Lettre de Benjamin Péret à André Breton
par Michel Carassou
15 juin 2019
André Breton / Benjamin Péret
Correspondance, 1920-1959
Présenté et édité par Gérard Roche
Gallimard, 2017
Mexico, 12 janvier 1942
[ …] Je n’ai nullement l’intention de me consacrer à la politique mais celle-ci ne peut pas me laisser indifférent et je ne crois pas qu’elle puisse laisser qui que ce soit d’entre nous indifférent. Il s’agit, à mon avis, de marquer notre position en ce domaine et d’agir sur le plan qui est le nôtre. Je suis persuadé également qu’il va falloir abandonner beaucoup du surréalisme, presque tout sans doute. Ce qui me semble avoir grandi à nos yeux ces dernières années et qui pourrait peut-être constituer un point de départ, c’est le “merveilleux“ sous toutes ses formes. Y a-t-il place pour un merveilleux moderne ? Ceci est très mal dit ; je veux parler d’une forme de merveilleux qui exprime et transfigure notre époque. Quelles nouvelles expériences vois-tu qui pourraient servir de point de départ ? Je crois aussi que si nous réussissons à mettre sur pied quelque chose de nouveau, il nous faudra abandonner le mot surréalisme pour couper avec le passé et semer la bande de souffleurs essoufflés qui s’attachera au surréalisme dépassé.
[…]
(Lettre extraite de la Correspondance Breton / Péret 1920-1959, présentée et éditée par Gérard Roche, Gallimard, 2017) lue à la suite de l’intervention d’Andrea Gremels.