POUR QUE M. THIERS NE CRÈVE PAS TOUT A FAIT Ventre de merde pieds de cochon tête vénéneuse C’est moi Monsieur Thiers J’ai libéré le territoire planté des oignons à Versailles et peigné Paris à coups de mitrailleuse Grâce à moi ON a pu mettre du sang dans SON vin Ca vaut mieux que de l’eau et ça coûte moins cher Les perles de ma femme sont des yeux de fédérés et mes couilles de papier mâché je les dégueule tous les matins Si j’ai des renvois de nougât c’est parce que Gallifet me gratte les fesses et si mon ventre s’allonge c’est parce que j’ai fait danser l’anse du panier de la république LE TOUR DE FRANCE CYCLISTE Que nos oreilles soient des lampions ou des poissons crevés nous courons Les pédales s’usent comme des cors de chasse et nous courons Les boyaux crèvent comme des mouches et nous courons Les guidons se dressent comme des parapluies et nous courons Les rayons se multiplient comme des lapins et nous courons C’est que la France s’étale comme un étron céleste et nous courons tout autour pour chasser les mouches
Bayonne Marseille Strasbourg ne sont que des crapauds crevés d’où s’exhale une puanteur sacrée que dissipe notre passage
Les pieds des uns garnissent les salades et les yeux des autres la pointe des seins de leur maîtresse et l’on part L’édredon de la nuit s’est assis sur la selle et les puces voltigent tout autour comme des poissons dans l’aquarium de leur tête Les bornes kilométriques leur lancent des flèches de curare et les poteaux indicateurs sont des ours qui croissent à tort et à travers comme des flics
Ah si les rayons étaient des jets d’eau chacun figurerait le bassin des Tuileries ou la double bosse du chameau Mais voici que dieu a craché sur la route et traînant sa sottise comme un parapluie a tracé des ornières jonchées de crucifix Malheur au coureur imprudent qui s’y engage comme un cheval sous un tunnel Jésus sort de sa croix et plante son CŒUR dans les boyaux de la bécane on entend un bénissez-nous seigneur et il tombe comme une souris dans l’huile du mat et les mille bénédictions de la bouse de vache ne le jauniront plus LOUIS XVI S’EN VA A LA GUILLOTINE Pue pue pue Qu’est-ce qui pue C’est Louis XVI l’oeuf mal couvé et sa tête tombe dans le panier sa tête pourrie parce qu’il fait froid le 21 janvier Il pleut du sang de la neige et toutes sortes de saletés qui jaillissent de sa vieille carcasse de chien crevé au fond d’une lessiveuse au milieu du linge sale qui a eu le temps de pourrir comme la fleur de lis des poubelles que les vaches refusent de brouter parce qu’elle répand une odeur de dieu dieu le père des boues qui a donné à Louis XVI le droit divin de crever comme un chien dans une lessiveuse LE CARDINAL MERCIER EST MORT Tous les curés, on les pendra (LA CARMAGNOLE.) Issu de la sueur des mains sales le cardinal Mercier grandissait comme les vers qui détruisirent la croix En son CŒUR dormait une énorme punaise qui plus tard engendra ces hosties au parfum de poussière qu'il déposait sur des langues grasses Un jour dieu comme une vieille tache d'huile apparut à ses yeux semblable à un anus et Mercier depuis lors découvre la vierge dans tous les égouts
Ton père faisait le coup de feu à Bruxelles et tu décrottais la vierge à Malines Cardinal Mercier à cheval sur un agent je t’ai vu l’autre jour semblable à une poubelle débordante d’hosties Cardinal Mercier tu sens dieu comme l’étable le fumier et comme le fumier Jésus Chacun dans son CŒUR a une divine colique qui sommeille la tienne s’est éveillée au son de l’harmonium du Dies irae et de la Brabançonne
Enfin la guerre que tu souhaitais vint comme ton messie et ta bénédiction emprunta la trajectoire des obus tandis que ton eau bénite explosait comme la mélinite C’est ainsi que tu devins un asthmatique vêtu de rouge comme un veau écorché c’est ainsi que tes cheveux ont rempli les ostensoirs de la Belgique
Cardinal Mercier tu n’es qu’une hostie que les porcs ont mangée mais les porcs en sont morts et tu leur survécus grâce à l' endurance et au patriotisme que tu prêchais dans l’abattoir Mais maintenant que tu es crevé si le monde a moins d’ulcères les hosties gardent leur goût de cadavre NUNGESSER UND COLI SIND VERRECKT Ils partirent et des drapeaux tricolores sortirent de tous les anus Dans l’égout du ciel français ils étaient à leur aise mieux que des crapauds mais quand ils eurent dépassé leur crachat les requins vinrent à leur rencontre et les rejoignirent quelque part entre deux vagues surmontées d’un chapeau haut-de-forme comme des croque-morts patriotiques Mais ils étaient déjà pourris et dans leurs yeux les vers simulaient des points d’interrogation Les vagues crachèrent de dégoût à leur approche et dans un hoquet les avalèrent Trempez vieux croûtons dans le grand urinoir Quel salace maniaque oserait de ses doigts qui s’effritent toucher votre triste pourriture Vous êtes crevés Nungesser et Coli Pourtant la guerre injuste vous avait manqués et ceux que vous assassinâtes s’avancent vers vous Ils ont des yeux de coupe-tête et des mains de garrot mais ils sourient de se savoir vengés Aujourd’hui les beaux monstres de la mer viennent flairer l’éponge de vos corps et disent Pouah c’est du Français puant l’eau bénite laissons-les aux curés de leur pays Avec leurs crânes ils feront des calices et leurs os serviront de chandeliers Quant à nous nous aurons des banquiers soufflés des généraux couverts de vomissures et de sombres bourriques de tous les pays LE POUVOIR TEMPOREL DU PAPE La sueur noire des porcs accoucha d’un pou blanc Gras visqueux il grandit Comme il était italien il entreprit sa pauvre marche sur Rome et un jour arriva au cul sale du Vatican Ce n’était plus qu’un morpion au milieu de christs pourris et de vierges violées par ses ancêtres Des vierges putains qui soulagèrent leur ventre dans la tinette du bénitier vous naquîtes viandes d’église suifs de confessionnal pourritures eucharistiques et dans le nombril de chacun de vous noir violet ou rouge se gonfle le pou blanc le frère de celui qui las de vomir dans son Vatican veut désormais contaminer les voisins avec l’encens de son ventre galeux Et les voisins sont satisfaits Ils s’assemblent sur son passage déchets de légumes dans les halles vides Et voilà l’Italie fasciste LA CONVERSION DE GIDE Monsieur le camarade Gide entre cul et chemise chante la Jeune Garde et se dit qu’il est temps d’exhiber son ventre comme un drapeau rouge Communiste Un peu beaucoup passionnément pas du tout répondent les couilles de l’enfant de CŒUR qu’il épile Tel une tomate agitée par le vent Monsieur le camarade Gide fait un foutu drapeau rouge dont aucune salade ne voudrait un drapeau rouge qui cache une croix trempée dans le vitriol et bien française comme pas un chien de concierge qui se mord la queue en entendant hoqueter la Marseillaise qui fait accoucher Monsieur le camarade Gide Oui Monsieur le camarade Gide La faucille et le marteau vous les aurez la faucille dans le ventre et le marteau vous le mangerez JEANNE D’ARC Les petits oiseaux n’ont pas de roulettes mais Jésus a les pieds gelés confia un jour à Jeanne d’Arc une bouse de vache auréolée de mouches voisine d’un vieux bout de bois pourri que les crapauds s’exerçaient à franchir en sautant Et chacun au passage se nommait Saint Jean Saint Paul Saint Louis Sainte Thérèse Saint Trouduc
Alors Jeanne comprit qu’elle était en face de Dieu et avala la bouse comme une relique Aussitôt Dieu se cristallisa sous forme d’hémorroïdes et tous les chiens de Domrémy lui léchèrent le derrière Mais Jeanne savait que Dieu l’habitait et lui disait chaque soir Je suis ici par la volonté du pape et je n’en sortirai que par la force des pets Soudain dieu cracha si loin que Jeanne put donner des coups de pied dans le derrière de l’horizon Dieu et l’horizon crièrent Le roi Charles VII chasse les punaises sous l’escalier mais chaque punaise écrasée engendre deux mille poux et les poux du roi sont aussi ceux de Jeanne Sa peau se tend comme un tambour pour recevoir plus de poux Elle fait aussi le signe de la croix sur les poubelles afin que les poux qui s’y cachent la suivent comme un chien une piste celle qui mène au roi Le roi s’est enfui poursuivi par les porcs que les curés couvrent d’eau bénite Ils la boivent et se sanctifient Les porcs vont à Jérusalem une croix à la main Ils veulent sucer les os du Christ comme un chewing-gum et le roi fuit Jeanne le rejoint dans une vespasienne et ils s’aiment comme l’urine aime l’ardoise humide Un jour à Reims une pomme pourrie tombe sur la tête du roi Jeanne lui en fait une couronne bénie par quatorze archevêques au putrescible regard Une burette vengeresse frappe Jeanne et la voici blessée le roi dévore ses seins et ses pieds Qui ont l’écœurante saveur des légumes avariés et la voici guérie Cependant les Anglais élevaient leurs poux en France et les poux anglais battaient les poux français Un jour un vêtement de poux anglais couvre le corps de Jeanne et la voici prisonnière Pendant longtemps elle mangea des poux espérant leur ressembler mais elle resta toujours une punaise craquant sous le pas des ânes une écœurante punaise si sale et si molle Qu’on dut un soir huileux comme le Christ la brûler pour réchauffer les poux Sainte Jeanne d’Arc patronne des punaises priez pour les Français LE CONGRÈS EUCHARISTIQUE DE CHICAGO Lorsque les cloportes rencontrent les cafards et que les beefsteaks secrètent leurs hosties tous les crachats se réunissent dans le même égout et disent Jésus viens avec nous et toutes les biques du monde répandent leurs crottes dans l’égout et s’ouvre le congrès eucharistique et chacun d’accourir vers les divins excréments et les crachats sacrés C’est que dieu constipé depuis vingt siècles n’a plus de boueux messie pour féconder les terrestres latrines et les prêtres ne vendangaient plus que leur propre crottin C’est alors que leur sueur murmura Vous êtes du cambouis et je suis dieu Pour me recevoir vous tendrez vos vastes battoirs Lorsque vos oreilles et votre nez se rempliront de boue vous me verrez sous la forme d’un putois pourri Alors tous les poux nègres se retrouvèrent sur la même fesse et dirent dieu est grand dieu est plus grand que notre fesse Nous avons fait l’hostie et il nous a fait crapauds pour que nous puissions tout le jour croasser le dies irae Cependant la poussière des césars pénétraient dans leurs naseaux et ces ruminants galeux beuglaient Judas a vendu dieu comme des frites et ses os ont gratté les sabots des pur-sang Ah qui nous donnera un dieu rafraîchi comme un crâne sortant de chez le coiffeur un dieu plus sale et plus nu que la boue Le nôtre lavé par les rivières n’est plus qu’un absurde et livide galet PREMIER EMPIRE Quand le tabac français sortit du nez de Bonaparte ce n’était encore que le petit caporal et cependant du fumier qui s’échappa des tonneaux de vidange en abandonnant sur le sol un petit Vive l’empereur qui se sentait de loin Le pape s’en léchait les babines Il est vrai qu’il s’appelait Pie VII LA MORT DE LA MÈRE COGNACQ À l’âge où les enfants roulés dans le sable tels des escalopes panées cherchent le chemin du centre de la terre la mère Cognacq les seins lourds du lait que sa mère lui avait légué ramassait ses aiguilles brisées pour fabriquer des canons Un jour le canon de ses rêves fut fondu puis vendu aux ennemis par le père Cognacq En souvenir de cet événement la Samaritaine fut ouverte Et chaque matin en s’y rendant la mère Cognacq ramassait le crottin de ses chevaux pour les pissenlits de son époux Hélas elle est crevée la mère Cognacq elle est crevée comme la France De sa panse verte comme un pâturage s’échappent les familles nombreuses qui pour chaque enfant recevaient une pelle à feu Plus de mère Cognacq plus d’enfants venant après dix-huit autres à Pâques ou à Noël pisser dans la marmite familiale Elle est crevée la mère Cognacq dansons dansons en rond sur sa tombe surmontée d’un étron LE PACTE DES QUATRE Quatre pouilleux dansaient devant un beefsteak Et à mesure qu’ils dansaient leurs poux tombaient par terre Je suis français dit l’un léger et vif comme un flic assommant un ouvrier et si j’ai le sang bleu et un mal blanc c’est parce que mon nez est rouge
Je suis anglais dit le second et depuis que la livre baisse je sens mes pieds s’étaler comme un vieux brie
Je suis italien dit le troisième heureusement que j’ai le pape comme nouille depuis que le macaroni fait des tubes de mitrailleuses Je suis allemand dit le dernier Fasciste répondit l’écho des latrines Et sous chacun de ces messieurs un peu d’urine s’écoulait dessinant pour l’Allemand une carte sans l’asticot du corridor pour l’Italien un horizon de faisceaux graisseux pour le Français la rive gauche du Rhin pour l’Anglais un Mississipi de livres sterling Merde dit le Français qui mangea le nez de l’Italien cependant que l’Allemand crachait dans l’oreille de l’Anglais et bientôt on ne vit plus qu’un petit tas de généraux auréolés de mouches qui tournoyaient autour des quatre drapeaux plantés dans leurs fesses LA LOI PAUL BONCOUR Partez chiens crevés pour amuser les troupes et vous araignées pour empoisonner les ennemis Le communiqué du jour rédigé par des singes tabétiques annonce le 22e corps d’armée de punaises a pénétré dans les lignes ennemies sans coup férir À la prochaine guerre les nonnes garderont les tranchées pour le plaisir des rengagés et pour se faire trouer l’hostie à coup de balai Et les enfants au biberon pisseront du pétrole enflammé sur les bivouacs ennemis Pour avoir hoqueté dans ses langes un héros de trois mois aura les mains coupées et la légion d’honneur tatouée sur les fesses Tout le monde fera la guerre hommes femmes enfants vieillards chiens chats cochons puces hannetons tomates ablettes perdrix et rats crevés tout le monde Des escadrons de chevaux sauvages d’une ruade chasseront les canons de l’adversaire Et quelque part la ligne de feu sera gardée par des putois dont l’odeur conduite par un vent propice asphyxiera des régiments entiers mieux qu’un pet épiscopal Alors les hommes qui écrasent les sénateurs comme une crotte de chien se regardant dans les yeux riront comme les montagnes obligeront les curés à tuer les derniers généraux avec leurs croix et à coups de drapeaux massacreront les curés comme un amen LA SOCIÉTÉ DES NATIONS Or en ce temps-là les pissotières marchant au pas cadencé se retrouvaient à Genève
La plus vieille et la plus sale disait je suis la France et cette autre dont l’ardoise était couverte d’excréments je suis l’Allemagne Une troisième que recouvraient les hosties avalées par les papes hurlait dans un bec Auer L’Italie c’est moi Et la pissotière anglaise était pleine de débris de bibles d’autres espagnole avec des fragments de cigares grecque portée par des changeurs accroupis et d’autres encore tendues de beefsteaks saignants Toutes se réunissaient à Genève au bord de la tinette du lac À tout instant des généraux y puisaient à pleins seaux un liquide gluant comme leur gloire qu’ils versaient dans la pissotière de leur pays et chacune criait Je ne suis donc pas crevée LA BAISSE DU FRANC Franc petit franc qu’as-tu fait de tes os Qu’en aurais-tu fait sinon le poker dice qui projette ces mots sur le papier Jadis curé pansu tu officiais dans les couloirs des bordels distribuant l’hostie à de maigres putains dont les yeux reflétaient ta double effigie Jadis encore tes vastes bajoues insultaient les boucs squelettiques qui répandant alentour leur gauloise et chrétienne puanteur te suivaient comme l’ombre d’un soleil Soleil disons lampion car jamais tu n’éclairas que des rues barrées où l’on remplaçait des pavés par des tessons de bouteilles
Mais aujourd’hui que lombric sectionné par de multiples pelles tu t’efforces en vain d’échapper aux poissons tu voudrais bien redevenir général des jésuites mais les jésuites sont crevés comme des rats et de leur ventre suintent des francs mous et leur eucharistique pourriture emplit tous les calices quand les derniers survivants implorent dieu pour que l’hostie devienne franc Hélas dieu pauvre franc usé gît parmi les crottins de ses prêtres Ci-gît le franc betterave sans sucre LA STABILISATION DU FRANC Si les oreilles des vaches frémissent c’est qu’on chante la Marseillaise Allons enfants de la tinette morver dans l’oreille de Poincaré Les macaronis attardés dans sa barbe ont beau murmurer C’est moi le nouveau franc À bas le vieillard qui m’a fait bouillir Comme un carton à la foire l’œil dans le vase de nuit Poincaré se répète J’ai bien mérité de la tinette Vive l’union des bourriques Vive la vacherie nationale BRIAND CREVÉ Enfin ce sperme mal bouilli jaillit du bordel maternel un rameau d’olivier dans le cul Terrine d’eaux grasses coiffant le chou-fleur socialiste qui se frottait les fesses sur le drapeau français en pétant La France est le roi des animaux le pays des capotes anglaises Vive la France et les chiens décorés du sang des 1 500 000 morts qui enrichirent des ventres ballonnés Voilà Monsieur Briand CHŒUR DES PACIFIQUES COLOMBES MERDEUSES Enfin il est mort d’avoir léché la merde qui nous recouvre O merde bénie que n’étais-tu plus grasse et plus sale pour étouffer plutôt ce sinistre Briand Colombes pour les sots nous ne sommes que des vautours et pissons sabres et goupillons Les canons de M. Briand ont défoncé notre pauvre petit cul CHŒUR DES ANGES SODOMISÉS Jamais nous ne lui pardonnerons de les avoir oubliés là pour désarmer la France CHŒUR DES CURETONS Maintenant qu’il est crevé nous pouvons dire qu’il était notre frère comme le porc et le rat pesteux Comme nous il se vautrait dans l’ordure et le fumier et maintenant qu’il est crevé nous lui rendons cette ordure avec notre bénédiction Seigneur bénissez-nous avec le balai des cabinets comme nous l’avons béni avec du poisson pourri BRIAND Certes j’ai bien mérité cet hommage POINCARÉ Et moi plus encore car si tu trembles devant tes cadavres les miens se réjouissent Vivent les grands cimetières avec les croix de bois et vive la prochaine guerre avec ses ventres ouverts et ses corps écharpés BRIAND J’ai bien mérité cet hommage et la puante patrie reconnaissante peut être fière de ma charogne qui n’a pas de sang sur les mains CHŒUR DES OUVRIERS TRAHIS Dommage qu’il soit mort trop tôt notre guillotine n’aurait jamais si bien fonctionné Heureusement qu’il nous reste des banquiers des généraux des députés des évêques PEAU DE TIGRE Hélas le tigre des latrines n’est plus que le paillasson de l’endroit Faisons erreur mes amis le paillasson vaut les w. c. qu’il régentait mais notre merde vaut mieux que lui Il est mort le suif séché par les lampions de la victoire de la grippe espagnole Vieil animal oublié dans une cave rien ne lui manquait pas même l’haleine fétide des résidus de goupillon et des habitués de caserne
Les trois couleurs au bout du nez tendu par un fil de fer barbelé il affirmait qu’il remontait le moral des troupes
Il est crevé Asticots Jusqu’au bout Dévorez cette charogne et que ses os soient les sifflets de la révolution
LA MORT HÉROIQUE DU LIEUTENANT CONDAMINE DE LA TOUR
Depuis sept siècles Condamine de la Tour les bras en aiguilles de pendule marquant neuf heures un quart debout sur son bouc tricolore commandait ses quatorze homards Dans sa cervelle percée les brises chantaient Descendras-tu cochon de vendu Mais du ciel noir comme le front de ses pères aucune langouste ne venait secourir ses homards Seul parfois le bref éclat d’un ongle l’avertissait que les marmites changeaient de sexe et que les laitues perdant leurs oreilles accouraient lui demander le secret de ses poils Soudain dans l’air barbu un clou s’enfonça avec un bruit de ténèbres un clou bleu et vert comme un matin de printemps 2 437 punaises sortirent de son nez 4 628 lampions pénétrèrent dans ses oreilles Il cria Moi Condamine de la Tour je cherche des massacres des enfants dans des souliers de nuages et le soldat inconnu dans le placard Mais Jésus a jeté le soldat inconnu dans sa poubelle et les porcs l’ont mangé et les Alsaciens ont mangé les porcs C’est ainsi que tu as grandi Condamine de la Tour que tu as grandi comme un porc et le nombril du soldat inconnu est devenu le tien Mais aujourd’hui Jésus a mis ses pieds sales dans ta gidouille qui lui sert de sabot les deux pieds dans le même sabot C’est pour cela qu’on l’a fait dieu et que ses curés ont des chaussures semblables à leur visage Pourris Condamine de la Tour Avec tes yeux le pape fera deux hosties pour ton sergent marocain et ta queue deviendra son bâton de maréchal Pourris Condamine de la Tour Pourris ordure sans os VIE DE L’ASSASSIN FOCH Un jour d’une mare de purin une bulle monta et creva À l’odeur le père reconnut Ce sera un fameux assassin Morveux crasseux le cloporte grandit et commença à parler de Revanche Revanche de quoi Du fumier paternel ou de la vache qui fit le fumier À six ans il pétait dans un clairon À huit ans deux crottes galonnaient ses manches Un jour d’une mare de purin une bulle monta À dix ans il commandait aux poux de sa tête et les démangeaisons faisaient dire à ses parents Il a du génie À quinze ans un âne le violait et ça faisait un beau couple Il en naquit une paire de bottes avec des éperons dans laquelle il disparut comme une chaussette sale
Ce n’est rien dit le père son bâton de maréchal est sorti de la tinette C’est le métier qui veut cela Le métier était beau et l’ouvrier à sa hauteur Sur son passage des geysers de vomissements jaillissaient et l’éclaboussaient Il eut tout ce qu’on fait de mieux dans le genre des dégueulis bilieux de médaille militaire et la vinasse nauséabonde de la légion d’honneur qui peu à peu s’agrandit
Ce mou de veau soufflé s’étalait et faisait dire aux passants pendant la guerre C’est un brave Il porte ses poumons sur sa poitrine
Tout alla bien jusqu’au jour où sa femme recueillit le chat de la concierge On avait beau faire le chat se précipitait sur le mou de veau dès qu’il apparaissait et finalement c’était fatal il l’avala Sans mou de veau Foch n’était plus Foch et comme un boucher il creva d’une blessure de cadavre HYMNE DES ANCIENS COMBATTANTS PATRIOTES Regardez, comme je suis beau J’ai chassé la taupe dans les Ardennes pêché la sardine sur la côte belge Je suis un ancien combattant
Si la Marne se jette dans la Seine c’est parce que j’ai gagné la Marne S’il y a du vin en Champagne c’est parce que j’y ai pissé
J’ai jeté ma crosse en l’air mais les tauben m’ont craché sur la gueule c’est comme ça que j’ai été décoré Vive la république J’ai reçu des pattes de lapin dans le cul j’ai été aveuglé par des crottes de bique asphyxié par le fumier de mon cheval alors on m’a donné la croix d’honneur Mais maintenant je ne suis plus militaire les grenades me pètent au nez et les citrons éclatent dans ma main Et pourtant je suis un ancien combattant Pour rappeler mon ruban je me suis peint le nez en rouge et j’ai du persil dans le nez pour la croix de guerre Je suis un ancien combattant regardez comme je suis beau ÉPITAPHE SUR UN MONUMENT AUX MORTS DE LA GUERRE Le général nous a dit le doigt dans le trou du cul L’ennemi est par là Allez C’était pour la patrie Nous sommes partis le doigt dans le trou du cul La patrie nous l’avons rencontrée le doigt dans le trou du cul La maquerelle nous a dit le doigt dans le trou du cul Mourez ou sauvez-moi le doigt dans le trou du cul Nous avons rencontré le kaiser le doigt dans le trou du cul Hindenburg Reischoffen Bismarck le doigt dans le trou du cul le grand-duc X Abdul-Amid Sarajevo le doigt dans le trou du cul des mains coupées le doigt dans le trou du cul Ils nous ont cassé les tibias le doigt dans le trou du cul dévoré l’estomac le doigt dans le trou du cul percé les couilles avec des allumettes le doigt dans le trou du cul et puis tout doucement nous sommes crevés le doigt dans le trou du cul Priez pour nous le doigt dans le trou du cul PETITE CHANSON DES MUTILÉS Prête-moi ton bras pour remplacer ma jambe Les rats me l’ont mangée à Verdun {bis) à Verdun J’ai mangé beaucoup de rats mais ils ne m’ont pas rendu ma jambe c’est pour cela qu’on m’a donné la croix de guerre et une jambe de bois {bis ) et une jambe de bois MACIA DÉSOSSÉ Le vieux piment mangé par les mites est mort comme une coquille d’escargot dans la vase en criant La Catalogne est perdue Perdue pour toi dépouille d’asticot cendre de mite vase sèche limace imprimée dans le charbon Mais la Catalogne qui rôtit les curés et les nones après les avoir mariés comme Carrier fera des notes de musique avec tes os des grains de sel à mettre sur la queue des oies avec tes yeux et de tes couilles un attrape-mouches perfectionné Tes paroles historiques feront tourner la mayonnaise et avorter les femmes qui auraient pu malgré elles accoucher de bébés la bombe à la main Crève encore pourri dont les pissenlits ne veulent pas crève que ta poussière noie les écrits de ceux qui diront du mal de ce poème LA PESTE TRICOLORE Issu d’un vomissement dans un pot de chambre bleu Chiappe la vieille chique sucée et ressucée se rabougrit en séchant Déjà tout enfant il empestait le gendarme que les bandits de son dépotoir tuent comme un cafard sous une fesse et les autres le traitaient de chien galeux Plus tard plus rabougri encore il fermenta longuement dans la fosse où l’on fait les flics qui deviendront un si beau jeu de massacre Enfin un jour qu’on vidait dans la préfecture la répugnante poubelle du ministère de l’intérieur la tête enfouie dans un vieux soulier d’inspecteur dont la puanteur l’émerveillait on découvrit Chiappe entre deux trognons de choux pourris et l’on fit de lui le chef des assassins car fumier professionnel dont le sex-appeal enivre les mouches et les égouts il ne pouvait que haïr le balai qui le nettoiera la barricade de balais qui écrasaient les crânes des chiens noirs pour venger Sacco et Vanzetti Pour lui tout était bon l’ordure qui vient de droite comme les déjections de la gauche tout pourvu qu’il restât à la tête de ses maquereaux ivres avec sa puante femelle nageant dans les latrines des gardiens de la matraque Je serai dans la rue dit-il le jour où il fut craché avec tous les rats pesteux qui envahiront la place de la Concorde et je répandrai l’épidémie Ah que la grenade et la mitraille n’ont-elles supprimé des milliers de ces gonocoques Ah que n’a-t-on rôti dans un kiosque incendié le sanglant avorton qui l’avait fait flamber LA GUERRE ITALO-ABYSSINE Mes nouilles ou les gaz qu’elles dégagent en forme de croix gammée ordonnait au roi des rois du pain noir l’égout du Vatican à plaque de César cependant que l’Anglais une lampe à pétrole dans chaque main disait Écoute-moi Regarde comme je suis gras et jouait de la flûte pour les vipères de la S.D.N. La plus grasse à face d’Auvergnat approuvait l’Anglais de la tête tout en caressant les nouilles avec sa queue Et les nouilles frétillaient comme la queue d’un fox-terrier qui flaire un étron Et les nouilles commencèrent à farcir le pain noir avec des mitrailleuses qui se préparent à chanter l’Internationale dans le ventre des officiers À bas les sanctions beuglent les crachats fascistes dédaignés des chiens Vivent les sanctions braillent les butors de la steppe qu’écoute le prétexte aux futurs monuments aux morts du prochain massacre en murmurant Je ne veux ni pétrole ni nouilles mais un peu de pâté de porc 6 FÉVRIER Vive le 6 février grogne le jus de chique vêtu en étron fleurdelysé Que c’était beau Les autobus flambaient comme les hérétiques d’autrefois et les yeux des chevaux arrachés par nos cannes-gillettes frappaient les flics si répugnants et si graisseux qu’on aurait dit des croix de feu
Vive le 6 février J’ai failli incendier le ministère de la marine comme un kiosque à journaux Dommage que les pissotières ne brûlent pas Vive le 6 février Des conseillers municipaux abrutis par leur écharpe tricolore pour rallier les poux et les punaises faisaient couler leur sang sous les matraques qui leur conviennent moins bien que le poteau d’exécution Vive le 6 février Des curés jaunes verts pourris caressaient les fesses des adolescents en chantant la Marseillaise et des cantiques en tirant sur leurs frères flics Vive le 6 février et vive le 7 J’ai hurlé pendant deux jours À mort Cachin A mort Blum et j’ai volé tout ce que j’ai pu dans les magasins dont je brisais les vitres J’ai même volé une poupée que j’enverrai à Maurras pour qu’il essaie de la violer en criant À bas les voleurs 6 DÉCEMBRE L’odeur de vieilles tripes qui régnait à la Chambre provoquait dans les tribunes grouillantes d’asticots des Nous vivons une journée historique à faire frétiller les cimetières Journée historique flairaient les chiens sur les trottoirs d’alentour Journée historique beuglait la chasse d’eau en emportant les idées de révolte des Blum et des Thorez Soudain un mou de veau auréolé de mouches suant des patriotismes comme un général devant le monument de ses morts un mou de veau se leva et le président grogna M. Ybarnégaray peut vomir On vit alors s’échappant du cancer de sa langue voltiger les bananes pourries qu’écrasaient les oranges sures de ses yeux Et les rinçures du pavillon de la boucherie qui débordaient de ce fétide évier réjouissaient les narines des assistants dont on ferait un si bon engrais et qui sentaient dans leur nombril crasseux en forme de tête de mort molle germer la pomme de terre gelée d’un drapeau tricolore Rien dans nos mains sanglantes disait-il après avoir tâté son poignard à sa ceinture Rien dans nos poches sinon la sueur du peuple Et il montrait ses mains où l’on lisait sur un fond de sang coagulé sur l’une Limoges etc. et sur l’autre de Wendel etc. Nous sommes des anges merdeux crachés par dieu pour le noël de la réconciliation française Jamais nous n’avons eu d’armes Licenciez vos bandits nous cacherons nos assassins Et Blum se leva pour le baiser pourri sur la bouche pourrie bousculé par Thorez pressé de l’imiter cependant que dehors ceux qui les entretiennent se lamentaient Encore une fois nous sommes trahis |
© Mélusine 2011 |
---|