Archives de la liste de discussion de Mélusine
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Liste Mélusine Août 2010

lundi 9 août 2010 01:36 semaines 31 et 32

Semaines 31 et 32

Miró

Saint-Pol-Roux

Hans Arp

Van Valde

Wout Hoeboer

Henri Cartier-Bresson et le surréalisme

Poésie et Lumière de Joan Miró

« La salle Kubo située à côté du Kursaal de Saint Sébastien montre jusqu´au 12 octobre une exposition qui réunit 140 travaux réalisés par l´artiste catalan Joan Miró. Peintures, sculptures, dessins et ébauches reflètent son époque la plus créative et la plus prestigieuse, entre 1956 et 1983.

L´exposition d´avant-garde montre un côté méditerranéen, moderne et sous-réaliste. Très visuelle grâce à ses couleurs vives et impressionnantes influencées par les mouvements du cubisme et du fauvisme ainsi que par les peintres Van Gogh et Cézanne.

Horaires 

Ouverte tous les jours jusqu´au 12 octobre de 11h30 à 13h30 et de 17h00 à 21h00. Salle Kubo, à côté du Kursaal devant la plage de la Zurriola »

http://www.ongi-etorri.es/ongi-etorri/de/poesie-et-lumiere-de-joan-miro.asp?cod=4186&nombre=4186&nodo=&orden=True&sesion=1348

Reportage sur l'exposition Miró de Baden-Baden

Chronique de Philippe Dagen, accompagné d'un reportage paru sur France 3.

http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2010/07/26/un-plaisir-inepuisable-signe-joan-mir%C3%B3.html

[Chronique d'exposition] Le Catalan Joan Miro fait vibrer la couleur à Baden-Baden

Le Musée Frieder Burda de Baden-Baden (Allemagne) consacre son exposition d'été au peintre Joan Miro. L'occasion, à travers une centaine d'oeuvres, de (re)découvrir un des artistes majeurs du XXe siècle.

« Miro ne peignait ni de manière abstraite, ni de façon figurative. Il employait un langage poétique dans ses peintures », s'enthousiasme Jean-Louis Prat, qui a été l'ami du peintre et qui signe cette exposition Miro, les couleurs de la poésie, au Musée Frieder Burda de Baden-Baden. Si le mécène badois ne possède pas de toiles du maître catalan mort en 1983, à l'âge de 90 ans, il avait acquis, il y a 15 ans, deux grandes sculptures représentant à chaque fois une femme, campées à l'entrée du bâtiment de l'architecte new-yorkais Richard Meier. « Elles représentent pour moi un engagement fort dans ma vie de collectionneur », assure Burda.

À travers une centaine de peintures et travaux sur différents supports, de sculptures, mais aussi de céramiques, l'exposition embrasse 60 années de l'oeuvre de Miro, en insistant sur certaines périodes importantes de sa vie. Le regard est d'emblée attiré par les tableaux de grand format et sculptures en bronze peintes de couleurs vives, installés au rez-de-chaussée, baignés d'une lumière naturelle.

Mieux vaut cependant débuter le parcours par l'étage du haut, avec des toiles peintes par Miro à partir de 1916, alors qu'il n'avait que 23 ans. Ces premiers tableaux — comme Mont-Roig, du nom du village, où ses parents possédaient une ferme — témoignent, à la fois de son attention à la nature, aux objets du quotidien, et de ses recherches, lui qui était « toujours dans le doute, dans l'interrogation », comme le relève le commissaire de l'exposition. Dans la même salle, des peintures de l'époque surréaliste quand Miro, proche d'André Breton, « inventait, avec une espèce d'alphabet propre, en dehors des conventions, un monde où les rêves et la poésie occupaient une place privilégiée ».

Impressionnant triptyque

Dans les années 30, le propos devient plus sombre, les personnages plus inquiétants. La montée du fascisme, l'avènement du franquisme, puis la guerre, l'obligeront à un exil intérieur en Espagne. Mais c'est l'impressionnant triptyque — L'espoir du condamné à mort — t erminé en 1974, à la suite de l'exécution d'un étudiant anarchiste, alors que Miro a plus de 80 ans, qui marque la force de son engagement pour la démocratie.

« Dans les dernières années de sa vie, Miro, qui a travaillé très lentement, va à l'essentiel. Le trait s'épaissit, guidé par une main qui jamais ne tergiverse », observe encore Jean-Louis Prat.

L'exposition permet ainsi de suivre l'évolution du travail de cet artiste attaché à ses racines catalanes et à la culture méditerranéenne, mais ouvert sur le monde. « Je sais que je suis des chemins périlleux », avouait Miro, qui voulait que ses tableaux éblouissent « comme la beauté d'une femme ou d'un poème »…

Yolande Baldeweck

http://www.lalsace.fr/fr/sorties/aujourdhui/article/3557218/Le-Catalan-Joan-Miro-fait-vibrer-la-couleur-a-Baden-Baden.html

Quelques "explications" sur Hans Arp

On trouve une vidéo d'Isabelle Ewig, commissaire de l'exposition Hans Arp, qui détaille quelques traits majeurs de cette exposition au musée d'art moderne de Strasbourg.

http://actu-video.tuxboard.com/exposition-hans-arp-quelques-explications/

[Rappel] Exposition des frères van Velde à Lyon

Unis par leur nom et un déracinement qui les a longtemps rapprochés, les frères van Velde sont entrés et ont cheminé dans l'histoire de l'art du XXe siècle grâce à deux oeuvres aussi différents que caractéristiques.

L'exposition analyse et confronte la peinture des deux frères d'origine hollandaise. Comment se sont-ils affranchis de toutes références artistiques pour exprimer leur propre individualité ? Pourquoi l'un s'écarte du réel et des codes habituels de la peinture quand l'autre demeure fidèle au cubisme ?

L'aîné, Bram, est vu aujourd'hui comme celui qui s'est détaché de toute représentation figurative, alors que son cadet, Geer, est considéré comme un modulateur des leçons de Picasso et de Braque. L'un serait plus nordique et gestuel, l'autre plus français et constructeur.

L'exposition proposée ici nuance ce schéma que la critique, depuis les années 1930, a inlassablement décliné.

La relation fraternelle fut étroite et même fondatrice. Elle fait penser à bien des égards à certains couples, paires ou fratries de l'histoire de l'art : Giorgio de Chirico et Alberto Savinio ; la famille Duchamp ; Alberto, Diego et Bruno Giacometti ; Pierre Klossowski et Balthus ; Sophie Taeuber et Hans Arp ; Robert et Sonia Delaunay.

L'exposition propose d'explorer ce rapport, d'éclairer ce que chacun pourrait devoir à l'autre dans son cheminement vers soi-même.

Commissariat d'exposition : Sylvie Ramond, directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon, conservateur en chef du patrimoine, et Rainer Michael Mason, historien de l'art et chargé du catalogue raisonné de l'oeuvre de Bram van Velde.

Informations pratiques :

 Musée des Beaux-Arts de Lyon - 20 place des Terreaux – 69001 Lyon

 Tél. 04 72 10 17 40

 Horaires : Musée et expositions ouverts tous les jours, sauf mardi et jours fériés, de 10h à 18h, vendredi de 10h30 à 18h.

http://www.artactu.com/les-freres-bram-et-geer-van-velde-article00342.html

Rétrospective Wout Hoeboer : à ne pas manquer!

« La Verbeke Foundation organise du 20 août au 31 octobre 2010 une grande rétrospective Wout Hoeboer à l'occasion du centenaire de la naissance de l'artiste.

Né à Rotterdam en 1910 et décédé à Bruxelles en 1983, Wout Hoeboer prit part à plusieurs courants artistiques majeurs du XXe siècle : dadaïsme, surréalisme, Cobra, Arte Nucleare. Libre penseur, il élabora au cours de sa carrière un oeuvre exceptionnel dont l'accrochage révélera l'ampleur et l'originalité.

Le passage progressif de la figuration à l'abstraction constitue le fil conducteur de l'exposition Wout Hoeboer. Plusieurs dizaines de collages et d'assemblages documentent l'indépendance intellectuelle et l'âme dadaïste de l'artiste. Ils seront confrontés à des collages de ses contemporains issues de la collection de la Verbeke Foundation.

L'exposition présente également un panorama inédit de l'activité de graveur de Wout Hoeboer, depuis les bois gravés des années 1930 aux lithographies des années 1970 en passant par les linos des années 1940-50. L'accent sera alors porté sur ses projets graphiques d'illustration. Hoeboer fut en effet l'ami de nombreux poètes (Dotremont, Broodthaers, Koenig...) et prit part à la publication de diverses revues (Phantomas, De Tafelronde, ...)

L'exposition illustre enfin le rapport de Wout Hoeboer au théâtre, à la photograhie et au cinéma. Ses nombreux contacts avec la scène artistique belge francophone lui valurent d'être impliqué dans la réalisation de divers projets photographiques et cinématographiques. Il participa ainsi en 1959 au très controversiel court-métrage L'imitation du cinéma de Marcel Mariën.

Verbeke Foundation

Ouverte depuis le 1er juin 2007 par les collectionneurs Geert et Carla Verbeke, la Verbeke Foundation constitue un centre d'art unique où s'unissent nature, culture et écologie. Ses espaces abritent une impressionnante collection d'art moderne et contemporain et offrent à de jeunes artistes la chance de développer de nouvelles oeuvres. »

Vernissage: vendredi 20 août 2010, 18h00.

Heures d'ouverture: du jeudi au dimanche inclus, de 11h00 à 18h00. Aussi le mardi et le mercredi pour les groupes (sur rdv).

info@verbekefoundation.com

http://caira.over-blog.com/article-retrospective-wout-hoeboer-a-ne-pas-manquer-54751024.html

[Mise en ligne] Henri Cartier-Bresson et le surréalisme

Un texte de « Henri Cartier-Bresson, l'oeuvre photographique hors série n°1  collection actualité des arts plastiques, centre national de documentation pédagogique » est disponible à cette adresse :

http://pat.hernandez.pagesperso-orange.fr/cartierbresson.htm

Saint-Pol Roux. Les ruines de Coecilian

« Détruit par la guerre et la bêtise des hommes, Coecilian, le manoir de Saint-Pol Roux à Camaret-sur-Mer, n'est plus que ruines. Mais il y reste le plus important: une âme. Celle d'un poète symboliste qui y a vécu heureux, en harmonie avec l'univers.

Une théorie de tours aux allures de campaniles florentins, que caressent tamaris et figuiers; deuxbâtisses jumelles enracinées sur les hauteurs de Camaret; au-dessus des colonnes gréco-romaines de l'entrée, une rosace moyenâgeuse... Il faut se contorsionner l'imagination pour entrevoir l'espéranto architectural que fut le manoir du Boultous. Il en reste cependant l'essentiel: l'un des plus beaux panoramas de Bretagne.

Lumière et horizon en accord parfait

Lorsque l'on fréquente cette crête dunaire hérissée de rares maisons aux jardins stériles et de vestiges de la Seconde Guerre mondiale, on comprend ce qui a traversé l'esprit de Saint-Pol Roux lorsqu'il décida de hisser là son rêve de pierre. Avant de devenir un manoir solitaire posé sur la lande de Penhir, Boultous fut un songe sublime face à la mer d'Iroise. Poète symboliste et philanthrope, le Marseillais était venu dans la presqu'île de Crozon chercher un lieu de vacances. Son âme lyrique y trouva un refuge. On imagine l'instant de la rencontre. Pour celui dont la poésie est au diapason du cosmos, la halte tellurique près des mégalithes de Lagatjar tout proches est un rafraîchissement spirituel. Un vent léger le porte au-delà des menhirs. Il se laisse guider par le chant des oiseaux et l'appel du large. Marchant plein ouest sur le doux tapis de la dune, il s'arrête soudain, ébloui, souffle coupé. Devant lui, l'univers déploie son harmonie. Sur ce sommet, le ciel, la mer, qui se dépose au pied des falaises en longues coulées tranquilles, la lumière et l'horizon jouent un accord parfait.

La maison du bonheur

Plus qu'une maison ou un manoir, une demeure est née ce jour-là dans le regard d'un homme saisi par le magnétisme de l'endroit. Le reste et notamment le sourire moqueur des passants à la vue de l'étrange bâtisse, relève de l'anecdote. Ce qui compte dans ce flacon de pierres mal agencées, c'est la vie qui y distille l'ivresse et l'amertume des jours. Si le malheur s'invite dès 1914 - avec la mort du fils aîné Coecilian, dont le domaine prend rapidement le nom - ce sont surtout l'esprit, la littérature, l'intelligence et l'amitié qui y tiennent table ouverte. La pièce du bas avec son âtre immense et sa cuirasse de pierre est une thébaïde. Une thébaïde où le «Merveilleux» invite ceux dont les noms marqueront le siècle: André Breton, Pierre Mac Orlan, JeanMoulin, Max Jacob. Et si, comme le dit la légende, Victor Segalen y déposa un jour les bois sculptés de la maison de Gauguin aux Marquises, le seul vrai trésor qu'entassa jamais Saint-Pol Roux dans cette maison hors du commun était filial: les jours vécus avec Divine, sa fille bien-aimée. Un bonheur simple dont cette maison était l'écrin.

Jean-Luc Germain »

http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/bretagne/saint-pol-roux-les-ruines-de-coecilian-07-08-2010-1012268.php

Bonne semaine à tou(te)s, Eddie Breuil

Site du Centre de recherches sur le Surréalisme / http://melusine.univ-paris3.fr/

lundi 9 août 2010 09:30  
Re: semaines 31 et 32

Information complémentaire : Si je ne me trompe, l'exposition van Velde est terminée depuis le 2 août

[Rappel] Exposition des frères van Velde à Lyon

Unis par leur nom et un déracinement qui les a longtemps rapprochés, les frères van Velde sont entrés et ont cheminé dans l'histoire de l'art du XXe siècle grâ

Informations pratiques :

 Musée des Beaux-Arts de Lyon - 20 place des Terreaux – 69001 Lyon

 Tél. 04 72 10 17 40

 Horaires : Musée et expositions ouverts tous les jours, sauf mardi et jours fériés, de 10h à 18h, vendredi de 10h30 à 18h.

http://www.artactu.com/les-freres-bram-et-geer-van-velde-article00342.html

 

samedi 14 août 2010 12:46  
pape ?

Chers amis lointains (ou proches),  
Pourriez-vous renseigner l'inculte que je suis sur un point tout simple .  
Qui a désigné au départ Andre Breton comme le "pape du surréalisme" ?  
A bientôt . Christophe Bouseiller

 

dimanche 15 août 2010 10:58  
RE: pape ?

Bonne question ! les plus simples étant, par définition, les plus difficiles à résoudre, et les plus pertinentes. Il me semble bien que c’est Maurice Martin du Gard, directeur des Nouvelles Littéraires, qui a employé cette formule le premier par écrit, en rendant compte du Manifeste du surréalisme. Éloigné de ma documentation, je ne peux le vérifier.

Toutefois, dans sa contribution « André Breton, la psychanalyse et le rêve », Sarane Alexandrian nous assure qu’elle est d’Yvan Goll, dans Le Journal littéraire n° 19, 30 août 1924 (André Breton ou le surréalisme même, L’Age d’Homme, 1988, p. 158)

Par ailleurs, tout le monde a en mémoire le commentaire de Jacques Prévert dans le pamphlet de 1930 contre Breton, Un cadavre : « Un jour il criait contre les prêtres, le lendemain il se croyait évêque ou pape en Avignon, prenait un billet pour aller voir et revenait quelques jours après plus révolutionnaire que jamais et pleurait bientôt de grosses larmes de rage le 1er mai parce qu'il n'avait pas trouvé de taxi pour traverser la place Blanche. »

Bien amicalement. HB

dimanche 15 août 2010 10:23  
Re: pape ?

Yvan Goll  

dimanche 15 août 2010 12:51  
Re: pape ?

La web pourra, peut-être, aider encore quelque peu: dans cet article,

f.aribit.free.fr/notes_de.../breton_bataille___autopsie_du_cadavre.pdf

page 4, note 1, nous  pouvons lire:

 

“En 1924, la querelle avait pour objet l’appropriation du terme « surréalisme » que Yvan Goll et Paul Dermée
disputaient à Breton. Ainsi, dans Le Journal littéraire (n°19, 30 août 1924), le premier avait-il écrit : « Monsieur
Breton, prenez-en votre parti : vous ne serez pas le Pape du surréalisme » alors que le second avançait que
« [asphyxié] par le cadavre de Dada, qu’il a tué par sa cautèle arriviste et son petit esprit d’intrigue, M. Breton
cherche en vain une bouffée d’air pur. En vain ! L’aventure se renouvellera sans cesse : M. Breton est condamné
à vivre sur des cadavres ». En un sens, tous deux ne croyaient pas si bien dire. Voir Tracts surréalistes et
déclarations collectives, Tome I (1922-1939), présentation et commentaires de José Pierre, Éric Losfeld éditeur,
1980, p. 371. Encore récemment, dans son pamphlet anti-Breton, Jean Clair sombre-t-il souvent dans la facilité
en ayant abondamment recours à l’appellation, éculée chez ses contempteurs, de « pape du surréalisme ». Voir
Jean Clair, Du surréalisme considéré dans ses rapports au totalitarisme et aux tables tournantes, Mille et une
nuits, 2003.”

Rosalina Caeiro Tique

dimanche 15 août 2010 18:08  
Re: pape ?

Petite précision pour celles et ceux qui auraient, comme moi, reçu l'adresse web partiellement tronquée - le "_lecture" ayant été remplacé par "...", l'adresse de l'article est :

http://f.aribit.free.fr/notes_de_lecture/breton_bataille___autopsie_du_cadavre.pdf

Bonne lecture, Nicholas Newman

jeudi 19 août 2010 22:13  
Dorothea Tanning

Bonjour,
je voudrais signaler à Eddie Breuil et aux Mélusiniens la petite exposition de gravures, lithographies et documents divers (Dorothea Tanning et Max Ernst) organisée à la maison Waldberg, à Seillans dans le Var pour le centenaire de Dorothea Tanning, qui tombe le 25 août. (L'exposition dure tout l'été). Dorothea Tanning a vécu à Seillans une quinzaine d'années avant la mort de Max Ernst et la responsable de la maison Waldberg se souvient encore très bien de son séjour.  
Amicalement Patrick Lepetit

 

samedi 21 août 2010 13:42  
Or des iles et Svankmajer à Paris

Permettez-moi de vous faire parvenir ce compte-rendu destiné à la revue Analogon (Prague) et consacré à la parution au printemps dernier du numéro de la revue L'Or des 13 iles (animées par Jean-Christophe Belotti)qui pourrait eventuellement vous intéresser.  
Par ailleurs,   
le Forum des Images, à Paris, organise du 26 au 31 octobre une rétrospective consacrée à l'ensemble des films (longs et courts métrages)de Jan Svankmajer avec la présence de celui-ci.  
 
Plusieurs soirées lui seront consacrées avec la projection de son tout dernier long métrage (encore non sorti en salles) "Survivre à sa vie", dans lequel le cinéaste surréaliste renoue avec l'animation (ici des collages animés).  

Une rétrospective complète de sa filmographie, divisée en 11 programmes (en un seul passage)se tiendra entre les 26 et 30 octobre Il y aura également, le mercredi 27 octobre une "leçon de cinéma" en présence de Jan Svankmajer animée par Pascal Vimenet, ainsi que le vendredi 29 octobre une "lecture analytique" du long métrage "Quelque chose d'Alice" (1987), animée par Jacques Kermabon (rédacteur en chef de Bref).  

L'ensemble se terminera le dimanche 31 octobre par une table (de 16h30 à 18h30/45) animée par Pascal Vimenet et réunissant Jan Svankmajer, Marie-Dominique Massoni (poète et directrice de publication de la revue S.U.RR., Gilles Dunant (poète et ancien animateur de la revue surréaliste suisse Le La),Martin Gregorio Guttiérez, et moi-même.  

en vous remerciant cordialement  
Bertrand Schmitt

 

samedi 21 août 2010 14:43  
Jean Benoït

François-René Simon nous fait part du décès de Jean Benoît: Jean Benoît (1922-2010)  

Il était la vie même. Cet adorateur des lieux communs, dérision de toutes  
les prétentions, n’aurait peut-être pas fait sien celui-là, et pourtant il  
l’aura incarné comme peu osent le faire. Jean Benoît était la vie même   ,
dans tout ce qu’elle a d’extrême, de pervers, de raffiné, de violent,  
d’amoureux, de ténébreux, d’inventif. Il avait, très jeune, pris le  
parti d’Eros, adopté le précepte de Sade « Tout ce qui est excessif est  
bon », avait l’art de se rendre insupportable à ceux qui l’aimaient parce  
qu’il incarnait l’amour, l’amour sous toutes ses formes. Pas étonnant  
qu’il soit devenu l’un des compagnons préférés d’André Breton, après  
avoir attendu dix ans avant d’oser le rejoindre. Il ne voulait pas arriver  
les mains vides dans ce surréalisme auquel il apportera un savoir-faire  
prodigieux. Formé à l’école des Beaux-arts de Montréal, il délaissa  
très vite la peinture picturale pour créer des objets dont la matière même  
reflétait sa façon d’être et de penser. Cest ainsi qu’il mit en œuvre  
le testament du marquis de Sade, chez Joyce Mansour, en décembre 1959. Pour ce  
faire il réalisa masques, costumes et outils divers jusqu’au fer constitué  
des quatre lettres formant le patronyme du célèbre marquis au nom duquel il  
se brûla la poitrine. Sous le titre Enfin Jean Benoît nous rend le grand  
cérémonial, André Breton salua ce geste insensé et la démarche qui y  
aboutit. Toute sa vie, qu’il ne supportait pas de vivre sans passion, Jean  
Benoît resta à l’écart du monde artistique, lui préférant les  
imprécations de Lautréamont, les œuvres les plus obscures d’Alfred jarry,  
les poèmes d’Arthur Cravan, les utopies de Charles Fourier, les objets  
océaniens qu’il savait réparer et regarder comme nul autre. Il fit  
d’ailleurs plusieurs voyages en Nouvelle Guinée et alentours. Force de la  
nature à qui ne faisaient peur que les turpitudes de notre civilisation, il se  
plongeait dans les eaux les plus froides comme on s’enfonce dans un rêve.  
Ses mains puissantes ont tissé d’incroyables objets, ses marottes, comme  
autant d’emblèmes à la beauté et à la complexité de la vie, mêlant os  
de poulet et élytres de coléoptères à une pâte dont il gardait jalousement  
le secret de fabrication, et qui adoptait les formes les plus subtiles, les  
plus inouïes. Etre unique dans un monde voué à la multitude, n’aimant rien  
plus que la compagnie des femmes, il avait aussi le goût des mots qui disent  
vrai, le vrai de leur vérité, le vrai de leurs jeux infinis, le vrai de son  
désir. Un jour, peut-être, on les retrouvera sur ces rouleaux de bord qu’il  
a tenus tout au long de ses expéditions amoureuses, qui furent nombreuses,  
intenses et créatrices. Surréaliste qui n’aima guère, en peinture, que  
Grünwald, le douanier Rousseau et, plus curieusement, Bonnard, Jean Benoît  
n’a consenti qu’à une seule exposition personnelle, en 1996, à la galerie  
1900-2000. N’y figurait pas son hommage au nécrophile Bertrand : surmontée  
d’une fraise de tombes, la cape de son “costume” couleur d’entrée de  
caveau portait dans son dos l’inscription « Mort, la vie te guette ».  
Vexée, la mort a pris sa revanche le 20 août 2010, une semaine avant les  
quatre-vingt huit ans de celui qui ne la considérait pas d’un si mauvais  
œil. Ses cendres, mêlées à celles de sa femme Mimi Parent, son « amour  
pivotal », seront dispersées au gré du vent salubre.  
François-René Simon

lundi 23 août 2010 01:46   semaines 33 et 34

Semaines 33 et 34

Nous avons appris les décès de Jean Benoît et de Ludvik Kundera

• Miró • Jacques Herold • Brassaï • numérisations •

Décès de Jean Benoît

Nombreux sont celles et ceux qui ont rendu hommage à Jean Benoît, dont Patrick Beray sur

http://www.mediapart.fr/club/blog/patrice-beray/200810/lecart-absolu-de-jean-benoit

 Décès du poète tchèque Ludvik Kundera

« Ludvik Kundera, éminent poète, dramaturge et traducteur tchèque, membre de l'avant-garde littéraire qui s'est notamment illustré par ses poésies surréalistes, est décédé aujourd'hui à l'âge de 90 ans, a annoncé la télévision publique tchèque CT.

Moins connu que son célébrissime cousin Milan Kundera installé en France depuis 1975, Ludvik Kundera a été interdit de publication par le régime communiste après l'occupation soviétique en 1968 et il publiait une grande partie de ses ouvrages sous pseudonyme ou en samizdat (système clandestin de circulation d'écrits dissidents).

Né le 22 mars 1920 à Brno, métropole de la Moravie (partie est de la République tchèque), Ludvik Kundera fut après 1945 l'un des fondateurs du groupe post-surréaliste Ra, et de la revue Blok, de la même orientation artistique. Son premier recueil de poésie, Konstantina, date de 1946. Deux ans plus tard, le régime communiste prend le pouvoir en Tchécoslovaquie, faisant taire les mouvements d'avant-garde pour promouvoir l'unique doctrine artistique autorisée, le "réalisme socialiste".

La plupart de l'oeuvre de Ludvik Kundera, qui comprend un grand nombre de pièces de théâtre, un livret d'opéra et près d'une dizaine de scénarios de télévision, a paru sous pseudonyme. C'est également sous pseudonyme qu'il publiait ses traductions de poésie allemande, dont les oeuvres du poète dadaïste et surréaliste, Hans Arp.

Ludvik Kundera, qui a passé la plupart de sa vie à Kunstat, petite ville à 30 km au nord de Brno, s'est vu décerner en 2002 à la foire du livre de Leipzig (Allemagne) un prix pour l'ensemble de son oeuvre, avant de recevoir en 2007 l'Ordre national du mérite. »

AFP

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/08/17/97001-20100817FILWWW00346-deces-du-poete-tcheque-ludvik-kundera.php

 

[Exposition à venir] Artevie présente l’atelier de Miró

À LORREZ-LE-BOCAGE

« Artevie, en collaboration avec la Fondation Joan Miró de Barcelone, propose à l'occasion de cette exposition 42 oeuvres originales, sculptures et gravures, réalisées de 1960 à 1978.

Les deux thématiques abordées nous entraînent dans l'univers fantasmagorique de Miró.

« Métaphore de l'objet » :

De 1946 jusqu'à sa mort, Miró crée des structures d'assemblages et met ainsi en place cette « métaphore de l'objet ». Des objets du quotidien deviennent des éléments de sculpture : Miró s'amuse !

« Antiportraits » :

Ces oeuvres gravées nous permettent d'apprécier les aspects fondamentaux du style unique de Miró : la couleur, la géographie des signes et les formes poétiques en apesanteur, récurrentes dans toute son oeuvre. A l'occasion de cette série, l'artiste s'essaie à toutes les techniques de l'oeuvre gravée.

Au fil de l'exposition, le visiteur, transporté dans l'imaginaire du grand artiste surréaliste catalan, découvrira également des photographies grand format de son atelier ainsi que des objets lui ayant appartenus.

Exposition du 2 octobre au 12 décembre 2010

Du mercredi au dimanche, de 11h00 à 18H00 sans interruption

Entrée : 8€ | gratuit pour les - de 20 ans

Espace d'Art Contemporain International

14, rue des fontaines – 77710 Lorrez-le-Bocage

Contact : Emeline Framboisier, Dominique Ibanez : 01.60.71.97.53  espaceartevie77@hotmail.fr | www.espaceartevie.com »

http://espaceartevie.com/page8a.html

 

Même à Bruges, perle touristique, Joan Miro ne se laisse pas canaliser !

« Dépaysement garanti. À une heure de Lille, pas loin de Dunkerque, Bruges

la Flamande joue au miracle de l'histoire.

Épargnée par les guerres, protégée de l'industrialisation, sauvée par sa propre léthargie, la cité resplendit d'un âge d'or reconstitué et sauvegardé.

Ah, l'heureux accord du commerce et des arts, au XVe siècle !

On contemple les chefs-d'oeuvre signés Memling, Van Eyck ou Van der Goes. On scrute les bijoux d'architecture : hôtel de ville achevé en 1421, beffroi aux 366 marches, église Notre-Dame et vierge à l'enfant de Michel Ange, béguinage... On rêvasse sur les ponts ou à bord de l'un des vingt bateaux qui transportent les touristes au coude à coude sur les canaux. Pour 6,90 E en une demi-heure, tant de façades si fières de se mirer dans l'eau.

La cité aux pignons en escaliers se laisserait-elle enfermer dans son prestigieux passé ? Non : voici un festival de jazz, un « quartier bricolé » pour jeunes designers et une expo Miro (1893-1983), le fabuleux Catalan. Passer une façade de briques pour entrer dans les rêves mirobolants de l'artiste, très tentant ! Sauf qu'un étroit couloir marron interminable accueille la belle série de lithographies. Aucun recul !

Et l'on étouffe dans les salles où sont présentées les folles lettres signées Miro, qui peut faire d'un A ou d'un E une belle envolée.

« Quelle jouvence ! »

Bref, puisqu'il s'agit de s'ouvrir à l'art moderne, on aurait préféré un Miro moins canalisé ! Bon, on s'habitue quand même au confinement pour apprécier, in fine, comment l'artiste passe le cap des quatre-vingts balais et se fout du qu'en- dira-t-on : il tire la leçon de Pollock et de la jeune peinture américaine. Quelle jouvence ! Ainsi l'éternel rebelle s'échappe-t-il, par la voie des airs, à coup d'étoiles et de formes en suspension... Bruges l'éponge à visiteurs téléguidés en prend un petit coup de vieux. • B. V.

Miro, site Oud Sint-Jan, Maria Straat, du mardi au dimanche de 10 à 17 h. Entrées : 8 et 6 E. À signaler aussi : une exposition d'oeuvres graphiques de Salvador Dali sous le beffroi, tous les jours de 10 à 18 h, 8 et 10 E. Quartier bricolé : Langestraat-Hoogstraat. »

http://www.lavoixdunord.fr/France_Monde/actualite/Secteur_France_Monde/2010/08/18/article_meme-a-bruges-perle-touristique-joan-mir.shtml

[Mise en ligne] Miro à Baden Baden

Vidéo de l'exposition, à voir ici :

http://videos.arte.tv/fr/videos/exposition_miro_les_couleurs_de_la_poesie_-3371892.html

[Exposition à venir] Jacques Herold à Marseille

« Marseille : Le musée Cantini, une collection exceptionnelle d'art moderne

(…)

Au mois d'octobre une exposition sera consacrée à l'artiste Jacques Hérold, grand artiste surréaliste du siècle dernier.

http://www.newspress.fr/Communique_FR_231639_639.aspx

 [Derniers jours] Brassaï

« Date de debut  2010.08.06   Date de fin  2010.09.26  

Grande rétrospective consacrée aux photos de Brassaï au Museo nacional de Bellas Artes  Description  La rétrospective de Brassaï, ami des surréalistes, proche de Dali et Picasso, est organisée dans le cadre du 16e Festival de la Luz de Buenos Aires au Musée National des Beaux Arts (MNBA) avec le soutien de l'ambassade de France en Argentine. Elle comporte 126 photographies originales (réalisées et tirées par Brassaï lui-même) réparties en cinq chapitres : Paris la nuit, Paris secret, graffitis, Picasso, le surréalisme.

Contact    Adresse  MNBA, Av. Del Libertador 1473. Infos : 5288-9900 (consulter pour les visites guidées). Du mardi au vendredi de 12h30 à 20h30. Samedi, dimanche et fériés de 9h30 à 20h30. Entrée libre et gratuite. Site : http://www.mnba.org.ar/

http://www.lepetitjournal.com/lesbonsplans/details.php?city=23&type=A&id=10682

Surréalisme Montréal [numérisation]

Le blog Surréalisme Montréal a mis en ligne plusieurs documents surréalistes, dont :

- Le surréalisme, même

- Almanach surréaliste du demi siècle

- Documents 34

- Variétés

http://surrealismemontreal.blogspot.com/

Information communiquée par Fabrice Pascaud

[sic]

Petite révision littéraire :

« " Nedjma"  dans laquelle il a exprimé sa vision du colonialisme et celle des libertés individuelles et collectives. Le roman qui n'obéit aucunement à une écriture classique, du fait que la trame ne présente ni intrigue ni dénouement, est classé parmi le genre " Nouveau roman", une littérature en vogue vers les années 50, notamment avec Tristan Zara et André Breton. » http://www.lemaghrebdz.com/lire.php?id=28887

 [Compte-rendu] Anthologie de l'humour noir

Mieux vaut tard que jamais, le site de L'Union publie un compte de la publication d'André Breton.

A lire sur :

http://www.lunion.presse.fr/article/a-la-une/%C2%AB-lanthologie-de-lhumour-noir-%C2%BB-dandre-breton

 

[Billet] Transformer le monde, changer la vie ?

« Il y aurait beaucoup à dire… Les interventions d'Annie Le Brun sont les plus justes, le souffle surréaliste anime ses paroles ; Annie Le Brun vit le surréalisme intérieurement tout comme Jean Benoît. Insupportable présence de Jean Paul Goude ! Il nous offre là une lamentable démonstration de celui qui pense avoir compris et exprimé au mieux la pensée surréaliste. Oser qualifier d'acte surréaliste le défilé sur les Champs-Élysées -— qu'il a orchestré pour la commémoration du bi centenaire de la révolution française — est tout bonnement intolérable. Le tout appuyé de propos nationalistes ! Quand on sait ce que les surréalistes pensaient du nationalisme et du patriotisme, l'ignorance de ce monsieur est éclatante. Et de prétendre que Marcel Duchamp ne l'aurait pas désavoué, c'est le comble ! Goude ignore sans doute qu'invoquer les morts peut provoquer en retour des poltergeists redoutables.

Sans doute le surréalisme provoque-t-il des tempêtes dans certaines consciences, révolutionne la façon d'être au monde et la pratique de la vie mais dé là à dire que la révolution surréaliste est la seule qui ait réussi au XXème siècle, hélas, il n'en est rien. Si tel avait été le cas, il est vraisemblable que l'état du monde ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Et contrairement à ce que dit Christian Jambet, ce n'est pas le surréalisme qui est arrivé à sa propre perte mais le monde… sans le surréalisme.

Fabrice Pascaud »

http://www.arcane-17.com/rubrique,transformer-le-monde-changer-la-vie,1121417.html

 

Bonne semaine à tou(te)s, Eddie Breuil

Site du Centre de recherches sur le Surréalisme / http://melusine.univ-paris3.fr/

Pour envoyer un message à tous : / melusine@mbox.univ-paris3.fr

 

lundi 23 août 2010 11:56 re: semaines 33 et 34

Il serait peut-être temps de parler de la magnifique exposition "Surreal Friends" (Leonora Carrington, Remedios Varo & Kati Horna) en Angleterre:  
Pallant House, Chichester, 19/06-12/09/2010, puis Sainsbury Centre for Visual Arts, Norwich, 28/09-12/12/2010  
Et aussi, moins bon mais assez intéressant:  "The Surreal House", au Barbican Centre, Londres  
Il y a également, en France, à Seillans, à la Maison Waldberg, une exposition pour le centenaire de Dorothea Tanning: 05/07-30/10/2010.  
Georgiana Colvile

mercredi 25 août 2010 12:27   Re: semaines 33 et 34

Bonjour,
J'ai publié ce matin une note sur mon blog à propos de Dorothea tanning, Maison Waldberg à Seillans.  
ARTELITTERA / Chantal Vieuille, http://lelivrealacarte.over-blog.com/

 

dimanche 29 août 2010 23:01 semaine 35

Semaine 35

Nombreux encore sont les hommages rendus à Jean Benoît.

“Viva le surréaliste Jean Benoit!” [...je le répète, hélas, avec mes os]: Fernando Arrabal

« Alejandro Jodorowsky me dit, lorsqu'il apprend l'occultation définitive de Jean Benoit : “Encore un morceau de notre mirage personnel qui nous échappe”.

Jean Benoit nous avait demandé à tous deux de lui donner nos os à notre mort pour en  faire une sculpture. Elle aurait été aussi hallucinante que son “chien de Maldoror”. Il l'avait réalisé avec les gants de cuir de femmes qui le bouleversaient. [Jean Benoit: "mon" décorateur de la pièce "Communion solennelle" et du nécrophile…].

Tous les trois nous avions vécu au groupe surréaliste notre école buissonnière, nos délires, nos énigmes truffées d'envoûtements.

ll a fallu attendre presque un siècle et demi après la mort du Marquis pour que, grâce à Benoit, ait lieu ”l'Exécution du testament de Sade”. Le 3 décembre 1959. Ce fut son chef-d’œuvre, et l'ultime et plus ardente cérémonie du surréalisme.

Ce fut un soir, à dix heures. Au domicile parisien de la poétesse Joyce Mansour.

Pour cette occasion “majeure”, en réalité unique, quelques expulsés du groupe étaient les bienvenus. Le tout formé par une petite centaine de subversifs. On vit Julien Gracq, pour la première et la dernière fois dans un salon. André Pieyre de Mandiargues vivait une de ses réconciliations avec Bona. Octavio Paz n'était pas encore ambassadeur. Ni éditeur de “Vuelta”. Ni prix Nobel. Ni Jacques Herold le “maltraité de peinture”…

La cérémonie commence par l'entrée de Jean Benoit. Éblouissante. Vêtu d'un costume qui se trouve aujourd'hui dans mon antre. Tenue africaine de trois mètres de haut.

Un jour il m'a dit qu'il représentait “le transfert symbolique de la tombe du Marquis”.

Breton lit cinq points du testament. Avec autorité, un charme teinté de solennité… et des cheveux blancs.

Alors Benoit ôte un par un ses vêtements. Va-t-il rester nu? Il commente ce dépouillement et chacune des pièces. Strip-tease sacré. Discours rehaussé par son inimitable accent. Massif et canadien. Il est plus beau que jamais. Un sorte de Raphaël bègue. Mimi Parent, sa compagne, est  aussi  le point de mire. Messaline inspirée par Cléopâtre. Surveillant tout, un oeil sur la transcendance. Les différentes pièces s'entassent sur le mur dans un désordre préétabli. Par Mishima? Le tout devient un monument brisé, plein de sens incompréhensibles.

Benoit se transforme en Simon, mystique et apostat. Il campe comme le stylite de la lévitation. Et son phallus suit le rythme et le rut du texte. Que lui lit amoureusement sa bien-aimée. Texte de Sade. Obviously. Benoit s'inspire si fidèlement du message que son phallus se lève comme il se doit. Droit et dur. Et ça dure, lorsqu'on s'y attend. Le phallus (ou le pénis) est enfermé dans  un étui de bois sculpté. Impressionnant par sa taille. Moins que par sa performance. Aux moments  où la lecture devient le plus excitante le phallus en bois se dresse en érection. Breton, selon une mauvaise langue, aurait dit:

- “C'est extraordinaire, non seulement Jean Benoit est un peintre visionnaire, mais encore il bande à volonté”.

Un peu halluciné, il ne voit pas qu'un fil de nylon attaché à un doigt de Benoit dirige les va-et-vient altiers de son faux phallus et de son vrai désir.

Puis Benoit s'approche de la cheminée. Il saisit son fer à marquer les bêtes à cornes. Son sceptre préparé minutieusement. Sa sculpture fignolée rigoureusement. Son mémento travaillé méticuleusement. Avec une  précision topologique, comme il avait composé les quatre lettres de cette tige : S A D E. Au moment crucial, il se marque au fer rouge. Le nom du Marquis. Au niveau du cœur. Emotion et stupeur générale. Le peintre Matta, ému , se précipite. Il prend le fer des mains de Benoit. D'un moulinet il s'applique la même marque sur sa chair. Les deux poitrines fument pour Sade et pour l'éternité.

Pendant un an Benoit avait fignolé dans la ferveur et l'enthousiasme son instrument destiné à marquer les poitrines et les esprits. Complètement absorbé par son dessein, il ne s'aperçoit pas qu'au lieu de S A D E son instrument ne peut imprimer sur la chair que le mot E D A S. Jusqu'à sa mort, hier, il a porté ainsi  sur son corps un “Sade” tatoué à feu et à sang. Mais le nom du divin Marquis n'était visible que pour lui. Face à un miroir.

Ben Durant m'écrit : “départ ailé et ensommeillé de votre ex-complice…” … complice si juvénil dans ses frénesies et ses passions. Comment pourrons-nous vivre sans lui?  Viva Jean Benoit!  [... je le répéte, hélas, avec mes os.] »

par Fernando Arrabal

http://laregledujeu.org/arrabal/2010/08/21/831/viva-le-surrealiste-jean-benoit-je-le-repete-helas-avec-mes-os-fernando-arrabal/

Jean Benoît s'éteint à Paris

« René Viau, collaboration spéciale. La Presse

Impertinent, provocateur, et pour tout dire obsédé sexuel notoire, Jean Benoît était l'un des derniers grands représentants du surréalisme parisien. Il est mort le 20 août à l'hôpital parisien Vaugirard-Gabriel Palaizé.

Né à Québec en 1922, proche de Pellan, Jean Benoît débarque à Paris en 1947. Voué à l'érotisme, son art y était réputé auprès d'un cénacle d'artistes, d'écrivains et collectionneurs.

Même octogénaire, Benoît confessait ne penser encore qu'à «ça». Ça, expliquait-il, «c'est cette alliance du ludique et du lubrique» qui l'a toujours hanté. «Si je suis allé à l'École des beaux-arts à Québec, confiait-il, c'était pour voir des femmes nues.» Il accomplit en 1959 une performance intitulée L'exécution du testament du marquis de Sade. Pour cette étrange cérémonie, il avait préparé durant 10 ans ses accessoires: masque, costume, phallus géant... Avec ce testament, Benoît affirmait n'accepter comme seule loi que le désir. Ce désir lui a fait créer d'incroyables objets: cannes en forme de pénis; bijoux érotiques; plumes; dessins de volcans; manuscrits roulés qu'il lisait costumé en fou du roi; reliures incrustées de crânes et de squelettes; effigies de démons...

Sa rencontre avec André Breton dans le sud de la France en 1959 fut décisive. Jouant au bûcheron canadien, Benoît, qui n'avait auparavant jamais touché à une hache de sa vie, abat un chêne afin d'impressionner le «pape». Breton considérait Benoît comme un très grand artiste.

Peintre et également surréaliste, sa compagne Mimi Parent, décédée en 2005, dont il a fait la connaissance en 1943, était aussi québécoise. Le Musée national des beaux-arts du Québec leur a consacré une exposition en 2004. Jean Benoît avait conservé les cendres de Mimi Parent. Elles seront dispersées avec les siennes au château de Lacoste, le domaine du marquis de Sade en Haute-Provence. »

http://www.cyberpresse.ca/arts/arts-visuels/201008/26/01-4309934-jean-benoit-seteint-a-paris.php

[Clin d'oeil] Anthologie de l'humour noir

Par Jean-Pierre Bordaz,Conservateur au musée national d'art moderne , commissaire de l'exposition.

« En présentant le travail de Saâdane Afif devant le jury du prix Marcel Duchamp, Zoë Gray (co-commissaire de l'exposition personnelle de Saâdane Afif au Witte De With de Rotterdam en 2008) commence par ces mots : "Son oeuvre allie une simplicité étonnante à une complexité extraordinaire." Faut-il entendre par là que des formes d'un aspect minimal se conjuguent avec une vision conceptuelle beaucoup plus ambitieuse ?Saâdane Afif s'approprie l'Espace 315, au centre duquel trône un impressionnant cercueil de deux mètres de long. Accompagné d'André Magnin, l'artiste est parti à la recherche d'un artisan capable de réaliser très exactement cette construction en bois selon ses plans. Il a choisi de travailler en collaboration avec l'artisan Kudjo, au Ghana où, depuis des générations, on fabrique, sculpte et peint des cercueils qui revêtent la forme de toutes sortes d'éléments de la vie quotidienne, des voitures jusqu'aux animaux. Le cercueil présenté par Saâdane Afif dans cette installation emprunte de la manière la plus reconnaissable les attributs architecturaux et la structure tubulaire du Centre Pompidou, geste architectural manifeste de la fin des années 1970. Il est accompagné de plusieurs bornes en fonte d'aluminium de forme cylindrique, appartenant elles aussi à l'environnement du musée, reproduites à l'identique de celles qui entourent la Piazza, devant le Centre. Chez Saâdane Afif, la recherche de la figure ou de l'objet, figurative ou abstraite, répond à une méthode dont la finalité est d'accroître la perception. Les bornes à côté du cercueil appartiennent à la sphère sociale – à l'ouverture du Centre Pompidou ; elles délimitent une sorte d'agora donnant la place à la parole. À "Beaubourg" en 1977, comme à "l'Odéon" en 1968, la pensée et les attitudes se libéraient dans l'expression de tous. Comme il l'a orchestré précédemment à la galerie Michel Rein dans l'exposition Vice de Forme : In Search of Melodies (octobre 2009), l'artiste transforme l'ordre des choses en faisant appel à des collaborations ; l'interprétation libre et reconnaissable d'une sculpture de Man Ray trouve un prolongement conceptuel dans les chansons et les sonates déclamées par d'autres. Dans une exposition précédente, Saâdane Afif reprend aussi une étagère créée par le designer Ron Arad pour produire une pièce (Pirates Who's Who, 2001). Il fait aussi réaliser des affiches qui apparaissent çà et là comme des éléments constitutifs de la représentation. C'est au regardeur de faire l'œuvre, comme le préconisait Duchamp. Aussi, le jour de l'inauguration, autour du cercueil, des textes seront déclamés. Le titre de cette installation, Anthologie de l'humour noir, fait penser au regard ironique et iconoclaste d'André Breton face à l'œuvre d'art. La mise en scène de Saâdane Afif impose un renversement des rôles, une circulation des idées très singulière, un bouleversement des valeurs. C'est aussi un trait d'humour noir face à l'utopie culturelle du Centre Pompidou. »

http://www.cnac-gp.fr/Pompidou/Manifs.nsf/0/C8E89CE1334ED340C1257714004DC271?OpenDocument&sessionM=2.2.2&L=1

EXPO terminée : Depero, a futurista

« Les couleurs flamboyantes des textiles de Fortunato Depero, présentés à la Galerie Nationale, nous révèlent un chapitre moins connu du mouvement futuriste. Cette exposition réunit une centaine d'oeuvres de Fortunato et d'autres artistes hongrois influencés par le futurisme.

C'est le moment des célébrations du futurisme dans les grands musées à travers le monde. Il y a 100 ans en effet, le poète italien Marinetti publiait le Manifeste de ce mouvement, à la une du Figaro à Paris (en fait en 1909 et c'est en 1910 que des artistes se regroupèrent autour du poète). Il y écrivait notamment: «Nous chanterons les grandes foules agitées par le travail, le plaisir ou la révolte...». Le manifeste du futurisme se confond avec la naissance de l'avant-garde même. Tous les arts et tous les continents étaient concernés. Son dynamisme a trouvé écho auprès des révolutionnaires russes, dont le poète Maiakovski et le peintre Malévitch, ainsi qu'auprès des artistes d'Europe Centrale et Orientale. Mais le futurisme a été discrédité plus tard par ses engagements politiques en faveur de Mussolini, surtout en Italie.

Fortunato Depero est originaire d'une région de l'ancienne Monarchie austro-hongroise. Il était lycéen au moment de la proclamation du manifeste, mais quelques années plus tard il oeuvra au coeur de ce mouvement. Il exposa en Italie et à Paris et écrivit lui aussi un manifeste pour la reconstruction futuriste de l'univers. A Paris, il rencontre Djaghilev et le ballet russe, dont l'impact est sensible sur son parcours. Son film d'animation est proche des ballets de Stravinski, mais nous découvrons également l'Ours dansant sur la musique de Béla Bartók. Ce court métrage avec des figures géométrisées est grotesque et plein d'humour, mais ses soldats en marche évoquent tout à la fois la lutte armée et l'agressivité. Depero disposait, dès ses débuts, d'un atelier a Roveto, où il a expérimenté les nouvelles voies artistiques: des jouets et huiles jusqu'aux décors de théâtre en passant par la tapisserie exprimant la simultanéité de sa vision. Ses affiches et couvertures, réalisées pour Vogue et des revues de cinéma américain, sont aussi décoratives. Après la guerre il retourne en Amérique, mais il n'a pas le succès d'avant et, de retour en Italie, il fonde à Roveto la Galleria Museo Fortunato Depero – ouverte avec l'aide de la province de Trento, là même d'où la présente exposition provient directement.

Même s'il n'existait pas de contacts directs entre Depero et l'avant-garde hongroise, c'est une bonne occasion de redécouvrir des oeuvres peu montrées, tel ce portrait de Marinetti par Lajos Tihanyi, et découvrir ou redécouvrir les oeuvres de grands artistes comme Berény, Bortnyik et Uitz, qui tous devaient quitter la Hongrie, ou encore Kassák qui écrivit, dans son poème Le cheval meurt les oiseaux s'envolent, ces vers devenus célèbres; «les oiseaux ont avalé le son mais les arbres continuent à chanter (...) je suis LAJOS KASSAK et s'envole sur nos têtes le samovar nickel» (traduction: Philippe Dome et Tibor Papp).

Éva Vámos   Depero, a futurista   Magyar Nemzeti Galéria     Budavári Palota  
Ier arrt., Szent György tér 2   Jusqu'au 22 août  
tlj de 10:00 à 18:00 sf lundi » http://www.jfb.hu/node/1431  

[Le surréalisme dans les fictions] Rentrée littéraire

Le surréalisme, ou plutôt la figure mythique et fantasmée d'Antonin Artaud est matière à fiction. Deux chroniques en font état :

Chronique « Au pays des rois-nègres » par Éric Paquin

« (…)Un écrivain sexagénaire, handicapé par la poliomyélite, vient de débarquer à Libreville. La capitale du Gabon semble d'abord n'être qu'une des multiples destinations où, depuis trois ans, l'ont conduit les missives d'une femme autrefois aimée et rencontrée par l'intermédiaire d'une passion commune pour L'Ombilic des limbes d'Antonin Artaud, ce "livre de ce qui se passe quand le cerveau pourrit". Pressentant la fin prochaine de sa "surréelle voyagerie", l'homme, qui déteste se déplacer mais que Judith la "mal-aimable" a réussi à attirer aux quatre coins du monde, de l'Irlande au Laos, en passant par l'île de Pâques, décide de briser quelques-unes de ses habitudes, s'enfilant les whiskys les uns après les autres, lui qui n'a plus bu une goutte d'alcool depuis un quart de siècle... (…)

Bibide Victor-Lévy BeaulieuGrasset, 2010, 594 p. »

http://www.voir.ca/publishing/article.aspx?zone=1&section=10&article=72663

et une autre chronique de Hubert Artus :

«  nous avons demandé à Natacha Boussaa, auteure d » « Il vous faudra nous tuer » (éd. Denoël), de vous conter, « inside », sa première rentrée.

Il vous faudra nous tuer  est l'un des très bons premiers romans de ce cru 2010. Roman social, il a pour toile de fond les manifestations anti-CPE du printemps 2006, auxquelles l'auteure -comédienne de théâtre et actrice, en 2005, de « Lemming » de Dominik Moll- a participé.

C'est une histoire de jeunesse, d'amour dans le mouvement militant, de suicide, à un rythme fort. L'écriture est, à la fois, minimaliste, factuelle et rageuse, et lyrique. Un roman dont Guy Debord et Antonin Artaud sont les figures tutélaires.

C'est parce que j'ai beaucoup aimé ce premier roman que j'ai sollicité Natacha Boussaa. Pour qu'elle (d)écrive, en plusieurs épisodes pour Rue89, sa « première rentrée vue de l'intérieur ». Un jeu qu'elle a accepté de jouer. Début, donc, aujourd'hui. Hubert Artus »

http://www.rue89.com/cabinet-de-lecture/2010/08/26/rentree-litteraire-une-maternite-dans-un-champ-de-bataille-163955

[Odonymie] Marcelle Cahn, artiste strasbourgeoise

« La rue Marcelle-Cahn, située à Koenigshoffen entre la route de Wasselonne et la rue Cerf-Berr, rappelle la mémoire d'une artiste-peintre strasbourgeoise (1895-1981).

Fille d'un négociant strasbourgeois, elle s'est formée à l'École de arts décoratifs de Strasbourg, à Berlin et à Paris. En 1930, elle entre dans le groupe d'avant-garde « Cercle et carré » avec Hans Arp et Sophie Taeuber. (…) »

Bernard Vogler

http://sitemap.dna.fr/articles/201008/29/marcelle-cahn-artiste-strasbourgeoise,strasbourg,000011557.php

André Breton et la radio

Article paru dans l'ouvrage Ecrivains au micro :

Michel COLLOMB : "La voix insonore d'André Breton. Les entretiens radiophoniques avec André Parinaud"

Écrivains au micro. Les entretiens -feuilletons à la radio française dans les années 50., Sous la direction Pierre-Marie Héron., 254 pages. , Prix : 15 euros, EAN : 9782753511736.

Le n°26 de Trois cerises et une sardine est paru.

Au sommaire: un article de Péret sur Wifredo Lam. Des textes inédits de B. Péret, J. L. Bédouin et G. Goldfayn sur Saint-Cirq Lapopie.

http://www.benjamin-peret.org/bulletin-trois-cerises-et-une-sardine/306-au-somaire-du-nd-26-de-trois-cerises-et-une-sardine-juin-2010.html

[Notule sur l'exposition Max Ernst de 2009] Finesse artisanale et épouvante panique

« Max Ernst, Une semaine de bonté 

Le collage ernstien n'est pas la seule rencontre incongrue qu'on s'attend à voir. C'est d'ailleurs ce qui fait son extrême singularité. Il n'est pas davantage le bouquet subtil des collages d'un Schwitters (des « nidifications » de brins et de rebuts collectés pour reprendre la formule de Jean-Christophe Bailly). Il est une machination implacable, jusqu'à l'exemple de la série du « Lion de Belfort » de fixité hypnotique et de formidable autorité.   

Dans Une semaine de bonté, dont on pouvait contempler les collages originaux au Musée d'Orsay à Paris tout au long de l'été 2009, l'intensité du hasard objectif des surréalistes se traduit par la forte autorité du fait divers que Max Ernst prend pour source de son inspiration dans les romans populaires, point de départ de ses agencements, fait divers lui-même converti en fixité de l'inconscient. Comme si le fait du rêve était cette fixité par laquelle est rendue impossible la mélodie ductile du quotidien, figée en terreur impatiente, exacerbée par les volutes et les contorsions, les lévitations et les arcs électriques, les écailles, les carapaces, les chemins de fer, les salons confinés, les murs et portes, les tables d'opération, les parures, toute la machinerie romanesque du XIXème siècle.

Les affinités et circulations d'effroi mises en place pour ce théâtre de la cruauté résultent d'agencements d'une grande finesse artisanale. Les propositions graphiques d' « Une semaine de bonté » donnent aussi à savourer la sensualité du détail, de la texture. Une douceur tactile semble compenser le désir panique à se porter dans la scène où opère, assaillant la vue, une condensation, un raccourci vénéneux et véhément. Le regard, dans le même temps  qu'une imminente inquiétude le met à nu, se délie et se divertit à la minutie, s'attache à être curieux au sens non de l'étrange, mais au sens ancien de soin apporté, d'application. Probablement la générosité de Ernst réside-t-elle dans cette saveur et ce savoir des tracés et des textures dont chaque collage constitue l'offrande. Et certes, l'on est séduit par la grande finesse de ces assemblages, d'une acuité minutieuse, toute romantique, littéraire.

Mais la dominante de l'oeuvre a tôt fait de rappeler sous sa férule l'esprit qui se délectait de la finesse iconographique. Placé sous l'autorité d'un seul fanal, et ce terme d' « autorité » nous vient de manière si récurrente, nommant ainsi, au contact de cette séquence le fait même de l'inconscient, nous sommes au-delà de la narration subvertie, de ses divers épisodes, de leur classification en jours et en éléments, expérimentant l'invariante teneur, l'idée fixe d'un phare en nous.

Chacune des suites nous porte vers l'innommé impératif. Sans les passer toutes en revue, alertons sur « Le rire du coq », cette séquence (le terrible cinquième cahier) qui se tient, si l'on peut dire, « à la crête » de l'événement de la découverte d' « Une semaine de bonté », événement qui concentre une énergie, pour laquelle s'impose encore, avec insistance, le qualificatif de terreur impatiente. Car tel est à notre sens le noyau de l'œuvre. Ma contemplation du « Rire du coq » est horrifiée par le souvenir d'un passage du Talmud évoquant la fontanelle d'un nourrisson brisée par le heurt de la patte d'un coq. Mais aussi de l'épouvante de l'aviaire, je retiens la posture de soudaineté de l'homme-oiseau impérieux (« Oedipe »), sa menace « raptive », sa teneur d'imminence.

Du hasard objectif des surréalistes, « Une semaine de bonté » est l'une des expressions les plus galvanisantes, de ce galvanisme cher à l'Allemagne du premier quart du XIXème siècle.

Daniel Klébaner »

Le compte-rendu a été ajouté sur la rubrique Lu, sur le site du centre de recherche du surréalisme, que nous vous invitons à consulter régulièrement : http://melusine.univ-paris3.fr

Bonne semaine à tou(te)s, Eddie Breuil

 

 

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