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Réponse à Branko Aleksic à propos de l'édition Pléiade de Breton

par Étienne-Alain HUBERT, Philippe BERNIER, Marie-Claire DUMAS

 

Quelle mouche a donc piqué l’auteur de ces « Amendements à l’édition des Œuvres complètes de Breton » qui viennent d’être mis en ligne par la revue numérique Astu du Centre de recherches sur le surréalisme de l’Université Paris III1 ? Nous avons connu Branko Aleksic alors que, jeune chercheur arrivant à Paris, il bénéficiait d’un accueil bienveillant de la part de Marguerite Bonnet, se montrait plein de déférence à son égard dans ses lettres comme dans ses propos et, en quête d’informations bibliographiques, s’adressait courtoisement à tel d’entre nous.

Le titre de son texte pouvait laisser espérer des remarques positives, précieuses pour les responsables d’une édition complète en quatre volumes qui forcément reste toujours perfectible. Voici que, sous le couvert d’un propos a priori légitime, nous découvrons une diatribe agressive, des procès d’intention soupçonneux, et, disons-le, une bonne dose d’ignorance et d’erreurs chez l’auteur. Mis à part quelques remarques justifiées qui auraient été les bienvenues dans un climat d’échange et dans un débat scientifique sérieux — l’erreur est humaine —, nous avons le sentiment étrange d’être embarqués dans ce qui s’apparente à un règlement de comptes : règlement de comptes qui demeure pour nous opaque dans ses formulations comme dans ses intentions.

Nous devons reconnaître qu’en face de cette argumentation pesante et passablement confuse, notre première réaction a été d’indifférence ironique. Mais divulguées ainsi sur Internet, ces attaques d’un ton franchement déplaisant — dont certaines pourraient être qualifiées d’injurieuses et de diffamatoires — visent en premier celle qui a été l’âme de cette édition et qui malheureusement n’est plus là pour y répondre. Chacun comprendra que nous nous sentions le devoir de ne pas laisser passer sans réponse un texte qui met en cause Marguerite Bonnet avec une pareille insistance, lui imputant par exemple mauvaise foi et «  méchanceté caractérisée », ou prononçant à son encontre des verdicts qui se veulent sans appel. Elle est ainsi taxée de « manque alarmant de sens poétique » par Branko Aleksic : il suffit au lecteur de bonne foi qui ignorerait les travaux de Marguerite Bonnet de lire les pages consacrées aux Champs magnétiques ou à Clair de terre dans son grand livre publié chez José Corti en 1975 (et toujours réédité), André Breton. Naissance de l’aventure surréaliste. Outre une érudition reconnue par la critique (et largement mise à profit par les successeurs), c’est justement un exceptionnel don d’écoute de la poésie qui avait vivement frappé de bons juges tel Julien Gracq.

Nous passons rapidement sur les considérations émises par Branko Aleksic sur l’intégration au tome I des inédits de Poisson soluble, cette manne dont Marguerite Bonnet devait la communication à Simone Kahn2. Ce sont, pensons-nous, ces textes que le vocabulaire de notre censeur désigne comme « deux variantes du manuscrit intégral ». Nous saisissons mal pourquoi cet apport exceptionnel est supposé avoir créé une « difficulté majeure » à l’éditrice et être source de « la plus grande déception » pour le lecteur de la Pléiade. Branko Aleksic semble remettre sur le tapis le débat sur le statut des Poisson soluble et, plus généralement, sur le sens même de l’écriture automatique. Visiblement, et c’est son droit, il se range parmi les contempteurs de la pratique de l’automatisme chez Breton, mais quand il impute à celui-ci d’avoir « corrigé jusqu’à épuisement ses textes “automatiques ” », nous ne pouvons guère le suivre. L’un d’entre nous, qui a pu réexaminer récemment les manuscrits de Poisson soluble II, n’en revient pas de l’expression jusqu’à épuisement : c’est outrancier et injustifiable. À croire que Branko Aleksic n’a pas pris la peine de jeter un coup d’œil sur les reproductions photographiques de ces documents qui ont circulé : il aurait constaté que les corrections, au demeurant rares et de portée minime, sont en majorité le fait d’une main qui se ressaisit dans l’immédiat et nullement le résultat d’une relecture de styliste.

On nous pardonnera de reprendre — au prix de quelques lourdeurs — les subdivisions du texte de Branko Aleksic : c’est malheureusement celui-ci qui nous entraîne à ce niveau de chicane.

« I. Erreurs dans la chronologie »

L’exposé occupe une bonne page. Nous avons envie de conseiller au dénonciateur de modérer son ardeur vengeresse : l’erreur est humaine, nous le répétons, surtout quand il s’agit d’apparats critiques qui occupent des centaines de pages et comptent des milliers de notes. Du reste, comme il se passe pour tout volume de la collection, chaque retirage est l’occasion de révisions.

La date 1946 figurant page 1289 du tome I (par erreur ou simple coquille d’impression) doit être corrigée en 1949, date exacte que fournit la Chronologie au début du même volume. C’est en effet en 1949 que Breton change d’étage dans son immeuble. Nous aurions d’ailleurs pu être plus précis : Breton s’apprête à ce déménagement dès janvier 1949 afin que sa fille Aube dispose d’une chambre à son retour d’Amérique en avril. Dont acte.

Branko Aleksic s’en prend ensuite à une approximation d’un mois et demi à propos de la publication de la « Chronique sur l’amour » de Joseph Delteil dans La Révolution surréaliste : elle a eu lieu dans le numéro 2, et non pas dans le numéro 1 comme Breton l’écrit par pure inadvertance dans le Second Manifeste. Et Marguerite Bonnet de se voir reprocher de n’avoir pas relevé l’erreur « curieuse » de Breton : voilà l’auteur du Second Manifeste suspecté à son tour.

Quant à la date d’adhésion de Breton, d’Aragon et d’autres proches au Parti communiste, Marguerite Bonnet la situait prudemment dans le courant de janvier 1927, indiquant qu’Aragon disait avoir adhéré le 6 janvier « parce que c’était le jour des Rois ». Rappel à l’ordre sévère : « le souvenir d’Aragon est erroné. » Et Branko Aleksic de citer le Journal parisien du surréaliste serbe Marko Ristic qui relate, d’après le témoignage des intéressés, que s’est tenue le 14 janvier une réunion du « Rayon Montmartre » où « de la part des communistes on leur a posé des conditions » : il faut selon lui substituer impérativement le 14 au 6.

À notre tour de nous montrer vétilleux. Pourquoi vouloir dénicher une contradiction alors que Breton a raconté lui-même que, selon la procédure méfiante et bureaucratique du Parti communiste, il eut à subir une série d’examens de passage devant des commissions après son adhésion ? Le fait qu’une de ces séances se soit tenue le 14 janvier ne dément nullement le témoignage d’Aragon. Branko Aleksic aurait mieux fait de consulter les Entretiens de 1952, où Breton évoque entre autres lieux de comparution « un préau d’école de la rue Duhesme » : il est très probable qu’il s’agit là du lieu de réunion du « rayon » du 18 e arrondissement3.

« II. Notices biographiques »

Le ton est donné dès le départ par les termes de cette annonce :

« Plusieurs notices sur les personnes évoquées par Breton, mêlent esprit non-critique et anachronismes. Dénuées du sens critique objectif, ces notices biographiques contiennent des lacunes (exemple : Marcel Noll), des répétitions (un autre exemple : James Brown alias Pierre Morhange), voire des opinions préjudiciables (un dernier exemple : Gala Éluard-Dali). »

Nous ne nous attarderons guère sur le reproche dérisoire adressé aux éditeurs d’avoir fait deux fois allusion dans le tome I (pages 1342 et 1605) à un article publié par Pierre Morhange dans Philosophies. Branko Aleksic déforme le titre en Philosophie, peu soucieux d’un pluriel qui, très concerté par les initiateurs de la revue, frappe tout de suite sur la grande couverture blanche.

Le cas Marcel Noll : venons-en aux passages longs et touffus où notre censeur promène un regard inquisiteur sur les mentions que l’apparat critique de Marguerite Bonnet fait de cet acteur du mouvement surréaliste, ainsi que sur l’effacement de son nom — par le fait de Breton — dans la réédition de Nadja. Les choses sont simples : avec Noll, il y eut pendant plusieurs années un vrai compagnonnage, auquel des errements dans la gestion de la Galerie surréaliste et dans le négoce des tableaux mirent le point final en 1928. Dénuée de ménagements, une lettre d’Eluard à Joë Bousquet du 17 octobre 1928 fait ressortir le ton modéré de Marguerite Bonnet : « Vous a-t-on prévenu des infamies (et la lâcheté) du sieur Noll ? Ceci dit pour qu’il n’abuse pas de votre ignorance. Il est très désagréable d’être méprisé, bafoué, escroqué4. » Faut-il sourire ou s’affliger de voir Branko Aleksic attribuer à ceux qu’il tance des visées tortueuses, comme si un sombre complot s’était ourdi contre Noll ? Nous cherchons vainement une explication.

Le cas Gala Eluard : Branko Aleksic prend à partie Marguerite Bonnet pour une note sur Gala, appelée par la dédicace du poème « Épervier incassable » dans Clair de terre5. L’attaque prend ici une tournure trop déplaisante et injurieuse pour ne pas être citée :

« Cela aurait dû suffire pour justifier un commentaire sur les rapports Breton-Gala au sein du cercle surréaliste dans les années 1920. Mais la notice de la page 1199, trois lignes, renvoie sèchement au Dictionnaire général du surréalisme composé par Breton et Éluard (soit seize ans plus tard…), et aux Lettres à Gala de Paul Éluard (posthume, 1984) ! L’anachronisme cache une méchanceté caractérisée : la notice du Dictionnaire…, n’est qu’une citation de Salvador Dali : « GALA. – Femme violente et stérilisée. » (Breton, OC III, p. 812). » 

Il y a d’abord ici une méprise grave de la part de Branko Aleksic, qui mélange les livres et les époques. 

Apparemment, il ignore l’ouvrage de référence bien connu qu’est le gros Dictionnaire général du surréalisme publié aux P.U.F. en 1982 sous la direction d’Adam Biro et René Passeron. L’apparat critique renvoyait naturellement à cet instrument de travail qui fournit une notice substantielle sur Gala Eluard. Du reste, les références au dictionnaire des P.U.F. abondent dans notre édition, comme l’annonce l’Avertissement en tête du premier volume (p. LXX). Si Branko Aleksic avait été un lecteur moins pressé et moins acharné à pourfendre, il aurait évité la confusion risible avec le Dictionnaire abrégé (et non général) du surréalisme, celui-là publié en 1938 par Breton et Eluard à la Galerie des beaux-arts à l’occasion de la grande exposition surréaliste. Ancrée dans l’actualité de 1938, cette brochure poétique et polémique est à cent lieues du répertoire à visée historique et documentaire des P.U.F.

Quant à la réprobation exprimée devant l’ « anachronisme » que constituerait le renvoi à l’édition « posthume » des Lettres à Gala de Paul Eluard (sans accent), elle nous replonge dans la perplexité. Marguerite Bonnet avait-elle tort de citer cette excellente édition de 1984 (forcément posthume), établie et annotée par un petit-fils, M. Pierre Dreyfus ? Les lettres échangées au fil des années entre Eluard et Gala font revivre le mouvement surréaliste, et au présent.

«III Identification des sources de Breton : Kant, Sade »

Passons sur les allégations peu amènes qui suggèrent que les éditeurs scientifiques ont eu la tâche facile en trouvant une « aide essentielle » dans les annotations que Breton aurait semées dans les marges de ses exemplaires personnels. Oui, certains volumes de la bibliothèque de la rue Fontaine portaient des signes marginaux (des croix, parfois des accolades ou des signets), comme cela est signalé dans l’apparat critique. Mais c’est bien la lecture, faite à la Bibliothèque nationale ou à la Bibliothèque de la Sorbonne, de tous les livres de Hegel dans les traductions anciennes de Charles Bénard et surtout d’Augusto Vera (dont l’œuvre ne se réduit pas à « un ouvrage critique », comme affirmé ici) qui a permis à Marguerite Bonnet et à Étienne-Alain Hubert de localiser toutes les citations ou allusions.

S’agissant de la citation de Kant sur laquelle s’ouvre le texte de janvier 1920 « Giorgio de Chirico » de 1920, nous reconnaissons de bonne grâce que nous ne l’avions pas identifiée du premier coup. Le hasard a voulu qu’à peine le volume sorti, l’erreur fut repérée. Comme d’autres, elle est réparée dans le retirage de 1999 du tome I et naturellement dans le suivant, comme chacun peut le vérifier. Dont acte.

En revanche, nous suivrons difficilement dans leurs méandres les considérations de Branko Aleksic sur la place de Kant dans l’horizon philosophique de Breton. Échantillon :

« “ L’égarement d’un philosophe… ” (exemple d’une dualité d’esprit dans Les Pas perdus, p. 294) est attribué par Marguerite Bonnet au personnage de Pascal (p. 1323). Mais cela peut bien être quelque autre philosophe, Kant lui-même par exemple. »

Eh bien, non : c’est sans conteste le Pascal des « deux Infinis », particulièrement cher à Breton, qui est concerné. Quant aux formules sur Kant qui sont contenues dans le « Projet pour la Bibliothèque de Jacques Doucet » et dont l’extrême généralité fait penser qu’elles proviennent d’un dictionnaire ou d’un manuel , elles semblent attribuables à Aragon, co-rédacteur du texte.

Doit-on s’attarder sur d’autres commentaires réprobateurs, tel celui qui concerne la mention par Breton de « la distraction de la femme chez Kant » ? Marguerite Bonnet s’étant référée à De l’Allemagne de Henri Heine, notre correcteur intraitable adjoint au prénom Henri un sic vengeur. Il aurait pu s’en dispenser, compte tenu de la préférence du poète pour cette forme française qui figure bien sur la page de titre de De l’Allemagne, qu’il s’agisse des éditions les plus anciennes ou de la réédition de 1989 chez Gallimard.

Une autre « source » aurait échappé aux annotateurs :

« Tome I, p. 263 : le manifeste dadaïste « Lâchez tout » (1922), nous parle de la passion des idées. « Pardonnez-moi de penser que, contrairement au lierre, je meurs si je m’attache. » Il s’agit vraisemblablement d’une paraphrase de Descartes : (« il existe des hommes lierres, qui ne pensent pour soi-même ») »

Mais il suffit d’ouvrir n’importe quel dictionnaire encyclopédique à l’article lierre pour trouver citée la devise Je m’attache ou je meurs, avec sa variante Je meurs où je m’attache. Quant à la comparaison de certains esprits avec le lierre chez Descartes, elle n’a guère cette signification : elle veut montrer que les suiveurs d’une grande philosophie s’élèveront toujours moins haut que l’arbre auquel ils sont attachés.

L’annotation de Fata Morgana dans le tome II offre à Branko Aleksic une nouvelle occasion de fusiller la Pléiade :

«  une longue notice, p. 1794-1795, discute la proposition d’Henri Desoubeaux (Mélusine, n° XI, 1990), selon laquelle le récit de Sade, Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France, peut être identifié comme source des vers de Breton. E.-A. Hubert conclut que « pour l’ensemble de la tradition Isabeau de Bavière n’est pas, à l’époque de son mariage, le monstre de séduction et de perversité qu’elle est chez Sade. » Mais Breton citera Sade dans l’article « Isabeau », Lexique succinct de l’érotisme surréaliste, 1959 ! »

 

Bien convaincus que l’erreur est humaine, laissons Branko Aleksic s’accrocher à l’idée que Breton en 1940 aurait été inspiré par l’Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France de Sade. Tant pis si ce texte n’est sorti de l’ombre qu’en 1953 grâce à Gilbert Lely et avec ce sous-titre explicite : publiée pour la première fois sur le manuscrit autographe inédit avec un avant-propos par Gilbert Lely.

Nous ajouterons qu’il n’existe aucun élément objectif permettant d’attribuer à Breton l’article anonyme Isabeau du « Lexique succinct de l’érotisme » — et non pas « de l’érotisme surréaliste », comme l’écrit notre juge, décidément brouillé avec les titres. Et que l’on nous permette de conseiller aux familiers de la revue numérique Astu de relire dans la Pléiade la « longue notice » consacrée à Fata Morgana : peut-être y trouveront-t-ils un peu plus de documentation et de réflexion que ne le laisse penser le commentaire partiel et partial de Branko Aleksic.

Toujours à propos du tome III, Branko Aleksic s’en prend à l’annotation du texte « Derrière le rideau », reprochant à É.-A. Hubert de s’être contenté d’une référence au lieu de fournir des éléments d’information sur la revue Troisième convoi. Et il nous fait encore la leçon :

« Le Troisième Convoi a été publié entre 1945 et 1951, avec cinq numéros en tout (réédités par Fourbis, 1998). Jean Maquet et Michel Fardoulis-Lagrange en ont été les fondateurs. Ils ont invité Breton à y collaborer. Il avait répondu favorablement, quand, en préparant son envoi, il a été surpris par l’attaque de Maquet dans la revue même ! »

D’abord, notre censeur se trompe de cible : l’apparat critique du texte est signé de Marie-Claire Dumas. Et ce traqueur de la redite aurait pu se souvenir que l’évocation de la revue Troisième convoi avait déjà été faite par Marguerite Bonnet et Étienne-Alain Hubert dans le tome II à l’occasion du surgissement de l’expression « deuxième convoi » dans LesVases communicants6.

« IV. Cinq poèmes de Breton prépubliés dans L’Impossible »

Cette fois, c’est notre regretté ami José Pierre, annotateur du Revolver à cheveux blancs dans le tome II, qui se trouve pris à partie pour n’avoir pas mentionné la prépublication de cinq poèmes dans l’almanach Nemoguce-L’Impossible, alors que Marguerite Bonnet en fait état avec une précision reconnue par Branko Aleksic à propos de la réponse de Breton à l’enquête sur le désir lancée par Ristic. Dont acte.

S’ensuit en conclusion cette condamnation aux attendus pesants :

« Pour qu’un lecteur avisé tire les bonnes déductions de ces renseignements, a posteriori, il faut alors passer par une critique négative des propos antérieurs erronés de José Pierre, collaborateur du volume II : constater un manque de coordination, voire une absence de relectures et d’homogénéisation de l’appareil critique dans les Œuvres complètes de Breton dans la Pléiade. »

Avons-nous tort d’attendre du « lecteur avisé » un jugement plus équilibré ? Les quatre volumes de la Pléiade représentent l’établissement de 4681 pages de textes de Breton et la rédaction de 2138 pages de préfaces, chronologies, notices et notes, en très petit corps dans les tomes III et IV. Comme dans toute entreprise de cette ampleur, il est inévitable que se soient glissées des imperfections auxquelles les retirages donnent l’occasion de remédier. Alors que, la publication étant achevée, il nous est loisible de jeter un regard en perspective sur les quatre volumes, nous osons croire que Marguerite Bonnet et nous-mêmes dans son sillage avons servi l’œuvre d’André Breton. Et nous pouvons penser que nous n’avons pas démérité non plus des exigences auxquelles les responsables de la Bibliothèque de la Pléiade, ainsi que leurs collaborateurs, sont à juste titre attachés. Au fil de ces années de réalisation, nous avons pu mesurer combien leurs conseils et leur contrôle se sont avérés essentiels pour les éditeurs scientifiques que nous étions.

Mais vaut-il la peine de développer davantage notre point de vue, dont tout lecteur attentif et de bonne foi saura apprécier la légitimité ? Comme l’écrivait Freud à Breton le 26 décembre 1932, « Tant de bruit... ».

Paris, le 3 mai 2009

1. melusine .univ-paris3.fr/ astu /Aleksic_BretonOC.htm.

2. Relevons au passage que le directeur de la Pléiade était alors M. Jacques Cotin et non « Jean Cottin », comme l’écrit Branko Aleksic.

3. Tome III, p. 508-509. Ajoutons que les cellules de rue ou d’usine étaient groupées en rayons, les rayons étant regroupés à l’échelon départemental.

4 Lettres à Joë Bousquet, éd. Lucien Scheler, Les Éditeurs français réunis, 1973, p. 50. Lucien Scheler précise dans une note : « Marcel Noll dirigeait à l’époque la Galerie surréaliste. Breton n’était pas sans partager l’opinion exprimée ici par Eluard. »

5.Tome I, p. 160.

6. Voir tome II, p. 1412. Nous avions écrit à propos de « deuxième convoi » : « Comment comprendre cette expression ? Breton veut-il dire que ses amis et lui représentent par rapport à la Révolution russe une deuxième génération qui peut attendre d’elle autre chose que ceux qui en ont été les artisans ? En octobre 1945, vit le jour une revue, Troisième convoi, rappelant cette phrase des Vases communicants. Ses fondateurs, Michel Fardoulis-Lagrange (que nous remercions de ce renseignement) et Jean Maquet signifiaient par là que, représentant par rapport au surréalisme une nouvelle génération, ils entendaient non le rejeter, mais aller plus loin dans le sens de l’intériorité. » — Le présent débat, dérisoire, donne l’occasion à É.-A. Hubert de se reporter avec nostalgie aux échanges écrits ou oraux, toujours en amitié profonde, qu’il lui fut donné d’avoir avec l’être de grande stature que fut Michel Fardoulis-Lagrange.