TROIS CERISES ET UNE SARDINE, 1936 CE QUI s’élève d’un champ de blé ne ressemble pas forcément à un pot à eau pas plus que ce qui mange les trônes ne ressemble à un wagon-lit où des cerveaux en feu jaillissent des pluies de sensitives qui imitent parfois les danseuses remontant leur jarretière ce qui permet au spectateur caché derrière un artichaut de cristal souriant comme un arbre secret arraché qui inonde la campagne où ne pousseront plus que des avertisseurs d’incendie en forme de pantalons de femme ce qui permet dis-je au spectateur à tête de palissade couverte de capucines de dépaver sa rue une enseigne de bordel à la main mais s’il avait un parapluie d’enfant pendu aux oreilles et les côtes en forme d’Ophélie il respirerait aussi tranquillement qu’un baryton pané gardant un champ de cerisiers morts à cause de l’éclatement du soutien-gorge des bourgeons dont la sève transparente dans la pénombre des cinémas s’envolerait au passage des tramways qui ne deviendraient jamais des chamois comme les ruines fumantes au sourire de rue barrée dont la sève d’humeur sombre comme un pneu poignardé ou joyeuse comme une église transformée en abattoir lit le journal du soir où l’on raconte comment la barbe d’un vétéran de la grande guerre sert de porte-plume à ses petits-enfants qui me font irrésistiblement penser à une réclame de chocolat offrant des tickets-primes à tout acheteur Cependant la grande lutte qui oppose le charbon aux soutiers ne se terminera que par la victoire des étoiles de mer qui se brossent les dents avec un cierge de groseille aux yeux clos comme un volcan qui contemple son sperme en route vers la mer et malgré les scorpions qui se suicident entre ses flammes n’hésite pas à massacrer quelques douzaines de seins de grand-mères ou de signaux de chemin de fer qui deviendront si facilement du mâchefer pour édredons agités de soubresauts convulsifs à la manière des aubépines en fleurs Et les yeux roussis par les pastèques verront dans un nuage de moustaches de grandes serrures molles se balancer comme des trompes d’éléphants à seins de Mi-Carême à pieds de sourires à jambes d’oscillations frénétiques rappelant de loin il est vrai les tremblements nerveux des sources du Nil où naquit la danse de Saint-Guy dans une coquille de noix amère comme un coup de pied au cul attendu depuis l’apparition au-delà des champs de navets et de tulipes croisés comme des épées prêtant serment de la lune dans un pot de confitures usé comme une sauterelle qui pourrait remplacer une gondole propulsée par les éternuements des rameurs aussi facilement qu’un gobe-mouches tatoué comme un pape dans une source thermale où l’on soigne les verrues lumineuses qui croissent à l’intérieur des vieux crânes célèbres avale les plus profonds soupirs qui se camouflent parfois en bains de lait orageux comme un mouton parfois en brute épaisse qui rêve de dentelles comme un haricot au clair de lune
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© Mélusine 2011 |
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