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Georges Sebbag : André Breton, l’amour-folie : Suzanne, Nadja, Lise, Simone. Éd. J.-M. Place, 2004, 240 p.

 

Par Eléonore ANTZENBERGER

 

- Qu’est ce la femme ?

- Une étoile dans l’eau [1]

Marcelle Ferry et André Breton

 

Je suis la femme, que me veut-on [2]  ? Cette réplique donne une idée de la teneur de André Breton, l’amour-folie. L’intention de Georges Sebbag n’est cependant pas de répondre. S’il fait honneur à quelques-unes des femmes qui ont partagé la vie de Breton, il ne revient pas sur le nombre de celles qui auraient partagé son lit. À trente ans, ce dernier en recense trente-cinq [3] , au grand désespoir de ses biographes [4] qui, au mieux, en comptent treize. Mais Sebbag a visiblement assimilé que Breton n’est pas de ces fanfarons qui plaisantent, encore moins lorsqu’il s’agit d’amour.

L’exaltation de l’amour, de la femme et de la sexualité est une réalité commune ou presque à tous les hommes de lettres. Dans le cas de Breton, cette vérité est plus vraie encore. La dimension érotique de la beauté est en effet la clé de l’esthétique surréaliste et peu de choses ont fasciné Breton comme la conjonction miraculeuse de la femme et de l’écriture : L’amour sera. Nous réduirons l’art à sa plus simple expression qui est l’amour [5]  . Cette éthique érigeant l’amour absolu comme seul principe de sélection physique et morale [6]  .Témoin de cette union passionnée, la couverture du double numéro 9-10 de La Révolution surréaliste dévoilant une écolière, femme-enfant aux cuisses grand ouvertes, qui écrit sans regarder son cahier. À l’exception de Simone Kahn, qui n’aura qu’un poème dans Clair de terre (1922) [7] , les épouses de Breton se verront offrir un livre [8] . Se pencher sur ses amours c’est donc aussi s’intéresser aux mystères qui continuent de planer autour du surréalisme.

Consacrer un livre à la vie amoureuse d’un auteur reste périlleux. Les meilleures intentions peuvent aboutir à une littérature de « racolage », surtout dans le cas du surréalisme qui refuse, a prétendu un dogme postérieur au mouvement, de concéder à la femme une place autre que celle d’inspiratrice. Entre 1920 et 1930, aucune collaboration féminine n’entache les livraisons de Littérature et aucune femme n’est admise, « même comme amie de passage », rue Fontaine [9] . De là à taxer après coup le cénacle surréaliste de « réactionnaire », il n’y a qu’un pas. Sebbag évite cet écueil, posant comme acquis que la réalité quotidienne du surréalisme dépasse le sinistre dilemme misogyne. Ces femmes sont en effet envisagées avec la déférence que suppose la condition de « maîtresse de Breton », et, au-delà de ce privilège, comme des individus à part entière. L’histoire de Breton – au-delà de toute prétention littéraire – est celle de rencontres [10] , lesquelles acquièrent une valeur prémonitoire. Aimer et être aimé de Breton suppose un certain nombre de difficultés qui peuvent être résumées ainsi : Jacqueline Lamba a contre elle un handicap grave, dans son cas, d’être la femme de Breton [11] . Nulle n’en ressort indemne.

L’auteur s’appuie sur les faits réels, sans chercher à établir à tout prix une relation fiction-réalité, qui se fait finalement d’elle-même. Une des particularités du surréalisme étant que la réalité finit presque toujours par venir au secours de la littérature, en particulier chez Breton. Cet ouvrage réhabilite ainsi indirectement ces impénétrables équivalences dans lesquelles le surréalisme a puisé sa source. L’une des surprises de ce livre étant de redécouvrir que cette équivalence annule des contradictions qui pour, Breton, n’en ont jamais été. L’amour excluant ici toute problématique : On ne parle pas d’amour, on le fait. Tout commentaire est oiseux [12] .

Sebbag rend essentiellement hommage à Simone Kahn et à Suzanne Muzard à travers cet épisode résumé ainsi par Henri Pastoureau « L’imbroglio Simone, Lise et déjà quelques autres [13]  ». Ce n’est d’ailleurs pas ici faire injure à Breton : les années qui séparent la rencontre avec Simone (juin 1920) de la rupture avec Suzanne (vers mars 1930) sont pour le moins rocambolesques. Entre ces destins croisés, le lecteur va à la rencontre de spectres plus ou moins évanescents : femmes de lettres et artistes (Lise Meyer-Deharme, Nelly Kaplan, Adrienne Monnier, Clara Malraux, Marie Laurencin, Valentine Hugo), actrices (Musidora, Blanche Dorval), inconnues dont on perdra la trace (Georgina Dubreuil), filles des rues via des bordels (Nadja, Suzanne Muzard) et quelques criminelles de passage (Germaine Berton, Violette Nozières, les sœurs Papin).

La structure en miroir est significative de la teneur délibérément féminine de l’ouvrage. En tout vingt-trois chapitres — aux titres significatifs (Quand l’impossible donnera la main à l’imprévu (XV), Les Fantômes vinrent à sa rencontre (XIX), La Passagère insoumise (XXIII)) — qui se succèdent sans souci apparent de chronologie, comme une suite spontanée d’articles et de prises de notes. Ce sont des existences authentiques qui infusent dans ce chaotique fragment de vie [14] , non leur commentaire a posteriori. Exit donc toute approche critique. Aucun lieu de ce pèlerinage amoureux itinérant n’est occulté [15] comme pour inscrire l’histoire — car c’est bel et bien une histoire que Sebbag nous raconte — dans un cadre spatio-temporel semblable à celui d’une fiction. Le romanesque s’arrête là ; l’amour est ici le roman d’une vie hantée de personnages bien réels.

Sublime, désespéré, platonique ou consommé, les amours des surréalistes épousent presque toujours leurs querelles artistiques. Au lecteur de se laisser prendre au jeu et de suivre à la trace les parfums mêlés d’un sillage féminin.

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La femme réfléchit la lumière divine

Flora Tristan [16]

 

Depuis quelques années, la critique s’est enfin penchée sur l’existence des femmes surréalistes [17] et non plus des femmes dans le surréalisme. Sebbag donne cette fois la parole aux femmes surréalistes, ni à La Femme dans le surréalisme, mais aux femmes d’un surréaliste. Pour la première fois, des femmes écrivent celui qui les a écrites ; Breton est raconté par celles qui l’ont aimé avec le même mot d’ordre : l’amour-passion.

Un mot d’abord sur Nadja envers qui la critique s’est souvent montrée arbitraire, comme pour tirer un trait définitif sur les polémiques dont elle est responsable. On aimerait voir en elle autre chose qu’un motif poétique, très beau, très joli (p.233) [18] , une femme tangible, arrachée à un mythe pétri de légendes absurdes. On aimerait qu’elle fût, en somme, telle qu’elle est présentée ici : une femme dans/de la vie de Breton. Une femme comme une autre auxquelles cependant elle ne ressemble pas – Eluard dit qu’elle est le tact, la sincérité et le goût mêmes. Qu’elle ne se plaint pas (p.85), une femme capable de faire dire d’une rivale qu’elle est attachante et extraordinaire (p.233) [19] . L’insertion des lettres de l’intéressée, annotées par Sebbag, est une des réussites majeures de ce livre. Isolées de tout commentaire, ces lettres sont de véritables gifles, soulignant l’inaltérable lucidité de Nadja, parfois au détriment de Breton. En attestent ces propos pour une grande part prophétiques : D’ailleurs vous ne ressentez plus et c’est dans les autres que vous continuez à récolter [20]  . Face à elle, on découvre un Breton tout en retenue : [Nadja] est seulement capable, et tu sais comment, de mettre en cause tout ce que j’aime et la manière que j’ai d’aimer. Pas moins dangereuse pour cela [21] . La fin de Nadja coïncide avec l’arrivée de Suzanne. Cette extraordinaire conjonction vaut par des traits communs sur lesquels Breton demeure évasif : […] Suzanne est peut-être complètement folle. Je le pense bien plus d’elle qu’il ne m’est arrivé de le penser de Nadja [22] .

Ignorant de toute clandestinité, Breton est maître dans l’art de la conjonction féminine. C’est aussi un point sur lequel insiste Sebbag relevant, par exemple, cette anecdote : à Toulon, alors qu’il a quitté la rue Fontaine pour les bras de Suzanne, Breton envoie à son épouse un bouquet de tubéreuses accompagné de ce télégramme : Suzanne m’a raconté des histoires merveilleuses que j’étais fait pour entendre et que tu aimerais [...] Elle n’a pas cessé d’être telle que je l’imaginais aussi, peut-être mille fois mieux. La première fois depuis huit jours, je la quitte c’est pour t’écrire. On ose supposer que Simone ne soit pas tombée à genoux devant tant de déférence. Comme pour parfaire la délicatesse de l’intention, Suzanne griffonnera ensuite quelques mots sur cette autre lettre de Breton : Simone, Suis partie avec votre chandail… je pense affectueusement à vous [23] .

Non moins surprenant est le portrait de Lise Meyer. Surréaliste presque malgré elle, elle reste la « Dame au gant bleu ciel » dans l’imaginaire surréaliste. Si Lise n’éclipse pas les autres femmes dans le cœur de Breton, elle demeure néanmoins LA femme qui lui aura résisté, malgré une cour aussi assidue qu’infructueuse de 1924 à 1927, date à laquelle, écrit Sebbag, Breton « prend congé de sa propre passion » (p. 62) au travers de deux lettres d’automne qui, outre de témoigner de la froideur de la dame, dévoilent un Breton singulièrement vulnérable, auteur de « lettres d’amour sublime [24]  » (p.79) : L’important est qu’avec vous je me promène sans cesse sur une roche si escarpée que je sais bien qu’un jour ou l’autre je vais tomber. Ce n’est pas comme vous qui n’y restez pas et qui savez si bien tout espacer [25] . Lise joue jusqu’au bout les intouchables, comme pour se conforter dans le rôle du fruit défendu. Ironie du sort, Emmanuel Berl se verra mêlé à cette rupture, ce même Berl qui présentera, en novembre de cette même année 1927, sa maîtresse d’alors, une certaine Suzanne Muzard à l’amoureux éconduit.

Il serait fastidieux de s’attarder sur Simone Kahn car, durant la période couverte par Sebbag, elle demeure la Première Dame de la rue Fontaine : Ce que tu représentes pour moi, si ce mot peut avoir un sens, c’est tout ce qui m’attache à la vie, tu le sais [26] . Le portrait de cette amoureuse si terriblement lucide s’esquisse par à coups, mais en continu : André m’aime. Voilà tout ce qui m’importe. De quelque façon que ce soit, il importe peu. Pourvu que je sois dans sa vie cette lueur qui pour moi est tout ; je consens à vivre et à supporter les échafaudages et les décombres du sort [27] . Tant d’abnégation fait ressortir la mauvaise foi à laquelle Breton, toujours convaincu de son bon droit, n’hésitait pas à avoir recours. Au cours de ces témoignages, on relève un attachement visible de l’auteur pour Suzanne. Muzard, musarder, tout aurait pu être dit. Et pourtant…Cette femme pétrie d’humour évoque, en toute simplicité, sa vie avec l’un des plus grands écrivains de son temps, brise avec une joie non dissimulée quelques icônes tout en éraflant certaines croyances : C’est là où le surréalisme est marrant, dit-elle presque avec gouaille, parce qu’il ne croit pas en Dieu, il croit en des choses irréelles (p. 233) [28] . Le surréalisme… marrant… ?

« Les Confidences inachevées » de Suzanne, long récit à la première personne, donnent le ton. À ce salaud de Malraux qui, après lui avoir vanté ses qualités d’aventurière, lui suggère de foutre le camp à Singapour, elle rétorque : « Oui, c’est ça, faire la putain, c’est ça ! [29]  ». On croit entendre Arletty ! Quelque vingt chapitres plus loin et dix ans plus tard succède un entretien inédit avec elle. Ce « Dimanche à la Muzardière » — titre digne d’un chapitre de Colette ! — accuse un style plus vibrant que jamais chez cette jeune fille de quatre-vingt six ans : même liberté de ton corrosif qui ne s’encombre ni de littérature ni de sentimentalisme. Ce « je » clôt ainsi l’ouvrage sur un regain de fougue. Comme pour donner plus de poids au personnage, Sebbag intercale les lettres de divers épistoliers entre ce double portrait à la première personne. Cette construction en panneaux multiplie les éclairages sur Suzanne, dont la déroutante ambivalence brille notamment dans sa correspondance, avec Thirion, regroupée sous le titre de « Susana la perverse ». Aragon, « ce con de Berl », Drieu, Morise, et quelques autres prêtent leur contribution à l’évocation de l’Aubervillienne au franc parler qui se souvient d’un homme qu’elle a aimé : Regardez, j’ai trouvé toujours dramatique la vie d’André Breton. […] C’était un homme très bien, très intègre. Il a aimé et défendu ce qu’il aimait. Pour rien au monde il n’aurait déclaré qu’une chose était bien pour avoir à en tirer de l’argent (p. 230) [30] .

Cette structure en éventail fait songer à celle de L’Homme qui aimait les femmes de Truffaut. André Breton ou l’Homme qui aimait La Femme, celle en qui se sont incarnées toutes les autres, cette puissance éternelle de la femme, la seule, devant laquelle je me sois jamais incliné [31] .

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Toi qui, pour tous ceux qui m’écoutent,

ne dois pas être une entité mais une femme,

toi qui n’es rien tant qu’une femme [32]

André Breton

 

  André Breton, l’amour-folie est un condensé d’instants de vie, dont la richesse iconographique suggère une tenace impression de « tableau vivant ». On feuillette André Breton, l’amour-folie comme on feuillette un « roman en/d’images ». Ni Breton — « l’homme qui croit savoir changer les femmes en ce qu’elles ne sont pas [33]  » — ni ses femmes ne sont prétexte à une énième chronique sur les amours surréalistes. Sebbag montre ce qui, de prime abord, peut paraître une évidence : que ces femmes ont participé, parfois malgré elles, parfois de très loin, à l’édification des fondements du mouvement. L’amour n’est pas ici un fond de scène au surréalisme et ce livre est une histoire vraie, dont la réalité est soulignée par les apparitions — récurrentes ou anecdotiques — de ceux qui l’ont vécue; Sebbag rend donc justice aux surréalistes tout en mettant l’accent sur le principe selon lequel l’amour ne peut se distinguer de l’idée d’aimer, surtout pour un ardent défenseur de l’amour sublime: « Saluer en la femme l’objet de toute vénération ». C’est seulement à cette condition, selon lui, que l’amour sera appelé à s’incarner un seul être. Il me paraît à moi-même qu’une telle opération ne peut pleinement s’accomplir que si la vénération dont la femme est l’objet ne souffre aucun partage, qui équivaudrait à celle d’une frustration [34] .

À juste titre, on parle fréquemment de « l’échiquier surréaliste », jeu à ne pas mettre entre toutes les mains. En dix ans, Breton a aimé quatre femmes, ce qui ne manque pas d’engranger une certaine confusion : disputes et brouilles spectaculaires ou feutrées, réconciliations éphémères ou définitives, petits arrangements à la sauvette, secrets d’alcôve et vérités au grand jour, cachotteries et éclats de voix, succession de fuites et de retours, autant de rebondissements qui frappent parfois par leur caractère puéril. En dépit de sa rigueur, Sebbag semble parfois prendre plaisir à souligner plus qu’à expliciter la complexité de ces intrigues, alimentée par leurs acteurs [35] . Le lecteur s’y perd parfois, mais cette expérience fugitive n’est pas pour déplaire. Il reste cependant qu’au-delà de la dimension presque vaudevillesque de certains épisodes ressort chaque fois la même passion démesurée [36] . Ni le ridicule ni le pathétique ne trouvent leur place dans l’amour surréaliste car même la répétition – il serait intéressant de connaître le nombre exact de fois où Suzanne a quitté Breton – n’amoindrit pas la force de ces amours-obsessions.

En amour comme ailleurs, Breton ne transige pas. Ni exception, ni dissimulation, ni concession. L’amour unique, oui, au nom d’un système qui se passe de morale autre que celle dictée par la passion. La rémanence des mots et des images (p.119) fait coïncider réminiscence et renouvellement : Ce que j’ai aimé, que je l’aie gardé ou pas, je l’aimerai toujours [37] . Ce principe cautionne une certaine simultanéité dans la succession: Chez Breton, l’être aimé ne disparaît pas, même si son image pâlit. C’est pourquoi des mots identiques, des dessins analogues peuvent être employés successivement pour deux femmes aimées (p. 120).

Ce ciné-roman redonne vie à ces femmes. Ceci est, en grande partie, dû à l’insertion de correspondances [38] , qui prouvent en outre qu’elles sont toutes dotées d’un beau brin de plume [39] (p. 82). Pastoureau avait du reste reconnu à Jacqueline et à Simone certaines prétentions intellectuelles, au demeurant étouffées par Breton. On reconnaît toutefois à Sebbag plus d’indulgence qu’à Pastoureau. À l’exception de Simone [40] en effet, aucune ne trouve réellement grâce aux yeux de ce dernier : Nadja est une folle […] bien tranquille et schizoïde [41] . Jacqueline a un tempérament de fugueuse, calculatrice et froide [42] et la discrétion d’Elisa frise l’effacement au point de susciter ce commentaire glacial : Je ne sais pas ce qu’elle pense de moi. Je ne pense rien d’elle [43] . Pastoureau va jusqu’à affirmer que Suzanne n’a joué aucun rôle dans le surréalisme sauf d’y foutre un moment la merde [44] Plus modéré, Sebbag reconnaît que l’entrée en scène de Suzanne n’a pas calmé le jeu [45] (p. 69).

Cet ouvrage polyphonique réaffirme – on ne le dira jamais trop – qu’Il n’est pas de solution hors de l’amour [46] . En dernier lieu donc, on ne peut que remercier Sebbag d’avoir tenu son engagement lorsqu’il assurait, en préface, vouloir donner la parole à celles qui avaient follement aimé Breton.

 

[1] . Documents 34, Intervention surréaliste, Nouvelle série n° 1, (juin 1934), p. 25.

[2] . Cette réplique de Musidora est tirée du Trésor des Jésuites, pièce publiée dans le n° spécial surréaliste de la revue belge Variétés en 1929.

[3] . Pour plus de détails, on se reportera aux différentes enquêtes menées au cours des Recherches sur la sexualité (janvier 1928-août 1932), édition présentée et annotée par José Pierre, NRF Gallimard, 1990.          

[4] . Nous renvoyons le lecteur à la liste des conquêtes de Breton entre 1915 et 1930 établie par Henri Pastoureau : une dactylo d’Underwood, Manon, Annie Padiou, Alice, Musidora, Georgina Dubreuil, Simone Kahn, Lise Meyer, Nadja, Blanche Derval, Suzanne Musard, Claire, Valentine Hugo. Ce qui fait en tout treize femmes, dont deux (Lise Meyer et Blanche Derval) dont il apparaît fort improbable qu’il ait eu avec elles des relations sexuelles, in Henri Pastoureau, Ma vie surréaliste, Maurice Nadeau, 1992, p. 255.

[5] . A. Breton, Poisson soluble, 7, Poésie/Gallimard, 1988, p. 49.

[6] . A. Breton, L’Amour fou, Folio Gallimard, 1976, p. 173.

[7] . « Le Volubilis et je sais l’hypoténuse ». Ce présent est toutefois fort relatif puisque quasiment tous les poèmes comportent une dédicace, à commencer par des femmes (Simone et sa sœur Janine Kahn, la future Mme Queneau), Gala Eluard, Denise Kahn (cousine de Simone et future Mme Pierre Naville) etc.

[8] . L’Amour fou pour Jacqueline et Arcane 17 pour Elisa.

[9] . Pastoureau, Ma vie surréaliste, p. 320. Fait notoire, seule Simone Kahn se voit octroyer le privilège d’être au nombre des permanents du Bureau de Recherches surréalistes.

[10] Simone Kahn (juin 1920) au Jardin du Luxembourg, Lise Deharme (octobre 1924) au Bureau de Recherches surréalistes, Nadja (octobre 1926) rue Lafayette, Suzanne Muzard (novembre 1927) au Café Cyrano.

[11] . Patrick Waldberg-Isabelle Waldberg, Un amour acéphale, Correspondance 1940-1949, édition présentée par Michel Waldberg, Paris, Éditions de la Différence, 1992, p. 217.

[12] . Henri Pastoureau, Ma vie surréaliste, op. cit., p. 354.

[13] . Voir chapitre VII in Henri Pastoureau, Ma vie surréaliste, op. cit., p. 323-338.

[14] . Sebbag pousse le souci de réalisme jusqu’à inclure le rapport du médecin ayant examiné Nadja au soir de son arrestation (p. 128), comme pour évacuer ce trop-plein de poésie qui éloigne de la vraie Nadja.

[15] . Voir notamment le chapitre IX consacré au manoir d’Ango.

[16] . Cité par André Breton in « Flora Tristan », Perspective cavalière, Gallimard, « L’Imaginaire », 1970, p. 165.

[17] . Voir notamment l’ouvrage de Geogiana Colville, Scandaleusement d’elles, Jean-Michel Place, Paris, 1999.

[18] . On songe également au commentaire d’Isabelle Waldberg au sujet de Jacqueline Lamba : […] il y a quelque chose de pathétique […] dans son désir […] de devenir autre chose que le personnage principal de la Nuit du Tournesol, in Patrick et Isabelle Waldberg, Correspondance 1940-1949, op. cit., p. 192.

[19] Ce jugement est celui de Suzanne Muzard.

[20] . Georges Sebbag cite une lettre de Nadja (2 ou 3 février 1927) à Breton.

[21] . Georges Sebbag cite André Breton, p. 85.

[22] . Georges Sebbag cite une lettre d’André Breton (8 octobre 1928), p. 152.

[23] . Georges Sebbag cite une lettre d’André Breton à Simone Kahn, p. 114.

[24] Sebbag rejoint par-là Simone Kahn qui évoquait les sentiments de son mari pour cette rivale en termes d’« amour-folie ».

[25] . Georges Sebbag cite une lettre d’André Breton à Lise Meyer (26 octobre 1927).

[26] . Lettre d’André Breton à Simone Kahn, p. 92.

[27] . Lettre de Simone Kahn (16 janvier 1923) à Denise Kahn, p. 83.

[28] . Depuis Anaïs Nin on n’avait pas entendu de meilleure définition : « Un surréaliste, c’est un type qui pisse dans votre verre avant de vous le servir », Anaïs Nin, Journal, Stock, 1966, p. 134.

[29] . L’anecdote est rapportée par Georges Sebbag, p. 70.

[30] . Toutes les références entre parenthèses renvoient à l’ouvrage André Breton, l’amour folie. Seuls les extraits de lettres se sont vus ici attribuer une note explicative.

[31] . L’Amour fou, p.166.

[32] . Ces mots s’adressent à Suzanne Muzard in Nadja, p. 185.

[33] . Nous empruntons l’expression à Henri Pastoureau in Ma vie surréaliste, p. 349.

[34] . Perspective cavalière, Folio Gallimard, pp.145-147.

[35] . Voir chapitre XXI « Les Ragots d’Aragon ».

[36] . Voir chapitre XIII « La Fugue à Toulon ».

[37] . L’Amour fou, p. 171.

[38] . On se reportera notamment à l’étude des correspondances croisées entre Simone et Denise Kahn et André Breton (chapitre VIII), pp.82-87.

[39] . En attestent, entre autres, une lettre (chapitre XIX, p. 174) de Simone Kahn à son ex époux, véritable monument d'esprit et d’ironie bien sentie ou cette lettre (chapitre XVII, p. 158) émaillée de pointes acérées tout de justesse et de finesse de Nadja.

[40] . Simone participe, en tant que scribe, aux sommeils hypnotiques et même au premier numéro de La Révolution surréaliste. Elle y publie, ainsi que Renée Gautier, un texte automatique d’inspiration érotique.

[41] . A l’appui, cette déclaration au demeurant véridique : Son discours traduit la confusion des idées si ce n’est la débilité mentale. Il est émaillé de formules fulgurantes qu’elle trouve de façon spontanée mais aussi qu’elle a pu retenir de ses lectures p. 387.

[42] . Ibid., p. 386.

[43] . ibid., p. 407.

[44] .Ibid., p. 356.

[45] Cet état de fait ne l’empêche cependant pas de consacrer tout un chapitre à la participation, certes mineure, de celle-ci aux activités collectives du surréalisme, qui démontre que Suzanne a redoutablement bien assimilé le vocabulaire surréaliste, au point de le retourner contre ceux qui en sont les auteurs.

[46] . A. Breton, « Exposition X…, Y… (avril 1929) », Point du jour, p.60.