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NOUVELLE SÉRIE N°13

P.1 UN COEUR SOUS UNE SOUTANE

INTIMITÉS D'UN SÉMINARISTE

FRAGMENTS *

* Le texte intégral sera édité prochainement par les soins de M. Ronald Davis, 160, rue du Faubourg Saint-Honoré.

On a publié d'Arthur Rimbaud jusqu'à ses devoirs scolaires. On a tenté par tous les moyens de le travestir en bon élève. Enfin, on a falsifié ses lettres pour tirer de sa vie une moralité commode. Cela autorise et justifie la publication dans Littérature d'un inédit que nous tenons de Paterne Berrichon. Ce texte écrit au collège vaut bien ce qu'on tente en maints endroits de nous faire prendre pour l'oeuvre de Rimbaud, il contredit l'idée de Rimbaud qu'on tente un peu partout de nous imposer. Il nous est impossible de le donner ici en entier. On nous excusera de nous borner à de longues citations, que nous avons cru devoir réunir par le résumé aussi bref que possible des passages omis.

1er Mai 18..

... Voici le printemps. Le plant de vigne de l'Abbé XXX bourgeonne dans son pot de terre : l'arbre de la cour a de petites pousses tendres comme des gouttes vertes sur ses branches ; l'autre jour, en sortant de l'étude, j'ai vu à la fenêtre du second quelque chose comme le champignon nasal du Sup. XXX. Les souliers de J... sentent un peu ; et j'ai remarqué que les élèves sortent souvent pour ... dans la cour ; eux qui vivaient à l'étude comme des taupes, rentassés, enfoncés dans leur ventre, tendant leur face rouge vers le poèle, avec une haleine épaisse et chaude comme celle des vaches ! Ils restent fort longtemps à l'air, maintenant, et, quand ils reviennent, ricanent, et referment l'isthme de leur pantalon fort minutieusement, - non, je me trompe, fort lentement, - avec des manières, en semblant se complaire, machinalement, à cette opération qui n'a rien en soi que de très futile...

P.2 Le séminariste transcrit sur son journal un poème qu'il vient de faire : mais son journal, volé, est porté au Supérieur qui lui en demande compte :

Il se tut... - Puis : Le jeune XXX m'a fait un rapport où il constate chez vous un écartement de jambes, de jour en jour plus notoire, dans votre tenue à l'étude ; il affirme vous avoir vu vous étendre de tout votre long sous la table, à la façon d'un jeune homme... dégingandé. Ce sont des faits auxquels vous n'avez rien à répondre... Approchez-vous, à genoux, tout près de moi ; je veux vous interroger avec douceur ; répondez : vous écartez beaucoup vos jambes, à l'étude ?

Puis il me mettait la main sur l'épaule, autour du cou, et ses yeux devenaient clairs, et il me faisait dire des choses sur cet écartement des jambes... Tenez, j'aime mieux vous dire que ce fut dégoûtant, moi qui sais ce que cela veut dire, ces scènes-là !...

Ainsi, on m'avait mouchardé, on avait calomnié mon coeur et ma pudeur, - et je ne pouvais rien dire à cela, les rapports, les lettres anonymes des élèves les uns contre les autres, au sup. XXX, étaient autorisées et commandées, - et je venais dans cette chambre me f... sous la main de ce gros !... Oh ! le Séminaire !...

....

12 Mai ...

Ne devinez-vous pas pourquoi je meurs d'amour ?

La fleur me dit : salut ; l'oiseau me dit bonjour :

Salut : c'est le printemps ! c'est l'ange de tendresse ?

Ne devinez-vous pas pourquoi je bous d'ivresse ?

Ange de ma grand'mère, ange de mon berceau,

Ne devinez-vous pas que je deviens oiseau,

Que ma lyre frissonne et que je bats de l'aile

Comme l'hirondelle ?...

J'ai fait ces vers-là hier, pendant la récréation ; je suis entré dans la chapelle, je me suis enfermé dans un confessionnal, et là, ma jeune poésie a pu palpiter et s'envoler, dans le rêve et le silence, vers les sphères de l'amour. Puis, comme on vient m'enlever mes moindres papiers dans mes poches, la nuit et le jour, j'ai cousu ces vers-là au bas de mon dernier vêtement, celui P.3 qui touche immédiatement à ma peau, et, pendant l'étude, je tire, sous mes habits, ma poésie sur mon coeur et je la presse longuement en rêvant...

Un jour de sortie, il rend pour la première fois visite à un habitué à son feu père, Monsieur Césarin Labinette :

... Je me présentai à Monsieur Labinette qui m'obligea beaucoup en me reléguant, sans mot dire, dans sa cuisine. Sa fille Thimothina resta seule avec moi, saisit un linge, essuya un gros bol ventru en l'appuyant sur son coeur, et me dit tout à coup après un long silence : Eh bien, Monsieur Léonard ?..

Jusque-là, confondu de me voir avec cette jeune créature dans la solitude de cette cuisine, j'avais baissé les yeux et invoqué dans mon coeur le nom sacré de Marie : je relevai le front en rougissant, et, devant la beauté de mon interlocutrice, je ne pus que balbutier un faible : Mademoiselle ?...

Thimothina ! tu étais belle ! Si j'étais peintre, je reproduirais sur la toile tes traits sacrés sous ce titre : la Vierge au bol ! Mais je ne suis que poète et ma langue ne peut te célébrer qu'incomplètement...

La cuisinière noire avec ses trous où flamboyaient les braises comme des yeux rouges, laissait échapper de ses casseroles, à minces filets de fumée, une odeur céleste de soupe aux choux et de haricots ; et, devant elle, aspirant avec ton doux nez l'odeur de ces légumes, regardant ton gros chat avec tes beaux yeux gris, ô Vierge au bol, tu essuyais ton vase ! Les bandeaux plats et clairs de tes cheveux se collaient pudiquement sur ton front jaune comme le soleil ; de tes yeux courait un sillon bleuâtre jusqu'au milieu de ta joue comme à Santa Teresa ! Ton nez, plein de l'odeur des haricots, soulevait ses narines délicates ; un duvet léger serpentant sur tes lèvres ne contribuait pas peu à donner une belle énergie à ton visage ; et, à ton menton, brillait un beau signe brun où frissonnaient de beaux poils follets : tes cheveux étaient sagement retenus à ton occiput par des épingles, mais une courte mèche s'en échappait... Je cherchai vainement tes seins ; tu n'en as pas ; tu dédaignes ces ornements mondains : ton coeur est tes seins !... Quand tu te retournas pour frapper de ton pied large ton chat doré, je vis tes omoplates saillant et soulevant ta robe et je fus percé d'amour, devant le tortillement gracieux des deux arcs prononcés de tes reins !...

Dès ce moment, je t'adorai : j'adorai non pas tes cheveux, non pas tes omoplates, non pas ton tortillement inférieurement postérieur : ce que j'aime en une femme, en une vierge, c'est la modestie sainte : ce qui me fait P.4 bondir d'amour, c'est la pudeur et la pitié ; c'est ce que j'adorai en toi, jeune bergère !...

Et quand Léonard prend congé, Thimothina lui offre avec une adorable obligeance une paire de chaussettes blanches :

- Voulez-vous cela pour vos pieds, Monsieur Léonard ?

16 Mai...

Thimothina ! je t'adore, toi et ton père, toi et ton chat...

Thimothina :   Vo devotionis   Ora pro nobis !

   Rosa Mystica

   Turris Davidica

   Coeli porta

   Stella Maris

18 Mai...

Menci à l'Esprit Saint qui m'a inspiré ces vers charmants : ces vers, je vais les enchâsser dans mon coeur : et, quand le ciel me donnera de revoir Thimothina, je les lui donnerai, en échange de ses chaussettes !...

Je l'ai intitulée « La Brise » :

Dans sa retraite de coton

Dort le zéphyr à douce haleine :

Dans son nid de soie et de laine

Dort le zéphyr au gai mouton !

Quand le zéphyr lève son aile

Dans sa retraite de coton,

Quand il court où la fleur l'appelle,

Sa douce haleine sent bien bon !

O brise quintessenciée !

O quintessence de l'amour !

Quand la rosée est essuyée,

Comme ça sent bon dans le jour !

P.5Jésus ! Joseph ! Jésus ! Marie !

C'est comme une aile de condor

Assoupissant celui qui prie !

Ça nous pénètre et nous endort !

....

La fin est trop intérieure et trop suave : je la conserve dans le tabernacle de mon âme. A la prochaine sortie, je lirai cela à ma divine et odorante Thimothina.

Attendons dans le calme et le recueillement.

....

Le 15 juin, il se présente à nouveau chez les Labinette. M. Labinette l'introduit :

Il traversa la cuisine, et j'entrai après lui dans un salon. Oh ! ce salon ! je l'ai fixé dans ma mémoire avec les épingles du souvenir ! La tapisserie était à fleurs brunes ; sur la cheminée, une énorme pendule en bois noir, à colonnes ; deux vases bleus avec des roses ; sur les murs, une peinture de la bataille d'Inkermann ; et un dessin au crayon d'un ami de Césarin, représentant un moulin avec sa meule souffletant un petit ruisseau semblable à un crachat, dessin que charbonnent tous ceux qui commencent à dessiner. La poésie est bien préférable !...

Dans le salon se trouvent déjà Thimothina, un ancien sacristain et sa femme. Léonard s'assied dans un coin, derrière le sacristain, tandis que les Messieurs parlent sans s'occuper de lui.

Je commençai par me pencher du côté de Thimothina, en levant les yeux au ciel. Elle était retournée. Je me relevai, et, la tête baissée vers ma poitrine, je poussai un soupir. Elle ne bougea pas. Je remis mes boutons, je fis aller mes lèvres, je fis un léger signe de croix ; elle ne vit rien. Alors, transporté, furieux d'amour, je me baissai très fort vers elle, en tenant mes mains comme à la communion et en poussant un ah !... prolongé et douloureux ; Miserere ! tandis que je gesticulais, que je priais, je tombai de ma chaise P.6 avec un bruit sourd, et le gros sacristain se retourna en ricanant, et Thimothina dit à son père :

- Tiens, Monsieur Léonard qui coule par terre !

Son père ricana ! Miserere !

Le sacristain me repiqua, rouge de honte et faible d'amour, sur ma chaise rembourrée, et me fit une place. Mais je baissai les yeux, je voulus dormir ! Cette société m'était importune, elle ne devinait pas l'amour qui souffrait là dans l'ombre : je voulus dormir ! mais j'entendis la conversation se tourner sur moi !...

Je rouvris faiblement les yeux...

Césarin et le sacristain fumaient chacun un cigare maigre, avec toutes les mignardises possibles, ce qui rendait leurs personnes effroyablement ridicules. Madame la sacristaine, sur le bord de sa chaise, sa poitrine cave penchée en avant, ayant derrière elle tous les flots de sa robe jaune qui lui bouffaient jusqu'au cou, et épanouissant autour d'elle son unique volant, effeuillant délicieusement une rose ; un sourire affreux entr'ouvrait ses lèvres, et montrait à ses gencives maigres deux dents noires, jaunes comme la faïence d'un vieux poèle. Toi, Thimothina, tu étais belle avec ta collerette blanche, tes yeux baissés et tes bandeaux plats !

- C'est un jeune homme d'avenir, son présent inaugure son futur, disait en laissant aller un flot de fumée grise le sacristain.

- Oh, Monsieur Léonard illustrera la robe ! nazilla la sacristaine dont les deux dents parurent !...

Moi je rougissais à la façon d'un garçon de bien ; je vis que les chaises s'éloignaient de moi et qu'on chuchotait sur mon compte...

Thimothina regardait toujours mes souliers ; les deux sales dents me menaçaient... le sacristain riait ironiquement : j'avais toujours la tête baissée !...

- Lamartine est mort... dit tout à coup Thimothina.

Chère Thimothina ! C'était pour ton adorateur, pour ton pauvre poète Léonard, que tu jetais dans la conversation ce nom de Lamartine ; alors je relevai le front, je sentais que la pensée seule de la poésie allait refaire une virginité à tous ces profanes, et je sentais mes ailes palpiter, et je dis, rayonnant, l'oeil sur Thimothina :

« Il avait de beaux fleurons à sa couronne, l'auteur des Méditations poétiques ! »

P.7 - Le cygne des vers est défunt, dit la sacristaine.

- Oui, mais il a chanté son chant funèbre, repris-je enthousiasmé.

- Mais, s'écria le sacristain, Monsieur Léonard est poète aussi ! Sa mère m'a montré l'an passé des essais de sa muse...

Je jouai d'audace : - Oh ! Madame, je n'ai apporté ni ma lyre, ni ma cithare, mais...

- Oh ! votre cithare, vous l'apporterez un autre jour...

- Mais, ce néanmoins, si cela ne déplaît pas à l'honorable - et je tirai un morceau de papier de ma poche, - je vais vous lire quelques vers... Je les dédie à Mademoiselle Thimothina.

- Oui ! oui ! jeune homme ! très bien ! Récitez, récitez. Mettez-vous au bout de la salle...

Je me reculai... Thimothina regardait mes souliers... La sacristaine faisait la Madone ; les deux messieurs se penchaient l'un vers l'autre... Je rougis, je toussai, et je dis en chantant tendrement :

Dans sa retraite de coton

Dort le zéphyr à douce haleine

Dans son nid de soie et de laine

Dort le zéphyr au gai mouton.

Toute l'assistance pouffa de rire : les messieurs se penchaient l'un vers l'autre en faisant de grossiers calembours ; mais ce qui était surtout effroyable, c'était l'air de la sacristaine, qui, l'oeil au ciel, faisait la mystique, et souriait avec les dents affreuses ! Thimothina, Thimothina crevait de rire ! Cela me perça d'une atteinte mortelle, Thimothina se tenait les côtes !...

Un doux zéphyr dans du coton, c'est suave, c'est suave !... faisait en reniflant le père Césarin...

Je crus m'apercevoir de quelque chose... Mais cet éclat de rire ne dura qu'une seconde, tous essayèrent de reprendre leur sérieux, qui pétait encore de temps en temps...

- Continuez, jeune homme ; c'est bien, c'est bien !

Quand le zéphyr lève son aile

Dans sa retraite de coton...

Quand il court où la fleur l'appelle,

Sa douce haleine sent bien bon...

P.8 Cette fois un gros rire secoua mon auditoire ; Thimothina regarda mes souliers, j'avais chaud, mes pieds brûlaient sous son regard et nageaient dans la sueur, car je disais : ces chaussettes que je porte depuis un mois, c'est un don de son amour, ces regards qu'elle jette sur mes pieds, c'est un témoignage de son amour : elle m'adore !

Et voici que je ne sais quel petit goût me parut sortir de mes souliers : oh ! je compris les rires horribles de l'assemblée ! Je compris qu'égarée dans cette société méchante, Thimothina Labinette, Thimothina ne pourrait jamais donner libre cours à sa passion ! Je compris qu'il me fallait dévorer, à moi aussi, cet amour douloureux éclos dans mon coeur une après-midi de mai, dans une cuisine des Labinette, devant le tortillement postérieur de la Vierge au bol !

Quatre heures, l'heure de la rentrée, sonnait à la pendule du salon ; éperdu, brûlant d'amour et fou de douleur, je saisis mon chapeau, je m'enfuis en renversant une chaise, je traversai le corridor en murmurant : J'adore Thimothina, et je m'enfuis au séminaire sans m'arrêter...

Les basques de mon habit noir volaient derrière moi, dans le vent, comme des oiseaux sinistres !

....

30 Juin...

Désormais, je laisse à la muse divine le soin de bercer ma douleur ; martyr d'amour à dix-huit ans, et, dans mon affliction, pensant à un autre martyr du sexe qui fait nos joies et nos bonheurs, n'ayant plus celle que j'aime, je vais aimer la foi ! Que le Christ, que Marie me prennent sur leur sein ; je les suis, je ne suis pas digne de dénouer les cordons des souliers de Jésus ; mais ma douleur ! mais mon supplice ! Moi aussi, à dix-huit ans et sept mois, je porte une croix, une couronne d'épines ! mais, dans la main, au lieu d'un roseau, j'ai une cithare ! Là sera le dictame à ma plaie !...

....

ARTHUR RIMBAUD.

P.9 EPITHALAME

Il est trop tard, il est trop tard, l'homme a pris ma soeur

Aux mamelles tentantes en la tristor des soirs,

Et je n'ai pu vouloir sous les étoiles habituelles

Ecouter les baisers qui lui donnait l'Amant.

La chasse, ô soeur, la chasse a corné dans les nuits,

Les corneurs au loin ont fait un vain bruit,

Et la tête mourante a déchiré ton sein

Pour réchauffer le front trahi du morne Saint.

Rêvons ! Rêvons, ô soeur ! - Tes tresses magnifiques ! -

As-tu des rêves d'or de femme prolifique ?

Et puis ce rêve est nul avec d'autres comas,

Et c'est à toi qu'il dit que jamais tu n'aimas.

O soeur, vierge impudique, qui reviens de là-bas

Ne t'es-tu pas livrée au mage des sabbats ?

Le désir de savoir ce que là tu fis nue,

Dis, ce sera pareil, ce conte inconnu,

Pareil à vos amours, livres non encor lus ?

La volonté, la volonté, oh ! de ce ce que tu voulais.

Enfant aux seins trop durs, pointes-rubis balais ;

O enfant, ô soeur, pourquoi t'es-tu livrée ? -

A tes pieds, l'aurore jeta ses fleurs de lauriers-roses ;

Et ta fleur, et ton sein, et la nuit, et l'hypnose

M'ont fait mourir un peu, ô Belle au bois dormant !

Attendant le galop du cheval de l'amant.

Or, tu partis en croupe, le Mage te baisa,

Sur les yeux, sur les seins, sur la bouche il osa !

O dis, ô dis, ô soeur, dis-moi ce qu'il n'osa !...

Et te voilà revenue, pantelante, ô ma soeur !

De ce pays de feu où les femmes vont nues,

C'est à notre ami Albert Savinio que nous devons communication de ces deux poèmes inédits.

P.10 Où les membres sont noirs aux hommes qui t'aimèrent,

Où de longs corps se pâment au coin des carrefours,

Où l'on tranche la tête au soleil chaque jour

Pour qu'il verse son sang en rayons sur la terre.

L'IGNORANCE

ICARE

Soleil, je suis jeune et c'est à cause de toi,

Mon ombre pour être fauste je l'ai jetée.

Pardon, je ne fais pas plus d'ombre qu'une étoile

Je suis le seul qui pense dans l'immensité.

Mon père m'apprit les détours du labyrinthe

Et la science de la terre et puis mourut

Et depuis j'ai scruté longtemps la vieille crainte

Du ciel mobile et me suis nourri d'herbes crues.

Les oracles, c'est vrai, désapprouvaient ce zèle

Mais nul dieu pour tout dire n'est intervenu

Et pieux j'ai peiné pour achever les ailes

Qu'un peu de cire fixe à mes épaules nues.

Et j'ai pris mon essor vers ta face splendide

Les horizons terrestres se sont étalés

Des déserts de Lybie aux palus méotides

Et des sources du Nil aux brumes de Thulé.

Soleil, je viens caresser ta face splendide

Et veux fixer ta flamme unique, aveuglement.

Icare étant céleste et plus divin qu'Alcide

Et son bûcher sera ton éblouissement.

UN PATRE

Je vois un dieu oblong flotter sous le soleil.

Puisse le premier dieu visible s'en aller

P.11 Et si c'était un dieu mourant cette merveille

Prions qu'il tombe ailleurs que dans notre vallée.

ICARE

Pour éviter la nuit, ta mère incestueuse,

Dieu circulaire et bon je flotte entre les nues

Loin de la terre où vient, stellaire et somptueuse,

La nuit cette inconnue parmi les inconnus.

Et je vivrai par ta chaleur et d'espérance.

Mais, ton amour, soleil, brûle divinement

Mon corps qu'être divin voulut mon ignorance

Et ciel ! Humains ! je tourne en l'éblouissement.

BATELIERS

Un dieu choit dans la mer, un dieu nu, les mains vides

Au semblant des noyés il ira sur une île

Pourrir face tournée vers le soleil splendide.

Deux ailes feuillolent sous le ciel d'Ionie.

GUILLAUME APOLLINAIRE.

MA COLLABORATION A LITTÉRATURE

ROGER VITRAC.

P.12 ANDRÉ BRETON OU "FACE A L'INFINI"

Le stéréoscope traditionnel qui superpose sans cesse de nouveaux plans au passé, certains d'entre nous l'ont brisé. Robert Desnos d'il y a deux minutes est contemporain de Charlemagne et d'Andromaque. A chaque fraction de temps qu'il nous plait de considérer entre nos cils s'accomplissent la fin du monde et la genèse. Le monde date de maintenant et le passé n'est pour nous qu'un dossier uniforme et plat comme un miroir où notre souffle fait apparaître le givre du rêve quand nous y constatons notre vie, où l'avenir se reflète si nous nous plaçons hors de son champ. J'ai mis au monde ainsi un certain nombre de personnages historiques et d'événements fabuleux. Je suis l'auteur, entre autres choses, de tous les livres qui constituent ma bibliothèque.

Cette tête de nègre qui grimace là-bas, cette hanche nue et frémissante, cette main fatidique, ce groupe d'hommes, mes amis, quand je les atteindrai se transformeront en jeux de lumières et d'ombres (matières identiques). Quand je les aurai dépassés leur première apparence ne sera ni plus ni moins tangible qu'avant mon contrôle, ni plus ni moins tangible que leur second état vulgairement appelé réalité, ni plus ni moins tangible que moi-même.

Je confronterai en vain les formes plastiques et les idées, une mystérieuse identité du rêve et de la matière donnera à celles-ci moins de réalité, confèrera à celles-là une existence tyrannique et palpable. Les mots mêmes dont je me sers échappent au contrôle exclusif de la logique. Nos sensations n'ont de commun avec celles d'autrui que le nom et, malgré tout, ce carrefour est le théâtre d'une communion perpétuelle et d'aventures à plusieurs. Qui donc est seul ?

Ce Chanaan fabuleux, cet Eldorado non contrôlé, la solittde, nous ne le créons jamais. Quelque soit l'isolement auquel prétend notre esprit (et je nie ici bien entendu la suprématie des contingences et la supériorité de l'ensemble sur l'unité), la moindre de nos pensées crée des univers populeux autour de nous, les phrases que nous énonçons ont des significations précises dans des langues innommées dans la nôtre. Ces deux plateaux de la balance abstrait et concret sont identiques et se font mouvoir l'un l'autre. Je condamne aux chutes irrémédiables ceux qui sont incapables de faire tomber leurs rêves sous leurs sens et ceux qui croient à une intangibilité, même momentanée de la forme et de la matière. Les baguettes magiques ce sont nos doigts, nos regards, P.13 nos nerfs... et tant d'autres choses. Une oseraie féerique se courbe à notre gré dans notre esprit. Il ne tient qu'à nous de nous en servir.

De la signification même des mots jaillit une lumière surnaturelle dans laquelle les poètes ont l'habitude d'évoluer avec plus de sûreté, malgré leurs trop grandes prunelles, que les hiboux dans les ténèbres et les albatros dans l'alternative de la nuit et des lueurs de phare sur l'Océan. Dans le hall de la Gare Saint-Lazare, ce voyageur s'exténue à partir sans cesse et cet autre, plus magnifiquement fatigué, à ne pas partir. Le premier, malgré l'artifice de la locomotion, aura toujours devant les yeux le même horizon : la terre. Terrible punition du matérialiste. A l'autre, les paysages et les tribulations défendus au chemin de fer. Ceux vers qui j'agitai, tentative inutile de parlementation, mon mouchoir plus grand qu'un pays, je les retrouverai.

***

La double signification du titre choisi par André Breton est le témoignage de son inquiétude.

De ce livre à la critique vulgaire et sans imagination, il y a la distance de l'exégèse au catéchisme. Ces gens que retrouvent les initiés ne sont pas le but, mais le motif de sa méditation. Les « progrès de la civilisation » chers aux médiocres, ont du moins ce mérite de sélectionner les possibilités poétiques. Le petit truqueur littéraire devient par la force du temps écoulé un reporter de peu d'intérêt. Mais les rêves éternels, les questions insolubles, les dilemmes restent hors de portée d'une science avilie depuis le jour où elle abandonna l'empirisme et la recherche de la pierre philosophale pour la fabrication en série des sérums humanitaires et la transmutation du radium en baume pour cancéreux.

La philosophie abandonne aux spécialistes la confection des cachets et des potions. Mais l'empirique se réveille avec une pierre curieusement cristallisée dans la main. Il sourit en pensant aux savants positivistes, à toute l'engeance des expérimentateurs et des analystes, il énonce la loi de constance du rapport entre le connu et l'inconnu, la santé et la maladie, le fini et l'infini et voue au néant ceux qui s'adonnent aux spéculations sur l'un seulement de ces termes.

André Breton pose enfin la question de l'esprit moderne chère à Apollinaire. J'entends déjà ricaner les littérateurs à la mode, gens de peu, qui trouvent incompatibles l'éternité et le modernisme. Pauvres gens, c'est eux qui P.14 sont incomparables avec l'une et l'autre. Ne vont-ils pas dire bientôt que nous sommes obscurs ? C'est eux les obscurs !

Quel que soit l'objet proposé à la compréhension, c'est celui qui ne comprend pas qui est dans les ténèbres. (« Il n'y a rien d'incompréhensible », a dit quelqu'un que vous ne méritez pas de connaître).

L'éternité appartient en propre aux idéalistes, l'immortalité aux matérialistes. Préoccupé de la morale, c'est-à-dire du sens de la vie, et non de l'observance des lois humaines, André Breton par son amour de la vie exacte et de l'aventure, redonne son sens propre au mot « religion ». La gravité, qui caractérise sa pensée, participe de l'équilibre cosmique et ne saurait en rien désigner l'attitude morose des gens sans imagination. Les petits farceurs n'ont pas à lire ce livre. Il se refermerait sur eux comme sur des mouches. J'ai vu un prophète, c'était un pendule ; la longueur de sa tige augmentant constamment, le champ de son mouvement s'agrandissait en proportion directe. Ceux qui l'ont contemplé n'ont pu s'empêcher de l'imaginer dans l'absolu, avec une tige infiniment grande, parcourant l'espace de son geste chronométrique. J'ai vu un constructeur de pyramides. L'équilibre en paraissait instable, mais une mathématique application des lois de la gravité les rendait intangibles.

Longtemps après la chute de celles d'Egypte j'ai regardé le vent souffler sur elles.

ROBERT DESNOS.

L'Inconnu

Tombeau idéal dans la nuit borgne où fleurit la pintade ! C'est plein de rêve comme pense le voyageur. Drôle de personnage, bien peu mystérieux en somme. Il a un visage et des cheveux bouclés, mais pourquoi n'a-t-il pas voulu les peindre aux couleurs de son pays ?

Il aime les paysages, surtout les plaines immenses, les chansons et les fourrures. Est-ce suffisant pour un homme civilisé ?

Ne faut-il pas aimer le commerce, le tabac et la musique aussi ?

Il aime les femmes, il aime l'amour, il aime tout ce qui aime et il aime surtout l'infini, l'infini splendide et l'idéal !

Or, cet homme est démodé. Si vous voulez m'en croire, il faut le regarder avec respect comme un prophète. C'est un prophète et plus qu'un prophète. Il est vraiment Dieu et c'est beaucoup dire.

JACQUES BARON.

P.15 CARNET

On appelle les papillons dans une grotte

Où du sol au plafond se produisent sans cesse de grandes étincelles...

(Début de poème)

J'ai toujours rêvé d'être un animal dans une forêt penchée.

***

La vie antérieure ? Ce qui me rend compte du passé et même de la vie n'est jamais que la mémoire. Or, rien ne s'oppose à ce que je sois doué, à chaque seconde, du pouvoir de me représenter ce qui a eu lieu, ce qui a lieu et ce qui va avoir lieu (ceci faiblement). C'est à cette différence si significative (mémoire, constatation, imagination) que je me réfère. Et si la mémoire n'était qu'un produit de l'imagination ? Je suis, autant qu'il m'est permis de le croire, homme, mais rien ne prouve que je viens de l'être et que je vais l'être, si viens et vais ont un sens (le temps). Grain de poussière, j'aurais les représentations d'un grain de poussière, ou mieux... Que sais-je ? le présent est un point. Il n'y a pas même substitution, pourquoi. Négation de la mort. Histoire de Desnos. « Je suis l'auteur de tous les livres... » Ceci se passait un jeudi (octobre 1923).

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La Mort rose (titre).

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Pour téléph. Desnos, Mlle Germaine à Paris-Soir (5 à 7).

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§ Superstitions. Pressentiments. Le langage. Je ne finis pas la phrase que j'ai commencée (commencer, finir ?) Les coïncidences. Le calcul des probabilités (voir Poë : Histoires grotesques et sérieuses, page 113, voir aussi épigraphe de Novalis à ce conte.)

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Le livre, qu'est-ce encore, architectures, ô architectures ? De la lecture et de l'impossibilité croissante du geste de lire.

P.16 ***

Aragon (le Picasso du passage Jouffroy).

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Les hommes morts avec qui l'on vivrait assez commodément : Baudelaire.

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La grande erreur d'admettre que l'homme est fait à l'image de Dieu : ce qu'il en résulte.

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« A Paul Valéry (1872-1917) » Dédicace.

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Sauve qui peut !

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Je n'ai pas connu Victor Hugo, en sorte que (le voyant traverser la rue un jour à midi et demie... 25 novembre 1923).

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Morale : ce que je fais et la conscience de ce que je pourrais faire. - Légendairement. - Dire à un chauffeur de taxi, quand...

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Aventuriers tremblants ! (titre)

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Et la flatterie !

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La tête prise dans une cornette rouge comme un coeur

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Combien m'a-t-il passé d'argent doux par les mains

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Cires : Stockmann, 12, rue Gaillon.

La Cire d'art, 20, rue N.-D. de Nazareth.

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Hôtel du Calvaire.

P.17 ***

Picasso Ely. 03-44.

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J'ai attrapé le français étant jeune (discursif).

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Boulets de canon, boulets de cassis.

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Citer de mémoire, toujours de mémoire.

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Il y aurait beaucoup à dire. Comoedia, 27 janv. Entre une reproduction intéressante de La Rencontre (Courbet) et L'Enfant au Toton (Chardin), une étude sur les Nus de Louise Hervieu, celle qui s'est permis d'illustrer Les Fleurs du Mal. Toute l'indignité est là.

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Monsieur Lecandéla.

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Calcul des invraisemblances.

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Le vol « au rendez-moi ».

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Eluard, 45 Eaubonne.

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Louys, 29, rue de Boulainvilliers (XVIe).

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« Ce qui est vrai pour les fromages, l'est aussi pour les lampes. » (Mazda, dans l'Intransigeant, 5 fév. 1924).

***

Le type qui vous voyant arriver de l'oeil droit se retourne pour vous laisser passer et vous suivre de l'oeil gauche quand vous avez le dos tourné (psychologie).

***

La mécanique de l'attente (je connais bien çà). A généraliser indéfiniment.

***

Presque tout ceci noté à Cyrano (mandarin-curaçao), la rue Blanche descendant s'enfoncer plus ou moins, 3 gouttes de Kaol et la Pâte au sabre guère P.18 lisibles, une automobile blanche ou grise stationnant, les femmes pas comme il faut.

***

« Le devoir d'un artiste étant de fuir l'impopularité ». (Comoedia, 12 fév.) Tu parles.

***

50/50 + 49/50 + 48/50 + 47/50 + ... + 25/50 + ... + 1/50

5 - 10

4 - 13

3 - 17 (chances de photographies dans les cigarettes Gold Flake).

2 - 25

1 - 50

LA MORT ROSE

Les pieuvres ailées guideront une dernière fois la barque dont les voiles sont faites de ce seul jour heure par heure

C'est la veillée unique après quoi tu sentiras monter dans tes cheveux le soleil blanc et noir

Des cachots suintera une liqueur plus forte que la mort

Quand on la contemple du haut d'un précipice

Les comètes s'appuieront tendrement aux forêts avant de les foudroyer

Et tout passera dans l'amour indivisible

Si jamais le motif des fleuves disparaît

Avant qu'il fasse complètement nuit tu observeras

La grande pause de l'argent

Sur un pêcher en fleurs apparaîtront les mains

Qui écrivirent ces vers et qui seront des fuseaux d'argent

Elles aussi et aussi des hirondelles d'argent sur le métier de la pluie

Tu verras l'horizon s'entr'ouvrir et c'en sera tout à coup fini du baiser de l'espace

Mais la peur n'existera déjà plus et les carreaux du ciel et de la mer

Voleront au vent plus fort que nous

Que ferai-je du tremblement de ta voix

P.19 Souris valseuse autour du seul lustre qui ne tombera pas

Treuil du temps

Je monterai les coeurs des hommes

Pour une suprême lapidation

Ma faim tournoiera comme un diamant trop taillé

Elle nattera les cheveux de son enfant le feu

Silence et vie

Mais les noms des amants seront oubliés

Comme l'adonide goutte de sang

Dans la lumière folle

Demain tu mentiras à ta propre jeunesse

A ta grande jeunesse luciole

Les échos mouleront seuls tous ces lieux qui furent

Et dans l'infinie végétation transparente

Tu te promèneras avec la vitesse

Qui commande aux bêtes des bois

Mon épave peut-être tu t'y égratigneras

Sans la voir comme on se jette sur une arme flottante

C'est que j'appartiendrai au vide semblable aux marches

D'un escalier dont le mouvement s'appelle bien en peine

A toi les parfums dès lors les parfums défendus

L'angélique

Sous la mousse creuse et sous tes pas qui n'en sont pas

Mes rêves seront formels et vains comme le bruit de paupières de l'eau dans l'ombre

Je m'introduirai dans les tiens pour y sonder la profondeur de tes larmes

Mes appels te laisseront doucement incertaine

Et dans le train fait de tortues de glace

Tu n'auras pas à tirer le signal d'alarme

Tu arriveras seule sur cette plage perdue

Où une étoile descendra sur tes bagages de sable

17 février 1924

***

La lectrice excitée éteint l'électricité.

ANDRÉ BRETON.

P.20 Lettre à Francis Vielé-Griffin sur la destinée de l'Homme

Je ne pensais pas à vous, Monsieur, car j'étais tout occupé de moimême. Je me disais, c'est donc ainsi, et me voilà sur mes vingt-six ans, le jouet des passions, à la merci de tous, d'une parole, quand le sort se servit d'un esprit bien mesquin pour me mettre en tête l'aventure finissante de votre vie. J'étais à la campagne et j'avais oublié les luttes littéraires pendant les journées fraîches, marchant parmi les avoines, le long des ruisseaux, de hameaux d'hommes en hameaux d'hommes. Je trouvai dans une ville presque morte un journal qui contenait, sous la signature Tristan Derême, l'analyse des nouveautés poétiques. Entre les comptes rendus des livres de deux dames appliquées qui ne récoltaient ici que des louanges, ce personnage qui passe pour un poète se permettait envers vous une douce ironie. Il citait ce vers :

Fleurs, fleuves, femmes, flots fondus au grand poème

et demandait, bouffon, s'il ne se pouvait écrire : Fleurs, fleuves, femmes, flots fondus, fous frissons frais au grand poème. Et ainsi de suite. Ce genre d'esprit, qui ne permet jamais la réplique, devrait sans doute suffire à la honte perpétuelle d'un homme. M. Derême après quelque insistance (Tariri, disait-il, une fois répété ce vers qui ne l'a point touché, et qui me touche :

Et dont les pleurs taris rident la joue ancienne),

M. Derême enfin se permet envers vous une certaine indulgence que vous devez d'avoir sur le retour employé l'alexandrin. Cela me jeta dans une mélancolie, de laquelle je ne rougirai pas. Je voulais aussitôt vous en entretenir. Mais qu'est-ce qui m'en détourna ? Le temps, je pense, et peut-être quelque sentiment excessif qui n'est pas près de finir.

Je n'ai point pour vos vers un penchant bien marqué. Je n'en ai point eu ; je vous tiens cependant pour un poète véritable, que rien n'a détourné de sa voie, ni l'ambition ni la sottise. Vous appartenez depuis longtemps au jugement populaire. La vogue ne s'est pas mise sur vous. Mais si nous scrutons les mobiles de votre vie, les mobiles auxquels obéissant vous sacrifiez votre vie même, dans l'instant qu'à tout autre destin vous préférez le vôtre, et cette figure dans laquelle vous voilà maintenant figé, rien de bas, rien que P.21 de pur n'y apparaît. Cette limpide eau morale, cette eau rare au désert de ce siècle, de tous les siècles semblables, permettez que de la berge un instant je m'y regarde. Quand je n'étais pas encore né, ce fut pendant quelques minutes du monde tout ce qu'il y avait de précieux, tout ce que j'eusse alors aimé sauver au milieu d'un désastre. Et voyez le cas qu'on en fait. Je dois l'avouer, je n'entends parler de vous, et par les vieux et par les jeunes, qu'à la façon la plus légère. Les uns ni les autres n'aiment les causes désespérées : je perdrais mon temps à vouloir les y intéresser. Ils diront que c'est grand dommage, et laisseront couler le navire démâté, même s'il porta jadis Orphée aux confins de la neige et de l'ombre, même si ses flancs encore recèlent une femme d'une beauté inconnue sous nos climats. Vous aviez attaché votre nom à une cause idéale, à une question, on en convient, bien mal posée. Vingt ans le vers libre fut la grande affaire, et tint lieu d'éthique à une génération. Il fallut en revenir, il fallut reconnaître l'enfantillage et l'insuffisance d'une préoccupation si singulière pour rester unique. Les esprits que la nouveauté attire cherchèrent d'autres domaines où voyager. Mais vous, et quelques autres liés au même sort, toute votre ardeur s'était donnée à un objet que dédaigna la mode, et c'est ainsi que vous succombez sous un grand rêve. Sa grandeur vous en sait-on gré ? Cela ne se fait plus, voilà tout et les gens bâillent. Cela ne se fait plus, cela les excède. Cela ne se fait plus, voilà toute la raison qu'en tout cas on invoque avec assurance. Extraordinaire banqueroute : au profit de quel escompteur a-t-on démonétisé toute une poésie ?

Ce grand chavirement de votre destinée, même confuse, sans doute en aviez-vous pris la conscience un jour. Vous avez dû passer par un moment terrible. On regarde derrière soi, on cherche quelle faute on a bien pu commettre, on n'en trouve point.

Me suis-je donc trompé du tout au tout ? Il naît alors un doute affreux qui n'épargne rien. L'homme à l'aurore de la vieillesse subit une crise semblable à celle qui suit le premier amour. Dans cet orage, tous n'ont pas le même sort. Il est des Werthers de cinquante ans : une nouvelle ère de suicides s'ouvre. Mais souvent l'homme est vaincu par soi-même. Il se donne tort, il n'a plus le coeur de sa pensée. L'histoire est pleine de ces grands reniements. Malheureux tu donnes au monde une arme contre toi-même ! Tu autorises par lassitude la destruction de tes autels. Alors si quelque part il y a un adolescent qui t'avait suivi du regard, et qui dans le silence s'exaltait de ton exemple, il se lève, il serre les dents, il te maudit tout bas. Je ne suis pas P.22 comme cet adolescent, je ne peux pas croire aux faillites intellectuelles. L'invincible force de la pensée, une fois exprimée, rien ne peut quelque chose contre elle. L'effet de toute activité mentale un beau matin se retrouve. Le vieillard n'a aucun pouvoir sur le jeune homme qu'il fut. Pas plus qu'un prologue, le dernier acte où tout se passe si mal ne contient la moralité d'une vie. Je n'en retiens que le caractère dramatique, et à qui veut m'entendre je le demanderai, comment voir sans une émotion véritable, au moment que tout lui échappe et qu'il peut croire à jamais la partie compromise, Francis Vielé-Griffin, qui semble alors tenir pour nulle toute son oeuvre passée, tenter sur un nouveau coup de dés une chance fameuse, et se confier comme un autre au mirage de l'alexandrin ? Vous ne comprendrez pas le sentiment qui m'anime, et tant pis. Vous prétendrez sans doute expliquer autrement l'attitude qui, malgré vos dénis, et les rappels que vous ne manquerez point de faire à telle passe de votre évolution, gardera pour ceux qui viennent chaque jour aux carrefours où se créent les grands schismes cérébraux de cette époque troublée, gardera pour les ardents interrogateurs de l'avenir l'aspect déconcertant et lacrymogène des conversions de l'agonie. Défaillance qui m'impose encore le respect, elle porte en elle le souvenir d'une grande illusion. Illusion déçue, mais si forte pour vous, qu'ingénûment vous cédez à une illusion pareille quand vous remettez follement votre fortune, héros du vers libre, au vers régulier. Il y a dans votre erreur une persévérance humaine à laquelle il faut bien que je sois sensible, je n'y puis résister. Les uns ont cru au signe de la croix, les autres au croissant, et vous, vous écoutiez les mots sonores : nous ne comprenons plus rien aujourd'hui aux inquiétudes des anciens philosophes. Nous les traitons d'enfants, si nous découvrons soudain ce qui les a fait mourir. Ainsi, mais avec quelle rapidité, nous avons perdu le sens de vos paroles, le sens de votre poésie. Peut-être le dernier j'éprouve encore d'une façon cruelle ce qui se forma d'intense, comme une étoile, en un point de l'univers sous votre forme mortelle. Je l'éprouve, et déjà je ne l'éprouve plus. Vous vous refroidissez sous ma main. Je ne sais plus ce que je disais. Je vous regarde. Voici donc l'homme au bout de sa course, voici l'homme enfin dépouillé. Il est exactement aussi petit mort que vivant. La vieille langue française ne m'offre plus pour lui d'autre consolation que l'impropriété de terme. Adieu.

Adieu, Monsieur, je suis votre respectueux serviteur,

LOUIS ARAGON.

P.23 NOUVEAUTÉ

Comme un certain nombre des modes de l'activité humaine, la critique a cessé de nous intéresser : elle est trop bête. Nous renvoyons donc nos lecteurs, comme tu dis, au comptoir de l'épicerie (Revue Universelle, Revue hebdomadaire, N. R. F. Le Temps, Le Figaro, etc...). Nous nous bornerons désormais à publier quelques extraits des livres et de la conversation de nos contemporains les plus remarquables, aussi bien que des personnages qui ont su par eux-mêmes ou par la bonne volonté d'un éditeur garder au-delà de la mort un semblant d'actualité.

PAUL GAUGUIN : « D'ailleurs, à défaut de lecteurs sérieux, il faut que l'auteur d'un livre soit sérieux.

Ces nymphes, je les veux perpétuer... et il les a perpétuées, cet adorable Mallarmé...

Je hais la nullité, la demi-route. Et dans les bras de l'aimée qui me dit : « O mon beau Rolla, tu me tues », je ne veux pas être obligé de lui dire : « Non, je te rate. »

Ceci n'est pas un livre. »

AVANT ET APRES (CRES, éd.)

SAINT-POL-ROUX : « C'est la crainte et l'amour de la Beauté, les deux servantes qui firent mes malles, voilà 30 ans. Ayant élu le long silence, je ne saurais être un envieux, et j'accepte ma modeste destinée... Laissez-moi regagner cette solitude où je vins creuser jusqu'à l'os, bien avant le silex et l'ambre. Voyez-vous, nous sommes les prisonniers de la Raison. La Belle à délivrer, c'est l'Imagination : grande reine du Monde. Elle est la géniale Aventure, dont la Raison demeure le corps-mort. »

LETTRE A ANDRÉ BRETON

D. A. F. DE SADE : « Ah ! foutre ! est-on délicat quand on bande ! »

LA PHILOSOPHIE DANS LE BOUDOIR

JOSEPH DELTEIL : « O phrases ! il me plairait que votre correction menât en correctionnelle ! ou qu'une plume barbare vous barbouillât le visage !... Les pensées prenaient une forme physique comme celles qui pendent à la poitrine des belles filles. Tout devenait volumineux et tombait P.24 sous les sens. Joie énorme, vaste, et calme, pareille à un melon sur l'herbe, à un hippopotame dans l'eau, à un puceron dans l'azur. »

CHOLÉRA (KRA, éd.)

PHILIPPE SOUPAULT : « Il ne voulait pas se soumettre et se trouvait des excuses. Il fallait vivre. C'était ce motif qu'il invoquait le plus volontiers. Les jours de désespoir, il se disait : « J'ai perdu ma vie. » L'orgueil était un piédestal qui l'aidait à se méconnaître. Il cherchait des raisons de s'estimer et cette poursuite le jetait dans une tristesse sans limite ; ce n'est ni l'absence de raison ni la faiblesse de ces raisons, car il en trouvait et d'excellentes, qui créaient cette mélancolie, mais, tout au contraire, la découverte d'excuses. Il aurait préféré être impardonnable pour pouvoir s'accuser et se révolter davantage. Son caractère ou, pour employer un mot moins juste mais plus net, son tempérament, lui jouait encore le mauvais tour de faire aboutir ses recherches pour excuser ses révoltes à une révolte, comme si tout ce qu'il jetait pardessus bord, reniant et discréditant, rebondissait et s'ajoutait de nouveau à ce poids qui le faisait se courber. »

A LA DÉRIVE (FERENCZI, éd.)

ALPHONSE RABBE : « Il faut que j'écrive mes ultime lettere. Si tout homme ayant beaucoup senti et pensé, mourant avant la dégradation de ses facultés par l'âge, laissait ainsi son Testament philosophique, c'est-à-dire une profession de foi sincère et hardie, écrite sur la planche du cercueil, il y aurait plus de vérités reconnues et soustraites à l'empire de la sottise et de la méprisable opinion du vulgaire.

J'ai pour exécuter ce dessein d'autres motifs : il est de par le monde quelques hommes intéressants que j'ai eus pour amis ; je veux qu'ils sachent comment j'ai fini. - Je souhaite même que les indifférents, c'est-à-dire que la masse du public pour qui je serai l'objet d'une conversation de dix minutes (supposition peut-être exagérée) sache, quelque peu de cas que je fasse de l'opinion du grand nombre, sache, dis-je, que je n'ai point cédé en lâche ; et que la mesure de mes ennuis était comble quand de nouvelles atteintes sont venues la faire verser ; que je n'ai fait qu'user avec tranquillité et dignité du privilège, que tout homme tient de la nature, de disposer de soi.

Voilà tout ce qui peut m'intéresser encore de ce côté-ci du tombeau : au-delà de lui sont toutes mes espérances, si toutefois il y a lieu. »

ALBUM D'UN PESSIMISTE (LES PRESSES FRANCAISES, éd.)

LIBRAIRIE GALLIMARD, 15, Boulevard Raspail, PARIS

Benjamin PERET

Immortelle Maladie

Collection Littérature.

Roger VITRAC

Les Mystères de l'Amour

Aux Editions de la Nouvelle Revue Française.

Louis ARAGON

Le Mouvement Perpétuel

Collection Littérature.

Le Libertinage

Aux Editions de la Nouvelle Revue Française.

Paul ELUARD

Mourir de ne pas mourir

Aux Editions de la Nouvelle Revue Française.

André BRETON

Les Pas Perdus

Aux Editions de la Nouvelle Revue Française.

Jacques BARON

L'Allure Poétique

Aux Editions de la Nouvelle Revue Française.

Librairie Gallimard

15, BOUL. RASPAIL, PARIS 7e Téléph. FLEURUS 24-84 - Nord-Sud : BAC

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INDEX

P.I INDEX DES COLLABORATEURS

ANONYME : « Le dékiouskioutage. Chanson-chanson », XI-XII, 1.

ANQUETIL, Georges : « Les fleurs du bien. Le blé perdu ; Les autres fleurs », II, 14.

APOLLINAIRE, Guillaume : « Épithalame » ; « L'ignorance », XIII, 9.

ARAGON, Louis : Revue rhénane, Neue Rundschau, N.R.F., etc., I, 4.

[Quelques préférences], II, [1].

Asphyxies, II, 11.

Le roi fainéant, III, 15.

Projet d'histoire littéraire contemporaine,

IV, 3.

Qu'en dit le préfet de police ?, IV, 23.

Les expositions. Delaunay, IV, 24.

Le dernier été, VI, 20.

Le Grand Tore, VII, 4.

[Texte], VII, 7.

[Aphorisme], VII, 24.

Correspondance privée, VIII, 5.

Je m'acharne sur un mort, VIII, 23.

Agadir, IX, 3.

Manège de cochons, IX, 24.

Le manifeste est-il mort ? Manifeste, X, 10. « Bouée » ; « Air pour se laver » ; « Sonnette de l'entracte » ; « La philosophie sans le savoir », XI-XII, 46.

Lettre à Vielé-Griffin sur la destinée de l'Homme, XIII, 20.

BARON, Jacques : « Scène relative » ; « Zinc », I, 14.

[Quelques préférences], II, 2.

Le masque au nez de caoutchouc, II, 24.

« L'inconnu », III, 7.

Les livres, III, 24.

La journée des milles dimanches, IV, 14.

« Un anglais », V, 2.

Petit commentaire pour personnes usagées, V, 20.

« Amour », VI, 18.

[Aphorisme], VII, 3.

La belle dame en soi, VIII, 1.

« Campagne », IX, 21.

Une dame charmante, X, 14.

L'inconnu, XIII, 14.

BOUQUET, Dr Henri : Rosa-Josepha et la vie sexuelle des monstres, V, 22.

BRETON, André : Récit de trois rêves, I, 5.

André Gide nous parle de ses morceaux choisis, I, 16.

Interview du Professeur Freud à Vienne, I, 19.

[Quelques préférences], II, 2.

Lâchez tout, II, 8.

L'année des chapeaux rouges. I. Pour mieux sauter ; II. Coutumière du fait, III, 8.

Clairement, IV, [1].

Marcel Duchamp, V, 7.

Entrée des médiums, VI, 1.

Les mots sans rides, VII, 12.

Rêve, VII, 23.

« Poèmes ». VIII, 14.

Philippe Soupault [pages blanches], X, 29.

« Il n'y a pas à sortir de là » ; « Le buvard de cendre » ; « L'herbe rouge » ; « Au regard des divinités » ; « Angélus de l'amour » ; « Tout paradis n'est pas perdu », XI-XII, 34.

Carnet ; « La mort rose », XIII, 15.

BRETON, André ; DESNOS, Robert ; PÉRET, Benjamin : Comme il fait beau !, IX, 6.

BRETON, André ; SOUPAULT, Philippe : Vous m'oublierez, sketch, IV, 25.

CASSANYES, M.A. : A propos de l'exposition Francis Picabia et de la conférence d'André Breton, IX, 22.

CREVEL, René : [Entrée des médiums], VI, 6.

DELTEIL, Joseph : Échecs, X, 6.

« Vers en bois », « Programme », « Arétins », XI-XII, 40.

DESNOS, Robert : Pénalités de l'enfer, IV, 7.

Les livres, IV, 23.

Rêves, V, 16.

[Entrée des médiums], VI, 8.

Rrose Sélavy, VII, 14.

Amour des homonymes, VIII, 8.

« L'Aumonyme », X, 24.

« Élégant cantique de Salomé Salomon » ; « A présent » ; « Coeur en bouche » ; « Jack l'égareur » ; « Les gorges froides » ; « Rencontre » ; « Les grands jours du poète » ; « Porte du second infini », XI-XII, 3.

André Breton ou « Face à l'infini », XIII, 12.

DESNOS, Robert ; BRETON, André ; PÉRET, Benjamin : Comme il fait beau !, IX, 6.

P.II ÉLUARD, Paul : [Quelques préférences], II, 2.

[Aphorisme], VII, 3.

Poèmes. Perspective ; Le jeu de construction ; Dans la danse, VIII, 6.

Pour se prendre au piège, IX, 16.

« Au coeur de mon amour », X, 4.

« Sans rancune » ; « Le sourd et l'aveugle » ; « Entre autres » ; « Nudité de la vérité » ; « Les petits justes » ; « Denise disait aux merveilles », XI-XII, 30.

ÉLUARD, Paul ; ERNST, Max : En suivant votre cas. La série des jeunes femmes, VII, 8.

ERNST, Max : Avis, IX, 17.

« Etna », XI-XII, 17.

ERNST, Max ; ÉLUARD, Paul : En suivant votre cas. La série des jeunes femmes, VII, 8.

FRAENKEL, Théodore : [Quelques préférences], II, 2.

GIORGIO DE CHIRICO : Une lettre de Chirico, I, 11.

HUELSENBECK, Raoul : En avant, IV, 19.

LAUTRÉAMONT, Isidore Ducasse, comte de : Lettres du comte de Lautréamont, X, 1.

LIMBOUR, Georges : « Le passage des oiseaux », XI-XII, 26.

MATHIEZ, A. : Correspondance, X, 9.

MIRABEAU, marquis de : Médaillon régence, X, 9.

MORISE, Max : [Quelques préférences], II, 3.

Chasse gardée, V, 3.

Différents Indifférents III, VI, 23.

« Interdit de séjour » ; « La belle japonaise », XI-XII, 28.

NOUVEAU, Germain : « Les mains », II, 5.

« La chanson du troubadour », XI-XII, 29.

PÉRET, Benjamin : « Le quatrième danseur ; Ma main dans la bière », I, 2.

[Quelques préférences], II, 3.

L'auberge du « Cul volant », III, 16.

Les expositions. Chirico, IV, 24.

A travers mes yeux, V, 13.

[Entrée des médiums], VI, 12.

« La mare aux mitrailleuses. Les enfants du quadrilatère ; Deux petites mains ; La grande misère des derniers cailloux ; Le langage des saints ; Le dernier don Juan de la nuit ; Simplement », VII, 1.

La fleur de Napoléon, VIII, 18.

[Aphorisme], X, 15.

Pulcherie veut une auto. Film, X, 17.

« Un oiseau a fienté sur mon veston Salaud » ; « Charcutons charcutez » ; « Changement de viande réjouit le cochon » ; « Voyage de découverte » ; « Les morts et leurs enfants » ; « Portrait de Robert Desnos » ; « Portrait de Max Ernst » ; « Portrait de Paul Eluard » ; « Portrait de Louis Aragon », XI-XII, 11.

PÉRET, Benjamin ; BRETON, André ; DESNOS, Robert : Comme il fait beau !, IX, 6.

PICABIA, Francis : Littérature, IV, 6.

Picabia dit dans Littérature, IV, 17.

Un effet facile, V, [1].

[Aphorisme], V, 10.

Billets de faveur, V, 11.

Histoire de voir, VI, 17.

Condoléances, VI, 19.

Pithécomorphes, VI, 20.

Samedi soir, 16 septembre 1922, VI, 24.

[Texte], VII, 3.

[Texte], VII, 7.

Dactylocoque, VII, 10.

[Deux aphorismes], VII, 11.

Souvenirs de voyage. L'exposition coloniale de Marseille, VIII, 3.

[Texte], VIII, 4.

[Texte], VIII, 9.

Avis, VIII, 13.

[Deux aphorismes], VIII, 16.

Francis merci !, VIII, 16.

Académisme, IX, 5.

État d'âme, IX, 13.

[Deux aphorismes], X, 13.

« Le signe du roi », X, 16.

« Bonheur nouveau » ; « Colin-maillard » ; « Irréceptif », XI-XII, 21.

LA RÉDACTION : Lettre ouverte au comité Lautréamont ; Déclaration sur l'affaire Ubu, I, 3. Nouveauté [extraits de Avant et après, par Paul Gauguin ; « Lettre à André Breton », par Saint-Pol-Roux ; La Philosophie dans un boudoir, par D.A.F. de Sade : Choléra, par Joseph Delteil ; A la dérive, par Philippe Soupault ; Album d'un pessimiste, par Alphonse Rabbe, XIII, 23.

RIBEMONT-DESSAIGNES, Georges : Charles Nordmann : Einstein et l'univers, I, 18.

Johan Bojer : le Caméléon, I, 22.

[Quelques préférences], II, 3.

RIGAUT, Jacques : Mac Murray, I, 18.

[Quelques préférences], II, 4.

Un brillant sujet, II, 20.

P.III RIMBAUD, Arthur : « Deux sonnets inconnus de Rimbaud », IX, 1.

Un coeur sous une soutane. Intimités d'un séminariste (fragments), XIII, 1.

RROSE SÉLAVY : « Litanie des saints », V, 7.

[Aphorisme], V, 13.

[Aphorisme], V, 16.

SCHWITTERS, Kurt : [Aphorisme], X, 13.

SOUPAULT, Philippe : Un bon mouvement : l'école de technique poétique, I, 7.

Chaplin : The Kid, I, 13.

Benjamin Péret : le Passager du transatlantique, I, 17.

L'Esprit nouveau ; Tristan Tzara : Cinéma calendrier du coeur abstrait, I, 22.

[Quelques préférences], II, 4.

Raymond Roussel, II, 17.

M. Philippe Soupault écrit, V, 20.

Prix Balzac, VII, 24.

« Dernières cartouches », XI-XII, 43.

SOUPAULT, Philippe ; BRETON, André : Vous m'oublierez, sketch, IV, 25.

TZARA, Tristan : J'ai vu : l'homme qui se dégonfle, à l'Olympia, I, 15.

Note sur le Comte de Lautréamont ou le cri, I, 20.

VITRAC, Roger : Giorgio de Chirico, I, 9.

[Quelques préférences], II, 4.

Monuments, II, 22.

Mademoiselle Piège (fragment), V, 17.

« Retour d'ange » par Jean Cocteau, V, 20.

Poison (drame sans paroles), VIII, 10.

Peau-Asie (fragments), IX, 18.

« Migraine » ; « Amour, jeu de pavés » ; « La faim », XI-XII, 18.

[Aphorisme], XIII, 11.

WEIL, Philippe : Au clair de la lune, III, 3.

*** : Enquête. Que faites-vous lorsque vous êtes seul ? I, [1].

Un faux médecin, I, 4.

Entrevue avec Maître de Moro-Giafferi, I, 23.

Un concours, III, [1].

Surprises théâtrales. Conseil de révision, par Cangiullo ; Jardin public, par Marinetti et Cangiullo ; Musique de toilette, par Marinetti et Calderone ; Déclamation d'un poème de guerre avec tango voluptueux, par Marinetti, III, 18.

Synthèses théâtrales, par Marinetti. Le contrat ; Ils vont venir ; Simultanéité, III, 22.

Lettre, III, 24.

[Extrait du Journal du peuple, 25 mai 1922], IV, 22.

Un duel, VII, 3e p.c.

[Aphorisme], VIII, 24.

[Aphorismes], X, 10.

INDEX DES ILLUSTRATEURS

DESNOS, Robert : La ville aux rues sans nom du cirque cérébral, VII, h.t.

[DUCHAMP, Marcel] ; MAN RAY : Voici le domaine de Rrose Sélavy..., V, h.t.

ERNST, Max : La série des jeunes femmes, VII, 8-9.

La mer, la côte et le tremblement de terre, VIII, h.t.

[Illustration], VIII, h.t.

[Vignettes réparties sur l'ensemble de la livraison], XI-XII.

GIORGIO DE CHIRICO : Le cerveau de l'enfant, I, h.t.

MAN RAY : [Dessin de couverture], nos 1 à 3. Monsieur..., Inventeur, Constructeur, 6 Seconds, IX, h.t.

« Le violon d'ingres, XIII, h.t.

MAN RAY ; [DUCHAMP, Marcel] : Voici le domaine de Rrose Sélavy..., V, h.t.

PICABIA, Francis : [Dessins de couverture], nos 4 à 13.

Phosphate, VI, h.t.

PICASSO, Pablo : [Illustration], X, h.t.

*** : [Photographie], V, h.t.

Erutarettil [composition graphique], XI-XII, 24-25.

P.IV INDEX DES OUVRAGES CITÉS

A la dérive, Philippe Soupault, XIII, 24.

A la recherche du temps perdu, Marcel Proust, VII, 23.

Album d'un pessimiste, Alphonse Rabbe, XIII, 24.

Alcools, Guillaume Apollinaire, IV, 3.

Aux victimes de l'amour, Dr Bertray, III, 24.

Avant et après, Paul Gauguin, XIII, 23.

Caméléon (le), Johan Bojer, I, 22.

Carte postale littéraire (la), Georges Anquetil, II, 14.

Champs magnétiques (les), André Breton ; Philippe Soupault, IV, 4 ; X, 29.

Caves du Vatican (les), André Gide, I, 16.

Choléra, Joseph Delteil, XIII, 24.

Cinéma calendrier du coeur abstrait, Tristan Tzara, I, 22.

De David à Degas, Jacques-Émile Blanche, VIII, 23.

Deuxième Aventure céleste de Monsieur Antipyrine, Tristan Tzara, II, 21.

Doublure (la), Raymond Roussel, II, 19.

Einstein et l'univers, Charles Nordmann, I, 18.

Fleurs du mal (les), Charles Baudelaire, XIII, 17.

Impressions d'Afrique, Raymond Roussel, II, 16 à 19.

Malheurs des Immortels (les), Paul Eluard ; Max Ernst, IV, 23.

Mamelles de Tirésias (les), Guillaume Apollinaire, IV, 3.

Passager du transatlantique (le), Benjamin Péret, I, 17.

Pastiches et mélanges, Marcel Proust, VIII, 23.

Philosophie dans le boudoir (la), D.A.F. de Sade, XIII, 23.

Poésies, Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, I, 3.

Sodome et Gomorrhe, Marcel Proust, VIII, 24.

Ubu roi, Alfred Jarry, I, 3-4.

Une saison en enfer, Arthur Rimbaud, II, 17.

Vocabulaire, Jean Cocteau, IV, 23.

Vue (la), Raymond Roussel, II, 19.

Westwego, Philippe Soupault, IV, 23.

P.V INDEX DES REVUES ET JOURNAUX CITÉS

Action française (l'), I, 24.

Aventure, IV, 5.

Cannibale, IV, 5.

Coeur à barbe (le), IV, 6.

Comoedia, VI, 3 ; XIII, 17, 18.

Crapouillot (le), IV, 4.

Dada, IV, 4, 21.

Daily News (the), IV, 20.

Dés, IV, 6.

291, IV, 3.

Écrits nouveaux (les), IV, 4 ; V, 19.

Esprit nouveau (l'), IV, 17.

Europe nouvelle (l'), IV, 4.

Éventail (l'), IV, 4.

Feuilles libres (les), IV, 23 ; V, 11.

Figaro (le), V, 14 ; VI, 3 ; XIII, 23.

Grand-Guignol (le), II, 14.

Illustration (l'), VIII, 4.

Instant (l'), IV, 4.

Intransigeant (l'), XIII, 17.

Journal (le), I, 24.

Journal des voyageurs (le), II, 16.

Journal du peuple (le), IV, 22 ; VII, 3e p.c.

Littérature, I, [1] ; II, 5, 14 ; III, [1] ; IV, [1], 4, 5, 6, 17, 22 ; V, 9 ; VII, 13 ; IX, 17 ; XIII, 1, 11.

Little Review (the), IV, 5.

Mercure de France, V, 19.

Nord-Sud, IV, 3.

Nouvelle Revue française (la), I, 4 ; IV, 3, 4, 5 ; V, 19 ; VII, 23 ; XIII, 23.

Petit Parisien (le), I, 24.

Phalène (le), IV, 3.

Potins de Paris (les), I, 23, 24.

Revue hebdomadaire (la), XIII, 23.

Revue rhénane (la), I, 4.

Revue universelle (la), I, 17 ; XIII, 23.

S.I.C., IV, 3.

Soirées de Paris (les), IV, 3.

Temps (le), VII, 7 ; XIII, 23.

391, IV, 4, 5.

Trois Roses (les), IV, 4.

Valori Plastici, IV, 4.

Vers et prose, IV, 3.

Vie des lettres (la), IV, 23.

P.VII TABLE DES MATIERES

Autour de Littérature, par Jacques Baron ....   V

Littérature, nouvelle série, nos 1 à 13, 1er mars 1922 à juin 1924.

Index des collaborateurs ....   I

Index des illustrateurs ....   III

Index des ouvrages cités ....   IV

Index des revues et journaux cités ....   V

ACHEVÉ D'IMPRIMER LE 21 SEPTEMBRE 1978 PAR L'IMPRIMERIE JOUVE PARIS

Collection des réimpressions des revues d'avant-garde n° 14. Dépôt légal : 4e trimestre 1978. Numéro d'éditeur : 34. ISBN : 2-85893-020-1.

collection des réimpressions des revues d'avant-garde éditées par jean-michel place

aventure n° 1 à 3 novembre 1921 à janvier 1922

bifur n° 1 à 8 mai 1929 à juin 1931

cercle et carré n° 1 à 3 mars 1930 au 30 juin 1930

dés n° 1 avril 1922

documents internationaux de l'esprit nouveau n° 1 printemps 1927

le grand jeu n° 1 à 3 été 1928 à automne 1930

het overzicht n° 1 à 24 juin 1921 à février 1925

littérature n° 1 à 20 mars 1919 à août 1921 n° 1 à 13 mars 1922 à juin 1924

maintenant n° 1 à 5 avril 1912 à mars/avril 1915

l'oeuf dur n° 1 à 16 mars 1921 à été 1924

la révolution surréaliste n° 1 à 12 décembre 1924 à décembre 1929

s.i.c. n° 1 à 54 janvier 1916 à décembre 1919

le surréalisme asdlr n° 1 à 6 juillet 1930 à mai 1933

tropiques n° 1 à 13-14 avril 1941 à septembre 1945

 

 


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