Celui qui du haut de la falaise siffle en ourlet de vague à l’autre qui lui répond par une branche morte croulant sous le poids des orchidées Celui qui abrite ses yeux sous un nuage de pluie à cinq branches pour mieux voir s’enfuir une ombre entre les hautes fougères qui répètent dans le vent un hymne de spores Celui qui d’une oreille en brise écoute dans le dernier reflet du jour une femme fredonner une chanson de gouttelettes qui retournent dans le sein de leur mère Celui qui souffre d’une blessure en croissant de lune au front du jour Celui qui gémit du passage à reculons du bleu de ciel entre des racines de cathédrales sans dieu Celui qui entend tous les génies du monde discuter dans un cône mort et leur apporter son avis Celui qui rit comme un pré fleuri tandis que les martins-pêcheurs montent une garde en explosions Celui qui répond par je t’aime au chant ensoleillé des ailes froissant la verdure qui tète Celui qui dit je t’aime à la première nacre du soleil répondant à un cœur né de la fonte des neiges Celui qui du plein midi sut extraire le bruissement inconnu des soudaines métamorphoses et faillit rendre à la mousse tout ce qui d’elle avait jailli Celui qui d’un dieu inerte sut obtenir un autre jour de vie Celui qui fécondant l’erreur des miettes perdues inventa l’avenir et les regards mimant sans le savoir les feux qui s’éteignent Celui qui rendait au bois mort le chêne qui l’avait abrité afin de conquérir son sang et de le semer d’accord avec les quatre couleurs Celui qui regardant le doigt du jour l’accuser au sortir de la boutique comprit qu’il reflétait toutes ses graines prêtes à germer Celui qui se sentit menacé par le marteau de la lune à cause de la blessure intermittente de sa compagne et s’étendit très loin dans le ventre de sa mère en allumant des yeux morts Celui qui entre deux bonds de saumon vit apparaître son premier cheveu blanc Celui qui des gouttes de rosée filées par les ailes de l’aurore sur le rouet des arbres en fleurs sut tisser le bas de la femme aimée Celui qui derrière la poussière décrivant son destin galopa à la conquête des dieux qu’elle dissimulait Celui qui d’un signe permit les grimaces d’un singe ou la mort d’un cygne Celui qui à la mort des grands bois partit pour voir de quel côté du spectre solaire se lèverait le prochain jour Celui qui fit rafraîchir par l’air du large le mollusque invisible d’autrui Celui qui par la brise aidée d’un signe bénéfique transporta au-delà des déserts les premières étincelles des soleils sans fin Celui qui de cent bras croisés anima une plate effigie et tous les autres qui dansaient dans l’eau claire comme des soupirs qui dessinaient des signes cachés par la nuit dans les feuilles des arbres que l’humus n’enfantait pas encore qui travaillaient leurs désirs dans les vagues en lutte incessante et vaine pour la domination des eaux qui murmuraient des mots insensés en lançant aux quatre horizons les lueurs savantes des volcans révoltés et l’espoir des grands sourires éveillant les sens l’âme et jusqu’aux pierres éclatées Tous et tant d’autres qui n’avaient qu’un jour Qu’un feu d’artifice dissolvant un nuage de pluie une vie de capucine qui aspire à l’éternité un chant de pierre qu’on polit pour le rayon de soleil d’un jour unique Tous se sont rassemblés sous la cupule d’un gland grande comme une planète perdue et s’embrassant et s’entre-déchirant ont allumé un soleil qu’ils ne voient pas |
© Mélusine 2011 |
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