MÉLUSINE

Introduction

Dernière mise à jour : dimanche 11 févr. 2024
Dossier par : Véronique Duchemin, Loïc Le Bail, Paris

Objectif

Cette banque de données s’est donné pour objectif il y a trente ans de rassembler sous la forme la plus compacte et la plus neutre possible toutes les données accessibles sur les divers artistes et auteurs se réclamant du surréalisme à la surface du globe ainsi que sur les groupes surréalistes du monde entier.

Historique

En 1992, le colloque « L’Europe surréaliste » se tenait dans l'amphithéâtre de Strasbourg. Entreprenant une collecte de données liées au colloque, Véronique Duchemin et Loic Le Bail constituèrent un vaste réseau d’informateurs, proposant une collaboration aux chercheurs et critiques présents, de tous les horizons de l’Europe. La liste des collaborateurs ne cessa ensuite de croître, au fil des échanges de courriers, des envois de documents originaux surréalistes (des cartons entiers de tracts et de revues de toutes époques). Le travail s’étendit très rapidement et naturellement à l’échelle mondiale, afin d’identifier localement les représentants du surréalisme et mais aussi les figures non revendiquées mais influencées. Pendant six années consécutives, Véronique Duchemin et Loic Le Bail ont saisi l’ensemble de ces données, les recoupant, les vérifiant, selon les méthodes exigeantes de recherche apprises auprès du Professeur Henri Béhar, et les confrontant avec celles du Dictionnaire général du surréalisme de Biro et Passeron, seul ouvrage de synthèse alors disponible. Cette somme documentaire rassemblée, Véronique Duchemin eut la chance pour la leur soumettre, d’interviewer Edouard Jaguer et Anne Ethuin presque chaque dimanche (des cartons de « cassettes », qu’ils en soient tous deux également encore remerciés)… La liste des histoires, dictionnaires, encyclopédies, anthologies s’est depuis enrichie. Les ressources de l’internet n’ont cessé de surgir.

Méthode

Se posait, au fur et à mesure des recherches et des lectures souvent partisanes, la question de la légitimité de la présence de certain.e.s dans LA liste. Quid de la question entre qui est surréaliste et ne l’est pas ? Nous fûmes confrontés d’emblée à la question des influences réflexives : surréalistes, influencés, partenaires, etc. Un dictionnaire a l’avantage d’offrir une représentation de son sujet à travers des entrées par nom ou par sujet. Ces entrées ou articles visent à la représentation d’un élément suffisamment important pour être représenté pour lui-même. Cependant l’ouvrage imprimé est dimensionné, calibré : le nombre d’articles est limité, sans doute pour des raisons économiques. Cette contrainte oriente les choix éditoriaux et impose le choix d’entrées nécessaires, fondamentales pour la représentation du sujet, tentant la complétude et s’imposant d’éviter l’oubli ou la lacune préjudiciables. Le dictionnaire rend compte en son temps de l’état de la connaissance historique de son sujet. A travers le temps, et de titre en titre, les choix convergent ou varient, les récurrences dessinent des invariants, les variantes esquissent des différences de perspective. Le Biro-Passeron avait-il déjà “fait son temps” ? Certains auteurs y figuraient, d’autres pourtant légitimes n’y étaient pas. La constitution d’un dictionnaire, ou d’une encyclopédie, marque une limite factice et paradoxale. Confronter les dictionnaires serait bientôt interroger l’historiographie du surréalisme. Clébert ferme la porte dans l’article « Epigones » de son dictionnaire. D’autres ouvrages s’ouvrent aux figures plus jeunes. Un dictionnaire est-il cénotaphe ou maison de verre ? Chaque dictionnaire installe une cartographie conceptuelle et mentale : Clébert se prête à une exploration quasi bachelardienne des éléments, des mondes matériels et vivants, et de thèmes moins concrets portant l’imaginaire. On notera avec surprise que le “Historical dictionary of surrealism” ne comporte aucune entrée à « Surrealism » ou bien que l’entrée « France » ne figure que dans “The International Encyclopedia of Surrealism". Concomitamment, au vu de la diversité des formes du surréalisme, en fonction des personnalités, des valeurs et des partis pris politiques et esthétiques des fondateurs des groupes créés et de leurs productions, se posait la question de la définition du surréalisme et des limites dans lesquelles nous choisissions de circonscrire notre travail. Au-delà de la définition d’André Breton dans le Manifeste du Surréalisme en 1924, nombreux ont été ceux, artistes ou critiques, qui ont énoncé leur propre définition et leurs propres critères, d’appartenance, de revendication, d’indépendance ou de rejet. Concernant les informations sur les groupes surréalistes dans chaque pays, notre décision fut de laisser les spécialistes du surréalisme de chaque pays donner leurs avis, en laissant un commentaire. Les opinions émises ici n’engagent que leur auteur, dont la signature se trouve en tête de chaque chapitre. Que tous en soient ici remerciés. La psyché humaine se réalise dans le temps et l’espace. Bien que le surréalisme se soit voulu affranchi des frontières, il s’est formé selon des affinités mentales, temporelles et spatiales, dessinant s’il le fallait une carte du monde selon ses vœux. Cette géographie spatio-temporelle se dessinait dans le “Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs”, nous en avons suivi la logique. La notion d’environ ou de marge conforte ce point de vue géographique, l’étendant dans le temps vers les figures tutélaires, l’étirant vers un voisinage favorable ou en fixant les limites infranchissables aux esprits antagonistes. Le paradigme des pays et des environs, ou marges, est toujours bien actif dans les titres les plus récents.

Mise à jour

25 ans plus tard, le confinement imposé pour endiguer l’épidémie du Covid19 fut l’occasion pour Loïc Le Bail et Véronique Duchemin de se lancer, parallèlement à leurs activités professionnelles respectives, dans une nouvelle étape de mise à jour des dates de naissance et de décès, de précisions d’informations et d’ajouts de nouveaux noms… Il s’agissait d’enrichir cette base des entrées des dictionnaires parus depuis 1982 (voir bibliographie). La logique initiale de confrontations des sources pouvait s’articuler en intégrant les entrées des nouveaux ouvrages de référence. Les dictionnaires les plus récents ont fait apparaître des auteurs qui n’avaient pas suscité l’intérêt ou étaient simplement inconnus antérieurement. Les générations se renouvelant il était logique que de nouvelles figures marquent un état nouveau de l’histoire vue de nouveaux points de vue. Aux femmes artistes surréalistes, l’anthologie “Surrealist women" a donné la place qui leur revient. Cette “reprise” de 2020 a bénéficié par ailleurs de la formidable source d’informations qu’est devenu l’Internet. Les entrées de la base pouvaient désormais pointer vers des répertoires d’identification des artistes, ou d’autres bases de données et encyclopédies en ligne. Le travail d’identification trouvait sa prolongation dans le répertoire « ISNI » (International Standard Name Identifier), norme ISO standard qui identifie au niveau international les identités publiques des personnes ou des organismes impliqués dans la création, la production ou la gestion et la distribution de contenus intellectuels et artistiques. Ce répertoire communique avec les catalogues de bibliothèques. Et avec l’encyclopédie Wikipédia. L’activité des biographes s’y exerce sous forme participative. Enfin les liens avec la base de l’Atelier André Breton nous semblaient essentiels.

Appel à la collaboration

Pour attentif que fût ce travail infini, il n’est pas à l’abri des erreurs. De même, quelques interrogations (marquées par « ? ») sont des informations pour lesquelles nous n’avons pas trouvé ou cherché de nouveau de réponse. Dans tous les cas, nous vous serions reconnaissants de nous les indiquer.

Bibliographie des ouvrages mentionnées dans la base :

DAS = Dictionnaire abrégé du surréalisme, Corti, 1938, rééd. 1991. Le DAS s’impose comme un manifeste du surréalisme représenté à travers ses concepts, ses inspirateurs et ses acteurs. C’est aussi en même temps une œuvre : objet collage, anthologie, catalogue d’exposition.

DGDSE = Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs / sous la direction d'Adam Biro et de René Passeron, PUF, 1982 Le DGDSE ouvre largement les portes à une représentation historique et mondiale du surréalisme. Certains auteurs disparaissent cependant des dictionnaires suivants considérant peut-être qu’il n’est plus utile de consacrer la même attention à ces figues acquises.

SW = Surrealist Women: An International Anthology was an anthology / edited by Penelope Rosemont, Texas Press, 1998 Surrealist Women et Black, Brown & Beige relèvent de l’anthologie. Nous les avons pris en compte pour leur apport biographique. L’exercice pourrait être prolongé avec d’autres anthologies.

DUR = Histoire du mouvement surréaliste / Gérard Durozoi, Hazan, 2004 HDS = Historical dictionary of surrealism / Keith Aspley, Scarecrow press, 2010  CSC = Caleidoscopio surrealista : una visión del surrealismo internacional (1916-2011) / Miguel Pérez Corrales, La Página, 2011  BBB = Black, brown & beige : surrealist writings from Africa and the diaspora / edited by Franklin Rosemont and Robin D. G. Kelley, University of Texas press, 2009 IES = The International Encyclopedia of Surrealism / Michael Richardson, 2019.