MÉLUSINE

LE GRAND JEU

par Claudio RUGAFIORI

couverture de la revue Le Grand Jeu
N° 1
couverture de la revue Le Grand Jeu
N° 2
couverture de la revue Le Grand Jeu
N° 3

AVERTISSEMENT

« Le Grand Jeu », étant autre chose qu'une revue, ne se laisse en aucune manière enfermer dans sa propre revue, dont nous présentons ici les trois numéros (juin 1928, mai 1929, octobre 1930) et pour la première fois la reconstitution — malheureusement incomplète mais représentative — du quatrième (en épreuve en 1932). Cette prémisse est indispensable ; et c'est pour cela qu'il nous a paru nécessaire de faire suivre cette édition d'un ouvrage consacré aux idées et aux faits, c'est-a-dire au « Mouvement ». Ce n'est qu'en disposant des deux éléments qu'il sera possible de saisir cet autre chose : le cheminement d'hommes « unis et liés à la même recherche », la spécificité de cette recherche, non seulement historique et exemplaire mais concrète et immédiate, et la vitalité dont elle est chargée. Dans « le Grand Jeu », réalisation et intention sont sur le même plan. C'est pourquoi la revue de Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal, Josef Sima (et de ceux qui y participèrent dès la première heure, Roger Vailland, Pierre Minet, Maurice Henry, Artür Harfaux, auxquels vinrent se joindre André Rolland de Renéville, Hendrik Cramer, Monny de Boully, Dida de Mayo, Pierre Audard, André Delons, Zdenko Reich) semble nous donner une image virtuelle plutôt qu'actuelle de sa force et de sa présence. Pourtant elle communique — avec une densité et une vigueur exceptionnelles — un message dont la violence et la spontanéité nous contraignent à l'abandon de toute habitude de pensée discursive et facile, pour nous confronter à la seule réalité méritant, aujourd'hui plus que jamais, d'être approchée et découverte : celle de l'authenticité (et de la sincérité, aussi). Car c'est l'authenticité qui est au premier plan dans l'attitude des hommes du « Grand Jeu », ce qui nous dispense, ici, de faire la chronique de ce que fut leur revue ou de ce qu'elle est. Si le Grand Jeu se situe entre la Révolution surréaliste et le Surréalisme au service de la révolution, si tous ses fils se croisent avec le milieu surréaliste et ses querelles, si elle reflète au plus haut point l'épaisseur de la vie de ces années, c'est incontestablement à partir de ce fond d'expérience et de vérité que s'est dessiné et a pris corps son « éthique nouvelle » et son unicité. Pour reprendre le terme-clé de ses fondateurs, « Le Grand Jeu » n'a cherché que l'essentiel.

Claudio RUGAFIORI

("Avertissement" de l'édition Jean-Michel Place)