MÉLUSINE

Endre Rozsda, vers la reconnaissance

1er mars 2015

Endre Rozsda, vers la reconnaissance, par José Mangani, publié dans la revue Mélusine numérique n° 1

André Breton fut le premier à s’exprimer à propos de l’œuvre de Rozsda. Alain Jouffroy, Joyce Mansour, René Micha, Sarane Alexandrian, Édouard Jaguer, Arturo Schwarz l’ont suivi. Accueilli par la presse en 1957 comme « le seul peintre rescapé de la révolution hongroise », Rozsda connut un moment de « gloire » quand, après son exposition de 1963 à la galerie Furstenberg, il reçut le prix Copley. Après la mort de Breton et la fermeture de la galerie de Simone Collinet, Rozsda décida de travailler ses toiles sans contrainte de temps, menant une existence retirée, sans se soucier du marché de l’art, de la mode et de sa notoriété. Sa méthode de travail et la voie dans laquelle il s’engagea alors l’amenèrent à travailler plusieurs œuvres en même temps, les faisant monter tour à tour sur le chevalet au gré de son inspiration. Pour chacune, le travail ne prenait fin, parfois au bout de plusieurs années, qu’au moment où le tableau lui renvoyait son regard. De grands collectionneurs lui ont permis de répondre à cette exigence et de disposer de la liberté nécessaire à la réalisation de ce projet. À la fin de sa vie, encouragé par Germain Viatte, directeur de la Galerie Nationale d’Art Moderne, à Paris, Rozsda décida de faire connaître son œuvre (passée sous silence par les historiens staliniens) dans son pays natal, tout en continuant à manifester son attachement à la France (1). Cette mission devint celle de ses proches, au sein de l’Association des amis d’Endre Rozsda (2) qui pendant 20 ans fit découvrir les différents aspects de son art dans les plus grands musées hongrois. Un noyau de fidèles a travaillé avec acharnement pour réussir ce défi. En France : Françoise Gilot, Ervin Rosenberg, David Rosenberg, Csaba Benedek, Chantal Hourcade, Antoine de Palaminy et Benjamin Straub. En Hongrie : Júlia Cserba, Károly Szalóki et Tamás Ónody. La rétrospective « Le Temps retrouvé » en juin 2017 à l’Orangerie du Sénat a ouvert une dynamique qui donnera à voir le travail de Rozsda à la France ; pays qui a su l’adopter, où son art a atteint la pleine maturité. Ce premier numéro de Mélusine numérique, qui rassemble les actes de la première journée d’étude consacrée à Rozsda, le 10 mars 2018, marque donc une nouvelle étape pour la reconnaissance de son œuvre. Un grand merci à Henri Béhar, Françoise Py, Sophie Béhar, Loïc Le Bail et à l’Association pour la recherche et l’étude du surréalisme.


  1. De son côté la France a manifesté son soutien à Rozsda en permettant le rapatriement de toute son œuvre en 1957 et en faisant bénéficier les manifestations organisées en Hongrie du parrainage de sa diplomatie.
  2. Logée dans l’ancien atelier de Rozsda, au Bateau-Lavoir, où se trouvent encore ses archives. Ce lieu de recherche et d’échange peut aussi être découvert sur rendez-vous (www.rozsda.com).