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Avertissement, Juillet 2007

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La compilation des messages de sept années, expédiés par différentes machines sous différents systèmes, a produit des fichiers fort encombrants. Il n’était pas possible de garder la forme initiale des messages. Nous avons donc privilégié l’accessibilité en réduisant au maximum leur poids, en évitant les redondances, sans toucher au contenu, qui reste l’objet du présent document. Les coordonnées personnelles des abonnés ont volontairement été enlevées.

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Semaine_26 (25 juin-1 er juillet 2007)

Chères Mélusines, Chers Mélusins,

Pour cette première semaine d’été, la collecte est moins pauvre qu’on ne pourrait le penser : voici des comptes rendus de lectures et d’expositions, ainsi que plusieurs annonces méritant l’attention. À propos de Judith Reigl et Simon Hantai, il convient de lire l’étude sur la galerie A l’étoile scellée publié par Renée Mabin dans Astu sur notre site : http://melusine.univ-paris3.fr/astu/Mabin.htm

Messagers de la Tempête ; André Breton et la Révolution de janvier 1946 en Haïti

http://www.alterinfos.org:80/spip.php?article1466

C’est un livre au titre énigmatique que viennent de publier les éditions Le Temps des Cerises, Messagers de la Tempête [1] Ce beau titre évoque la rencontre à la fin de l’année 1945 entre André Breton et Haïti, quelques semaines à peine avant son embrasement révolutionnaire lors des "Cinq Glorieuses de 1946". Sur ces événements rares, il est très peu d’écrits. Comme le relèvent les deux auteurs dans leur introduction, "soixante années après, il était temps de combler cette étrange lacune …" Voilà qui est fait, joliment fait.

L’étincelle et les abeilles : la révolution de 1946 en Haïti

Contrairement à ce que l’on pense d’habitude, Haïti fait partie de l’Amérique Latine – un terme qui n’a de signification que linguistique, car du point de vue eth-nique, historique et culturel, il faudrait parler d’Afro-Indo-Amérique. Comme les autres pays de ce continent, son histoire moderne est soumise à la domination des États-Unis d’Amérique. Elle est faite des inégalités sociales croissantes, du pouvoir d’une insolente oligarchie, des dictatures militaires aux régimes corrompus qui se succèdent pratiquement sans interruption. Mais aussi d’une culture populaire d’une incroyable créativité. Celle-ci s’exprime dans les cultes magiques du vaudou, dans les arts plastiques, la musique, la danse, la poésie, la littérature. Ce sont aussi des pays de haute combativité populaire, de luttes, de révoltes, d’insurrections. Haïti a inauguré le cycle des révoltes anticoloniales du continent avec Toussaint Louverture. Puis il y eut la Révolution de 946, laquelle a ouvert un autre cycle de soulèvements populaires, qui se traduira par des mouvements révolutionnaires en Bolivie en 1954, à Cuba en 1959-60, en Argentine avec le Cordobazo de 1969, au Nicaragua en 1979, au Chiapas en 1994, en Argentine en 2001, enfin en Bolivie en 2005. Comme souvent dans cette histoire mouvementée, les fruits de la révolte populaire haïtienne de 1946 ont été confisqués par une junte militaire, suivie, après un bref interlude démocratique (le président Estimé), d’une succession de dictatures sanglantes jusqu’à la fin du siècle. Cependant, l’événement est resté dans la mémoire populaire haïtienne comme un moment exaltant de libération et d’espoir. Un des aspects les plus étonnants de la Révolution haïtienne, dite des « Cinq Glorieuses de 1946 », a été le rôle joué par des étincelles poétiques dans le déclenchement de l’explosion. Cela vaut pour Gouverneurs de la rosée de Jacques Roumain, l’ouvrage qui a inspiré, plus que tout autre, la jeunesse rebelle haïtienne ; par les écrits de la revue Tropiques d’Aimé Césaire, avidement lu en Haïti ; par le recueil de poèmes Étincelles (1945) de René Depestre ; et par les conférences d’André Breton en décembre 1945, les plus directement associées à l’insurrection de janvier 1946, comme on va le voir dans les pages qui suivent. Ces étincelles sont tombées sur une poudre sèche et inflammable : la rage du peuple haïtien et son désir de liberté. Cette fusion explosive entre poésie et insurrection, surréalisme et révolte sociale, est un cas peut-être unique dans l’histoire des révolutions modernes. Mais le miel de la révolte, au goût d’acacia et d’oranger, a été recueilli et fabriqué par les abeilles de La Ruche, la revue des jeunes Haïtiens rebelles, qui a publié la conférence de Breton à l’Hôtel Savoy, et dont l’interdiction a été le motif immédiat de la grève et du soulèvement. Ces jeunes, eux-mêmes poètes, artistes et révolutionnaires à la fois, ont été les principaux instigateurs, organisateurs et promoteurs de la Révolte de Janvier 1946. Ce volume est composé de deux essais : le premier, de Michael Löwy, avance quelques hypothèses sur les rapports entre les conférences d’André Breton et les événements de Janvier ; le deuxième, le témoignage de Gérald Bloncourt, un des meneurs des « Cinq Glorieuses » (les journées du 7 au 11 janvier). Ces textes sont suivis de nombreux documents, poèmes, photos, dessins, témoignages, coupures de journaux et d’une étude historique sur les événements de 1945-46. Ce livre est, à notre connaissance, le premier à être publié sur la Révolution haïtienne de 1946 avec le témoignage de l’un de ses principaux leaders. Soixante années après, il était temps de combler cette étrange lacune …

Messagers de la Tempête. Gérald Bloncourt et Michael Löwy, éd. Le Temps des Cerises, 180 p., 18 €.

Méconnu en France, le peintre surréaliste Yves Tanguy célébré à Quimper

Source : http://www.lorient-lejour.com.lb:80/page.aspx?page=article&id=345707

En exposant 220 œuvres, le Musée des beaux-arts de Quimper présente cet été une vaste rétrospective de l’univers surréaliste du peintre Yves Tanguy (1900-1955), jusqu’à présent davantage célébré à l’étranger qu’en France.

Point d’orgue de la saison artistique estivale en Bretagne, l’exposition bénéficie de prêts majeurs de 60 collections publiques et privées provenant de huit pays, notamment des États-Unis où le peintre finistérien s’était installé en 1939, avant d’acquérir la nationalité américaine.

Moins connu du grand public français que Dali, Miro ou Magritte, Yves Tanguy a connu la notoriété dans le monde entier. Ses œuvres sont aujourd’hui très recherchées, comme le montre la vente à Drouot en mars 2004 d’une huile sur toile intitulée Entre l’herbe et le vent, datée de 1934, pour 657 740 euros.

« Yves Tanguy est le peintre surréaliste par excellence. Ses paysages mentaux créent de la poésie pure. Il utilise une sorte de langage automatique dont il est le seul à connaître les signes. On est face à un onirisme dans lequel on doit s’enfoncer sans s’accrocher à la logique », commente André Cariou, conservateur en chef et directeur du musée de Quimper.

L’exposition présente 53 peintures, 34 gouaches et 38 dessins à l’encre ou au crayon parmi lesquels des dessins « automatiques », des dessins érotiques, de minuscules gouaches et 15 « cadavres exquis » de différentes périodes de l’artiste qui avait adhéré au mouvement surréaliste dès 1925.

« Si l’étoile de Tanguy s’élève toujours davantage, c’est qu’il est idéalement intègre et intact, qu’il échappe par sa nature à toute espèce de compromission. La peinture de Tanguy n’a guère encore livré que son charme : elle livrera plus tard son secret », écrivait André Breton, le père du surréalisme, en 1939.

La méconnaissance du peintre en France « traduit surtout la difficulté de la plupart à entrer dans ce monde à part, ces paysages intérieurs où l’on aperçoit des objets impossibles à nommer », souligne M. Cariou.

« Le peintre lui-même n’a pas dit un mot de son univers, de sa peinture reconnaissable entre toutes qui évolue lentement au fil du temps, déclinant un langage propre qui n’appartient qu’à lui. Les titres, quand il y en a, ajoutent à la difficulté », ajoute-t-il.

Décédé en 1955 à Woodbury (États-Unis), Yves Tanguy avait conservé un grand attachement à la pointe de la Bretagne au point d’en faire découvrir les secrets à ses amis surréalistes comme Marcel Duhamel, Jacques et Pierre Prévert, Benjamin Perret et André Breton. Selon ses dernières volontés, ses cendres ont été dispersées en baie de Douarnenez, non loin de Locronan, le village d’origine de sa famille.

Après Quimper, l’exposition sera présentée à Barcelone du 22 octobre au 13 janvier 2008.

(Yves Tanguy, du 29 juin au 30 septembre, Musée des beaux-arts de Quimper, renseignements : http://musee-beauxarts.quimper.fr)

Frédéric GAULIER (AFP)

Du conformisme de l'avant-garde

Source : http://www.lefigaro.fr:80/litteraire/20070628.FIG000000272_du_conformisme_de_l_avant_garde.html

CHRISTIAN Delacampagne, mort depuis peu, n'a pas raté son dernier livre. Cet homme discret, auteur d'une œuvre importante touchant aussi bien à l'anthropologie, à l'histoire, qu'à l'art et que l'on peut qualifier de philosophe des idées, était ennemi du tapage. À l'inverse d'un Jean Baudrillard, il ne cherchait pas la polémique. Peut-être aurait-il réfuté ce terme, mais c'est pourtant une sorte de colère que l'on sent sourdre sous sa plume à la lecture de son dernier ouvrage, Où est passé l'art ? Ni mélancolique et atrabilaire comme Jean Clair, ni réactionnaire assumé comme Philippe Muray, Delacampagne les rejoint pourtant sur un point précis : pour lui comme pour eux la création contemporaine se porte très mal, enfouie qu'elle est sous le fatras d'une culture para-artistique promue par les médias et les institutions culturelles qui confondent le véritable travail, généralement solitaire, de l'artiste et les provocations d'agitateurs qui vendent des « oeuvres » auxquelles le grand public reste massivement indifférent.

«Un incroyable mauvais goût»

« J'adore la nouveauté, bien au contraire, et, curieux de nature, je ne demande qu'à comprendre. Mais il se fait tout simplement que, dans l'avant-garde officielle de notre époque, y compris chez la plupart des artistes que le marché porte actuellement aux nues, je n'ai précisément rien trouvé de nouveau. Rien d'autre qu'un incroyable mauvais goût doublé d'une platitude aux limites de la vulgarité (deux choses vieilles comme le monde) », écrit Delacampagne en conclusion de ce livre qui retrace l'évolution de l'art pictural depuis la Renaissance jusqu'à la naissance du pop art dans les années 1950, en passant par la crise de la peinture, engendrée par l'arrivée de la photographie au XIXe siècle et le surréalisme. Delacampagne en appelle à un sursaut de ceux qui prétendent aujourd'hui à la vocation d'artistes, aussi bien dans le domaine des arts plastiques que dans celui de la création littéraire. Il les exhorte à se délivrer du narcissisme auquel les convie notre époque « festive » (P. Muray). En somme à être des créateurs authentiques plutôt que des promoteurs d'eux-mêmes.

Ou est passé l'art ? de Christian Delacampagne, Panama, 212 p., 15 €.

Un faux Cendrars au goût bulgare

Source : http://www.lefigaro.fr/litteraire/20070628.WWW000000377_un_faux_cendrars_au_gout_bulgare.html

EN 1995, à Sofia, Kiril Kadiiski, poète bulgare, fin lettré, traducteur dans sa langue de Villon, Verlaine, Mallarmé, Rimbaud, entre autres, et grand connaisseur de la littérature russe, découvre au hasard de ses lectures chez un bouquiniste un livre endommagé, presque en lambeaux, prisonnier dans un volume de Mikhaïl Artsybachev.

Sur la couverture noire, auteur, titre, éditeur en blanc sont mentionnés en russe : « Frédéric Sause(r), Légende de Novgorode, traduit du français par R. R. Sovonov — Moscou-Saint-Pétersbourg — 1907. » L'écrivain tient entre les mains le premier poème de celui qui n'était encore qu'apprenti bijoutier, mais qui devait bientôt prendre pour nom de plume Blaise Cendrars. Douze ans après cette découverte inouïe, une jeune universitaire, Oxana Khlopina, dénonce pour la première fois, preuve à l'appui, une imposture : La Légende de Novgorode est un faux, à ranger aux côtés de La Chasse spirituelle de Rimbaud.

L'histoire, il est vrai, était trop belle. Que l'on songe seulement. Pendant près de quatre-vingt-dix ans, La Légende de Novgorode, le premier poème de Blaise Cendras, que l'écrivain mentionnait toujours avec obstination en tête des bibliographies qu'il dressait lui-même, avec les mentions « épuisée » ou « hors commerce », restait obscurément introuvable. Lui-même avait toujours assuré qu'il ne possédait ni manuscrit ni aucun des quatorze exemplaires de ce premier livre que son ami R. R. édita à Moscou après l'avoir traduit en russe, « engloutissant ses dernières économies avant sa mort pour me faire une énorme surprise et m'encourager », écrira Cendrars dans Le Lotissement du ciel, dernier volume de ses Mémoires, sans lever le voile sur l'identité de ce vieil homme, savant linguiste qu'il avait rencontré lors de son premier séjour russe entre 1904 et 1907.

Les spécialistes, pour leur part, à force de recherches vaines et habitués qu'ils étaient aux tours de passe-passe de l'auteur de la Prose du Transsibérien et de Moravagine, tenaient alors cet ouvrage pour un mythe. Jusqu'à ce que l'improbable devienne pourtant réalité en 1995. L'ouvrage retrouvé à Sofia de seize pages imprimées en caractères cyrilliques sur un papier ocre clair, foncé par le temps, correspond aux descriptions les plus anciennes qu'en fit Cendrars.

Seule la date de l'édition diffère — 1909 dans les écrits du poète — et le nombre de page — 144. Des détails discutables. Trop ténus cependant pour remettre en cause ce « miracle ». L'émotion dissout les doutes. Miriam Cendrars, fille et biographe du génial poète, peut enfin vérifier l'existence de ce poème dont seul son père avait gardé la mémoire.

Une enquête romanesque

« C'est alors seulement que j'étais un vrai poète./ Lorsque l'on a dix-sept ans — comme a dit Arthur Rimbaud -/ on a que poésie et amour en tête… » Ainsi s'ouvre La Légende… dont tout le monde loue « l'étonnante modernité ». La BNF cherche à se porter acquéreur de La Légende de Novgorode mais demande, comme il est d'usage, des expertises. L'analyse du papier confirme qu'il est bien d'époque. Mais, avant que l'analyse de l'encre ne vienne dissiper les derniers doutes, un collectionneur suisse rafle la mise, pour, selon nos sources, plus de 50 000 dollars. Avant qu'il ne change de mains. Les chercheurs, privés de cet unique exemplaire connu de l'édition originale, sont déçus. Ils doivent se contenter du fac-similé accompagné de sa restitution inédite en français et publié chez Fata Morgana. D'autant que certains d'entre eux n'ont pas manqué de remarquer que ce long poème en prose, qui porte en germe des images, des pensées et des faits qui réapparaîtront au fil de l'œuvre encore à venir de l'écrivain suisse, aurait pu justement être établi à partir d'une parfaite connaissance de ses écrits futurs. La Légende de Novgorode mentionne notamment des éléments que Blaise Cendrars n'évoquera que très tardivement dans ses Mémoires.

C'est le point de départ de l'enquête romanesque, littéraire et quasi policière d'Oxana Khlopina, jeune universitaire russe de 28 ans, originaire de Novossibirsk, qui, pour les besoins de sa thèse de doctorat (Blaise Cendrars, une rhapsodie russe) qu'elle vient de soutenir à Nanterre sous la direction de Claude Leroy, est allée de Saint-Pétersbourg à Paris, en passant par la Suisse et la Bulgarie, chercher des pièces à conviction. Elle remarque ainsi que Blaise Cendrars, lorsqu'il évoquait ce poème, le décrivait comme une « épopée cocasse et héroïque » quand la simple lecture de la Légende de Novgorode fait apparaître des accents tragiques. Par ailleurs, le poème présente quelques incohérences, comme des anachronismes, à l'image de l'évocation de « l'hôtel d'Angleterre » de Saint-Pétersbourg, devenu universellement connu après la mort tragique de Sergueï Essenine dans l'une de ses chambres, écrivant avec son propre sang un poème d'adieu. Si cet hôtel de luxe existe bien depuis 1876, il ne prendra ce nom qu'en 1925.

Mais ce qui n'est que faisceau de présomptions va bientôt s'infléchir en preuves irréfutables à mesure que la chercheuse analyse de manière systématique l'orthographe et la grammaire de ce texte russe traduit du français en 1907. En effet, une réforme orthographique a eu lieu en 1917. « Cette réforme, souligne-t-elle, qui visait à une simplification de l'orthographe russe, revêtait un caractère hautement symbolique pour le nouveau régime bolchevique, introduisant notamment une rupture radicale dans la façon d'écrire, si bien que tout ce qui avait été publié auparavant devenait non seulement politiquement, mais également visuellement dépassé, donc de facto illisible. »

L'étrange Monsieur Kadiiski

Des lettres disparaissent, des terminaisons et des préfixes sont modifiés, de même que la grammaire évolue. Or le poème ne résiste pas à cet examen linguistique. Il ne peut avoir été écrit par un russophone avant 1917, ni même par un Russe ayant appris à lire avant la réforme. De toute évidence, c'est un faux, établi par quelqu'un qui possède, certes, une parfaite maîtrise du russe moderne et qui a connaissance des principales règles orthographiques d'avant 1917, mais dont les corrections systématiques apportées a posteriori au poème écrit en russe moderne sont lacunaires. Oxana Khlopina aurait pu s'en tenir à cette découverte, se satisfaire de cette démonstration simple, évidente et imparable, mais son travail avait comme un goût d'inachevé. Il lui fallait comprendre quand et comment cette mystification avait pu s'opérer. La clé de l'énigme s'étalait sous ses yeux, inscrite en lettre blanche sur fond noir. Intriguée par la police de caractères dans laquelle est écrit le titre sur la première page, la chercheuse reconnaît une police de caractères cyrilliques pour ordinateurs, dite Izhitsa.

Créée en 1988, elle était dans les années 1990 la seule police de caractères informatique à large diffusion capable de transcrire les caractères russes disparus après 1917. Vérifiant cette hypothèse à l'aide d'un ordinateur, Oxana Khlopina reproduit à l'identique la page du titre retrouvé en Bulgarie. Mais il ne peut s'agir d'une simple coïncidence s'agissant d'une version légèrement retouchée, agrandie dans sa hauteur et réduite dans sa largeur. Si bien que la date d'impression ne peut pas être 1907, comme l'analyse linguistique l'avait déjà démontré. Elle est même postérieure à 1988. L'étau se resserre. D'autant que la jeune femme trouve également sur le marché aux livres de Sofia, là même où fut découvert le poème de Cendrars, une collection de livres pour enfants dont la page de titre utilise la même police allongée de caractères Izhitsa.

Et pourtant, trop respectueuse de l'homme de lettres qu'elle ne rencontra qu'une fois à la Rotonde, toute timide alors et pétrie d'admiration, la jeune universitaire se refuse à livrer le nom de celui que tout accuse : une parfaite connaissance de la langue russe et de ses subtilités, des qualités de poète, une connaissance des techniques de l'édition, la Bulgarie : Kiril Kadiiski. Celui-là même qui découvrit le faux Cendrars. N'est-il pas ce grand connaisseur de la littérature russe qui traduisit Tioutchev, Bounine, Blok, Volochine et Pasternak ? N'est-il pas ce poète délicat, couronné notamment en 2002 du prix Max-Jacob étranger pour Les Cinq Saisons et autres poèmes ? Cet éditeur bricoleur qui fonda en Bulgarie sa propre maison, Nov Zlatorog ? Pour l'heure, celui qui, depuis 2003, dirige le Centre culturel bulgare en France, se montre bien embarrassé. « Je ne suis pas un expert de Cendrars, vous savez », s'excuse-t-il comme pour se disculper d'un acte qu'il n'aurait pu commettre. À voir. L'affaire Sauser ne fait que commencer. La légende de Novgorode court toujours.

RAPHAËL STAINVILLE.

Exposition Dali. La pratique du recyclage,

ouverte le 22 juin au Scriptorial d'Avranches (musée des manuscrits du Mont-St-Michel)

du 22 juin au 16 septembre

Au Scriptorial d’Avranches : http://www.ville-avranches.fr/site-scriptorial/index.htm

Commissaires d’exposition : Fabienne Dorey et Frédérique Joseph-Lowery

Au retour d’un exil américain de dix années où le peintre s’efforça de faire le deuil du surréalisme, Salvador Dalí travailla avec trois éditeurs français : Joseph Forêt, Michelle Broutta et Robert Descharnes. Il résulta de cette collaboration une illustration des textes de « grands écrivains » aussi variés que Cervantès, Dante, Casanova, Béroul, Caldéron et Boccace. Parallèlement à ce travail d’illustrateur, S. Dali clamait sa nouvelle orientation esthétique, ce qu’il appela son mysticisme nucléaire fondé sur les découvertes récentes de la science sur la matière et l’ADN. Tout logiquement, après avoir proclamé en 1951 son Manifeste mystique, il créa la couverture de l’ouvrage unique de l’Apocalypse de Saint Jean, projet auquel participa également d’autres artistes : Mathieu, Buffet, Cocteau, Zadkine, Léonor Fini, Foujita et Trémois. Si l’influence de l’art informel défendu en France par Georges Mathieu et Michel Tapié (qui préfaça Dali) se fait sentir dans la nouvelle technique de Salvador Dali qui quitte le dépôt de matière soigneusement huilées et vernissées, pour privilégier la tache d’encre et le geste de la projection de matières, ainsi que la spontanéité, il n’en demeure pas moins que l’esprit surréaliste est vivace, aussi éloigné le peintre veut-il s’en tenir. La croix de son Christ, dans la bible qu’il illustre, n’est-elle pas faite de quatre fourchettes ? N’y écrase-t-on pas une machine à coudre ? Enfin aussi loin remonte-t-il dans le temps par le biais des textes qu’il côtoie dans sa démarche d’illustrateur, au milieu du XIIe siècle avec Tristan et Yseult, le peintre ne quitte pas une pratique d’illustration initiée par les surréalistes, à savoir le détournement de planches encyclopédiques, ou de gravures de livres populaires du XIXe siècle, comme le fit Max Ernst (La Femme 100 têtes). C’est en ce sens qu’il y a recyclage. Dali recycle avec une technique nouvelle, inspirée de l’art expressioniste abstrait, une pratique profondément surréaliste, comme le montre son recueil Flordali (Surrealist flowers) ou bien encore son « retouchage» des quatre vingt gravures de Goya.

Mais surtout ce que Dali recycle, c’est le monde, qu’il travaille et déconstruit pour en créer un autre, qu’il appelle sa cosmogonie. Illustrant les auteurs Dante, Béroul etc., Dali recycle ses toiles et installe les écrivains chez lui, dans son monde de peintre et d’écrivain : il a à « ses » auteurs un rapport de filiation certain.

Le monde, pris entre mots et images, il l’a trouvé dans un ouvrage novateur en matière de pratique éditoriale, il s’agit du petit Larousse illustré, ouvrage capital pour le peintre. Il l’assimilera de plusieurs façons: d’abord en pratiquant une écriture volontairement analphabétique (voir ses manuscrits de La Vie secrète de Salvador Dalí dans l’édition récente de 2006, Age d’Homme), ensuite en faisant démentir (comme Magritte) le rapport de redondance entre un mot et « son » image, et partant, entre un texte et l’image qui est censée l’illustrer. Enfin, ce que trouve Dali dans le livre du Larousse, c’est une femme qui souffle un pissenlit. Il en prit la pose devant l’objectif de Robert Descharnes. Comme elle, il souffle son œuvre « à tous vents », au risque d’être pillé et…recyclé, ce qui est aussi le sort de son ami Duchamp qui lui même recycla dans le monde de l’art les objets du monde industriel (ses ready-made). Écrivant une préface aux Hyper-réalistes américains (1974), tout naturellement, Dali recycle sa propre préface à un hommage rendu à Duchamp (de 1933). Le recyclage, on le voit, est une galerie de miroirs.

Ce labyrinthe de reflets et de simulacres qu’est le monde dalinien l’amènera à explorer d’autres modes de reproduction de l’image que ceux des techniques d’impression traditionnelles et propres au livre: l’hologramme, la stéréoscopie, l’anamorphose. Dans le dernier ouvrage d’importance de Dalí Les Dix recettes d’immortalité, l’artiste pose un miroir dans le livre-objet qui joue le même rôle, dans son œuvre, que le cube miroitant de la cabine téléphonique des hyperréalistes. Il s’agit d’un appareil à déréaliser le monde, à montrer qu’il n’est fait que de matière en constante destruction, par exemple. La spirale de L’ADN qui structure le dernier livre de Salvador Dalí est cette grande puissance de recyclage de codes à travers le temps, dans une reproduction génétique insensiblement modifiée. Elle prend chez Dalí l’allure d’une tour de Babel, car c’est précisément la langue, telle qu’il la découvrit enfant et telle qu’il la pratiqua en tant qu’écrivain qui est à ses yeux une puissance d’extermination du monde.

Comme le dit Calderon, la vie est un songe. Un théâtre d’images, dit Macbeth, rôle shakespearien que Dali a illustré.

Contrairement aux expositions précédentes, Dali et les livres (Nîmes, 1982) et Dallibres (Barcelone, 2005), notre exposition examine la portée esthétique et philosophique de la pratique d’illustration dalinienne.

Les journées européennes de la culture juive, "Tristan Tzara, poète juif d'Europe orientale" ?

Itinéraires du patrimoine juif en Europe (2-16 septembre 2007, à Nancy)

Le colloque international s’intéressera lui aussi à la musique, entre des sessions dédiées aux "Sociétés et sensibilités politiques", à la "Vie artistique et Intellectuelle » ou encore aux "Regards croisés", qui permettront d’entendre des interventions sur des thèmes variés : "Juifs et communistes en Hongrie", "Cosmopolitisme, altérité et dissidence : les Juifs et l’intelligentsia en URSS (1946-1991), "Tristan Tzara, poète juif d’Europe orientale ?", "L’humour juif", "Les intellectuels et écrivains polonais face à la Shoah dans la presse des années 1945-1946", "Le yiddish comme espace de communication", …

source : http://www.resmusica.com/aff_articles.php3?num_art=4021

Paul Éluard en CD

On ne compte plus les éditeurs qui, pour exploiter leur propre fonds, publient CD et DVD. Ainsi Gallimard a-t-il créé "Écoutez lire". Parmi les derniers titres de la collection, « le Menteur », de Henry James ( 18 euros ), lu par Barbara Schulz. Pas très convaincante, à vrai dire. Il est de grands pianistes incapables de jouer à la première lecture d'une partition, la belle Barbara doit faire partie du lot. Faut-il que le conte soit captivant pour que l'auditeur surmonte la monotonie de la conteuse ! Autre CD de la collection, 20 poèmes de Paul Éluard tirés de "Capitale de la douleur" (15 euros), recueil de 1926 tout imprégné de son amour pour sa femme, Gala. Lyrique mais jamais pompeux, Gérard Desarthe se révèle excellent diseur.(…)

Jacques Nerson, Le Nouvel Observateur — 2225 — 28/06/2007

Lire la suite : http://livres.nouvelobs.com/p2225/a348749.html

Reigl et Hantaï à nouveau réunis

Source : http://www.lemonde.fr:80/web/article/0,1-0@2-3246,36-929622@51-917863,0.html

C'est une jolie plongée dans le passé que propose la galerie Malingue, à Paris, en réunissant deux peintres d'origine hongroise, Judith Reigl (née en 1923) et Simon Hantaï (né en 1922). Un hommage à André Breton, aussi, qui les exposa pour la première fois à la galerie A l'étoile scellée. "Ah ! Les toiles, c'est laid", traduit avec humour Renée Mabin, une spécialiste d'Yves Tanguy, qui a consacré un sérieux travail à l'histoire brève (décembre 1952-avril 1956) de ce petit local de la rue du Pré-aux-Clercs qui fut, coincé entre le réalisme socialiste soutenu par le Parti communiste et l'abstraction alors triomphante, un des lieux où se revivifia le surréalisme après-guerre.

La première salle de la galerie Malingue plonge directement dans cette histoire-là, grâce à des prêts consentis par des amis collectionneurs. Il faut regarder alternativement Narcisse collectif, peint par Hantaï en 1953, et Volupté incomparable, un Reigl presque contemporain, pour comprendre ce qui pouvait séduire Breton chez les deux jeunes gens, fraîchement débarqués de derrière le rideau de fer.

Narcisse collectif tient de la peinture, du collage et de l'objet. Une sorte de combine painting avant l'heure : un personnage peint, surmonté d'un crâne d'animal, réel, enchâssé dans la toile, d'où surgit également une patte de poulet, laquelle étreint un miroir métallique, qui justifie — en partie — le titre du tableau.

Reigl est plus sage, en ce qu'elle se contente de peindre, mais les personnages de Volupté incomparable n'ont pas besoin des artifices du réel pour être inquiétants : "Vous êtes en possession de moyens qui me stupéfient de la part d'une femme, lui écrit Breton, tout machisme bu, et je vous crois en mesure d'accomplir des choses immenses."

UNE PEINTURE GESTUELLE

Ce qu'ils vont faire, l'une et l'autre, mais pas précisément dans la direction que Breton eût souhaitée. A commencer par Hantaï qui, de concert avec Georges Mathieu dans le rôle du chef d'orchestre, organise en 1957, à la galerie Kléber, les "Cérémonies commémoratives de la deuxième condamnation de Siger de Brabant", dont les connotations religieuses rendent furieux les surréalistes. Judith Reigl, pour sa part, retient du surréalisme l'importance de l'écriture automatique, qui la conduit vers une peinture de plus en plus gestuelle. Elle use des instruments les plus inadéquats — une tringle à rideau — pour contrarier sa dextérité ou, en musique, marche le long de ses toiles en les effleurant. C'est la série des "Déroulements", à laquelle une autre galerie, L'Or du temps, consacre une exposition.

Et il y a un autre larron, en filigrane, dans cette exposition. Un bon larron, Jean Fournier, qui dirigea la galerie Kléber, et sut, sa vie durant, accompagner et soutenir Reigl et Hantaï.

Galerie Malingue, 26, avenue Matignon, Paris-8e. Tél. : 01-42-66-60-03. Jusqu'au 7 juillet. Galerie L'Or du temps, 25, rue de l'Echaudé, Paris-6e. Tél. : 01-43-25-66-66. Jusqu'au 7 juillet.

Harry BELLET

Bien cordialement,
L'administrateur
Henri Béhar

avec le concours de

Eddie Breuil

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melusine@mbox.univ-paris3.fr
Site du Centre de Recherches sur le Surréalisme de Paris III/Sorbonne Nouvelle
http://melusine.univ-paris3.fr/

3 juillet 2007

Spécial Jarry

Chères Mélusines, Chers Mélusins,

Frédérique Joseph-Lowery me signale une journée radiophonique consacrée à Jarry. Information que je m'empresse de relayer, la revue hebdomadaire risquant de vous alerter trop tard.

J'y ajoute l'annonce d'une une émission de Patrick Besnier, que sa trop grande modestie…

Deux émissions, dimanche 8 juillet, sur France culture:

16:00

UNE VIE, UNE OEUVRE

Alfred Jarry ( 1873-1907)

Avec : Alexandre Bonnier, peintre, écrivain, Henri Bordillon, responsable de la publication des tomes 2 et 3 de l'intégrale Jarry dans la collection Pléiade, Serge Fauchereau, écrivain

par Noël Simsolo

Alfred Jarry est surtout connu pour sa pièce Ubu Roi.

ll est pourtant l'auteur de nombreux autres textes, enfin disponibles dans l'intégrale de La Pléiade. Poète, librettiste, traducteur, romancier, journaliste et chroniqueur, il est également l'inventeur de la Pataphysique, science dont le respectable Docteur Faustoll fut l'initiateur inégalable. D'abord, il est écrivain du jeu (jeu avec la vie, les multiples sens du même mot, jeu avec les mythologies). Considéré comme un vecteur capital de la littérature contemporaine par les surréalistes, il fut aussi le maître à penser de Marcel Duchamp et le référent principal pour Raymond Queneau et Boris Vian. Extraits de : Les jours et les nuits, Le Surmâle, Messaline, Minutes de Sable Mémorial, Almanach du Père Ubu.

Avec les voix de Boris Vian, Paul Éluard

Textes lus par François Maistre

1ère diffusion le 6 octobre 1988

Réalisation : Jean-Claude Loiseau

17:28

PARTENARIAT- AUTOPROMOTION

17:30

POESIE SUR PAROLE

Spécial Jarry

Production : André Velter

Lectures d'Élise Caron et Claude Aufaure.

Réalisation : Patrick Molinier

20:30

ATELIER DE CREATION RADIOPHONIQUE

Bonjour Monsieur Jarry

Production-Coordination : Philippe Langlois, Production-Coordination : Frank Smith

(rediffusion de décembre 1951)

(Horaires exceptionnels : 20h30 à 22h)

BONJOUR MONSIEUR JARRY

Une œuvre de Georges Charbonnier et Alain Trutat mêlant formidablement les genres comme l'auteur des Almanachs du Père Ubu aimait le faire. Charbonnier et Trutat mettent l'Art roué du montage radiophonique au service de leur auteur-frondeur.

« Le Bonjour Monsieur Jarry, de Georges Charbonnier et Alain Trutat, a été un bel hommage à la mémoire du créateur du père Ubu. Pas un de ces hommages distingués que l¿on prononce sur le ton emprunté de « l¿émotion profonde », mais un hommage très sérieux quant au fond et doucement rigolard sur le dessus : un hommage digne de celui qui en était l¿objet. Le texte de charbonnier, apparaît non pas comme un bloc, mais comme la réunion heureuse de petits morceaux disparates. Une marqueterie sonore signée Alain Trutat. » G. Guilleminault

Ce programme a fait l’objet d’une édition sonore aux Éditions André Dimanche/INA (Grand Prix International du disque de l'Académie Charles Cros, 1996).

 

"De jarry à Jarry par les îles" : Une émission de Patrick Besnier et Hélène Delavault. le Mardi 10 juillet 2007, à 19 H 30 sur France Culture.
www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/papous/ -

Bien cordialement,
L'administrateur toujours provisoire
Henri Béhar

Semaine_27 (2-8 juillet 2007)

Chères Mélusines, Chers Mélusins,

cette semaine, à défaut de pouvoir rapporter des inaugurations d’expositions (voyez tout de même les Musées de Lisbonne et de Berlin), quelques retours sur certaines expositions à voir cet été, occasion aussi de faire un crochet par la publication du catalogue de la très belle exposition François Morellet de Cluny. E. B.

Agenda

Rappel : Alfred Jarry sur France Culture, dimanche 8 juillet de 16:00 à 22h

+ De jarry à Jarry par les îles" : Une émission de Patrick Besnier et Hélène Delavault. le Mardi 10 juillet 2007, à 19 H 30 sur France Culture.

www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/papous/ -

Francis Poulenc et Paul Éluard au Musée d'Orsay, le 17 juillet

17 Juillet 2007 à 20H00

Hors abonnement

Musée d'Orsay

Le Choeur chante à Orsay

Au programme

« Francis Poulenc : Un soir de neige

Un soir de neige est une «cantate de chambre en quatre tableaux pour six voix» où l’hiver et la neige sont associés à la mort et à la difficulté de vivre. Le texte de cette série de miniatures expressives est emprunté à Paul Eluard, l’un des poètes préférés de Poulenc. Le premier chœur est extrait du recueil Dignes de vivre de 1944, les trois suivants de Poésie et Vérité (1942). »

Jean-François Boukobza

http://www.radiofrance.fr/chaines/orchestres/journal/concert/index.php?conc=215000046

Expositions

Miró jusqu’au 23 septembre

Le Palais Bénédictine de Fécamp consacre son exposition d'été à au thème de "la femme et des oiseaux" chez Joan Miro. Choisies par la galerie Maeght pour laquelle Miro a beaucoup travaillé, ces oeuvres (gravures, lithographies, bronzes…) au nombre d'une cinquantaine montrent l'éclectisme de cet artiste surréaliste catalan né à Barcelone en 1893 et mort à Palma de Majorque en 1983. Les gravures qui sont présentées se caractérisent par de larges traits noirs, des formes naïves et une profusion de couleurs…

http://www.infoceane.com/journal/070626-miro_fecamp.html

Le surréalisme en Belgique (1924-2000), au BAM jusqu'au 19 août

"Le musée BAM de Mons, en Belgique, rend hommage à la richesse du mouvement et témoigne de sa vivacité."

Article de Jean-Pierre Stroobants, à lire dans Le Monde, date vendredi 6 juillet 2007

Le Musée de Lisbonne

LISBONNE (Reuters) — Un musée d'art contemporain digne des plus grandes capitales européennes a ouvert ses portes cette semaine au Centre culturel de Belem, à Lisbonne.

L'exposition permanente, constituée de 862 pièces issues de la collection privée de l'homme d'affaires Joe Berardo, rassemble entre autres des oeuvres signées Pablo Picasso, Jackson Pollock, Salvador Dali, Roy Lichtenstein ou de la Portugaise Paula Rego.

"Avec cette présentation d'oeuvres d'art, le pays devient plus riche et Lisbonne, une ville meilleure", s'est félicité lundi le Premier ministre José Socrates.

"Par le passé, la route européenne de l'art moderne s'arrêtait à Madrid. Désormais, elle commence ici", a-t-il ajouté.

La collection, qui peut rivaliser avec celles de la Tate Modern de Londres ou du Centre Pompidou à Paris, est la première du genre au Portugal. Christie's l'a évaluée aux alentours de 316 millions d'euros.

L'ouverture du musée est le fruit de dix ans de négociations entre les pouvoirs publics et Berardo, entrepreneur originaire de Madère qui a fait fortune en Afrique du Sud dans l'industrie minière.

http://www.challenges.fr/depeches/france/20070626.REU3820/lisbonne_se_dote_dun_musee_dart_moderne_digne_des_plus_.html

Musée de l'abbaye Sainte-Croix

Un des plus remarquables musées de province. L'art contemporain y est à l'honneur avec deux importantes collections consacrées à Gaston Chaissac (1910-1964) et Victor Brauner (1903-1966), lié au surréalisme, qui mêla sexualité, humour et alchimie. Les autres oeuvres majeures sont signées Baselitz, Beckmann, Dubuffet, Marquet, Hélion ou Blaise Drummond. A ne pas manquer, dans les combles charpentés, la partie consacrée à l'histoire des Sables : on y découvre les Sablaises et leurs jupes plissées au-dessus du genou (les premières en France), les délicieuses affiches des années 30 vantant la « plus belle plage d'Europe » et les ex-voto laïques offerts par Paul-Emile Pajot aux marins. Cet été, exposition consacrée à l'oeuvre peinte d'Hervé Di Rosa.

Du mardi au dimanche (10 h-12 h, 14 h 30-18 h 30). 4,60 ? pour les adultes, 2,30 ? tarif réduit. Rue de Verdun. Les Sables-d'Olonne. 02.51.32.01.16.

Ré Soupault

Berlin consacre une exposition à Ré Soupault, "photographe de l'instant magique"

Une femme élégante, regard dans le lointain, cigarette à la main, visage qui se superpose à un journal : c’est un autoportrait de Ré Soupault, la femme du « dernier surréaliste », l'amie de Man Ray, d’Elsa Triolet, de Gisèle Freund… Une photographe de génie. Et une femme hors du commun.

Étudiante au Bauhaus de Weimar, élève de Kandinsky et de Paul Klee, celle qui est née Meta Erna Niemeyer se lance dans la vie culturelle berlinoise des années 20, trépidante. Puis, après avoir renoncé à partir pour le Moscou soviétique, elle choisit Paris. C’est là qu’elle crée un studio de mode, invente une robe qui se transforme selon les besoins et les obligations d’une journée de femmes qui travaillent… Avec son mari Philippe Soupault, alors grand reporter, elle parcourt le monde, des États-Unis à la Tunisie, traduit les plus grands poètes français, elle écrit, elle photographie. Ce qu’elle voit et ce qu’elle vit.

« Je n’ai jamais pris une photo posée. Tout ce que j’ai photographié venait directement de la vie », disait-elle en guise de tout manifeste. Ses appareils photo étaient le plus discret possible, comme si la plus haute ambition était de saisir l'instant, photographier « la seconde magique », en dehors de tout trucage ou montage, loin de tout surréalisme : Ré Soupault ne fut jamais dans l'ombre de son mari.

Instants heureux de la France du Front populaire, souvenirs de voyages avec son mari, vie quotidienne en Tunisie, moments dramatiques de l’Espagne de 1936 et de l’Allemagne de l’après-guerre : Galerie de portraits d'une époque et d'ne vie. L'œil ne regarde pas seulement: il écoute, il respire, il parle.

Le musée Martin Gropius de Berlin consacre jusqu'au 13 août prochain une vaste rétrospective à la photographe Ré Soupault (1901-1996), photographe majeure du XXème siècle, située au coeur de la modernité classique, entre Paris et Berlin. Première grande exposition générale consacrée à Ré Soupault, la rétrospective du musée Martin Gropius présente 250 ouvres, dont un quart de tirages anciens.

Plus d'informations :

www.berlinerfestspiele.de/de/aktuell/festivals/11_gropius…

Mode et publications

Prêt-à-porter masculin à Paris: Dada, la peinture, l'Orient et l'Occident

Anne Demeulemeester a rendu hommage samedi au mouvement Dada avec un vestiaire pour dandys poétiques, tandis que Véronique Branquinho jetait des passerelles entre Orient et Occident avec une collection aux détails raffinés d'inspiration asiatique.

Hommage au mouvement Dada pour cette création présentée lors du défilé prêt-à-porter Printemps-Eté 2008 d'Ann Demeulemeester à Paris.

PARIS (AFP) — 01 juillet 2007 | 00H00

Les deux stylistes belges présentaient leur collection de prêt-à-porter masculin pour le printemps-été prochain.

(…) Ann Demeulemeester, toujours fidèle au noir et blanc, a dessiné des silhouettes de dandys en courts pantalons noirs à revers clairs rayés, vestes en velours ras, brassard noirs sur des chemises blanches bouffantes, fine écharpe effrangée.

"Dada", affichent sur leur poitrine ces hommes dont les chemises légèrement fripées s'échappent de gilets de maille, qui relèvent haut le col de leur chemise, enfilent de longs manchons sur leurs bras nus et se chaussent de baskets/mules noires.

Cet homme est un "dadaïste imaginaire qui va en vacances dans le Sud de la France", explique Ann Demeulemeester à l'AFP à l'issue du défilé. "Dada, c'est un mouvement d'art et comme par hasard aussi mes initiales. C'est une période que j'adore. (…) C'est un personnage très excentrique, très libre dans sa tête, très artistique, qui mélange les vêtements du matin, du midi, du soir", ajoute-t-elle. Mais "il est toujours très digne, très chic".

Stefano Pilati pour Yves Saint Laurent imagine l'été en larges vestes sur pantalons droits, costumes effaçant les épaules sur chemise noire à grand col, chemises à double boutonnage, grand pull crème ajouré comme du macramé sur large short.

Des taches de peinture multicolore éclaboussent des pantalons ou des blousons crème.

http://www.tdg.ch/pages/home/tribune_de_geneve/info_express/culture/depeches_culture/(contenu)/101864

François Morellet

Cette publication, pas vraiment rattachée au surréalisme, peut néanmoins l’être en partie par l’irrévérence (c’est le moins qu’on puisse dire) que François Morellet avait affichée, lors de l’exposition aux Écuries de Saint-Hugues (notamment sur le “tract” publié à l’entrée).

Catalogue de l'exposition aux Écuries de Saint-Hugues, Cluny, en 2005 : installation du dispositif noendneon (no end neon), un questionnement sur la sculpture contemporaine.

Une exposition monographique de François Morellet est actuellement présentée au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris ; ses ?uvres sont également montrées dans le cadre de l'exposition Introvert, Extrovert à la Galerie Catherine Issert.

17 x 24 cm (broché), 32 pages (ill. coul.), 8 ?, 978-2-95257-786-1

Plus d’informations sur www.lespressesdureel.com

Retours

Exposition Airs de Paris, jusqu’au 16 août 2007

Pour fêter ses 30 ans et célébrer la création actuelle en France, le Centre Pompidou a imaginé Airs de Paris, une exposition autour du thème de la ville et de la vie urbaine, inscrivant ainsi l’institution dans l’ici et le maintenant de l’art contemporain.

Un hommage à Marcel Duchamp, qui en 1919 apporte à ses amis new-yorkais Arensberg une fiole sensée contenir de l’ « air de Paris », l’exposition du Centre Pompidou prend pour point central et centrifuge la ville de Paris, et pour prétexte à ce bilan de la création contemporaine française le thème de la ville. Les sous-thèmes abordés s’y articulent plus ou moins logiquement : l’espace urbain, les « nouvelles perceptions de l’espace et du temps », les nouveaux langages urbains, les médias, l’écologie urbaine, les identités, l’individu, le paysage, etc., bref une foultitude de thèmes qui résument la vie urbaine non seulement à Paris, mais aussi aux quatre coins du globe. Des sections plus « techniques » sont consacrées au paysage, à l’architecture et au design, et permettent d’imaginer la ville de demain, qui aura à gérer, entre autres, l’augmentation des flux, la nécessité d’un retour à la nature, la mixité sociale, etc.

Mutations urbaines et urbis

Inaugurant donc le parcours de l’exposition, la précieuse ampoule de Duchamp, maître à penser d’une grande partie de l’esthétique contemporaine auquel le Centre consacra sa première exposition en 1977, apparaît comme une relique sacrée bénissant la jeune génération. Michel Blazy a imaginé, pour rendre hommage à ce ready-made poétique, une Pluie d’air « sale » réalisée à la colle.

http://www.fluctuat.net/5433-Airs-de-Paris-8211-Centre-Pompidou

René Char, sentinelle solaire

Qui était-il ? Un révolté révolutionnaire ? Un fils de famille ? Un jeune poète ? Lorsque la guerre de 1939 éclate, René Char répond à toutes ces définitions. Révolté révolutionnaire ? Il est fiché "communiste" par les services de renseignement pour avoir crié sa rage contre le colonialisme et le patriotisme dans les années 1930.

Fils de famille ? Oui, son père, mort depuis vingt ans, était un industriel, maire de L'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse). Jeune poète ? Disons qu'il ne possède qu'une dizaine de vrais lecteurs. Par bonheur pour lui, il s'agit d'André Breton, Paul Eluard, Victor Brauner, Aragon, Dali…

Pour le reste, c'est un parfait inconnu. Un colosse épris des romantiques allemands. Un flâneur qui recherche la compagnie des arbres. Un solitaire qui n'aime rien tant que la chaleur des amitiés. A 32 ans, il n'a jamais accepté le moindre travail salarié. Sa morale ne le lui permet pas ! Seules l'intéressent la poésie, les femmes et la politique.

(…)

article de Laurent Greilsamer, paru dans l'édition du Monde du 05.07.07.

La suite ici : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-781732,36-931328@51-931609,0.html

Informations

Claude Pompidou

http://www.lemonde.fr:80/web/article/0,1-0@2-3382,36-931464@51-931089,0.html

[…] Si le normalien Georges Pompidou avait des goûts littéraires et artistiques affirmés, sa femme fut sans doute son guide dans l'exploration d'une modernité plus radicale. Leurs amis étaient souvent issus de la sphère culturelle. On voyait à Cajarc, dans leur maison du Lot, l'éditeur Christian Bourgois, le chanteur Guy Béart ou le peintre Pierre Soulages. Initiée dès l'entre-deux-guerres à l'abstraction et au surréalisme — elle fut l'amie de Max Ernst — en un temps où peu de Français prêtaient attention à ces mouvements, elle poussa son mari à mettre le palais de l'Elysée à l'heure de la création contemporaine en commandant des aménagements à des designers tels que Pierre Paulin et à des artistes comme Agam.

[…] Il était sans doute inévitable que ses préférences artistiques ne demeurent pas sans conséquences. Et celles-ci s'exercèrent le plus souvent en faveur de la nouveauté et de l'expérimentation. Elle avait aimé Kandinsky, Klee, Giacometti, Kupka, ses aînés. Elle avait acheté Pierre Soulages et Jean Degottex, ses contemporains, mais aussi Yves Klein, Martial Raysse ou Jean Tinguely au temps du nouveau réalisme. Et Niki de Saint Phalle était devenue l'une de ses intimes. Leurs œuvres étaient aux murs de la maison de Cajarc et furent aussi exposées en 1994 à la Maison des arts Georges-Pompidou (également à Cajarc), qu'elle avait largement contribué à créer en 1989. […]

Emmanuel De ROUX et Philippe DAGEN

Appel à communication

Signe du temps ? L'avenir de la critique littéraire et culturelle psychanalytique dans l'évolution des paradigmes scientifiques.

Conférence internationale : Leuven, 31 janvier 2008 – 2 février 2008.

Du 31 janvier 2008 au 2 février 2008, Leuven (Louvain), Belgique

Propositions de communication: 500 mots avant le 25 juillet 2007

Contact: anneleen masschelein

Responsable : Anneleen Masschelein

Source : Fabula ; http://www.fabula.org:80/actualites/article19469.php

Bien cordialement,
Les administrateurs
Henri Béhar

Eddie Breuil

Semaine_28 (9-15 juillet 2007)

[Un incident technique, au niveau du serveur, semble avoir empêché la distribution de ce message. Je le renvoie, augmenté de 2 annonces d'expositions, en vous priant de m'excuser si vous l'avez en double. HB]

Chers Mélusins et Mélusines,

si cette semaine est un peu moins riche en événements, elle offre quand même de grandes expositions collectives, propices aux visites de vacances. Aussi bien vous pouvez encore vous inscrire aux décades de Cerisy ! Ces derniers mois ont également été marqués par une forte actualité Desnos : nous revenons sur deux publications ayant fait l’objet de comptes rendus. Enfin, vous trouverez un avant goût du téléfilm sur Max Jacob incarné par Brialy, programmé pour septembre sur Arte, et l’adresse des différents articles composant le dernier n° de la revue numérique Agulha (en portugais et en espagnol).

Agenda Expositions

Dali à Cerisy

Dalí, Sur les traces d’eros

Colloque international organisé par Frédérique Joseph-Lowery et Isabelle Gillet-Roussel avec le soutien actif du GDR 2223 au Centre International de Cerisy-la-Salle, du 13 au 20 août 2007. Il bénéficie du patronage du Ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur, et de son soutien financier.

Ce colloque aborde une question étonnamment peu traitée à propos d’un peintre et écrivain dont l’œuvre est incontestablement aux prises avec le sujet de l’érotisme. Aucune des manifestations qui ont eu lieu à l’occasion de la célébration du centenaire de Salvador Dalí en 2004 n’a abordé ce thème. Aucun colloque n’a traité la question de front. Si, comme l’a montré Sarane Alexandrian, le terme d’érotisme est apparu tard dans les écrits du surréalisme, la révolution qu’a mené ce mouvement est indissociablement liée à une approche de l’amour différente, en ce qu’il devenait une part de l’activité créatrice et une des manifestations de la liberté que prônait ce mouvement qui appréciait du sexe sa dimension subversive. L’amour « fou » remit ainsi en questions les canons esthétiques du Beau, la beauté devint « convulsive ». Ce fut l’un des premiers mouvements artistiques à mener, auprès des artistes, une enquête ouverte sur la sexualité. Enfin, comme l’a montré Elizabeth Roudinesco dans son Histoire de la psychanalyse, le surréalisme, qui a compté parmi ses membres de nombreux médecins, fut le premier mouvement à interroger la portée des découvertes de Freud et de Charcot et ce fut Dalí qui permit au mouvement de sortir de l’impasse de l’écriture automatique et des pratiques subordonnées à une passivité que sa méthode paranoïaque-critique remit en question. C’est ainsi que l’on passa de l’ « objet trouvé » à « l’objet à fonctionnement symbolique ». Dalí est aussi celui qui par ses textes attira la curiosité de Jacques Lacan qui dans ses Écrits se rapporte à l’œuvre de Dalí, bien après leur première rencontre et malgré l’impopularité de celui-ci parmi les intellectuels français dans les années cinquante. Il en va de même de Jacques Deleuze dans Mille Plateaux.

On y sollicite des approches de l’œuvre de Dalí tant peinte qu’écrite, que celle-ci couvre la période surréaliste de l’artiste ou qu’elle lui soit postérieure. Les sujets abondent chez Dalí qui exposent d’emblée la question érotique : le Monstre du sex-appeal, le portrait de Marilyn Monroe fondu à celui de Mao Tsé Toung, le corps libidineux d’Hitler, la mollesse qu’il inflige aux formes, sa recomposition des corps à travers le procédé de la double image, sa représentation de la masturbation, de la sexualité enfantine et des divers actes sexuels (fellation, sodomisation, baiser, et actes préliminaires divers), et celle des fantasmes coprophiles, fétichistes, pédophiles, la mêlée des corps et des meubles, celle des hommes avec les animaux, dans son approche du mythe de Léda par exemple, ou sa féminisation du minotaure.

Consulter le programme : http://www.ccic-cerisy.asso.fr/dali07.html

Un demi-siècle de création catalane à la Fondation Maeght

Dans le sillage des maîtres Mirò et Tàpies, Barcelone a vu s'épanouir depuis la dernière guerre plusieurs générations de peintres et plasticiens,acteurs d'une création catalane bouillonnante que la Fondation Maeghtpropose de découvrir cet été à Saint-Paul.

Pari audacieux pour l'exposition qui a débuté ce week-end et se prolongera jusqu'au 4novembre: hormis les deux figures tutélaires de ce parcours "Barcelone1947-2007", rares sont ceux, parmi les 47 artistes présentés, dont le nom est familier aux oreilles du grand public.

Le choix de cette présentation, orchestrée par Michel Enrici, tout nouveau directeur de la fondation, renoue cependant avec les racines de la "culture Maeght": "Miro fut l'un des peintres phare des marchands d'art Marguerite etAimé Maeght et, au-delà, l'un de leurs plus proches amis",rappelle-t-il. En ouvrant, en 1974, une importante galerie à Barcelone,le couple Maeght affirma sa curiosité pour l'art produit en Catalogne.

Au commencement fut donc Mirò (1893-1903) et c'est dans son univers de signes, de lignes folles et de créatures étranges que débute l'exposition, rendant d'autant plus frappante l'influence qu'il exerçasur plusieurs générations d'artistes.

Parmi celles-ci se distingue le mouvement "Dau al Set" (la septième face du dé), "une des révélations de l'exposition", selon Michel Enrici. Ce groupe de poètes, de peintres, de philosophes confrontés à la misère artistique du franquisme réagit "en renouant avec l'esprit des avant-gardes antérieures à la guerre civile, en revendiquant l'art de Klee, Ernst, le romantisme allemand, le jazz, les sciences modernes, le dadaïsme", décrit Victoria Combalia, Barcelonaise spécialiste de la scène catalaneet conseillère de l'exposition.

Autour des peintres Antoni Tàpies,Joan Ponç, Modest Cuixart, Joan-Josep Tharrats et Joan Brossa s'inventadès 1948 une revue d'une grande liberté créative et politique,contestataire par le simple fait d'être rédigée en catalan. Les tableaux de ces artistes, d'intrigants paysages mentaux peuplés d'animaux fabuleux, de symboles mystérieux, s'inscrivent dans unefiliation évidente avec le surréalisme, "une source d'inspiration constante de l'art catalan, tout comme l'utilisation des matières et des objets", note Victoria Combalia.

Près de trente ans plus tard, le franquisme agonisant vit l'émergence du second mouvement significatif de la scène catalane, celui de "l'art conceptuel". Autour d'artistes comme Fina Miralles, Jordi Pablo, Jaume Xifra, ce groupe plébiscitait les supports, à l'époque non conventionnels, pour réaliser des oeuvres proches du body art, du land art, de la photographie. […]

(Fondation Maeght, "Barcelone 1947-2007" jusqu'au 4 novembre. Tél. : 04.93.32.81.63 ou www.fondation-maeght.com)

Grandes figures du XXe siècle à travers l'oeil et l'objectif de Pierre Argillet

Un parcours impliquant simultanément l’œuvre, l’anecdote ainsi que l’image des Artistes suivants: Salvador DALI, Jean ARP, Gaston BACHELARD, Hans BELLMER, Georges BRAQUE, André BRETON, CESAR, Giorgio DE CHIRICO, Jean COCTEAU, Marcel DUCHAMP, Jean FAUTRIER, Léonor FINI, Hans HARTUNG, Wilfredo LAM, Pablo PICASSO, Tristan TZARA et Jacques VILLON.

http://www.lepetitjournal.com:80/content/view/15778/1257/

L’exposition «Grandes figures du 20ème siècle à travers l’œil et l’objectif de Pierre Argillet» organisée par la Maison de l’Amérique Latine de Monaco retrace en fait le parcours d’une vie et constitue le témoignage d’une riche époque artistique et culturelle.

Pierre Argillet (1910-2001), très curieux et ouvert dès son plus jeune âge aux matières de l’esprit, se penche très tôt sur les deux grands courants nés quasiment avec lui, Dada (1916-1918) et le Surréalisme (1920-1945). En 1929, étudiant à l’ESSEC, il dévore le premier manifeste d’André Breton et se passionne pour l’écriture automatique. En 1932, il est reporter-photographe pour trois grands illustrés de l’époque: Voila, Vu et Détective. De là naîtront ses passions pour l’écriture et la photographie ainsi que ses premiers contacts avec certaines figures de ces mouvements.

Après une expérience de plusieurs années au Maroc, il revient à Paris et renoue des liens avec les milieux artistiques. C’est alors la fréquentation assidue des grands libraires parisiens qui l’amènera progressivement à des projets d’édition d’art auxquels ceux-ci se montreront unanimement favorables. L’effervescence artistique de l’époque se situant à Paris et sur la Côte d’Azur, les rencontres vont se succéder d’autant plus facilement que ces grands peintres et intellectuels ont été ou sont liés d’amitié. Inconditionnel de Salvador DALI, c’est tout naturellement par lui qu’il amorcera ce fantastique parcours qui le mènera sur les traces de Jean ARP, Gaston BACHELARD, Hans BELLMER, Georges BRAQUE, André BRETON, CESAR, Giorgio DE CHIRICO, Jean COCTEAU, Marcel DUCHAMP, Jean FAUTRIER, Léonor FINI, Hans HARTUNG, Wilfredo LAM, Pablo PICASSO, Tristan TZARA et Jacques VILLON. Avec certains rencontrés tardivement, les contacts et la collaboration seront éphémères, avec d’autres en revanche, il s’instaurera un profond entendement et un parcours de plusieurs années, par exemple avec BELLMER, FINI, DE CHIRICO et TZARA.

Quand à Salvador DALI rencontré pour la première fois en 1959, le cas est assez unique car la première illustration de l’Incantation Poétique réalisée à cette époque laissera la place à près de deux cents autres, plaçant ainsi le couple Argillet au premier rang des éditeurs de l’œuvre gravé de cet artiste, tant par la qualité que le nombre de sujets réalisés. Ces vingt-cinq années de contact privilégié avec DALI: "Argillet, je me méfie de vous car vous êtes plus fanatique qu’un espagnol et plus dalinien que moi-même" ont été rendus possibles d’abord par une admiration sans bornes de Pierre Argillet mais aussi et surtout par un parfait entendement artistique et philosophique entre les deux.

De toutes ces rencontres avec ces grands personnages, il subsiste heureusement de nombreux témoignages. Des œuvres tout d’abord, mais aussi des souvenirs écrits de toutes ces rencontres et enfin des documents photographiques de grande qualité. En effet, Pierre Argillet, en souvenir de ses jeunes années de reporter, avait souvent à portée de main son Roleiflex 6 X 6, ce qui lui a permis d’immortaliser ces moments privilégiés avec toutes ces grandes figures. Inconditionnel du noir et blanc et du format carré permettant des cadrages et compositions dignes de grands tableaux, Pierre Argillet ne faisait que rarement poser ses prestigieux modèles. Les clichés étaient souvent pris sur le vif, dans le fil d’une conversation, ce qui les rend d’autant plus spontanés et émouvants.

L’idée originale de cette exposition crée pour la Maison de l’Amérique Latine est de concevoir pour la première fois un parcours impliquant simultanément l’œuvre, l’anecdote ainsi que l’image d’un Artiste.

Geneviève et Jean Christophe ARGILLET.

Lire une Anecdote "DALI", par Geneviève ARGILLET sur :

(www.lepetitjournal.com — Monaco) 11 juillet 2007

Le néo-dada Jasper Johns à Bâle

http://www.agoravox.fr:80/article.php3?id_article=26849

Jusqu’au 23 septembre 2007, le Kunstmuseum de Bâle, en Suisse, présente une suite de 73 tableaux de Jasper Johns le peintre néo-dadaïste. C’est un événement assez rare venu des Etats-Unis et des années 50-60. Tout d’abord, Jasper Johns semble un peintre assez paradoxal et il faut appréhender ses oeuvres en surface comme en profondeur. Puisque tout est visible sur la toile ou dans l’assemblage, sinon dans la sculpture factice. Et c’est là le piège dada !

Robert Rauschenberg et Jasper Johns ont inventé le terme "néo-dadaïsme" pour définir leur travail dans les années 50. Pendant que le pop art devenait un mouvement international éclaté depuis l’Angleterre, jusqu’aux Etats-Unis et au rebours vers l’Allemagne pour enfin gagner la France avec les nouveaux réalistes. Pourtant les néo-dada ne se revendiquaient pas du pop art. Tout au contraire, ils s’en démarquaient. Car, leur propos était de réagir contre l’expressionnisme abstrait qui avait investi toute la sphère artistique aux Etats-Unis, depuis les années 45.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les surréalistes européens, et surtout français, s’étaient réfugiés aux Etats-Unis. Là, ils ont essaimé, depuis la côte Est jusqu’à la côte Ouest, un véritable mouvement surréalisant et natif aux Etats-Unis. Bien sûr, les oeuvres s’inventèrent en conformité avec les espaces américains. En effet, les toiles des expressionnistes abstraits, et du mouvement "subject of the artists", atteignirent des dimensions considérables. Ainsi, l’écriture automatique de Masson y trouva une sorte de démesure en laquelle le regardeur pouvait s’y plonger entièrement, comme devant la vastitude du landscape au Far West. Par ailleurs, ce fut un achèvement du "all over" selon Monet. C’est-à-dire que la toile était emplie de taches colorées sur toute sa surface. Et sans qu’on n’y trouva plus de hiérarchie des zones colorées dans la représentation. C’est un dispositif pictural que Monet avait inventé avec ses Nymphéas, et que Jackson Pollock a su mener jusqu’au plus haut siège des enchères des ventes de l’art.

C’est contre ce mouvement, qu’ils jugeaient un peu trop intellectuel, que Jasper Johns et Rauschenberg inventèrent le retour nécessaire de dada à New York. Certes, ils surgirent dans une mouvance post-dada assez régulière depuis les années 20. Mais, ils la rétablirent dans l’urgence de réconcilier l’art et la vie, sinon de concilier les peintres avec leur public. A la vérité, les expressionnistes abstraits avaient poussé la réflexion jusqu’au suicide des meilleurs d’entre-eux. Ce qui porte peu d’avenir en soi, on le reconnaîtra aisément. Et, par le biais de la philosophie parfois zen qui les pressait trop vers l’absurde ou vers la vacuité de l’existence. En d’autres termes, on se perdait dans leurs toiles immenses et abstraites, entre un lyrisme libéré et un géométrisme puriste, tant et si bien qu’ils s’y perdirent avec nous.

En conséquence, le pop art et néo-dada donnèrent naturellement, à nouveau, une légitimité à la simple joie de peindre. Et sans qu’ils durent se justifier par des nécessités rationnelles ou psychologiques. Il s’agissait de faire simplement des images qui plaisaient et contentaient les yeux et le sentiment. Et sans qu’il fut vraiment débattu d’y joindre d’autres considérations métaphysiques ou spirituelles. Il va de soi que les critiques d’art y virent, à nouveau, quelque critique cryptée de la société. Et ils lirent ces remarques introuvables ou improbables, jusque dans le tableau le plus immédiatement brutal, et revendiqué sans contenu réflexif par le cynique Warhol. Car, il est manifestement dans la nature de l’esprit qu’il se voit réfléchi par toutes les surfaces qu’il voudrait s’approprier.

Il reste que néo-dada s’est plus attaché à étendre le registre de la réconciliation de l’art et de la vie. Les néo-dadaïstes intégrèrent le happening ou la performance, et l’assemblage ou les collages à toutes leurs oeuvres. C’est pourquoi les "combine paintings" de Rauschenberg et les tableaux "targets" de Johns contiennent des objets collés sur la surface picturale devenu hybride ou composite. Les cibles peintes à l’encaustique par Johns, ou ses drapeaux américains en de nombreux prétextes obsessionnels à peindre, sont ajoutés de moulages de visages en cire et d’autres citations. Et, plus ces objets ont été simplement assemblés au tableau, sans autre intention que la jouissance de peindre-fabriquer, et plus ils suggèrent des énigmes dans l’esprit du regardeur. Ainsi, devant ces tableaux on se trouve naturellement à tenter de résoudre une quantième énigme perpétuellement surréelle. Tel un morceau de mémoire qui nous aurait échappé sur le bout de notre langue, pourtant si proche. Et ceci, comme un rappel du surréalisme, qui fut un mouvement pictural autant que littéraire.

Dans ces années 50-60, on vit donc une vaste mouvance américaine s’espaçant depuis l’expressionnisme abstrait voué à l’immersion du regardeur dans des paysages psychiques et peints. Puis, une réaction survint tout aussi vaste sur le front de cette tendance diffuse, le pop art s’appliqua à rendre l’imagerie cynique de notre société de la dévoration. Et enfin, nous vîmes le retour de dada, par le biais des pratiques gestuelles et des assemblages destinés à briser les frontières entre l’art et la vie.

Il apparaît, aujourd’hui et dans cette exposition à Bâle, que Johns s’était plutôt appliqué à insister sur la jouissance du métier de peindre. Il s’agissait avant tout de montrer l’activité du peintre comme une parousie du "faire". On pense à Monet qui peignait à la façon d’un méditant qui se sait soigner son corps ou son esprit par cette sorte de transe du peindre. La pratique plastique ne semble-t-elle pas une méditation quotidienne, dont on ignore encore tous les process mystérieux. Les arts plastiques ne seraient-ils pas une sorte de pharmakon en guise de flux de jouvence ? Toujours est-il, que les peintres constants dans leur pratique quotidienne vivent vieux. On dira comme des sages, mais qui savent se lâcher et sensuellement aussi. Finalement, on pourrait tout imaginer de cette jouissance résolutoire de l’art de peindre, qui semble assez proche de l’acte amoureux bien-physique. Car l’art et la peinture ont ceci de semblable à l’acte amoureux, qu’ils savent unir la part animale en l’homme à sa nature plus spirituelle ou divine, comme le lecteur voudra.

Aussi, l’art s’est-il toujours espacé selon une alternance entre deux pôles. D’une part, on trouve un art exigeant la réflexion et la régulation de l’affect et du faire. Quant à l’autre bord, l’artiste sait se lâcher en des jouissance de peindre, qui abandonnent toute explication qui en deviendrait une ridule inutile sur la surface. Parce qu’elle en brouille la lecture même de cette surface qui est l’oeuvre. C’est donc cette nature même de dada puis de sa postérité néo-dada, qui veut dire l’immédiateté de l’art sans raison. Et que tout serait art, et par-dessus tout la vie elle-même.

Dans ce sens, Jasper Johns a paradoxalement aidé à approfondir la connaissance et la perception des oeuvres de l’expressionnisme abstrait, contre lesquelles il s’était pourtant opposé en réaction. Puisque johns a su replacer le regardeur, bien en face de ses organes des sens premiers. C’est-à-dire, avant toute réflexion qui viendrait à brouiller le contact réel avec la matière picturale, soit avec l’énergie "pure" en un "certain ordre assemblée sur la toile". Selon le credo des symbolistes de Gauguin, qui avaient lancé toute la ligne de force imaginale ou "magique", sinon techno-shamanique de l’art du XXe siècle.

Clovis Trouille à Amiens

les délices du mauvais goût. Par Véronique Prat.

http://www.lefigaro.fr:80/magazine/20070713.MAG000000340_les_delices_du_mauvais_got.html

Le musée de Picardie expose l'oeuvre trop peu connue de cet enfant du pays, peintre à l'esprit subversif, ami d'André Breton et des surréalistes. Redécouverte.

«Je n'ai jamais travaillé en vue d'obtenir un grand prix à une quelconque Biennale de Venise, mais bien plutôt pour mériter dix ans de prison.» Clovis Trouille savait que son œuvre n'était pas à mettre entre toutes les mains. Le risque, pourtant, était faible : ni le public ni la critique ne s'y sont beaucoup intéressés. De son vivant, une seule exposition lui a été consacrée, en 1963, à la Galerie Raymond Cordier à Paris : elle était interdite aux moins de 18 ans et aux plus de 70 ans. Les autres n'y venaient que sur invitation privée. Quant aux livres, très peu se sont penchés sur son œuvre, mis à part l'ouvrage de Clovis Prévost publié en 1999. Sur ses vieux jours, le peintre eut bien son quart d'heure de gloire, mais pour de mauvaises raisons : Kenneth Tynan, un auteur de comédies musicales, lui offrit un bon paquet de royalties pour utiliser le titre de l'un de ses tableaux de 1946, Oh ! Calcutta, qui devint un spectacle érotique joué à l'Eden Theatre de Broadway à New York en 1969 avant de venir à Paris, à l'Élysée Montmartre en 1971, puis de se promener un peu partout dans le monde. L'épisode mit du beurre dans les épinards de l'artiste mais ne le fit pas changer d'avis : il n'a jamais considéré la pratique de son art comme un métier. «Il faut, disait-il, gagner de l'argent pour pouvoir vivre et peindre, mais jamais peindre en vue de gagner de l'argent. Un tableau fait seulement pour la vente est raté d'avance.»

Clovis Trouille ne gagnera vraiment sa vie qu'à partir de 1923. Il est né en 1889 à La Fère, dans l'Aisne, où ses parents étaient horticulteurs. De bonne heure, Camille (qui ne s'appelle pas encore Clovis : le goût pour les prénoms médiévaux lui viendra avec le talent) hante le musée d'Amiens où il copie les maîtres avant de s'inscrire à l'école des beaux-arts. Parler de peinture serait un bien grand mot, mais Clovis réalise déjà des caricatures et des illustrations pour des journaux amiénois. Après deux ans de service militaire, il s'installe à Paris. Il est engagé par les ateliers Imans comme… peintre-maquilleur de mannequins, ceux que l'on voit dans les vitrines des magasins. Cet amateur de femmes y prend un plaisir extrême et, d'ailleurs, il restera quarante ans au même poste ! Ce travail, en tout cas, lui permet de s'adonner à la peinture sans se soucier du quotidien.

Quelle est la situation de l'art en 1920 ? Les grands «fauves», les Matisse, Dufy, Braque, Derain, Vlaminck semblent avoir épuisé les sortilèges de la couleur. Ils évoluent maintenant chacun dans des directions différentes. Le cubisme n'est plus dans sa période militante, et d'ailleurs, Clovis Trouille ne songe pas un instant à s'y rallier : il déteste les tortures plastiques que le cubisme impose à l'image du corps féminin. Les arts africains et océaniens, que l'on commençait à découvrir, pouvaient apparaître comme une avant-garde avec leurs idoles, leurs masques, et tout un répertoire de nouvelles références (après tout, Picasso n'y avait pas été insensible). Bien que Clovis Trouille se veuille anticonformiste, son goût pour la peinture soignée, proche de la photographie, le rend indifférent aux arts lointains. C'est donc en marge de tous les courants, mais dans une totale liberté, qu'il continue à peindre. En 1930, au Salon des artistes et écrivains révolutionnaires, il expose Remembrance, une toile d'esprit anticlérical et antimilitariste dont la presse ne parle pas mais qui est aussitôt remarquée par Salvador Dali, qui insiste pour le présenter à Éluard, Aragon et Breton.

Leur goût des curiosités ne pouvait que pousser les surréalistes à s'amouracher de Clovis Trouille. Et c'est vrai que, par facilité, on l'a souvent identifié au mouvement créé par André Breton. Mais sa farouche indépendance conduisit Trouille à garder ses distances vis-à-vis de l'idéologie surréaliste, qu'il trouvait par trop orthodoxe. Plutôt que proprement surréaliste, il préférait qualifier son art de «super réaliste», créant une réalité plus intense que le vrai. Pour Dali, Aragon, Eluard, la peinture de Trouille était au service de la révolution par son engagement contre l'armée, l'église et les honneurs de toutes sortes. Pour Clovis Trouille lui-même, elle était surtout une violente dérision érotique et macabre, Eros et Thanatos mêlés.

L'évolution des mœurs a aujourd'hui débarrassé l'œuvre de Clovis Trouille de ses relents sulfureux. On a même un peu de mal à imaginer que ses toiles se soient heurtées à la censure. Mais elles ont à coup sûr leur place dans la grande histoire de la subversion, et elles sont parfaitement représentatives de l'aspect sensuel du surréalisme à côté d'autres marginaux comme Bellmer, Labisse ou Klossowski.

Musée de Picardie, 48, rue de la République, 80000 Amiens, jusqu'au 26 août 2007.

Réalisme Imaginaire

Date : 19 juillet 2007 — 8 septembre 2007

Adresse : Galerie Princesse de Kiev, 1 rue valperga, 06000 Nice plan

La Galerie Princesse de Kiev (du groupe Art PleiaDA International) a organisé avec l’éditeur Salbru Publish une exposition internationale de 40 des meilleurs artistes au monde de l’école du Réalisme Imaginaire. Cette exposition s’est déroulée en mai 2007 au Danemark, en Juin 2007 aux Pays-Bas et se déroulera cet été à Nice, dans la rue Valperga, à la Galerie Princesse de Kiev et aussi dans l’Atelier de Celia Gouveiac.

Ces 40 artistes (provenant de quatorze pays différents) ont chacun, avec leur sensibilité propre et leur technique particulière, capturé la femme suprême et son intuition intangible.

Un travail Imaginaire existe quand les artistes expriment leur conscience d'une relation significative avec de plus grandes forces ou des faits, en utilisant le réalisme dans un effort de révéler leurs secrets. Cette école artistique peut être appelée de plusieurs noms à travers le monde, Réalisme Fantastique, Surréalisme, Réalisme magique, Art Visionnaire, Art d’Inspiration, Art de l’Imagination…

De nombreux artistes seront présents lors du vernissage qui aura lieu le Jeudi 19 Juillet à partir de 19h à la Galerie Princesse de Kiev et dans l’Atelier de Celia Gouveiac à Nice.

contact : 04 93 80 42 07

Site : http://www.princessedekiev.fr

Actualité Desnos ; Césaire

Robert Desnos le poète libre

Robert Desnos, le poète libre.

Parution

Information publiée le dimanche 8 juillet 2007 par Marc Escola (source : Livre reçu) ; http://www.fabula.org:80/actualites/article19490.php

Robert Desnos le poète libre, coordination Carmen Vásquez, et de Marie-Claire Dumas Indigo & Côté Femmes éditions, 2007, ISBN 2-35260-010-3, 220pages 18,80 €

Sous le titre Robert Desnos,le poète libre, une journée d'étude a réuni huit intervenants à l"Université d’Amiens en mars 2006. Toute liberté dans le choix des sujets leur avait été laissée. Des affinités se sont dessinées entre certaines communications, ce dont ce volume témoigne.

Il s’ouvre par trois réflexions consacrées à l’art poétique de Desnos avec Jacques DARRAS, « Robert Desnos dans le matin le plus matinal de la langue française », Pierre LARTIGUE, « Robert Desnos et l’équation poétique », Jean-Luc STEINMETZ « Lanterne des 'Veilleurs’ », sur les rapports de Desnos et Rimbaud.

Il se poursuit par trois analyses sur des thèmes récurrents dans l’œuvre du poète, avec Mary Ann CAWS, « Desnos dans le noir » ( le noir intérieur et celui du cinéma), Marie-Claire DUMAS, « Robert Desnos ou la part de l’ombre » ( l’ombre portée et la hantise du double ), Étienne-Alain HUBERT, « Robert Desnos ou ‘face à l’éternité’ ».

Il se clôt par deux études d’histoire littéraire, celle de Michel MURAT, « Le Phénomène futur », qui analyse l’inscription de la figure du poète dans le surréalisme, l’autre de Carmen VASQUEZ « Robert Desnos et la voix du grand large », qui le situe dans le milieu latino-américain de Montparnasse.

En annexe figure la reprise, commentée par Pierre LARTIGUE, des articles des Lettres françaises consacrés au « Dernier poème » de Desnos.

http://www.indigo-cf.com/~pf302183/f/livre.php’livre_id=294

Desnos, la liberté de l'amour (Anne Egger)

Ilen va de certaines biographies comme de la peinture hyperréaliste : il n'y manque aucun détail. Force est d'admirer la minutie du travaild'Anne Egger à raconter la vie de Robert Desnos, son soin apporté àl'étude des sources, la somme des témoignages réunis. On regretterajuste qu'un trait clair ne dégage mieux la ligne de vol de celui quifut l'un des poètes les plus intensément vivants del'entre-deux-guerres : Desnos, "d'aisne l'os" comme il désignapeut-être sa vigueur d'exister à l'aide de l'un des jeux de mots qu'ilaffectionnait tant.

On limite souvent Desnos à l'un de ces héros dusurréalisme, de ses expériences, en particulier des "sommeilshypnotiques" grâce auxquels ces jeunes gens, décidés à libérer lesforces de l'esprit du contrôle exercé par la raison, cherchaient uneforme nouvelle d'automatisme psychique en éprouvant les charmes d'unedérive onirique et poétique. "Un dormeur formidable", écrira de luiAragon, et qui, confiera André Breton, jetait sur le papier "sans lamoindre hésitation et avec une rapidité prodigieuse de formidableséquations poétiques". C'était en 1922.

Né avec le siècle, RobertDesnos était un jeune homme aux yeux immenses et clairs,continuellement cernés et comme agrandis par ses lunettes de myope quilui conféraient un regard de voyant. Il était à la fois un créateurd'images parmi les plus surprenantes de la poésie de ce temps et, luiqui était aussi un enfant des halles populaires, un témoin dumerveilleux le plus prosaïque. Celui qu'avant lui Baudelaire,Apollinaire et plus encore Nerval avaient su voir dans les rues deParis. L'écriture d'ailleurs, il la qualifiait d'"opération magique entant que manifestation organique et optique du merveilleux". "Nul commelui, dira encore Breton, n'aura foncé tête baissée dans toutes lesvoies du merveilleux", s'y livrant "corps et biens", selon le titred'un de ses livres de poèmes.

Par vocation comme par nécessité,Desnos exerça toutes sortes de métiers. S'il fut scénariste,chansonnier, mais aussi l'un des premiers à écrire des réclamesradiophoniques, il fut avant tout et continûment un journaliste pour lapresse comme pour la radio — à l'époque où les médias sollicitaient,plus que des spécialistes, des êtres en quête d'inconnu.

Articlede Renaud Ego paru dans Le Monde daté du 13 07 2007. Lire la suite : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3260,36-934600@51-920121,0.html

Aimé Césaire, toujours debout !

http://www.culturefemme.com:80/actualites/detail.php’id=9635

Aimé Césaire est né le 26 juin 1913 au sein d'une famille nombreuse et pauvre à Basse Pointe, au Nord de l'île de la Martinique. Il poursuit ses études secondaires en tant que boursier du gouvernement français au Lycée Louis Le Grand de très grande renommée.

Là, il connaît le grand poète sénégalais Léopold Sedar Senghor, l'écrivain Ousmane Socé, entre autre. En contact avec ces jeunes africains, Césaire découvre une terre volontairement occultée à l'inconscient antillais.

C'est à partir de ce moment que commence son exaltation des valeurs noirs et la revalorisation de l'Afrique, la terre de ses ancêtres. En septembre 1934, il fonde, avec d'autre écrivains antillais et africains, Senghor, Damas, Birago Diop, le journal "L'Etudiant noir".

C'est dans ce journal qu'apparaît pour la première fois le mot "Négritude; ce mot désigne en premier lieu le rejet. Le rejet de l'assimilation culturelle; le rejet d'une certaine image du noir paisible, incapable de construire une civilisation. Le culturel prime sur le politique. C'est au nom de la culture et des valeurs spirituel connu comme la négritude.

En 1935, Césaire est admis à l'école Normale Supérieure et cette année là il commence à écrire Cahiers d'un Retour au Pays natal, une de ses oeuvres les plus connues. Quelques mois après la publication de ce livre, Césaire retourne à la Martinique. Il fonde avec René Ménil et Aristide Maugée la revue ‘'Tropiques''. Césaire adhère au Surréalisme et en 1941 rencontre à Fort-De-France le fondateur du Surréalisme français, André Breton.

Sous l'influence de ce mouvement il écrit les Armes miraculeuses. En 1944 Breton rédige la préface de Les Armes miraculeuses, publié aux Ediciones Hemisferio.

En 1944, il passe 6 mois en Haïti où il donne de nombreuses conférences. Cette visite fut capitale pour la conception, plus tard, de sa pièce de théâtre La Tragédie du Roi Christophe.

En 1945 Césaire est élu Maire de Fort-De-France et Député, candidature présentée par le Parti Communiste Français. Il participe à la fondation de la revue ‘'Présence Africaine'' sous l'impulsion, en autres, d'Allioume Diop, Paul Niger et Guy Tirolien.

En 1950 il publie dans la revue ‘'Présence Africaine'' son ‘'Discours sur le colonialisme'', un de ses textes les plus violents. Césaire s'éloigne du Parti Communiste Français dont il démissionne cette même année, quelque peu déçu par la position du parti par rapport à la question nationale.

En 1957 il crée le parti Progressiste Martiniquais, qui a pour ambition d'instaurer ‘'un type de communisme martiniquais plus résolu et plus responsable dans la pensée et dans l'action''.

Parallèlement à son activité politique, il continue son oeuvre d'écrivain et publie de nombreux livres de poèmes Soleil Cou Coupé, Corps perdu, Ferrements. A partir de 1960 il s'oriente vers le théâtre. Successivement il écrit La Tragédie du Roi Christophe (1963), interprétée avec un grand succès dans toutes les capitales de l'Europe; Une saison au Congo (1965), Une tempête (1970).

Au total Césaire à publié plus de 14 oeuvres, des poésies, des pièces de théâtre et des essais. Plus de 64 publications ont été consacrées à l'oeuvre du grand poète. Egalement de nombreux colloques et conférences internationales ont été organisés sur son oeuvre littéraire qui est universellement connue. Son oeuvre a été traduite dans de nombreuses langues étrangères, anglais, espagnole, allemand et d'autres langues.

Césaire a mené une vie politique intense au profit de son peuple. Il a été Député et par conséquent membre de l'Assemblée Nationale française de manière ininterrompue de 1946 à 1993. Depuis de nombreuses années il est le Maire de Fort-De-France et il est considéré comme un Père de sa patrie natale en raison de son dur combat pour la défense de la culture de son peuple et des conquêtes politiques.

Source : toutelapoesie.com

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A lire…

Cahier d'un retour au pays natal

La tragédie du roi Christophe

Discours sur le colonialisme

A venir…

Brialy est Max Jacob

Jean-Claude Brialy, pour son dernier rôle à la télévision, a choisi d’incarner le poète quimpérois Max Jacob. "Maintenant je peux partir l’âme tranquille", a-t-il confié à Daniel Leconte, producteur de "Monsieur Max". Ce téléfilm sera diffusé sur la chaîne Arte le 14 septembre 2007.Nul doute qu’il sera suivi comme un hommage touchant à l’acteur récemment disparu et au poète.

A la télévision, Brialy est Max Jacob :

Danss on dernier téléfilm, qui a été présenté à Biarritz au FIPA et arecueilli des éloges unanimes, Jean-Claude Brialy interprète Max Jacob auprès de Dominique Blanc. Le scénario est de l’écrivain Dan Franck, l’écrivain qui s’exclame : « C’est un clown tragique. Un homme à l’incroyable destin qui, bien que converti au catholicisme, est mort en juif au camp de Drancy. Quelle ironie ! ». Février 1944 : Alice (Dominique Blanc) annonce à Jean Cocteau (Jean-Chrétien Siberton-Blanc) et Jean Marais (Alexis Michalik) que Max Jacob vient d’être arrêté et transféré à Drancy. Elle ne parviendra pas à le sauver et il mourra dans ce camp quelques jours après son arrestation. Les personnages sont réels à l’exception d’Alice qui est en partie inventée. "Jean-Claude Brialy y est bouleversant de tendresse et de profondeur. Nul ne pouvait imaginer qu’après avoir magnifiquement incarné les dernières années de ce poète emprisonné et mort à Drancy, il serait lui aussi frappé par la mort, quelques mois après le tournage", déclare Jérôme Clément, président d’Arte France et vice-président d’arte, en hommage à Brialy quelques jours après sa mort.

Qui était Max Jacob ‘ Il est né à Quimper (29) en 1876. Il est mort à Drancy en 1944 : c’est en hommage à son ami Max Jacob que Jean Moulin avait choisi Max comme nom de résistant. L’auteur du Cornet à dés (1917) et du Laboratoire central (1921) est né au 8, rue du Parc à Quimper, le 12 juillet 1876, d’unefamille juive. Max Jacob a quitté sa ville natale pour Paris à 20 ans. A Paris, il rencontre, dès 1901, Picasso avec lequel il se lie d’une amitié très profonde, à tel point que, lorsqu’il se convertira au catholicisme, Picasso en sera le parrain. A Paris, Max fréquente Apollinaire et André Salmon. Il ne se révèle toutefois comme poète qu’en 1917 avec Le Cornet à dés qui établira sa réputation. En 1921, Max Jacob se retire à l’ombre d’un monastère et s’astreint à la vie religieuse. Son dernier passage à Quimper remonte à 1942, l’année dudécès de sa soeur. Sa fin sera tragique : le 24 février 1944, au sortir de la messe, la Gestapo l’arrête. Il meurt le 5 mars au camp de Drancy.

Pour conclure, un extrait de poème de Max Jacob en hommage à Quimper, sa ville natale :

Quimper (extrait)

O mes écrits nouveaux ! je veux qu’ils outrepassent

Le ciel ! le poète fidèle à son rêve impossible !

Attelé dans les bras solides de la Muse

Il écrit sur l’azur envers du Paradis.

Gentil Quimper, le nid de mon enfance

De lierre, ormeaux, roches tout tapissé,

Vois ce, d’un tendre effort, qu’à ta face

J’offre ! un miroir de hêtres et de houx,

Hêtres et houx cachant nos jeux de courses

Par intervalle dans l’étroite vallée !

Ayant confié le cartable à la mousse

Avec les compagnons j’ai folâtré.

La Bretagne est parsemée de ces lieux mythiques encore hantés de laprésence des grandes voix qui se sont éteintes. Il faut visiter ces traces qu’elles ont laissées puisque, comme l’a dit René Char, "Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver". Cet article est l’occasion d’évoquer deux autres grands poètes bretons, les aînés de Max : Tristan Corbière et Jean Richepin.

A Morlaix (29 ), Tristan Corbière (1845 — 1883), le "poète maudit" :

Il est né le 18 juillet 1845 au manoir de Koat Kongar, près de Morlaix. Enaoût 1873, Les Amours jaunes paraissent à ses frais et n’ont aucunsuccès. Paul Verlaine tire l’oeuvre de l’ombre dix ans plus tard dans son étude des Poètes maudits dans laquelle Corbière paraît avec Mallarmé, Rimbaud et deux autres. Le 1er mars 1875 meurt Tristan dans sa trentième année. Il n’avait que la peau et les os ; il était surnommé l’Ankou (en Bretagne, spectre de la mort). André Breton saluera en Tristan Corbière le précurseur du surréalisme. "Çà" est le nom que Tristan se donne. Un poème porte ce nom. "Bonsoir – ce crapaud-là c’est moi", écrit-il aussi à la fin de son célèbre poème Le Crapaud. Tristan Corbière n’aura vécu que trente années.

Voi la suite sur : http://www.agoravox.fr/article.php3’id_article=26755

À lire : une revue numérique

agulha — **revista de cultura # 58

fortaleza, são paulo — julho/agosto de 2007

www.revista.agulha.nom.br

direção: floriano martins & claudio willer

editorial: a poesia sempre a poesia <http://www.revista.agulha.nom.br/ag58capa.htm>

*1 agostinho da silva <http://www.revista.agulha.nom.br/ag58dasilva.htm>: a propósito de algumas recordações em letra. nicolau saião **

**2 belleza, sí, pero, ¿qué es eso’ **jorge ariel

madrazo*<http://www.revista.agulha.nom.br/ag58madrazo.htm>

*3 **cristiane grando* <http://www.revista.agulha.nom.br/ag58grando.htm>* o

el fluxos del espíritu poético. ángel ortega

4 **dora ferreira da silva* <http://www.revista.agulha.nom.br/ag58silva.htm>

*: caminhos em direção ao sagrado. constança marcondes cesar

5 — es +, o viceversa: **gustavo

vega*<http://www.revista.agulha.nom.br/ag58vega.htm>

*, artista, filósofo y teórico de la poesía visual [entrevista]. carlota

caulfield

6 **friedrich hölderlin

*<http://www.revista.agulha.nom.br/ag58holderlin.htm>

* ou a reconciliação dos contrários. luís costa

7 la imaginación del instante: signos de **josé luis

Cuevas

*<http://www.revista.agulha.nom.br/ag58cuevas.htm>

*. miguel ángel muñoz

8 la mirada evasiva y el acerbo amor. **rafael hernández

rodríguez*

<http://www.revista.agulha.nom.br/ag58rodriguez.htm>

*9 lámparas com párpados. re-visitar las revistas de poesía en medellín. **luis

fernando cuartas* <http://www.revista.agulha.nom.br/ag58cuartas.htm>*

10 **nelson magalhães filho*<http://www.revista.agulha.nom.br/ag58filho.htm>

* e a arte transgressora. wesley barbosa correia

11 notícias da bósnia herzegovina: **edin

numankadic*<http://www.revista.agulha.nom.br/ag58numankadic.htm>

*. allan graubard

12 o fim dos comilões — para um novo paradigma cultural. **r.-l. etienne

barnett*

<http://www.revista.agulha.nom.br/ag58barnett.htm>*

13 o peso das palavras. **radovan ivsic*

<http://www.revista.agulha.nom.br/ag58ivsic.htm>

14 poesía cotidiana y vida extraordinaria: **umberto saba*

<http://www.revista.agulha.nom.br/ag58saba.htm>

* (1883-1957). rodolfo alonso

15 uma leitura da poesia de **gérard calandre*

<http://www.revista.agulha.nom.br/ag58calandre.htm>

*. ruy ventura*

*artista convidado **siegbert franklin*

<http://www.revista.agulha.nom.br/ag58franklin.htm>

* [pintura ●** texto de ruy sampaio]*

resenhas **livros da agulha

<http://www.revista.agulha.nom.br/ag58livros.htm>

beth braitt alvim ● carlos felipe moisés ● eduardo mosches ● rubén mejía

● sérgio de castro pinto*

*música **discos da agulha*

<http://www.revista.agulha.nom.br/ag58discos.htm>

* andré juarezhamilton de holanda ● paul mccartney [por mário

montaut] ● paula toller [por eduardo guimarães] ● renato anesi*

*poesia **banda hispânica* <http://www.jornaldepoesia.jor.br/bhportal.html>

*cumplicidade 1 **galeria de

revistas*<http://www.revista.agulha.nom.br/agrevistas.htm>

cumplicidade 2 **galeria de

manifestos*<http://www.revista.agulha.nom.br/agmanifestos.htm>

cumplicidade 3 **galeria de arte*<http://www.revista.agulha.nom.br/agFMHR.htm>

http://www.jornaldepoesia.jor.br/bhportal.html

Bien cordialement,

Les administrateurs

Henri Béhar

Eddie Breuil

18 juillet 2007

Chères Mélusines, Chers Mélusins,

1. Vous pouvez lire le lien informatique de mon nouvel ouvrage, The Screen in Surrealist Art and Thought, publié par Ashgate Publishing. La page web contient une brève description du livre et des liens à la table des matières détaillée, a l'introduction et à l'index.

https://www.ashgate.com/shopping/title.asp?isbn=0%207546%206116%204

2. Un lecteur allemand m'a posé la question de l'attitude de Breton et des surréalistes à propos du sionisme et de leur réponse à la créaton de l'Etat d'Israel en 1948. J'avoue mon ignorance à ce sujet t si l'un d'entre vous avait quelque information, je l'en remercie par avance.

Bien à vous,

Haim Finkelstein

Haim Finkelstein

Evelyn Metz Chair in Art History

Chair, Department of the Arts

Ben-GurionUniversity of the Negev

P.O.Box 653, Beer-Sheva84105, Israel

Tel: 972-8-6461126- Fax: 972-8-6472822

E-mail: haim4u@netvision.net.il

19 juillet 2007

Cher Haïm,

Je me réjouis que ton livre sur l’écran dans l’art et la pensée surréalistes ait paru en anglais. Reste à le donner à lire en français !

Pour ce qui concerne la question de l’attitude surréaliste lors de la création de l’État d’Israël, je ne connais, pas plus que toi, de réponse collective : les Tracts (consultables sur le site du Centre) n’en font pas état. Peut-être faudrait-il scruter la revue Néon et le n° spécial de La Nef, Almanach surréaliste du demi-siècle (que je n’ai pas sous la main au moment où je t’écris).

Mais il n’y a pas lieu de s’étonner du silence des surréalistes à ce sujet : ils n’ont pas la science universelle, ils n’ont pas pris position sur chaque événement historique, aussi important soit-il. Peut-être étaient-ils échaudés par un précédent fâcheux, que Breton avait qualifié de confusionniste, le « Pamphlet contre Jérusalem » de Desnos écrivant ceci :

« Et cependant, voici que, né de la Société des Nations, un mouvement sentimental pousse vers la reconstruction de Sion et la fondation d'un État juif aussi ridicule et artificiel que la Pologne. Alors tous ces impurs, tous ces cerveaux mêlés qui affaiblissaient l'Europe au profit de l'Asie retourneront au pays sacré,… »

La Révolution surréaliste, N° 3, première année. 15 avril 1925,

Par ailleurs, tu pourrais signaler à ton correspondant allemand que la revue La Brèche a évoqué le plaidoyer pro domo de Martin Heidegger, dont Crevel ne s’était pas privé de suspecter, dès 1933, les actes et les opinions :

« C'était tout d'abord Heidegger lui-même qui s'apprêtait à y verser du baume. Dans une interview accordée en 1946 à M. Alfred de Towarnicki (1), le philosophe renommé pour ses envolées au-dessus des nuages de l'« On », ne se gênait pas pour entrer dans des détails très terre à terre. Il énumérait quelques actions héroïques (telles que l'envoi au juif Husserl, en 1933, de fleurs accompagnées d'une lettre très gentille de Mme Heidegger, ou l'enlèvement, sur son ordre, d'une affiche antisémite placardée dans l'enceinte de l'Université de Fribourg) afin de prouver que seule « la responsabilité devant l'Occident » lui avait imposé le sacrifice de garder sa chaire malgré son « opposition croissante au régime ». (La Brèche, N° 6, p. 38)

Voilà tout ce que j’ai pu glaner très rapidement sur ma banque de données textuelles. Brève réponse, qui n’a rien à voir avec le surréalisme et « la question juive » dont se préoccupe Colette Guedj.

Bien amicalement.

Henri Béhar

19 juillet 2007

Cher Henri Béhar, en ce qui concerne Heidegger que vous évoquez en passant dans votre réponse à Haim Finkelstein, je me permets d'attirer votre attention sur l'ouvrage collectif "Heidegger à plus forte raison" qui examine attentivement toute l'affaire du nazisme supposé, je pèse le mot, de Heidegger. La lecture de cette réponse à l'ouvrage d'Emmanuel Faye vaut le détour. Voir aussi le site de parolesdesjours de Stéphane Zagdanski. Je ne suis pas plus long, vous écrivant du Japon. Bien cordialement, Marc Dachy

Semaine_29 (22 juillet 2007)

Chères Mélusines, Chers Mélusins,

cette semaine, Eddie Breuil a pu envoyer directement sa revue de presse hebdomadaire. Ne vous l'ayant pas présenté auparavant, je me rattrape en recopiant son CV ci-dessous. C'est lui désormais qui se chargera de "modérer" notre liste de discussion, ce qui me permet d'en redevenir l'initiateur, comme du temps de Carole Aurouet.

Eddie Breuil
• A commencé une thèse de doctorat sur les statuts de poète et de poésie à l'époque de Dada.
• Enseignant vacataire en NTE et TICE à l'Université Lyon 2 (2001 à aujourd'hui) et chargé de mission pour l'école doctorale HSH (base de données des doctorants)
• Publications de plusieurs articles, notamment sur Lautréamont (Cahiers Lautréamont), Dada (RiLUne, Du Lérot) ou Genet (PUL).
• Participation à plusieurs colloques (sur Lautréamont, Dada)
• Est en train de réaliser une édition critique et une traduction du chapitre Dada des Littérature européennes d'avant-garde de Guillermo de Torre, ainsi que l'établissement de sa correspondance avec Tzara, Soupault, Picabia, etc.
• Recherches actuelles sur le Dadaïsme, le Surréalisme, CoBrA, le rôle des imprimeurs (notamment recherches bio-bibliographiques sur Julius Heuberger)…
• Recherches sur les études littéraires assistées par l'informatique : constitution de nombreuses bases de données, établissement d'éditions numériques (Les Chimères de Nerval, Les Poésies de Ducasse…), mais aussi création d'un site proposant des dossiers thématiques : http://perso.univ-lyon2.fr/~edbreuil

Permettez-moi aussi de résumer un échange de correspondance qui s'est poursuivi en privé à la suite de ma brève et hâtive réponse à Haïm Finkelstein. Cela ne concerne pas directement sa question, et ne peut donc faire l'objet d'un débat sur notre liste. Toutefois, certains d'entre vous (ils me l'ont écrit) aimeraient connaitre la position des surréalistes à l'égard de Heidegger.

Dans un premier temps, j'ai mentionné, par allusion, un texte de Crevel.

C'est: "Au carrefour de l'amour, la poésie, la science et la révolution" publié dans Documents 35 à Bruxelles, en 1935. Voici le paragraphe en question:
"Le pont des reflets est le contraire même de cette lourde escroquerie qui, de l'expérience, prétend remonter à la métaphysique. Aussi les plus actuels des philosophes scientifiques se sont-ils élevés contre une telle malhonnêteté. Parmi eux, tout particulièrement, Rudolf Carnap, de l'école de Vienne, a étudié la Science et la Métaphysique devant l'analyse logique du langage. Il n'attendit point l'avènement de Hitler pour régler leur compte au futur nazi Martin Heidegger et à son " néant qui néante " (du verbe néanter, en allemand : nichten)."
Comme vous le voyez, il n'y a rien de supposé de ma part. Vous trouverez le texte complet dans la BNS, sur le site du Centre de recherche, à l'adresse habituelle: http://melusine.univ-paris3.fr/
Quant à la relation entre ce texte de Crevel et celui de La Brèche, vous me permettrez de penser qu'en dépit des dix années écoulées, et surtout de la guerre, il n'y a pas de solution de continuité chez les surréalistes.

Sur quoi Ramona Fotiade me fait part des informations suivantes:
"Concernant la position des surréalistes sur la montée du nazisme en Europe, on peut toujours mentionner l'article intitulé 'Freud en danger', que Breton publie en mars 1938 dans les Cahiers GLM, et qui sera repris, en anglais, deux mois plus tard, dans le London Bulletin. Je cite, en anglais, un passage à l'intention de Haim Finkelstein (bien qu'il ne s'agisse pas encore de la fondation de l'état d'Israel):
'On the eve of publication we are terribly shaken to learn that Sigmund Freud has been arrested in Vienna.
A full life of radiant understanding, of unswerving devotion to the cause of human emancipation in the widest sense ever conceived, seems thus virtually certain to end in the defilement of prison, in the tormenting humiliation of a Hitler concentration camp. This illustrious master in whose spirit Goethe's cry for "More light!" is really and truly incarnate, and from whom many of us derive our best reasons for existing and acting — Freud, fallen at the age of eighty-two into the grip of hoodlums, finds himself singled out for their mindless, bestial fury! […] Nevertheless, we like to hope that the image of a Freud now long ailing although always wonderfully lucid, of a Freud forced at such an age to undergo the vilest outrages, will evoke an awakening of conscience throughout the world, creating a wave of indignation strong enough to erase a stain that sullies all civilisation. […] March 18. "Freud has not been arrested but simply kept under watch". All over the world the mind must remain alert […] A symbolic guard of honour must be organised around him, to secure his immediate and complete liberation, and to assure that his inspired life, which we hold as dear as our own, will be pursued to a peaceful and glorious close wherever he may choose'.
"On sait que Breton, ainsi que d'autres artistes menacés pendant la guerre, ont prit la route de l'exil, à la suite de Freud qui s'est réfugié à Londres. Mais peut-être que cette prise de position en 1938 demontre assez clairement la position du surréalisme envers la menace hitlerienne et la nécessité d'intervenir pour sauvegarder la vie des juifs en Europe.
Merci pour vos précisions à propos de l'article de Crevel que je ne connaissais pas. Autrement, Benjamin Fondane, le poète et philosophe existentiel, a attaqué l'idéologie d'Heidegger dès 1932, dans une série d'articles où il dénonce 'le néant qui néantise l'être' et la confusion qui est en train de s'installer entre la pensée existentielle et la philosophie d'Heidegger. Fondane, disciple de Chestov (lui-même ami de Husserl, qui lui fait rencontrer Heidegger à Fribourg en 1928), a été déporté et est mort à Auschwitz Birkenau en 1944. Pour plus de renseignements sur la polémique entourant la réception d'Heidegger en France, et la prise de position de Fondane et de Chestov, se référer à l'ouvrage de Fondane, 'Rencontres avec Léon Chestov', publié aux Editions Plasma en 1982."

Je profite de l'occasion pour relayer quelques notes complémentaires:

Semaine_29 Compléments

René Char, la fertilité du poète

ARMELLE HÉLIOT. Publié le 17 juillet 2007

http://www.lefigaro.fr:80/culture/20070717.FIG000000119_rene_char_la_fertilite_du_poete.html

« SOYEZ gentil, aussitôt que cette lettre vous touchera, de téléphoner à Littré 46-94 (Yvonne Zervos) pour me fixer rendez-vous. » Cette lettre de René Char adressée à Jean Vilar le 12 décembre 1946 est reproduite dans l'excellente somme qu'Emmanuelle Loyer et Antoine de Baecque consacrent à l'histoire d'Avignon (Gallimard). Quelques mois plus tôt, en avril, celui qui était entré en résistance sous le nom d'Alexandre (voir le film de Jérôme Prieur, Arte-Vidéo) a publié Feuillets d'Hypnos. S'il écrit à Vilar, ce n'est pas encore à propos de l'exposition de la Grande Chapelle et de l'idée d'une « semaine d'art » qui associerait aux peintres le théâtre… Non. Char veut alors que Vilar joue dans un film qui sera tourné au printemps… C'est Le Soleil des eaux qui connaîtra un autre destin.

Mais c'est bien l'auteur du Marteau sans maître qui proposera un peu plus tard de présenter Vilar à Christian Zervos, critique d'art et galeriste et organisateur de la fameuse première semaine, en septembre 1947.

Tout vient de Char. Avignon est l'idée d'un poète. On l'a souvent répété et il est naturel, alors que les soixante ans du festival coïncident avec le centenaire de l'écrivain né le 14 juin 1907, qu'il soit particulièrement à l'honneur, en expositions et mises en scène. N'oublions pas Paris et la Bibliothèque nationale de France qui propose un parcours extrêmement intéressant imaginé par Antoine Coron qui a souci de toujours inscrire la création poétique dans le mouvement de l'action, le surréalisme comme la guerre et de faire une place passionnante aux lettres et manuscrits. Par ses moyens et son ambition, c'est la plus importante des manifestations Char de l'été. Les choix sont sûrs, les supports annexes (photos, films et sons) précieux, les tableaux de Georges de La Tour à Vieira da Silva, éclairants.

On retrouve cet esprit du côté de L'Isle-sur-la-Sorgue à Campredon où Daniel Abadie et Yannick Pompidou proposent « Paysages premiers », déambulation du côté des livres, des manuscrits, des tableaux. Tels ceux de Nicolas de Staël, dans des tons de jaunes, bruns pâles, ocres qui fascinent ; en particulier ce Temple sicilien de 1953. La plus modeste et la plus juste des expositions est à la « Livrée Ceccano » d'Avignon. Il s'agit d'un « Hommage de Jean-Claude Xuereb à René Char » dans la lumière des « amitiés poétiques » qui trament la vie de l'auteur de Claire. Xuereb, ancien magistrat de la ville et lui-même poète, fit la connaissance de l'homme de la Sorgue en 1962. Le conservateur du fonds patrimonial de la bibliothèque de la Cité des papes, l'admirable « Livrée Ceccano », Georges Fréchet a rassemblé des livres et documents très émouvants.

Une correspondance avec Albert Camus

Côté théâtre, on est moins convaincu. Claire, dans une mise en scène d'Alexis Forestier, est un spectacle itinérant mais trop lourd. Aller loin pour être dans une salle polyvalente n'a pas de sens et les habitants des villes et villages où s'installe le spectacle préféreraient le charme de tréteaux. De plus, la pièce est rigide. Dans la Cour d'honneur, on entend très mal les Feuillets d'Hypnos. Le réglage des micros est catastrophique et Frédéric Fisbach a beau avoir pris soin de donner une ampleur ambitieuse à ces fragments numérotés de 1 à 237, composés en 43-44 et dédiés à Albert Camus avec qui Char entretint une correspondance (Gallimard), ils sont trop difficiles pour être ainsi distillés. Dommage.

« Feuillets d'Hypnos », Cour d'honneur à 22 heures jusqu'à ce soir. Nouvelle édition en Folioplus par Marie-Françoise Delecroix. « Claire » à Tavel les 19 et 20, « Oppède » les 23 et 24, Avignon les 26 et 27 juillet (04 90 14 14 14). Expositions : « Livrée Ceccano » d'Avignon jusqu'au 10 août. Hôtel Campredon à L'Isle-sur-la-Sorgue jusqu'au 30 septembre (04 90 38 17 41). Et à la Bibliothèque

La Fondation Maeght fête Barcelone

Source : http://www.lefigaro.fr:80/culture/20070717.FIG000000113_la_fondation_maeght_fete_barcelone.html

Un étonnant condensé d'effervescence catalane, emmené par Antoni Tàpies et Joan Miró depuis l'après-guerre.

CET ÉTÉ, à Saint-Paul, la Fondation Maeght fête Barcelone et célèbre l'année 1947 qui fut celle de la première exposition de Miró à la galerie Maeght à Paris dans le cadre de l'exposition internationale du surréalisme organisée par Adrien Maeght, André Breton et Marcel Duchamp. Depuis, la création catalane accompagne l'histoire de la cité espagnole qui s'affirme désormais comme une capitale artistique européenne.

Barcelone 1947-2007* se conçoit comme le cheminement d'individualités marquées par deux moments d'actions collectives : Dau al Set et l'art conceptuel, explique Victoria Combalia, commissaire de l'exposition. Chacun correspond à une phase de l'histoire de la Catalogne. La première dans une après-guerre fermée, la seconde avec pour toile de fond la fin de la dictature. »

Avec le poète Joan Brossa, le philosophe Arnau Puig, les peintres Joan Ponç, Modest Cuixart, Antoni Tàpies et Josep Tharrats, le groupe Dau Al Set (la septième face du dé) lance en 1948 la revue éponyme qui sera publiée jusqu'en 1956. Ils revendiquent le retour aux avant-gardes classiques antérieures à la guerre civile. Dau Al Set se réfère à tout ce que le franquisme interdit, de la pensée de Nietzsche et de Sartre au romantisme sous toutes ses formes, au surréalisme, à l'existentialisme, au jazz et à la science moderne…

Poèmes-objets

« Aux côtés de Tàpies et Joan Miró, Joan Brossa se révèle être le troisième maître de l'art de Barcelone, poursuit Victoria Combalia. Il a, ces années-là, ouvert un autre espace mental et de nombreux artistes aujourd'hui se réclament de lui. » Outsider, anticlérical, antibourgeois, néodadaïste, discret et plein d'humour, il livre ses poèmes-objets dans lesquels il exprime une idée au moyen de la juxtaposition de deux éléments contradictoires ou, au contraire, de sens proche.

Dans les années 1960, le groupe Del Jardi del Maduixer en relation avec le mouvement pop préconise la dématérialisation de l'art. Un peu plus tard naît le mouvement d'art conceptuel catalan. Les artistes utilisent des supports non conventionnels, dénoncent le mercantilisme de l'art, remettent en question le statut de l'artiste. Parmi eux, Jordi Pablo et ses objets poétiques, Fina Miralles et ses actions touchant au corps, Francese Torres ou encore Antoni Muntadas. Le Grup de Treball constitue, lui, un rare exemple d'application de l'art conceptuel à la lutte politique. Dans le même temps, le groupe Tram soutenu par Tàpies défend ardemment la peinture contre l'art conceptuel. Plus près de nous, Ramon Herreros dont l'oeuvre est marquée par Paul Klee, Wassily Kandinsky, Miró, Max Ernst, Frédéric Amat pris sous influence mexicaine et Miquel Barcelo, héritier de Miró et Tàpies.

Enfin, la jeune génération surgit dans les années 1990 : Eullalia Valldosera, Ignasi Aballi, Miquel Mont, Joan Urrios, Montserra Siti Victor Pimstein, Joan Fontcuberta… La scène artistique catalane se dévoile ainsi, à la fois terriblement forte de ses traditions et formidablement audacieuse dans ses expérimentations.

Grenoble : Exposition Gavin Turk

Source :http://www.paris-art.com:80/prochainement/exposition/9570/grenoble-le-magasin-the-negotiation-of-purpose-de-gavin-turk.html

23 juill. 200702 sept. 2007

The Negotiation of Purpose de Gavin Turk

Lieu

Le Magasin

Communiqué de presse

The Negotiation of Purpose de Gavin Turk

L’exposition personnelle que consacre le Magasin à Gavin Turk est la première de l’artiste en France. Elle présente une large sélection de sa production des quinze dernières années, depuis les sculptures en cire le représentant jusqu’à ses plus récents autoportraits sérigraphiés sur toile. Au tout début des années quatre-vingt-dix, alors que les jeunes artistes britanniques, (Damian Hirst, Tracey Emin ou Sarah Lucas) se propulsent au rang de stars, Gavin Turk entreprend de parodier le culte de la personnalité de l’artiste célébré par le monde de l’art. Il cherche à mettre en évidence les conséquences alors induites sur la valeur intrinsèque de l’œuvre d’art.

En 1991, pour son diplôme de fin d’étude, il présente un atelier entièrement vide qui ne contient qu’une vitrine à la Joseph Beuys. À l’intérieur de cette vitrine, une plaque bleue, comme celles qui ornent les monuments historiques anglais, et sur laquelle on peut lire : «Borough of Kensington / Gavin Turk Sculptor / Worked Here 1989-1991» [Arrondissement de Kensington / Gavin Turk, sculpteur / a travaillé ici de 1989 à 1991]. Mais le Royal College of Art semble ne pas goûter la plaisanterie et refuse de valider son année. Une quinzaine d’années plus tard, The Negotiation of Purpose [La négociation sur l’objectif], reprend le titre d’une œuvre datée de 2002, dans laquelle un couteau tourne sur lui-même. Ce titre, pour Gavin Turk, c’est «aussi un titre Dada ou surréaliste pour ce qui a tout l’air d’une machine. Une sorte de modernité qui n’est jamais vraiment arrivée, qui est devenue autre chose, qui est devenue ce que nous connaissons aujourd’hui.»

Gavin Turk utilise des citations d’œuvres des Surréalistes et de René Magritte en raison de l’influence qu’ils ont exercée sur la peinture et l’art des années 1960 et 1970. Il choisit d’en reprendre les clichés comme l’œuf ou encore le célèbre «Ceci n’est pas une pipe» devenu This is not a melon [Ceci n’est pas un melon]. Ou bien, il évoque les recherches de ces artistes rejetées par le système marchand de l’art, notamment avec Oscar (2000), personnage emprunté à un tableau appartenant à la période dite «vache» de Magritte, pendant laquelle ce dernier essaie d’éviter de se copier lui-même.

De façon récurrente, Gavin Turk décline sa signature en parodiant celles d’artistes célèbres pour interroger le mythe de l’artiste démiurge, les concepts d’originalité et d’authenticité. Des noms d’artistes du XXe siècle tels René Magritte, Yves Klein, Piero Manzoni, Robert Morris, Marcel Broodthaers, Joseph Beuys ou Andy Warhol, il en vient, en parcourant les expositions de Gavin Turk, un certain nombre à l’esprit. Il semble même parfois impossible de le distinguer tant il cite librement leurs œuvres. Ses autoportraits en cire ou encore sérigraphiés à la manière de Warhol, ses objets et ses photographies offrent un panorama complet de l’histoire de l’art.

Font [Fonts baptismaux] (2006) est une citation de Fontaine (1917) de Marcel Duchamp, véritable emblème pour Gavin Turk du pouvoir alchimique de l’art qui transforme un objet banal et sans valeur en œuvre d’art. Il actualise la démarche de Duchamp en choisissant de représenter les objets au lieu de les déplacer. Il les sélectionne dans le quotidien et privilégie ceux que la société rejette : un trognon de pomme Ariane, variété créée par l’INRA en 1979 (Ariadne, 2006), des sacs poubelle (Pile [Tas] 2004 et Waste [Déchet] 2006) ou encore un sac de couchage évoquant un S.D.F. (Nomad, 2003). Le matériau qu’il choisit souvent est le bronze, symbole de la sculpture classique et qui, plus que le socle et le cadre, vient conférer à l’objet son statut d’œuvre d’art; matériau qui, recouvert de peinture, assure une reproduction à l’identique, créant une parfaite illusion.

Eléments (socles, cadres, rouleau de peinture, etc.), concepts (signature, problé-matique de la reproduction, etc.) théorisés par les artistes depuis les avant-gardes du début du XXe siècle côtoient, dans les expositions de Gavin Turk, les références aux héros historiques et rebelles comme Che Guevara : célébration ou dépréciation de l’art au regard du monde ? L’artiste semble osciller entre ces deux positions.

L’Artiste

Gavin Turk

Né en 1967. Vit à Londres.

Infos pratiques

The Negotiation of Purpose de Gavin Turk

> Lieu

Le Magasin – Centre national d’art contemporain

Site Bouchayer-Viallet

155 cours Berriat. 38028 Grenoble cedex 1

> Horaires

du mardi au dimanche de 14h à 19h

> Contact

T. 04 76 21 95 84

communication@magasin-cnac.org

www.magasin-cnac.org

> Entrée libre

Jarry

Revue 303 : la gidouille ça satrape !

Source : http://www.fragil.org:80/blocnotes/643

De par ma Chandelle verte, vous n’allez pas en croire vos oneilles ! La revue 303 célèbre le créateur du Père Ubu et de son croc à Phynance, du Docteur Faustroll et de la Pataphysique, des gidouilles et des palotins, j’ai nommé : le cultissime Alfred Jarry.

C’est dans le cadre de la commémoration du centenaire de la mort du grand esthète, dramaturge et poète, organisée par sa ville natale de Laval, que la revue des Pays-de-la-Loire a décidé de lui consacrer un numéro complet.

Bien loin des poncifs habituels qui peignent un Jarry excentrique et complètement malade (au sens propre comme au figuré) les différents auteurs s’emploient à démontrer à quel point Alfred Jarry a été un acteur majeur de l’art du temps et de celui à venir. Un des tenants du symbolisme, inspirateur du dadaïsme, du surréalisme et créateur posthume du collège de Pataphysique dont on connaît les plus illustres adhérents : tout à trac, le baron Mollet, Boris Vian, les Marx Brothers, Max Ernst, Jacques Prévert, Miró, Umberto Eco, Leiris, et bien d’autres…

Au menu : une passionnante biographie du Breton par Henri Béhar, écrivain et spécialiste des surréalistes, où l’on apprend que le père d’Ubu n’était pas si anar que cela. Il est même entré en littérature en participant à des concours d’écriture dans les journaux après que les portes de normal sup’ lui ont été fermées !

Olivier Michaud rend également compte des festivités mises en place à Laval ; Jean-Louis Bailly, satrape du XXIe siècle, explique la pataphysique aux néophytes ; Maria Gonzales Merendes se penche sur le travail méconnu de Jarry pour l’illustration et l’image… Le tout assaisonné de gravures, de manuscrits et de lithographies toutes plus belles les unes que les autres. Bon, c’est sûr, le prix (15 €) risque d’en laisser certains sur leur faim, mais tout de même, par la savate de Venceslas, tout est bon dans cette revue…sauf la merdre !

Nicolas CORBARD

Bien cordialement,
Henri Béhar

Semaine_30 (23-29 juillet 2007)

Chères Mélusines, chers Mélusins,

en guise d'introduction, un extrait d'un article d'Anne Fournier paru dans le Journal Le Temps (à lire ici : http://www.letemps.ch/template/regions.asp?page=7&article=211803 ), sur la situation des artistes à Zurich. L'occasion de s'interroger sur l'avenir du Cabaret Voltaire…

Et toujours concernant Dada, un rappel pour les juillétistes parisiens malheureux de rentrer : la vaste collection exposition Busy Going Crasy.

Expositions

Yves Tanguy à Quimper

La rétrospective que lui consacre le Musée des beaux-arts de Quimper est ainsi un rattrapage tardif. Tardif mais bien fait. Il rassemble une cinquantaine de peintures, plus de quatre-vingts gouaches, dessins, décalcomanies, collages et illustrations, beaucoup de photographies à caractère biographique. L'entreprise était délicate à réussir, car les oeuvres sont très dispersées entre collections privées et publiques, plus souvent américaines que françaises.

(…)

"Yves Tanguy, l'univers surréaliste", Musée des beaux-arts, 40, place Saint-Corentin, 29000 Quimper. Tél. : 02-98-95-45-20. Jusqu'au 30 septembre. Tous les jours de 10 heures à 19 heures. Entrée : 6 €.

Philippe Dagen, article paru dans l'édition du 21.07.07.

Lire la suite sur : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3246,36-937702@51-932893,0.html

Joan Miró à Fécamp : une oeuvre entre songe et veille

par Véronique Prat.

Publié le 20 juillet 2007

(…)

C'est en 1923 que Miró fait le grand saut : il abandonne le figuratif et donne tête la première dans l'onirisme. Il n'en démordra plus : «Je veux, écrit-il, exprimer toutes les étincelles d'or de notre âme.» Après plusieurs allers-retours Barcelone-Paris, il s'installe dans la capitale où il occupe un atelier rue Blomet. Il a André Masson pour voisin et, grâce à lui, il découvre les aquarelles de Paul Klee dont il se sent très proche : elles lui confirment que ce n'est plus l'observation de la réalité qui doit gouverner sa peinture, mais l'imagination. Désormais, les rêves colorés vont se succéder dans son oeuvre. Peuplées de signes, d'énigmes, d'angoissantes étrangetés, de formes inconnues à la jonction du réel et du fictif, ses toiles sont peintes avec une incomparable légèreté de main et une fraîcheur d'invention qui ne se démentira jamais. Au moment de s'engager dans ce territoire inconnu de la peinture, Miró lui-même s'en inquiète : «Je suis des chemins périlleux et j'avoue que, souvent, je suis pris de panique, de cette panique du voyageur qui marche en des chemins inexplorés…»

Masson lui présente Pierre Reverdy, Max Jacob, Tristan Tzara. Par eux, il sera bientôt en relation avec les surréalistes. Bien qu'il participe aux réunions du café Cyrano, QG de la tribu d'André Breton et de ses amis, et aux expositions du groupe, Miró ne se sent pas vraiment surréaliste : il est bien trop peintre pour cela. Sa première exposition parisienne, pourtant, est un four. Pour le consoler, Hemingway, avec qui il fait de la boxe, lui achète la désormais historique Ferme de 1922, qu'il conservera jusqu'à sa mort. Mais qui, mieux que les poètes, pouvait parler de Miró ? Jacques Prévert lui consacrera un livre édité chez Maeght en 1956. «Joan Miró, écrit-il, est aussi sage que les folles images qu'il a apprivoisées.» Et René Char lui dédiera une plaquette parue en 1965 où il analyse ce qu'il appelle joliment le «mirómonde».

Palais Bénédictine, 110, rue Alexandre-le-Grand, 76400 Fécamp, jusqu'au 23 septembre 2007.

La suite sur : http://www.lefigaro.fr/magazine/20070720.MAG000000648_une_oeuvre_entre_songe_et_veille.html

Busy Going Crasy. Art et photographie de Dada à aujourd'hui

Par Pierre Juhasz
Allant à la rencontre des artistes, Sylvio Perlstein a constitué une collection d’un millier de pièces, parmi les plus puissantes et parmi les courants les plus décisifs de l’art notre temps: «Dessin, photo, peintures, sculpture, installation, vidéo, objets… Je vis dans ce labyrinthe où j’accumule des ‘trucs’ bizarres»…

Les artistes sont Man Ray, Marcel Duchamp, Raoul Hausmann, Hannah Höch, Francis Picabia, Max Ernst, René Magritte, Meret Oppenheim, Laszlo Moholy-Nagy, André Masson, Marcel Broodthaers, Brassaï, André Kertész, Edward Steichen, Walker Evans, Marcel Broodthaers, Lucio Fontana, Sol Lewitt, Joseph Kosuth, Yves Klein, Edward Kienholz, Arman, César, Christo et Jeanne-Claude, Richard Long, Christian Boltanski, Barbara Kruger, Philippe Ramette et bien d’autres encore. Il serait vain de dresser une liste exhaustive puisque près de deux cent vingt artistes sont représentés par non loin de quatre cents œuvres. (…)

Lieu : La Maison rouge - Paris
Dates : du 29 Octobre 2006 au 14 Janvier 2007

La suite sur :

Mises à jour, mises au net

Queneau sur la République des Lettres

Le site La République des Lettres réactualise sa page concernant Raymond Queneau en dressant une biographie sommaire.

A consulter à cette adresse : http://www.republique-des-lettres.fr/10004-raymond-queneau.php

Bien cordialement,
Les administrateurs
Henri Béhar

Eddie Breuil

Semaine_31 (30 juillet-5 août 2007)

Chers Mélusins et Mélusines,

 Après le compte rendu de quelques expositions du moment, il faut malheureusement en venir aux « disparitions ». Mais pour vous remonter le moral, je vous adresse enfin une citation de Claude Allègre. A méditer…

 Expositions

Picasso à Saint-Tropez

par Véronique Prat

L'oeuvre de Picasso est inextricablement liée à la grande bleue. L'exposition évoque les séjours du maître à Juan-les-Pins, Vallauris, Cannes… Une période fructueuse où il passe de la peinture à la sculpture, et de la gravure à la céramique. (…) Musée de l'Annonciade, place Grammont, Saint-Tropez, jusqu'au 15 octobre 2007. Source : http://www.lefigaro.fr/magazine/20070803.MAG000000515_les_plaisirs_de_la_mediterranee.html

Trésors premiers à Daoulas

Les poètes en avaient rêvé: Apollinaire, Breton et puis Senghor. Aujourd’hui il existe! C’est le "grand musée d’art exotique" d’Apollinaire, le "Musée imaginaire", le "musée sans murs". Après "Les mondes dogons" en 2002, "Les rêves d’Amazonie" et "Les masques d’Asie" en 2006, l’abbaye de Daoulas expose les arts premiers pour, selon le mot de Heidegger, "nous dépayser dans nos propres origines". (…)

Léopold Sédar Senghor est l’inspirateur de l’actuelle exposition. Il aura fallu attendre le XXe siècle pour qu’un explorateur d’Afrique noire, l’Allemand Leo Frobenius, reconnaisse que le continent africain n’était pas que barbarie, mais que les hommes y avaient produit une civilisation. En 1936, Senghor s’exclame : "Mais quel coup de tonnerre, soudain, que celui de Frobenius !... Toute l’histoire et toute la préhistoire de l’Afrique en furent illuminées jusque dans leurs profondeurs." Trente années plus tard, et l’indépendance venue, Senghor créait le Festival des arts nègres conçu comme "la manifestation d’un humanisme du XXe siècle" qui réunirait la culture occidentale et la culture africaine pour la construction d’une civilisation réellement "universelle".

André Breton s’était constitué une sorte de caverne du surréalisme. Un poète d’aujourd’hui, Alain Jouffroy, s’en souvient. C’était un jour de juillet 1946 au Grand Hôtel d’Angleterre de Huelgoat (Finistère), Alain Jouffroy, poète et amateur d’art français (prix Goncourt 2006 de la poésie pour l’ensemble de son œuvre), rencontre par hasard André Breton qui influencera fortement sa carrière. Il passera en sa compagnie des après-midi à parler des rites et des fêtes des Indiens d’Amérique que le couple Breton a visités dans les réserves. De retour à Paris, il visitera la caverne d’André Breton riche d’œuvres du monde entier dont Breton voulait "s’approprier les pouvoirs". Le centre Pompidou a reconstitué un mur entier de l’atelier.

C’est finalement l’œuvre de Senghor, ses vues et ses visions, qui inspireront l’exposition "Primitifs ?" de Daoulas. Elle témoigne d’une convergence des arts, qui donne, selon le "poète-président" sénégalais Léopold Sédar Senghor, son sens et son unité à l’humanité.

(…) Qu’y voit-on ?

L’exposition se compose de plus de 300 objets prêtés par de prestigieux musées (Quai Branly, Tervuren, Barbier Mueller, Louvre…) et des collectionneurs. L’exposition révèle les parentés entre les objets usuels et de cultes de ces peuples lointains avec les œuvres bretonnes ou celtes. Elle se décline en thèmes : le couple, l’homme et les siens, l’homme dans son milieu, l’homme et la mort, dieux et démons, le jeu, le besoin de créer de l’art. À travers ces thèmes se dessine une image de l’homme dans ses rapports avec lui-même et avec le monde.

Source : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=27386

 Yves Tanguy, Bernard Buffet, frères ennemis

par Jean-Claude Lamy

À Quimper, les expositions consacrées aux deux artistes divisent les conservateurs. 

À CHACUN son musée. Au coeur de Quimper, Bernard Buffet et Yves Tanguy coexistent à cent mètres l'un de l'autre ; le premier est au Musée départemental breton et le second au Musée des beaux-arts. Une aubaine pour l'office du tourisme qui espère que ces deux expositions vont faire le plein de visiteurs cet été. Son directeur, Éric Vighetti, applaudit à l'heureuse coïncidence. Cette belle vitrine artistique pour la préfecture du Finistère cache pourtant une guéguerre du style Clochemerle en Cornouaille. Les conservateurs impliqués dans ces événements ne peuvent plus se voir en peinture !

(…)

Peintre mal-aimé

(…)

« Le défi de l'exposition, explique André Cariou, est de révéler les liens qui unissent l'artiste à la Bretagne. Il ne faut toutefois pas chercher la moindre représentation des paysages bretons dans ses oeuvres. En effet, selon la définition d'André Breton dans le Manifeste du surréalisme de 1924, les oeuvres surréalistes expriment le fonctionnement réel de la pensée de l'artiste. C'est pourquoi les oeuvres d'Yves Tanguy sont sans doute le reflet d'une Bretagne intériorisée, telle que l'artiste a pu la ressentir durant sa jeunesse. »

En passant de la réalité « imaginaire » de Bernard Buffet aux rêves « lumineux » d'Yves Tanguy — qui doit beaucoup à sa découverte de la peinture de Giorgio De Chirico -, ce sont souvent les mêmes tourments que l'on devine. Au-delà d'une rivalité entre conservateurs, c'est un monde inconnu de la Bretagne qui se dessine.

« La Bretagne de Bernard Buffet », Musée départemental breton, 1 rue du roi Gradlon, Quimper, jusqu'au 30 septembre. « Yves Tanguy, L'Univers surréaliste », Musée des beaux-arts, 40, place Saint-Corentin, Quimper, jusqu'au 30 septembre.

Source : http://www.lefigaro.fr/culture/20070801.FIG000000097_yves_tanguy_bernard_buffet_freres_ennemis.html

 Disparitions

 Louis Clayeux

Louis Gabriel Clayeux est mort le 22 juillet, à l'âge de 94 ans. Homme de l'ombre, proche de François Mitterrand, il fut une des chevilles ouvrières de deux des plus grandes galeries parisiennes de l'après-guerre. D'abord chez Louis Carré qui, d'après son actuel directeur, Patrick Bongers, l'initia aux arcanes du métier. Puis chez Aimé Maeght, où il passa avec armes et bagages (le peintre Jean Bazaine, en l'occurrence) en 1948. Nommé directeur, il y organisa quelques expositions d'anthologie, dont "Les mains éblouies", en 1950, qui lui fit rencontrer et apprécier le sculpteur espagnol Eduardo Chillida. Ses fonctions le rapprochèrent aussi d'Alberto Giacometti, ou de Joan Miro. Il quitta la galerie vers 1964, en désaccord, d'après certains témoignages, avec la volonté de Marguerite et Aimé Maeght de créer leur fondation à Saint-Paul. 

Un autre de ses compagnonnages est plus ancien. Il date du temps où, jeune homme, il rencontra un provincial égaré à Paris, François Mitterrand. Tous deux avaient la passion de la chose écrite et faisaient partie d'un groupe qui se réunissait rue de Vaugirard, dans une maison tenue par les frères maristes, qu'avait autrefois fréquentée François Mauriac.

(…)

Harry Bellet, article paru dans l'édition du 28.07.07.

La suite sur http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3382,36-939788@51-939864,0.html

Isidore Isou : l’esprit de la lettre

Décès . L’inventeur du lettrisme s’est éteint à l’âge de quatre-vingt-deux ans.

Isidore Isou est mort samedi à Paris à l’âge de quatre-vingt-deux ans. Il est l’inventeur du lettrisme, l’un des principaux mouvements d’avant-garde qui prit la suite du dadaïsme et du surréalisme dans les années cinquante.

Né le 29 janvier 1925 à Botosani, en Roumanie, Isidore Isou Goldstein, enfant surdoué (il lit Dostoïevski à treize ans, Karl Marx à quatorze ans, Proust à seize ans) a, en 1942, l’intuition de la poésie lettriste en parcourant ces mots de Keyserlin : « Le poète dilate les vocables. » Il arrive en France en 1946 et fonde immédiatement le mouvement littéraire lettriste. Dans la lignée des poètes futuristes et dadaïstes, il annonce la fin de la poésie des mots au profit d’une poésie des lettres et des signes où les sons et les onomatopées prennent le pas sur le sens habituel. Dans Bilan lettriste, il définit le lettrisme comme « un art qui accepte la matière des lettres réduites et devenues simplement elles-mêmes ». Parmi les ouvrages dans lesquels ce contestataire né théorise son mouvement, citons la Dictature lettriste (1946), Essai sur la définition et le bouleversement total de la prose et du roman (1950). Par-delà la poésie, le lettrisme entend aussi s’opposer au mode de vie prôné par le capitalisme. Isidore Isou vante le potentiel révolutionnaire de la jeunesse comme base de changement de l’économie. Il appelle à la subversion des normes édictées par les moeurs bourgeoises, et milite pour la libération des puissances du langage. Guy Debord, l’un des futurs fondateurs de l’Internationale situationniste, sera longtemps parmi ses proches avant la brouille qui aura lieu sur le tard. Isou a écrit sur des domaines aussi variés que la philosophie, la physique, les mathématiques. Il est le créateur de pièces de théâtre et de films expérimentaux. On lui doit un très beau roman, Je vous apprendrai l’amour. Même si le mouvement lettriste s’est parfois perdu dans des formes particulièrement alambiquées, il n’en demeure pas moins à l’origine d’oeuvres audacieuses comme le Syncinéma, de Maurice Lemaître.

Muriel Steinmetz

Source : http://www.humanite.fr/2007-08-02_Cultures_Isidore-Isou-l-esprit-de-la-lettre

Publication

M’introduire dans ton histoire, par Jacques Dupin. Éditions POL, 224 pages, 23 euros.

Jacques Dupin critique ? Oui, et Valéry Hugotte qui signe ici un beau texte d’éclaireur, juste et retenu, a raison de rappeler l’affirmation de Baudelaire dans son Richard Wagner : « Tous les grands poètes deviennent naturellement, fatalement, critiques. Je plains les poètes que guide le seul instinct, je les crois incomplets. » Critique parce que poète et poète avant tout parce qu’il sait entendre dans cette « insurrection de la langue contre la langue » marcher la poésie ; parce qu’il sait la voir, ici ou là, disparaître, irréconciliée et fiévreuse, au tournant du poème « dans sa traversée aveugle de la langue et du monde ».

Cependant, qu’on ne s’y méprenne pas ! On ne trouvera dans ce livre ni le panthéon poétique de Jacques Dupin ni toutes ses lectures aimées ! Les lectures de ces « venins bénéfiques et envahissants », il arrive qu’elles trouvent leur place directement au détour du mot d’un poème — ainsi d’Artaud, Leiris, Michaux… — ou qu’elles demeurent, les ravissantes, aux cachots de son histoire, à lui. Ici, nous ne connaîtrons que celles « demandées » pour une préface, un hommage, un recueil critique… Et certes les deux peuvent aller l’amble, comme on le verra à propos du poème de Nicolas Pesquès, la Face nord du Juliau. Mais quoi, il y a lire et lire en vue d’écrire : deux actes, deux lumières !

Ce livre nous donne à parcourir les textes que Jacques Dupin écrivit pour, sur, ses amis poètes entre 1953 et 2006. Ainsi va-t-on de Pierre Reverdy à René Char en passant par Francis Ponge et le encore trop peu connu Jean Tortel, sans oublier Philippe Jaccotet et, proche d’entre les proches, « compagnon dans le jardin », André du Bouchet. Mais aussi Paul Celan, Maurice Blanchot, Georges Schéhadé, Guy Levis Mano, Charles Racine, Octavio Paz, Edmond Jabès, Jacques Prévert, Paul Auster, Claude Royet-Journoud, Adonis, Vadim Kozovoï, Faraj Bayrakdar, Pierre Chappuis et des plus jeunes tels que Nicolas Pesquès, Philippe Rhamy et Jean-Michel Reynouard, auteur de cette Eau des fleurs, inclassable.

« M’introduire dans ton histoire », ce premier vers d’un sonnet sans titre de Mallarmé de 1886, vise moins à introduire le moi que l’autre qu’il porte et qui souvent le déporte ! Lire, c’est s’appauvrir notamment de ce moi imaginaire qui nous sert à croire que nous existons. Si Jacques Dupin sait qu’avec lui ils sont peu nombreux ceux qui s’effacent pour écrire, dans ce livre, il nous montre combien il sait aussi s’effacer pour lire. Et selon les mots mêmes de Mallarmé, c’est en « héros effarouché » d’avoir « du talon nu touché quelque gazon de territoire » qu’il s’introduit dans ces « histoires ». Jacques Dupin sait rendre les armes. Il sait qu’écrire sur la poésie exige de faire taire en nous cet orgueil qui croit comprendre ce qui lui échappe et écouter au contraire cet insaisissable, aimer le voir s’accroître, s’élancer haut dans le jour et passer toujours plus impénétrable dans le coup de vent qui polit nos yeux avant de les fermer. Définitivement. Car saccager et passer est sa vérité.

Ces intrusions sont l’occasion d’un dialogue de l’amitié qui se confond avec la poésie même quand elle est la Dérangeante, celle qui s’entremet et bouscule tout ce qu’il y a de figé dans les différentes strates de la réalité du monde et du langage.

Alain Freixe

Source : http://www.humanite.fr/2007-07-26_Cultures_Naturellement-fatalement-critique

Brève

Une phrase de Claude Allègre

"Dopage : trêve d'hypocrisie

Anquetil défendait courageusement la pratique du dopage. Pourquoi des professionnels ne mettraient-ils pas tous les atouts dans leur jeu ? Personne ne conteste ni ne brûle les oeuvres de Sartre, Malraux, Antonin Artaud ou Baudelaire, pourtant écrites sous drogue. La carrière d'Anquetil a été brillante, mais il est mort à 53 ans !"

Claude Allègre, dans Le Point, n°1820, 02 / 08 / 2007

Bien cordialement,

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