AIR MEXICAIN, 1952 Le feu vêtu de deuil jaillit par tous ses pores La poussière de sperme et de sang voile sa face tatouée de lave Son cri retentit dans la nuit comme l’annonce de la fin des temps Le frisson qui se hâte sur sa peau d’épines court depuis que le maïs se lisse dans le vent Son geste de cœur brandi à bout de bras s’achève en cinquante-deux ans dans un brasier d’allégresse Lorsqu’il parle la pluie d’orage excite les réflexes des lueurs enfouies sous la cendre des anciens rugissements que les lions de feu lancent en s’ébrouant Il écoute et n’entend couler que le torrent de sa sueur d’or avalée par le Nord noir Il chante comme une forêt pétrifiée avec ses oiseaux sacrifiés en plein vol dont l’écho épuisé traîne le ramage qui va mourir Il respire et dort comme une mine cachant sous des douleurs inouïes ses joyaux de catastrophe
Quand l’aile chatoyante de l’aube se perdait dans les gouffres du crépuscule habité de gestes mous quand les larmes du sol éclataient en gerbes infernales d’années sans nuits les cierges s’allumaient de toutes leurs griffes à futur sang fidèle pour que plonge dans un sommeil vidé de rêves d’ancêtres exigeants le maître de la vie qui jette des injures aux gueules bavant la flamme qui l’anime pour que l’homme trouve là-haut la route des grands miroirs d’eau bruissants de lances de lune et là-bas des ciels de lit qui chantent un air de jeune fille revenant de la fontaine mouchetée de vols paresseux et flasques où deux yeux luisent comme la paroi suintante d’une caverne qui attend la vie Nul n’aurait pu dire où commençait la mer puisque les fleuves rentraient dans l’œuf que Tlaloc rosée qui ne s’était pas fait reconnaître ne cachait pas encore dans sa gueule de tigre Cependant dans la nuit vagissante le regard du nouvel an vient de s’allumer à celui de l’aigle qui pique vers le sol Nouvel an à facettes de cristal où le profane ne découvre qu’une trombe de poussière aspirant des échos calcinés par un dieu toujours vainqueur et des paroles noyées dont le corps momifié flotte flotte et s’envole d’un coup d’aile dans un rai de lumière qui s’éteignant les rejettera sur la terre pour qu’elles donnent des fruits d’obsidienne Les hommes jaillissaient de l’ombre comprimée à l’ouest du rayon vert une graine à la main comme un fantôme aux yeux Il est temps disaient-ils que la terre secoue sa chevelure vivante selon le rythme des airs du jour en pyjama que nous descendions cajoler la grenouille retrouvée après tant de soleils d’oubli châtiés par les quatre éléments que l’or et l’argent du ciel la parent d’un collier de plumes à étancher les soifs rebelles comme les paupières entr’ouvertes d’un ruisseau racontant les rêves de sa source que de la chrysalide du limon s’échappe le papillon qui contient et emporte notre cri automnal à reflets de lendemains déguisés en monstres que la poussière de la voie lactée n’ait plus à tomber d’aussi haut puisque les mille doigts de notre mère la recueillent au passage que la griffe de mortification répande son lait aigre de bête dissimulée sous des pierres d’avalanche dont sa vie de fantôme exalté fécondera la nôtre quatre à quatre que la montagne à chevelure d’astre vengeur reconnaisse l’enfant que nous édifierons au bord du lac où nous a chassé la grande marée de son ennemi tantôt vainqueur tantôt vaincu que le jour soit comme le visage du voisin et réponde à l’appel de son nom découvert par les savants de la gomme que la pierre brille d’un éclat d’eau dont les lourdes paupières se ferment à cause du regard insoutenable d’un ciel que n’ose violer aucun oiseau qu’elle fredonne l’air miraculeux des quatre points cardinaux qui nous protégeront contre l’égarement du chien poursuivant éternellement sa queue qu’elle supplie les géants tapis sous la terre les eaux le feu et nos gestes qui les créent comme un plat succulent qu’elle menace en leur nom les fourbes tyrans des déserts et de l’ombre qui étrangle avec le délire de ses vols noirs D’où vient le cri qui ne chasse pas encore les bêtes des forêts poudrées par des ondes magnétiques Quel songe de père assassiné l’a fait ricocher d’île en rocher oublié par une terre exilée dans la nuit qu’elle hypnotise Nul ne savait si la lueur d’accouchement qu’il poursuivait jusqu’à l’horizon terrifié par son audace s’envolerait au-dessus de lui ou plongerait dans la rainure zigzagante d’un plancher gelé Nul ne savait qu’au raide et muet cadavre du blanc succéderait le refrain du vert qui s’éveille en se frottant les yeux de tous ses oiseaux mais l’horreur du toit qui s’écroule et s’émiette sans mot dire les poussait vers les poissons acharnés à pénétrer le mystère des sources houspillées par des clartés inconnues vers les étendues de viande bouillonnante dont l’effarement imite le galop de l’ombre s’avançant l’éclair à la main vers le délire des branches tressant des prisons pour leurs folies à l’abri des esprits des profondeurs soulevés contre l’air pur Et de tendre les bras vers les nuages qui défilent au pas de parade avec leur sourire provocant de demains lumineux comme un cristal à visage de fleurs écloses sous la rosée Et de reconnaître le séjour de l’aube derrière la montagne fumante aux ailes insouciantes qui scintillent dans un soleil de vierge les sept cavernes à ténèbres de siècles couverts de mousse où le chef de la dualité installa sa poussière de multiplication Un jour disaient-ils se dressera en hommage à lente spirale de larme végétale la pyramide que caressera le soleil arrêté pour ronronner au-dessus de nous et s’attardant à incendier les allées de mica qui prolongent l’eau mourant de soif où il ira songer à la rosée du matin pendant que sa sœur toujours languissante fait le guet pour nous préserver des hurlements épouvantés de l’ombre qui fait trembler nos os aussi lui dresserons-nous sa montagne pareille à un chien jappant au retour de son maître
Lorsque la lumière folle de rage échappe au flot de requins l’attaquant d’un appétit entretenu par des ripailles démesurées une herbe la salue d’un papillon titubant qui la désigne pour l’offrande convoitée par des yeux que la crampe agrandit C’est là que la terre à la toison bouillonnante d’ailes si épaisse qu’à peine les étincelles du bois fondant y peuvent exploser en fusées de fête et si haute qu’aucun chant n’en jaillit en stalagmite de joie vers le vide toujours innocent que la terre a oublié depuis des milliers de brasiers reconnaissants qu’elle naquit semblable à un squelette jadis honoré d’assauts de curés crochus qu’elle élève là vers un guerrier toujours triomphant et n’écoutant que son désir jamais comblé ses mains jointes à fourrure de faim apaisée C’est juré L’éclair du quetzal fuyant vers son complément l’affirme comme un jour pur de toute crainte même détalant comme un voleur à l’horizon Rien ni les bagarres féroces des monstres de la terre fondant les pierres dans leurs mains de soleil noir dont le sang de haute flamme déborde parfois en longs galops criminels ni l’haleine enfiévrée des nuages écrasants ni leurs sanglots qui ne domine aucun ordre ni les becs obscurs aux mâchoires de cruauté qui étincellent dans les haleines glauques et lancent leurs lémures à résorber parce qu’ignorants du chant de la lumière n’empêchera que l’herbe grandisse comme un génie hallucinant et d’une banderole insouciante appelle les hommes à recueillir ses pains de lumière à égrener comme les jours d’une vie rien n’empêchera plus que l’homme aux yeux fourmillant de mirages entrevus ne la contemple comme son amante aux seins qui se consument en un printemps étoilé de promesses inépuisables et dans un ballet d’âmes à peine nées et pourtant certaines que leurs enfants peupleront le monde palpable comme un arbre foudroyé et celui qu’on devine dans les frémissements des ombres de cris croisant le fer et de voix aimables aux visages hantés Plus tard les lieux ayant reçu des grands tapirs de l’aube leur face chantante ou hostile selon le sort jeté par un rayon bienveillant ou un souffle hargneux la terre se réjouissant des êtres qui émergeaient à sa surface de bébé satisfait comme des bulles d’air colorées par le rapace dans sa chute les hommes ayant appris à connaître les voix obscures comme une subtile reptation dans la forêt qui tend son oreille épanouie et les rires clairs comme une goutte d’eau qui tombe de feuille en fleur avec son paradis prisonnier le tigre de la pluie réclamait son festin d’hosties enchantées d’une fin glorieuse le grand-père du feu son cadeau de fleurs à parfum de cœurs palpitants et la fée du maïs sa couronne de rosée où se miraient les montagnes surveillées par leur génie qui passait de la paix des prairies et des bois après l’orge aux rages écumantes d’enfer débordant en moins de temps que le jour n’en prend pour coiffer sa cagoule et le puits de son regard intérieur appelait sa vierge ravie de porter aux dieux la prière haletante de la tribu et lui promettait un remède de miracle aux calamités d’une saison de haines imméritées Le Nord en deuil perpétuel déjà rejetait ses vagues d’êtres sans visage et sans voix toujours avides d’air neuf et les blocs écroulés des demeures chères aux maîtres des désirs de l’univers se redressaient pour d’autres génies enragés que la plante à chevelure d’épousée calmait de son sourire sans cesse renaissant comme l’étoile du serpent à plumes Le feu nouveau brillait rythmiquement Treize fois les années du silex de la maison du lapin et du roseau s’engendraient mutuellement comme le cri appelle l’écho heureux de sa vie d’insecte suspendu au-dessus d’un nuage liquide buvant midi De l’œil qui éveille pour mieux endormir était descendu le serpent à plumes blanc et barbu offrant comme jadis au sommet des monts d’adoration à la lumière et à l’ombre valsant toute la vie les couleurs vivantes créées par leur souffle d’or et d’argent alterné Mais le miroir fumant roulant sur des cœurs présentés aux siens arrive d’un seul bond des cités trop sacrées par l’oubli pour qu’on y vive là où les deux mers saisissent la corne d’abondance de leurs mains qui veulent se joindre pour supplier l’écorché de revenir à l’heure promise et la vapeur de sang fiévreux qui le précède d’une haleine de volcan donne un vertige exaltant comme l’accomplissement d’un destin deviné aggravé par un lait d’étoile qui pénètre d’un jet de fumée gonflant ses voiles les têtes à cervelle de métal nouveau-né Hors d’ici ombre des virgules chantantes la voix du sang brumeux parle un langage d’arc-en-ciel
Le premier jour je serai ton fils à naître dans quatre ans le second l’ombre pâle du maïs sortant de la grenouille comme l’eau d’une source le troisième le songe de duvet verdoyant que je t’ai envoyé cette nuit et le quatrième mon cœur décoloré ne battra plus que pour toi Tu me prendras quatre fois dans tes bras de sol qui soupire après l’orage À la première je te donnerai l’aube prenant son bain à la seconde le cri du printemps vainqueur au jeu de pelote à la troisième le piment de mes lèvres jamais éteintes te dira que je reste ta victoire au combat et ton prisonnier qui la chantera jusqu’à la mort la quatrième j’aurai ton rire d’oiseau qui fuit la flèche mais à la cinquième j’abandonnerai l’œuf éclos l’an passé des têtes sourdes comme des champignons larmoyants et m’envolerai chez l’aigle qui tombe en avalanche Tu ne pèseras pas plus qu’un brouillard sans queue ni tête et rampant pour effacer les honneurs qui me sont dus N’insiste pas comme l’ouragan qui rebondit de val en pic tu n’auras plus que mon souffle pour t’endormir sur les vagues furieuses de la terre comme une algue agonisante avec son corail captif si bien qu’à l’œil s’entr’ouvrant il ne restera plus que la coquille de ton corps
Le serpent à plumes s’en retourne méditer chez lui laissant son cri qui bondit de la neige à la fumée repart du maïs et s’arrête au signal de la méduse alors que le séjour de toute naissance s’éclaire d’un vagissement de pistil emporté par le vent Les dieux sont allés hiverner au cœur des hommes et attendent en muant que les sauvages nouveau-nés des forêts qui les soutiennent arrivent à les prendre pour les hisser au sommet d’un nuage pyramidal Deux fois les flammes ont emplumé les cimes en deuil sans que le colibri sorcier ait encore vu celui que roussit son maître dévorer un glissement venu du plus profond d’une nuit sans seigneurs Ce n’est guère que le fond du lac pressé d’écouter les pas des tribus qui déjà se concentrent pour repartir aussitôt conquérir le commencement et la fin de l’eau les sources de l’orage et le dernier refuge de l’éclair Ils arrivent du berceau des hérons d’aurore et marchent pendant que les années se nouent d’elles-mêmes en deux bottes d’asperges décapitées L’oiseau sorcier né tout armé de la vierge à la jupe de serpents repousse d’une étincelle ses quatre cents ennemis excités par les souffles des ténèbres tenaces renaissant comme l’œil s’ouvre et se ferme de leur cadavre toujours prêt à le harceler Il les conduit avec la certitude des torrents appelés par leur apothéose vers la plante aux disques perfides narguant Tlaloc sur qui se donne le spectacle prophétisé d’un mythe de monde naissant Ici vivront dans leur demeure nimbée de sang les vrais chefs du jour et de la nuit aztèques les seigneurs qui soufflent sur la poussière pour irriter les âmes d’eau et de feu et leur suite suant l’angoisse Les maîtres d’en haut riant à fleurs écloses et d’en bas plus éteints qu’un foyer asphyxié par leur haleine ne recevront jamais assez de cœurs conquis de haute lutte sur un partenaire exalté par un amour solaire Il y a de quoi Le héros tout mouillé franchit d’un bond lumineux une étendue battant des mains neigeuses à son passage et tous le saluent d’une goutte ou d’un lac de vie jusqu’à ce qu’il retourne sommeiller sur sa couche de plumes d’aigles abattus Mais voici qu’il entraîne dans son sillage de maïs en fleur des silhouettes vaporeuses de visages blancs à barbe de caverne abritant mille scorpions au dard dressé et des rumeurs impalpables de centaures s’ébrouant dans des hennissements issus d’un sol révolté Nul doute que le grand serpent à plumes las d’une migration sans espoir ne revienne vers son peuple aux yeux de cratère les mains pleines de fleurs à chants de cristal arrachés à la nuit et de fruits qui dorent la vie cueillis entre les deux étoiles qui jalonnent le sentier où du souvenir de Tollan sanctifié par des vagabondages guidés par des aigles et des jaguars l’avait chassé la fourberie d’un miroir fumant Non pourtant l’abjecte croix qui supprime lance des feux de supplice et l’hostie variolée pourrit celui qu’elle touche Ils vont rejetant de loin les hommes chez leurs ancêtres sans que les précède aucun chien rouge pour les conduire par les déserts sans jour et sans nuit les froids qui font s’éparpiller l’âme et les torrents insultants que nul ne peut asservir Précédés d’hommes aux paroles de péché vêtus de robes de boue grasse et qui balaient les plats avec leur nez tous ils exigent l’or qui ne vaut pas les plumes du matin et du soir et torturent au nom d’un monarque agenouillé devant deux baguettes entrecroisées
Printemps plus jamais tu ne seras écorché et toi maïs vert plus jamais tu ne seras honoré D’un crucifix sanglant les mangeurs d’anones portant un cercle sur la tête veulent faire un dieu qui n’est pas nécessaire puisque tous vivent parmi les hommes Ils détruisent pour lui les demeures des maîtres du vent et du feu et de tout ce qui vit et meurt et les livres de toute science La nuit haletante de désir n’a pas connu six fois de suite l’hommage rajeunissant d’une flamme brisant sa coquille et ne brûlant que pour le serpent de lait et les siens Les étrangers n’ont allumé que des bûchers pour ceux que le soleil enchante de vols pouffant de rire qui saluent la grenouille s’épuisant à les nourrir et craignent que ne s’éveille le géant qui ronfle sous les montagnes l’abritant des grands vents qui balaient la terre pour que Tlaloc s’y repose Qu’ils rentrent chevauchant des mâchoires multipliées au fond des vagues où le soleil se frotte les yeux les blancs à pelage d’hostie qui avec l’eau ont fait entrer dans les têtes la taupe de la faim et le fouet du patron nourri d’Indiens morts et de la femme blanche qui s’étonne de se voir dans un lac comme des vallées formées en s’asseyant par les seigneurs de la terre ou du ciel de chaque épi et de chaque langue s’enfle un air de liberté plus brûlant que celui des déserts calcinés par le tyran de l’été pour que l’étranger y aiguise un appétit de vautour Un chant qui arrache les anneaux aux esclaves étonnés de respirer la lumière emporte la galère comme un bœuf noyé et chassant la tourbe obscure des lécheurs de crucifix attise l’ardeur du feu qui reconnaît ses créatures L’air sera plus clair si n’y retentissent que des voix sans espion ni contrainte L’eau sera plus limpide si ne s’y reflètent que des visages sans angoisse ni péché La neige des pics griffant les nuages sera plus éclatante de n’être foulée que par des pas sans entrave Les chemins ne mèneront plus au silence des tombeaux affamés mais aux jeux des oiseaux pleuvant du soleil Les sources ne chanteront plus jamais de complaintes d’éternels condamnés mais riront de toutes leurs dents de printemps Le maïs s’élancera plus haut de n’avoir pas à courber la tête comme un christ ployant sous la charge Même l’or sera plus pur de ne parer que des sourires à affoler les nuits balayées de chaudes brises étoilées de baisers Hélas ceux qui hument du porridge écoutent dans les montagnes qui dissimulent le sommeil de l’or d’en haut tinter celui d’en bas L’étranger à face d’éponge repue a prouvé aux hommes qu’un reflet de lumière vénéneuse peut massacrer pour peupler d’esclaves les vies éternelles des manieurs de croix et quelqu’un la main en mare sans feux follets malgré les fermentations inépuisables qui crèvent à sa surface leur ouvre les portes aux poignards entre deux épaules De la tête arrachée comme d’un arbre emporté par une tornade à maîtriser d’une camisole de force vont s’échapper vers le Nord stérilisant les joyaux secrets jalousement gardés par les génies opaques des ténèbres pesantes et les fruits sans cesse renouvelés d’une union qui appelle des torrents de larmes d’allégresse et le corps déchiré de rages de taureau défié mais qui veut retrouver un jour délivré des brouillards aux ventouses suspectes attend que Juares l’épouille et disperse les vols noirs dégoulinant de latin Rien n’y fait L’homme qui vit du soleil battant la charge est devenu un champion de cave pour les rats de la terre et la terre meurt de faim tandis qu’un crapaud enfle jusqu’à se croire général de ses pustules Mais une voix d’alouette éblouie s’élève du sol bâillonné pour exiger que les portes aux verrous de fusillades soient ouvertes comme la mer à l’horizon qui s’allume pour une fête d’égaux Parti du cœur broyé par une angoisse sans aube imaginable elle s’éloigne en avalanche qui fait palpiter jusqu’aux veines du marbre et rebondit en tonnerre remplissant les vallées soudain étonnées que leur paix soit celle des os décapés Les forêts de têtes penchées se redressent et s’illuminent de regards qui explosent en justice sommaire et toutes les huttes de misère séchée abritent un être qui se condense en homme La vie ne peut plus être une reptation bénie des providences complices du sillon de chiourme assommée au squelette privé de revenant puisque de chaque sillon pareil à un sou neuf Zapata fait lever la moisson à jamais mûre des chants déshérités
Hélas rien qu’un épars Demain la foudre Les Voilà qui reviennent les ombres barbares à face de dollar numéroté Regardez-les ronger les pierres qui portent la honte au front ronger la terre qui les voudrait dissoudre ronger les hommes jusqu’au cœur qu’elles empestent
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© Mélusine 2011 |
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