à son regard, somme toute, ce sont avant tout des vecteurs du son, de la musique et de la voix.

Le parcours s'achève par une table d'écoute qui permet d'accéder à trois cents disques parmi les pièces dont il est question visuellement dans l'exposition. La question de la rareté se substitue alors à celle de l'unicité, habituellement présente en art.

«Vinyl» est une exposition originale et incontournable à plusieurs titres: elle montre la place qu'a pu occuper la création sonore dans le développement artistique du XXe siècle et plus particulièrement dans sa seconde moitié.

Elle témoigne, à travers le disque et sa pochette — objet emblématique qui nous plonge dans les années soixante et soixante-dix —, du décloisonnement des formes artistiques et des catégories high et low.

La performance, la poésie sonore et son rapport aux techniques d'enregistrement et de diffusion et plus généralement les artistes plasticiens, et parmi eux les plus illustres, ont eu un rapport direct avec le disque, soit pour enregistrer, soit pour recueillir des entretiens, soit, tout simplement, pour créer de la musique ou bien encore pour se servir de la pochette comme support de leur création, si ce n'est pour se servir, enfin, du disque en tant qu'objet, comme matériau de leur création. C'est le cas des ½uvres de Christian Marclay.

Cette part visible du sonore nous entraîne aussi à focaliser sur l'importance, dans ces pratiques, de l'opération d'enregistrement, qui a été reléguée ensuite par la vidéo. Cette opération, qui consiste à inscrire le phénomène sonore sur un registre, ici le microsillon, ailleurs, la bande magnétique, aujourd'hui, le numérique.

Enregistrement qui montre cette dualité qui, dans la création du XXe, qui n'a pas arrêté de s'affirmer, entre la part vivante et éphémère des productions artistiques et le désir d'en garder la trace, le désir, malgré le décloisonnement des pratiques, d'inscrire les ½uvres sur un registre — le microsillon —, comme le désir de jouer aussi avec celui-ci, dans des postures de création. C'est entre document et création qu'alors l'½uvre accomplit son existence.

L'exposition interroge, par la même occasion, le statut des objets, objets qui sont, pour la plupart, des pièces à tirages multiples, comme en l'occurrence les pochettes de disques et ce qui dans la création renvoie à la question de l'unicité ou encore celle à la rareté.

Entre l'art et l'industrie, entre le multiple et l'original, les catégories artistiques sont mises en question et leur hiérarchie est mise à mal.

La création artistique circule ici de pochette en pochette, de la pochette au disque, du microsillon à la partition, des photographies à la performance, du visuel au sonore, de la voix au poème, du poème au microphone, dans une perpétuelle subversion des formes et des catégories qui caractérise la dynamique la plus fertile de la création artistique de cette période.

Liste des oeuvres

— Kraftwerk, Kraftwerk, 1970. Vinyl, couverture : Ralf Hütter, inside: Bernd & Hilla Becher. Editeur : Philips. Medium: record 30cm

— Roland Topor, Alain Goraguer. La Planète Sauvage, 2000. Vinyl, editeur : DC Recordings. Medium: record 30 cm + insert.

— Andy Warhol, The Velvet Underground & Nico, 1971. Vinyl, editeur : Verve Records, USA. Medium: record 30 cm

— Keith Haring, Malcolm McLaren. Scratchin', 1984. Vinyl, editeur : Virgin Records. Medium : record 30 cm

— Roy Lichtenstein, Bobby “O”. I cry for you, 1983. Vinyl, editeur : BMC Records, Belgium. Medium : record 30 cm

— Joseph Beuys, Ja Ja Ja Nee Nee Nee, 1970. Vinyl, editeur: Gabriele Mazzotta Editore, Milano. Medium: record 30 cm + booklet. Edition : 500 n. & stamped

— Jean Dubuffet, Musical Experiences, 1961, publ. 1973. Vinyl, editeur: Finnadar Records, USA. Medium: record 30 cm »

http://www.paris-art.com/marche-art/Vinyl/Anderson-Laurie/6977.html#haut

 [Publication] sur Paul Nougé

« Paul Nougé, la poétique de la ruse

Un essai biographique sur un artiste majeur du Surréalisme belge

Le Journal des Arts - n° 14 - Mai 1995

À travers des documents parfois inédits, l'essai biographique qu'Olivier Smolders consacre à Paul Nougé (1895-1967) précise la situation d'un artiste majeur dans l'histoire du Surréalisme belge, qui a tout fait pour que son nom s'efface des mémoires.

Au fil du texte, Paul Nougé apparaît tel un perpétuel clandestin qui, récusant le carriérisme littéraire, refuse de publier. Constamment en retrait, le poète s'est imposé dans un réseau d'amitiés complices qui ont fini par constituer le Surréalisme bruxellois, avec Magritte, Mesens, Souris, Goemans, Lecomte, Scu­tenaire, Hamoir ou Marïen. Méfiant, sinon hostile, envers le Surréalisme parisien, Nougé s'est imposé non seulement comme un chef de file, mais aussi comme un théoricien du Surréalisme.

On regrettera que l'auteur passe trop vite sur certains aspects essentiels de la pensée de Nougé. Ainsi, l'épisode de la revue Correspondance méritait davantage d'attention, car on y retrouve cristallisés les éléments majeurs d'une stratégie de la ruse, qui n'opte à aucun moment pour la grandiloquence chère à Aragon ou Breton. Au contraire, Nougé y développe avec une cohérence et une lucidité extrêmes un travail de “minage de quelques lieux communs”. Sans quitter l'univers bourgeois auquel il appartient, Nougé sape les fondements d'une culture matérialiste qu'il honnit, tant politiquement qu'intellectuellement.

À ce titre, les conflits qui opposeront sans cesse Nougé et Breton méritaient d'être approfondis en termes de “suffisance parisienne” (Nougé) et de “provincialisme” (Breton). Le sens de la révolution s'esquisse dans ce clivage, qui éclatera en 1932 lors de l'affaire Aragon. Pour Nougé, l'½uvre n'est rien en soi. Seul l'acte compte. L'écriture n'en est qu'une forme d'expression : “Je suis ce que je fais, je vaux selon mes actes, je suis un acte”, déclare-t-il dans Des mots à la rumeur d'une pensée oblique.

Le travail de Magritte et l'ascendant intellectuel qu'exercera Nougé sur le peintre sont connus. La pensée de ce dernier s'est mise en image chez Magritte, et ses postulats moraux consacrent la dérive d'un langage désormais artificiel. Le poète dévoile le mystère à travers des voiles dont l'efficacité repose précisément sur leur capacité à singer le réel. Nougé en témoigne en 1930 avec les travaux photographiques de la Subversion des images.

L'ouvrage d'Olivier Smolders cite nombre de personnalités majeures de la scène artistique bruxelloise des années vingt à soixante. La figure du jeune Broodthaers y apparaît sous un jour singulier : proxénète-escroc-cambrioleur. Les chapitres consacrés à l'après-guerre permettent de saisir le climat d'une époque qui assiste progressivement à l'effondrement des valeurs auxquelles Nougé adhérait. On regrettera que l'éditeur ait jugé inutile de doter les titres de sa collection d'un index qui permettrait une consultation aisée. L'auteur, pour sa part, a reconstitué une trame factuelle complexe. Sans doute devra-t-il désormais approfondir ce qui a été mis à plat. Ne serait-ce que pour faire mentir Nougé, puisque son passage à la postérité semble désormais inévitable. »

Draguet Michel

O. Smolders, Paul Nougé, Écriture et caractère, Bruxelles, Labor (Archives du futur), 850 FB.

http://www.artclair.com/jda/archives/docs_article/74344/paul-nouge-la-poetique-de-la-ruse.php

[Exposition] Aragon et l'art moderne

Jusqu'au 19 septembre 2010

L'Adresse musée de La Poste, 34, bd de Vaugirard 75015, 6,50¤

« Grand poète français, Louis Aragon (1897-1982) a été fin analyste des transformations picturales que connaît le début du XXe siècle. L'exposition présentée à l'Adresse musée de La Poste, “Aragon et l'art moderne”, met en valeur le dialogue qu'Aragon avait instauré entre ses écrits et les arts plastiques. Elle aborde également la dimension politique de son oeuvre, toujours en images, avec sa défense du réalisme socialiste. Pour tenter de réévaluer la position du poète par rapport à un art jugé sans prétention.

1913: salon des Indépendants. Y exposent Delaunay, Léger, Chagall… Le jeune Aragon (16 ans) est bouleversé par les oeuvres présentées.

Quatre ans plus tard, il rencontre André Breton puis Philippe Soupault. En 1917, ils fondent la revue Littérature, et en 1924, le Surréalisme qu'ils perçoivent comme une “transformation intellectuelle de Dada”. A la fois littéraire et artistique, le mouvement a pour socle créatif l'inconscient. Les dadaïstes Max Ernst, Jean Arp, Man Ray, André Masson, Joan Miro, Yves Tanguy, Alberto Giacometti, etc., les rejoignent.

La première partie de l'exposition présente les oeuvres de ces artistes avec qui et sur qui dialogue Aragon. Ainsi écrit-il sur Miro: “Il est difficile de dire si les collages de Miro imitent sa peinture, ou si ce n'est pas plutôt sa peinture qui imitait par avance l'effet du collage, tel que Miro arrivait lentement à le pratiquer. Je penche pour cette dernière interprétation”.

Collage ou papiers collés - une découverte essentielle à l'initiative de Picasso et de Braque, dont L. Aragon analyse les conséquences sur la peinture dans La Peinture au défi (1930). Le propre appartement d'Aragon (56, rue de Varenne, Paris VIIe), dont une pièce est reconstituée dans l'exposition, s'apparente à un immense collage, en perpétuelle évolution.

Yves Tanguy. Eglise de Locronan, 1924. Gouache sur papier. Galerie Thessa Hérold (c) Adagp, Paris 2010Pierre Daix, biographe du poète, relève: “Aragon détecte ce qu'il a y a de plus révolutionnaire chez Dali ou Tanguy et écrit sur les Miro d'alors ce qu'on ne saura voir de leur modernité qu'au cours du dernier quart du XXe siècle”.

Pourtant, Aragon n'est pas critique d'art, il en déteste d'ailleurs le terme. “C'est un écrivain qui parle des peintres en amoureux de la peinture”, affine Jean Ristat, légataire universel d'Aragon. “La peinture nourrit son écriture et on peut dire que pour lui la littérature ne va pas sans la peinture”.

A la fin des années 1930, les textes d'Aragon sur l'art portent sur le réalisme (cf. ses écrits sur Paul Signac* et Matisse). Notion qui évolue en réalisme socialiste lorsque l'écrivain participe, avec Malraux, au Congrès des écrivains soviétiques (1934).

Niko Pirosmani. Boeuf et paysan, 1916. Huile sur carton. Collection particulière. Courtesy Galerie Philippe SamuelLe réalisme socialiste soviétique exige de l'artiste “une représentation juste, historiquement concrète de la réalité dans son développement révolutionnaire, et a une double finalité, idéologique et éducative”. Cette position se développe en France sous l'impulsion du Parti communiste. Le poète exprime pour la première fois son soutien à l'art réaliste socialiste lors de l'exposition internationale de 1937 “Chefs-d'oeuvre d'art français”. Jusqu'à la fin de sa vie, il maintiendra son attachement à l'art réaliste qui correspond selon à lui à sa conception du monde. En dépit des critiques qu'il s'attire.

Boris Taslitzky. Hommage au petit soldat de première classe, 1948. Dédicacé à Aragon. Carnet de dessins. Encre sur papier. Collection particulière, ancienne collection Aragon (c) Adagp, Paris 2010 / Photo Jean BernardAinsi, des années 1920 aux années 1940, Aragon opère un glissement du surréalisme au réalisme social. Car Aragon voudrait “pouvoir changer le monde de ses propres mains”.

Josette Rasle, commissaire de l'exposition, explique dans le catalogue: “Aragon soutient alors des artistes réalistes français comme Boris Tazlitsky, Bernard Lorjou, Mireille Miailhe, Gérard Singer, André Fougeron - jusqu'au jour où il reprochera à ce dernier de faire fausse route. Et pris, comme tant d'autres, du vertige soviétique, il en défend l'art, s'ingéniant à trouver des qualités plastiques à ce que Breton appelle, souvent avec raison, un champ de navets. Entre parenthèses, au même moment, Breton en soutient aussi quelques-uns”.

Toutefois, pour Sarah Wilson, professeur d'histoire de l'art au Courtauld Institute à Londres, l'art réaliste “a ses propres qualités: en opposition au simple photojournalisme contemporain, les peintures à l'huile réalistes, visuellement saisissantes, violemment colorées, du Pays des mines de Fougeron - les visages des mineurs sortant tout droit des photographies de Willy Ronis prises à Lens -, renforcent la tragédie quotidienne vécue par ces hommes. Les références aux martyrs de David ne sont pas seulement patriotiques mais rétrospectivement étranges, pour ne pas dire homo-érotiques: une célébration du corps musclé prolétarien à un moment d'impuissance politique (les communistes ont quitté le gouvernement en 1947). […] En France, le temps est sûrement venu pour une réévaluation de cet art par une génération plus jeune”…

Paul Signac. Lorient, le bateau caboteur, vers 1930. Aquarelle sur page de carnet. Collection particulière (c) Photo Jean Bernard* “Paul Signac fut le peintre de la mer et du soleil, le peintre des ports d'où l'homme regarde vers le large, le peintre des bateaux dont les voiles ont les mille couleurs de l'espoir. Paul Signac avait compris comme aucun autre la naissance des couleurs dans la nature, où un bout de toile et un bout de bois revêtent soudainement les prestiges des pierres précieuses”. »

http://www.artscape.fr/exposition-aragon-art-moderne-paris-musee-poste/

Une autre chronique de l'exposition sur :

http://www.laboiteasorties.com/2010/04/aragon-et-ses-peintres-de-l%E2%80%99image-au-verbe/

 [Chronique] en compagnie de Reverdy

Par Jean-Claude Pirotte

« "... je ne crois pas qu'on puisse raisonnablement se proposer d'emporter l'âme d'un lecteur, d'un auditeur, dans un grand courant d'air, mais plutôt qu'il s'agit de la toucher au point le plus sensible d'un coup sec qui saura l'émouvoir. Le choc n'a l'air de rien, mais l'émotion s'étend ensuite, augmente, s'irradie, ou conquiert la sensibilité entière, brusquement."

J'extrais ce passage d'un texte paru le 10 février 1923 dans la Gazette des sept arts, une de ces revues éphémères d'une époque foisonnante. C'était hier, ce pourrait être aujourd'hui. L'article est signé Pierre Reverdy. Seul le mot âme peut paraître à certains déplacé. Pour moi, il ne l'est pas. Et ce texte s'intitule Lyrisme: "Je ne crois pas, lisons-nous encore, au bercement du vent sortant d'un tuyau creux, au ronflement sonore, aux effets de voix".

Reverdy ne condamne pas le lyrisme. Mais il en dénonce les excès (y compris, peut-on dire, ceux du surréalisme triomphant). Il invite à la retenue, à la pudeur, à l'effacement du moi derrière les images dont "le choc n'a l'air de rien".

La source où le chasseur s'arrête
Et boit
Près du soleil
Les arbres se penchent
La joie et les rêves pour oublier
Un mur
La courte vie
Les illusions et les rêves pour marquer le jour
La misère et la mort
Du médaillon de plâtre
Du décor
Mais moi
Je n'ai que mon nom à dire
à tout le monde
qui ne me connaît pas

Rien de plus simple en apparence, de plus abrupt même, et ce moi qui se dérobe n'en est que plus présent - et plus universel dans son ordinaire esseulement. A Jean Rousselot qui, en 1951, l'interroge sur les événements de sa vie, Reverdy répond : "Une vie obscure, sans éclat..." Mais, s'il aime l'ombre, c'est pour mieux saisir la lumière, la méditation, pour mieux exprimer le mouvement, la solitude et le retrait, pour mieux dire à tous "les mots d'une chanson".

La poésie de Reverdy ne cesse de vivre en nous, fût-ce à notre insu. N'envisageons que la seule composition typographique du poème dans l'espace blanc de la page qui est, comme le remarque François Chapon, "plus profondément encore qu'une indication de rythme..., l'apparence organique, si l'on peut dire, de sa substance poétique". Ce "langage d'espace" a eu très tôt ses imitateurs, comme Cocteau, chez qui dominait l'artifice. Mais des voix remarquables d'aujourd'hui, et qui n'ont rien d'artificieux, rendent à Reverdy ce qu'elles lui doivent. Sans l'exemple du poète de Solesmes, lirions-nous aujourd'hui du même oeil l'oeuvre d'Emmanuel Moses ?

Cette vie en poste avancé
on ne comprendra jamais rien d'autre que les
papiers
la carte reproduite
la photo retouchée
une mappemonde piquée à certains endroits
d'épingles de signalisation
endroits
obscurs
toponymes
brûlés
tisons
des circonstances

Ou ce poème de Claude Adelen ?
Aux étés défunts
à la jeunesse envolée
le tumulte du temps présent
le miroir
autrefois a contenu
ce visage un monde
creusé dans sa profondeur
claire image lumière sur le mur
enfermée en moi
la lande parfumée la mer

(ma vie voulais-je dire)

Nous ne sommes pas seuls, non. Nos dieux lares nous habitent, et l'un d'entre eux, le plus discret peut-être, n'est pas le moins attentif, ni le moins obstiné à nous rappeler que "c'est dans ce mot - poésie - qu'il faut aller chercher le sens que comportait autrefois celui de liberté". Ce dieu lare, nous l'appelons Reverdy. »

http://www.lexpress.fr/culture/livre/en-compagnie-de-reverdy_884961.html

 [Rencontre, 8 mai] Memorabilia, Dadaïsme et surréalisme

Salon de l'Esprit Libre (6)
Prochaine Edition, le 8 mai, 21H, au Caviart.
Avec la participation de l'écrivain Georges Sebbag,
« à l'occasion de la publication de son livre Memorabilia, Dadaïsme et surréalisme, 1916-1970.

J'en profite afin de présenter Georges (qui est chez lui à Bordeaux) tant les liens intellectuels et affectifs qui m'unissent à lui sont grands et précieux pour reprendre ici ce qu'il écrivait en ouverture à son livre Le Point sublime, Breton, Rimbaud, Kaplan (Paris, Jean-Michel Place, 1997) :

"Trois clichés entretiennent une fausse légende du mouvement surréaliste. Cette association libre d'individualités fortes serait née d'une réaction viscérale à la boucherie de la Grande Guerre. Elle aurait emprunté la voie expéditive des avant-gardes pour occuper le devant de la scène culturelle. Ses productions poétiques se réduiraient à une application des découvertes freudiennes. A ces pistes douteuses s'ajoute une manière répandue de traiter les notions décisives d'écriture automatiques et de hasard objectif qu'on juge irrationnelles et juste bonnes à ranger au rayon des accessoires surréalistes. Or il est possible de tester la réalité du hasard objectif et de tirer parti de certains passages automatiques.

Du vaste chantier de l'écriture automatique on peut distraire des énoncés à valeur oraculaire. Sachant que les phrases de demi-sommeil, et en particulier la première d'entre elles : "Il y a un homme coupé en deux par la fenêtre", représentent le prototype de tels énoncés, il paraît envisageable de constituer une messagerie automatique, autrement dit de réunir les messages tacites ou secrets échangés entre divers protagonistes, surréalistes ou non. Sachant aussi qu'on passe sans transition d'un énoncé proprement automatique à un récit de rêve, un témoignage de hasard objectif, une confession par lettre, un poème-objet, il devient loisible de puiser dans ce vivier d'images et de sons, de lieux et de dates, d'affects et d'idées et d'y déceler, d'y déchiffrer, au-delà des cas de hasard objectif répertoriés, des coïncidences troublantes, des inscriptions encore fraîches, des messages indélébiles, des désirs brûlants, bref ce que nous proposons d'appeler des durées automatiques. Ces durées, aussi palpables et immuables que les plans et les séquences, les durées concassées d'un film, se déploient évidemment dans l'autobiographie du groupe surréaliste mais semblent pouvoir raviver tel événement du passé (la dernière lettre de Nietzsche, le Baou de Rimbaud, l'année 1713) ou susciter tel scénario à venir de la cinéaste Nelly Kaplan.

Si les messages automatiques échangés entre Breton et Vaché défient la mort, si une date de naissance peut être déplacée d'un jour, si le hasard objectif prolifère au point de nous faire entrer dans son jeu, alors le temps n'est plus inimaginable. Il est à portée de voix ou de regard. Il est perceptible dans le murmure de l'écriture automatique, dans le relevé strict d'un cliché photographique, dans la danse des coïncidences. Loin de se dissiper, il se réverbère dans une multitude de durées. Fixant les signaux inattendus de menus faits quotidiens, le surréaliste, tout à son désir, tente une série de rétablissements au "trapèze traitre du temps". En deçà de son surgissement actuel, la durée automatique se réfracte, comme chez Bergson, dans les mille plans de la mémoire mais aussi dans les mille dates et les mille noms de l'histoire, et au-delà elle appelle des prolongements, une sorte de retour éternel du désir, comme chez Nietzsche. L'automatique souligne la fatalité, l'objectivité du moment, tandis que la durée traduit l'intense participation de la subjectivité. Les mots ou les choses paraissent ensorcelés parce que les durées sont aimantées.

Breton et ses amis ont rêvé d'une poésie alerte ou d'une peinture mentale capables d'associer automatiquement les durées familières ou brutales de la vie diurne, les durées oniriques angoissantes et narquoises, les durées théâtrales offertes sur un plateau, les durées filmiques montées ou démontées, les durées brèves et spectaculaires de l'actualité, les durées figées sur une plaque sensible ainsi que les durées étales, évanescentes de l'écrit. Là résident les principales interventions et attentes des surréalistes, beaucoup plus que dans la problématique jonction de la poésie et de la révolution. D'ailleurs, les surréalistes ont beaucoup moins bouleversé les règles du jeu littéraire ou politique qu'amorcé une pratique individuelle et secrète des durées, qui offrent un violent constraste avec les durées médiatisées actuelles, ouvertement installées au coeur de la socialité." Georges Sebbag. »

http://jmdevesa.over-blog.com/article-salon-de-l-esprit-libre-6-48813592.html

[Extrait d'un entretien avec Ben Heine]

« (…) Le surréalisme Belge, mythe ou réalité ?

Certainement pas un mythe ! Vu le contexte politique et communautaire plutôt tendu, la Belgique en tant que "pays" est déjà quelque chose de totalement surréaliste. Et puis il y a tellement d'artistes surréalistes de renom qui sont nés ou ont vécu en Belgique, je pense que le surréalisme correspond vraiment bien à notre petit pays.Ben Heine

A mes yeux, Belgique et surréalisme sont des synonymes. (…) » Lire l'intégralité de l'entretien sur : http://www.tribords.com/?ben-heine-interview

[Numérisation] Médium n°3 (Mai 1954)

Le site Arcane 17 poursuit la mise à disposition de pdf de qualité de la revue Medium. Cette semaine le numéro 3 est disponible.

« Les surréalistes créèrent de nombreuses revues. Ce type de publication était le meilleur moyen de se faire entendre, de marquer une présence réelle, de montrer l'aspect expérimental et révolutionnaire de l'activité surréaliste et, enfin, de provoquer des rencontres. Hélas, peu d'entre elles ont fait l'objet de rééditions — excepté La révolution surréaliste et Le surréalisme au service de la révolution qui furent réédités grâce à Jean-Michel Place; sans oublier Minotaure réédité par Albert Skira. Ainsi, si ces revues ne sont pas introuvables, en revanche leur prix fort élevé en interdit l'accès ! Pour pallier cette absence et contrer le mercantilisme, j'ai donc décidé de mettre à votre disposition en version « scannées » celles que j'ai en ma possession. Vous me pardonnerez pour l'aspect un tantinet bancal de certaines reproductions, mais marcher droit n'a jamais été mon fort…Fabrice Pascaud »

http://www.arcane-17.com/rubrique,medium-n-3-mai-1954,1203903.html

Eddie Breuil Site du Centre de recherches sur le Surréalisme / http://melusine.univ-paris3.fr/Pour envoyer un message à tous : / melusine@mbox.univ-paris3.fr

mercredi 28 avril 2010 19:13

recherche citation Cl. Mauriac


Chers Mélusiniens/Mélusiniennes,
Je cherche la source exacte d´un texte de Claude Mauriac que voici - pas mot
á mot, le texte m´est parvenu en hongrois, je retraduis donc:

Claude Mauriac : "Le surréalisme parcours - mais á rebours - le chemin
parcouru par la civilisation pour retrouver le charme/fascination des époques
les plus reculées.

Merci d´avance,
Ágnes Horváth de Hongrie
Horváth Ágnes [hagnes@ludens.elte.hu]

 

mercredi 28 avril 2010 20:19

Re: recherche citation Cl. Mauriac

Bonjour,
Voici la citation exacte:
"Le surréalisme refait en sens inverse — et souvent inconsciemment — le chemin qu'a parcouru la civilisation pour retrouver enfin la magie des premiers âges."
dans Claude Mauriac, André Breton, Editions de Flore, 1949, p. 263.
Bien cordialement,
Julien Schuh


vendredi 30 avril 2010 17:25

tr: Nouveau Cafe des Femmes La Couple 16 mai

INVITATION« L’enfance au cinéma » par Mia Hansen-Love,actrice, critique et réalisatriceauNouveau Café de Femmes à La Coupole102 boulevard du Montparnasse (Métro Vavin)Dimanche 16 mai à 17h au dancing Le Nouveau Café des Femmes à La Coupole a le plaisir de vous convier à une séance de cinéma où , à partir d’extraits de ses films « Tout est pardonné » (Prix Louis-Delluc du premier long métrage),  « Le Père de mes enfants » (Un certain regard, Festival de Cannes 2009) et de la référence à d’autres œuvres, entre autres « Ponette » de Doillon, « La Maison des Bois » de Pialat, « Un enfant dans la foule » de Blin, Fanny et Alexandre de Bergman, « Nobody knows »  de Kore-eda Hirokasu, nous pourrons mener avec Mia Hansen-Love, une réflexion et une discussion sur les représentations de l’enfance au cinéma et les questions qu’elles posent d’un point de vue individuel, social, artistique.Les films De Mia Hansen-Love sont disponibles en DVD ( Amazon par ex).Femmes-Monde vous propose une séance privée DVD le 30 avril à 15 h,  11 rue Antoine Bourdelle bât.B, 75015 Paris. (Prière de téléphoner si cela vous intéresse au 06 89 85 83 02 : je n’aurai pas de messagerie électronique jusqu’au mercredi 28).Cordialement,Annie Richard. 


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