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Du 13/07/2011 au 07/11/2011 - Musée des beaux-arts de Brest

Exposition "L’aventure de l’art abstrait" : Charles Estienne, critique d’art des années 50

Compte rendu par Françoise PY

juillet 2011

Né à Brest, le critique d’art et poète Charles Estienne (1908-1966) est de retour dans sa ville natale où le musée des beaux-arts lui consacre une superbe exposition.

Marqué par l’oeuvre de Gauguin et de Sérusier, dès son arrivée à Paris en 1945, il s’intéresse aux artistes contemporains, devenant un fervent défenseur des abstraits lyriques dont il contribue à préciser la démarche. Ami d’André Breton qu’il rencontre dès 1947, il va jouer un rôle de premier plan dans le rapprochement du surréalisme et d’une abstraction onirique. De 1953 à 1956, dans la petite galerie de l’Etoile scellée, dont André Breton est directeur artistique, c’est ensemble qu’exposent peintres surréalistes et abstraits lyriques. Période de grande effervescence artistique qui voit se succéder les expositions nées de la collaboration entre les deux poètes : « Pérennité de l’art gaulois » au musée pédagogique de Paris, « Alice in Wonderland », galerie Kleber, en 1955, etc.

L’exposition organisée par le musée des beaux-arts de Brest a choisi de privilégier les rencontres artistiques en terre bretonne. Profondément attaché au nord du Finistère, Charles Estienne y invite ses amis peintres, tels que Serge Poliakoff, Marcelle Loubchansky, Jean Degottex, René Duvillier, Jan Krizek, Toyen, afin qu’ils se confrontent aux éléments naturels. Puis ce seront Yves Elléouët accompagné de sa femme Aube, fille d’André Breton, Jean-Claude Silbermann, et bien d’autres. A l’épreuve de « la grande saga des aurores boréales et des orages magnétiques », les artistes inventent une écriture par signes, à la fois gestuelle et automatique. L’exposition présente un grand nombre de ces encres de Chine sur papier et leur confrontation révèle des affinités inattendues. Toiles, encres, galets peints et sculptures dialoguent librement dans l’exposition, véritable joyau que nous offrent les deux commissaires, Françoise Daniel, conservatrice en chef du musée, et Catherine Elkar, directrice du Frac Bretagne, avec le concours de Marc Duvillier, petit-fils du peintre.

Le catalogue est remarquable. Outre des notices abondamment illustrées pour chaque artiste, une chronologie détaillée, de nombreux documents rares, notons les textes de Françoise Daniel, Catherine Elkar, Yves Kobry, Georges Richar-Rivier, Renée Mabin et Jean-Clarence Lambert. Renée Mabin s’est penchée sur « les peintres d’Argenton », en relatant de façon très précise les rencontres estivales autour de ce petit port où séjournait Charles Estienne. Parallèlement, elle reconstitue les liens établis entre le critique et les artistes par le biais des revues et des expositions surréalistes. Jean-Clarence Lambert, ami de Charles Estienne, relate son parcours qui croise bien souvent celui d’André Breton. Leur commun amour du « génie celte », art du signe, est perceptible dans l’exposition du musée des beaux-arts de Brest qui apporte un regard rétrospectif : « L’art celto-gaulois est à la fois si loin et si proche de nous, si archaïque et si moderne qu’il a fallu attendre les dernières conquêtes de l’art moderne pour les comprendre ».

 

Musée des Beaux-Arts : 24, rue Traverse 29200 BREST
Tél : 02 98 00 87 96

Ouvert tous les jours, sauf le lundi, le dimanche matin et les jours fériés de 10h à 12h et de 14h à 18h.

Dossier de presse : http://www.brest.fr/fileadmin/user_upload/Presse/DP-Charles-Estienne.pdf

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